JohnSteed

555 votes

  • Hôtel du Grand Cerf

    Franz Bartelt

    9/10 En ce dernier été du XXème siècle, Charles Raviotini, producteur parisien, demande à Nicolas Tèque, journaliste à la petite semaine, d’enquêter sur le mystérieux décès de l’actrice Rosa Gulinguen. Il y a 40 ans de cela, elle a été retrouvée morte noyée dans la baignoire de son hôtel, lieu de tournage : l’Hôtel du Grand Cerf. Son compagnon de scène comme dans la vie, Armand Grétry, bien inquiété, était soupçonné. L’enquête a officiellement conclu à un accident mortel. Charles Raviotini doute de ces conclusions. Nicolas Tèque a une semaine pour rencontrer les gens du coin, collecter photos, témoignages, … pour constituer un reportage sur l’actrice. Il se rend donc à Reugny, lieu du drame.

    Pendant ce temps-là, dans cette petite bourgade belge à la limite de la frontière française dans les Ardennes, Jeff Rousselet, le douanier, est sauvagement assassiné au Point de vue de la Fourche. C’est à cet endroit qu’Anne-Sophie Londroit, la fille de l’hôtelière, a disparu. L’idiot du village, Brice Meyer, est tué peu après.

    A 15 jours de sa retraite, l’inspecteur Vertigo Kulbertus est enlevé de sa pré-retraite. Lui qui est beaucoup plus réputé pour son poids que pour son aptitude à résoudre les affaires criminelles doit se rendre à Reugny. Il adopte une discipline alimentaire très strict (frites à tous ses 4 repas journaliers) afin de pouvoir résoudre cette affaire.

    On se doute que le journaliste au grand cœur et cet inspecteur obèse vont trouver ensemble réponse à leurs questions. Mais l’important, même si les enquêtes font preuve de subtilité et malice, à la façon d’un huis-clos à la Agatha Christie, c’est le ton du livre. C’est cocasse, bondé d’humour noir et les tirades de l’inspecteur virent au burlesque, à un one man show. On regrette la fin du livre et de ne pouvoir retrouver cet inspecteur aussi loufoque qu’attachant dans une autre histoire.

    10/07/2019 à 19:23 6

  • J'irai tuer pour vous

    Henri Loevenbruck

    9/10 Je me suis procuré cet ouvrage de Loevenbruck dans les meilleurs délais pour deux raisons fondamentales : une incontournable, parce que l’auteur de Nous rêvions juste de liberté et de L’apothicaire a su me faire voyager et m’émerveiller par ses histoires et par ses mots justes et touchants ; l’autre purement subjective liée aux avis unanimes et dithyrambiques pour ce livre qui relate de manière romancée l’histoire vraie de cet agent de l’ombre des services secrets français lors des attentats et des prises d’otages des années 1985/86.

    J’ai cru bien évidemment, avec J’irai tuer pour vous, à un remake de Fargo des frères Coen qui, en avant-propos de leur film, annonçait également que l’histoire était tirée d’une histoire vraie. Cela s’était avéré faux. Mais est-ce que cela sert ou dessert l’œuvre ? Là n’est pas le sujet.

    Non, je ne souhaite pas rentrer dans un débat de fond sur l’intérêt et le rôle des agents secrets dans l’histoire des Français et de la France. Je souhaite juste laisser parler mes émotions après ma lecture. Ce livre m’a profondément ému par cette histoire réaliste qui, grâce à des chapitres courts, se lit à grande vitesse malgré ses 630 pages. Nous sommes complétement absorbés par cette vie fascinante de Marc Masson au sein de la DGSE. Et les extraits de ses cahiers montrent à quel point l’homme a été exceptionnel dans sa foi et son dévouement pour la défense contre le mal. Merci M. Masson et M. Loevenbruck. J’ai découvert un héros. J’ai eu confirmation d’un écrivain talentueux.

