Dany33

535 votes

  • Le Songe de l'astronome

    Thierry Bourcy, François-Henri Soulié

    8/10 Il y a de l’Agatha Christie dans la façon dont Kassov et son neveu Mattheus vont devoir résoudre l’énigme que représentent les assassinats en cascade à la cour de l’empereur Rodolphe II de Habsbourg, dans son château de Prague : un huis clos au début du XVIIème siècle, où l’inquisiteur Bellarmin vient vérifier l’orthodoxie des thèses de l’astronome Tycho Brahé. En effet nous sommes encore au temps où la Terre est le centre de l’univers et Copernic quoique inspiré, ne fait pas encore l’unanimité : géocentrisme ou héliocentrisme … c’est la question. Les joyeuses agapes sont donc perturbées par les empoisonnements et autre défenestration, au milieu d’une « faune » bigarrée, mêlant des espions à la solde de la couronne d’Angleterre, une diva et son maître de chant, un assistant de l’inquisiteur friand de jeune lingère, un nain, un empereur libertin, un peintre proche de la déchéance et un ambassadeur douteux, ….
    Un roman dépaysant et riche de références historiques qui se lit facilement et laisse un agréable goût d’exotisme.

    24/08/2016 à 13:21 7

  • Régis

    James Osmont

    8/10 Etrange roman que cette plongée dans le milieu psychiatrique. Régis est malade et alterne les périodes d'isolement sous camisole chimique, avec des périodes plus sereines au sein de l'hôpital. le roman commence au moment des attentats de Paris le 13 novembre 2015 dans l'ambiance morose dont on se souvient, et se déroule, avec quelques retours-arrière nécessaires à sur quelques semaines. Rythmée par des citations musicales, cette intrigue est très prenante et l'on s'attache très vite à ce personnage même s'il n'est pas un ange. Deux alliés l'accompagnent. D'une part Sandrine, sa soignante, et l'on découvre toute l'ambigüité du rôle ingrat de ces infirmiers qui, pour survivre, doivent se détacher. D'autre part Amine, son ami de jeunesse, avec lequel il partage ses goûts pour la musique et la littérature. Face à eux un médecin qui rechigne à prendre ses responsabilités et un prédateur, dangereux manipulateur, assoiffé de vengeance. Tout ce petit monde constitue les repères de Régis, confronté à ses pulsions, au hasard de la rencontre avec une étudiante, en stage à l'hôpital.
    L'auteur connaît bien ce milieu pour exercer le même métier que Sandrine. C'est avec force de réalisme qu'il nous malmène donc au cours de ce premier roman et quand il dit qu'il vient de mettre le mot fin sur son deuxième ouvrage on se dit que l'on va guetter son actualité pour ne rien rater !
    Merci James Osmont d'avoir fait la promotion de votre roman faute de quoi on serait sans doute passé à côté de cette pépite !

    22/08/2016 à 16:55 3

  • La Rage

    Zygmunt Miloszewski

    9/10 Alors qu’il s’agit là du troisième roman de la série « Teodore Szacki », c’est le premier que je lis de cet auteur. Après les polars nordiques, je crois sincèrement qu’il va falloir compter avec les polars polonais. Il pleut à Olsztyn, au nord-est de la Pologne, il y neige aussi et parfois il y a des morts étranges : on y pratique la dissolution au Destop ! L’ enquête est menée par un Procureur qui voudrait bien endosser le costume du vengeur pour assouvir sa rage, mais qui est freiné par son éthique et son adjoint. Et si le tueur en série était lui aussi un vengeur en série. Par son prologue volontairement ambigüe, l’auteur se joue du lecteur avec une bonne dose d’humour (le légiste ne s’appelle pas Frankenstein pour rien) et des personnages attachants, sur fond de combat contre les violences faites aux femmes. Un rythme soutenu pour une action passionnante qui s’étale sur cinq semaines, où chaque jour est introduit habilement par un rappel éphéméride situant la Pologne dans le contexte mondial et traduit de façon fort plaisante.
    J’ai beaucoup aimé cette ambiance de ville où l’architecture raconte l’histoire de la région, passée sous des dominations diverses, c’est d’ailleurs l’une des découvertes de ce roman et ces embouteillages improbables au milieu de (presque) nulle part. Et en conclusion, que dire de la réflexion à mener sur les risques de l’apparition d’une dictature masquée par des excuses humaniste !

