Dany33

535 votes

  • Le Gibier

    Nicolas Lebel

    9/10 Ce roman ne dépareille pas dans l’intégrale de Nicolas Lebel : les personnages prennent fort ! Des petits nouveaux pour ce cru 2021, non exempt de références aux virus même s’il a en grande partie été écrit avant notre crise sanitaire, un savant masqué joue une scène d’anthologie.
    Qu’y a-t-il de commun entre l’intrigue policière et la chasse à courre ? Le mode opératoire des malfaiteurs qui rusent avec les bêtes sans défense au nom d’une éthique douteuse, suivent scrupuleusement les étapes jusqu’à la mise à mort et les rituels qui l’accompagnent.
    Starski avec un « i » est par hasard à proximité d’une prise d’otages à l’issue dramatique et se voit projeté dans une enquête en compagnie de Yvonne, son adjointe d’origine asiatique, toute en rudesse, sans fioriture, sans « merci » et sans « s’il vous plaît », qui a raison … souvent. Il semble bien qu’un complot international, relie les meurtres parisiens à des événements vieux de trente ans s’étant déroulés en Afrique du Sud au moment de la fin de l’Apartheid. Des Afrikaners à Paris, « le MK … le fer de lance de la Nation », non ce n’est pas une nouvelle comédie musicale mais bien du sang que vont découvrir nos enquêteurs, le tout noyé dans un scandale sanitaire.
    Straski a connu Chloé dans sa jeunesse, il a vécu avec elle plusieurs années et la retrouver au cœur d’une machination va ébranler notre policier, bien en peine déjà avec sa vie privée. Nous aurons de la compassion pour lui, de l’admiration pour la réactivité d’Yvonne, nous serons partagés sur la justice et ses fantassins et circonspects sur les autres acteurs de cette traque.
    Un très bon moment de lecture auquel nous pouvions nous attendre avec cet auteur facétieux et attachant, précis, inattendu et percutant.
    Au fait Nicolas, comment va Mehrlicht ?

    15/03/2021 à 12:48 10

  • Mauvaise étoile

    R. J. Ellory

    9/10 Peut-on mourir de malchance ? C’est la question que nous nous posons au cours de cette lecture. A la fois fraîche et violente selon que nous accompagnons ce double « road moovie » du côté de Digger ou de Clay, ces deux demi-frères dont les chemins si intimement mêlés vont se séparer sans espoir de retour et qui vont cumuler les … ennuis saignants. Comme souvent un fait divers fait basculer la vie de héros malgré eux et quand il s’agit d’adolescents, cela n’a que plus d’impact sur le lecteur. L’émotion (presque) aussi intense que pour le dernier Loevenbruck « Nous rêvions juste de liberté ». Le rythme est soutenu au cours de ces 450 pages sans longueurs inutiles, au fil des routes américaines, avec leurs grosses voitures et leurs enquêteurs rivaux mais dévoués en fin de compte au respect de la Loi.
    Maintenant une question se pose à moi : je continue ma lecture de RJ Ellory par quel titre ?

    23/11/2016 à 11:07 10

  • Regarde

    Hervé Commère

    9/10 Pour son 7ème roman solo, Hervé Commère convoque pour la première fois une narratrice. Il passe donc la parole à une femme, Mylène qui va pouvoir exprimer son regard sur la vie et la sienne est singulière. Avec quelques retours-arrières, les lecteurs vont rétablir la chronologie des ambitions, des amours, des dégringolades magistrales et de la résilience de celle qu’ils ont brièvement croisée dans le dépôt-vente de Sauf. Mais le carburant de cette intrigue est celui avec lequel Mylène a construit sa vie, comme elle l’entendait. Certes il n’est pas donné à toutes les femmes de pouvoir s’assumer tant dans ses relations familiales, que ses occupations professionnelles, ses amours, quel que soit son âge. Elle en a les moyens hérités de sa famille et nous pouvons parfois l’envier d’avoir cette chance de pouvoir choisir sans mettre en péril sa survivance.
    Quand son passé la rattrape brutalement, Mylène va parcourir le pays en essayant de confondre un usurpateur à moins que celui qu’elle croit mort …
    Très belle histoire, captivante où l’on avance avec Mylène et où le dénouement est totalement inattendu. J’ai encore une fois été surprise par cet auteur à l’imagination débordante, ce conteur attachant comme ses personnages et cette belle écriture. Une belle histoire d’amitié aussi, de complicité avec ceux avec qui nous ne sommes pas obligés de parler pour nous faire comprendre, pas obligés de se justifier pour qu’ils vous aident … des amis quoi !