    14/08/2019 à 21:14 14

  • Je suis le fils de ma peine

    Thomas Sands

    9/10 Jeune écrivain français, peu connu et médiatisé, Thomas Sands possède une écriture directe et brute. Dans Je suis le fils de ma peine, l’auteur distille à chaque phrase des uppercuts qui font mal. Ce livre, son troisième, est très sombre et noir. Un livre qui transpire la douleur.

    Car Vincent Chamaleilles, capitaine de police à Paris, est aussi désabusé que meurtri. Désabusé par ses enquêtes qui n’aboutissent pas, investigations sur des meurtres qu’il trouve de plus en plus sordides. Meurtri par la perte de son père. Non pas touché par son décès, mais blessé par tant de souffrances qui ressurgissent. Ce père n’était pas qu’absent, il était violent envers Vincent. C’est la raison pour laquelle Vincent utilise le nom de famille de sa mère, comme un reniement voire un rejet du paternel.

    Mais l’histoire du père va lui revenir en pleine face lorsqu’il découvre une photo d’Algérie. L’histoire des origines de son père et de son implication dans cette guerre qui ne porte pas son nom vont bouleverser Vincent et le plonger dans un combat intérieur des plus violents.

    Je suis le fils de ma peine est un livre qui ne laisse pas insensible et qui remuera indubitablement le.a lecteur.rice. Vous voilà prévenu.e.

    04/12/2023 à 14:58 2

  • Jusqu'à l'impensable

    Michael Connelly

    9/10 Harry Bosch est toujours suspendu sans solde du LAPD. L'année précédente, il a fait l'objet d'accusations inventées de toutes pièces parce qu'il avait crocheté la serrure du bureau de son capitaine afin de pouvoir consulter des archives ayant trait à son enquête. Cette procédure risquant de l'amener au-delà de sa mise en retraite obligatoire et sans ressources, il a embauché son demi frère, Haller, l'avocat à la Lincoln, pour le défendre dans cette procédure. Ce dernier lui propose de devenir son enquêteur, le temps d'une affaire, son collègue, Cisco, ayant été victime d'un accident de moto.

    Bosch est assez réticent : pour lui, il est inconcevable qu'un inspecteur du LAPD travaille pour un avocat de la défense. Ce serait commettre l'impensable : défendre un criminel. Se laissant persuadé d'au moins rencontrer son client, Bosch interroge Da’ Quan Foster, un repenti du fameux et impitoyable gang Rollin' 40s Crips, devenu artiste qui en plus d'exposer ses œuvres, donne des cours de peinture aux gamins de son quartier. Foster est accusé d'avoir agressé, violé puis battu à mort Lexi Parks, la très aimée directrice adjointe des services municipaux de West Hollywood.

    Bosch, en vieux et expérimenté enquêteur, sent que Foster pourrait bien à juste titre clamer son innocence. Cependant il se rend compte que son alibi ne tient pas la route. Il n'était pas à son atelier le soir du meurtre : l’accusation a un témoin qui est passé mais il affirme son absence. Bosch arrive à faire cracher la vérité à Foster : il était avec un prostitué. Mais voici que l'affaire se complique : celui-ci a été assassiné. Une seule solution s'offre à Bosch désormais pour aider Haller : découvrir le véritable assassin.

    Une très intéressante et prenante enquête offerte par Connelly. Tout est maîtrisé, aucun détail n'échappe à l'auteur, le tout raconté avec une écriture limpide et efficace.

    19/05/2018 à 08:04 6

  • L'Accident de l'A35

    Graeme Macrae Burnet

    9/10 Comme dans son précédent livre, La disparition d’Adèle Bedeau, Graeme Macrae Burnet nous explique en avant-propos que L’accident de l’A35 a été écrit par Raymond Brunet. Il est l’un des deux manuscrits découverts par hasard après sa mort. Et qu’il a décidé de le rééditer sous son nom afin de remettre en lumière cette œuvre à (re)découvrir. Bien évidemment, rien de tout cela est vrai, ni vrai ni faux, comme l’indique la citation de Sartre qui ouvre le livre. Mais qu’importe. Ce qui compte pour un écrivain, c’est que l’histoire soit vraisemblable.

