316 votes
-
Connemara
7/10 L’auteur surfe indubitablement sur les vagues du succès de « leurs enfants après eux » mais cet opus n’en possède ni le charme ni l’intensité. Des allers-retours entre les années 90 et aujourd’hui suscitent en nous de la nostalgie tant cette période juste avant l’explosion d’internet et des réseaux sociaux a fait de nous ce que nous sommes aujourd’hui.
Et pourtant, les tergiversations, doutes, crise de la quarantaine de notre héroïne ne sont ni exceptionnels ni pleinement passionnants : il ne s’agit finalement que d’une Emma Bovary des années 2020…
Beaucoup de réflexions sur la vanité des emplois des consultants, de toutes ces boites payées bien trop cher promettant la performance, l’efficience, gros bénéfices aux entreprises à condition qu’elles souscrivent à des restructurations illustrées par powerpoint, tableaux en tous genres, études chiffrées etc…
Bref Nicolas Mathieu démontre, s’il en est encore besoin que l’entreprise moderne ne noie dans un verre d’eau, s’étrangle dans des méandres qu’elle a elle-même créés entrainant ses salariés avec elle.
Cette démonstration est un peu longue voire redondante, déprimante aussi et je ne suis pas emballée par ce livre.
Néanmoins, je n’oublierai pas ce final tant il est pathétique, sonnant juste avec la réalité. Certains actes, certains comportements nous enferment dans une classe sociale, ce thème était largement développé dans « leurs enfants après eux » et encore une fois l’auteur nous offre une démonstration de ce clivage sociétal.
14/11/2024 à 12:11 2
-
Sans l'ombre d'un doute
8/10 Si ce n’est pas la meilleure histoire avec Harry Bosch et Michaël Haller, celle-ci est quand même très réussie, Connelly nous dévoile les méandres juridiques américains grâce au charismatique avocat à la Lincoln que j’ai toujours plaisir à suivre.
L’intrigue tourne autour du droit américain à l’habeas corpus, c’est-à-dire revenir sur la légalité d’une détention. La cliente de Mickey, sélectionnée par l’acuité éclairée due à l’expérience indiscutable de Harry, est accusée d’avoir tué son ex-mari.
On constate néanmoins, avec stupeur que notre Harry est quelque peu entravé par l’âge et ça me désole.
Mon vote reflète celui d’une fan de longue date. Je sais que je vais toujours lire avec facilité et bonheur les aventures d'Harry Bosch et consorts par Michaël Connelly.
14/11/2024 à 11:56 4
-
Un Plan Simple
7/10 Tout part de ce qui peut s’apparenter à un coup de chance, trois hommes et un chien tombent sur un avion écrasé dans la neige avec à son bord un pilote mort et un sac contenant 4.4 millions de dollars… à partir de cet instant le destin de ces protagonistes bascule. Les évènements s’enchainent avec l’impression qu’ils sont inéluctables, logiques et qu’ils conduisent vers la même issue.
Que valent la probité, l’amour fraternel, le sens de la justice, la loyauté face à la possibilité d’être riche et de pouvoir changer de vie ?
« Un plan simple » est une fable noire qui se lit avec plaisir même si quelques passages sont un peu longs.
Il est intéressant de constater à quel point la sympathie du lecteur pour certains personnages peut fondre comme neige au soleil au fil de la lecture.
Glauque, enivrante, ambivalente ce livre développe sa propre ambiance… je suis curieuse de découvrir prochainement comment sera le rendu au cinéma.
05/11/2024 à 14:25 3
-
La Meute
7/10 La 1ère note PP sur ce livre, un 4, est franchement injuste.
Olivier Bal nous propose un récit plutôt original, presque dystopique, je l’interprète comme un avertissement.
L’auteur ne manque pas de courage littéraire pour développer des sujets polémiques. Il nous décortique les rouages de l’extrême droite en reprenant les grands thèmes populistes de ce parti, mets en scène des fantasmes de suprématie nationale, nous plonge à l’intérieur d’un groupuscule fachiste et violent
Malgré une histoire qu’on a plaisir à suivre l’auteur n’évite pourtant pas quelques poncifs.
Certains personnages sont un peu trop caricaturaux : le bourge facho, le policier borderline, le bon samaritain, le migrant méritant…
On retiendra celui de Louis, le plus intéressant, celui qui attire à lui seul l'attachement du lecteur.
La plupart des thèmes ont déjà été développés ailleurs, l’univers des migrants, la mise en scène de meurtres théâtralisés, la chasse à l’homme… ce qui donne sans doute une impression malheureuse de déjà lu.
