Alice

318 votes

  • Shit !

    Jacky Schwartzmann

    8/10 C’est bien la 1ère fois que je suis les aventures d'un CPE dans un collège ! Qui se douterait que cet emploi puisse être aussi épique !?
    Un récit dynamique avec de nombreuses touches d’humour qui chatouillent ta France nous permettent de suivre l’évolution de chrysalide à papillon de Thibaut, jeune diplômé de l’éducation nationale, altruiste en pleine évolution.
    Le récit passe de rebondissements en surprises, l’auteur utilise le cliffhanger entre les chapitres et la vraisemblance est aussi malmenée que notre Thibault, mais peu importe puisque nous passons un excellent moment de lecture.
    Et oui ! cette couverture n’est pas à la hauteur du livre, qu’est-ce qu’elle est moche !

    23/05/2024 à 16:53 10

  • Et chaque fois, mourir un peu

    Karine Giebel

    10/10 Mais quelle claque ! Magistrale, retentissante, douloureuse…Mais quel livre ! waouh…

    A ceux qui découvre que Karine Giebel n’est pas une auteure feel-good, je dis : « bravo ! vous avez mis le temps mais vous avez fini par comprendre… »
    Les personnages de Karine Giebel ne sont pas des gens ordinaires, pas question de parler de madame ou monsieur tout le monde. D’autres auteurs, non moins talentueux savent mettre la vie ordinaire dans de très bons romans, pas Karine Giebel…
    Son talent, c’est la démesure, son héros est un HÉROS, il ne vit que pour apporter sa pierre à l’édifice de l’humanité. Infirmier dans l’humanitaire, il va dans les pays en guerre ou qui ont subi des catastrophes climatiques et ce qu’il vit, voit, ou ressent est extrêmement violent.
    Ce livre est une fiction, un roman très bien documenté mais il ne faut pas se leurrer, nous savons bien qu’il s’agit d’atrocités réelles, que l’auteure n’est qu’à un cheveu du documentaire_ Elle rend d’ailleurs un bel hommage à Denis Mukwege, prix Nobel de la paix en 2018, qui n’est pas du tout un homme de papier.
    Est-ce cette vérité-là qui rend tant de lecteurs réticents en argumentant qu’elle n’écrit pas comme d’habitude ?
    Son livre n’est pas un catalogue des guerres et des atrocités de 1992 à 2010, son sujet reste son héros, Grégory, qui évolue par ce qu’il vit, chronologiquement, Karine Giebel nous raconte l’histoire d’un homme de tous les extrêmes, de tous les excès (ils ont toujours été comme ça ses personnages) et nous savons tous où nous mènent les excès… forcément !
    Ce livre m’a fait perdre appétit, notion du temps, sens des responsabilités, j’ai adoré, c’est un euphémisme !
    La fin est ouverte et j’attends la suite de pied ferme … en me demandant quand même comment elle va faire pour égaler voire surpasser ce premier tome !?

    16/05/2024 à 15:01 7

  • La Mariée de corail

    Roxanne Bouchard

    8/10 Je n’ai pas très bien noté le 1er opus de cette série qui n’est qu’une ouverture à ce deuxième volume qui m’a bien davantage enchantée. Bien mieux écrit, une intrigue bien plus développée avec la question féminine qui reste sous-jacente, des éternelles discriminations ou injustices qu’elles doivent subir.
    Cette fois, j’ai embarqué avec plaisir dans cette enquête de l’étonnant inspecteur Moralès, mexicain d’origine perdu dans ce coin de Canada qui parait si loin de Montréal… Il faut dire que ce personnage m’est apparu tellement plus sympathique grâce à l’aide de son fils, venu le rejoindre sous le prétexte « d’expérimentations culinaires ».
    Cette histoire tourne autour de la mer, de la pêche et des femmes… de nos héros qui ont tout à (ré)apprendre de leurs relations avec les femmes. Il s’agit également de mettre en poupe la façon dont ce monde les traite lorsqu’elles veulent être libres ou pratiquer une activité que les hommes se réserve.
    Beau livre qui unit poésie, émotions, mais aussi des pointes d’humour aussi légères que des bulles dans un récit qui reste pourtant assez dramatique.

