JohnSteed

559 votes

  • Équateur

    Antonin Varenne

    7/10 Trois mille chevaux vapeur avait laissé le lecteur avec Bowman qui accueillait en son ranch, Pete Ferguson et son frère qui désertaient la Guerre de Sécession. Recherché par le Shérif, il doit s’enfuir.

    Il va parcourir le sud des Etats-Unis, le Mexique mais aussi l’Eldorado que l’on lui a tout vanté : l’Equateur. Car son périple lui a fait épouser la cause révolutionnaire. Lui qui est en révolte contre tout et tout le monde a vu son côté rebelle et romantique embrasser la Cause. Mais sa vie ne se réalise pas par sa seule volonté mais va se construire au fil des rencontres d’hommes et de femmes de tout horizon : Comanches, marins, hommes politiques, et surtout cette Indienne, Maria, qui va chambouler sa vie.

    Un roman introspectif, proposant moins d’actions que Trois mille chevaux vapeur mais plus intime où Antonin Varenne continue de raconter la quête de l’homme : un idéal.

    16/01/2023 à 16:06 4

  • Fakirs

    Antonin Varenne

    7/10 Fakirs propose une rencontre improbable entre deux policiers chargés des suicides, Guérin et son larbin, Lambert, et John, un Franco-Américain qui vit reclus dans une cahute de Peaux-Rouges au fin fond de la campagne du Lot. C’est l’enquête sur la mort de l’ami de John, Alan Mustgrave, un showman fakir, qui va réunir ces personnages décalés.

    C’est prenant, on suit l’enquête avec intérêt grâce surtout ces êtres décalés et abimés. Fakirs ne fera pas parti des livres incontournables du polar mais sa lecture ne laisse pas insensible aux amateurs des personnages cassés et hors normes.

    10/10/2020 à 19:05 2

  • La Toile du Monde

    Antonin Varenne

    9/10 Dernier volet de la Trilogie « Bowman », La toile du monde délaisse l’exploration et la découverte des conquérants du nouveau monde pour revenir sur l’ancien continent, en compagnie d’Aileen. La fille Bowman, journaliste-reporter, est chargée par son journal new-yorkais de couvrir l’Exposition Universelle de Paris en cette année 1900. 1900, cette fin de siècle qui avait mis la lumière sur ce nouveau continent, les Amériques. 1900, prémisse d’un autre siècle qui verra le vieux continent couvert de morts, à feu et à sang (mais ceci est une autre histoire).

    A l’instar de ses parents, Aileen n’a pas sa langue dans sa poche et distille sa verve sur cette bourgeoisie parisienne bienséante, fausse et superficielle. Cet esprit bourgeois dont elle aime critiquer dans ses articles sur la Ville des Lumières en tant que journaliste free-lance pour ce journal parisien exclusivement tenu par ses collègues féministes.

    Antonin Varenne nous fait parcourir l’Exposition Universelle, nous ouvre les portes des artistes parisiens, ses courants de pensées libertaires, comme une peinture acerbe du « grand » Paris de l’époque. La toile du monde est surtout un puissant espoir en la Femme, au mouvement libertaire et humaniste.
    Ce dernier volet développe un esprit moins aventureux que ses deux prédécesseurs. Mais, pour ma part, il est peut-être le plus émouvant et le plus attachant.

    19/01/2023 à 17:30 3

  • Le Mur, le Kabyle et le Marin

    Antonin Varenne

    8/10 Avril 2008. George Crozat, boxeur en fin de carrière, mène ce qui doit être son dernier combat. Face à André Gabin, jeune Black aux poings fermes et solides, Le Mur (qui tient ce surnom du fait qu’il encaisse bien les coups) gagne par KO, avec la gueule toute défoncée. Il va fêter sa victoire, comme à son habitude, dans les bras d’une pute avant de reprendre son travail. Flic. Mais ça ne rapporte pas grand-chose, lui qui apprécie la compagnie de Mireille. Or quitter le circuit, c’est perdre ses soirées à se payer des filles. On lui propose de casser la gueule à quelques types, des amants qu’il faut remettre à leur place, il paraît. George n’est pas regardant, tant que les biftons tombent. Et ça rapporte mieux que la boxe officielle.