De plus, le récit aurait surement pu être condensé un peu pour éviter que le lecteur ne se perde dans des situations qui se répètent
Ce n’est peut-être pas le meilleur livre de l’auteur, mais on y décèle un véritable raconteur d’histoire, un constructeur d’univers, un auteur qui vous réserve quelques belles surprises finales tout de même.
01/10/2024 à 16:50 7
-
En attendant le déluge
9/10 Des pluies diluviennes, un héros qui se prénomme Noé, ça vous rappelle quelque chose ?
Dolores Redondo part d’une histoire vraie de tueur en série ayant sévi fin des 70’s en Ecosse, dont on ne sait pas grand-chose hormis qu’il a commis des meurtres de jeunes filles, qu’il n’a jamais été identifié ou arrêté.
A partir de là, le reste est fiction ou une proposition de ce qui aurait pu être. Une idée de départ originale superbement traitée. On quitte rapidement Glasgow pour se retrouver sur un terrain plus familier de l’auteur, le pays basque espagnol, la ville de Bilbao.
Le tueur est connu dès le début mais l’avancement du récit nous fait entrer dans sa psychologie complexe. Les personnages sont denses, attachants, particuliers. Tout le déroulement du récit est si proche de ce qui aurait pu être… d’ailleurs une partie est réelle, le déluge touchant Bilbao en 1983 mais la fiction a l’avantage de nous offrir des explications sur l’ensemble des évènements et du moment où l’auteur met en exergue ses petits arrangements avec l’Histoire avec un grand H, on accepte avec grand plaisir sa vision du personnage de Bible John.
Une enquête passionnante, des personnages fouillés, une idylle naissante pour rendre les personnages plus humains, un chien, un décor envoutant avec la ville portuaire de Bilbao, une ambiance avec les fêtes de l’Aste Nagusia… Ce roman assemble avec succès toutes les attentes qu’on a d’un roman noir et d’une lecture agréable.
30/09/2024 à 14:12 4
-
Au nord de la frontière
9/10 L’écriture de l’auteur, ciselée, est toujours un véritable plaisir de lecture.
Sans doute que cette écriture est aussi impeccablement retranscrite par le traducteur, Fabrice Pointeau, dont ce roman fut la dernière contribution à l’œuvre d’Ellory. J’aimerais ici saluer son travail et sa mémoire.
J’ai beaucoup aimé l’atmosphère de ce roman. Les Appalaches est une région pauvre des États-Unis et par conséquent un terrain propice aux trafics en tout genre et le cadre idéal pour développer ce récit tout en noirceur, l’assassinats de jeunes filles, le meurtre particulièrement sordide du frère du héros…
Les personnages de Victor, de Barbara, de la petite nièce, etc sont impeccablement dépeints, on s’y attache.
Victor Landis est un solitaire, un déçu de tout, bourreau de travail qui est aussi sa raison de vivre qui va petit à petit s’éveiller à de nouvelles émotions (ou à des émotions oubliées pour lui) en découvrant une nièce dont il ignorait l’existence.
Le rythme de l’intrigue est un peu lent et le dénouement manque de révélations surprenantes. Il faut savoir attendre les révélations, vous n’apprendrez que très tardivement les raisons de la brouille entre les frères. Roman noir, enquête policière et roman d’ambiance, d’aaatmosphaire comme on dit, un style à la Ellory qui en font indubitablement un sacré bon livre.
26/09/2024 à 15:48 6
-
Leurs enfants après eux
8/10 Après son prix à Venise, la presse parle beaucoup du film qui sortira en décembre. Il fallait donc lire le livre avant pour ne pas se faire influencer par les images, par le visage de l’acteur interprétant Anthony.
Ce livre, certains lui attribuent des caractéristiques de madeleine de Proust… ce n’est pas mon cas, sauf pour les titres musicaux choisis, qui donnent leurs titres aux chapitres et qui reflètent exactement des moments précis des 90’s, pour le reste, j’ai vécu à environ 200-300 km de là, vers l’est, et je ne reconnais pas cet esprit de désespérance, ce vide culturel, cet ennui profond qui auraient habité les jeunes… évidemment ma région n’a pas connue l’arrêt brutal des industries métallurgiques et c’est un peu facile d’évoquer des morceaux de musique qui nous rendent tous nostalgiques.