    Cette histoire, c’est celle d’une enquête menée quasiment de manière non officielle par Georges Gorski, l’inspecteur de la police de Saint Louis, petite ville frontalière avec la suisse, sur un accident de route ayant entraîné la mort de Bertrand Barthelme. Ce notaire laisse une femme et un fils. Et des questions laissées sans réponse. Que faisait-il ce jour-là sur cette route, alors qu’il devait être à son club, comme tous les mardis ? Qu’est-ce qui a conduit la sortie de route de la Mercedes ? Pour les beaux yeux de la veuve, Gorski va mener son enquête. Pendant ce temps-là, Raymond, le fils du défunt, ayant trouvé une adresse dans le bureau de son père, va guetter dans la rue Saint-Fiacre à Mulhouse ce que son père pouvait bien faire.

    Autant j’avais bien apprécié La disparition d’Adèle Bedeau, autant j’ai plus aimé ce livre. Peut-être parce qu’on en apprend plus de la vie personnelle de Georges Gorski. Peut-être qu’on voit son personnage plus développé, en proie et ses problèmes de couples. Peut-être que l’intrigue est plus intéressante, également. Peut-être pour toutes ces raisons. En tous les cas, j’ai hâte de découvrir la suite avec « le deuxième manuscrit posthume de Raymond Brunet ».

    26/06/2021 à 10:36 5

  • L'Affaire Alaska Sanders

    Joël Dicker

    9/10 J’avais été déçu par La disparition de Stéphanie Mailer. Je m’étais ennuyé à la lecture de L'Enigme de la chambre 622. Et là, (est-ce la magie de Marcus Goldman ?), cette affaire m’a complétement charmé. J’ai retrouvé le talent de l’écrivain suisse qui m’avait séduit avec La vérité sur l’affaire Harry Québert et confirmé avec Le livre des Baltimore.

    Ce duo formé par l’écrivain devenu à succès, Marcus Goldman, en quête de lui-même et de son fidèle ami Harry Québert, et par le sergent Perry Gahalowood, personnage cynique mais charmant et attachant, va essayer d’élucider, 11 ans après, le meurtre de la (trop) belle Alaska Sanders.

    L’écriture, les personnages, l’histoire, les flashback, … Joël Dicker a tout peaufiné pour attirer le lecteur dans ce livre dont, à l’instar d’un piège, il ne pourra s’échapper qu’à l’issue de la dernière ligne. Dernière ligne qui ouvre la porte à une autre affaire et donc suite à ce duo ?? Je l’espère sincèrement et le souhaite de tout cœur.

    10/08/2023 à 10:26 7

  • L'Année du lion

    Deon Meyer

    9/10 Dans ce livre qualifié post apocalyptique, le plus intéressant est la mise en place d’une nouvelle communauté, Amanzi, et avec elle les différents courants politiques avides de pouvoir. Deon Meyer fait sienne des différentes pensées politiques, sociologiques voire philosophiques sur les fondements de la société. On pense bien évidemment à Hobbes, ou à Rousseau avec son Contrat social.

    C’est un roman passionnant mais qui, comme d’autres avis le pointent, souffre d’une explication sur l’origine du virus et des membres du complot tirée par les cheveux. Dommage.

    26/02/2019 à 15:29 9

  • L'Apothicaire

    Henri Loevenbruck

    9/10 Lire l'Apothicaire c'est accompagner Andreas Saint Loup, le meilleur préparateur médicinale de Paris au début du XIVeme siècle, dans sa recherche de réponses sur les mystérieuses disparitions qu'il découvre: une pièce étrangement vide et abandonnée, et une partie d'un tableau effacée. Plus qu'une enquête sur son passé que va mener Andreas Saint Loup accompagné de son assistant Robin et rejoint par cette jeune fille au fort caractère Aalis, c'est une véritable quête d'un sens à la vie, un véritable questionnement philosophique.
    Je rejoins les différents commentaires sur ce passionnant livre qui nous fait découvrir cette période de l'histoire d'une manière à la fois très profonde et ludique avec des personnages très attachants (comment ne pas apprécier cet apothicaire au caractère très trempé et au cynisme décapant?). Si le sujet du livre emprunt de mysticisme de religion et de sciences nous fait tourner les pages très facilement, le style d'écriture choisi (Ce qu'il me semble être du vieux français) magnifie encore plus la lecture. Un vrai régal.

