schamak

104 votes

  • Jake

    Bryan Reardon

    9/10 Oui, le sujet me plaisait beaucoup et me parlait, mais justement sur un pareil thème, le risque de se vautrer lamentablement était grand : il n'en est rien.

    Surtout, au-delà de l'intrigue (somme toute classique, mais tellement d'actualité), de la construction habile (une sorte de compte à rebours à l'envers) qui, en plus d'entretenir savamment le suspens donne une densité formidable à l'histoire, ce qui frappe dans ce roman (le premier ! incroyable !), c'est sa JUSTESSE. Le théâtre de cette dramaturgie, l'introspection du héros, ses doutes, ses pensées, ses élans magnifiques, ses petites lâchetés, les échanges avec sa femme Rachel (ah les petits sous-entendus perfides, les infimes déceptions, les douleurs tues), la palette de sentiments (des plus mesquins aux plus émouvants) sans compter tous les micro détails et les thèmes sous-jacents abordés (notre responsabilité parentale, notre place dans la société et dans notre couple, ce culte de la virilité ...) tout sonne impeccablement juste, crédible, profond.
    Certes, l'auteur est psy, mais le fait de rendre l'intériorité de tous les protagonistes - hommes, femmes, enfants - si tangible, si réel, si proche de nous, exposé avec autant de simplicité, de pertinence et de lucidité, est un petit tour de force.

    Enfin, ce roman a d'autres mérites qui dépassent son propre cadre.

    Il conforte ce que je savais déjà, à savoir faire du divertissement (même noir, même sombre) sans rien sacrifier à la forme et à la profondeur psychologique des personnages et qui soit ancré dans le réel et fasse cogiter, c'est possible.

    C'est rare, mais ça existe. Et ça fait rudement du bien.

    Avec un style puissant dans son dénuement, sa façon de gratter sans en avoir l'air sur nos petites plaies égoïstes, un sens rythmique et l'art de semer ses indices et brouiller les pistes (et notre esprit), le romancier enterre (mais bon, c'était pas compliqué non plus) tous les pseudos spécialistes de thrillers artificiels (français notamment) obsédés du rebondissement/twist à gogo, fournisseurs d'écriture fadasse, d'ambiance en carton-pâte et de personnages stéréotypés avec une psyché taillée à la serpe. JAKE renforce encore mon envie de faire l'effort nécessaire de chercher toujours, d'être curieux, et continuer de me méfier de ces livres surfaits en tête de gondole floqués de superlatifs surlignés au marqueur dans des fiches cartonnées, renforce ma volonté de refuser de me laisser gaver comme une oie par ces styles inodores et incolores, sans voix, sans personnalité, ces mots et formules mille fois écrits par des écrivaillons prétentieux et opportunistes qui ne connaissent que surenchère, lourdeurs, mièvreries, et autres artifices grossiers pour impressionner le lecteur crédule ou peu regardant pour lui soutirer une émotion facile (voire factice).

    JAKE est une performance doublée d'une belle leçon de vie.

    JAKE est une putain de bourrasque de fraicheur (oui, ça peut paraitre paradoxal de parler de "fraicheur" dans un roman si anxiogène) ! Ca redonne la pêche, la foi en la Littérature populaire dans le sens noble et humain du terme (inutile d'avoir un dico à portée de main comme quoi), divertissante, humble et INTELLIGENTE ! De celle qui donne envie de faire encore et encore le tri dans nos choix, nos achats compulsifs pour lire des choses aussi simples (et pas simplistes, pour ceux qui ne font pas encore la différence), fortes, profondes (tout en restant accessibles), bref universelles. On en avait besoin. J'en avais besoin.

    Le final est au niveau, pudique et déchirant.

    Un roman bien senti de bout en bout.

    Dans mon TOP 3 de l'année.
    Sans hésitation.

    Merci Bryan Reardon ! Vivement le prochain !