On aimerait s’attacher davantage aux personnages mais tous à un moment donné sont agaçants, ne réagissent pas comme il faut, n’osent pas, en font trop, dérapent, ratent des occasions…
c’est ce qui donne au récit toute sa force narrative, cette démonstration sans appel qu’on n’échappe pas au déterminisme social, d’où ce titre qui lui aussi reflète exactement cette idée. Le fossé entre les classes sociales ne se comble pas facilement. Les gens pétris de préjugés s’enferment dans leurs mondes et n’iront pas plus loin.
« Leurs enfants après eux » sonne comme une sentence ou comme un constat, l’essence même du fatalisme.
Néanmoins cette lecture qui m’a plongé dans un spleen pas forcément agréable m’a malgré tout séduite. Paradoxal ? Le style de l’auteur, son sens de l’observation d’une grande acuité vous fait vivre des scènes de vie qui indubitablement sont dans le Vrai. Une histoire entre ados, le lecteur suit pas à pas 1992,1994, 1998 des évènements qui s’enchainent, des pages qui se tournent sur un récit qui ne pouvait pas se conclure différemment.
24/09/2024 à 12:08 5
-
Underground Railroad
7/10 Un récit nécessaire, plutôt dur.
Le sujet, c’est l’esclavage ce qu’il a d’avilissant sur le corps et sur les âmes. L’héroïne, Cora, traverse certains États américains avant la guerre civile (guerre de Sécession) muée par l’espoir de trouver un monde meilleur mais c’est surtout son instinct de survie qui lui donne la force de traverser les épreuves… Évidemment, ce personnage échappe in extremis à un sort funeste à plusieurs reprises puisqu’elle est pour l’auteur le témoin dont il se sert pour nous présenter cette Amérique raciste, blanche, retorse, embarquée dans un système économique qui « justifie » l’esclavage.
Il y a très longtemps j’ai lu « La Case de l’oncle Tom », une lecture qui m’a bien entendu ouvert les yeux sur ce que ne pouvait pas soupçonner une jeune fille du 20ème siècle en France. C’était formateur, utile, pas trop désagréable mais avec des relents de lecture nécessaire (pour l’école).
Je me suis bien davantage passionnée pour la vie de Scarlett, grande figure de mon adolescence, les 3 tomes de Margareth Mitchell et le film… Avec elle, j’ai traversé Atlanta en proie aux flammes, j’ai regretté la disparition de ce monde fait d’insouciance, de belles robes, de petits dépits amoureux mais qui reposait sur un système à vomir d’injustice et d’horreurs.
« Underground Railroad » remet les idées en place, écrit plus tôt ce livre avec ce qu’il contient d’éléments romanesques, cette fuite, ce train secret vers la liberté, cet ennemi absolu nommé Ridgeway, ces amours manqués, aurait pu contrebalancer « Autant en emporte le vent » … bref une Cora vaut bien une Scarlett après tout !
29/08/2024 à 17:18 5
-
Un Animal sauvage
7/10 Je ne fais partie des fans de Joël Dicker, je n’ai pas spécialement apprécié son premier roman mais je lui ai redonné sa chance puisqu’un « animal sauvage » me fut glissé opportunément sous la main.
L’auteur est un as quand il s’agit de jouer avec les faux semblants. Ses personnages engagés dans des parties de poker menteur, ne dévoilent leurs atouts ou leurs faiblesses qu’au cours d’une partie qui ne s’encombre pas de moralité, une partie, où les amis et les ennemis ne sont pas clairement définis.
Un roman qui plaira à la majorité tant il est respectueux des codes et des bons usages du polar. Du suspens, des revirements, des flash-back, le monde propret du beau monde, le brillant de la jet-set qui fascine avec ce qu’il faut de transgression pour captiver le lecteur mais sans l’écœurer sans verser dans le trash …
Dans l’ensemble ce fut une excellente lecture, une écriture soignée que sauront apprécier ceux qui sont autant sensible à la forme qu’au fond.
Néanmoins, cet Animal « sauvage » m’apparait quand même comme extrêmement sous contrôle, maitrisé, emmenant exactement le lecteur où l’auteur veut qu’il aille sans trop le bousculer….