    Mai 1957. L’Algérie est à feu et à sang depuis trois ans. Tortures, exécutions sommaires, la guerre, qui n’en est pas une, est sale. Le service national est prolongé à 30 mois. Pascal Vérini doit délaisser ses études de dessin industriel et l’usine d’Aluvac. Pire que ça, il abandonnera ses lectures et ses rêves de voyage. Destination le Détachement Opérationnel de Protection (DOP) du secteur Rabelais, une ferme où certains « révolutionnaires » algériens sont détenus et interrogés. Mais Vérini est un pacifiste dans l’âme, un réfractaire aux interrogatoires musclés. Il sera mis au trou, ce qui prolongera sa présence à la Ferme.

    Deux époques, différents protagonistes, et deux temps dans ce roman. Antonin Varenne a écrit ce livre en hommage à son père, soldat en Algérie, dont les confidences et le témoignage devaient être portés aux futures générations. Un livre sombre, tendu, mais poignant sur ces « événements » qui ont laissé des traces indélébiles dans les deux camps.

    23/07/2021 à 17:53 4

  • Trois mille chevaux vapeur

    Antonin Varenne

    8/10 Dans Trois mille chevaux vapeur, Antonin Varenne raconte la vie d’Arthur Bowman. De cette guerre en Birmanie jusqu’à la guerre de Sécession. Oui, la vie de ce sergent de la Compagnie des Indes est remplie de guerres. Avec toutes ses blessures et ses cauchemars. Avec toutes ses batailles et ses combats. Y compris des combats plus personnels et intérieurs. Notamment celui qui pourrait laver son honneur. Et pas à coups de rasades de whisky. Il doit trouver un des anciens soldats de sa compagnie qui tue selon les seules et propres méthodes quand ils furent tous prisonniers.

    Arthur Bowman se lance dans une quête improbable de ce tueur en série qui lui fera découvrir la conquête de l’Ouest pour mieux affronter ses démons.

    Une épopée dans laquelle j’ai peiné à rentrer. Peut-être à cause de cette Guerre des Indes que je ne comprenais pas trop. Puis, plus le personnage de Bowman s’étoffait, plus l’histoire devenait limpide et mieux j’appréciais ce portrait d’hommes torturés dans cette histoire qu’Antonin Varenne nous distille en professeur d’Histoire. Le début d’une fresque que je vais continuer de découvrir avec envie.

    22/12/2022 à 15:30 9

  • Debout les Morts

    Fred Vargas

    8/10 La belle et séduisante cantatrice Sophia Siméonidis constate un matin qu’un arbre a été planté dans son jardin pendant la nuit. Elle demande à un homme qui vient chercher un nouveau logement, Marc, quel est ce type d’arbre. Marc, historien spécialiste du Moyen-Age, lui indique qu’il s’agit d’un hêtre. Sophia demande à Marc de vérifier que rien d’illégal ou de compromettant ne se trouve caché sous l’arbre. Aidé par ses colocataires, d’autres potes qui se trouvent également dans la merde, Lucien, historien de la Première Guerre mondiale, Mathias, spécialiste de la Préhistoire et Vandoosler, un ancien flic pourri, Marc creuse et ne découvre rien.
    Le temps passe, permettant aux nouveaux voisins de se connaître et de s’apprécier le temps de soirées en compagnie de Juliette, la patronne du bar restaurant Le Tonneau. Un jour, Sophia disparaît. Son mari, indiffèrent aux événements, ne s’inquiète pas. Sophia a reçu une carte postale d’un ancien amant et fan qu’il est parti rejoindre à Lyon. Mais Alexandra, la nièce de la cantatrice, vient chez sa tante, comme cela avait été convenu depuis plusieurs mois, suite à la séparation d’avec son mari. La disparition de sa tante l’inquiète. Elle ne l’aurait pas laissé à la porte sans la prévenir.

