Dany33

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  • Le Nantais : nuits nantaises 20's

    Carl Pineau

    8/10 Les nuits nantaises : une trilogie
    Tome 1 : la guerre de la nuit à Nantes dans les années 80
    Tome 2 : la guerre des mafias des années 90
    Tome 3 : toujours à Nantes, dix ans plus tard nous retrouvons notre flic cassé, Greg, en retraite, qui a décidé de sauver la jeunesse nantaise de la drogue. C’est lui le narrateur cette fois, désabusé et pugnace cependant. Il va agir comme auxiliaire de police, se faisant épauler par ces indics d’hier.
    Un troisième opus qui m’a semblé plus violent que les précédents et qui boucle cette trilogie de belle manière par un épilogue contemporain. Un dénouement qui ne laisse certes aucune place à la perspective d’un tome 4 mais qui a presque des allures de feel-good … Oh j’ai dit « presque » il ne faut pas croire que Carl Pineau a quitté le monde du thriller et ses codes. Tout y est dans ce Nantais pour vous faire frémir !
    Fort de son expérience, l’auteur décrit les dessous de la vie nantaise, mais l’action aurait pu se dérouler dans n’importe quelle zone urbaine. On y voit surtout l’ambition des jeunes loups se confronter aux vieux briscards, on y trouve aussi quelques belles marques d’amitié et d’amour.
    Les femmes tiennent une place particulière dans ce monde plein de testostérone …les femmes de la vie de notre Greg sont fortes et faibles à la fois, souvent victimes, la vraie vie quoi !
    Finalement des personnages très réalistes faute d’humanisme pour certains et qui poussent à l’empathie pour d’autres.
    Bref, j’ai aimé ce troisième volet ainsi que l’ensemble de cette trilogie.

    Question ordinaire … faut-il avoir lu les deux premiers tomes pour entamer la dernière étape ? Sans doute est-ce préférable, mais si d’aventure vous croisez le tome 3 sans connaître l’auteur, allez-y tout de même, les rappels indispensables à la compréhension y sont … vous remonterez le temps plus tard !

    15/07/2020 à 11:12 2

  • La Danse macabre

    Jean-Luc Bizien

    8/10 Lire ce tome 2 de la trilogie La cour des miracles, sans avoir lu le précédent c’est certes dommageable mais tout à fait surmontable : vous perdez de l’épaisseur des personnages mais vous pouvez suivre l’intrigue aisément.
    Nous retrouvons donc les protagonistes de La chambre mortuaire, alors que l’aliéniste n’a pas encore accompli pleinement le deuil de son épouse. Sarah, la gouvernante, pour être toujours aussi efficace, est moins présente que dans le tome 1, dans cette « dinguerie rituelle » que nous présente l’auteur. L’exposition universelle de 1889, celle qui voit la naissance de la tour Eiffel et les exhibitions d’un certain Buffalo Bill, bat son plein, entraînant son lot de larcins et délits liés à a promiscuité induite par la foule.
    Léonce et Raoul, les deux flics de la sureté sollicitent l’aide de l’aliéniste Simon Bloomberg, véritable profileur avant l’heure. Accompagnés de Sarah, ils seront donc quatre à chasser le coupable d’une série de meurtres. Tout au long de ces 256 pages, nous sommes transportés dans cette atmosphère cosmopolite d’un autre siècle. L’auteur nous dira tout de la technique de la misdirection, celle qui consiste en magie à détourner l’attention du spectateur pendant l’exécution d’un tour. D’ailleurs notre auteur pratique la magie et ses démonstrations empruntent à cet art.
    Comme toujours dans les romans de Jean-Luc Bizien, un fond historique et contextuel d’une rare précision, des faits divers établis et vérifiables, ajoutés au vocabulaire, comblent le lecteur en mal de dépaysement. Oui il est possible d’être dépaysé à Paris en 1889.
    Un très bon tome 2 et en fermant ce volume on se plaint de savoir qu’il n’en reste qu’un à lire … vite …

    11/07/2020 à 09:52 2

  • Sauve-la

    Sylvain Forge

    9/10 Il voulait écrire une romance, son éditeur lui a dit : Chiche ! Mais, chassez ce pro de la cybersécurité par la porte et Sylvain Forge revient de belle manière par la petite lucarne du smartphone de son héros. Alexis, ce « costard-cravate » chasseur de fraudeurs aux assurances, promis à un bel avenir, confronté au surréalisme virtuel, doit alors changer de cible pour tenter de retrouver les traces de sa fille Olivia, dont il ignorait l’existence.
    Il nous fait peur Sylvain Forge … après Tension extrême où il créait un avatar plus vrai que nature, Parasite où il abordait l’impact de l’intelligence artificielle sur les investigations policières et les déviances de la génétique. En s’inspirant d’un douloureux souvenir de jeunesse, il nous fait entrer dans le futur très proche, à moins que ça ne soit déjà le présent, en faisant communiquer au-delà du temps son héros avec Clara, son premier amour, dont il a été séparé par l’océan Atlantique. Il n’a jamais été (très) courageux, préférant le confort à l’inconnu : il va devoir se surpasser, jusqu’à risquer de perdre Clémence son actuelle amoureuse.
    Les Pyrénées Ariégeoises, c’est grandiose et cependant l’ambiance étouffante de huis clos plombe l’action dans ce petit village où les intérêts commerciaux s’opposent à la santé de ses habitants. Oui Sainte-Albane, qui a connu un passé florissant pour certains de ses habitants et douloureux pour d’autres avec sa mine de tungstène, aurait voulu redorer son blason en devenant le fleuron de la chimie du jeunisme… à quel prix ?
    La maîtrise du suspense est une constante chez l’auteur et un délice pour le lecteur. Sa vision de notre avenir connecté n’en est que plus angoissante. Ne boudez pas ce plaisir de déconfinement total au bout du bout de la France, où l’intelligence artificielle se confronte à l’intérêt public et vous rendra dépendant.