    03/04/2020 à 10:12 10

  • Seules les bêtes

    Colin Niel

    9/10 C’est le premier roman que je lis de cet auteur que j’ai découvert pendant les événements de Guyane, alors qu’il témoignait au travers des yeux et de la bouche de l’un de ses personnages …
    La critique sur son dernier roman est unanime et les compliments amplement mérités. Une présentation originale : cinq personnages racontent successivement un épisode de leurs vies et tous peuvent être suspectés d’avoir joué un rôle dans la disparition d’Evelyne … les cinq récits boucleront l’intrigue en toute fin de volume ! Impossible d’en dire d’avantage sur le contenu de ce trop court (175 pages) roman noir sauf à remarquer qu’au-delà de l’enquête de gendarmerie, l’auteur nous propose une réflexion sur la difficulté de vivre seul et d’être éleveur en montagne, de communiquer ainsi que sur la fragilité de ses solitaires malgré eux dans leur quête de compagnie, face aux arnaques technologiques.
    Incontournable et tellement actuel !

    29/04/2017 à 18:02 10

  • De mort lente

    Michaël Mention

    10/10 Nouveau roman et hop, nouvel univers.
    La part d’exotisme est assurée en visitant la « commission européenne » à Bruxelles. Un monde éloigné de notre quotidien dont il a pourtant pour mission de se préoccuper, une toute autre dimension que celles de la vie de Marie, Nabil et de leur fils Léo.
    Surprise ? Vous avez dit surprise ? C’est peu de le dire !
    Au cours de la lecture de ce roman de Michaël Mention, les personnages s’installent doucement, ils sont nos potes, nos voisins, nos collègues et nous adhérons progressivement à leurs quêtes, avec leurs idéaux et leurs angoisses. Un récit chronologique qui se déroule sur une dizaine d’années (2010-2020), riche en événements politiques, qui a vu Daech et ses attentats, la guerre en Libye, trois Présidents de la République en France et tant d’autres choses que nous évoque l’auteur au cours de ces 415 pages.
    Nous adhérons bien sûr à la cause de Marie et Nabil, à l’angoisse révélée par le scandale sanitaire des agents chimiques qui envahissent de façon intrusive nos quotidiens. Le couple trouvera un allié avec Franck, journaliste au Monde ce qui procure à l’auteur l’occasion de montrer comment l’argent de la publicité influe sur la ligne éditoriale de la presse car même la plus vertueuse à l’origine, peut cacher la finance.

    Oui Michaël Mention est un formidable lanceur d’alerte, puisque nous sommes tous concernés par ce sujet. Comment les entreprises prennent-elles le pas sur la santé, comment la finance dirige-t-elle le monde, comment l’empoisonnement de l’humanité peut-il se faire en toute impunité ?
    C’est la lutte du pot de terre contre le pot de fer mais même les élites sont le pot de terre de quelqu’un !
    En cocoonant dans notre confort quotidien, on peut se croire très loin des enjeux financiers de cette société de consommation alors qu’en fait on y est immergés (nos meubles, notre nourriture, nos vêtements, …)
    Le talent de Michaël Mention fait que le doute s’immisce dans notre esprit, tant nous sommes étrangers à cette planète des « experts » (quoique l’actualité récente les ait mis avec outrance, en lumière). Que dire de la lutte entre l’intérêt public confronté à l’intérêt privé ? Que dire quand l’intégrité des justes et de leur famille est menacée … jusqu’où serions-nous prêts à aller pour défendre nos idéaux au risque de mettre en péril nos proches ? Et cependant, la parano ambiante milite aujourd’hui pour alimenter la théorie du complot …