    St Marc, St Luc et St Mathieu, comme aime à les appeler Vandossler, prennent à cœur cette disparition. Ils vont mener l’enquête à leur manière. C’est drôle, cocasse et prenant.
    Une des premières œuvres de la talentueuse Fred Vargas qui, on le sent, a pris autant de plaisir à écrire Debout les morts, que nous, à le lire.

    13/11/2018 à 14:00 7

  • Assassins d'avant

    Élisa Vix

    7/10 Adèle veut faire la lumière sur la mort de sa mère. Il y a 25 ans de celà, maîtresse de CM2, Marie Moineau a reçu une balle tirée par Ladji, un élève de la classe. Suite à sa mort, renversé par une voiture en tentant d’échapper à la police, il n’a pu donner quelconque explication sur son geste. Affaire classée.

    Aujourd’hui, Adèle souhaite rencontrer les élèves qu’elle a réussi à identifier via une photo de classe. C’est ainsi qu’elle demande à Manuel Ferreira ce qu’il se rappelle de ce jour. Celui-ci, devenu policier n’est pas insensible à la fille de son ancienne institutrice et va multiplier les rencontres.
    Adèle et Manuel, tour à tour, nous livrent l’histoire de ce drame. Autant la fille souhaite lever le voile sur ce drame, autant Manuel souhaite cacher tout ce qui pourrait apporter. Pourquoi ?

    Elisa Vix confirme son talent avec ce roman choral, sa marque de fabrique. Si Assassins d’avant ne constitue pas son meilleur opus, il ne propose pas moins une lecture très prenante.

    05/10/2022 à 17:27 4

  • Elle le gibier

    Élisa Vix

    8/10 Inspirée par sa « désastreuse carrière professionnelle », Elisa Vix nous raconte la terrible problématique des sur-diplômés dans leur recherche d’emploi et du milieu de l’entreprise sans foi ni loi.

    Cendrine, Karim, ses collègues, et d’autres protagonistes parlent à un enquêteur de Chrystal. On sait dès lors que quelque chose de dramatique s’est produit.
    Diplômée en neuroscience, ayant terminé sa thèse, Chrystal attend que s’ouvre une poste dans la recherche. Mais voilà, le milieu universitaire est clos. Alors, en attendant, Chrystal a besoin d’un travail « alimentaire ». Elle est recrutée chez Medecines, une multinationale de l’information médicale. Et l’on découvre une entreprise et un système où la pression, la manipulation, et la concurrence entre collègues sont les maîtres mots des Ressources humaines.

    Un roman choral qui fait froid dans le dos, d’un milieu professionnel sans pitié. Un roman court mais puissant et glaçant où la réalité dépasse, malheureusement, la fiction.

    21/02/2022 à 08:38 9

  • L'hexamètre de Quintilien

    Élisa Vix

    7/10 Elisa, journaliste free-lance, habite dans un petit immeuble parisien. Un matin d’hiver, lors du ramassage des ordures ménagères, le corps sans vie d’un bébé est découvert. Elisa, qui n’a pas entendu de la nuit les pleurs du petit Yanis, comprend qu’il s’agit bien du bébé de 6 mois de Leila, qui vit seule avec sa fille, dans l’immeuble.

    L’enquête est confiée à Beethoven, inspectrice judiciaire, qui interroge les résidents de l’immeuble.
    Pierre, médecin urgentiste, qui travaille de nuit, pour s’occuper de son fils, depuis le décès de sa femme. Kévin, le fils en question, en pleine crise d’adolescence. Marco, commercial playboy dans un Apple store.
    Elisa, en quête d’article qui pourrait lui ouvrir la porte d’un emploi stable, adopte la méthode de l’hexamètre de Quintilien et se pose les fameuses questions relatives au meurtre de Yanis : qui ? quoi ? comment ? pourquoi ? combien ? quand ? où ? …

    Ce roman polyphonique, thème cher à l’auteure, est plus un roman qui développe les relations et l’intimité entre voisins qu’une enquête de police. Il permet de comprendre la vision de chacun face au drame, et de savoir au final ce qui s’est réellement passé. Une lecture courte mais plaisante et captivante de ce livre d’Elisa Vix qui nous avait cependant offert des romans noirs plus convaincants.

