Dany33

535 votes

  • Condor

    Caryl Férey

    8/10 Entre thriller et investigation, ce roman palpitant vaut autant par son énigme très prenante que par son contexte historique des années post-dictature. Les références historiques nombreuses et documentées rappellent le film documentaire chilien de Patricio Guzmán, « le bouton de nacre », sorti en 2015. Les tribulations tragiques d’Esteban et Gabriela laissent à penser que tout n’est pas encore apaisé au Chili. Ce pays mériterait d’avantage d’attention de la part des médias et ce roman attire la nôtre par son traitement sans concession de l’actuelle société chilienne, qui oublie ses racines et s’enlise dans la corruption. Au-delà ce cette actualité, l’auteur nous rappelle que les Etats-Unis ne sont pas sans reproches bien au contraire, puisque la CIA a favorisé l’arrivée de Pinochet avec son opération « Condor ». Enfin les paysages grandioses évoqués nous appellent au voyage.
    Très bon roman donc et pour moi le premier de cet auteur de romans noirs (31 au compteur !).

    30/05/2016 à 14:13 5

  • Congés mortels

    Didier Fossey

    8/10 Après Artifices, c’est ici le deuxième roman que je lis de Didier Fossey. (Il aurait dû être publié avant Artifices, ce qui doit expliquer la chronologie et la composition des équipes). Comme dans Artifices, il alterne les intrigues, mêlant le passé (1936-1945) à une enquête presque contemporaine se déroulant en 2006. Rien n’étant gratuit dans le monde du polar, le lecteur se doute que le passé va rattraper le présent mais l’auteur arrive allègrement à le berner jusqu’au dénouement surprenant.
    On y rencontre donc Boris Le Guenn flanqué de seconds (qui auront disparu du paysage en 2013 dans Artifices) et surtout d’Antoine le rigoureux et de Fred la flamboyante. Tout cela parce qu’un fils à papa parisien se fait tuer avec sa copine alors qu’ils séjournent dans la Nièvre. Le décédé, bon journaliste mais un homme pas très sympa en fait ! Vengeance d’un(e) ex, d’un(e) « mis(e) en cause » dans un article ? Le père, fort de son influence va faire que les limiers du 36 (oui en 2006 on ne parle pas encore du Bastion) vont devoir se « coordonner » avec la gendarmerie nivernaise … les cultures après une tentative d’apprivoisement, vont entrer en compétition. La question de l’indépendance de la justice se pose elle aussi clairement.
    Etrangement des meurtres en série contemporains, ressemblent à ceux commis avant la dernière guerre mondiale. A-t-on à faire à un « copy cat » ?
    Le rappel historique est très réaliste, il narre les péripéties des prisonniers de guerre, envoyés en Allemagne pour couvrir le déficit en bras. Cependant nous avons à faire à un vrai méchant, antipathique à souhait, qui ne peut bénéficier d’aucunes circonstances atténuantes.
    La police scientifique sera-t-elle l’avenir de la police d’investigation ? Vous le saurez en lisant ces presque 300 pages avec le même plaisir que moi.

    02/12/2019 à 17:19 1

  • Corrompu

    Patrick Nieto

    8/10 Difficile de dire plus que la 4ème de couverture … Arnaud a tout de même tendance à tout foirer à l’approche de la retraite et il se laisse manipuler par son unique ami. Plus que le ratage de son coup du siècle, c’est la trahison de l’amitié qui guidera ses émotions et ses actes.
    Une belle intrigue sur fond d’actualité récente, bien plus importante qu’un simple fait divers. De la « nuit » bordelaise au bordel de Tataouine, les intérêts convergent-ils ? C’est ce que le lecteur va découvrir au fil de ces pages et de cette arnaque où le banditisme côtoie les manœuvres internationales après la chute de Kadhafi. L’auteur nous fait partager son expérience en matière de traque, planques et les conflits entre services, sans polémique, dans la sobriété.
    L’alternance des situations donne le rythme soutenu à cette enquête bien documentée, avec sa part d’exotisme.
    C’est le premier de ses trois romans que je lis de Patrick Nieto, ce policier tombé dans l’écriture d’une bien belle manière.