    J’arrête ici la liste de mes questionnements, je suis totalement sous le choc de ce bouquin qui confirme si toutes fois il en était besoin, la capacité de son auteur à traiter des grands problèmes de notre société en « se cachant » derrière une intrigue bien menée. Vous l’avez compris, De mort lente est un incontournable de ce début 2020 même si hélas, vu sa date de naissance, il n’a pu bénéficier de la promotion qu’il méritait …

    Au fait les auteurs, on adore quand vous vous faites des clins d’œil dans vos livres …Grossir le ciel est un très bon bouquin aussi et que dire du policier hybride Yvan Smadja !

    05/06/2020 à 21:16 9

  • Des noeuds d'acier

    Sandrine Collette

    8/10 Quelle claque monumentale pour ce premier roman … plus « gratuit » que « les morsures de l’ombre » et tout aussi rural que « le purgatoire des innocents » (deux romans de Karine Giébel) j’y ai cependant trouvé une certaine filiation. ..
    Certes Théo n’est pas un ange mais il a payé sa dette envers notre société quand il est happé par ce duo improbable de frères Joshua et Basile. Le lecteur aura quelques difficultés à émerger de la torpeur et de l’horreur, une fois cette intrigue aboutie et gardera à coup sûr un goût amer ! Un suspense noir très foncé qui mérite sa lecture. Ames sensibles prenez garde de ne pas lire en état de déprime … ou alors avec vos médocs à portée de main !

    08/05/2017 à 15:37 9

  • Enfermé.e

    Jacques Saussey

    10/10 On sait quand on suit Jacques Saussey, qu’il n’est jamais aussi déroutant que dans ses one-shots … Après Le loup peint et le pied de nez à notre conscience écologique, c’est notre plus profonde intimité qu’il ébranle avec Enfermé(e).
    Deux temporalités se mettent au service de la démonstration. La première au passé nous fait revivre l’histoire de Virginie, prisonnière d’un corps qui ne convient pas à ses émotions, son parcours et son coming out….. la seconde au présent se consacre à l’intrigue de nos jours …
    Mais ça ne s’arrête pas là … trop simple pour Jacques Saussey. C’est plus généralement de la domination des faibles par les pervers, les toxiques, ceux qui ne peuvent accepter la différence mais aussi de la fin de vie et du traitement réservé à ceux qui ont eu un passé et qui sont en train de perdre leur identité « au bénéfice » de l’âge qu’il parle ici. Mais ne sommes-nous pas tous complices de détourner le regard de ce que nous ne voulons pas voir …
    On a déjà beaucoup écrit sur ce thriller et c’est tout à fait légitime pour ce roman noir bien foncé, ces 373 pages d’une densité rare et hyper documentées. C’est pour moi un véritable coup de cœur 2018 !
    Des « artifices » de rédaction rendent ce récit encore plus dérangeant : pas de noms propres pour ceux qui sont en perte d’humanité, seuls les personnages ayant abouti dans leur parcours trouvent un nom.
    Plus déglinguant que Meurtre pour rédemption de Karine Giébel auquel on pense immanquablement lors de la description du parcours carcéral, c’est une vision optimiste néanmoins pour ceux et celles qui viennent à bout de tous les obstacles posés par notre société bien (trop) pensante.