    En fin d’ouvrage vous trouverez une mine (sans jeu de mots) d’informations sur des sujets que vous n’imaginiez même pas comme notamment la gestion des conversations avec des défunts sur le net, par des sociétés commerciales qui y voient un intérêt juteux ! Flippant n’est-il pas l’immortalité à ce prix ? Qui a dit super-documenté ?

    24/06/2020 à 09:38 4

  • Il était deux fois

    Franck Thilliez

    10/10 « Je te retrouverai, Julie. Je te jure que je te retrouverai. » Telle est la promesse que Gabriel a faite à sa fille disparue. C’est a priori sans compte sur cet accident de mémoire qui va le priver de douze années de souvenirs d’enquête et de traque. Il va devoir tout recommencer ce père qui a quitté les Alpes pour Lille … pourquoi ? Sa mère le sait peut-être, mais lui a vraiment oublié. Il va refaire connaissance avec ses anciens collègues, son ancien coéquipier qu’il a agressé, son ex-épouse.
    Franck Thilliez fidèle à ses thèmes de prédilection nous entraîne dans une histoire complexe, qui pourrait voir sa conclusion lors de la découverte du « corbeau » qui harcèle notamment la mère de Julie et qui détient des collections bizarres. En fait on ne sait pas à ce moment de l’histoire que le roman n’est pas un one-shot mais … la suite du Manuscrit inachevé ! Oui lecteurs, ressortez votre exemplaire de votre bibliothèque, sinon commandez-le de suite pour enchainer la lecture après les 548 pages que vous tenez entre vos mains. Rassurez-vous néanmoins, les rappels sont suffisamment explicites pour ne pas vous perdre.
    Des personnages hors du commun, meurtris pour certains, qui n’ont pas mené leurs deuils à terme et surtout une bande de pervers qui s’affichent « artistes » pour mieux couvrir leurs trafics. Ajoutez des paysages grandioses ou des friches sordides et une curiosité saisonnière et migratoire avec ces chutes d’étourneaux qui évoquent Hitchcock.
    On sait aussi que l’auteur est joueur, il aime défier ses lecteurs et la fin ce cru 2020 vous réservera encore des surprises avec pas moins de 15 pages manuscrites qui devraient vous révéler les secrets du manuscrit enfin achevé … là on voit vraiment que c’est du Thilliez, du Thilliez comme on aime !

    Une construction complexe liée au sujet et au personnage de Gabriel qui « n’a pas toute sa tête », du moins tous ses souvenirs et se démène à réapprendre notamment les technologies nouvelles, qui rencontre plutôt la bienveillance de la part des victimes collatérales dans le Nord et en Belgique. Une approche de l’art ultime dont l’objet est bien contestable mais néanmoins le fruit l’un snobisme latent. Pas de Sharko ni Henebelle cette année, vous l’aurez compris mais un certain Bernard Minier en guest-star, pour une brève apparition !
    Enfin, si vous voulez parfaire votre pratique de la science de DK, vous lirez avec plaisir le roman de la série l’embaumeur, trop vite disparu des rayons pour cause de faillite de son éditeur, La piste aux étoiles de Nicolas Lebel.
    Du plaisir de lecteur à l’état pur !

    12/06/2020 à 10:02 9

  • De mort lente

    Michaël Mention

    10/10 Nouveau roman et hop, nouvel univers.
    La part d’exotisme est assurée en visitant la « commission européenne » à Bruxelles. Un monde éloigné de notre quotidien dont il a pourtant pour mission de se préoccuper, une toute autre dimension que celles de la vie de Marie, Nabil et de leur fils Léo.
    Surprise ? Vous avez dit surprise ? C’est peu de le dire !
    Au cours de la lecture de ce roman de Michaël Mention, les personnages s’installent doucement, ils sont nos potes, nos voisins, nos collègues et nous adhérons progressivement à leurs quêtes, avec leurs idéaux et leurs angoisses. Un récit chronologique qui se déroule sur une dizaine d’années (2010-2020), riche en événements politiques, qui a vu Daech et ses attentats, la guerre en Libye, trois Présidents de la République en France et tant d’autres choses que nous évoque l’auteur au cours de ces 415 pages.
    Nous adhérons bien sûr à la cause de Marie et Nabil, à l’angoisse révélée par le scandale sanitaire des agents chimiques qui envahissent de façon intrusive nos quotidiens. Le couple trouvera un allié avec Franck, journaliste au Monde ce qui procure à l’auteur l’occasion de montrer comment l’argent de la publicité influe sur la ligne éditoriale de la presse car même la plus vertueuse à l’origine, peut cacher la finance.

