JohnSteed

559 votes

  • Sous le parapluie d'Adélaïde

    Romain Puértolas

    7/10 Ayant été plus que charmé (bien que dérouté) par La police des fleurs, des arbres et des forêts, c’est donc avec une irrésistible envie que je me suis plongé dans ce livre, Sous le parapluie d’Adélaïde.

    J’ai retrouvé ce ton enjoué, ce style drôle que j’avais rencontré dans La police des fleurs, le tout servi avec une histoire prenante. Sauf que selon l’adage « chat échaudé craint l’eau froide » j’ai essayé de voir comment j’allais être manipulé et trouver la faille dans cette enquête. Comme un jeu d’énigme, je me suis penché dans la recherche du meurtrier de Rose Rivière, étranglée dans la foule venue assister au spectacle de Noël du village. J’ai accompagné l’avocate dans la quête de la vérité et voir comment disculper Michel Pandanjila, le coupable idéal dans cette affaire.

    Si j’ai trouvé ce livre un cran en dessous de La police des fleurs à cause notamment d’un final moins « spectaculaire », il procure toutefois un agréable moment de détente et de plaisir tant les situations sont parfois cocasses, et les personnages attachants.

    06/09/2022 à 11:01 4

  • Station Eleven

    Emily St. John Mandel

    8/10 Un virus foudroyant, la grippe de Géorgie, anéantit la population mondiale en seulement quelques heures. Des survivants constituant des microcosmes tentent de continuer d’exister dans ce monde post-apocalyptique.

    C’est le cas d’une troupe de théâtre, la Symphonie Itinérante, dont fait partie Kyrsten. Les acteurs errent de cimetières de ville en cimetières de ville à la rencontre de survivants pour leur interpréter des œuvres de Shakespeare. C’est ainsi qu’ils arrivent à St Deborah by the Water près du lac Michigan. Dans cette ville fantôme, les comédiens ne retrouvent plus leurs anciens collègues qu’ils avaient laissé ici il y avait quelques mois à peine. Par contre, au milieu de ce chaos, ils apprennent l’existence d’un être tyrannique qui se trouve à la tête de cette petite communauté et qui se fait appeler le Prophète.

    Pendant ce temps, Jeevan traverse les bois. A l’aéroport de Severn City, depuis le moment du chaos où toute activité a cessé, des survivants constituent un musée de la civilisation comprenant les objets de l’ère pré apocalyptique : carte de crédit, téléphone portable, tabloïd,…

    Et au milieu de tout ça, une bande dessinée, Station Eleven, que Kyrsten possède depuis la dernière représentation du célèbre acteur Arthur Leander.
    C’est ce dernier qui constitue le fil de cette attachante histoire. Car dans ce roman qui alterne les aller retours entre moments pré et post apocalyptiques, tout part et revient vers Arthur Leander : les événements et les personnages qui traversent ou constituent sa vie :Miranda, la première femme d’Arthur Leander, Clark, Elisabeth, une autre ex-femme et son fils Tyler, Kyrsten, Jeevan…

    Ne venez pas trouver dans Station Eleven un livre de science-fiction, ou d’horreur. Non, ce livre, à l’architecture intelligente, est rempli d’un profond sentiment d’humanisme et d’espoir.

    11/05/2019 à 10:09 7

  • Stoner

    John E. Williams

    10/10 L'enterrement de William Stoner en ce début de roman en 1956 sera peu suivi et n'émouvra que ses seuls collègues. Et ne laissera que peu de souvenirs dans cette université du Missouri où il arriva en 1910. Ce fils unique de paysans solitaires au cœur du Missouri très profond rentre, à la demande de son père, à la faculté d'agriculture afin de pourvoir à la succession de la ferme. William Stoner s'y résigne. Accueilli par des cousins germains de sa mère en contrepartie de travaux dans leur exploitation agricole, il travaille dur ses cours de sciences. En licence agro, il doit suivre un cours sur la littérature anglaise. Grâce à son professeur, austère mais passionné, Archer Sloane, c'est la révélation : il abandonne l'agriculture pour se consacrer aux études des lettres. Ainsi, il va égoïstement rester au pays pour poursuivre sa vie d'étudiant à l'heure de l'entrée en guerre des États-Unis dans ce premier conflit mondial et où ses collègues partent fleurs aux fusils faire la guerre. Sa persévérance, son courage, son abnégation lui feront obtenir un poste d'enseignant.

