JohnSteed

631 votes

  • Sang mêlé

    Jim Thompson

    6/10 J’ai peiné à rentrer dans ce livre. Difficile pour moi de bien appréhender dans les toutes les premières pages les personnages et l’époque de l’histoire. Il m’a fallu un temps d’adaptation, ce qui est rare pour moi avec Jim Thompson, auteur dont j’apprécie particulièrement l’œuvre.

    Cependant, cette histoire qui relate les méfaits des frères King, Arlie, Critch et Boz (qui est peu présent et pour cause il a été tué très tôt dans le livre) pour s’approprier les faveurs du père, Ike, pour toucher son héritage, est originale. Oklahoma, en cette période de pleine conquête de l’Ouest où certains territoires sont encore « sauvages », les frangins sont prêts à tout pour pouvoir obtenir les faveurs du père. Oui, comme l’a affirmé Machiavel, peu importe les moyens, tant qu’on obtient ce que l’on veut. Et la famille, ça importe peu. Vol, meurtre, entourloupes, mensonges, séductions,….

    Pour nous, lecteurs, le sourire vient vite quand on voit comment les frangins sont prêts à tout pour être l’unique héritier du patrimoine familial. Mais il m’en fallait un peu plus pour vraiment aimer ce livre du Maître du polar.

    29/06/2019 à 19:35 5

  • Une Ordure

    Irvine Welsh

    9/10 Psychologiquement, physiquement, tout dans le personnage de Bruce Roberston n'est qu'ordure. En plus d'être un flic pourri (dans tous les sens du terme : il ne se lave jamais, ne change pas d'habits et il a le ténia), c’est un sale con, un odieux personnage, un raciste, il ne pense qu'au et qu'avec son sexe, à la drogue, qu'à se faire payer des heures supp', à sa promotion et à sa femme qui s'est barrée.
    Mais comment, pourquoi Bruce Roberston est de cette trempe des ordures ?

    Une Ordure d'Irvine Welsh est fortement conseillé à celles et ceux qui ont adoré Le Démon de Selby Jr. Un livre à la lecture facile tant qu'on accepte cet étalage de vulgarité et d'horreur. On en deviendrait compatissant pour ce personnage, à la fin.
    Un livre incontournable pour ma part.

    27/06/2019 à 13:12 3

  • Schuss

    Pierre Boileau, Thomas Narcejac

    8/10 Pour prendre à bras-le-corps son dégoût, son spleen, le médecin de George Blancart lui intime de tenir un journal pour consigner par écrit sa vie, son quotidien, le monde qui existe autour de lui. George a une vie aisée et confortable. Mais pas très rangée : il aime Evelyne, la fille d’un premier mariage de sa compagne, Berthe Combaz. Cette dernière préside l’usine familiale qui souhaite sortir une paire de skis révolutionnaire. Avant de la commercialiser, il doit y avoir l’étape des essais sur piste. Mais, tout se passe mal. Gallois, le célèbre skieur, se prend un arbre pendant l’essai et décède. Ce n’est que partie remise avec l’espoir français du ski alpin, Derrien. Or ce dernier se blesse avant de chausser les skis. Ces événements pourraient paraître accidentels, si ce n’est les lettres anonymes annonçant les catastrophes. Et cela compromet la réussite commerciale qui pourrait aboutir à la faillite de l’usine familiale.

    George se demande qui est derrière cette machination : Marèze, l’ex-mari de Berthe, qui s’est toujours opposé à la réussite de la famille Combaz ? Langogne, l’ingénieur, qui pourrait avoir des intérêts à vendre ses brevets ? Berthe elle-même ; si les skis présentent des défauts il vaut mieux vendre l’usine plutôt que le déshonneur familial ? A moins que ce soit George lui-même qui a rompu la chaîne Saint-Antoine qui garantissait bonheur à ceux qui continuer de la faire perdurer ?