    29/04/2022 à 13:19 3

  • La Nuit de l'accident

    Élisa Vix

    8/10 Pierre, fermier cantalien, traverse un moment délicat. Il est sommé par les contrôleurs environnementaux de mettre aux normes l’exploitation familiale. Et son couple en pâtit. Sa femme, la belle Nat, (trop belle pour lui ?) attend peut-être trop de lui. Le jeune Momo, venu en camp de vacances de sa banlieue parisienne, est vu comme un peu d’oxygène. Pour lui qui prend en exemple, son oncle, ancien résistant de la 2nde Guerre mondiale, un héros mort au combat, la lutte devrait être un leitmotiv. Mais il préfère se taire et subir. Un lâche ?

    Nat, vétérinaire, est harcelée sexuellement par son patron. Et délaissée par Pierre. L’arrivée d’un séduisant campeur va troubler les sens de Nat. Et au milieu de tout ça, un mystérieux accident survenu dernièrement va bouleverser cet équilibre précaire.

    Elisa Vix livre un roman attachant. Racontée à deux voix (Pierre et Nat expriment de manière alternative leur point de vue sur les événements, retracent leur vie, leur amour…), l’histoire est captivante, tant on veut en connaître plus sur cette nuit de l’accident. Petit à petit, on découvre la personnalité des deux protagonistes et on en apprend plus sur ce mystère. Mais surtout, ce qui fait de ce livre un polar à part, on se prend en pleine face un final aussi inattendu que terrifiant.

    23/10/2020 à 10:50 9

  • Qui voit son sang

    Élisa Vix

    9/10 Rose, atteinte de leucémie, ne voit son espoir de guérison que par une greffe de moëlle osseuse. Les médecins se tournent vers son père, David. Navigateur passionné, ce dernier accoste en Martinique où sa fille vit depuis 2 ans avec Lancelot qu’elle a rencontré dans l’île.

    Mais les résultats sont sans appel : il n’est pas le père biologique de Rose. David fuit par bateau, laissant seule Rose avec un seul papier plié, une carte marine du Finistère indiquant par une croix rouge l’île d’Ouessant avec pour légende « là où tout a commencé ».

    Lancelot, comme un preux chevalier, va se lancer à la quête de réponses sur les origines de Rose et trouver ainsi un membre de famille qui pourrait sauver sa fiancée. Ainsi, loin de son île natale, il va tenter de percer les différents mystères qui s’étalent sur plusieurs décennies.

    Elisa Vix, qui est ici au paroxysme de son talent, va plonger le lecteur dans les différentes vies des acteurs de ce drame. L’auteure offre ainsi, comme à son habitude, une histoire captivante, rempli d’émotion, de mystères et d’exotisme. Il faut avoir le pied marin et être bien accroché pour affronter les turpitudes de ce livre attachant. Un vrai régal !

    08/08/2022 à 13:48 11

  • Ubac

    Élisa Vix

    7/10 L’ubac, terme montagnard, désigne le versant d’une montagne qui est le moins exposé au soleil. C’est son côté sombre. Peut-on transposer l’ubac chez l’être humain ?

    Estelle est troublée par l’attitude de sa belle-sœur, la belle Nadia. La sœur jumelle de son mari, après 4 années passées à New-York, est venue s’installer à Val-Plaisir, sous l’insistance de Jérémy. Des comportements troublants, et des situations inquiétantes qu’Estelle constate chez Nadia : une promiscuité étrange avec son mari, un rejet de leur bébé Lilas,… au point de la faire jouer avec des couteaux ou de laisser les volets de sa chambre ouverts.