    Lors d'une soirée mondaine il rencontrera la mystérieuse, troublante mais attirante Edith Bostwick, fille unique d'une famille de banquiers de Saint Louis. Malgré cette différence de rang social, sans enthousiasme, sans passion, elle va accepter ce mariage et après une détermination inattendue, lui donner un enfant. Mais la crise financière de 1929 va entraîner la mort de son père. Edith reviendra de l'enterrement déterminer à faire de la vie de William un enfer. Elle s'y emploiera avec malice, méchanceté et perversité. Il en ira de même dans sa vie professionnelle avec l'arrivée de l'éminent mais hautain professeur Lomax.

    John Williams fait de Stoner un livre d'une puissance psychologique insoutenable. L'écriture de l'écrivain américain est à son sommet. Il nous offre des scènes fortes que ce soit dans les derniers instants de la vie de Stoner que dans ses moments de plénitude dans l'amour des livres ou de Katherine. Ces seuls instants où Stoner s'est vraiment senti vivant. Car Stoner fut toute sa vie un homme écrasé et étouffé par sa vie et par ceux qui l’ont partagé mais résigné à ce qui lui arrivait. Stoner n'en est pas moins un homme passionnant et attachant, un anti héro émouvant.

    30/04/2018 à 07:51 5

  • Stop work

    Morgan Navarro, Jacky Schwartzmann

    7/10 Fabrice Couturier est un cadre commercial à l’ancienne chez Rondelles SA. A « l’ancienne », parce que Fabrice fait sa pause déj’ au resto, apéro et digeo compris, quitte à l’offrir aux jeunes stagiaires. A « l’ancienne », Fabrice attend patiemment que l’on nomme directeur des ventes, poste vacant, et qu’il convoite avec moults fayotages auprès du PDG.

    Mais voilà, tout ne va pas se passer comme prévu. Et la direction EHS (Environnement, Hygiène et Sécurité) qui pond des règles de sécurité aussi absurdes que risibles (si ce n’est qu’elles sont malheureusement bien réelles) va en faire les frais.

    Une BD très sympathique qui met en avant les absurdités du monde de l’entreprise, et notamment ses normes d’hygiène et de sécurité. Une lecture obligatoire pour les amateurs de (peut-être) l’auteur le plus désopilant de l’hexagone.

    31/05/2023 à 13:37 2

  • Stöld

    Ann-Helén Laestadius

    7/10 Elsa est une Sami, peuple autochtone du nord de la Suède. Du haut de ses 9 ans, elle développe une force de caractère, héritage de ses ancêtres et des membres de sa famille, éleveurs de rennes. Témoin du massacre de son tout jeune faon, elle s’isole dans un mutisme, empreint de colère et de haine envers celui qu’elle n’oubliera jamais.

    La police est indifférente face aux massacres des rênes, qualifiés de simple vol. Elsa saura patienter pour exécuter sa vengeance.

    Ce roman est un témoignage sur les menaces, insultes ou actes xénophobes vécus par le peuple sami, sur l’indifférence des autorités voire de la population suédoise mais aussi sur les changements climatiques et les conséquences environnementales quant à la renniculture, tradition ancestrale de ce peuple. Loin d’être un page-turner, Stöld est à la fois un roman partisan, une photographie d’un peuple méconnu, une dénonciation d’une société suédoise enclin au racisme et une ode à la beauté fragile de la nature. Il faut cependant patienter jusqu’à la moitié du livre pour découvrir le côté polar du livre.

    17/10/2022 à 14:36

  • Substitutions

    Tania Carver

    9/10 Quelle découverte ! Quelle histoire !! Quel livre ! Quelle claque ! …

    Mais avant de parler de Substitutions, venons-en à l’origine de ma lecture. Ayant beaucoup apprécié Né sous les coups et La Chambre blanche de Martyn Waites, j’ai cherché à connaître l’actualité de l’écrivain originaire de Newcastle. Espérant que l’auteur anglais m’offre rapidement un nouveau polar à me mettre entre les mains, je découvre dans sa biographie que le sieur et sa dame ont écrit ensemble sous le pseudonyme de Tania Carver, dont ce Substitutions.