    18/08/2016 à 14:27 4

  • Une Lame de lumière

    Andrea Camilleri

    5/10 Je suis très partagée sur ce roman, le 24 ème de la série Montalbano. Malgré l’avertissement du traducteur, je ne suis pas convaincue du parti pris de créer un pseudo dialecte en modifiant l’orthographe française … certes je n’aurai pas aimé une transposition d’un dialecte français en Sicile, mais je pense que le lecteur « bute » constamment sur ce que son œil enregistre au mieux, comme des fautes de frappe. Ceci dit, peut-être que ceux qui auront au préalable fait connaissance avec le protagoniste au fil des précédents opus, s’y sont accoutumés.
    L’enquête principale est assez classique et les personnages sont peu fouillés. On regrette que l’équipe de Montalbano soit un peu « survolée » car le potentiel y est et l’humour émergeant mériterait d’être d’avantage exploité. Cela fait de ce roman une agréable lecture d’été, sans prise de tête et sans réel suspense.
    Je regrette que l’enquête parallèle « d’actualité », relative aux migrants et à la révolution de jasmin, soit trop peu évoquée et les objectifs des personnages a peine évoqués.
    Enfin la quête amoureuse de Montalbano et ses anciens déboires m’a semblée de faible intérêt.
    Je ne suis pas fan de ce roman et je l’ai lu comme une pause entre deux romans plus prenants.

    12/08/2016 à 14:27 2

  • Parmi les loups et les bandits

    Atticus Lish

    9/10 Ce peut être une histoire d'amour singulière, c'est surtout un roman au suspense redoutable jusqu'aux ultimes rebondissements des cent dernières pages. Skinner est un militaire en repos « thérapeutique » après trois missions en Irak qui ont fait de lui un vétéran, certes digne de respect, mais cassé et blessé à vingt-et-un ans à peine, soumis à des hallucinations et à un alcoolisme en progression. Zou, est une « sans papiers » musulmane d'origine chinoise, arrivée aux USA en camion via le Mexique, un peu plus âgée que lui. Deux adeptes de la musculation et de l'effort physique en général vont se rencontrer par hasard et gérer autant que faire se peut leurs démons et un certain appétit à l'autodestruction.
    L'originalité de ce roman réside dans la mise en page : aucune trace de ponctuation dans les dialogues et c'est un peu déroutant au début de la lecture. Au-delà de cet aspect, les dialogues sont fidèles aux communautés qui les échangent … une mention toute particulière pour la traductrice Céline Leroy, qui a su imprégner son travail des tournures et vocabulaires spécifiques aux migrants d'origine chinoise, aux militaires, aux jeunes des gangs de « banlieue », aux hispaniques…
    Autre personnage d'importance New York dont les quartiers sont traversés par les protagonistes avec leurs spécificités, leurs ethnies, leurs modes de vie, leurs modes de survie, leurs petits commerces et leurs arts culinaires.
    Le titre trouve son explication dès la page 32 quand la mère de Zou Lei lui explique que « le paradis » se trouve « par delà tous les bandits et les loups », dès lors on comprend que dans la vie de tous les jours il faudra vivre « Parmi les loups et les bandits ». Et c'est bien de cela qu'il s'agira dans ce roman, se garder des uns et des autres au risque de se perdre et de passer à côté de celui ou celle que l'on peut aider mais en qui on doit avoir confiance avant tout.
    Tous les personnages sont atypiques et certains attachants, d'autres franchement antipathiques.
    Merci à Babelio et aux éditions Buchet-Chastel de m'avoir permis de découvrir cet auteur dont la biographie explique pourquoi il maîtrise à la perfection les univers qu'il décrit dans son roman. J'ai beaucoup aimé ces 558 pages de ce premier roman d'Atticus Lish.