    26/10/2018 à 10:14 9

  • Il était deux fois

    Franck Thilliez

    10/10 « Je te retrouverai, Julie. Je te jure que je te retrouverai. » Telle est la promesse que Gabriel a faite à sa fille disparue. C’est a priori sans compte sur cet accident de mémoire qui va le priver de douze années de souvenirs d’enquête et de traque. Il va devoir tout recommencer ce père qui a quitté les Alpes pour Lille … pourquoi ? Sa mère le sait peut-être, mais lui a vraiment oublié. Il va refaire connaissance avec ses anciens collègues, son ancien coéquipier qu’il a agressé, son ex-épouse.
    Franck Thilliez fidèle à ses thèmes de prédilection nous entraîne dans une histoire complexe, qui pourrait voir sa conclusion lors de la découverte du « corbeau » qui harcèle notamment la mère de Julie et qui détient des collections bizarres. En fait on ne sait pas à ce moment de l’histoire que le roman n’est pas un one-shot mais … la suite du Manuscrit inachevé ! Oui lecteurs, ressortez votre exemplaire de votre bibliothèque, sinon commandez-le de suite pour enchainer la lecture après les 548 pages que vous tenez entre vos mains. Rassurez-vous néanmoins, les rappels sont suffisamment explicites pour ne pas vous perdre.
    Des personnages hors du commun, meurtris pour certains, qui n’ont pas mené leurs deuils à terme et surtout une bande de pervers qui s’affichent « artistes » pour mieux couvrir leurs trafics. Ajoutez des paysages grandioses ou des friches sordides et une curiosité saisonnière et migratoire avec ces chutes d’étourneaux qui évoquent Hitchcock.
    On sait aussi que l’auteur est joueur, il aime défier ses lecteurs et la fin ce cru 2020 vous réservera encore des surprises avec pas moins de 15 pages manuscrites qui devraient vous révéler les secrets du manuscrit enfin achevé … là on voit vraiment que c’est du Thilliez, du Thilliez comme on aime !

    Une construction complexe liée au sujet et au personnage de Gabriel qui « n’a pas toute sa tête », du moins tous ses souvenirs et se démène à réapprendre notamment les technologies nouvelles, qui rencontre plutôt la bienveillance de la part des victimes collatérales dans le Nord et en Belgique. Une approche de l’art ultime dont l’objet est bien contestable mais néanmoins le fruit l’un snobisme latent. Pas de Sharko ni Henebelle cette année, vous l’aurez compris mais un certain Bernard Minier en guest-star, pour une brève apparition !
    Enfin, si vous voulez parfaire votre pratique de la science de DK, vous lirez avec plaisir le roman de la série l’embaumeur, trop vite disparu des rayons pour cause de faillite de son éditeur, La piste aux étoiles de Nicolas Lebel.
    Du plaisir de lecteur à l’état pur !

    12/06/2020 à 10:02 9

  • Inavouable

    Zygmunt Miloszewski

    9/10 Cette fois, l’auteur polonais s’échappe de la série du procureur Téodore Szacki pour nous entraîner dans un tout autre style, celui du roman d’aventure à suspense. Un « club » de quatre personnes contraintes de jouer ensemble les Monuments Men pour le Gouvernement polonais, menés par « une » Idiana Jones peu préparée à une telle violence. Un aspect « chorale » qui relie habilement le prologue au dénouement … d’une traque hors du commun, de la Pologne montagnarde aux confins de la Croatie, via une banlieue chic de New York et en Suède, sur la trace de collectionneurs complètement fous ou de spéculateurs sans aucun intérêt pour l’art.
    On y apprend beaucoup de choses sur les spoliations d’œuvres d’art opérées par les nazis et des trafics rémunérateurs qui suivirent leur chute, au cours de cette intrigue à tiroirs ô combien captivante. Le style est fluide, percutant et pour avoir eu le grand plaisir de discuter (joyeusement) avec eux, je salue une fois de plus la complicité de l’auteur et de son traducteur qui concoure à cette efficacité remarquable.
    Très bon moment de lecture et un auteur qui mérite qu’on complète sa lecture.