    Oui Michaël Mention est un formidable lanceur d’alerte, puisque nous sommes tous concernés par ce sujet. Comment les entreprises prennent-elles le pas sur la santé, comment la finance dirige-t-elle le monde, comment l’empoisonnement de l’humanité peut-il se faire en toute impunité ?
    C’est la lutte du pot de terre contre le pot de fer mais même les élites sont le pot de terre de quelqu’un !
    En cocoonant dans notre confort quotidien, on peut se croire très loin des enjeux financiers de cette société de consommation alors qu’en fait on y est immergés (nos meubles, notre nourriture, nos vêtements, …)
    Le talent de Michaël Mention fait que le doute s’immisce dans notre esprit, tant nous sommes étrangers à cette planète des « experts » (quoique l’actualité récente les ait mis avec outrance, en lumière). Que dire de la lutte entre l’intérêt public confronté à l’intérêt privé ? Que dire quand l’intégrité des justes et de leur famille est menacée … jusqu’où serions-nous prêts à aller pour défendre nos idéaux au risque de mettre en péril nos proches ? Et cependant, la parano ambiante milite aujourd’hui pour alimenter la théorie du complot …

    J’arrête ici la liste de mes questionnements, je suis totalement sous le choc de ce bouquin qui confirme si toutes fois il en était besoin, la capacité de son auteur à traiter des grands problèmes de notre société en « se cachant » derrière une intrigue bien menée. Vous l’avez compris, De mort lente est un incontournable de ce début 2020 même si hélas, vu sa date de naissance, il n’a pu bénéficier de la promotion qu’il méritait …

    Au fait les auteurs, on adore quand vous vous faites des clins d’œil dans vos livres …Grossir le ciel est un très bon bouquin aussi et que dire du policier hybride Yvan Smadja !

    05/06/2020 à 21:16 9

  • Miroir de nos peines

    Pierre Lemaitre

    9/10 Tome 3 de la trilogie historique de Pierre Lemaître. Après le grandiose Au revoir là-haut et le magistral Les couleurs de l’incendie , deux chroniques d’arnaques monstrueusement éblouissantes, l’auteur nous livre un suspense d’un tout au genre avec ce roman « choral ». Les lecteurs seront heureux de retrouver la petite Louise (Au revoir là-haut) qui a bien grandi puisque l’action se situe en juin 1940, quelques jours avant que Pétain ne livre le pays à l’Allemagne dont les troupes approchent dangereusement de la capitale.
    Ce tome 3, par son genre, fait que les lecteurs s’attendent à ce que les personnages hauts en couleurs, se croisent avant l’épilogue. Cependant le suspense est là. La peinture de cette société, où les nantis mènent le jeu et où l’exode semble la réponse à l’oppression, troublant parallèle avec les vagues migratoires de notre monde actuel et le rôle réservé aux femmes.
    Deux personnages secondaires retiennent tout particulièrement ma sympathie : Monsieur Jules, sorte de Jean Valjean du siècle dernier et le mystificateur génial qu’est Désiré dans la lignée d’un Edouard Péricourt, inoubliable personnage du premier tome. Désiré est celui par lequel les scandales de l’époque se révèlent au lecteur actuel, tant sur la désinformation que sur les camps de transit pour victimes de l’exode, qui va bien au-delà du bouffon du roi pour secouer les consciences.
    Ce tome 3 clôture à merveille cette épopée du XXème siècle, du moins de sa première moitié, confirmant le talent de conteur de l’auteur pour les fresques romanesques, émaillées de faits historiques.

    22/05/2020 à 09:34 6

  • La Chambre mortuaire

    Jean-Luc Bizien

    8/10 Plongée dans le Paris des années 80, oui mais 1888 pour être précis. L’éditeur annonce le tome 1 d’une trilogie. J’ai déjà lu de cet auteur la trilogie de Seth Ballahan qui s’est vue augmentée d’un quatrième volume : ça y est je suis prête à enchainer...