    10/08/2016 à 10:38 2

  • La Fenêtre de Dieu

    Cédric Blondelot

    8/10 Ni mystique ni tout à fait fantastique, l'auteur s'amuse avec les malheurs d'un enfant abandonné dans un kiosque à journaux à l'angle de la rue de Tolbiac, fin juillet … il s'appellera Tolbiac Juillet. Ca c'est pour l'intrigue principale. Nous suivons également les malheurs d'un perfecto sans fermeture et ça c'est l'intrigue secondaire. La quatrième dimension fait partie également de la galerie de personnages, tous hauts en couleurs et souvent complètement barrés … un délice ! Il s'agit néanmoins d'un vrai roman à suspense, dans un style tout à fait personnel qui fait de ce roman un « page turner » attachant et original. J'attends la suite … ou du moins le prochain roman de ce nouvel auteur

    04/08/2016 à 15:33 1

  • Barcelona

    Daniel Sánchez Pardos

    4/10 Annoncé comme un thriller historique dont l’action se situe dans la ville catalane que j’aime beaucoup, ce roman me semblait bien prometteur … Gaudi certes y tient un rôle essentiel mais s’il n’avait pas été l’architecte emblématique, cela n’aurait pas changé fondamentalement le fond de l’intrigue. Historique : oui puisque l’action se situe en 1874 et les souvenirs du narrateur pendant les six années qui précèdent le coup d’état contre la « première République espagnole » et le rétablissement de la monarchie. Thriller : beaucoup moins. Un jeune bourgeois, le narrateur, amoureux d’une socialiste britannique, rencontre Gaudi et tous trois vont tenter d’élucider une enquête, parallèlement à la police républicaine. Le père du narrateur, patron de presse, accusé de meurtre est en fait au cœur d’un complot monarchiste. L’auteur nous plonge dans une ambiance fin XIXème, où l’illustration dessinée remplace la photo de presse n’existe pas et où les voleurs à la tire peuvent devenir protecteurs.
    Le rythme est lent sauf dans les quelques dernières pages et l’épilogue laisse le lecteur sur sa faim car il ne sait pas en fin de compte, pour Gaudi, ce qui est réel et ce qui est pure fiction, d’autant que ce dernier est présenté comme un trafiquant de drogue et chasseur de paradis artificiels. Je pense qu’il s’agit là d’un manque de rigueur pour un auteur qui ancre son action dans l’histoire espagnole.
    Pour les vrais amateurs de Barcelone, je proposerai plutôt la lecture de « La cathédrale de la mer » d’ Ildefonso Falcones dans la lignée des « piliers de la terre » de Ken Follett ou plus récent « le bourreau de Gaudi » véritable thriller dans la Barcelone contemporaine de Aro Sáinz de la Maza, pour le coup, un vrai régal.

    03/08/2016 à 15:27 2

  • 1974

    Arnaud Codeville

    7/10 A priori je ne suis pas adepte des romans fantastiques et d’horreur. J’y suis allée parce que j’avais apprécié La tour de Sélénite et je n’ai pas regretté. Bien sûr un peu bousculée, mais j’aimé ce moment de lecture à frémir … Le lecteur est pris au jeu de l’intrigue et cherche à démasquer l’horrible bourreau de ces adolescents, sur fond de sérial incendiaire et de maison hantée. Ca se passe à Valenciennes et il pleut … normal !
    Le fantastique est présent dans le déroulement temporel de l’action et …
    Que choisiriez-vous si l’on vous permettez de revivre une minute de votre passé en gardant les connaissances acquises de votre expérience ? Quel événement aimeriez-vous corriger, effacer ? quelle contrepartie êtes-vous prêt à accepter ? C’est bien ce qui arrive à notre enquêteur borderline.
    A consommer un soir pluvieux …

    31/07/2016 à 18:56 4

  • Sous la ville

    Sylvain Forge

    8/10 Comme dans ces précédents romans, Sylvain Forge nous entraîne dans une énigme au contexte très documenté. Il quitte Vichy et Nantes pour installer l’action à Clermont-Ferrand qu’il connaît particulièrement bien pour y avoir passé son enfance. Il quitte les rats pour les chats car c’est bien d’une enquête sur leur disparition qu’il est question, parallèlement à une autre intrigue autour d’une fraternité étudiante, menées toutes deux par un fils de harki aux troubles relations et une coéquipière en rupture conjugale. Ces deux enquêtes très denses nous ferons approcher la nuit et les sous-sols auvergnats pour notre plaisir de s’y perdre. L’auteur confirme par ce roman un vrai talent de conteur et il est difficile d’en dire plus au risque de spolier. Ne boudons pas cette galerie de personnages attachants et déroutants !