    13/05/2024 à 18:02 5

  • Nous étions le sel de la mer

    Roxanne Bouchard

    6/10 Au début je n’ai pas compris grand-chose et j’ai même failli abandonner … tout partait à vau-l’eau : trop de dialogues parlés complétement obscurs, noyés de régionalismes québécois, trop d’ellipses, trop d’enchainement d’évènements qui ne s’expliquaient pas… j’étais larguée !
    J’ai tenu bon à la barre quand même et à partir de la moitié de cet ouvrage, j’ai petit à petit sorti la tête de l’eau… le brouillard s’est fait moins dense et les éléments de l’intrigue sont devenus plus compréhensibles, la réaction des personnages également. Cette avarie, peut-être volontaire, s’amenuise au fil de la lecture.
    Cet opus est une bonne introduction à « La Mariée de corail » que j’ai enchainé à la suite et qui est bien meilleur dans son écriture.
    Pour en revenir à ce premier volume, je dirais qu’il vaut mieux le lire avant d’aborder la suite car on fait connaissance des personnages, de la Gaspésie, du milieu des « pêcheurs français canadiens que la pêche ne rend pas riches », de la plume poétique de l’auteur_ qui me fait un peu penser à celle de Fred Vargas, même si l’intrigue principale est, à mon sens, mal développée, l’enquêteur énervant à force de ne pas poser les bonnes questions et à ne pas agir pour nous éclairer nous, les lecteurs…

    22/04/2024 à 14:07 2

  • Lux

    Maxime Chattam

    7/10 Maxime Chattam n’a pas son pareil pour faire exister des univers, des personnages hors du commun, plus vrais que nature, auxquels on croit et on s’attache. Sa plume est rôdée et dès les premières lignes on est assuré de passer un bon moment.
    Ce livre ne fait pas exception, néanmoins, je l’ai trouvé plus bavard que d’habitude et j’avoue que j’ai trouvé bien long certains déroulés sur des théories psycho-environnementales, scientifiques, théologiques, en gros les exposés de Ronnie, l’américain Asperger…
    Longues aussi, les déambulations de Romy sur Lux, ses explorations de la plateforme : elle monte, elle descend, elle trouve les accès, elle est coincée, elle reprend un autre escalier. Elle m’a donné le tournis, remplissant des chapitres vraiment pas indispensables.
    Un roman qu’on pourrait qualifier de bien actuel, 100% dans l’air du temps, avec une héroïne à l’aise avec les réseaux sociaux, en phase avec son identité, plutôt originale et un sujet proposant une contribution littéraire non-manichéenne aux vastes problèmes du changement climatique et des stratégies géopolitiques.

    15/04/2024 à 14:16 3

  • Territoires

    Olivier Norek

    8/10 Le week-end dernier, dans une file à Quais du polar, je sors mon exemplaire de « Territoires » que j’ai tant tardé à lire alors qu’on me chantait ses louanges un peu partout, c’est que le sujet : les banlieues, les émeutes, la violence dans le 93 ne m’attirait pas du tout. J’ai bien fait d’ignorer mes « a priori » et j’ai découvert un groupe de policiers attachant, la vie d’un commissariat du 93, son quotidien, le tout mis en scène par un ancien flic donc vraisemblable.
    Une jeune fille m’interpelle (dans la file) : « Ah oui très bien celui-là ! J’ai adoré mais y a un truc que je ne pourrais jamais oublier… le truc du chat… c’était gratuit ! » je lui fais : « Tsss… ne me spolie pas ! »
    J’ai fini et me dit qu’elle avait raison, les magouilles politiques, la manipulation médiatique, la violence des émeutes font un bon sujet de roman malgré tout … surtout si on a le talent d’y faire évoluer des personnages aboutis, humains que l’on a plus envie de quitter ou que l’on a hâte de retrouver… mais, ce roman restera dans ma mémoire à cause « du truc du chat » !