07/08/2024 à 15:04 6
-
À vif
7/10 Difficile d’évoquer ce roman sans en dire trop… Il faut garder la surprise du lecteur intacte. Sans trop éventrer le suspens nous pouvons évoquer la trame de départ : dans une petite bourgade du sud-ouest, Gévaugnac, des adolescentes sont brûlées vives, des meurtres affreux, c’est pourquoi l’auteur navigue entre l’envie de nous livrer un récit distrayant, avec des personnages pleins d’humanité tout en essayant de ne pas occulter l’horreur qui consiste à la perte d’un enfant dans ces horribles conditions. L’exercice est difficile, surement impossible, car c’est sans doute ce qui sonne un peu faux dans ce livre…
Plusieurs d’entre nous voient dans ce livre un clin d’œil au maitre Dennis Lehane. La référence est audacieuse, courageuse, loin d’être ratée mais malgré tout, ne pouvait en aucun cas tourner en faveur du français.
Néanmoins, je dirais : Fan de thriller, ce livre est fait pour vous ! Il s’agit réellement d’un page-turner, passionnant avec une surprise finale bluffante.
01/08/2024 à 14:29 3
-
Norferville
8/10 Ce livre fait écho au « Dernier festin des vaincus » que j’ai lu un peu plus tôt cette année. Les mêmes thèmes sont abordés : au Canada, des femmes autochtones disparaissent sans que cela n’intéresse les autorités du pays. Quand pourrons-nous enfin mettre cette dernière phrase au passé ?
Franck Thilliez comme Estelle Tharreau, s’est emparé de faits bien réels (quand la réalité dépasse la fiction !).
« En 2019, [une] Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées (Enffada) met en lumière les causes « systémiques » de cette tragédie. Les traumatismes multigénérationnels engendrés par la politique coloniale du Canada pendant quatre siècles, visant à nier l’identité amérindienne, qui perpétuent la violence au sein même de ces communautés, la marginalisation économique, sociale et politique de ces femmes ou encore le racisme et la misogynie, toujours au cœur, selon cette enquête, du tissu social canadien. » Le Monde, 29/04/2024
Je rejoins les avis précédents au sujet de l’enquête développée dans ce livre, celle-ci est assez convenue, sans grande originalité mais avec des protagonistes plus «romanesques » davantage dans la veine des « Thiliez ».
Néanmoins, le but de l’auteur de nous proposer un roman d’ambiance et de faire ressentir le froid glacial de cette partie du monde au lecteur est bel et bien atteint.
28/07/2024 à 12:31 5
-
Fantastique histoire d'amour
8/10 J’attendais beaucoup de ce livre, le quart de couverture m’avait largement appâtée.
En effet, c’est la première fois à ma connaissance qu’une enquête pour meurtre allait être menée par un inspecteur du travail « C’est un boulot labile qui autorisait mon personnage à mettre son nez partout, fureter dans les entreprises ou échanger avec des flics », mais ce roman n’est pas seulement un polar, c’est aussi une histoire qui emprunte au fantastique et puis qui finit par devenir une histoire d’amour comme le titre l’annonce… cette difficulté à qualifier l’ouvrage, ce maniement de la langue parfaitement maitrisée, ainsi que cette construction du récit structuré en roman tiroir en font un objet littéraire qui me fait penser à Haruki Murakami.
L’auteur sait exploiter avec précision et beaucoup de talent l’art du thriller. Le récit nous réserve sa part de suspense et jusqu’au bout la surprise est gardée, aurons-nous un happy end ou pas du tout ?
J’ai aimé le livre, touchée par la délicatesse de l’écriture, par l’histoire de cet homme et de cette femme qui vivent si loin l’un de l’autre, sans vraiment se connaitre, souffrant tous deux des maux de la société actuelle , cette difficulté à trouver un être en adéquation avec soi-même… si ces thèmes ne sont pas originaux en eux-mêmes, ils sont développés avec une rare justesse, sans sensiblerie fleur bleue ou tout ce rose excessivement positif appartenant à un genre littéraire que je n’apprécie pas du tout.
Bref, lancez-vous dans « Fantastique histoire d’amour » si vous n’aimez pas les histoires d’amour.
24/07/2024 à 14:01 3
-
Le Serpent majuscule
6/10 Une histoire qui hésite entre le comico-absurde et le polar… On sent l’auteur mirifique qui se profile mais qui n’est pas encore au sommet de son art puisque Pierre Lemaitre nous livre un de ses premiers romans.
J’avoue que les tribulations de Mathilde m’ont par moment agacée même s’il y a eu quelques sourires.
Mon regret est surtout lié à toutes ces histoires à peine entamées qui semblaient tellement prometteuses : celle de cette jeune mère qui avait su, à force d’effort, de persévérance et de bonne conduite récupérer un enfant dont les services sociaux lui avaient retiré la garde, celle des amours naissantes de Vassiliez et Tevy,… ces histoires appâtant si bien le lecteur qu’on aurait voulu en savoir plus avant qu’elles ne soient stoppées net.