    15/09/2017 à 18:06 9

  • La nuit n'est jamais complète

    Niko Tackian

    9/10 Le deuxième roman de cet auteur plus coutumier des plateaux TV, ce qui explique que cette intrigue est certes psychologique mais aussi très visuelle est tout simplement bluffant de réalisme. Plusieurs volets dans le déroulement de cet opus : un véritable naufrage « routier », une aventure au milieu de nulle-part glauque à souhait, qui se dénoue aux derniers chapitres, une catastrophe environnementale, des relations père-fille touchantes, du mystère à la limite du paranormal. Ce que j’apprécie chez cet auteur c’est que ce qui s’apparente au fantastique trouve son explication rationnelle en fin de compte. Du sang et des squelettes, des visions d’apocalypse, des frayeurs au fond des tripes, des trahisons et de l’amitié et au bout du compte un rappel à nos mémoires pour les catastrophes minières qui ont endeuillé l’humanité.
    Un très bon thriller captif jusqu’au bout, à lire de nuit et d’une seule traite !

    10/03/2016 à 14:29 9

  • Sa Majesté des Ombres

    Ghislain Gilberti

    8/10 Un pavé au sens propre comme au sens figuré ! 739 pages, encore plus de grammes au bout du poignet mais un sacré thriller-polar-roman noir !
    J’avais laissé le commissaire Sanchez à la fin du « bal des ardentes » et sur les conseils de l’auteur, je me suis mise en quête de la « majesté des ombres », premier tome d’une trilogie annoncée. C’est peu de dire que le suspense est au comble avec final, comme dans ses précédents romans, en apothéose.
    Plusieurs niveaux de lectures … l’orgueil d’un chefaillon qui met en péril ses troupes, une guerre des polices qui tourne au cataclysme, une justice qui a beaucoup de mal à mener sa mission, des mises au placard malvenues, des trafics de drogue sophistiqués, des techniques d’investigation psychologique qui font du profilage un art majeur, des infiltrations à hauts risques, et le tout au service d’une histoire plus crédible que nature, tant elle est documentée avec en prime, cette dose de sensibilité découverte avec l’inclassable « dynamique du chaos ».
    C’est vrai qu’on connaissait l’auteur expert en armes à feu, en stupéfiants et en profilage. Tous ses dons sont ici confirmés et pour la suite annoncée pour cette fin d’année 2018, les lecteurs peuvent légitimement se demander où donc Ghislain Gilberti va pouvoir nous propulser ?
    J’ai pris mon temps, je ne voulais pas que s’arrête ce tourbillon d’émotions … bouleversante cette lecture : encore une fois cet auteur fait mouche !

    11/07/2018 à 13:29 9

  • Sauf

    Hervé Commère

    9/10 Mathieu, un délinquant amendé, brocanteur et presque cinquantenaire, voit son présent voler en éclat. Et si c’était son passé qui le rattrapait ? Plus qu’une recherche de ses origines, il va remonter les différentes pistes et entraîne avec lui le lecteur. Machination, schizophrénie, manipulation … tout est possible jusqu’aux derniers chapitres. Des personnages principaux qui méritent bien un peu de repos, leurs alliés hauts en couleurs, des seconds couteaux plutôt dangereux et prêts à toute extrémité …
    Oui, Hervé Commère a coutume de s’attacher aux petits malfrats qui grandissent plutôt bien, qui ont généralement un secret peu glorieux, mais ils sont tellement attachants. Il nous a aussi habitués à la Normandie et là il nous offre un dépaysement breton d’abord, parisien ensuite pour enfin terminer en Scandinavie, loin de sa zone de confort !
    Un bon suspense et une fin inattendue sous bien des aspects et notamment sa démesure …
    Pas polar, mais thriller bien ficelé ! J’ai aimé …