    11/04/2024 à 16:22 8

  • Furie

    Alex Michaelides

    7/10 Ce livre est un hommage à la grande Agatha, l’auteur l’exprime explicitement dans un récit plutôt original ne manquant pas de courage littéraire. Une forme peu habituelle donc avec un discours à la 1ère personne, pas forcément toujours fiable ou chronologique sur le ton d’une conversation autour d’un verre. À souligner, un beau twist final bien à la manière de la reine du crime.
    J’ai moins apprécié le style un peu poussif et manquant de fluidité de l’auteur. Prenant le parti de raconter son récit du point de vue d’un des personnages, celui-ci manque d’épaisseur, même si son évolution est expliquée par ses retours sur l’enfance, si le cours de sa vie est décrit, il manque quelque chose, les flash-back ne sont pas pertinents et tout son discours semble superficiel voire artificiel.
    Je retiendrai donc le "tribute" à la maitresse du cosy crime et l’audace déployée pour dévier jusque ce qu’il faut du plan attendu et fournir un livre plutôt étonnant.

    08/04/2024 à 10:56 3

  • Trois jours et une vie

    Pierre Lemaitre

    7/10 N’étant pas une grande familière de Pierre Lemaitre que je ne lis que pour la 2ème fois, j’ai apprécié ce roman centré sur l’existence d’un jeune garçon qui doit réagir après une réaction aussi impulsive que violente. L’auteur décrypte avec finesse la vie d’une bourgade provinciale où les postes de travail ne sont pas si nombreux, où tout le monde se côtoie, se défie, s’observe, s’apprécie ou se déteste. Beaucoup de justesse et de subtilité dans la plume de l’auteur qui dépeint ces figures ordinaires, il y a là presque du Balzac ou du Flaubert.
    La catastrophe de fin 1999 est décrite et pour ceux qui ont plus de 30 ans, la retranscription de cet évènement ravive peut-être des souvenirs donnant encore plus de réalisme au récit.
    Néanmoins, certains passages sont un peu longs et font perdre beaucoup de dynamisme au récit.
    Personnellement, que ce soit au cinéma ou à l’écrit, je ne sais pas apprécier les passages de délires ou rêves quand des actions non réelles sont suggérées, que des possibles soient explorés dans l’esprit des protagonistes entre fantasmes et réalité déformée, souvent dans une dimension excessive. Ce processus apparait à plusieurs reprises dans ce roman et évidement ce n’est pas ce que je préfère.

    03/04/2024 à 15:05 4

  • Le Dernier Festin des vaincus

    Estelle Tharreau

    8/10
    La critique dithyrambique de El Marco, m’a donné envie de découvrir cette histoire. Bien m’en a pris. Je partage également ce sentiment qu’il s’agit avant tout de l’exposition d’une situation scandaleuse : l’acharnement de la civilisation blanche sur les populations autochtones au Canada, leur volonté de les contrôler en détruisant leur culture originelle. Le poids du puissant écrasant le plus faible, le vaincu…
    Néanmoins, ce n’est absolument pas un réquisitoire culpabilisant. Estelle Tharreau nous dépeint une intrigue laissant une bonne place aux personnages. Parmi eux, un enquêteur au profil assez original, en effet pour une fois, nous sommes face à un fonctionnaire qui vit très bien le « pas de vagues », pas d’excès de zèle mais qui a juste envie de faire son travail de la façon la plus honnête et régulière qui soit. Il est redoutable ! on s’y attache et on aurait aimé le suivre (je ne pense pas que ce soit prévu, malheureusement).
    En somme, l’auteur a un style très fluide, plutôt épuré, les chapitres sont courts et le récit avance vite. Une lecture confortable, une histoire bien construite, un contexte dépaysant, du noir ce qu’il faut …et une lectrice captivée... elle aussi dans l’œil du caribou.