    Mais Estelle devient-elle parano ? Est-elle certaine de ce qu’elle constate, elle qui mélange anxiolytiques et alcool ? Elle qui était tout près de cet enfant qui est tombé d’une fenêtre quand elle était jeune… Chacun semble avoir son ubac, son côté sombre et mystérieux…

    Elisa Vix séduit avec ce court mais intense polar. L’intrigue n’est pas très originale, et l’issue convenue mais l’auteure française sait questionner et faire douter le lecteur dans une atmosphère froide et pesante.

    20/04/2022 à 08:16 2

  • Les Aveux

    John Wainwright

    7/10 Herbert Grantley, pharmacien établi à Rogate-on-Sands, cité balnéaire d’Angleterre, vient se constituer prisonnier auprès de la police locale. Il vient confesser l’assassinat par empoisonnement de sa femme. Il explique à l’inspecteur de police Lyle, ses motivations : le désamour pour son épouse, victime de l’usure d’une vie monotone.

    Les aveux sonne comme un roman psychologique où le lecteur voit au fil des pages l’accusation mise à mal de façon très subtile par un policier aussi perspicace que manipulateur.

    John Wainwright, que j’ai découvert par Une confession, ayant fait l’objet d’une réédition par la maison d’édition Sonatines confirme ici le plaisir d’être porté par une histoire aussi charmante que troublante.

    03/08/2022 à 17:46 6

  • Une Confession

    John Wainwright

    7/10 John Duxbury, chef d’entreprise de papeterie qu’il a créée et qu’il gère avec son fils, Harry, écrit dans son journal. Il souhaite qu’un jour, celui-ci sache la vie qu’il a menée : triste, sans enthousiasme. Avec sa femme, Maude, qu’il a aimé d’un véritable amour mais qui s’est effrité. A tel point que désormais, le couple fait lit à part.

    Harry insiste pour que ses parents prennent quelques jours de congés, avec l’espoir non feint que l’amour revienne, le temps de passer quelques jours au bord de la mer. Mais une balade tourne au drame : Maud chute mortellement du haut d’une falaise. Le drame est classé en accident quant trois jours plus tard, un client de l’hôtel vient affirmer à la police qu’il a vu John Duxbury pousser sa femme. Alors qui faut-il croire ? Le mari qui pouvait aspirer à une meilleure vie, la cinquantaine passée ? Un témoin avec qui John Duxbury avait eu des propos dégradants à son encontre la veille du drame ? L’inspecteur Harker mène son enquête.

    Une confession est considéré comme un livre oublié, réédité 35 ans après par les éditions Sonatine. Un livre encensé par Simenon, d’une structure classique où les ombres de Poirot et de Maigret planent à côté de l’inspecteur Harker. Si l’intrigue n’est pas originale, son traitement par l’auteur est subtil. Le face à face final, même s’il est emprunt d’un profond humanisme, offre une décevante conclusion. Dommage.

    05/09/2021 à 17:44 5

  • La Chambre blanche

    Martyn Waites

    9/10 Contrairement à ce que peut laisser penser le titre du livre, La chambre blanche est noir. Très noir. Martyn Waites confirme tout le bien que je pensais de lui après la lecture de son premier livre Né sous les coups. A l’instar de Dennis Lehane avec Boston, l’écrivain anglais raconte sa ville, Newcastle. Après la Deuxième Guerre Mondiale, Jack Smeaton, un soldat revenu hanté par les images des camps de la mort, rencontre son idéal politique à travers Daniel Smith, leader du Parti travailliste ; embauché par Ralph Bell, le plus gros entrepreneur du bâtiment de la ville, il construira le nouveau Newcastle ; Brian Mooney, après s’être enfui à Londres recherché par la police pour avoir sauvagement agressé un des fils Bell, revient sous une autre identité bien décider à prendre sa part dans cette nouvelle cité, où les tours s’élèvent aussi vite que les ambitions ; son ancienne fiancée, Monica, violée et prostituée dès son plus jeune âge, fait subir à sa fille, Mae, toutes ces horreurs de son enfance.