    29/06/2018 à 00:04 6

  • L'Opossum rose

    Federico Axat

    5/10 Pendant les 3/4 du livre, l'intrigue est prometteuse et même (assez) prenante à bien des égards (au point que j'ai passé outre les dialogues moyens et la bluette sentimentale sans grand intérêt). Mais dès qu'on bascule dans les flash-back et la période étudiante du héros, on sent que l'auteur, s'essouffle et fait du remplissage. Hélas son manque d'inspiration (les chapitres deviennent de plus en plus courts et expédiés) va se poursuivre jusqu'au dénouement franchement poussif et bâclé.
    Ouvrir les portes du ou des mystères, c'est audacieux. Savoir les refermer avec autant de brio, c'est une autre affaire. Il est toujours préférable pour moi d'avoir moins d'ambition, mais plus de rigueur. Ou alors laisser le lecteur trouver ses propres réponses plutôt que de lui en servir des médiocres.

    Axat est un auteur imaginatif, joueur, mais trop gourmand.
    Son livre n'a pas tenu la distance (500 pages).

    Derrière un titre faussement intrigant, L'OPOSSUM ROSE est un thriller qui se lit vite (écriture fluide), mais déçoit amèrement dans ses 50 dernières pages (souvent celles qui - injustement - restent dans l'esprit d'un lecteur quand il s'agit d'un thriller avec révélation).

    08/02/2018 à 18:00 6

  • La Cour des mirages

    Benjamin Dierstein

    7/10 Une lecture forte, très, souvent éprouvante où le style haché, répétitif, parfois (souvent ?) horripilant vous fait hésiter à poursuivre, mais pas le choix, le rythme nerveux voire enfiévré par moments, vous empoigne par le col et vous entraine dans ces 800 pages que j’ai avalées sans rechigner ou presque. Les deux personnages principaux de flic sont au bout du rouleau et du précipice, contraints à l’illégalité pour chasser des ordures de la pire espèce, deux flics psychologiquement détruits en plein hors piste, même aux confins de la démence.
    Tous les autres policiers sont en retrait, et les salauds, nombreux, ressemblent à des robots, des zombies. J’ai contenu deux-trois poussées de rage et des envies de vendetta. Comme quoi, l’auteur a réussi son coup même si j’ai quelques réserves sur la forme très Ellroyienne (sans être certain s’il y avait moyen de faire autrement, sensation bizarre que je ne peux expliquer).
    Tout ceci, c’est de la fiction, certes, mais qui sonne abominablement, effroyablement réaliste, à vous dégouter de l’être humain.
    Tout est noir, abject, immonde, pourri jusqu’au trognon dans toutes les corporations (politique, et police) et ses combines merdiques, bref, un livre sans espoir doublé d’un uppercut dans la tronche et dans l’estomac. L’auteur ne nous ménage en rien, mais ne se paluche pas exagérément dans les détails scabreux ; pas la peine, c’est suffisamment pénible comme ça.
    Mais c'est un roman réussi, je ne regrette pas ma lecture ni ne conteste le talent de l’auteur (faut un minimum de savoir faire - et quel p***** de travail de documentation, juste colossal !), mais, n'étant pas habitué à ce genre de livres, je ne suis pas prêt de recommencer l’expérience de sitôt.

    11/12/2022 à 20:23 6

  • Le Chuchoteur

    Donato Carrisi

    6/10 Points positifs :

    Une chose est sûre : on ne s'ennuie pas durant ces + 500 pages. Et l'ennui, c'est la pire des choses (et pas que en Littérature !).
    Certains personnages sont plutôt creusés (ce qui ne veut pas dire qu'ils soient attachants ou impeccablement réussis. Mais bon, au moins, ils ont un peu d'épaisseur). D'autres sont un poil caricaturaux, mais rien de très embêtant.
    Certaines réflexions sont intéressantes.
    La documentation est convaincante (inspiré d'une histoire vrai, ça se sent).
    Le suspense est maintenu tout du long.
    Je me suis fait surprendre une fois ! (sensation plaisante, ça faisait longtemps)

    Points négatifs (?) :

    Un seul véritablement, mais qui pèse beaucoup dans un genre comme celui du thriller et qui contrebalance l'appréciation générale.
    En effet, le déluge d'informations, de rebondissements, de twists finaux est assez trompeur. Dans un premier temps, ils ont un effet assez enthousiasmant sur le lecteur (enfin moi, quoi) à la fin du récit. Ensuite, quand on prend le temps de cogiter à froid, on s'interroge si c'est pas "too much" dans la surenchère (et les grosses ficelles) et surtout inutilement (comprendre artificiellement) alambiqué tout ça. Pour un thriller dont l'intrigue (et sa crédibilité) est un élément clé, c'est un peu gênant.

