Stoner

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  • 10/10 L'enterrement de William Stoner en ce début de roman en 1956 sera peu suivi et n'émouvra que ses seuls collègues. Et ne laissera que peu de souvenirs dans cette université du Missouri où il arriva en 1910. Ce fils unique de paysans solitaires au cœur du Missouri très profond rentre, à la demande de son père, à la faculté d'agriculture afin de pourvoir à la succession de la ferme. William Stoner s'y résigne. Accueilli par des cousins germains de sa mère en contrepartie de travaux dans leur exploitation agricole, il travaille dur ses cours de sciences. En licence agro, il doit suivre un cours sur la littérature anglaise. Grâce à son professeur, austère mais passionné, Archer Sloane, c'est la révélation : il abandonne l'agriculture pour se consacrer aux études des lettres. Ainsi, il va égoïstement rester au pays pour poursuivre sa vie d'étudiant à l'heure de l'entrée en guerre des États-Unis dans ce premier conflit mondial et où ses collègues partent fleurs aux fusils faire la guerre. Sa persévérance, son courage, son abnégation lui feront obtenir un poste d'enseignant.

    Lors d'une soirée mondaine il rencontrera la mystérieuse, troublante mais attirante Edith Bostwick, fille unique d'une famille de banquiers de Saint Louis. Malgré cette différence de rang social, sans enthousiasme, sans passion, elle va accepter ce mariage et après une détermination inattendue, lui donner un enfant. Mais la crise financière de 1929 va entraîner la mort de son père. Edith reviendra de l'enterrement déterminer à faire de la vie de William un enfer. Elle s'y emploiera avec malice, méchanceté et perversité. Il en ira de même dans sa vie professionnelle avec l'arrivée de l'éminent mais hautain professeur Lomax.

    John Williams fait de Stoner un livre d'une puissance psychologique insoutenable. L'écriture de l'écrivain américain est à son sommet. Il nous offre des scènes fortes que ce soit dans les derniers instants de la vie de Stoner que dans ses moments de plénitude dans l'amour des livres ou de Katherine. Ces seuls instants où Stoner s'est vraiment senti vivant. Car Stoner fut toute sa vie un homme écrasé et étouffé par sa vie et par ceux qui l’ont partagé mais résigné à ce qui lui arrivait. Stoner n'en est pas moins un homme passionnant et attachant, un anti héro émouvant.

    30/04/2018 à 07:51 JohnSteed (624 votes, 7.7/10 de moyenne) 5