193 votes
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L'Etoile du désert
5/10 L’ensemble, pas désagréable pourtant, ronronne plus qu’il ne détonne. La fin qui sort du cadre habituel, et voit Bosch transgresser ses limites, vient donner un peu de sel, de mordant à l’écriture mais l’impression que j’en ai eu, c’est de lire quelque chose d’assez formaté, plus que d’habitude. Ce n’est peut-être qu’une impression, mais Michael Connelly ne varie guère désormais de sa feuille de route, et il y a un côté très procédurier dans l’avancée de ses histoires ce qui fait qu’on surfe un peu sur les détails, ne sachant jamais celui ou ceux qui permettront le dénouement de l’intrigue. En réalité, la sensation exacte, c’est de lire ses romans en étant de plus en plus détaché alors que dans mon souvenir lorsque j’avais découvert Connelly au début des années 2000, j’avais l’impression d’un lien plus fort avec le personnage de Bosch.
05/09/2023 à 23:26 4
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Okavango
6/10 Comme d’habitude (« Haka », « Utu », « Mapuche », etc), Cary Ferey, l’inlassable globe-rocker breton, excelle à (ra)conter un pays, une ambiance. On sent qu’il y a passé du temps, qu’il s’est imprégné de l’endroit, des usages, des odeurs, des paysages aussi, et que, porté par son amour pour les animaux sauvages dont il rêvait déjà enfant, adolescent (« Je voulais être tueur de braconnier quand j’étais petit. Je le veux toujours. » confie Caryl Ferey), il a mis beaucoup de lui, de sa fougue, de sa candeur aussi, dans ce nouveau livre, qui ressemble presque plus à un roman d’aventures qu’à un thriller. Mais, car il y a un mais, au bout d’un moment, l’intrigue s’emberlificote. Et ses personnages semblent se déplacer d’un point A à un point B, puis C, sans vraiment que l’histoire le commande. Comme s’ils faisaient du tourisme et que la géographie prenait le pas sur le reste. Reste l’écriture souvent inspiré et un dénouement… Poignant.
23/08/2023 à 12:18 7
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Sauvez Zelensky !
8/10 Trépidant. Corsé, avec quelques scènes de cul bien amenées et de l'action, de l'action, et encore de l'action. Et des retournements de situation, des changements de direction, des leurres et des fausses pistes qui transforment ce petit thriller, bien compact en 260 pages, en un redoutable tourne-page. Pas le temps de s'ennuyer. Des phrases courtes, parfois sans verbe, qui accentuent le sentiment d'urgence.
03/08/2022 à 18:07 3
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La Flotte fantôme
8/10 Les deux auteurs, qui reconnaissent volontiers leur dette aux techno thrillers signés par leur prédécesseur en la matière, Tom Clancy (cf Tempête Rouge), signent un bouquin qu'il est difficile de lâcher une fois commencé. Un conseil, zappez juste les multiples renvois aux articles et références qui « valident » ce roman sinon leur lecture vous semblera rapidement fastidieuse, et préférez largement vous laisser "engloutir" par cette histoire où les océans sont très présents. Les chapitres sont courts, la lecture aisée quitte parfois à survoler ou lire en diagonale certaines descriptions techniques.
01/07/2022 à 17:18 1
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88
6/10 Plutôt bien foutu au début, ce thriller de Pierre Rehov (auteur et journaliste ayant réalisé plusieurs documentaires liés au Proche-Orient ou au conflit arabo-israélien) se prend très facilement en main, genre page-turner, avec vite un petit côté très filmesque/ésotérique rappelant les aventures d’Indiana Jones ou celles d’Allan Quatermain, éventuellement aussi Tomb Raider. Vous voyez ce que je veux dire…. Ca bouge donc beaucoup, partout, avec la découverte d'endroits assez incroyables et des personnages attachants mais complètement hors-sol. On est plus dans James Bond (toujours les films) que dans John Le Carré (les livres et les films) avec une héroïne et son compagnon qui semblent pouvoir faire fi des frontières
15/01/2022 à 14:02 1
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La Cour des mirages
7/10 Ambitieux, complexe, parfois barbant, souvent enlevé, ce 4ème roman de Benjamin Dierstein présenté par son éditeur comme un héritier d'Ellroy, Peckinpah et Cimino (des références littéraires et cinématographiques datées et écrasantes qu'il faut savoir et surtout pouvoir assumer !) est à la fois une bonne surprise, et aussi agaçant par certains côtés. Commençons par la bonne surprise : l'idée de mêler, d'entremêler à l'intrigue policière des éléments de l'agenda politique en cours, notamment l'affaire Cahuzac, ou les luttes intestines au parti socialiste entre pro et anti-Valls, pilotées par des conseillers en communication sans foi ni loi, donne un goût assez particulier à l'histoire qui plonge dans les méandres de la pornographie pédophile. Ce qui est agaçant ? Les valises en plomb que traînent derrière eux les deux protagonistes principaux dont la vie perso n'est pas que chargée, ni lestée, mais aussi lourde que deux Titanic en train de couler.