    En mélangeant intrigue et humour subtil, le couple Boileau-Narcejac est au mieux de leur forme avec Schuss. On est à la fois séduit par les personnages et par l’histoire. Inconditionnel des solutions finales, abstenez-vous ! Il faudra faire sa propre conviction à l’issue de ce roman somme toute captivant.

    26/06/2019 à 18:49 2

  • Go Home, Stranger

    Charles Williams

    8/10 Pete Reno arrive à Waynesport, ville sur la côte américaine du Golfe du Mexique, dès qu’il a appris que sa sœur, Vickie Shane McHugh, la célèbre actrice de radio et de télévision, avait été arrêtée pour le meurtre de son mari. Pour le lieutenant du commissariat de Waynesport, le doute n’est pas possible. Mac McHugh a été assassiné dans sa chambre d’hôtel par sa femme qui l’avait vu monté avec une autre femme. De plus, le couple est réputé pour ses ruptures et ses réconciliations nombreuses. Alors, la jalousie comme mobile, il n’y a pas besoin d’aller chercher plus loin pour le lieutenant.

    Mais Pete Reno croit plus en la version de sa sœur. L’assassin est rentré dans la chambre pendant qu’elle se changeait dans la salle de bain. Elle n’a pas pu voir l’assassin mais a écouté le mot « Counsel ». Reno comprend que pour innocenter sa sœur, il va devoir remonter le temps et reprendre la dernière affaire sur laquelle Mac McHugh travaillait, la disparition de M. Conway, et la trace de la femme qui était montée avec Mac Hugh.

    La piste l’emmènera dans les méandres du bayou qui cache plein de mystère et de femmes fatales.

    Ecrit en 1954, ce polar signé Charles Williams n’a pas pris une ride et se lit avec beaucoup de plaisir.

    24/06/2019 à 21:00 3

  • Mémoire en cage

    Thierry Jonquet

    10/10 Internée depuis deux ans à l’Institut de réadaptation au pavillon des infirmes moteur cérébraux, Cynthia se fait passer pour grabataire et totalement débile. Elle fermente un plan pour se venger de l’ordure. Qui ? Pourquoi ? Comment ?

    Dans son premier polar, Jonquet, ce qui sera sa marque de fabrique, pose les éléments d’une machination qui ne se dévoilera que page après page. Mémoire en cage est un livre qui atteint les sommets de la perfection. L’originalité dans le style et dans l’histoire fait de ce livre un incontournable et un chef d’œuvre du polar.

    23/06/2019 à 18:29 7

  • Miserere

    Jean-Christophe Grangé

    7/10 Le meurtre d’un chef de choral dans son église de confession arménienne pousse Kasdan, policier à la retraite, à mener l’enquête en franc-tireur. Il constate l’empreinte d’une chaussure de pointure 36 et un éclat d’un bois aussi rare que mystique : un morceau d’épine de la couronne du Christ. Le mode opératoire aussi intriguant qu’original, l’arme a percé mortellement les tympans de la victime, désarçonne le vieux policier. Alors qu’il débute son enquête, il se rend compte qu’un autre flic s’intéresse à l’affaire d’une manière non officielle : le jeune et beau Volokine.

    Ces deux êtres torturés, que tout oppose, vont s’unir pour mener cette quête où les chants d’enfant semble être le fil conducteur. Ils vont affronter leurs démons et leur passé aussi trouble que noir et traverser des pans horribles et effrayants de l’histoire de notre monde et de notre société : les clubs SM, la Shoah, les tortures issues des dictatures chiliennes,…

    L’intérêt du septième polar de Grangé porte sur les personnalités de ces deux flics aussi opposés, chaotiques, intrigants qu’attachants. Leur histoire personnelle porte l’intrigue du livre qui, pour moi, souffre de quelques éléments improbables (l’enclave extra territoriale de la colonie) dont l’auteur aurait pu facilement se passer.