    02/04/2024 à 19:16 4

  • Tout le bleu du ciel

    Mélissa Da Costa

    7/10 Je voulais découvrir l’auteur la plus lue en France, celle qui vient de détrôner Guillaume Musso. Évidemment, le genre « feel good book » n’est pas le style préféré des lecteurs de PP et le mien non plus d’ailleurs… poussée par la curiosité et persuadée que « populaire » n’est pas synonyme de « médiocre », j’ai découvert une histoire facile à lire, pas désagréable du tout.
    Les personnages sont assez attachants, et tellement identifiables à monsieur, madame tout-le-monde, à votre meilleur(e) ami(e ) ou au fils de la voisine, cet aspect révèle le point fort de l’autrice. Aucune personnalité hors du commun mais « ordinairement » sympathique et une intrigue sans fait exceptionnel. On pourrait aussi bien lire le journal intime de sa sœur/son frère… On s’y retrouve car cette histoire parle de nous, des gens qui font de la randonnée, qui ont des ampoules au pied, qui vont aux toilettes, qui ressassent de vieux souvenirs de fac, d’école ou de moments passés avec des exs, qui revivent des moments heureux ou douloureux de leurs vies…
    Ce n’est pas renversant mais on lit cette histoire sans déplaisir et par moment les descriptions des Pyrénées, des villages de Mosset, d’Eus, de Lescun ou de la falaise aux vautours et d’autres endroits sont réellement réussies et donnent envie de découvrir ces lieux.
    En définitif, pourquoi pas après un volume sanglant, une bonne histoire alambiquée dont on raffole, ou un livre coup de poing, retrouver cette joie simple de découvrir une aventure de vie qui pourrait être la nôtre.

    29/03/2024 à 12:46 2

  • Quand sort la recluse

    Fred Vargas

    8/10 J’adore l’ambiance onirico-réaliste pas mal mâtiné de fantasque de Fred Vargas.
    Cette histoire d’araignée ne fait pas exception. Évidemment pas vraiment crédible, mais tout à fait logique ou plausible, on découvre un récit qui lie les petites bêtes à ces femmes victimes de pratiques moyenâgeuses qui consistaient à enfermer des êtres vivants entre 4 murs que ce soit pour un châtiment ou pour une recherche de rédemption…
    Et puis j’ai eu plaisir à retrouver ce commissaire Adamsberg, ses réminiscences, ses états d’âme, son esprit tortueux connaissant si bien le système de pensée des criminels mais aussi cette fois, son énergie pour garder la tête de sa brigade si particulière et originale.
    Un livre avec un vrai suspens, envoutant et comme toujours empreint de délicatesse et d’intelligence.

    25/03/2024 à 17:03 4

  • Le Fils du père

    Víctor Del Árbol

    8/10 L’auteur nous retrace les vies de trois hommes : le grand-père, le père et le fils, l’histoire d’une lignée de salopards, d’hommes debout, vivants jusqu’à la rage (ce qui est différent de la rage de vivre).
    Pas des personnages que l’on peut admirer mais violents, courageux, injustes, mâles vautrés dans le mal mais aussi touchants par moment, profondément humains et frappés par un genre de malédiction familiale.
    Cette fresque vous marque…. Et pourtant pendant les cinquante premières pages, je n’étais pas emballée, ensuite j’ai été happée par un récit magnifique de chapitres entrelacés par les épopées de ces trois hommes. Une excellente lecture, une écriture très mâture, un style qu’on pourrait qualifier de littéraire sachant rester fluide.
    Quant au récit, qu’on pourrait craindre répétitif, ce n’est pas le cas. Il y a néanmoins beaucoup de personnages puisque nous sommes sur une longue période temporelle et trois personnages centraux, cela demande au lecteur une certaine attention.