    Et le couple n’épargne pas le lecteur. Substitutions offre l’histoire d’un tueur en série qui s’en prend aux femmes enceintes, ou plus précisément mutilent les femmes pour extraire et voler l’enfant à naître. Les descriptions sont précises et morbides, voire écœurantes par moment. L’enquête est assurée par Phil Brennan, inspecteur. La police décide à faire appel à une profileuse, Marine Esposito, déjà intervenue dans une précédente affaire, dans laquelle elle a eu une relation avec Brennan, et a été gravement agressée, mettant fait à sa relation avec le policier. Les retrouvailles s’avèrent délicates, remplies de respect et de regrets. Les auteurs distillent cette enquête de personnages assez attachants.

    Ce polar est sombre, noir mais plaisant. Je pensais tomber sur un « polar classique (meurtre+enquête de police = arrêt du coupable). Mais j’ai eu l’agréable surprise d’être tombé sur un livre charmant, déroutant et surprenant. Je me suis immergé dans ce livre, et au fil des pages, mon interêt pour ce livre a été grandissant.

    J’ai fermé le livre en faisant deux choses :
    - je me suis promis de continuer de découvrir la suite de l’œuvre de ce duo, alias Tania Carver. Substitutions étant a priori le premier d’une série mettant en scène Phil Brennan et Marine Esposito.
    -j’ai écouté inlassablement, comme le fait l’inspecteur Brennan le magique et sublime morceau d’Elbow, One day like this.

    03/11/2022 à 17:37 4

  • Sud

    Olivier Berlion, Olivier Thomas, Antonin Varenne

    7/10 Natacha et Henri poursuivent la traque des mafiosos. Avec un seul objectif : gagner leur liberté.

    Dernier volet de Dos à la mer qui apporte de la tension à l’intrigue. Un deuxième tome qui redonne du noir à cette BD-polar qui mérite d’être découverte.

    14/08/2021 à 17:27 1

  • Sur le ciel effondré

    Colin Niel

    8/10 A Maripasoula, au lendemain d’une soirée bien alcoolisée, la brigade de gendarmerie est alertée de la disparition d’un adolescent, un jeune Amérindien du nom de Tipoy le fils de Tapwili, une institution dans le Haut-Maroni , car peu de décision ne peuvent se prendre sans lui, gardien des traditions wayana, et fervent opposant aux sociétés minières. Si la majorité pense que le drame amérindien, le suicide, a encore frappé cette communauté, l’adjudante Blakaman, une « noire-marron » revenue dans ces terres d’origine, défigurée suite à un attentat en métropole, suit son intuition : Tipoy est encore vivant. Dans ce coin reculé où sévissent alcool, traditions séculaires, chamanisme, rivalités entre ethnies et évangélisme, l’adjudante va devoir dérouler toute son expérience.
    A Cayenne, c’est une bande d’ « Anglais » qui sévit dans la capitale guyanaise, volant le matériel hi-tech après avoir ficelé, avec le fil du téléphone, les occupants. Or, un vol tourne mal. Le capitaine Anato est chargé d’enquêter sur le meurtre d’un infirmier. C’est un trafic mêlant pouvoir politique, entreprises aurifères, … qu’il va démanteler.

    Dans le 4ème épisode de la série guyanaise, Colin Niel confirme toute la magnificence de cette saga qui permet aux lecteurs d’apprécier la richesse et les traditions des communautés de ce bout de France, dont on a tout à découvrir.

    01/06/2020 à 17:22 3

  • Sur les hauteurs du mont Crève-Coeur

    Thomas H. Cook

    7/10 Que s'est-il donc passé cet après midi là sur le mont Crève-Cœur ? Qui a rencontré la belle et intelligente Kelli Troy ? Pourquoi un tel drame a eu lieu sur cette colline abrupte et chargée d'histoire où une stèle commémorative sera érigée en la mémoire de Kelli? Comment une telle tragédie a-t-elle eu lieu dans cette bourgade rurale, Choctaw, en Alabama en mai 1962 ?