    05/03/2018 à 08:24 9

  • Soeurs

    Bernard Minier

    9/10 Heureusement l’auteur précise : le personnage d’ « Erik Lang n’est pas inspiré de mes collègues auteurs de polars qui sont, pour la plupart, des gens fort sympathiques et accessibles ! » Heureusement … pour la plupart …
    Ce roman se déroule sur deux époques, la première moitié sorte de préquel (antépisode) permet au lecteur de faire la connaissance de Servaz à ses débuts dans la police en 1992-1993 et la seconde moitié se passe de nos jours. Tout sépare les deux polices : celle de l’avant téléphone portable et celle des balbutiements de l’investigation assistée par l’ADN et les caméras de surveillance. Et les lecteurs en apprennent beaucoup sur le héros récurrent de Bernard Minier. Il était en bien meilleure forme en 93 et déjà bien affuté et aux dires de l’auteur, lui ressemblait physiquement …
    La mort suspecte de son épouse va placer un auteur de polar au cœur de l’intrigue et raccrocher les faits actuels à ceux vieux de vingt-cinq ans, la toute première enquête de Servaz.
    Au-delà de l’enquête bien ficelée, par son style efficace, Bernard Minier nous entraîne aussi sur une réflexion sur les relations entre les auteurs et leurs lecteurs, ambigües et exclusives parfois. De l’adoration à la soumission, de la manipulation à la vengeance extrême, le mensonge est partout. Avec ce cinquième opus des aventures de Servaz nous retrouvons avec plaisir son équipe et nous approchons un peu plus l’intimité de Servaz. Un très bon cru que 2018 !
    Certes le lecteur appréciera ces retrouvailles, néanmoins cet épisode peut se lire indépendamment, sachant qu’une fois la dernière page tournée, le manque poussera le « polardeux » à se ruer dans sa librairie préférée pour se procurer les volets précédents. Les personnages gagnent en épaisseur au fil des enquêtes

    09/04/2018 à 13:49 9

  • Stasi Child

    David Young

    8/10 Un premier roman très documenté, noir très foncé, déroule son action à Berlin-Est en 1975, du temps de la RDA. Une ambiance plombée qui nous entraîne aux côtés de Müller, première femme aux responsabilités à la criminelle de Berlin-Est et ses collègues au double jeu. Pourquoi cette jeune fille retrouvée assassinée aurait-elle eu envie de revenir à l’Est alors que d’évidence elle avait réussi à franchir le mur antifasciste ? Pourquoi Karin Müller aurait-elle à rendre compte à la Stasi alors qu’elle dépend de la police criminelle locale ? Pourquoi son mari fait-il l’objet d’une interpellation musclée en son absence ? Pression psychologique ou faits réels pendant sa traversée du « désert » baltique ? Des personnages attachants qui ont tous leur jardin secret, victimes ou complices du système. Autant de questions qui interpellent le lecteur et qui font de cet auteur dont on sait très peu de choses hormis qu’il est journaliste occidental, un écrivain à suivre puisqu’il indique que ce premier roman est le premier d’une série et que d’autre part il va faire l’objet d’une adaptation pour la télévision. Intrigue captivante dans un décors d’enfer quasi monochrome … j’aime beaucoup !
    L’ambiance m’a fait penser à « cet instant-là » de Douglas Kennedy qui situait aussi son action dans le Berlin du mur.

    07/10/2016 à 15:53 9

  • Surtensions

    Olivier Norek

    9/10 C’est bien là l’état dans lequel l’auteur laisse son lecteur une fois ce roman refermé. Grosse impression ! J’avais commencé « Code 93 » et enchaîné sur « Territoires » pour être aux taquets pour la parution de celui-ci et je ne regrette pas : ce troisième opus est effectivement très riche en sensations et très documenté. Bien sur qui mieux qu’un flic pour parler des flics et de leur hiérarchie, des traques, flags et autres autopsies.
    Une intrigue très prenante au-delà du palpitant car le lecteur est touché au plus profond de ses valeurs, un rythme soutenu, des personnages hors du commun et l’on retrouve ce très particulier Victor Coste et son équipe. Le prologue est déjà un premier coup porté aux fidèles de la série. Cette fois nous quittons un peu les cités mais cependant restons dans le 93 et dans la sphère judiciaire. Quant aux méfaits commis, l’auteur élargit la palette : la drogue passe au second plan après les séquestrations, arnaques aux scellés, pédophilie etc. Quelques supplices que ne renierait pas Claire Favan font toucher la dure réalité de la vie carcérale.
    On comprend pourquoi Victor a des états d’âme, les mêmes que Verhoeven dans la trilogie de Pierre Lemaitre, mais on espère que le psy lui permettra de se relever pour un quatrième épisode …