    16/11/2019 à 09:47 1

  • Cortèges

    Olivier Sourisse

    8/10 Entre fantastique et thriller, ce premier roman est prometteur, construit en trois volets. le premier, violent à souhait dans une ville de San Francisco, située entre Absurdie et Exopotamie, où le meilleur côtoie le pire et où Mike est poursuivi par la malchance et les cadavres, accompagné par Janet, son cancer et Rosalie, une nouvelle drogue. le deuxième volet pourrait faire espérer le retour à une normalité qui n'aura qu'un temps car dans le troisième, notre héros est rattrapé par son passé. le lecteur est bousculé entre hallucinations et réalité où les cortèges sont constitués de figures des défunts qui hantent les nuits de Mike.
    Un style tout à fait original, même si quelques répétitions surprennent, avec une énigme ambigüe où les animaux domestiques ressemblent aux « chers disparus » et soulagent heureusement les maux de Mike, entouré de personnages complètement barrés. Tout est fait pour que le lecteur soit perdu et se mette en quête de rationalité … une belle claque en vérité !
    Quel dur métier que celui d'auteur … c'est celui de Mike ! J'espère pour notre auteur qu'il ne s'agit pas d'une autobiographie …

    12/05/2016 à 16:46 3

  • Couleurs de l'incendie

    Pierre Lemaitre

    9/10 Une suite de « au revoir là-haut » qui peut se lire sans connaître le premier opus.
    Dans une ambiance pesante, nous suivons la descente sociale de Madeleine, fille de banquier et épouse d’un ancien militaire condamné à la prison ferme. Elle n’était pas destinée à succéder à son père et fait l’objet de malversations aux fins de s’accaparer sa fortune. Elle ne peut faire confiance à personne et ses alliances improbables feront des miracles.
    A noter de très bons personnages de second rang, au titre desquels je relève la fantastique « castafiore ».
    Pas un polar mais une intrigue noire, réglée comme un mécanisme d’horlogerie, prenante tout au long de ces 540 pages sans aucune longueur superflue. Bien loin de la trilogie Verhoeven mais tout aussi riche et efficace.

    21/01/2018 à 14:15 10

  • Crime dans les Marolles

    Nadine Monfils

    8/10 Je remonte le temps avec cette série de nouvelles aventures … j’ai commencé par « les carats de l’opéra » de Jacques Saussey et je ferme à l’instant « crimes dans les Marolles » de Nadine Monfils.
    On sent que l’auteure s’est beaucoup amusée à envoyer Nestor Burma à Bruxelles en compagnie de Guy Marchand son ami … histoire de perdre un peu le lecteur qui comme moi ne peu dissocier l’un de l’autre. Nestor va jouer perso et solitaire en aidant la petite amie d’un suspect prochainement relâché pour bonne conduite. Le flair de notre privé préféré va le conduire dans les milieux les plus divers de la capitale belge. Il visitera aussi deux maisons de retraite histoire de nous laisser faire les comparaisons sordides.
    Bruxelles est le personnage principal de cette aventure policière décalée. Nul doute que l’auteur aura eu à cœur de nous faire partager son plaisir d’arpenter cette superbe ville, goûter ses spécialités culinaires et ses bières, se frotter à cette langue bien particulière, ni flamande, ni wallonne … bref apprécier tout ses attraits et se remémorer ses illustres comme Brel ou Magritte. Avec humour elle nomme ses chapitres des titres de chansons intemporelles et consacre une partie de son intrigue à évoquer le film de Kubrick Orange mécanique … toute ma jeunesse Alex.
    En résumé un court roman pour une intrigue bien glauque, inspirée d’un fait divers bien réel, de l’hémoglobine bien rouge, une balade dans Brussel et beaucoup de clins d’œil amusés pour la plus normande des auteures belges. Vous avez dit bonheur ?
    Lecture idéale pour les vacances !

    21/08/2019 à 09:18 2

  • Cristal noir

    Jeanne Faivre d'Arcier

    8/10 Chronique d’un couple en fin de vie ou comment se déchirer encore plus sous les yeux de leur fille, Julia… La mère Laurence est psychologue, le père Gabriel chasseur de têtes.
    Camille et Gabriel auraient pu vivre leur relation homosexuelle en harmonie si …Gabriel n’était pas disparu lors d’un déplacement professionnel.
    Une alliance de circonstance fait que Belloc, le flic, va aider Camille dans ses recherches, dans le Bordelais un premier temps puis, en Normandie.
    Ils auront aussi un allié de poids et de truffe, Cristal noir, le schnauzer de Camille dont il partage volontiers l’attachement avec Julia.
    Voici donc pour le décor, pour l’intrigue il faudra attendre d’avoir lu ces 485 pages où les pauses sont bienvenues entre deux épisodes glauques, dans le milieu gay ou antigay, où Laurence joue la provocation mâtinée d’amnésie. D’ailleurs, une vielle histoire va s’inviter dans le récit pour brouiller les pistes.
    Contrairement à la 4ème de couverture qui laisse penser qu’il s’agit d’un polar classique, j’ai vu dans ce roman d’avantage le désespoir, la détermination de Camille à la recherche de son amoureux, les obstacles sociétaux qu’il doit surmonter. A noter aussi son adorable voisine et sa complice volante qui valent le détour. Sans compter sur la vie en entreprise … et d’ailleurs Jeanne sait parfaitement de quoi elle parle.
    Une très agréable lecture, loin de tous les clichés, avec une bonne dose d’humour et la gouaille de l’auteure en prime qui fait un bien fou !