    Avec un petit côté suranné dû au ton et à l’exotisme d’une époque d’avant la police scientifique, d’avant les téléphones portables, internet et la géolocalisation, et qui n’a d’autre choix qu’un retour aux fondamentaux de la nature humaine, le hasard et l’intuition, faisons donc connaissance avec un aliéniste comme on disait des psychiatres de l’époque. Simon Bloomberg, dominant ou dominé, va se trouver au cœur d’une enquête liée à la disparition de son épouse, la défenestration d’une espèce de gigolo et ce que l’on qualifierait de nos jours de meurtres ou du moins de disparitions en série. Des réunions occultes de ce qui pourrait être une secte à la recherche de l’immortalité ont été initiées semble-t-il par son égyptologue d’épouse. Elle manque cruellement à notre aliéniste, du moins c’est ce qu’il fait penser à son entourage. La présence d’Elzbieta semble encore palpable dans leur maison qu’elle a fait construire en forme de pyramide et dotée d’une cage renfermant bien des secrets ! Cependant Simon est le suspect n°1 de sa disparition …
    La narration suit alternativement un duo de policiers, Sarah la toute nouvelle gouvernante, Simon ou ses collègues aliénistes hospitaliers, Ulysse l’ancien malade. L’enquête se déroule précisément et logiquement jusqu’à l’ultime rebondissement, emportant le lecteur dans une ambiance d’un autre temps, un Paris où les clivages sociaux sont déjà présents mais cependant encore bien insouciant, un Paris contemporain d’Alphonse Bertillon père de la police scientifique, après qui plus rien ne sera pareil !
    J’ai passé un très bon moment de lecture avec ce premier tome, en découvrant une situation surprenante et des personnages attachants. Ceux qui auront survécus, sûre, je les retrouverais prochainement.

    02/05/2020 à 10:55 4

  • Laisse le monde tomber

    Jacques-Olivier Bosco

    7/10 Un vrai polar bien noir, dans une banlieue parisienne bien désespérée de génération en génération … Y a-t-il de la détermination sociale à naître dans les zones oubliées de la République ?
    Avant Jacques-Olivier Bosco, Olivier Norek dans Territoires et Ghislain Gilberti avec Le bal des ardentes avaient fait de ces banlieues oubliées des personnages de leurs romans à part entière. Car c’est bien la banlieue qui impose ses règles aux quatre joueurs de cette partie de cache-cache infernale. Les forces qui s’opposent ne sont pas équilibrées, il n’y a pas simplement les bons et les méchants, les valeureux et les lâches. On sait que chez les jeunes tout est noir, chez les flics rien n’est rose !

    C’est le premier roman que je lis de cet auteur et j’ai été surprise. Surprise par la justesse du ton et celle des sentiments. Surprise par un final digne d’une super production hollywoodienne. Surprise par la profondeur et la justesse des personnages. Tous les acteurs n’ont pas de circonstances atténuantes et les flics sont tout sauf des héros ! Entre trafics et vengeance, résilience et quête de la vérité, les lecteurs sont souvent émus, parfois dégoutés, toujours captivés par cette aventure urbaine, construite de façon originale en plusieurs parties et des chapitres bien rythmés et nommés comme des éléments d’une cité HLM.

    Un très bon moment de lecture pour une histoire bien menée et très documentée sur ce microcosme que l’on ignore ou que l’on ne veut pas voir.

    01/05/2020 à 10:03 1

  • Mort d'un sénateur

    Pascal Chabaud

    8/10 France juin 1940. Paris, Clermont-Ferrand, Vichy … on peut être contre Laval, on peut être contre Pétain, on peut être contre les deux à la fois. On peut faire partie de la cagoule, de la police, être journaliste et franc-maçon ou encore aider à la survie dans un camp de réfugiés. Il y a du beau monde près du gouvernement « délocalisé » en zone libre. Enfin libre … presque libre !
    C’est une ambiance oppressante, un pan de l’histoire dont on parle peu que nous révèle l’auteur dans ce récit très documenté. Une belle intrigue qui rend la résolution de l’enquête difficile pour Joseph, encore empreint d’un deuil non abouti. Les personnages nombreux et ambigus ajoutent à la confusion de l’histoire dans l’histoire … l’effet sur le lecteur est réussi.
    J’ai aimé cette ambiance « autoclave », où l’extrême vigilance est de mise, la même que j’avais trouvée dans Le Vallon des Parques, thriller de Sylvain Forge qui traite de la même époque, toujours à Vichy, jadis pimpante. J’ai aimé cette enquête qui nous apporte de surprenants rebondissements, très inattendus, associant puis dissociant les intrigues politiques de premier plan et l’espionnage industriel, l’ambition et la cupidité, la morale bien pensante et le scandale, l’antisémitisme et l’humanisme mais aussi, les secrets de famille que l’on ne partage pas. On ne s’ennuie pas du tout au long de cette chronique grise de notre histoire … Bien agréable moment de lecture pour ce premier roman monsieur Chabaud ! On vous attend pour le suivant …

    11/04/2020 à 09:27 2

  • Regarde

    Hervé Commère

    9/10 Pour son 7ème roman solo, Hervé Commère convoque pour la première fois une narratrice. Il passe donc la parole à une femme, Mylène qui va pouvoir exprimer son regard sur la vie et la sienne est singulière. Avec quelques retours-arrières, les lecteurs vont rétablir la chronologie des ambitions, des amours, des dégringolades magistrales et de la résilience de celle qu’ils ont brièvement croisée dans le dépôt-vente de Sauf. Mais le carburant de cette intrigue est celui avec lequel Mylène a construit sa vie, comme elle l’entendait. Certes il n’est pas donné à toutes les femmes de pouvoir s’assumer tant dans ses relations familiales, que ses occupations professionnelles, ses amours, quel que soit son âge. Elle en a les moyens hérités de sa famille et nous pouvons parfois l’envier d’avoir cette chance de pouvoir choisir sans mettre en péril sa survivance.
    Quand son passé la rattrape brutalement, Mylène va parcourir le pays en essayant de confondre un usurpateur à moins que celui qu’elle croit mort …
    Très belle histoire, captivante où l’on avance avec Mylène et où le dénouement est totalement inattendu. J’ai encore une fois été surprise par cet auteur à l’imagination débordante, ce conteur attachant comme ses personnages et cette belle écriture. Une belle histoire d’amitié aussi, de complicité avec ceux avec qui nous ne sommes pas obligés de parler pour nous faire comprendre, pas obligés de se justifier pour qu’ils vous aident … des amis quoi !