15/01/2022 à 07:51 6
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La Nuit tombée sur nos âmes
9/10 Peut-être un des très grands romans noirs (et politiques) de cette rentrée, avec cette qualité rare de n'être jamais donneur de leçon.
07/09/2021 à 21:27 5
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Impact
7/10 Émotion, suspense… Tout y est. Et plus encore. Olivier Norek (Code 93, Territoires, Entre Deux Mondes, Surface) surprend et signe un thriller écolo hyper efficace. Une sorte de bombe verte à fragmentation. Avec cette touche finale d’optimisme qui est (un peu) la signature de cet ancien flic (très) concerné par le monde.
22/10/2020 à 21:13 9
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La Proie
8/10 Après la parenthèse (très) réussie de L'Année du Lion, roman post-apocalyptique qui envisageait ce qui se passe en Afrique du Sud, et dans les alentours, après une pandémie mondiale ne laissant en vie que 2 % de la population mondiale, le journaliste et écrivain Deon Meyer reprend les personnages de ces polars débutés avec Jusqu'au Dernier publié en 1994. Il le fait avec un regain d'inspiration (certains de ses derniers romans commençaient à prendre du poids et à s'essouffler), délocalise une partie de son intrigue à multiples tiroirs en France, et tricote une de ses histoires dont il a l'art et la manière où se mêle la grande et la petite histoire, la géopolitique et les problèmes de couple. Ce n'est pas forcément son roman le plus brillant mais c'est plus que bien foutu et le personnage de Daniel, croisé sous un autre nom dans un de ses anciens livres, est très attachant dans sa solitude, et sa paranoïa obligée. Un polar noir, âpre et majestueux qui parfois m'a fait penser à du Sébastien Japrisot mais aussi un roman d’espionnage réussi avec une fin qui arrive à surprendre, même le lecteur le plus avisé.
14/09/2020 à 15:42 8
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Retour de service
4/10 Pénible. Incompréhensible. Chiant. Et pourtant, l'histoire commençait plutôt bien avec ce côté un peu excentrique, décalée, très british avec ce jouer de badminton maître espion. Ce Retour de Service étant pour moi l'occasion de découvrir pour la première fois celui que l'on considère comme le maître du roman d'espionnage, j'y allais sans méfiance. Avec un certain appétit même. John Le Carré prend son temps, nous décrit de l'intérieur les états d'âme de son héros, ainsi que les luttes picrocholines au sein des différentes branches des services secrets britanniques et étrangers. Le récit avance sans éclat, ponctué de quelques scènes amusante, comme une confession d'un père (Nat) à sa fille sur un remonte-pente aux sports d'hiver, ou les conversations après badminton entre Nat et Ed, fervent anti-Trump et anti-Brexit. Mais à la moitié du livre, on commence à se demander quand tout cela va vraiment démarrer.
29/06/2020 à 18:29 1
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Il était deux fois
8/10 En matière de mise en place, et de mise en situation, Franck Thilliez est plus que diabolique. C'est comme si, grand lecteur lui-aussi, il voulait sans cesse relancer l'intérêt de celui qui ouvre l'un de ses livres. Et Dieu, ou plutôt Diable, il y réussit. Avec ce one-shot qui fait pourtant écho dans sa 2ème partie à l'un de ses précédents romans (Le Manuscrit Inachevé, que je n'ai pas lu, mais rassurez-vous, cela ne nuit aucunement à la découverte de celui-ci), l'écrivain nordiste brasse tous les thèmes qui lui sont chers, quitte à vous envoyer sur quelques fausses pistes et à ne pas livrer toutes les clés de certains phénomènes étranges qui viennent émailler cette histoire. Vous y trouverez donc du fantastique, du confinement, des lieux étranges et sordides, des personnages abjects, mais aussi des clins d'oeil à Bernard Minier (l'auteur de Glacé qui sort ces jours-ci... La Vallée), des allusions à Stephen King et quelques-unes de ses obsessions, comme un certain cygne noir. Ultra-efficace, fignolé avec un duo d'enquêteurs forcés de travailler ensemble malgré eux, ce nouveau roman vous brûlera vite les doigts. S'il y avait un bémol à signaler, c'est que la fin, si elle s'avère surprenante (et tant mieux !), s'emballe tellement vite que le ou les méchants restent un peu désincarnés, trop in-humains d'une certaine façon.