    Oui, c’est noir. On ne rigole pas à la lecture de La chambre blanche. Mais Martyn Waites, à l’image d’un phare dans cette mer agitée et cruelle, illumine d’espoir le lecteur. Car après la souffrance, il y a l’espoir. Pour l’avenir.
    Un auteur qui rentre dans la liste de mes préférés. Irrémédiablement.

    13/09/2019 à 10:26 6

  • Né sous les coups

    Martyn Waites

    8/10 Le livre terminé, je le ferme et le repose délicatement. Comme les premiers rayons de soleil après un long hiver, je laisse les effets de cette lecture imprégner mon corps, me réchauffer le cœur. Ce livre procure cette puissance contradictoire : il s’agit d’un roman social noir qui dépeint une misère si cruelle qu’il pourrait faire déprimer le plus optimiste. Mais Martyn Waites prouve par son écriture forte et subtile que le noir peut être magnifique. Lire Né sous les coups c’est assister à un match de boxe entre deux grands champions qui se livrent corps et âmes : les coups pleuvent, font mal, mais ce sont les ingrédients d’un match magnifique.

    1984, Coldwell, bourgade (fictive) proche de Newcastle. Stephen Larkin, jeune journaliste prometteur, souhaite couvrir la révolte des mineurs qui combattent la politique de Margaret Thatcher, première ministre anglaise, qui cette année, décide de fermer les mines de charbon du pays. Il va croiser la route de Tony, jeune footballeur professionnel, de Louise, jeune adolescente en quête d’amour, de Tommy, qui fera sa place dans la mafia locale, et de Mick le mineur syndicaliste.

    20 ans plus tard, après une carrière londonienne, Stephen Larkin revient à Coldwell pour faire le bilan des années de révolte. Que reste-t-il de cette lutte sociale ? Que sont devenus celles et ceux qui voulaient refaire le monde ?
    Mais pourquoi les gens ne bougent-ils pas, ne changent-ils pas cette bourgade de misère ?
    La réponse de Martyn Waites est sans appel : « Oh, je suis sûr qu’ils voudraient bien. Mais peut-être ne savent-ils pas comment. Ou qu’ils n’en ont pas les moyens. Ou qu’ils ne sont pas physiquement capables de le faire. Et ceux qui devraient, qui ont de l’argent et le savoir-faire, ne le font pas. Ils pensent que c’est aux gens qui vivent ici de prendre leurs responsabilités. Et ils ne feront rien tant qu’eux ne feront rien. »

    29/07/2018 à 08:41 8

  • L'un des nôtres

    Larry Watson

    9/10 Ce matin, de bonne heure, Margaret demande à son mari, George, s’il a réfléchi et décidé de venir avec elle. La voiture est prête, remplie du stricte nécessaire pour camper quelques jours. Ancien shérif, George, aux sentiments amoureux intacts pour sa femme, prend ses dispositions et préparent ses affaires. Direction le Montana, à la quête de leur petit-fils, Jimmy. Depuis le décès accidentel de leur fils, leur bru a quitté la ville et a refait sa vie, privant les grands-parents de leur petit-fils.

    Ce périple va être l’occasion de tester la solidité de leur couple, de se remémorer leur histoire, et d’affronter le clan Weboy avec qui leur bru s’est entichée. Une rivalité entre les 2 matriarches va s’instaurer.

    Ce roman est emprunt de poésie, de mélancolie et de tristesse. Il possède une douceur et une sonorité délicate. J’ai pris plaisir à me laisser bercer par ces phrases remplies de volupté et de délicatesse, découvrant la vie de ce couple dont l’amour a su affronter les années et les drames et qui une dernière fois va s’armer de courage pour réunir leur famille.

    J’avais laissé Larry Watson, découvert grâce aux éditions 10-18 dans les années 90. J’ai redécouvert la beauté de son écriture, grâce à cette belle et triste histoire. Loin du roman noir (même si des passages violents sont présents), L’un des nôtres offre une part d’hormone du bonheur au lecteur en quête de beauté, le temps d’un périple dans les Etats-Unis des années 50, en compagnie de grands-parents résolus mais attachants et bienveillants.