    22/06/2019 à 07:54 1

  • Des jours sans fin

    Sebastian Barry

    9/10 Dans ce western sensible, touchant et émouvant, Thomas McNulty relate son arrivée en Amérique, après avoir fui son Irlande natale où toute sa famille a péri, victime de la Grande Famine. Adolescent, avec son amant et ami indéfectible John Cole, il adossera robes sous grimage d’un noir pour gagner sa vie dans des spectacles devant les mineurs avant d’endosser l’habit militaire des Tuniques bleues pour conquérir l’Ouest sauvage. Ensemble ce couple hors norme se verra incorporer l’Union pendant la Guerre de Sécession et aider Lige Magan, un ancien ami soldat, dans son exploitation de tabac dans le Sud profond.
    Mais si ces péripéties sont aussi extravagantes, ce sont surtout les personnages aussi loufoques que remplis d’humanité qui constituent le plus grand intérêt de ce livre. Je pense notamment à l’adorable Winoma, la fille adoptive de Thomas et John, cette fille sioux arrachée à sa tribu qui fait preuve d’une envie de vivre à toute épreuve.

    Comme dans Candide, Sebastian Barry fait de Thomas McNulty un antihéros qui traverse les événements qui ont constitué le socle de l’Amérique. Mais c’est l’amour qui est présente à toutes les pages. Cet amour qui unit les hommes, qui fait croire en l’avenir, en la justice humaine. Des jours sans fin est un livre qui procure indubitablement du bonheur.

    12/06/2019 à 17:56 3

  • Glaise

    Franck Bouysse

    9/10 Franck Bouysse est un peintre en mots. Il arrive à trouver les mots justes pour décrire avec réalisme et humanisme ses personnages et les paysages cantaliens. Glaise est autant un livre qu’une peinture, autant un roman noir qu’une analyse sociologique de la vie rurale au début de cette Première Guerre mondiale. C’est à la fois touchant, dur, sensible et attachant. Et lire, à la fin du livre, les noms des héros tombés au combat inscrits sur le monument de Saint-Paul-de-Salers, lieu de cette histoire, montre que Franck Bouysse nous a offert un livre d’une exceptionnelle expérience littéraire.

    08/06/2019 à 13:18 10

  • Les Arpenteurs

    Kim Zupan

    9/10 Val Millimaki est un être désespéré. Dans le cadre de ses fonctions au bureau du Shérif du comté de Copper, il passe son temps à enquêter sur des délits ruraux et endure son quota d’heures dans le bâtiment de la prison adjacent au tribunal du comté. Mais il préfère le travail sur le terrain, au grand air, avec son chien de berger de trois ans, à pister les disparus. Mais depuis plusieurs semaines, il ne fait que découvrir des corps sans vie. De plus, son mariage avec sa femme Glenda bat de l’aile. Il a l’étrange sentiment qu’il subit sa vie. Acteur de rien. Il vient d’être affecté à la surveillance de nuit à la prison. Il retrouve John Gload, un dangereux tueur sexagénaire, qu’il a contribué à arrêter.

    Celui-ci s’entiche de ce policier renfermé et mélancolique. Chaque nuit, des discussions s’engagent de plus en plus personnelles. Une relation étrange et hors normes s’engagent alors entre les deux hommes. Elle ne s’achevera que sur une situation déroutante et morbide.

    Grâce à une écriture subtile, profonde et touchante, Kim Zupan développe dans Les Arpenteurs des personnalités complexes et torturées. Val Millimanki est un personnage que Simenon aurait pu créer : taiseux et à l’avenir noirci par un dur passé. John Gload, un prisonnier qui pourrait faire croire qu’une touche d’humanité subsiste encore dans les pires criminels.
    Les Arpenteurs ne laissera pas insensibles les lecteurs qui découvriront ce roman sombre à la beauté unique.