    La haine dira le procureur en agitant les sanglantes photographies devant les jurés. « Voilà ce qu'on lui a fait subir. Seule la haine peut pousser quelqu'un à commettre un tel acte ».
    Même si Lyle Gates, la brute locale, fut condamné à plus de trente ans de prison, les cicatrices sont loin d'être refermées et les souvenirs douloureux reviennent implacablement. Lors de l'enterrement de la mère de Kelli Troy, Luke Duchamp demande à son ami d'enfance, Ben Wade, comment tout ça a pu avoir lieu. Ce dernier se remémore douloureusement l'amour inavoué pour cette fille qui a débarqué au lycée et avec qui il a partagé de beaux moments. Mais une si brillante fille comme Kelli, l'avertissait Luke, il faut se dépêcher de l'attraper pour faire sienne. Et Ben s'imagine sa vie avec Kelli, lui devenu docteur. Et Ben nous raconte le temps de 350 pages ce « récit le plus tragique qu'il m'ait été donné d'entendre. Toute ma vie, je me suis évertué à le garder pour moi ».

    Et Thomas H. Cook nous capte, encore une fois et comme il sait si bien le faire, dans cette histoire où le passé vient hanter le présent et que seules les dernières lignes viendront délier et délivrer le lecteur.

    05/03/2018 à 20:42 5

  • Sur mes gardes

    Franz Bartelt

    7/10 Franz Bartelt, dans cette nouvelle délicatement et bien illustrée par Honoré, raconte avec un humour noir, mais très subtil, l’histoire de cet homme qui prend le train mais qui se méfie des voyageurs présents dans le wagon. Toujours sur ses gardes, il se remémore sa vie et ses magouilles pour détourner l’argent de son patron tout en faisant condamner celui-ci. Alors quand on le traite de « Juda », il prend plutôt cette insulte comme un compliment. Après tout, Juda était un homme d’affaire avant l’heure. Voire un bon capitaliste, même. Mais ce sont les Chignoque, ses voisins et des trafiquants, qui l’ont insulté ainsi. Ils ont une bonne raison. Il a aidé la police à les arrêter. Alors, dans ce voyage, il a peur que les Chignoque s’en prennent à lui.

    Un délice de lecture d’une histoire assez cocasse d’un arroseur arrosé.

    15/01/2019 à 11:26 3

  • Sur un mauvais adieu

    Michael Connelly

    7/10 Harry Bosch est officier de police en réserve à San Fernando à mi-temps et occupe l’autre partie de ses journées en tant que détective privé. C’est à ce titre que Vance, multi milliardaire, lui demande de chercher un éventuel héritier. Au début des 50’s, il avait eu une histoire avec une femme d’origine mexicaine. Sa famille voyant cette histoire d’un mauvais œil a tout fait pour mettre fin à cette idylle et ses conséquences. Atteint d’un cancer, Vance charge Bosch de découvrir s’il a un enfant afin de lui léguer sa fortune. Parallèlement avec sa coéquipière, Bella, il va devoir enquêter sur un violeur en série.

    On ne compte plus les enquêtes d’Harry Bosch, mais Connelly propose avec ce titre, une lecture addictive. L’auteur américain est un expert pour écrire des livres que l’on dévore. Ici il ne fait pas exception en proposant deux enquêtes aussi intéressantes qu’aux rebondissements incroyables. Et c’est avec plaisir que l’on croise le demi-frère de Bosch et avocat, Haller. Si les enquêtes sont aussi bien rythmées, si on dévore les pages, on reste un peu frustré de ne pas avoir plus de détails dans les enquêtes et les procédures. Connelly nous propose un Bosch en version « light » dans ce « sur un mauvais adieu ».

    05/04/2020 à 18:09 3

  • Surface

    Olivier Norek

    7/10 Noémie Chastain, capitaine à la brigade des stups au 36, est renommée et appréciée. Lors d’une intervention, elle reçoit une décharge de plombs au visage. Verdict sans appel : défigurée. Après quelques semaines d’hospitalisation, elle reprend du service. Mais personne n’ose la regarder en face. Y compris son fiancé. Ses supérieurs choisissent de l’écarter en l’envoyant dans un commissariat de l’Aveyron, à Decazeville. Elle a pour mission officielle de faire un rapport en faveur de la fermeture du poste de police locale.