    31/07/2016 à 18:14 3

  • Charade

    Laurent Loison

    9/10 Voici un premier roman très prometteur, une intrigue à frémir et très efficace, des descriptions dérangeantes, au comble du réalisme … et au final, après de nombreuses fausses pistes, une claque magistrale. La manipulation n’a pas de limites. Et si dans la vraie vie ce type de personnage existe ?
    Un tueur en série défie le cador du 36 en semant les cadavres assortis des éléments d’une charade. Mais au contraire des tueurs en série « habituels », le mode opératoire change à chacun de ses crimes ... et pourquoi pas une femme … Barga va donc être confronté à la pire enquête de sa carrière, aidé par Emmanuelle nouvelle recrue pistonnée et en compétition avec Cholle son rival. C’est non pas à la guerre des polices à laquelle nous assistons mais bien à la guerre dans la police et plus particulièrement dans la plus prestigieuse de ses unités, la criminelle.
    A lire ces 432 pages sans modération !

    18/07/2016 à 15:40 2

  • Black-out

    John Lawton

    7/10 C’est le deuxième roman que je lis de cet auteur et en fait le premier de la saga de Fred Troy, enquêteur de Scotland Yard. L’action se situe pendant le black out de 1944 à 1948 à Londres principalement et Berlin en conclusion. Ambiance noire pour une intrigue qui ne l’est pas moins, où tout le monde se méfie de tout le monde et surtout des agents doubles, avant la police scientifique. Notre héros va souffrir avec les femmes, les flics, les militants communistes et les militaires qu’il côtoie, pour le plus grand plaisir des lecteurs, secondé par des personnages attachants et atypiques (son oncle et le légiste notamment). Ici c’est aussi l’espionnage technologique pour une guerre plus courte, du moins le souhaite Troy mais quel est véritablement son moteur ? La justice ou la traque pour la traque ? Vous le saurez en lisant ces 469 pages, alertement menées parmi les coups bas et perversions diverses et servies par un style efficace.

    14/07/2016 à 13:13 2

  • Que sonne l'heure

    Peter James

    8/10 Ce roman est le neuvième où apparaît l'enquêteur Roy Grace mais il n'est pas nécessaire de lire la série chronologiquement, bien que cela soit préférable pour les héros récurrents.
    En 1922, son père, gangster, est disparu, sa mère assassinée. de nos jours sa soeur est assassinée à son tour et une montre de collection ayant appartenu au père est dérobée. Ces événements entraînent Gavin, 95 ans, à entreprendre la chasse aux malfrats, en collaboration malgré lui avec la police. Mauvais moment pour Ray Grace qui voudrait consacrer d'avantage de temps à sa famille. Et voici le lecteur immergé dans le monde des antiquaires et receleurs, sur fond de vengeance sordide à plusieurs échelons. L'auteur nous tient en haleine entre Brighton, Andalousie et Brooklyn sur presque 500 pages aux côtés de personnages bien typés et de policiers en souffrance chronique.
    Une étape donc dans la saga de Roy Grace qui va me motiver pour remonter la chronologie de ce personnage meurtri mais qui se soigne !

    08/07/2016 à 16:05 1

  • Résilience

    Yannick Monget

    9/10 Imaginez la pire catastrophe écologique qui soit et multipliez-la par dix, vous aurez à peine le niveau d’horreur où nous emmène l’auteur de ce roman atypique. Nous entrons dans l’action qui mène à l’apocalypse nucléaire sur deux temps : d’une part sur une période de quelques semaines qui peut être un futur proche et le nettoyage de la planète deux années plus tard, par ceux qui rebondissent et justifient le titre. S’y mêlent les services de renseignements, les multinationales philanthropes, les héros fatigués … ça c’est pour l’intrigue. Cependant il s’agit avant tout d’un plaidoyer contre le nucléaire, hyper documenté, sous la plume d’un expert clairvoyant … malheureusement et toute ressemblance avec des dangers existants n’est pas fortuite ! Plus de 600 pages à donner des frayeurs, émaillées de faits vérifiables et agrémentées de nombreuses sources scientifiques dans un style accessible aux lecteurs non avertis mais néanmoins curieux. L’auteur prospectiviste, spécialisé dans les questions touchant à la crise bioclimatique contemporaine, signe ici son premier thriller … une réussite !