    03/06/2019 à 18:25 6

  • Bleu de Prusse

    Philip Kerr

    8/10 Automne 1956, la saison touche à sa fin au Grand Hôtel de Saint Jean-Cap-Ferrat où Bernie Gunther travaille en tant que concierge. Tandis qu’il prépare ses valises, il est approché par des membres de la Stasi. Ces derniers le menacent de s’en prendre à son ex-femme s’il ne remplit pas une mission spéciale : tuer Anne French.
    Même si cette dernière a su manipuler Bernie en lui faisant endosser la responsabilité d’un crime, l’ex-Kommissar de la Kripo ne peut accepter ce chantage. Une seule solution s’offre à lui : la fuite vers l’Allemagne. Une course poursuite s’engage entre Gunther et les membres de la Stasi, dont Friedrich Korsch. Ce dernier fut l’adjoint de Gunther en 1939. Le temps de sa cavale, il se remémore l’affaire qui les avait menés sur le Berghof, l’immense propriété luxueuse du Führer. Un ingénieur avait été tué sur la terrasse. Alors qu’Hitler souhaite venir y fêter son cinquantième anniversaire, Heidrich somme Gunther de découvrir le meurtrier dans la plus grande discrétion. Hors de question que l’on puisse apprendre qu’il est facile de tuer quelqu’un au nid d’Aigle.

    Philip Kerr nous comble dans cet épisode des aventures de Bernier Gunther. L’enquête, comme toujours, est rondement bien ficelée, le cadre historique très intéressant. Les remarques acerbes, le cynisme, les réflexions toujours aussi piquantes de Gunther sur le régime nazi, le peuple allemand, les Français,… sont aussi pertinentes que dérangeantes. Et on adore ça quand c’est écrit par Philip Kerr.

    31/05/2019 à 17:47 10

  • En attendant le jour

    Michael Connelly

    9/10 Renée Ballard est le nouveau personnage de Michael Connelly, le prolifique et talentueux écrivain américain. En attendant le jour est le premier polar de cette inspectrice qui, suite à un contentieux avec sa hiérarchie, s’est retrouvée à assurer ses fonctions de nuit.

    C’est ainsi qu’elle va se trouver à enquêter sur plusieurs affaires : le vol de cartes bancaires, l’agression d’un trans-genre, et une tuerie dans un bar de nuit.
    Connelly, comme à son habitude, offre un déroulement des enquêtes très maitrisé (on sent bien qu’il s’attache des conseils de vrais inspecteurs de police) sans oublier une part de suspense et de rebondissement, pour faire de ce livre (comme la majorité de son œuvre) un page-turner.

    Si les intrigues sont vraiment alléchantes, l’intérêt de ce polar réside également dans la découverte de la personnalité de l’inspectrice René Ballard : une acharnée du travail, au passé familial difficile et aux principes et aux valeurs indéboulonnables.

    Si Connelly a changé de personnage (pour élargir ou renouveler son lectorat ?), cela n’a pas changé son talent d’écrivain. Grâce à cette jeune et talentueuse inspectrice qui est promue à un bel avenir professionnel, l’auteur américain va pouvoir continuer à nous gâter de ses savoureux polars.

    26/05/2019 à 11:24 8

  • Twisted Tree

    Kent Meyers

    8/10 J’ai un attrait particulier pour tous les romans polyphoniques. J’apprécie cet exercice de style assez compliqué et qui (quand c’est réussi) force l’admiration. Il permet de dégager une dimension psychologique des personnages toujours intéressante.

    Avec Twisted Tree, Kent Meyers propose une démarche subtile en tissant une toile d’araignée où le centre serait cet enlèvement de Hayley Jo par le serial killer de l’autoroute I-91. Ce dernier a traqué sa proie en s’inscrivant sur les réseaux sociaux de filles anorexiques, les ANAS.

    Les chapitres se suivent en alternant les histoires d’autres habitants de Twisted Tree : cette caissière, ancienne missionnaire ; ce chauffeur routier qui téléphone à sa femme comment il a su éviter un troupeau de bisons ; cette femme qui a la hantise des crotales et qui verra conduire tétanisée un serpent sur ses genoux ; …
    Si Hayley Jo n’est pas au cœur de la vie des différents personnages, elle figure plus ou moins dans la vie de chaque membre de cette communauté. L’histoire et la tranche de vie des protagonistes constituent une pièce d’un puzzle qui, l’on s’en doute, éclaircira la destinée tragique de cette fille.