    Au final, je n'ai pas d'avis tranché sur le roman qui s'en sort avec un peu plus que la moyenne de par ses réelles qualités narratives (et parce que je suis aussi de bonne humeur).

    12/06/2018 à 00:59 6

  • Surf City

    Kem Nunn

    8/10 Une chose est sûre : en prenant ce livre, je ne m'attendais pas à tomber sur un roman aussi bon. Sous une plume incroyablement visuelle qui n'oublie jamais d'être littéraire et d'une grande profondeur psychologique, Kim Nunn écorne salement la carte postale idyllique et le rêve Californien avec ses plages dorées où le surf est élevé au rang de religion.
    Vernis et coutures craquent de toutes parts balafrant au passage l'innocence du jeune Ike Tucker. Parti à la recherche de sa soeur disparue, Tucker n'oubliera jamais cet été de tous les dangers.
    Les personnage sont d'un charisme et d'un magnétisme dingues, mais bien peu de lumière filtre dans la lucarne de ce roman où la rédemption se paie au prix fort.
    Ne passez pas à côté !

    29/10/2022 à 23:25 6

  • Territoires

    Olivier Norek

    8/10 "Code 93" laissait présager du bon. "Territoires" confirme : Olivier Norek est un bon.
    Le second opus du flic Victor Coste et toute sa clique est une réussite. Toujours servi par une écriture "à l'os" et un rythme d'enfer, le roman se dévore littéralement. On pourra reprocher parfois un côté "listing" un peu froid et clinique dans la partie technique (d'un autre côté difficile de poétiser pour parler des procédures policières), mais c'est vraiment pour pinailler. Les seconds rôles ne sont pas sacrifiés (du reste, les femmes ne sont pas des faire valoir - certaines supplantent les mecs en matière de cynisme et de dangerosité), les dialogues sont globalement bons et l'auteur ne tombe jamais dans la mièvrerie lorsqu'il évoque les relations amoureuses.

    Cela est terriblement pessimiste et laisse à penser que tout et tout le monde (flics, politiciens,...) sont obligés de se salir (physiquement et moralement) pour maintenir l'ordre. C'est à désespérer, mais ça sonne juste et réaliste.

    Bref, dans le genre, c'est du tout bon et je vais d'ores et déjà attendre la sortie poche de "Surtensions".

    29/09/2016 à 20:33 6

  • Tout le monde aime Bruce Willis

    Dominique Maisons

    6/10 Fini.

    Conformément à mes habitudes, je vais donner mon avis d'amateur - à chaud - avec qui vaut ce qu'il vaut.

    Que Dominique Maisons me pardonne : son dernier opus m'a déçu.

    Oh, ce n'est pas raté, il se lit sans problème, mais sans grande passion non plus. C'est un opus nettement moins ambitieux que son précédent, un roman passablement agréable que je vais oublier aussi sec. Il manque de beaucoup de choses et j'ai eu le sentiment qu'il est resté tout du long dans un entre-deux comme coincé entre plusieurs genres sans en assumer pleinement aucun. Il manque de noirceur pour un vrai polar, de trash pour être véritablement un thriller border-line, et de vitriol pour en faire une espèce de comédie encore plus acide et plus décalée.

    Au final, TOUT LE MONDE AIME BRUCE WILLIS est bancal et sage. A choisir, je me demande si j'aurais pas préféré la surenchère voire le grand-guignolesque à la manière d'un film de Shane Black (Kiss Kiss Bang Bang).

    Voyons ça dans le détail.

    Le roman se découpe en 3 parties.