    18/03/2024 à 17:03 7

  • Veiller sur elle

    Jean-Baptiste Andrea

    9/10 Une merveilleuse ode à l’Italie ! Je suis vraiment sous le charme de ce livre. Une histoire qui vous captive et une plume qui vous fait vivre le récit avec ses paysages, ses couleurs, ses lumières, ses odeurs, ses sensations, nous sommes dans la peau de Mimo, un sculpteur de génie. On sent avec lui la grâce qu’il a dans ses mains, sa compréhension intuitive du mouvement qu’il inscrit dans le marbre.
    J’étais à fond dans ce roman, un vrai coup de cœur que je ne lâchais qu’avec regret pour accomplir mon morne quotidien… il m’arrivait même d’y repenser en journée avec un petit sourire et un « vivement ce soir ! » qu’on pourrait adresser in petto à un amant fougueux …
    Fi de digression ! On pourrait lui reprocher un survol trop rapide des évènements historiques de ce XXe siècle, quelques longueurs, un sens un peu exagérément exacerbé du drame, ces défauts sont très secondaires et je dois dire, n’ont pas du tout diminué mon plaisir de lecture.
    Pour conclure, je vous encourage à découvrir ce prix Goncourt 2023 tout à fait mérité même si on s’éloigne des textes habituellement mis en avant par PP, nous ne sommes dans aucun des sous-genres du roman policier, nous lisons un chef-d’œuvre en toute simplicité…

    03/03/2024 à 20:56 4

  • Un Homme dangereux

    Alexandre Kauffmann

    8/10 J'ai dévoré ce récit de non-fiction en deux jours avec une grande curiosité.
    Des chapitres courts, incisifs, une écriture journalistique qui se traduit par un compte-rendu des faits ouvrant la porte aux émotions, à l'étonnement, à l'indignation du lecteur. Le style d'Alexandre Kauffmann me rappelle celui d'une autre journaliste, Elise Costa qui avec son podcast "Fenêtres sur cours" relate les faits en glissant subtilement son ressenti des procès d'Assise auxquels elle assiste. (Ses podcasts sont excellents, je vous les conseille vivement, ils sont courts et percutants comme des coups de poing dans le ventre...).
    L'auteur s'interesse aux UMD, unités pour malades difficiles, et essaye de suivre la trace de l'homme le plus dangereux de France, le fascinant Bosco Gamba. L'auteur enquête, se heurte au secret médical et s'engage par moments sur de fausses pistes, nous fait naviguer entre deux époques : aujourd'hui et le début des années 2000. Peu à peu nous découvrons les agissements et crimes de Bosco, Alexandre Kauffmann nous livre les grandes étapes de sa poursuite, Bosco ne se laisse pas approcher facilement.
    Néanmoins, en refermant ce récit de non-fiction, j'ai bien un regret, une sensation personnelle, je trouve que nous restons sacrément sur notre faim.

    28/02/2024 à 11:12 2

  • Panorama

    Lilia Hassaine

    7/10 Un roman dystopique, non, plutôt une utopie qui tourne mal.
    L'intrigue se déroule en 2050 à partir d'évènements qui se sont emballés en 2029. Le peuple a pris le pouvoir, une démocratie plus que directe. Le sort des contrevenants à la loi est fixé par des votes sur les réseaux sociaux. Des quartiers de maisons transparentes sont fondés, tout le monde voit tout le monde, le moindre de vos actes doit être conforme au Bien défini par la grande majorité de vos contemporains.
    Dans ce monde idéal, la police n'a plus lieu d'exister, la criminalité a quasi disparue, notre héroïne est donc gardienne de l'ordre et c'est à travers son regard qu'on découvre la France de 2050. Son nom Hélène Dubern(ée) !?
    La transparence a formé des êtres consensuels dont la disparité, l'individualité se disolvent dans une société froide et parfaite. L'écriture est le reflet même de l'ambiance de ce livre, très classique, sobre, détaillée, intelligente mais ... froide.
    Tout est tracé au cordeau dans ce récit et on ne peut qu'être admiratif. Même le dénouement est d'une logique implacable...Ce qui ne veut pas dire prévisible, j'avoue que je ne l'avais pas vu venir !
    Les chapitres sont courts et facilitent la lecture.
    En conclusion, un roman tellement rationnel, ciselé dans ses détails qui me laisse une drôle d'impression... comme si la perfection tuait la passion. Je suis incapable de trouver un défaut à ce livre et pourtant je ne suis pas complètement séduite.