    03/04/2020 à 10:12 10

  • Et les vivants autour

    Barbara Abel

    9/10 Deux générations, trois couples …
    Dans la famille Mercier, je demande les parents, catholiques convaincus : un mâle dominant chef d’entreprise irrespectueux et une épouse soumise, véritable réserve de vengeance en devenir.
    Je demande maintenant l’aînée, Charlotte tente avec son mari de maintenir une petite entreprise en perdition, à la recherche d’une solution financière. Elle a quelques frustrations à gérer.
    Enfin, dans le couple de la benjamine nous avons le malheur, la souffrance à laquelle il est proposé de mettre fin en abrégeant un coma … c’était sans compter sur l’ultime alternative à gérer, qui déchirera les restes d’une complicité familiale bien légère en fait !
    Nous avons toutes et tous des choix à faire tout au long de la vie … des petits choix sans trop de conséquences et d’autres beaucoup plus définitifs …

    Au fil de ce roman à très haut potentiel de suspense, si certains sont ignobles sans excuses possible, d’autres personnages méritent que l’on tienne compte de leurs circonstances atténuantes, car ils en ont. L’empathie du lecteur sera d’autant plus sollicitée que, comme dans tous ses romans, Barbara Abel met en scène des personnes « ordinaires », un peu moins ordinaires cette fois que dans ses précédents romans, avec cette question récurrente sous sa plume : qu’aurais-je fait à sa place ?, et son lot de surprises jusqu’à la toute dernière page !
    J’ai beaucoup aimé endosser les émotions que nous procure l’auteure, intimes s’il en est, dérangeantes souvent, pudiques toujours. Du grand art pour un pur moment de bonheur pour le lecteur … et non pas pour les personnages élégamment malmenés.

    30/03/2020 à 09:54 6

  • Survivre

    Vincent Hauuy

    9/10 D’abord : petit lexique …
    La collapsologie s'inscrit dans l'idée que l'homme impacte son environnement durablement et négativement, et propage le concept d'urgence écologique, lié notamment au réchauffement climatique et à l'effondrement de la biodiversité (source Wikipédia)
    Les survivalistes se préparent en apprenant des techniques de survie et des rudiments de notions médicales, en stockant de la nourriture et des armes, en construisant des abris antiatomiques, ou en apprenant à se nourrir en milieu sauvage ou hostile.(source Wikipédia)
    ***
    Florian est survivaliste, il vit son deuil en auto-suffisance, dans les Alpes, en bonne intelligence avec une communauté écolo voisine. Il est capable de vivre en situation extrême comme Mike Horn.
    Son frère, Pierrick est journaliste. Il disparaît alors qu’il a annoncé partir pour le Canada pour traiter d’un sujet sur la libération d’un virus mortel, par le dégel du permafrost.
    Sa cœur Claire, Ministre de l’Intérieur fait alors appel à Florian pour infiltrer en tant que coach, une émission de téléréalité qui a tout d’un Koh Lanta hyper branché, dans un environnement artificiel, peuplé de drones, de complices et attaqué de belliqueux paramilitaires non prévus au scénario !
    Nous sommes en 2035 et il semble bien que l’humanité ait perdu la partie, à force d’arrogance, face à la nature …
    Florian va se retrouver partagé entre l’envie de sauver Zoé, sa candidate qui a fait l’objet d’un traitement très spécial du cerveau suite à un coma profond, et celle de chercher à localiser et sauver son frère.
    Stop, je n’en dirai pas plus car il faut se laisser porter par cette intrigue très réaliste, dérangeante et trépidante, qui emprunte à notre présent des éléments qu’elle détourne (du moins on peut l’espérer) à son profit pour s’installer dans un futur proche et qui nous porte à coup sûr à nous questionner sur nos rapports à la vraie vie, la vie naturelle, sur nos priorités et … nos erreurs !
    C’est bluffant de réalisme il faut le dire, un vrai coup de maître pour Vincent Hauuy qui n’avait sans doute pas prévu de convoquer le Coronavirus pour la sortie de son thriller. Une narration chronologique efficace et précise y mêle des rapports intra-personnels touchants avec des personnages attachants et souvent ambigus, et des moyens dignes d’une superproduction hollywoodienne. Un excellent moment de lecture pendant un confinement qui nous met bien dans l’ambiance, qui a particulièrement touchée mon attachement au respect de la nature, de la terre et des ses habitants de tous ordres ! Prêts pour quelques efforts pour ne pas en arriver là ?