    Si son arrivée est difficile pour elle, No (comme elle aime désormais s’appeler, laissant pour morte son autre Noémie) est assez bien accueillie, même si ses méthodes parisiennes font sourire ses collègues. Lors d’une partie de pêche, un habitant découvre un fût. Il provient de l’ancien village d’Avalone qui a été submergé avec la création du barrage. A l’intérieur, se trouve les restes du corps d’un des trois enfants du village disparus en 1994. Mais où sont les deux autres ? Il ne reste qu’à vider le lac. Et c’est toute la vérité, ensevelie avec l’ancien village, qui fera surface.

    Polar lu en moins de 24h. Tous les éléments d’un page-turner sont présents : chapitres courts et rythmés, empathie pour le personnage principal, cold case avec des enfants, sans oublier la rubrique « fleur bleue »,… J’ai eu plaisir à enchaîner les pages, à découvrir l’intrigue, et les personnages même si j’avais un sentiment de déjà lu. Pas de surprise, sauf celle de voir Olivier Norek faire un clin d’œil à ses collègues Claire Favan et Jacques Saussey enterrés dans le cimetière d’Avalone.

    25/10/2020 à 19:06 5

  • Surtensions

    Olivier Norek

    9/10 Surtensions clôt admirablement ce triptyque consacré à Victor Coste et son équipe qu’on a découvert et aimé tout au long des enquêtes. Surtensions dépasse ses 2 prédécesseurs en laissant une part bienvenue à une intrigue très alambiquée et aux multiples rebondissements. Avocats corrompus, milieu carcéral infernal, ….

    Olivier Norek dévoile son talent dans en multipliant, sans se perdre, les intrigues et en développant les personnalités des protagonistes (y compris les « malfrats »). Cela fait de Surtensions un polar addictif et une vraie réussite du genre.

    Finalement, cette trilogie n’en est pas une, puisque l’auteur a décidé de nous offrir une suite aux aventures de Coste et de son équipe qui se déroule dans Les brumes des Capelans. A suivre…

    27/05/2022 à 18:36 4

  • Tango flamand

    Jean-Christophe Chauzy, Marc Villard

    6/10 A Ostende, Tina, danseuse au Florida, arrondit ses fins de mois en faisant le tapin pour des clients du cabaret. Un soir, un client, Francky, l'emmène sur son bateau. Mais Francky s'avère être un client un peu spécial et souhaite lui faire payer sa misérable vie.

    C'est direct comme bd, le scénario est assez pauvre mais le dessin de Chauzy, tout en retenu, relève le niveau de ce Petit Polar du Monde/SNCF.

    13/01/2019 à 18:32 2

  • Terminus Elicius

    Karine Giebel

    6/10 Première plongée dans l’univers de ce « maître ès thriller psychologique », et j’ai fait un plat. Une histoire qui se déroule à cent à l’heure, grâce à une écriture qui fait la part belle aux dialogues courts et directs et aux monologues de Jeanne. C’est bien rythmé et on tourne les pages pour comprendre l’intrigue. Mais difficile de conjuguer rythme avec atmosphère profonde et angoissante. Et cette (voire ces) histoire d’amour est trop fleur bleue pour moi et pourtant, je suis assez amateur d’un romantisme sincère et peux être assez bon public, quand c’est bien mené. C’est peut-être la raison principale pour laquelle que je n’ai pas accroché à cette histoire : ça manque de sincérité et de cohérence pour rendre plausible une telle histoire.

    20/11/2019 à 18:04 6

  • Territoires

    Olivier Norek

    8/10 L’équipe de Victor Coste est sur les crans suite aux meurtres de caïds de la cité de Malceny. En jeu, la possession du marché de la drogue dans le 93. Olivier Norek développe son intrigue, comme à son habitude et n’épargne personne. Magouilles, corruption, émeutes… tous les ingrédients d’un polar made in 93 (enfin, comme on peut le voir dans l’actualité).

    Une intrigue plus étoffée, tout en gardant un rythme effréné. Efficace et passionnant.