    25/01/2024 à 14:21 6

  • Le Cercueil de Job

    Lance Weller

    7/10 Jeune esclave noire en fuite, Bell Hood a pour repère Le cercueil de Job, une constellation d’étoiles que son père lui faisait admirer. Symboles de liberté dans cette Amérique en pleine guerre entre le Nord et le Sud, entre les états abolitionnistes et les états sécessionnistes, ces étoiles doivent la guider la nuit vers des contrées plus hospitalières. Aussi, avec pour compagnon Dexter, elle tente d’éviter les rencontres d’hommes qui ne voudront que la livrer à ses maîtres.

    Jeremiah Hoke, soldat blessé, essaie de fuir les atrocités de cette guerre. Hanté par ses cauchemars, s’interrogeant sur les motivations humaines de cette guerre, Hoke cherchera la rédemption.

    Roman emprunt d’humanisme, Le cercueil de Job confirme la beauté de l’écriture de Lance Weller. Même s’il offre des pages remplies de poésies et de descriptions terribles de batailles, Le cercueil de Job m’a moins attiré et ému que Wilderness. Lance Weller reste malgré tout un auteur à lire (ou à découvrir).

    17/08/2023 à 09:26 2

  • La Vie sexuelle des sœurs siamoises

    Irvine Welsh

    8/10 L'auteur écossais, Irvine Welsh, est connu pour avoir écrit le puissant Trainspotting, livre qui a touché voire inspiré toute une génération, de cinéastes, d'écrivains et de musiciens. Mais limiter Irvine Welsh à ce seul ouvrage est réducteur et serait commettre un affront à son immense talent. Sa pertinence à décrire notre société n'a d'égal que la violence de ses mots et l'horreur de ses personnages.

    La vie sexuelle des sœurs siamoises ne déroge pas à ces règles et constitue un exemple parfait de ce que Irvine Welsh souhaite nous faire vivre : nous foutre dans la gueule l'hypocrisie et la méchanceté de notre société dite civilisée. Au menu : la culture de l'image et des apparences, le marché du corps parfait, la malbouffe et notre société de névrosés…

    Lucy Brennan, coach sportive, une trentenaire au physique parfait, voit sa vie basculer lorsqu’elle immobilise un homme armé qui souhaitait abattre deux hommes sur le périph de Miami. Filmée par Lena Sorenson, une artiste aussi ronde que timide, la scène fait le tour des médias télé et hisse Lucy au statut d'héroïne. On lui propose d'être la coach d'une prochaine téléréalité et les paparazzis assiègent sa résidence. Lena lui demande de la prendre en main. Alors que l'on découvre que l'homme du périph souhaitait abattre deux pédophiles dont il a été victime, Lucy va prendre au pied de la lettre la demande de Lena. C'est le commencement d'une histoire aussi barrée que réaliste, aussi horrible qu'émouvante. La folie humaine ne semble pas avoir de limites pour Irvine Welsh. Pour notre plus grand plaisir.

    08/05/2018 à 11:38 5

  • Une Ordure

    Irvine Welsh

    9/10 Psychologiquement, physiquement, tout dans le personnage de Bruce Roberston n'est qu'ordure. En plus d'être un flic pourri (dans tous les sens du terme : il ne se lave jamais, ne change pas d'habits et il a le ténia), c’est un sale con, un odieux personnage, un raciste, il ne pense qu'au et qu'avec son sexe, à la drogue, qu'à se faire payer des heures supp', à sa promotion et à sa femme qui s'est barrée.
    Mais comment, pourquoi Bruce Roberston est de cette trempe des ordures ?

    Une Ordure d'Irvine Welsh est fortement conseillé à celles et ceux qui ont adoré Le Démon de Selby Jr. Un livre à la lecture facile tant qu'on accepte cet étalage de vulgarité et d'horreur. On en deviendrait compatissant pour ce personnage, à la fin.
    Un livre incontournable pour ma part.

    27/06/2019 à 13:12 3