    19/03/2020 à 09:10 5

  • Sans queue ni tête

    Nick Gardel

    9/10 Une autopsie bien gore rend impossible l’identification de la victime, la logique voudrait que les deux « Jean », duo de flics, complices dans la vie et au boulot se voit attribuer l’enquête. Un duo de potes mais bien plus que de simples collègues de travail, des amis qui peuvent compter sur leur complicité quand la vie privée leur joue des tours où quand ils sont en danger. Dès lors rien de compte que la survie de l’autre. Un vrai couple de vieux garçons ou presque car l’un en rupture amoureuse et l’autre en mode « trop plein ». La différence d’âge ne fait rien à la profondeur de leurs sentiments.

    L’éloignement de l’un d’eux, au prétexte de son homosexualité va au contraire permettre la résolution d’un mystérieux trafic de reliques de façon peu orthodoxe. Mais n’oublions pas qu’il s’agit d’un roman de Nick Gardel tout de même…

    Les situations semblent moins cocasses que dans les précédents romans de cet auteur mais cependant suffisamment atypiques pour attirer l’attention du lecteur. Deux enquêtes « classiques » revues à la sauce Gardel, ça ne peut pas se passer sans problèmes.

    Il tacle à merveille l’église, la médecine, les fachos et néonazis, les responsables hiérarchiques des policiers qui se coltinent le terrain et les risques qui vont avec, dans un style plus policé pour ne pas dire plus « polar ».

    L’embryon de groupe d’enquêteurs qui émerge en fin de roman nous permet d’espérer une suite avec ceux des personnages encore en état de nous raconter une nouvelle histoire sans queue ni tête …

    Avis aux amateurs : la dérision et le ton sarcastique servent à merveille ce quinzième roman de Nick Gardel qui a commis par ailleurs un certain nombre de nouvelles, avec un style d’une précision chirurgicale et des personnages attachants qu’il serait fort dommage de perdre de vue faute de diffusion.

    Excellent moment de lecture, très documenté et jubilatoire à souhait.

    15/03/2020 à 09:32 3

  • Les Disparus de Pukatapu

    Patrice Guirao

    9/10 Alors que Lilith et Maema arrivent sur Pukatapu pour réaliser un article sur la montée des eaux et ses dommages sur les atolls, elles y découvrent une communauté polynésienne isolée du monde, avec sa hiérarchie tribale et un prêtre qui peine à calmer ses ouailles. Les traditions s’accommodent semblent-il avec la religion … à de notables exceptions près… une série de morts brutales.
    Pas très loin de là, sur une terre non répertoriée, une étrange équipe de scientifiques, jouant aux apprentis sorciers, sous la houlette de l’armée française, réalise de surprenantes expériences sur des cobayes humains.
    D’une part un désastre écologique annoncé dans le déni des peuples victimes, d’autre part une folie scientifique à laquelle s’invite une éruption volcanique du plus bel effet !
    La pugnacité des deux femmes dont nous avions fait la connaissance dans le précédent roman de Patrice Guirao Le bucher de Moorea, sera mise à l’épreuve de la coutume et des rites païens, eux-mêmes confrontés à la religion des missionnaires historiques. L’exploitation des minorités exotiques par les blancs n’en est que plus haïssable car ils seront encore cette fois les victimes, déniées comme par le passé, lors des essais nucléaires « sans risques » mais aux répercussions sanitaires encore bien palpables.
    Une façon élégante pour cet auteur de nous présenter ces terres confrontées durement à la réalité économique et culturelle. Une belle plongée dans le bleu des atolls … une très belle histoire, une énigme bien menée et juste flippante !
    « Un jour, poursuit-elle, le monde devra examiner franchement les conséquences de sa stupidité. L'homme devra peut-être céder sa place. »

    11/03/2020 à 09:38 2

  • Madame B.

    Sandrine Destombes

    9/10 Blanche, madame B est nettoyeuse … non pas femme de ménage mais bien celle qui rend propre une scène de crime, célibataire, la quarantaine et un très bon carnet d’adresses. Son mentor et beau-père Adam prend soin de sa santé fragilisée par des épisodes douloureux de sa jeunesse.
    En littérature noire il y a les énigmes à tiroirs où chaque fausse piste se referme pour que le lecteur en ouvre une nouvelle. C’est propre et net. Ici je dirais que nous sommes en présence d’une poupée russe … on ouvre une poupée … on secoue pour savoir si c’est la dernière et bien non … encore une … Oui c’est l’effet déroutant que m’a fait cette lecture : rien de convenu, aucun acquis. En plus à certains moment on se dit « non elle ne va pas oser ! » Et bien si, elle ose tout Sandrine Destombes : elle vous met mal à l’aise, vous secoue les convictions manichéennes. Seule ou presque dans ce monde de brutes, Blanche ne peut compter que sur elle. Certes ici les méchants ont un code d’honneur et c’est pour cela que la défaillance est d’autant plus grave, qu’elle est inexcusable. Blanche va sombrer.
    Sandrine Destombes nous offre une plongée chez les méchants, tueurs à gages, trafiquants, etc, mais une plongée en apnée. Sans le salut de la police, elle largue Blanche pour plus de 300 pages rythmées par ses déconvenues. Alors Blanche … ange ou démon, victime ou complice, spectatrice ou maître du jeu ? Lisez et vous saurez … peut-être et prenez garde en ouvrant la porte de votre réfrigérateur !