    27/05/2022 à 18:35 5

  • Thérapie

    Sebastian Fitzek

    8/10 Viktor Larenz, célèbre et médiatique psychiatre en schizophrénie, accompagne sa fille, Josy, à son rendez-vous chez l’allergologue. La jeune adolescente souffre depuis plusieurs mois d’une maladie qu’aucun médecin n’arrive à diagnostiquer. Après avoir été aux toilettes, Viktor constate que Josy a disparu. Et pire : personne ne l’avait vue dans la salle d’attente. Et pire encore : Josy n’avait pas de rendez-vous.

    4 ans plus tard, Viktor Larenz est attaché à un lit d’un hôpital psychiatrique. Il vient de sortir d’un état de choc. Il raconte à son collègue les résultats de ses recherches de sa fille et surtout sa mystérieuse rencontre avec Anna Spiegel, une auteure de livre pour enfant. Cette dernière écrit un livre qui relate étrangement l’histoire et la disparition de sa fille…

    J’avoue que j’ai dévoré cette intrigue, voulant rapidement trouver réponses à toutes les interrogations que soulevaient cette disparition. Atmosphère étouffante, angoissante, avec des fantômes ou des personnages que l’on croit exister ou inventer. J’ai douté de tout. Mais à la page suivante, j’ai certain d’avoir tout compris. Le chapitre d’après, mes certitudes s’écroulaient. Seules les dernières pages m’ont apporté la lumière sur cette affaire. Et la vérité s’est avérée être très éloignée de mes convictions. Sebastian Fiztek m’a promené tout le long de ces 300 pages. Sans aucune rancune. Plein de reconnaissance de ce moment de lecture accrochant.

    29/08/2021 à 17:40 10

  • Touriste de bananes

    Georges Simenon

    9/10 Oscar Donadieu, 25 ans, est à bord de "l’Île de Ré", un bateau qui fait route à destination de Thaïti. Lors du trajet, dans le Pacifique, le bateau croise "l’Île d’Oléron", et arrête sa course. On transfert le commandant Lagre qui est aux arrêts et qui doit être reconduit à Papeete pour y être jugé. Alors que "l’Île d’Oléron" avait quitté Thaïti depuis 3 jours, Lagre, la cinquantaine, marié avec enfants, a tué son troisième officier, Henri Clerc, âgé de 25 ans. Derrière ce drame, se cache une histoire de jalousie pour une femme, Tamatéa, une prostituée locale.

    Oscar Donadieu connaît le commandant Lagre, un ancien capitaine de son père, quand Donadieu vivait encore et était le plus puissant armateur de La Rochelle. C’est pour cette raison qu’à 12 ans, Oscar fut le parrain d’un des enfants de Lagre.

    Pour Oscar Donadieu, Thaïti est l’endroit rêvé pour vivre sereinement, loin du monde. Il est ainsi qualifié de « touriste de bananes », expression pour désigner des passagers qui partent sur les îles avec l’idée d’y vivre une vie naturelle, sans souci d’argent, en se nourrissant de bananes et de noix de coco… Ils cherchent une hutte abandonnée, s’y installent et après quelques mois, anémiés, malades, ils cherchent à se faire rapatrier en urgence.
    Oscar Donadieu n’est pas comme ça. Il veut montrer que sa motivation est sincère et qu’il peut être fort.

    Après quelques jours passés en ville, le temps que la saison des pluies s’arrête, il part et trouve une hutte abandonnée, par un Allemand qui y est mort, à deux cents mètres de la cascade de Papeari. Il s’y installe et vit de sa pêche, quitte à manger des poissons qui le rendront très malade. Mais il s’entête à rester dans cette vie sauvage, malgré la proposition du gouverneur, connaissant et respectant la famille Donadieu, d’un emploi dans l’administration locale, et celle du maréchal de gendarmerie Nicou, de le marier à sa fille.
    C’est seulement le procès de Large qui le fera revenir en ville. Mais Oscar sera terriblement déçu par cette parodie de justice, par la comédie jouée par le procureur général et par l’avocat, des silhouettes sans consistance.
    Il prend ainsi conscience que tout est fini pour lui. Il est fatigué, tant physique que moral, fatigué comme un mort. Lui, qui toute sa vie durant s’est obstiné à chercher quelque chose de beau, est désespéré de la nature humaine. Et c’est toute l’histoire de sa famille qui lui revient en tête : cherchait-il profondément quelque chose ou à fuir autre chose ?