Pour mettre un terme à sa production de polar, Pierre Lemaitre nous dresse le portrait d’une mamie à l’air insignifiant, quelque peu sénile, et qui se révèle être une redoutable psychopathe. Ce roman s’il a su me distraire ne s’inscrira pas en lettres majuscules au milieu d’une bibliographie bien plus (Le)maitrisée.
23/07/2024 à 13:57 4
-
Roches de sang
9/10 Je découvre cet auteur dont l’attitude si humble et si bienveillante avec ses « fans » m’avait frappée (ainsi que son sourire, il est vrai !) à Quai du polar cette année. « Les Roches de sang » est un excellent thriller qui vous tient en haleine tout du long.
En effet, le rythme est haletant, les actions s’enchainent sur deux périodes qui se répondent, la première au milieu des années 1990 et la seconde aujourd’hui avec un personnage de policière chef de groupe d’Interpol en pleine quête, d’abord d’un mystérieux tueur justicier et puis d’elle-même…
Olivier Bal exploite largement le thème de la famille phagocyte et de la fraternité sans tomber dans les poncifs largement exploités ailleurs. On aime et on déteste par intermittence ces deux frères aux personnalités débordantes, écrasés sous le lourd héritage d’un père « parrain » au sein de la mafia corse.
Si l’auteur nous fait voyager à travers l’Europe des Balkans, la Suisse, les Pays-Bas … l’essentiel de l’action se déroule en Corse. L’île de beauté est presque un personnage à part entière tant sa géographie agit sur l’intrigue et donc sur le destin des protagonistes. C’est beau, c’est sauvage, c’est dangereux !
Le talent de l’auteur réside dans la capacité à nous faire sentir sur notre peau la chaleur du soleil méditerranéen, notre nez hume l’odeur de la myrte verte si envoutante et si spécifique à la Corse. On est transporté, notre imagination s’envole…magnifique sensation !
En revanche, le quart de couverture de l’édition grand format, (XO Editions) est bien trop bavard… si votre curiosité peut être retenue, vous apprécierez bien davantage la lecture de la première moitié du livre.
16/07/2024 à 15:29 3
-
Sur la dalle
8/10 Certes cet opus est un peu en dessous des autres (un chouïa), certains ressorts narratifs de la « Recluse » sont repris et réutilisés trop facilement par l’auteur sans doute encore inspiré par « copains d’avant », il y a aussi quelques longueurs de récit, quelques tournages en rond autour des dolmens…
Néanmoins, pour qui aime Adamsberg, suivre les méandres tortueux de son esprit, le voir plonger dans une ambiance bretonne des plus typiques, ce livre ne peut qu’être un bon moment de lecture. Retrouver les autres membres de son équipe est également plutôt agréable pour moi qui suis sans doute une lectrice pas tout à fait impartiale.
Et puis toujours avec Fred Vargas, le charme d’être hors du temps, entre modernité et un passé idéal. L’auteur fait revivre Chateaubriand à travers l’un de ses descendants imaginé et tout ça prend un air de 18ème qu’on savoure autant que les bons plats réconfortants, traditionnels, gastronomie d’un temps où on avait le temps d’un autre personnage truculent, Johan, qui nous accompagne durant cet opus.
09/07/2024 à 14:27 2
-
Quelqu'un d'autre
6/10 Après une semaine un peu chargée, une fois n’est pas coutume, je souhaitais lire quelque chose de facile mais qui aurait son p’tit twist final bien surprenant : ma bouche ferait un grand O bien rond et la vraisemblance serait le dernier de mes soucis.
Je n’ai pas été déçue, ce dernier roman de Guillaume Musso n’est pas extra mais fait le job, c’est un page turner plutôt distrayant.
Sans doute sensible aux accusations de misogynie d’une partie de son lectorat, Guillaume Musso met en scéne, cette fois, une héroïne d'âge moyen et plus toute svelte. Pourtant on a du mal à ressentir de l’empathie pour elle ou n’importe quel autre personnage, même pas pour la victime… En réalité, il m’est difficile d’encourager la lecture de ce roman car je l’ai trouvé assez insignifiant. En revanche, je ne peux pas dire que sa lecture fut désagréable, il m’a distrait quelques heures sans me tordre les méninges tout en me permettant une évasion dépaysante du côté de la riviera cannoise puis au bord du Léman.