    La première se concentre sur Rose et sa vie de star qu'elle saborde jusqu'à l'auto-destruction. Cette partie montre avec une certaine efficacité le paradis artificiel et vorace du milieu cinématographique. Rien de trop poussé dans le traitement, mais le rendu fonctionne plutôt bien, on imagine sans mal cette prison dorée à ciel ouvert où Rose, l'héroïne, est enfermée.

    La seconde partie arrive juste à temps (car Rose et ses tourments commençaient à tourner en rond). Au début, ce virage surprend, désarçonne le lecteur (et crée un mystère bienvenu car jusqu'alors absent) , mais au moins cela met en lumière d'autres personnages. Le hic, c'est que ça dure un peu trop longtemps et en dépit des réels dangers, la tension ne monte jamais véritablement du fait de l'absence de surprises (c'est jamais bon quad le lecteur a un peu d'avance sur la tournure des évènements).

    La troisième partie est clairement sinon la plus faible, mais la plus conventionnelle. L'auteur déroule sa pelote de laine de manière assez linéaire, peu d'obstacles sur le chemin, les facilités scénaristiques pleuvent. J'ai clairement senti l'auteur pressé d'en finir avec son histoire dont le dénouement est (trop) vite expédié et peu convaincant.

    Dans les points positifs :
    - Une écriture qui fait le job. C'est carré, pro, Dominique Maisons sait décidément tout écrire.
    - Rose, sans être méga attachante, campe un personne assez convaincant dans le rôle de celle qui va se révéler (un peu) dans l'adversité. Même si j'avoue que son attachement au gamin m'a paru un peu soudain et son détachement désinvolte après la mort de biiiiiip.
    - Caleb/Julian : de très loin le personnage le plus intéressant du livre.
    - Je ne sais pas trop si l'absence de profondeur voire le côté caricatural des autres personnages ne sert pas le livre qui, car d'une certaine façon, on peut aussi voir l'ouvrage comme le grotesque spectacle de l'outrance et de la superficialité montré au grand jour.

    Dans les points qui m'ont (plus ou moins) gênés :
    - le rythme (seconde partie un peu ennuyeuse, dernière partie et final poussifs)
    - la prévisibilité
    - certains dialogues (sur-explicatifs) notamment à la fin.
    - les rebondissements un peu aux forceps pour relancer l'intérêt et l'intrigue. On sent que l'auteur se démène pour créer des enjeux forts dont j'ai peiné à m'intéresser (surtout à cause du point ci-dessous).
    - peu d'empathie pour les personnages (je n'ai cru à aucun, donc je ne me souciais pas vraiment de leur sort - sauf Caleb)
    - Le titre prometteur qui débouche sur....rien (mais à la limite ça pourrait être aussi un point positif car cela démontre aussi toute la tartuferie du marketing ! Bien vu !)

    En revanche, là où c'est plus fâcheux, c'est que y'a un peu tromperie sur la marchandise quand on lit la quatrième de couverture et cette histoire de disparition de la soeur "dans des circonstances étranges". Je ne vais rien dévoiler de ce volet, mais bon...bref :)

    Enfin et cela peut paraitre étrange (ou pas), mais sur le thème des "apparences" et des affres de la célébrité, j'ai surtout pensé à un film français : Grosse fatigue de Michel Blanc.

    Voilà.
    Je ne pense pas avoir spoïlé, mais si j'ai par mégarde divulguer une information compromettante que Dominique Maisons veuille bien m'excuser et me le signaler.

    26/09/2018 à 01:02 6

  • Cabossé

    Benoît Philippon

    4/10 Un premier roman noir, voire très noir, avec un potentiel énorme. Mais c'est raté et surtout c'est très frustrant.