    04/07/2016 à 16:25 5

  • Lignes de fuite

    Val McDermid

    6/10 Lignes de fuite de Val McDermid
    Etrange construction pour ce roman … affiché thriller en 4ème de couverture, il apparaît au lecteur comme un alibi à la description de la vie tumultueuse d’une star de la téléréalité, même si l’intrigue est bâtie autour de l’enlèvement du fils de son nègre littéraire. Au hasard donc des interrogatoires du FBI, la narratrice va décrire de façon très documentée, le monde impitoyable de la jet set et du paraître. Et le lecteur de se demander … mais pendant ce temps que fait la police pour rechercher Jimmy ? Et vers la moitié du roman l’évidence est confirmée !!! Alors pourquoi 540 pages ? Parce que le lecteur s’est bien fait manipuler par l’auteur et déguste les nombreux rebondissements, jusqu’à une fin inattendue quoiqu’improbable. L’auteur a une longue bibliographie émaillée de récompenses,même si cette découverte ne me laissera pas un souvenir inoubliable, a été un agréable moment de lecture jusqu’au dénouement brutal.

    20/06/2016 à 11:06 2

  • Seuls les vautours

    Nicolas Zeimet

    7/10 Aux Etats-Unis, un village mormon au milieu de nulle part et les villageois déplorent la disparition d’une fillette de cinq ans. Et si cette disparition était un élément d’une série ? Et si ces disparitions en série étaient le fruit de la tradition amérindienne ? Plusieurs thèses vont opposer les villageois et réactiver les vieilles rancœurs entre les personnages nombreux, de plusieurs générations, qui se croisent et pour certains se détestent copieusement.
    Un très bon moment de lecture, un bon suspense au rythme soutenu, dans un environnement dépaysant de par l’époque où se situent l’action et sa localisation. C’est le deuxième roman que je lis de cet auteur, j’ai préféré « Comme une ombre dans la ville » mais il n’est pas à bouder pour autant.

    13/06/2016 à 16:36 1

  • Dynamique du chaos

    Ghislain Gilberti

    9/10 Après une pause au milieu en raison de son extrême violence, j’ai terminé le premier roman de cet auteur au style incomparable de réalisme. Que dire … c’est une histoire d’amour … mais attention « fleurs bleues » s’abstenir sous peine de défaillir rapidement. Le rythme soutenu nous entraîne à la suite du narrateur, Gys, le très déstabilisant homonyme de l’auteur, à la poursuite de Séverine, son amour improbable. C’est aussi un plaidoyer contre la drogue, très documenté, puisque cette bande de teufeurs n’a de cesse de s’enfoncer dans les enfers de la dépendance et d’accélérer sa fuite vers les « paradis artificiels »de plus en plus risqués. Le seul lucide c’est Gys mais il ira au bout du bout, en toute conscience puisqu’une espèce de schizophrénie s’est emparée de lui mêlant les actes suicidaires ou salvateurs.
    A lire en l’absence de tout syndrome dépressif, de préférence le jour !!!

    13/06/2016 à 16:07 7

  • La ligne des rats

    Sylvain Forge

    7/10 L’auteur le nomme ce roman « thriller écologique », certes mais alors vert très foncé ! Sur fond d’empoisonnement mondialisé par les géants de l’agro-alimentaire (toute ressemblance avec l’actualité n’étant à mon sens pas du tout fortuite), Nathan va chercher à prouver que la disparition de son frère n’est pas accidentelle. Il se confrontera à la traque des anciens nazis, aux armées de mercenaires à la solde de capitalisme … Il s’agit là du premier roman de cet auteur qui date de 2009, malgré quelques imperfections augure bien de la suite de la production de Sylvain Forge. Très documenté sur les sujets abordés, « la ligne des rats » ressemble à du travail de journalisme d’investigation et le lecteur d’espérer que le désastre camarguais restera pure fiction … quoique les épandages existent, je les ai rencontrés ! Bon travail Monsieur Forge !