    04/04/2016 à 15:11 9

  • Tension extrême

    Sylvain Forge

    9/10 Vous ne regarderez plus le distributeur de café de la même façon …
    Ce roman peut-être lu sans connaissance particulière des précédentes publications de Sylvain Forge, même si nous y retrouvons pour la troisième fois Isabelle, transfuge du 36, arrivée à Nantes avec « la trace du silure » en 2014, puis « un parfum de soufre » en 2015. Elle va traquer un cyber terroriste, une menace qui pèse sur la ville de Nantes et ses habitants.
    Fiction ? Non et c’est bien là le problème. Dans notre monde hyper connecté, personne n’est à l’abri d’un détournement d’objet par malveillance ! Certes le sujet a déjà été traité dans des jeux vidéo, des films et des romans mais cette fois la réalité est bien présente dans notre quotidien. Et cela va bien au-delà des dangers de l’internet pour nos ados.
    Point de départ : les morts de deux hommes d’affaires jumeaux, suspectes et simultanées, révèlent une énorme menace capable de détruire toutes les interconnections nécessaires à notre vie, dès lors que notre civilisation est maintenant tributaire des nouvelles technologies. Une traque somme toute classique, par des flics presque « ordinaires » avec leurs problèmes domestiques … mais ce que nous décrit l’auteur ce sont les moyens nécessaires et obligatoirement coordonnés pour tenter d’aboutir. Pas étonnant quand on sait qu’il est lui-même professionnellement impliqué dans la cyber-sécurité !
    Plusieurs niveaux de lecture donc pour ce prix du quai des orfèvres 2018. Plus « local » que l’écologique « pire que le mal » et tout autant documenté et passionnant … à lire ces presque 400 pages sans modération et rapidement pour vous préserver du mal ou au moins le tenter. Flippant !

    18/11/2017 à 16:49 9

  • Bienvenue à Cotton's Warwick

    Michaël Mention

    9/10 C’est le troisième thriller que je lis de Michaël Mention et je suis encore surprise de sa maîtrise à changer d’environnement. Ici, il nous propulse dans le fin fond de l’Australie (ce qui fait penser au « cul de sac » de Douglas Kennedy) et si vous aimez les outrances des personnages de Tarantino alors vous allez adorer ne pas être le bienvenu dans cette communauté de dix-sept ringards dont une seule femme et un autre, visitée périodiquement par un routier qui rend possible sa survie par le trafic, un tondeur de moutons en side-car et un médecin qui arrive par les airs ! Tout ce ramassis improbable, dans cette région où l’eau est plus rare que la bière, va se déchirer pour le plus grand bonheur du lecteur qui passe du rire au dégoût voire aux larmes. N’est-ce pas en fin de compte une métaphore de ce qui attend l’humanité à trop assouvir la nature ?
    C’est si beau un kookabura mais que dire du Razorback ? Peut-être l’auteur a-t-il été inspiré par un film d'horreur éponyme australien sorti en avril 1984.
    N’en doutez pas un instant … ce roman est à ne pas rater !

    08/01/2017 à 15:42 8

  • L'Apothicaire

    Henri Loevenbruck

    9/10 Un véritable thriller médiéval ou plutôt un road-trip sur les chemins de Compostelle qui débute en 1313 et au cours duquel nous suivons Andréas Saint-Loup, le meilleur apothicaire de Paris essayant de percer un mystère. Avec son apprenti Robin, le parcours initiatique mêle les descriptions très documentées des métiers, des tortures, des recettes d'herboristes, de l'environnement de cette époque, de ses us et coutumes et les données historiques de la constitution du royaume « France ». Il s'agit bien là d'une grande fresque de presque 800 pages, dans un langage quelque peu désuet mais au combien opportun compte-tenu de l'intrigue avec la juste dose de fantastique. L'auteur sait captiver pour cette recherche d'un autre temps et à la fin on aimerait qu'il y ait un tome 2.