    La faute à une écriture qui se regarde un peu trop, qui cherche trop à épater, à impressionner. A force d'abuser de l'argot, de chercher la bonne répartie (notamment dans les dialogues souvent ratés car), l'histoire et les personnages perdent en crédibilité et en psychologie (le héros qui parfois s'exprime super bien en terme de tournure d'esprit alors qu'il est dépeint comme un gars pas franchement cultivé ou éduqué). Au contraire, à l'image d'un Franck Bouysse avec "GROSSIR LE CIEL" il aurait valu que le héros soit un taiseux, l'impact aurait été plus fort et la psychologie du personnage plus authentique et plus émouvante. Mais bon, là le verbiage est excessif, l'auteur surexplique, surlonge trop ses effets (ça fait remplissage de pages) et finalement cela sonne "fabriqué", artificiel, c'est parfois agaçant, voire ça gave (un peu comme une abondance de Twix pour rester dans le roman) et franchement dommage car y'avait moyen de faire un petit "Des souris et des hommes" (également cité dans le livre) en mode Bonnie & Clyde. Je passe outre les situations improbables et l'accumulation de poisse qui plombe la vie des personnages, mais bon, pourquoi pas, ce n'est pas ça le plus gênant.

    Bref, désolé d'être un peu sévère, mais encore une fois, y'avait moyen avec plus d'économies de mots et plus de silence, de non-dits, de faire bosser davantage le lecteur et l'emporter. Peut-être pour un second roman ?

    04/10/2016 à 20:33 5

  • Cry Father

    Benjamin Whitmer

    7/10 Moins marquant que l'excellent PIKE, il est toutefois plus dense et plus ambitieux. Plus complaisant aussi par moment. J'ai déploré quelques longueurs.
    C'est un roman très noir, sans concession, assez désespéré même. Heureusement la toute fin laisse filtrer une part d'humanité pour ces personnages torturés.
    En tout cas, ça donne envie de suivre cet auteur pour un troisième opus.

    24/05/2016 à 08:28 5

  • Dans les brumes de Capelans

    Olivier Norek

    6/10 En bref, le dernier opus de Norek se lit vite grâce à une écriture toujours nerveuse et des personnages plutôt bien croqués. L’intrigue est tirée par les tifs et prévisible.
    Le personnage de Coste, sous des aspects rustauds demeure un cœur un peu trop grenadine, de quoi ravir les midinettes. Ce flic qui brise le cœur des filles et suscite l’admiration des mecs, rappelle combien l’auteur est un incorrigible cabot. A la longue, c’est un peu risible. Même péché mignon pour les dialogues (la spécialité Norek) qui fait que tout le monde est doté d’une redoutable répartie, mais ça claque bien. Nickel pour une adaptation TV/ciné.
    Petite nouveauté : Norek s’est montré plus descriptif qu’à l’accoutumée.
    Bref, Norek fait le job, mais je ne suis pas certain de renouveler l’expérience si ce dernier ne se renouvelle pas.

    06/09/2022 à 23:22 5

  • Je tue les enfants français dans les jardins

    Marie Neuser

    7/10 C'est presque un livre-documentaire dont j'ai englouti les 150 pages, la rage au ventre. Rien de nouveau dans le sujet, mais il est traité avec réalisme et une plume impeccable pour témoigner du quotidien insupportable (même si ça semble assez fou) d'une professeur d'italien dans un établissement "difficile" où cette dernière perdra bien plus que son idéalisme. C'est également le constat navrant d'une capitulation (des profs et des parents). Dans les bémols, je regrette le rôle très passif du mari, mais souvent, on ne voit pas les choses ou on les minimise. Rien ne très préjudiciable.
    Le plus tragique dans tout ça, c'est qu'à l'image de l'héroïne, au moment du dénouement, le lecteur que je suis n'a éprouvé ni remords ni scrupule.