    05/06/2016 à 11:20 3

  • Rêver

    Franck Thilliez

    9/10 Cette nuit j’ai rêvé de « rêver » … on ne sort pas indemne de cette expérience ! Le dernier Thilliez, toujours un événement, à la hauteur de nos espérances, nous entraîne aux côté d’Abigaël avec qui nous trouvons immanquablement des ressemblances. Une construction originale puisque l’ordre chronologique de l’intrigue cède le pas au hasard façon Thilliez, c'est-à-dire que l’auteur a décidé de nous perdre entre rêve et réalités mais attention … rêves à tiroirs sinon tout serait trop simple. Même si les habitués de cet auteur ont des doutes dès le premier tiers du roman, les lecteurs se disent « non, il ne va pas oser ? » et bien si … le lecteur secoué sort de la centrifugeuse en sachant le fond psychique et psychologique est scientifiquement crédible et en se demandant si un jour il peut sombrer à son tour dans la narcolepsie … au-delà de cette maladie dont l’héroïne souffre à s’en pourrir la vie, la traque au pervers est aussi malheureusement tout à fait plausible, tout comme les trafics de drogue. Presque tout y est donc, dans une région que je connais bien pour y être née et que l’auteur décrit avec réalisme et bienveillance.
    Un one-shot, Lucie et Sharko sont au repos cette année,à la hauteur de « Vertige » et avec quelques réminiscences de « L’anneau de Moebius », qui peut se lire sans avoir lu l’intégrale de l’auteur.
    Un an de travail pour ces 600 pages que l’on lit trop vite, mais comment ne pas être happé par ce style percutant et « diablement » efficace. C’est sûr Monsieur Thilliez, nous serons au rendez-vous l’année prochaine.

    30/05/2016 à 14:43 6

  • Condor

    Caryl Férey

    8/10 Entre thriller et investigation, ce roman palpitant vaut autant par son énigme très prenante que par son contexte historique des années post-dictature. Les références historiques nombreuses et documentées rappellent le film documentaire chilien de Patricio Guzmán, « le bouton de nacre », sorti en 2015. Les tribulations tragiques d’Esteban et Gabriela laissent à penser que tout n’est pas encore apaisé au Chili. Ce pays mériterait d’avantage d’attention de la part des médias et ce roman attire la nôtre par son traitement sans concession de l’actuelle société chilienne, qui oublie ses racines et s’enlise dans la corruption. Au-delà ce cette actualité, l’auteur nous rappelle que les Etats-Unis ne sont pas sans reproches bien au contraire, puisque la CIA a favorisé l’arrivée de Pinochet avec son opération « Condor ». Enfin les paysages grandioses évoqués nous appellent au voyage.
    Très bon roman donc et pour moi le premier de cet auteur de romans noirs (31 au compteur !).

    30/05/2016 à 14:13 5

  • Amandine et les brigades du Tigre

    Lucienne Cluytens

    8/10 Vous qui n’allez pas tarder à constituer votre PAL-spéciale-plage, n’hésitez pas un instant. Ce court roman est tout à fait rafraîchissant, idéal pour une pause entre deux thrillers gores. L’auteure qui a déjà commis neuf romans à suspense et participé au recueil « irradié » en bonne compagnie, nous transporte en 1909 en baie de Somme. Une jeune héroïne va à la rencontre des célébrités du moment (les frères Caudron, célèbres avionneurs, Colette et son amie de cœur, les enquêteurs des toutes nouvelles Brigades du Tigre, …) qui mêlées à la haute bourgeoisie, vont faire vivre au lecteur un épisode de la belle époque (qui n’était pas franchement belle pour tout le monde). Cette fresque est très bien documentée tant sur l’ambiance, l’histoire, que sur les modes de vie de ce début de XXième siécle. Si le ton vous plaît, n’hésitez pas à visiter aussi le monde un peu plus cruel de Lucienne Cluytens qui parle si bien de sa région.

    23/05/2016 à 14:25 4