    25/04/2018 à 08:33 12

  • L'assaut final

    Stéphane Perger, Tarek

    9/10 L'Etat major anglais demande le transfert de Benton. Marchand est dépité. Il se rappelle des toutes dernières semaines. De Gaulle souhaite préparer la fin de la guerre, l'avenir de la France et sa place dans le monde. La nouvelle mission de l'espion français est d'exfiltrer le maximum de scientifiques et de cadres du parti nazi avant que les Américains et les Russes prennent les meilleurs.

    Marchand et son équipe vont vivre les derniers jours de Berlin en tant que capitale de l'empire nazi, et l'arrivée des soviétiques jusqu'au bunker d'Hitler. Ce qui poussera Benton dans les bras de Marchand. La boucle n'est pas pour autant bouclée. Il faudra attendre les dernières pages pour connaître le dossier secret de Sir Arthur Benton.

    Je ne peux que citer les 4 lignes de la 4ème de couverture pour finir ce commentaire et vous inciter à vous plonger dans ces « aventures » : Tarek et Perger terminent ce cycle d'une guerre « secrète » par un final apocalyptique (exécutions sommaires dans un Berlin en feu…) et surprenant. Magistralement documentée, cette histoire d'espionnage, psychologique et à suspense, à reçu de nombreux prix du scénario et du dessin. Déjà un classique. »

    Outre un site internet dédié spécialement aux aventures de Sir Arthur Benton ( http://benton-labd.blogspot.fr ), il est intéressant de savoir que la série a fait l'objet d'une exposition au Mémorial de Caen en 2008. Gage d'une qualité irréprochable.

    17/04/2018 à 21:48 2

  • L'Eau rouge

    Jurica Pavicic

    9/10 23 septembre 1989. A Misto, village en bord de Mer adriatique, ce jour de fête des pêcheurs voit la disparition de Silva, jeune fille de 17 ans. La police, en la personne de l’inspecteur Gorki, se saisit de l’enquête.

    Vesna, Jakov, les parents, Mate, le frère… ce sont les conséquences de ce mystère sur les protagonistes que le lecteur découvre page après page. L’intimité de chacun va être dévoilée, les moindres secrets sont découverts, les pensées les plus profondes refont surface.

    Car le doute, les soupçons pèsent lourdement dans cette petite communauté. L’absence et l’incertitude sur le sort de Silva rend impossible tout avenir.
    Malgré tout, la vie continue, jour après jour, mois après mois, année après année, le pays change et le destin de chacun évolue. La Yougoslavie voit son sol meurtri par la guerre, et ses régions éclatées. Le communisme laisse la place au capitalisme. Le courage de certains se transforme en résignation, la tristesse en malheur et la vie devient une fatalité.

    Avec ce roman psychologique d’une rare intelligence, Jurica Pavicic dresse avec détail et précision le destin tragique de ses personnages et de son pays. Une lecture dont on ressort autant bouleversé qu’admiratif.

    29/08/2022 à 16:21 8

  • L'Enfant perdu

    John Hart

    9/10 Tout dans ce livre est fait pour que lecteurs que nous sommes soyons absorbés par l’histoire de Johnny. Cet adolescent de 13 ans recherche sa sœur jumelle disparue, enlevée par un homme. Depuis, son père a quitté le domicile conjugal. Johnny vit avec sa mère qui s’est mis avec une brute et qui a sombré dans l’alcool et la drogue. Johnny, armé d’un livre sur l’histoire locale et de ses pouvoirs indiens, a fait une prière : que Dieu lui ramène sa famille, et tue l’amant de sa mère. Il sera amené à découvrir des choses horribles, impensables et effrayantes pour un enfant de son âge.