    30/06/2020 à 23:44 5

  • La Blonde en Béton

    Michael Connelly

    8/10 Mon second Connelly, mais mon premier Harry Bosch.
    Une franche réussite.
    L'auteur coche toutes les cases du très bon roman policier. C'est du classique, mais dans le bon sens du terme, loin de la surenchère et des twists en mille-feuilles. Suspense, fausses pistes, documentation et scènes de plaidoirie réalistes, avec en outre des personnages très bien campés, y compris les secondaires (l'avocate Chandler, sacré bout de femme). Et la construction, nickel, comme l'écriture.
    Harry Bosch fait un flic solide, mais vulnérable (et amoureux), pas encore trop rongé par le cynisme. Blasé, mais Il lui reste encore un peu de foi et d'idéalisme. Pour combien de temps ? La Blonde en Béton n'est que sa 3ème enquête, je crois.
    Du bon boulot, donc avec en plus une résonance sur l'actualité (George Floyd). Un roman super efficace. J'en attendais pas plus, mais pas moins non plus de la part d'un type considéré comme une référence dans le genre. Une réputation non usurpée.

    A bientôt, Michael.
    A bientôt, Harry.

    29/07/2020 à 00:41 5

  • La Maison où je suis mort autrefois

    Keigo Higashino

    7/10 Une réussite.
    Ecriture simple, rebondissements bien dosés, intrigue captivante.
    On peut faire un thriller efficace et surprenant sans recourir au gore et à la surenchère (qui servent souvent à masquer bien des défauts).
    J'ai acheté deux autres romans de cet auteur.

    24/12/2017 à 17:01 5

  • La Petite Gauloise

    Jérôme Leroy

    7/10 Ce court roman (ou cette longue nouvelle) ressemble un peu à un conte, une fable. Mais une fable sombre, plus que sombre, nihiliste, fataliste.

    Les "+" :

    - Le format : 140 pages. C'est parfait. Plus long, cela aurait pu lasser (c'est quand même très désespérant)
    - Le style. Un modèle d'efficacité pour brosser des portraits et des situations. Une écriture à l'os, percutante, qui va à l'essentiel. Du haut niveau.
    - L'humour. Acide, mordant. Aussi jubilatoire qu'inconfortable.

    Les "-" :

    - Les 20 dernières pages. Dans l'Algeco, ça flirte avec l'exagération (deux jeunes qui pensent à violer deux filles alors que des terroristes sont dans l'école, mouais).
    - Par moment, cette absence d'émotion rend le récit et les protagonistes comme désincarnés. Mais d'un autre côté, ça sert aussi le propos, cette froideur mécanique, ce vide émotionnel.
    - La répétition des noms peut s'avérer gênante par moment.

    Conclusion :

    Le parti pris de l'auteur est assez radical. On aurait aimé plus de nuances. Mais, la plume est acérée, l'humour noir, le sujet glaçant et d'une résonance terriblement d'actualité.

    29/06/2018 à 23:59 5

  • Le Carré des indigents

    Hugues Pagan

    8/10 Une écriture ciselée et poétique qui ravira les lecteurs de Herve Le Corre (que je suis), des personnages cabossés et un crime sordide à élucider, voilà ce que nous propose Hugues Pagan dans le CARRE DES INDIGENTS, un roman noir où la seule lumière vient de la plume aiguisée de son auteur. Le flic Schneider, beau, taiseux et ténébreux héros auquel naturellement aucune femme (forcément toutes fatales et super bien gaulées) ne résiste (et forcément champion au plumard, j’avoue le cliché m’a un peu agacé), est un homme traumatisé par la guerre d’Algérie, un type revenu de tout et condamné à ne connaitre ni repos ni bonheur à l’image des terribles dernières pages.
    A lire.