    Simenon poursuit et conclut, avec Touriste de bananes, l’histoire du drame de la famille Donadieu, commencée avec le magnifique Testament Donadieu. Les multiples personnages, les situations, comme les paysages contribuent à magnifier la lourdeur, la noirceur de l’histoire. Au final, Touriste de bananes est un livre attachant, bouleversant de noirceur mais désespérément beau.

    07/07/2018 à 11:53 3

  • Tous les membres de ma famille ont déjà tué quelqu'un

    Benjamin Stevenson

    5/10 Quand tous les membres d’une même famille souhaitent « fêter » la libération du fils aîné, emprisonné depuis 3 ans pour meurtre, ils décident de se réunir dans une station de ski. L’idée alliant l’utile à l’agréable est sympathique. Sauf qu’il n’y aura pas vraiment de moments plaisants, sauf si on considère charmant et attrayant le fait de découvrir un cadavre dans la neige, sa bouche remplie de cendre.

    Pour la famille Cunningham, dont chacun des membres a des cadavres dans le tiroir, cette découverte n’augure rien de bon. Aussi, Ernest (dit Ernie ou Ern), le cadet, décide de mener l’enquête. Il rapporte ici son histoire sous forme d’une enquête policière digne d’Agatha Christie, en suivant les 10 règles d’or. Ern s’y connaît sur la manière d’écrire des romans policiers, car il écrit des livres sur la manière d’écrire les histoires policières.

    Présenté comme cela, le pitch du livre a l’air très alléchant. Mais c’est peu dire que je me suis ennuyé. Benjamin Stevenson respecte les codes des romans policiers classiques, mais je n’ai ni accroché à son style, ni aux personnages ni à l’histoire. Trop de divagation, trop de digression dans les propos du narrateur qui aime « parler » à son lecteur. Il manquait de profondeur ou d’un ton plus décalé, peut-être, pour me captiver.

    Ma lecture achevée (avec soulagement), je tombe sur les propos de l’auteur qui, à destination de quelques personnes de son entourage, les « remercie de l’avoir supporté ». Moi aussi, j’ai supporté l’auteur, mais pas dans le sens qu’il l’entend.

    30/01/2024 à 13:44 8

  • Toute la violence des hommes

    Paul Colize

    8/10 Même si je ne connais pas toute l’œuvre de Paul Colize, on peut distinguer deux types de romans du Belge, tous aussi intéressants les uns que les autres : les romans « sociaux engagés » (Back Up, Un Long Moment de Silence) et les romans « humour noir » (Concero pour Quatre Mains, L’Avocat, le Nain et la Princesse masquée). Roman noir social sur les incidences post-traumatiques de la guerre en ex-Yougoslavie, Toute la violence des hommes fait partie de la première catégorie.

    Niko est inculpé du meurtre d’une jeune femme. Tout accuse ce jeune graffeur : dernier contact téléphonique avec la victime, empreintes du jeune homme dans l’appartement de la victime, arme du crime retrouvé chez lui… Pourtant, il clame haut et fort que « ce n’est pas lui ! ».
    Son avocat tente désespérément de le faire parler. Niko se réfugie dans le silence. C’est la directrice de l’Etablissement de la Défense sociale, Pauline Derval, qui va lui permettre de se libérer, grace à son art de prédilection, la peinture murale. On découvre ainsi par un jeu d’écriture alternant le présent et le passé, l’histoire personnelle terrifiante de Niko et de la guerre en ex-Yougoslavie.

    Toute la violence des hommes, sans faire de mauvais jeu de mots, fait le portait de personnages très attachants, notamment celui de Niko pour lequel nous avons beaucoup d’empathie, profondément humains, courageux devant l’adversité, fondamentalement bienveillants et ainsi, malgré la noirceur de la trame de l’histoire, ce livre offre au lecteur, un sentiment de bien-être et surtout d’espoir face à la cruauté humaine.

    27/07/2020 à 15:46 6