02/06/2020 à 00:38 13
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Vindicta
8/10 8 ou 8,5/10... Jusque-là, après une tentative infructueuse, j'évitais avec soin les romans de Sire Cédric, devenu Cédric Sire. Trop gothiques, trop fantastiques pour mes goûts. Autant dire, ou plutôt écrire que j'ai ouvert Vindicta avec un peu de circonspection, prêt à tout remballer. Mais bon, l'avis enthousiaste d'une proche, puis d'une libraire énamourée de Cédric Sire, tout cela m'a poussé à persévérer. Et bingo ! Précision, en inversant l'ordre de son nom et prénom, Cédric Sire a voulu aussi marquer une nouvelle étape dans son écriture. Vindicta fait partie de ces thrillers qui vous hantent et que vous avez beaucoup de difficultés à lâcher. Lu l'été dernier, j'ai du le ratiboiser en trois jours maxi. Côté écriture, cela mériterait parfois d'être un peu plus resserré, mais cela reste très agréable à lire. Les chapitres sont courts. Efficaces. Côté personnages, c'est aussi parfois un peu leste. C'est à dire que les personnages sont silhouettés, parfois un peu improbables dans leurs aspérités mais il y a quelque chose. Voilà pour les petites critiques... Mais côté imagination et mécanique, difficile de ne résister à la cavalcade dans laquelle vous entraîne l'auteur. Juste bluffant, ultra maîtrisé, et abominablement noir et sans espoir.
23/05/2020 à 21:38 8
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Les Cicatrices
7/10 oujours aussi implacable et effrayant. Economie de mots, de descriptions, l'écriture de Claire Favan va à l'essentiel, un peu trop parfois. On (c'est à dire moi ;-) !) aimerait qu'elle prenne parfois son temps pour donner plus de relief à ses personnages mais sa grande force, c'est le pouvoir de son imagination. Rien n'est inenvisageable dans ses livres, et si cette fois, j'ai un peu senti venir le truc aux deux tiers du roman, on reste souvent soufflé par son culot, sa noirceur et surtout ses personnages féminins qui osent vraiment tout. Des huit thrillers ou polars publiés par cette auteure française, Les Cicatrices n'est peut-être pas mon préféré (le plus dingue étant, à mon avis, Dompteur d'anges, paru en 2017), mais cela reste très au-dessus de la plupart de ce que j'ai lu récemment. Du noir qui ne fait pas semblant et vous tabasse jusqu'au bout.
21/05/2020 à 05:56 4
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L'affaire Clara Miller
8/10 L’auteur des Limbes entraîne le lecteur dans un polar étrange, insidieux mais très maîtrisé sur les ravages de la célébrité. Ce qui est étonnant dans ce livre, c'est que tout semble familier mais pas tant que cela... Déjà, ce Mike Stilth dont la silhouette évoque un loup alpha que l'âge commence à rouiller, un type dont on arrive difficilement à savoir si c'est une saloperie ou une victime. Même chose pour Paul, le journaliste de faits divers dont la vie bascule après une interview avec cette rockstar adulé. L'écriture de Bal est très évocatrice, les paysages se dessinent sans mal sous les yeux du lecteur, comme les caractères. Une drôle de thriller, assez singulier pour être difficilement rattaché à ce qui se fait en France. J'ai pensé (un peu) pour l'atmosphère au Signal de Maxime Chattam lu l'an dernier, ou encore à un Stephen King mais sans que cette Affaire Clara Miller ne soit jamais un copié/collé. Plutôt une évocation avec un vrai charme insidieux
19/05/2020 à 18:42 5
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La Fabrique de la terreur
8/10 .. ET C'EST COMMENT ?