    20/05/2021 à 09:27

  • Crois-le !

    Patrice Guirao

    7/10 J’ai fait connaissance avec cet auteur en lisant ses deux derniers et je n’avais pas encore eu l’occasion de croiser AL, devrais-je dire Edouard Tudieu de la Valière ? …Je vais donc avec ce premier tome (la série en comporte 4 à ce jour) entrer dans son univers, décalé et jouissif pour les malheureux métropolitains que nous sommes.
    Il s’agit pour moi avant tout d’un roman d’ambiance … à lire en prenant le temps de s’imprégner du mode de vie, de la culture, des us et coutumes. Ça fait un bien fou même si les personnages sont malmenés, il en restera un sentiment de calme à défaut de sérénité.
    Pourtant oui, les personnages sont hors du commun. Al tout d’abord, bourré d’humour avec une vision décalée de la vie, détective par défaut, avec sa famille qui influence voire perturbe le cours de ses investigations. Dans son panthéon nous trouvons notamment un pote de promo, Sando, flic professionnel et en toutes circonstances, complice de ce vilain petit canard de Al.
    Une enquête va mener notre héros dans le milieu ecclésiastique de Papeete et ses environs, le faire rencontrer un prêtre sensible aux exploits la bande à Bonnot et de ses pensées anarchistes inspirantes !
    Mention particulière à Mami Gyani, truculente, précieuse par son entregent et Toti le roi de la récup.
    J’ai aimé ces personnages et cette histoire, certes un peu sanglante mais surtout dans ce petit bout de chez nous à l’autre bout de la planète : l’exotisme à la Guirao !
    J’ai aimé cette histoire de faux-monnayeurs mafieux, qui s’emmêlent avec leurs valises.

    En rédigeant cette chronique, j’ai découvert qu’il existait une adaptation pour la télévision, de cette première aventure de Dorsey. Dommage que la diffusion en soit restée confidentielle …
    Donc vous l’aurez noté, une série en 4 romans dont le premier tome affiche d’emblée le mode de vie polynésien pour une enquête tout à fait honorable et un dénouement prometteur.
    Très bon moment de lecture !

    16/11/2020 à 17:27 2

  • Cross

    Marc Masse

    8/10 Eric, le narrateur, détective privé, ancien flic, en instance de divorce et quasi sans le sou (clichés !) se voit contraint de passer «du côté obscur» en acceptant un contrat sur la tête d’un chauffard en participant à une course de l’extrême. Au bout de quelques foulées, le lecteur se doute bien qu’il a été manipulé et que le commanditaire cache sa vérité. Tous les suspects rencontrent des sorts peu enviables et douloureux.
    C’est en accompagnant Eric, cet antihéros, ce loser, dans l’épreuve, en esquivant avec lui les pièges de ses poursuivants, en immersion au sein des coureurs que l’on découvre avec plaisir les difficultés du cross, en milieu hostile.
    Des chapitres courts, une narration à la première personne, maintiennent le rythme jusqu’au twist final à double détente et j’ai apprécié le style de cet auteur dont je lis un roman pour la première fois, alors qu’il en est à son septième. L’humour et la dérision sont toujours là. Une belle découverte. Il faudra lui demander s’il est pratiquant de fond car les coulisses et ressentis sont très bien documentés.