    Depuis un an aussi, Hunt, le lieutenant de la police locale, est hanté par cette disparition. Au-delà de la raison. Il n’en dort plus, et semble tomber amoureux de la mère de Johnny. Son patron le traite d’incompétent et lui met une pression. Il n’en dort plus et il ne voit plus son fils. Mais plus que l’honneur, c’est les sentiments qui le poussent à se surpasser et à épauler Johnny pour découvrir la vérité. D’autant qu’une autre fille a disparu.

    Amitié, amour côtoient un suspense et l’horreur tout au long des chapitres. Avec un peu de vaudou, et un mystère qui ne se dévoilent qu’après plusieurs rebondissements. C’est beau, c’est touchant mais très prenant. Un roman page turner qui m’a rappelé un mélange des meilleurs polars de Lansdale et de Ellory. Un auteur que je découvre et que je vais continuer à explorer la bibliographie largement plébiscitée par les lecteurs et les critiques.

    01/08/2019 à 08:52 6

  • L'Homme qui regardait passer les trains

    Georges Simenon

    9/10 Kees Popinga marche dans les rues enneigées de Groningue pour vérifier que le ravitaillement de l’Océan III se déroule correctement. Or la citerne de mazout n’est pas venue et les autres provisions n’ont pas été davantage livrées. Aussi consciencieux en tant que fondé de pouvoir qu’il peut être un mari fidèle et un père aimant, Kees Popinga arpente les rues à la recherche de son patron, Julius de Coster en Zoon. Il le trouve au Petit-Saint-Georges, lieu de débauche où Kees Popinga, en bon Hollandais, s’interdit de mettre les pieds. Il rentre malgré tout dans ce débit d’alcool et son patron, ivre, lui avoue qu’il a organisé toute une escroquerie en vue d’entretenir sa maîtresse, Pamela, une danseuse d’Amsterdam. Une mauvaise spéculation sur les sucres l’a complétement ruiné. Aussi, il avoue à Kees qu’il va organiser sa disparition en simulant son suicide dans le canal et refaire sa vie ailleurs.
    Le lendemain matin, loin de ses habitudes de sa vie réglée comme un métronome, Kees Popinga reste alité, et repense aux propos de son patron. Lui qui ne se serait pas permis de penser qu’un endroit au monde pût être plus doux que son foyer, avec sa femme « Maman », et ses deux enfants, qui rougit de honte quand il entend passer un train, réfléchit et envisage d’aller rencontrer la maîtresse de Julius de Coster, cette Pamela, à Amsterdam, histoire de passer du bon temps, lui aussi.

    Simenon n’est jamais aussi talentueux que quand il raconte la descente aux enfers d’un homme normal qui, à la suite d’un événement particulier, découvre que la simplicité de sa vie n’était pas ce à quoi il aspirait. Mais ici Simenon va plus loin que dans les autres livres ayant le même thème : il prend le temps de développer son personnage et les situations qu’il vit. La lettre de Kees Popinga à la presse où il raconte sa vie et qui il est réellement est un passage éprouvant. On ressent un homme qui a besoin de montrer sa vérité, et ce qu’il devait être comme homme, comme mari, comme père. Une vie qu’il s’est inventée. L’homme qui regardait passer le train est pour moi un livre majeur dans l’oeuvre du Belge

    07/10/2018 à 13:46 2

  • L'Horizon d'une nuit

    Camilla Grebe

    9/10 Connaît-on vraiment les gens qu’on aime ? Ne dit-on pas que l’amour rend aveugle ? Vastes questions que Camilla Grebe développe dans L’horizon d’une nuit.
    Roman chorale, ce livre apporte les versions des membres de cette famille recomposée suédoise suite à la disparition de la fille, Yasmin puis du meurtre du père, Samir.