Avec un vrai brio, mais surtout avec une construction implacable, l’écrivain Frédéric Paulin décortique une guerre qui n’a pas cessé, n’est sans doute pas près de cesser, une guerre que l’on ne sait pas toujours très bien nommer, ni très bien situer. Pour donner un point de comparaison, Frédéric Paulin serait un peu l’équivalent de l’écrivain américain Don Winslow lorsque celui-ci écrit sur la politique, la drogue, les Etats-Unis, les narcos dans les difficilement contournables La Griffe du Chien, Cartel et La Frontière, sauf qu’ici le territoire géographique de ce Parisien devenu Breton d’adoption, c’est le Maghreb et la France. Comme le confie, Frédéric dans une interview remontant à 2019 publiée sur ce blog : « La littérature, ce sont des mots qui ont un sens, qui donnent un sens à la vie parfois. Un bon livre, c'est suffisamment de mots qui ont un sens, les uns à la suite des autres. » S’il y a un roman noir à découvrir en ce drôle de printemps, c’est cette Fabrique de la terreur. C’est dense, mais c’est écrit à hauteur d’homme.18/05/2020 à 18:08 9
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Un jour, tu paieras
6/10 Un thriller assez court (260 pages) dont, en gros, les deux premiers tiers se laissent avaler sans effort. L'écriture est fluide (beaucoup de dialogues), pas de fioritures, les personnages plutôt bien campés, et Pétronille sait doser ses effets pour faire basculer son lecteur d'un point de vue à l'autre sans l'égarer. Alors... Alors, quoi ? Un dernier tiers qui ne tient pas vraiment la route, tellement téléphoné ou plutôt tarabiscoté qu'on finit par survoler l'histoire et se désintéresser des ultimes rebondissements. Comme si cela n’avait plus d’importance, et tout s’empilait jusqu’à ce que : pschiiiit. Dommage, car je confesse sans mentir que je m'étais laissé guidé en douceur et que j'espérais sinon une fin en apothéose, au moins une intrigue bien bouclée. Un mois après l’avoir fini, j’ai refait trois petits tours sur les premiers et derniers chapitres par acquis de conscience, mais non… Ca coince. Par contre, le début est toujours aussi (sur) prenant. En résumé, une auteure à suivre, mais encore un peu tendre.
17/05/2020 à 19:07 5
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City of Windows
9/10 Juste impossible à lâcher. Le vrai bouquin qui se dévore. Chaque fin de chapitre vous donne une irrépressible envie de commencer le prochain. Est-ce que c'est bien écrit ? Oui, sans doute mais c'est surtout construit comme une nasse. Au début, vous vous y plongez en prenant un peu de marge et en vous disant "Bon, ok, un bon petit polar qui ne casse pas des briques." Mais voilà, dès que vous avez glissé le début de l'extrémité d'une nageoire, pardon, d'un membre, vous serez irrésistiblement attiré vers la fin. L'auteur canadien de L'Invisible (2012) et des Innocents (2015) n'est pas du genre à gratter du papier à tire-larigot, mais ce fan de Motörhead (vraiment ?) réussit avec ce 3ème roman un petit exploit. Le meilleur polar ou thriller paru en ce début d'année, écrit en pesant vraiment ces mots.
30/03/2020 à 23:10 12
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Une fille comme les autres
9/10 Tout le talent de Ketchum (qui emprunte son pseudo à Jack Ketch, le nom d'un bourreau anglais du XVIIème siècle particulièrement craint) est de faire monter la température peu-à-peu, comme si vous étiez un simple crustacé plongé dans une casserole d'eau bouillante. Quand vous serez cuit, il sera déjà bien trop tard. Le genre de lecture à éviter seul la nuit, sinon insomnie garantie.
07/02/2020 à 19:20 6
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De bonnes raisons de mourir
6/10 ... Tout ce qui concerne la vie en Ukraine sonne véridique mais pas dans le sens journalistique, presque vécu, et c'est un plaisir de se plonger dans le début de ce roman plutôt original quant à sa géographie (Franck Thilliez s'y était intéressé avec l'intrigue d'Atomka en 2012). Par leur côté très cinématographique, les meurtres du ou des tueurs en série à l'oeuvre dans ce 2ème livre de Morgan Audic (Trop de morts au pays des merveilles) m'ont paru très tarabiscotés, particulièrement élaborés, mais j'avoue que quelques mois après la fin de ma lecture, j'ai complètement oublié l'intérêt qu'avait l'assassin a signé son passage avec des oiseaux empaillés....
27/01/2020 à 15:47 4
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Cari Mora
3/10 Chiant est ici un euphémisme. Et pourtant, c'est bien Thomas Harris (j'ai revérifié dix fois le prénom et le nom sur la couverture), oui, Thomas Harris, l'auteur de Dragon Rouge, du Silence des Agneaux, de Black Sunday et d'Hannibal. Que des titres qui claquent, certains étant même entrés dans la culture populaire grâce aux films qui en ont été tirés. Mais là, qu'est-ce qu'il a pris à Thomas Harris de publier ce livre qui ressemble à un brouillon, une sorte de série Z insipide avec une héroïne à laquelle on n'arrive absolument pas à s'attacher et un grand méchant caricatural (Son fantasme ? S'introduire dans la villa d'Escobar en tenue de latex blanc "dérobée" lors d'une convention sadomaso... Je vous laisse méditer sur l'intérêt de dérober ce genre de combinaison lorsqu'on est une sorte de terroriste international). J'ai tenu jusqu'à la page 71.
13/01/2020 à 00:21 2