    22/10/2018 à 09:43 3

  • Crotales

    Jean-Luc Bizien

    9/10 D’abord il y a les Daltons … pas vraiment racistes mais accros à la violence gratuite, juste pour l’adrénaline, alors pourquoi pas contre les latinos aux prises avec leur cerveau reptilien ?
    Puis il y a les narcos et leurs clans, leurs trafics, l’exploitation de la pauvreté des villageois qui habitent le long de la frontière métallique entre les US et le Mexique et la domination en en faisant leurs mules et leurs esclaves.
    Vient ensuite la CIA, toujours prête à se fourvoyer dans des plans douteux pour atteindre ce qu’elle présente comme des objectifs glorieux.
    Et puis, et puis … il y a Païk Dong-Soo, plus mal en point que jamais mais encore plus attachant aussi.
    Enfin le talent de l’auteur qui vous entraine dans l’exotisme mexicain, avec toute la cruauté primaire, à l’approche l’élection présidentielle à laquelle se présente un certain Donald Trump. Une intrigue forte, sans doute encore en-deçà de la réalité. Une narration sur plusieurs plans qui se rejoignent on s’en doute, bien habilement. Quatrième volet de la vie de l’agent très spécial Coréen, laissé presque mort à la fin du « berceau des ténèbres », à la hauteur de ce qui ne devait être qu’une trilogie, pour notre plus grand plaisir de lecteur.
    Notez que pour faire connaissance avec Païk, il n’est pas absolument nécessaire de connaître la trilogie mais je suis sure qu’après cette lecture vous irez vite vous la procurer !

    25/12/2017 à 14:09 5

  • Crucifixions

    Olivier Sourisse

    7/10 Premier tome d’une trilogie, ancrée dans FaceBook jusqu’au cou car l’auteur situe ses protagonistes dans un groupe bien connu des adeptes de suspense … Pour ceux qui s’y reconnaîtront, ils auront l’étrange sentiment de s’y trouver chez eux en compagnie d’une fliquette et d’une légiste bien connues. Pour ma part j’ai eu la surprise d’y rencontrer un homonyme, comme un cousin oublié et c’est un sentiment surprenant … même s’il a les yeux vides et une tête de méduse !!
    L’intrigue bien ficelée, une série de meurtres au rituel religieux, dans une ambiance glauque cependant assez éloignée du contexte du précédent roman d’Olivier Sourisse qui, par son style confirme son efficacité.
    Très agréable moment de lecture

    09/09/2017 à 15:37 2

  • Cul-de-sac

    Douglas Kennedy

    10/10 Le premier Douglas Kennedy que j'ai lu sous le titre "cul de sac", sur un coup de coeur de libraire : un régal. Une histoire qui peut arriver au routard ordinaire et qui s'enchaîne de façon irrésistible. Une grande découverte qui s'est révélée une valeur sure par la suite, car les romans de Kennedy, sans être de purs polars, nous parlent toujours de nos angoisses existentielles avec humour et/ou détachement. Ne pas bouder ses récits de voyages, autant d'autres pépites.

    11/07/2015 à 14:32 4

  • Cyanure

    Laurent Loison

    9/10 Un deuxième roman après le succès de Charade : on l’attendait avec son auteur … pari gagné !
    Un prologue glauque à souhait qui nous hante tout au long du roman et nous questionne chaque fois que l’on pense avoir la solution … Le lecteur retrouve avec plaisir le duo de surdoués aux commandes de la résolution d’une énigme au ton enlevé et à l’intrigue originale, mêlant la politique à la mafia, des mamies sans histoire à des truands d’envergure. Une paternité tardive venant ajouter du sel à l’histoire dans l’histoire et un final en apothéose… et au-delà de ces aspects, une réflexion sur l’adoption, la fraternité, l’amitié et les valeurs humanistes et bien d’autres thèmes encore.
    Recommandation : lisez les deux derniers chapitres à proximité d’une connexion internet faute de quoi vous ferez comme moi, vous haïrez l’auteur (momentanément bien sur).
    Essai transformé pour Laurent Loison !

    02/10/2017 à 14:48 4

  • Cyber games

    Mark Zellweger

    8/10 « Le hacktivisme est une forme de militantisme utilisant des compétences du piratage informatique dans le but de favoriser des changements politiques ou sociétaux »
    Qu’y a-t-il de commun entre le déraillement d’un train au Canada, une panne électrique paralysant la ville d’Oxford, le crash d’un avion russe en cours d’essai en présence de Poutine, un avion américain ratant son appontement sur un sous-marin … ?
    A qui profite le crime … ? Une réponse unique est impossible et c’est bien là le problème ! Et si tout cela était le résultat de cyber-attaques, commises par des officines privées, travaillant pour le plus offrant ? La tentation est grande d’accuser l’ennemi de toujours … Y a-t-il un troisième larron dans ces duels ? Jusqu’où peut aller la mise en danger des populations, des gouvernements ?
    Toutes ces questions sont au cœur du thriller de Mark Zellweger. Il réactive à bon escient le réseau Ambassador de ses romans précédents, qui sera lui aussi pris pour cible et devra réagir avec toute la complexité de son organisation secrète. Si vous n’avez pas encore rencontré les membres du réseau, ce n’est pas grave, vous remonterez à coup sûr à la source en fermant cet épisode palpitant et inquiétant en vous disant « nous vivons une époque formidable ! » … ou presque.
    Un très bon moment de lecture, dépaysant pour ceux qui comme moi sont bien éloignés de ces manœuvres diaboliques !