    Dans cette famille, il y a la mère, Maria qui élève son fils, Vincent, atteint du syndrome de Down (Trisomie 21). Elle vit le parfait amour, notamment depuis qu’elle a fait la rencontre de Samir, ce médecin d’origine marocaine venu de France avec sa fille Yasmin, pour se reconstruire et fuir l’accident qui a tué sa femme et sa fille cadette.

    Une nuit, Maria reçoit un appel de Samir. Les bottes de Yasmin ont été retrouvées près d’une falaise, avec une lettre d’adieu. Yasmin est introuvable, et la police mène ses recherches. Les inspecteurs trouvent beaucoup d’éléments qui accusent Samir d’avoir tué sa fille….

    Encore une fois, j’ai été très séduit par cette auteure. Un livre que j’ai dévoré, tant la trame est parfaitement construite, une écriture simple, fluide et une histoire attachante et bluffante. Ce fut un réel plaisir de me plonger dans cette horizon le temps de plusieurs nuits. A vous de savoir désormais si l’on connaît vraiment les gens qu’on aime !

    30/06/2022 à 17:30 5

  • L'un des nôtres

    Larry Watson

    9/10 Ce matin, de bonne heure, Margaret demande à son mari, George, s’il a réfléchi et décidé de venir avec elle. La voiture est prête, remplie du stricte nécessaire pour camper quelques jours. Ancien shérif, George, aux sentiments amoureux intacts pour sa femme, prend ses dispositions et préparent ses affaires. Direction le Montana, à la quête de leur petit-fils, Jimmy. Depuis le décès accidentel de leur fils, leur bru a quitté la ville et a refait sa vie, privant les grands-parents de leur petit-fils.

    Ce périple va être l’occasion de tester la solidité de leur couple, de se remémorer leur histoire, et d’affronter le clan Weboy avec qui leur bru s’est entichée. Une rivalité entre les 2 matriarches va s’instaurer.

    Ce roman est emprunt de poésie, de mélancolie et de tristesse. Il possède une douceur et une sonorité délicate. J’ai pris plaisir à me laisser bercer par ces phrases remplies de volupté et de délicatesse, découvrant la vie de ce couple dont l’amour a su affronter les années et les drames et qui une dernière fois va s’armer de courage pour réunir leur famille.

    J’avais laissé Larry Watson, découvert grâce aux éditions 10-18 dans les années 90. J’ai redécouvert la beauté de son écriture, grâce à cette belle et triste histoire. Loin du roman noir (même si des passages violents sont présents), L’un des nôtres offre une part d’hormone du bonheur au lecteur en quête de beauté, le temps d’un périple dans les Etats-Unis des années 50, en compagnie de grands-parents résolus mais attachants et bienveillants.

    25/01/2024 à 14:21 6

  • La cellule de Zarkane

    Patrick Sebastien

    9/10 Mon intérêt pour la lecture de ce livre fut confus, ou plutôt contradictoire : à la fois attiré par les avis très positifs des lecteurs et prudent, limite réticent à cause de cette mascarade médiatique (opération marketing ?) et tout ce mystère scénarisé par le véritable auteur de La cellule de Zarkane.

    J’avoue, une fois la lecture débutée, qu’à chacune des magnifiques voire poétiques phrases que je lisais, cette fourberie me taraudait. Et elles ne manquent pas ces pépites stylistiques. Moi amateur des jeux de mots, j’ai été satisfait.

    Et puis, finalement, le charme du livre a été plus fort que tout ce qui s’était opéré autour de sa sortie. Privilège du lecteur ayant plusieurs années écoulées depuis sa sortie ? Non, il faut être objectif et considérer que la cellule de Zarkane raconte une très belle histoire d’amour et de rédemption avec un style qui, s’il ne relève pas d’une plume très recherchée, montre beaucoup de sensibilité et d’humanité.

    J’ai douté Monsieur Patrick Sébastien que vous en étiez le véritable auteur. Mais, en fait, peu importe. La cellule de Zarkane est un roman touchant et saisissant par sa belle et émouvante histoire. Ce qui compte plus que tout, c’est le conte avant tout.