    Par ce roman l’auteure confirme son talent de conteuse et malmène avec une réelle réussite le lecteur qui a coup sur va en redemander. Merci Sandrine !

    05/03/2020 à 09:22 7

  • Les naufragés hurleurs

    Christian Carayon

    8/10 Ce pourrait être une histoire d’amitié entre Martial déjà connu des lecteurs du Diable sur les épaules et Alain.
    Ce pourrait être une histoire d’amour entre Martial et Camille.
    Ce pourrait être l’histoire d’un classique triangle amoureux où deux femmes se déchirent … ou pas.
    Ce pourrait être une chronique des années folles, où les fortunes se construisent avant le krach boursier de 1929, en spéculant sur l’immobilier de loisirs.
    C’est une histoire qui se passe en Bretagne, terre de légende, de sorcellerie, où quand les prédictions d’un charlatan parisien se réalisent au bout de nulle part, Martial endosse les habits de l’enquêteur.
    L’histoire semble simple et l’énigme facile à résoudre : un voilier s’abime en mer et son naufrage fait deux victimes. De nos jours on dirait « affaire classée ! » …
    Quand Martial arrive au bout de cette presqu’île de Bréhat, il découvre une famille de notables en proie aux rancœurs personnelles et il mettra ces 400 pages pour découvrir la vérité, après avoir emprunté avec ses lecteurs, de nombreuses fausses pistes.
    Après avoir lu Un soufle, une ombre et Torrents, j’étais curieuse de voir cet auteur dans un registre différent. J’ai retrouvé le souci de la précision, la ruralité. Cependant cette fois, l’action se situe dans une époque et un lieu décalés avec des personnages tout aussi attachants et bien campés dans leurs convictions et leurs contradictions, tout comme les lourds secrets de famille qui plombent l’ambiance. Ajoutons une petite tempête du siècle pour pimenter le dénouement ... Ce thriller peut se lire sans avoir fait la connaissance de Martial dans le premier roman de Christian Carayon mais donne envie d’en savoir plus sur lui et Camille. Bref, un très bon moment de lecture, du suspense assuré et une Bretagne envoûtante comme on l’aime.

    15/02/2020 à 13:11 5

  • La Renaissance des ombres

    Simon Boutreux

    8/10 Pendant quatre ans, Tom s’est fait oublier, laissant endosser les méfaits du Cupidon par un autre. Il n’a tué que pour assurer sa couverture pendant que l’inspecteur Verne s’est installé dans la dépression. Un jeune flic doué le remplace.
    Tom va ressentir l’appel pressant de la ville et le Cupidon va se décider à afficher de nouveau ses œuvres d’art, ses compositions morbides et sanglantes. Cependant son mode opératoire évolue. Le message artistique construit et réfléchi va évoluer en fonction des circonstances vers des crimes plus opportunistes, où la matière précède le message. C’est ce qui va troubler les journalistes et faire dire à la hiérarchie du jeune flic que le Cupidon est bien mort et qu’il n’y a pas lieu de réveille Verne. Une nouvelle complicité entre enquêteurs va voir le jour douloureusement.
    Un rythme soutenu, des rebondissements surprenants, une maitrise du suspense éprouvante pour les nerfs des lecteurs confirment que Simon Boutreux a tout d’un grand et que vous devez retenir son nom si vous souhaitez passer un très bon moment de lecture dans un lieu indéfinissable, avec des individus attachants ou sordides.
    Ce thriller fait partie d’une trilogie dont les deux premiers volumes sont parus et je vous conseille de lire le tome 1 (Le bourreau des cœurs) avant d’aborder La renaissance des ombres et ainsi savourer pleinement … cette renaissance du bourreau !

    13/02/2020 à 09:31 2

  • Adieu Lola

    Simone Gélin

    9/10 Par le développement de l'intrigue qui n'est pas sans rappeler celui de l'affaire Jane de Boy, où l'enquête criminelle cède peu à peu le pas à l'intrigue secondaire, la vraie thématique du roman, le harcèlement moral, la domination s'impose comme sujet central. Simone Gélin nous invite à partager les angoisses de trois femmes. Elles sont toutes trois en quête d'amour après avoir vécu pas mal de disconvenues. Nous avons la victime de la violence à l'état pur, avec qui nous sombrons dans les eaux glacées de l'Atlantique. Puis la jeune professeure, en quête de respect de la part de ses élèves et de reconnaissance par un manuscrit qu'elle a le malheur de montrer à sa mère et … à son amoureux. Enfin une troisième femme, certes plus mure, mais toute autant préoccupée par son reflet car son métier d'avocate, elle l'accomplit comme une mission humanitaire, en s'impliquant peut-être au-delà du raisonnable quand le suspect est un ami d'enfance. Dans leurs histoires personnelles, elles auront chacune à croiser un partenaire toxique. C'est la délicatesse de Simone Gélin qui fait que le lecteur se sent impliqué par ces trois tranches de vie, entraîné dans la chute avec les protagonistes.
    Tout en suggestion, loin du voyeurisme même quand les conditions exigent les détails, la plume de Simone Gélin est encore une fois au service d'un fait de société dérangeant qui nous concerne tous et toutes … il faut en parler car les victimes ne doivent pas rester isolées et se sentir coupables de leur sort.
    Certes le sujet a déjà été traité, l'originalité réside ici dans cette chronologie un peu malmenée et dans ces portraits sans concession où les seconds rôles n'ont rien à envier aux premiers dans la justesse. N'oublions pas non plus que l'action se déroule dans le contexte très actuel du conflit social lié à la fermeture de l'usine Ford à Blanquefort, volet bien documenté.
    Très bon moment de lecture et de réflexion … attention ça peut aussi se passer à côté de chez vous !