    Au final, Twisted Tree s’avère être un roman sombre et âpre dont la richesse se dévoilera aux seuls lecteurs les plus coriaces et persévérants.

    24/05/2019 à 15:58 4

  • Dans l'ombre du brasier

    Hervé Le Corre

    8/10 Avec Dans l’ombre du brasier, Le Corre nous plonge dans une page de l’Histoire de France passée à la trappe des cours d’histoire : la Commune. Cette période insurrectionnelle du printemps 1871 à Paris, qui affronta Monarchistes et Républicains (à connotation « Rouge ») constitue le cœur même du roman.

    A la manière des Hugo et Zola, l’auteur français nous fait vivre, ressentir et participer aux tribulations des personnages du livre : les 3 camarades communards Le Rouge (rapport à ses cheveux, mais pas que), Adrien et Nicolas qui, soldats des régiments républicains, affrontent avec leurs tripes et leur sang les Versaillais lors de bombardements aussi dévastateurs que sanglants.
    La belle Caroline, qui aide les médecins à soigner les blessés des combats acharnés, et fiancée de Nicolas subira un drôle d’enlèvement que le commissaire Roques essaiera de résoudre.

    Le Corre propose plus qu’une lecture avec ce roman. Il arrive admirablement à nous faire ressentir avec tous nos sens les événements qui se déroulent tout au long des quelque 500 pages du livre : on respire, on est touché par notre peau, on entend les événements de la Commune. On devient presque un acteur du livre, tant les descriptions sont magnifiquement précises.

    18/05/2019 à 10:00 5

  • Station Eleven

    Emily St. John Mandel

    8/10 Un virus foudroyant, la grippe de Géorgie, anéantit la population mondiale en seulement quelques heures. Des survivants constituant des microcosmes tentent de continuer d’exister dans ce monde post-apocalyptique.

    C’est le cas d’une troupe de théâtre, la Symphonie Itinérante, dont fait partie Kyrsten. Les acteurs errent de cimetières de ville en cimetières de ville à la rencontre de survivants pour leur interpréter des œuvres de Shakespeare. C’est ainsi qu’ils arrivent à St Deborah by the Water près du lac Michigan. Dans cette ville fantôme, les comédiens ne retrouvent plus leurs anciens collègues qu’ils avaient laissé ici il y avait quelques mois à peine. Par contre, au milieu de ce chaos, ils apprennent l’existence d’un être tyrannique qui se trouve à la tête de cette petite communauté et qui se fait appeler le Prophète.

    Pendant ce temps, Jeevan traverse les bois. A l’aéroport de Severn City, depuis le moment du chaos où toute activité a cessé, des survivants constituent un musée de la civilisation comprenant les objets de l’ère pré apocalyptique : carte de crédit, téléphone portable, tabloïd,…

    Et au milieu de tout ça, une bande dessinée, Station Eleven, que Kyrsten possède depuis la dernière représentation du célèbre acteur Arthur Leander.
    C’est ce dernier qui constitue le fil de cette attachante histoire. Car dans ce roman qui alterne les aller retours entre moments pré et post apocalyptiques, tout part et revient vers Arthur Leander : les événements et les personnages qui traversent ou constituent sa vie :Miranda, la première femme d’Arthur Leander, Clark, Elisabeth, une autre ex-femme et son fils Tyler, Kyrsten, Jeevan…

    Ne venez pas trouver dans Station Eleven un livre de science-fiction, ou d’horreur. Non, ce livre, à l’architecture intelligente, est rempli d’un profond sentiment d’humanisme et d’espoir.

    11/05/2019 à 10:09 7

  • Dans la forêt

    Jean Hegland

    8/10 Dans la forêt est un roman diesel, un roman qui dévoile sa puissance au fil des pages. L’aspect post apocalyptique apparaît pour moi comme un prétexte pour l’auteure américaine d’évoquer la force et la puissance de la Nature, et de poser l’être humain comme une espèce vivante qui verra inéluctablement son extinction arriver. Dans la forêt est un roman attachant grâce à la qualité narrative de Nell, qui raconte les conditions dans lesquelles sa sœur, Eva, et elle construisent leur survie. Et la forêt constitue plus qu’un environnement propice dans cette lutte ou un membre à part pour les deux filles : elle est leur vie.