    25/10/2023 à 13:44 8

  • La Chambre blanche

    Martyn Waites

    9/10 Contrairement à ce que peut laisser penser le titre du livre, La chambre blanche est noir. Très noir. Martyn Waites confirme tout le bien que je pensais de lui après la lecture de son premier livre Né sous les coups. A l’instar de Dennis Lehane avec Boston, l’écrivain anglais raconte sa ville, Newcastle. Après la Deuxième Guerre Mondiale, Jack Smeaton, un soldat revenu hanté par les images des camps de la mort, rencontre son idéal politique à travers Daniel Smith, leader du Parti travailliste ; embauché par Ralph Bell, le plus gros entrepreneur du bâtiment de la ville, il construira le nouveau Newcastle ; Brian Mooney, après s’être enfui à Londres recherché par la police pour avoir sauvagement agressé un des fils Bell, revient sous une autre identité bien décider à prendre sa part dans cette nouvelle cité, où les tours s’élèvent aussi vite que les ambitions ; son ancienne fiancée, Monica, violée et prostituée dès son plus jeune âge, fait subir à sa fille, Mae, toutes ces horreurs de son enfance.

    Oui, c’est noir. On ne rigole pas à la lecture de La chambre blanche. Mais Martyn Waites, à l’image d’un phare dans cette mer agitée et cruelle, illumine d’espoir le lecteur. Car après la souffrance, il y a l’espoir. Pour l’avenir.
    Un auteur qui rentre dans la liste de mes préférés. Irrémédiablement.

    13/09/2019 à 10:26 6

  • La Colère

    S. A. Cosby

    9/10 S.A. Cosby fait partie des nouveaux auteurs mis en avant par toute la presse nationale et internationale qui ne tarit pas d’éloge sur « la nouvelle sensation des lettres américaines ». J’ai voulu me faire ma propre idée sur le chouchou de Michael Connelly et de Dennis Lehane, entre autres.

    Le colère (La rage ou la haine auraient été des titres plus adéquats) met en scène deux pères ayant perdu leurs fils, mariés l’un à l’autre, tués par balles. Ike Randolph, père d’Isiah et Buddy Lee Jenkins, père de Derek, se rencontrent et s’évitent, lors de leur enterrement. Eux qui n’ont pas accepté l’orientation sexuelle de leur fils, vont s’unir et mener l’enquête que la police délaisse. Il faut dire qu’en Virginie-Occidentale, être homosexuels et un couple mixte noir-blanc, leur meurtre ne constitue pas une priorité (et c’est un euphémisme !).

    Ike et Buddy Lee ont un point commun : ex-taulards faisant partie d’anciens gangs extrémistes. Leur vengeance sera donc à la hauteur de leur rage. Eux qui n’ont pas aimé leur fils comme ils étaient de leur vivant, souhaitent faire payer leur mort en tuant le ou les auteurs de ce crime minable. Et ils ne lésineront pas sur les moyens.

    La colère est un polar qui privilégie l’action (et du lourd) au contemplatif, le langage brut à la prose fleurie. Et pourtant, S.A. Cosby développe ses personnages avec beaucoup d’humanisme, de rédemption, de culpabilité et de fragilité. Avec tous ses ingrédients, La colère est un livre qui se dévore. Et les éloges cités plus haut ne sont pas usurpés. On tient là un auteur aussi recommandable qu’incontournable.

    10/07/2023 à 17:22 9

  • La dernière ville sur terre

    Thomas Mullen

    9/10 C’est parce que Philip et son frère adoptif, Graham, ont tué un soldat qui demandait juste un coin pour passer la nuit et quelque chose à manger que tout s’est effondré. Dans cette petite bourgade nommée Commonwealth, créée par le développement de la scierie de leur père, comme partout dans les Etats-Unis en cette veille d’armistice de la 1ère Guerre mondiale, la grippe espagnole fait des ravages. Alors les autorités locales, à savoir les personnes les plus importantes de la ville, ont décidé d’instaurer un blocus et ainsi préserver la communauté : plus personne ne rentre ou ne sort.