    28/02/2024 à 10:40 5

  • L'Île de Yule

    Johana Gustawsson

    6/10 C’est en cherchant le titre original de ce roman, habitude de lectrice curieuse, que j’ai découvert qu’il avait été écrit en français par une marseillaise d’origine. Du simili-nordique en somme malgré le nom de l’autrice et de nombreux indices trahissent ce manque du petit-quelque-chose que nous aimons tant dans les romans scandinaves. Tous les éléments pour aborder les travers d’une société sexiste sont réunis et puis…rien. Le sujet est vaguement survolé, on est bien loin de Stieg Larsson ou de bien d’autres plumes nous projetant le miroir critique du monde actuel.
    Nous trouvons des notes en bas de pages sans réel intérêt pour nous éclairer sur la gastronomie suédoise mais aucune mention sur le mode de vie sous les latitudes polaires. L’utilisation des éléments de la mythologie scandinave sonne comme des leçons apprises par une bonne étudiante pour donner de la consistance à son récit mais pas comme chez un auteur qui en est imprégné par son identité même.
    Néanmoins, s’il manque à ce livre la même saveur scandinave authentique que celle des boulettes Huvudroll de l’Ikea de Metz, il n’en est pas pour autant mauvais. L’autrice développe son récit sous la forme d’un roman choral, le titre du chapitre nous éclaire sur le développement de tel ou tel protagoniste. J’aurais trouvé bien plus subtil un changement de style lexical pour Karl ou Emma, qu’ils n’emploient pas le même type de vocabulaire, que leurs personnalités soient plus tranchées afin que le lecteur puisse de lui-même ajuster son lorgnon.
    Bref un ton bien trop consensuel mais un suspens bien mené, des rebondissements bien amenés, des chapitres courts et dynamiques, une volonté bien marquée d’être dans l’air du temps avec des références récentes en font une lecture plutôt agréable.

    11/02/2024 à 22:09 5

  • 1Q84 Livre 1

    Haruki Murakami

    8/10 Un récit effectivement très digressif comme le souligne Fredo, mais moi, j'ai toujours aimé qu'on me raconte des histoires et j'ai une patience d'ange du moment que l'écriture est agréable et pleine de délicatesse. On suit deux histoires en parallèle, deux héros, un homme et une femme sensiblement du même âge, deux problématiques qui n'ont pas de rapport à première vue. Le récit s'attarde sur la violence faite aux femmes, sur la punition juste, sur l'honneteté littéraire, la difficulté de devenir écrivain (une mise en abyme ?), sur le monde sectaire... l'auteur y met une pointe de fantastique et le lecteur reste toujours sur sa faim. On y découvre un peu de culture japonaise loin des mangas, une touche d'exotisme que j'ai su apprécier également.
    Dans l'ensemble, il est quand même difficile de parler de ce roman car après la fin du premier volume, je dirai que j'ai vogué avec un certain plaisir sur le texte mais je ne sais pas bien où on va, quel était le message de l'auteur, quel lien entre les deux récits. Je vais embarquer pour le deuxième volume surtout motivée par le style de l'auteur qui dépasse pour moi l'attrait du suspens.