    08/11/2019 à 09:23 2

  • Dans la brume écarlate

    Nicolas Lebel

    9/10 Cette fois Nicolas Lebel nous propose une narration chronologique, sans retours arrière comme c’était le cas dans De cauchemar et de feu et avec ce qui ressemble à deux intrigues parallèles et dont le lecteur se demande si elles ont un rapport entre elles. Une résurgence du mythe des vampires côtoie en plein Paris, le bien cruel problème des immigrés en provenance de la Syrie, confrontés au rejet de l’extrême droite.
    Mehrlicht fume toujours autant, Dossantos interpelle le lecteur car il est impossible de le détester et pourtant …, Sophie n’en finit pas d’attendre les papiers de Djibril !
    Côté détente on apprécie que Daniel se mette à la magie, qu’il n’abandonne pas « questions pour un champion » et surtout et toujours ses sonneries de téléphone.
    L’auteur confirme s’il était besoin, son grand talent de conteur, son don du suspense, sa qualité d’écriture et l’attachement particulier à ses personnages.
    Mais ne nous trompons pas, au-delà de cette histoire qui a su me captiver, retenir toute mon attention au cours de ses 320 pages, de nombreux thèmes sociétaux actuels sont abordés : l’immigration et la théorie fumeuse du « grand remplacement », les violences conjugales, la dure réalité des services qui ont pour mission d’assurer notre sécurité au quotidien. Un bien beau bouillon de culture dans la tête de Nicolas Lebel, pour notre plus grand plaisir …
    Tous mes vœux de bonne santé à Mehrlicht !
    Au fait, Nicolas Lebel n’aurait-il pas une affection particulière au Père Lachaise … ?

    12/05/2019 à 18:40 6

  • Dans les brumes du mal

    René Manzor

    8/10 Cet auteur compte trois romans à son actif mais en fait il a commencé par être réalisateur et scénariste de télévision et ça se sent dans la narration, le rythme et les personnages.
    La traque d’un tueur en série de parents maltraitants, accompagné de l’enlèvement des enfants martyrs, a tout de la poursuite d’un justicier doué et intelligent. Deux flics, anciens enfants des rues du sud profond des Etats Unis vont unir leurs forces dans cette aventure, pour relever le défi d’une charade morbide, dans une ambiance vaudou sur les terres des prédicateurs, en pays sudiste qui n’a pas encore intégré l’égalité.
    Roman noir à fort suspense où le tout dernier rebondissement m’a paru cependant improbable mais n’a pas gâché le plaisir que j’ai eu à faire connaissance avec cet auteur.

    28/02/2017 à 11:27 7

  • De Cauchemar et de feu

    Nicolas Lebel

    9/10 « Une enquête chaotique dans un monde chaotique à la poursuite d’un esprit de la nuit resurgissant d’une guerre qu’on croyait éteinte mais qui menaçait comme un volcan. » c’est ce que fait dire Nicolas Lebel à Mehrtlicht page 354 et on ne peut rêver meilleure formule pour résumer ce thriller. Dans ce tome 4, c’est donc tout au long d’une traque que nous côtoyons ce capitaine qui ne veut pas devenir commandant pour ne pas ressembler à Coustaud … mais au-delà de cette intrigue complexe et dense, c’est une réflexion sur les intégrismes et les extrémismes à laquelle nous convie l’auteur. Ici ce sont les épilogues douloureux de la guerre civile en Irlande, ses enjeux ambigus et je pense que toute ressemblance avec une actualité plus méridionale n’est absolument pas fortuite. Une enquête aussi documentée que les trois précédents épisodes de la série, avec le même humour décalé, le regard aiguisé sur notre actualité et encore une sonnerie de téléphone improbable qui détend l’atmosphère au bon moment. L’ambiance très noire de ce thriller permet en outre d’approfondir notre connaissance sur les coéquipiers (permanents ou stagiaire sont au rendez-vous) de l’homme à tête de grenouille, un peu comme au Département V de Jussi Olsen . Un très bon cru … de Guinness !