    01/05/2019 à 17:30 6

  • Sans lendemain

    Jake Hinkson

    8/10
    Etaient-ce le cadre de l’histoire, le sujet abordé ou le style de Jake Hinkson (que je découvre avec ce livre) mais j’ai cru rentrer dans un polar à la sauce Thompson. Et ce fut un plaisir réel.

    1947, tout le monde rêve d’Hollywood, et particulièrement Billie Dixon. A défaut d’avoir obtenu un poste d’écrivaine de scénarios, Billie est chargée de distribuer des films de série B aux cinémas qui ne peuvent se payer des films des grands studios. Arrivée à Stock’s Settlement, une petite bourgade de l’Arkansas, Billy rencontre Claude Jeter, le propriétaire du cinéma local. Celui-ci lui explique que son cinéma fait l’objet d’une censure de la part du pasteur local, frère Obadiah Henshaw. Afin de pouvoir réaliser la commercialisation de ses films, Billy décide d’aller parler à cet homme d’Eglise et de le convaincre de lever cet embargo cinématographique. Elle tombe sur un fanatique religieux, qui ne cède en rien, et sur sa sublime et attirante femme, Amberly Henshaw. Les deux femmes se dévoilent leurs sentiments et se rapprochent physiquement. Dans cette époque et cette société puritaines, cet acte ne peut être que sans lendemain. Sauf pour ces femmes au courage fort et à la détermination exemplaire. Mais on avait averti Billie Dixon d’éviter l’Arkansas. Elle pourrait bien avoir des ennuis. Et effectivement tout ne va pas bien se passer. Manipulation, mensonges, meutres, Billie Dixon va se trouver dans une véritable descente aux enfers.

    27/04/2019 à 20:01 6

  • Par le vent pleuré

    Ron Rash

    9/10 Quand on lit les quelques lignes de la biographie de Ron Rash présentes dans Par le vent pleuré, son septième roman, il est précisé que l’auteur américain est un poète. C’est bien cette poésie qui ressort après la lecture de ce roman où la sensibilité des mots, les émotions des phrases et la beauté du verbe font de ce livre un roman d’une sensibilité et d’une profondeur rares et uniques.

    46 ans après, le corps de Ligeia Mosely est déterré par la rivière Tuckaseegee, à Sylva, une petite ville des Appalaches. Ayant appris la nouvelle par les journaux, Eugene Matney veut parler de manière urgente à son frère, Bill. C’est le dernier à avoir vu Ligeia en la mettant dans le bus en direction de Miami. Eugene a la conviction que son frère devenu un éminent neurochirurgien lui cache de terribles secrets. Dès lors, il se rappelle la rencontre avec cette fille qui aura bouleversé sa vie.

    En été 1969, Ligeia avait débarqué de Floride. Ses parents voulaient l’éloigner de toute drogue et alcool qui l’entouraient là-bas. Eugene et Bill, de sérieux adolescents, sous l’emprise de leur grand-père tyrannique, ont fait la connaissance de cette belle et insouciante fille qui leur proposait de découvrir les joies de l’amour, des drogues et de l’alcool. Eugene, le plus jeune, le plus sentimental et timide des frères, était celui qui a été le plus sensible aux charmes et à la personnalité libertine de Ligeia. Il a tout fait pour celle qui lui a fait découvrir ce qui sera pour lui la ruine de sa vie : l’alcool. Ligeia, rêvant de partir à Miami, s’est lancé dans le trafic de drogue pour obtenir l’argent nécessaire.

    Mais que cache Bill ? Pour Eugene, aucun doute. Tout prouve que ce ne peut être que son frère qui a tué Ligeia. Par jalousie, par crainte de compromettre son avenir en tant que médecin. Il lui appartient de lui faire dire la vérité.