    10/01/2016 à 14:18 8

  • La Gestapo Sadorski

    Romain Slocombe

    9/10 Je n’aurai pas donné cher de la peau de l’inspecteur Sadorski, en fermant Sadorski et l’ange du pêché dernier volet de La trilogie des collabos ! J’ai donc dans La Gestapo Sadorski été surprise de retrouver en pleine forme Léon, l’immonde opportuniste et anti-juif, qui élargit ses compétences en s’attaquant principalement aux communistes. Repéré favorablement par sa hiérarchie, il intègre une unité spécialisée dans la traque des terroristes qui accomplissent « le travail allemand ».
    Pour autant Léon Sadorski reste fidèle à ses choix amoureux, exclusivement tournés vers de très jeunes filles qu’il manipule sournoisement pour mieux les dominer, ce qui donne à l’auteur des occasions de nous proposer quelques beaux personnages féminins.
    C’est donc sur deux plans, professionnel et privé, que nous suivons les agissements de Sadorski dans l’ex-capitale française en 1943.
    Comme dans l’ouvrage précédent, nous apprenons beaucoup des pratiques douteuses des occupants, de leur savoir-faire dans le domaine de l’ultra-violence qui si elle n’était odieuse pourrait être qualifiée de raffinée. Le lecteur d’ailleurs peut être dérangé par la précision de certaines scènes qui reflètent malheureusement les atrocités mises au point par des cerveaux malades, embrigadés et extrémistes.
    C’est aussi une façon élégante de rendre hommage à tous ceux qui combattaient les « collabos » et les forces d’occupation. La relation d’affaires tristement célèbres comme celle de la famille Manouchian, rend ce roman particulièrement précieux. Nous savons que l’auteur se repose toujours sur l’histoire, la grande et la petite, pour nous proposer des aventures extrêmement bien documentées (voir à ce sujet l’abondante documentation en fin d’ouvrage).
    En conclusion : une énorme émotion à cette lecture, un moment de réflexion sur les outrances commises au nom de la suprématie de la race … certes en 1943, mais qu’en est-il de ce désir de nos jours ? La lecture de Romain Slocombe est hautement recommandée !
    Enfin, une bonne nouvelle, l’auteur et sa maison d’édition annoncent avec La Gestapo Sadorski, La trilogie de la guerre civile [tome 2 : L’inspecteur Sadorski libère Paris (2021) et le tome 3 : J'étais le collabo Léon Sadorski (2023)] des titres prometteurs.
    L’infame Sadorski va encore défier nos consciences …

    21/11/2020 à 10:16 8

  • La Nuit de l'ogre

    Patrick Bauwen

    8/10 Que ceux qui pensaient avoir touché le fond avec « le jour du chien » se rassurent, oui Patrick Bauwen peut faire pire …Kovak soufre, car il veut de bon cœur aider son ami Greta à retrouver sa fille, celle-là même qui transportait et lui a laissé une tête humaine conservée dans un bocal ! Il sera accompagné, parfois inquiété, par l’équipe de « l’évangile », policiers en charge des enquêtes dans les sous-sols parisiens. Parallèlement à ces recherches, une équipe de policiers tente de résoudre le mystère du faux suicide d’un ancien universitaire observateur et défenseurs des phoques.
    L’action se passe dans les dédales du métro parisien mais aussi, retour aux sources peut-être … une escapade en Floride donne du panache au dénouement en deux temps.
    La découverte d’un versant inconnu des perversités humaines révèle dans ce roman que la vérité dépasse l’imaginaire. Le lecteur sombre dans la morbidité absolue et le voyeurisme extrême ! Un thriller haletant et des personnages, pour ceux qui survivent bien entendu à cette aventure, que l’on devrait retrouver dans une suite en 2019, que l’auteur nous promet encore plus noire … oui dit-il, c’est possible !
    Pour tout vous dire ... j’ai adoré !

    05/06/2018 à 12:29 8