    12/06/2017 à 16:26 7

  • De Cendres et de larmes

    Sophie Loubière

    8/10 Lorsque l’on est pompier sous la plume de Sophie Loubière, on ne fait pas que déverser l’eau sur les flammes.
    Lorsqu’on est gardien de cimetière sous la plume de Sophie Loubière, on ne fait pas qu’accompagner les inhumations.
    Lorsque Sophie Loubière créé des personnages, ils sont attachants et cabossés, ils évoluent et montrent leurs failles, frôlent le drame et parfois …Ils baignent surtout dans une ambiance angoissante, stressante comme aime à nous les construire l’auteure. Les murs chez elle sont des personnages à part entière, ils modèlent les comportements, influencent les relations sociales. Je me souviens d’un transformateur électrique dans son précédent roman.
    La nouvelle demeure de la famille Mara répondra—t-elle à ses attentes ?
    Elle n’est pas la seule à bouleverser leur vie. Dans cette entreprise de déconstruction, elle peut compter sur l’emprise du métier de pompier de Madeline, sur la découverte de sa vocation d’artiste peintre de Christian, sur l’envie d’espace personnel de Michael ... Et une étrange infection pulmonaire pour Anna.
    Un suspense hitchcockien nous est ainsi présenté par Sophie Loubière, dont la plume élégante nous fait (parfois) oublier les horreurs qu’elle nous susurre.
    En raison d’un contexte personnel particulièrement douloureux, j’ai eu cependant quelques difficultés avec les pratiques professionnelles des fossoyeurs car disons que l’auteur ne fait pas dans la suggestion …reconnaissons-lui cette aptitude à objectiver les détails.
    Une lecture à la hauteur de mes attentes, dérangeante !
    Je remercie les éditions Fleuve noir pour leur confiance

    03/06/2021 à 08:32 3

  • De chair et d'os

    Dolores Redondo

    7/10 Très riche roman, classé thriller. Certes il l’est, mais ce que je retiens le plus de ces 600 pages, c’est l’ambiance. Loin des plages nous sommes sous la pluie du pays basque espagnol, à Pampelune, dans ses vallées isolées et oubliées, mais aussi avec une escapade rapide à San Sébastian et Bilbao. L’enquête est très complexe car elle mêle les croyances ancestrales, la sorcellerie, les profanations, l’intolérance xénophobe, voire de cannibalisme et les outils actuels d’investigation. Et notamment, au temps de la forte mortalité infantile, les petits morts-nés n’avaient pas d’existence, de nom ni de sépulture alors … leurs corps reposaient autour des maisons et de leurs potagers.
    Il arrive que le lecteur se perde dans les détours qu’emprunte Amaia, enquêtrice et profileuse, jeune maman en proie à un sentiment de culpabilité quand elle laisse son bébé aux soins de sa famille. C’est dans les tous derniers chapitres que l’auteure nous donne la clef mais les indices qu’elle a semés ont plutôt égaré le lecteur que l’aiguiller sur la voie de la solution… elle est impossible à trouver avant l’ultime rebondissement.
    Ce roman fait partie d’une trilogie mais il n’est pas nécessaire de lire le premier opus avant d’entamer celui-ci, même si la psychologie des personnages récurrents en profiterait. Je ne pense pas pour ma part me « ruer » sur les deux autres tomes.

    02/01/2017 à 15:29 2

  • De force

    Karine Giebel

    9/10 Dans ce nouveau roman, l’auteure abandonne le huis clos pour une situation certes peu commune mais dans un environnement plus vaste et une certaine variation sur le thème de la lutte des classes. Le prologue ambigu incite le lecteur à le garder en mémoire pour le cas où un indice lui révèlerait la solution. Espoir vain car ce serait sans compter sur l’art de Giébel de leurrer son lecteur, de le prendre en flagrant délit de légitime élucidation … Un énorme secret de famille va avoir des difficultés à émerger et il faudra aller jusqu’à l’ultime page (522) pour connaître le dénouement. Difficile d’en dire plus sans spolier cependant plus fort à mon sens que « Satan était un ange » un vrai tour « de force » de l’une de mes auteures préférées. Une note d’optimisme en toute dernière page …

    11/03/2016 à 16:12 5