    Les secrets de famille, la vérité enfouie depuis des années et qui refait peu à peu surface. Les faits qui reviennent petit à petit. On trouve là les ingrédients de Thomas H. Cook. Mais quand ce dernier semble se parodier voire se noyer livre après livre, Ron Rash sait nous transporter vers l’essentiel et la quintessence de ces thèmes dans un livre bouleversant.

    25/04/2019 à 15:27 4

  • Les Fantômes de Manhattan

    R. J. Ellory

    7/10 Loin des romans que RJ Ellory nous avait habitué à lire jusqu’à là, Les fantômes de Manhattan n’est pas un livre policier, ni d’espionnage, même pas noir. Pas de meurtre, pas d’enlèvement. Juste une libraire, Annie O’Neil, qui rencontre un mystérieux monsieur, M. Forrester, qui lui donne de manière hebdomadaire des lettres de son père, décédé alors qu’elle n’avait que 7 ans, qu’il n’a pu envoyer à son épouse. Ces missives sont données à Annie en même temps que des fragments d’une ébauche de livre réalisé dans le cadre du Club de lecture, que Forrester et le père d’Annie fréquentaient.

    Entre ses soirées passées avec son vieil ami, Jack Sullivan, ancien reporter journaliste ayant couvert la guerre du Vietnam, et David Quinn, l’Amour rencontré de façon incongrue dans sa librairie, la belle trentenaire new-yorkaise va ainsi lire les lettres de son regretté père et partager l’histoire saisissante et incroyable racontée dans ce livre.

    Les fantômes de Manhattan, bien qu’édité chez nous il y a peu, est le deuxième livre écrit par RJ Ellory. Si le suspense et la tension habituels sont certes peu présents, la plume de l’auteur sauve cet opus d’une lassitude, de faits un alambiqués et d’une intrigue cousue de fil blanc. En d’autres termes, on peut adorer ce livre si on n’y cherche pas forcément à passer des nuits blanches.

    24/04/2019 à 16:52 8

  • Seules les bêtes

    Colin Niel

    9/10 Rentrer dans ce roman noir, c’est se prendre en pleine figure le désespoir des différents protagonistes qui, de près ou de loin, portent la responsabilité de la disparition de Evelyne Ducat. La disparue était mariée à un notable, un gars du coin parti à la capitale à sa majorité puis revenu vivre dans la vallée après avoir fait fortune à l’étranger. Dans cette région dure du Causse, où l’hiver porte avec sa neige son lot de désespoir, les habitants se confient peu.

    Tour à tour, certains vont cependant prendre la parole et raconter leur histoire et leur vie qui apporteront la lumière à cette sombre disparition : Alice, l’assistante sociale au service des agriculteurs locaux, va trouver en Joseph, un amant qui comblera son vide d’amour ; Joseph, éleveur d’ovins, comble le vide de son existence avec les morts ; Maribé la romantique parisienne qui, par amour, va se trouver une âme de néo-rurale et développer son activité de surcyclage ; Armand, un arnaqueur par messagerie, trouvera finalement que ses messages peuvent sauver les causes les plus perdues.

    Colin Niel arrive avec force et talent à nous convaincre que du désespoir, des destins tragiques peuvent naître l’amour. Après tout, la nature a horreur du vide. L’amour aussi. Seules les bêtes est certes un roman noir mais aussi un roman d’amour.

    24/04/2019 à 16:03 11

  • L'Année du lion

    Deon Meyer

    9/10 Dans ce livre qualifié post apocalyptique, le plus intéressant est la mise en place d’une nouvelle communauté, Amanzi, et avec elle les différents courants politiques avides de pouvoir. Deon Meyer fait sienne des différentes pensées politiques, sociologiques voire philosophiques sur les fondements de la société. On pense bien évidemment à Hobbes, ou à Rousseau avec son Contrat social.

    C’est un roman passionnant mais qui, comme d’autres avis le pointent, souffre d’une explication sur l’origine du virus et des membres du complot tirée par les cheveux. Dommage.

    26/02/2019 à 15:29 9