    09/02/2020 à 13:13 4

  • Un Samedi soir entre amis

    Anthony Bussonnais

    7/10 Un vrai thriller avec des psychopathes en bande organisée par un notable dominant ! Tout y est : les oppositions de classes sociales, le racisme et la xénophobie, l’intégration, la domination et l’emprise sur les plus vulnérables, les rapports incestueux, la barbarie et ses sévices, la ruralité …
    Après un début qui ressemble au thriller de Karine Giébel Les chiens de sang, on s’attend à une intrigue « convenue » et « bien-pensante » puis, on trépigne avec les victimes, dans l’attente de la fin du cauchemar. Oui parfois on se dit que les dialogues s’éternisent et pêchent par leur précision, leur longueur … c’est parce que l’auteur manipule le lecteur avec talent. A force de retours-arrières qui permettent d’établir la cohérence des faits au fil du déroulement chronologique, il va les mener au retournement suprême. Et au milieu du roman, le twist est attendu certes, c’est la loi du genre, mais il est au combien surprenant…
    Une disparition pour laquelle c’est tout une famille qui commence une traque méthodique, parce que la Gendarmerie, empêtrée dans LA procédure n’y peut rien, ne recherche pas un adulte majeur dès lors qu’il n’est dangereux ni pour autrui, ni pour lui-même. Pourtant tout porte à croire qu’il est en danger … angoissante quête de Claire qui met tout en œuvre pour retrouver son petit ami !
    352 pages de réflexion aussi sur le regard porté sur l’autre, les autres.
    Belle surprise que cette lecture, belle découverte pour ce deuxième roman déjà remarqué et primé à bon escient.

    09/02/2020 à 13:11 4

  • Freeman

    Ian Manook

    9/10 Qu’y a-t-il de commun entre deux millions de dollars et un million et demi de dolars, à part qu’ils soient tous disparus, envolés, escamotés ? Et bien … il nous est proposé une superproduction hollywoodienne sous la plume de cet auteur aux identités multiples, dont le talent fait voler les alligators et les bateaux du bayou !
    Dans ce bayou proche de la Nouvelle Orléans, un mafieu local tente de reprendre la main sur ses troupes, loin des clichés touristiques. Quelques personnages rescapés des deux premiers épisodes de la trilogie (Hunter 2018 et Crow 2019) et un Arménien futé et facétieux vont alimenter un règlement de comptes douloureux. Ce thriller ne restera pas comme une nouvelle édition du guide du routard … bien au contraire car Big Easy n’y est pas traitée à son avantage, sauf peut-être dans le final grandiose et très musical où l’on s’attend à voir Louis Armstrong (dirigé par Arthur Lubin dans son film de 1947). Plus récemment en 2019, c’était Sacha Erbel avec L’ombre de Nola qui nous avait initiés au vaudou de Marie Laveau. Nous les imaginons tous avec beaucoup de plaisir dans ces tableaux d’ambiance, riches et colorés mis en scène par l’auteur.
    Au cœur du roman, une intrigue fouillée et fertile en rebondissements et au-delà, le lecteur sera ému par une histoire d’amour d’exception, le militantisme et la résilience des rescapés de Katerina et la traque de Doug pour retrouver son jeune frère. Il sera tout autant dégoûté par la corruption, les trafics, l’intimidation, le sexisme, le proxénétisme et les excès.
    Enfin à noter avec bonheur la précision des citations musicales comme fond sonore à ce très agréable moment de lecture (même une citation clandestine de Cabrel), qui voit cohabiter des personnages de générations différentes composant cette communauté définitivement atypique …
    Pourquoi donc l’auteur a-t-il annoncé une trilogie ? Tous les ingrédients me semblent être présents pour continuer l’aventure … Why not ?
    Enfin sachez lecteurs que le fait de n’avoir pas lu les deux premiers opus de cette trilogie en entamant le troisième, ne nuit pas à sa compréhension, même si la psychologie des personnages doit y perdre en épaisseur … oui je lirai les deux premiers tomes bien sûr ! En conclusion un très agréable moment de lecture pour cet ouvrage que je recommande.

    06/02/2020 à 09:42 4