    15/01/2023 à 10:02 5

  • Le Jour des morts

    Nicolas Lebel

    8/10 Avec ce second opus, Nicolas Lebel monte en puissance….et son héros en humanité.
    C’est pour moi, un des gros atouts de l’auteur (et ce que je recherche aussi dans mes lectures), celui d’avoir crée un VRAI personnage. Celui qu’on a envie de suivre et de (mieux) connaitre. Très loin du flic beau mâle courageux (j’allais dire Norekien) Merlicht est laid, bougon, old school (largué sur tout), il pue de la gueule, n’a plus baisé depuis des lustres, et misogyne avec ça. A cause et grâce à ça, son humanité sent à plein nez, elle transpire aussi bien que son érudition, son sale caractère ; c’est un personnage complexe, épicurien dont le cynisme et le lyrisme (ah cette scène de duettiste au restaurant du « Chaudron » avec le légiste, vaut son pesant d’envolées culinaires !) dissimule mal sa pudeur, ses blessures (il est « jeune » veuf) et sa fidélité en amitié est sincère et émouvante. Il y a du Audiard et du TonTon Flingueurs dans la verve du Merlicht, mais autre chose, peut-être un petit côté Gabin, en mode petit gabarit. En somme, il nous énerve autant qu’il nous touche, pour la simple raison qu’il fait vrai, authentique, qu’il nous parle, nous ressemble à bien des égards.
    Mais les nombreuses qualités de ce roman sont aussi ailleurs. La construction est impeccable (bonne alternance des scènes et des nombreux personnages, on ne se perd jamais), l’intrigue (ingénieuse) fait aussi la part belle à l’Histoire, la culture (tout amoureux des livres y trouvera son compte sans que ça fasse étalage ronflant) ; bref, on apprend des choses en se divertissant, quoi de mieux ? L’écriture, peaufinée, a de la tenue tout du long ; détaillée, sans donner l’impression d’ameublement. Et le suspense ne baisse pas. Tout ceci est charpenté, solide, ça fleure bon le métier et pourtant ce n’est que son deuxième livre. Respect.
    Les autres personnages sont également bien brossés, l’auteur leur a fait de la place, ils ont aussi leurs failles et leurs faiblesses, la droiture rigide du colosse Dossantos, et le caractère bien trempé (et fragile) de Sophie. Seul le stagiaire est lourdement assaisonné. Jacques, l’ami mourant, a aussi droit a ses moments, et d’ailleurs, c’est lui qui fait son entrée en fanfare.
    Puisqu’aucun roman n’est parfait, je dirais que les dialogues sont parfois trop écrits, que le running gag de la sonnerie de téléphone…. ouais bon, et que le dénouement est expéditif, mais c’est vraiment pour chipoter.
    Du bon boulot, je vous dis.
    C’est fichu : Je suis LEBELlisé.
    Next.

    11/11/2020 à 22:28 5

  • Le Silence

    Dennis Lehane

    7/10 Il a fallu attendre quelques années pour voir apparaitre le dernier Dennis Lehane.
    Son titre : le silence (small mercies, titre original, bien meilleur, je trouve).
    Le résultat est convaincant, même bon,… à défaut d’être très bon. C’est solidement écrit, percutant (faut-il le rappeler Lehane est un très bon dialoguiste et sait terminer un chapitre avec des phrases qui claquent). Une bonne histoire bien racontée (les 100 premières pages prennent le temps) avec à la clé un joli portrait de femme et de mère (un sacré bout de femme, la Mary Pat, en mode Charles Bronson) derrière la thématique du racisme, mais aussi celle du rôle et des responsabilités de parent, de ce qu’on lègue - parfois à notre insu - à nos gosses, et de notre trouille, en dépit de notre amour, quant à notre incapacité à les protéger contre tout.
    En d’autres termes, du travail pro(pre), maîtrisé sur le fond comme sur la forme, rien ne dégouline ou ne fait tâche. Le monsieur a du talent et du métier et son bouquin se hisse dans le haut du panier du genre.
    Aucun reproche véritable donc, mais il m’a manqué le petit supplément émotionnel qui vous entaille le palpitant et vous picote les rétines alors que tout s’y prêtait.

    07/01/2024 à 23:28 5

  • Les Monstres

    Maud Mayeras

    7/10 Ma première incursion chez Maud Mayeras a été payante.
    J’ai souvent entendu qu’elle - enfin son écriture - avait une identité et c’est le cas ; d’ailleurs c’est surtout l’écriture et la qualité narrative de l’auteure (l’essentiel donc) qui ont fait que je suis allé au bout et sans effort d’une histoire linéaire et solide mais qui, au demeurant, ne m’a pas passionné plus que ça. 