    02/02/2024 à 14:20 6

  • Le Silence

    Dennis Lehane

    9/10 J’ai presque tout lu de Dennis Lehane (avec avidité) et pour moi, son génie, son immense talent, n’est certainement pas à remettre en question, ma note ne peut osciller qu’entre 9 et 10. Le style de ce livre reste à la hauteur de tout ce qu’il a pu écrire et le message intrinsèque de l’ouvrage est indiscutablement fort puisqu’il propose une dissection très fine du racisme…
    Et s’il s’agit réellement du livre final de Dennis Lehane, avant qu'il ne se consacre uniquement à l'écriture pour le cinéma, je me dis que c’est vraiment dommage car il n’y a qu’à travers le roman que certaines idées peuvent transparaitre et s’exprimer, la description subtile de certains états d’âme sera difficilement retranscriptible en image.
    Ayant assistée à sa conférence 2024 à Quai du polar, il s'en explique ainsi : un personnage qui traverse une pièce pour le cinéma, ça s'écrit comme ça, tout simplement alors que ce personnage qui traverse une pièce dans un roman lui demande un tas d'efforts et de temps pour la description de la pièce, de l'état d'esprit de ce personnage etc...

    Le personnage de Mary Pat n’est pas loin de celui d’Angela Gennaro entre sensibilité à fleur de peau, courage et force, bien entendu elle fait partie de ces personnages de fiction qui nous marque, dont on se souvient et qui forme la colonne verticale du récit.
    « Le Silence » ou « Shut up island », que dire de ce titre ? Il s’agit plutôt de l’omerta, sans doute que le mot italien ne correspond pas à cette communauté irlandaise mais c’est bien de ce concept qu’il s’agit, des codes, des non-dits, tout ce qui se sait par tous au-delà de la formulation effective, et puis, il y a cet évènement, cet individu, ce grain de sable qui grippent cet équilibre malsain et rien n’est plus comme avant…

    18/12/2023 à 12:02 9

  • Cher connard

    Virginie Despentes

    8/10 Voilà l’une de nos auteures les plus controversée, ultramoderne voire révolutionnaire qui renoue avec un genre à la vogue au 18e siècle : le roman épistolaire !
    Alors, que valent ses « Liaisons dangereuses » ?
    V.D. reprend le phénomène de société explosif né en 2017, MeToo et l’explore, le décrypte, l’explique à sa façon à l’aide de différents regards, Oscar l’écrivain quarantenaire à succès, Zoé la trentenaire féministe, maitresse des réseaux sociaux, et Rebecca l’actrice emblématique, encore pas mal pour son âge mais qui peine à trouver des rôles.
    Les échanges sont sans concession et on a plaisir à suivre cette partie de ping-pong (de boxe ?), malheureusement le sujet s’essouffle par moment, certains passages sont longs. Au fil des lettres une certaine amitié se forme entre Oscar et Rebecca. Chaque personnage évolue, progresse en passant par ce qu’on pourrait nommer une certaine rédemption ou un passage à la sobriété tout simplement, qui permet de se retrouver.
    J’apprécie VD car elle m’ouvre les yeux et me fait m’interroger sur ces fondations encore solides de la logique du patriarcat qui gouverne nos vies personnelles ou professionnelles, si insidieuses, si acceptées malgré le sens exacerbé que nous pouvons avoir pour reconnaitre ce qui est juste !

    14/11/2023 à 16:20 1

  • En attendant le jour

    Michael Connelly

    7/10 Je suis une grande fan de Harry Bosch et j'avais peur d'être déçue par ce nouveau personnage.... et puis pas du tout ! Tout le long de roman nous découvrons cette héroïne qui plaira autant aux lecteurs qu'aux lectrices. Au fil des pages nous entrevoyons son passé lointain à Hawaï, plus récent avec les faits ayant entrainés sa rétrogradation dans la police, sa conception de la vie et de son métier, sa loyauté envers ses collègues... En tournant une page encore, nous apprenons qui est Lola.
    Renée a indubitablement des similitudes avec Bosch... Peut-être trop ? Il aurait été intéressant de découvrir un anti-héros (je lance ça là...)
    Deux enquêtes sont développées mais ce n'est pas du meilleur Connelly, d'où ma note...
    Néanmoins, j'ai vraiment apprécié ce livre qui m'a bien distraite pendant mes vacances, me donnant envie de faire du paddle sur le Léman.... eh, tout le monde n'a pas le bleu du Pacifique dans le sang !

    23/08/2023 à 22:24 7