    Mais voilà, un soir que Philip et Graham montaient la garde, il y a eu ce soldat. Et cette peur de faire rentrer le virus. Cette peur de mourir. Son père a beau dire à ses fils qu’ils ont bien fait, le doute et le remords s’installent chez Philip. Et la tension s’accentue, cette crainte se transforme en frayeur et en malheur…

    Thomas Mullen développe avec talent la montée en puissance de cette peur, de ces suspicions, et de révolte au sein de la communauté dont les valeurs humaines et bienveillantes vont éclater en mille morceaux. Les protagonistes sont remplis de dilemmes entre le respect des règles pour le bien de la communauté et la survie des membres de leur famille. Un roman noir sous tension admirablement bien écrit par un auteur qui confirme ses prix littéraires au fil de la parution de son œuvre.

    15/09/2023 à 10:48 11

  • La Deuxième Femme

    Louise Mey

    9/10 Sandrine ne s’aime pas. Elle déteste son corps, se sent laide et grosse. Elle s’insulte même devant le miroir d’être « moche, et grasse, et grosse, grosse, grosse vache, sale moche, tête de moche, tête de conne ». D’ailleurs elle se demande encore comment elle a pu séduire ce M. Langlois. Lui qui pleure sa première femme disparue. Lui seul avec son jeune fils, Mathias. Alors Sandrine est venue vivre chez eux, dans leur maison où les affaires (livres, vêtements,…) de la première femme sont toujours en place. Parce qu’il souhaite la rendre heureuse, il lui demande d’arrêter de travailler, d’avoir un compte bancaire commun,… Sandrine ne se rend pas compte qu’elle vient de tomber dans les toiles d’un manipulateur, d’un pervers narcissique.

    Non, elle lui trouve même toujours des excuses de l’avoir frappée, surtout qu’il regrette instantanément, s’excuse platement de son geste. Et puis, elle veut protéger Mathias. Et puis le retour de sa première femme, devenue amnésique, le rend irritable. C’est normal. Comme la présence voire le harcèlement des gendarmes qui l’interrogent constamment sur cette disparition…

    Louise Mey nous fait vivre la pression de cette femme qui a subie depuis l’enfance des violences psychologiques et qui reproduit les mêmes schémas dans son couple. C’est terrifiant tellement l’actualité nous témoigne de la situation horrible vécue par les femmes violentées. L’auteure, que je découvre ici, m’a impressionné par tant de maitrise et de sensibilité.

    05/10/2022 à 16:30 3

  • La différence

    Charles Willeford

    9/10 Johnny Shaw est en fuite. Il vient d’abattre Oxyd Reardon, un des fils du grand propriétaire du Texas. Il voulait la propriété que son père, un des ouvriers des Reardon, avait acheté en toute légalité. Mais même au far west, c’est pas la loi du plus fort qui fait foi. Alors Johnny Shaw a abattu Oxyd Reardon en toute légitime défense. Enfin, il lui a tiré une balle dans la nuque et puis une balle dans le ventre pour faire croire à la légitime défense. Mais bon, ça fait pas une grosse différence. Johnny Shaw est caché par une connaissance de son père : le maréchal ferrant de Twenty-Miles, Jake Dover. Ce dernier lui rappelle que la fuite n’est pas obligatoirement la meilleure des solutions et qu’il doit affronter l’adversité. Aussi, M. Dover qui s’avère être Blackie Clark le tueur à gage et hors-la-loi le plus recherché du Texas, lui apprend à se servir le plus efficacement d’un pistolet. Et Johnny Shaw va se servir de cet apprentissage pour venger impunément le vol de ses terres.

    Magnifique western à la sauce « willefordienne », La Différence nous fait passer un magnifique moment de lecture, tant pour la personnalité épique de Johnny Shaw que pour le magnifique style de l’auteur américain. Découvrez l’œuvre de Charles Willeford. A déguster sans modération.

    02/11/2018 à 11:42 5