    Un roman aux allures de conte macabre non dénué de poésie et intéressant dans sa construction (l’insertion des « livres » était un pari risqué au détriment du rythme et du suspense mais donne un certain cachet au récit). La dénonciation sur les dérives de notre société et de notre prétendue humanité n’est pas trop appuyée ni trop moraliste.
    J’ai senti pas mal d’influence (« Claustria » de Regis Jauffret fut, aux dires de l’auteure, une lecture marquante) dont j’ai également apprécié le refus de recourir à l’émotion facile. Pas de gros bémol, mais on pourrait éventuellement trouvé le livre un poil court, même si finalement, je l’ai trouvé bien dosé.
    Chez les frenchies, une bonne plume féminine dans le roman noir qui n’a pas besoin d’artifices, de litres d’hémoglobine ou de twists ad nauseam pour tenir une histoire, ça ne court pas les libraires.

    16/08/2021 à 21:09 5

  • Mamie Luger

    Benoît Philippon

    4/10 Voilà, c'était attendu.
    Je me suis arrêté à la page 221 soit à 50% du roman. Je ne connaitrais donc pas le fin mot de cette histoire, mais paradoxalement, c'est un peu comme si j'avais été au bout quand même. MAMIE LUGER est le genre de livre dont l'idée de base repose sur une confrontation entre deux protagonistes, et sur la langue. Et pour que ça fonctionne, il faut que le duo fonctionne et que le style reste vivace tout du long. Or, ici, la dualité n'est pas assez stimulante pour tenir la distance sur 450 pages, et le style finit par être poussif.
    Le déroulé n'est pas innovant (flash back), mais se tient bien, le hic c'est qu'au bout de 200 pages, le roman finit par tourner en rond, et progressivement vous ôte page après page tout le plaisir de la lecture, vous pousse à sauter un ligne, puis trois, puis tout un paragraphe et finalement, vous en venez à lire l'ouvrage en diagonale sans avoir le sentiment de rater quelque chose. Alors, à quoi bon poursuivre si ce n'est pour dire que j'ai lu un livre en entier ?
    La question est la suivante : y avait-il moyen de faire autrement dans la construction ? Peut-être pas, mais sur la forme, il y avait moyen de pimenter le récit, de le rendre plus original, plus pêchu, sans doute. L'utilisation de l'argot ne suffit pas, et même qu'à terme ; il devient lui-même ennuyant par manque de percussion.
    L'écriture, pas mauvaise en soi, est plutôt appliquée, mais pas assez emballante pour porter seule ce récit répétitif sur ses frêles épaules stylistiques. Le vrai souci porte sur les personnages, à l'image de l'ouvrage, trop prévisibles. Tout est si appuyé (comme pour si l'auteur cherchait à convaincre son lecteur par des procédés lourdingues), qu'ils en perdent leur mystère, leur épaisseur, leur truculence, leur crédibilité, bref, leur personnalité, leur "émotionnel". Et moi, mon intérêt à leur égard et leur histoire. Pshit, envolée l'empathie, l'émotion. Je n'ai pas dit, pas même souri, car je ne croyais en rien à ce que je lisais et surtout pas aux deux héros (surtout le commissaire).
    L'auteur aura beau empiler les cadavres, balancer du Audiard à gogo (mais sans la profondeur et le punch) dans des dialogues qui en deviennent trop verbeux, le rythme reste (involontairement) indolent.
    Je n'ai pas détesté, c'est presque pire, je me suis ennuyé. Et s'ennuyer en lisant, je ne connais pas pire sensation.

    Au suivant.

    14/07/2020 à 21:13 5

  • Rural noir

    Benoît Minville

    7/10 La relation entre les frères est crédible. La fille au milieu n'est pas trop sacrifiée sur l'autel de cette fraternité et parvient à exister un peu. L'intrigue sans être novatrice tient la route, l'écriture aussi même si elle aurait mérité d'être moins "sage". Les scènes d'actions plutôt bien retranscrites. C'est un roman court, fluide qui pêche sans doute par un style qui ne demande qu'à se muscler davantage.
    On pense fatalement au film "stand by me" de rob reiner (tiré d'une nouvelle de stephen king).
    J'ai passé un bon moment.

    24/05/2016 à 23:21 5