17/06/2024 à 13:18 2
-
La Colère
8/10 Le titre originel parle de larmes de lames de rasoir. Des larmes qui couleraient en vous lacérant le visage de douleur, d’immenses regrets liés à un immense gâchis, de soif de vengeance…
J’attendais beaucoup de cet auteur adoubé par Dennis Lehane. Logique ! ce livre est une histoire qui tourne autour de la rédemption, un thème si cher à mon auteur de prédilection. Deux pères, qui n’ont rien en commun à part un passé criminel suivi de quelques années de prison et une attitude de rejet et de violence envers leurs fils dont ils n’ont jamais ni compris ni acceptés l’homosexualité.
Leurs fils s’aiment, se marient mais leur bonheur est de courte durée car ils sont tués tous deux et chacun se rend compte que finalement, il valait mieux un fils homo qu’un fils mort. Ce thème est largement développé et d’excellente façon car l’écriture et le style de S.A. Cosby sont tout simplement excellents. Il retranscrit avec finesse les émotions, les subtilités de ces personnages qui prennent vie dans leurs complexités, leurs beautés, leurs bassesses…
En revanche, j’ai été moins emballée par le fond, une histoire plutôt plate qui se déroule selon un plan logique, linéaire, voire simpliste qui manque cruellement d’inattendu. L’intervention dans ce roman de quels motards beaucoup moins bien mis en scène que les personnages principaux et franchement pas bien dégourdis du ciboulot rendent le tout un peu caricatural.
Ce n’est pas bien grave, nous avons là une nouvelle perle d’écrivain d’Outre-Atlantique qui a surement encore beaucoup à nous faire découvrir.
14/06/2024 à 14:02 8
-
Ça peut pas rater !
8/10 Je n’aime pas les titres avec des fôtes ! c’est propager à outrance la tendance actuelle à ne pas construire les négations avec les 2 mots indispensables : NE pas/plus etc… ça me dérange dans les dialogues alors en titre n’en parlons pas !
Bref ce mécontentement exprimé, je dois dire que j’ai quand même plutôt apprécié ce livre. Beaucoup d’humour mâtiné à des leçons de vie, de bon sens, comme des points qu’on remet sur les i.
C’est un livre qu’on peut conseiller pour rendre un peu de vie aux désillusionnés de l’amour même si les aspects « feel good » sont un peu too much. Habituellement ce genre de livre n’est pas celui que je préfère, pas de sang, pas de mort, pas même d’enquête, je suis peu fan du gentil chat_(dans mes lectures, dans la vraie vie j’aime les chats et les labradors), de l’héroïne délurée, des seconds rôles un chouïa caricaturaux.
Néanmoins, deux aspects ont fait évoluer mon ressenti à la hausse.
D’abord les péripéties liées à l’entreprise, ici de matelas de luxe, c’est tellement dans le vrai ! Nombreuses sont les boites familiales rachetées par des actionnaires qui sacrifient ensuite leurs salariés sur l’autel du profit.
Et puis ce fameux chapitre 66, le monologue de Monsieur Alfredo, si juste, si bien tourné, si sensé que je l’ai relu plusieurs fois. On pourrait l’extraire de son contexte et l’offrir tel un bouquet de mots à bien des gens auxquels on voudrait rendre espoir sur les relations amoureuses.
09/06/2024 à 22:11 2
-
Shit !
8/10 C’est bien la 1ère fois que je suis les aventures d'un CPE dans un collège ! Qui se douterait que cet emploi puisse être aussi épique !?
Un récit dynamique avec de nombreuses touches d’humour qui chatouillent ta France nous permettent de suivre l’évolution de chrysalide à papillon de Thibaut, jeune diplômé de l’éducation nationale, altruiste en pleine évolution.
Le récit passe de rebondissements en surprises, l’auteur utilise le cliffhanger entre les chapitres et la vraisemblance est aussi malmenée que notre Thibault, mais peu importe puisque nous passons un excellent moment de lecture.
Et oui ! cette couverture n’est pas à la hauteur du livre, qu’est-ce qu’elle est moche !
23/05/2024 à 16:53 10
-
Et chaque fois, mourir un peu
10/10 Mais quelle claque ! Magistrale, retentissante, douloureuse…Mais quel livre ! waouh…
A ceux qui découvre que Karine Giebel n’est pas une auteure feel-good, je dis : « bravo ! vous avez mis le temps mais vous avez fini par comprendre… »
Les personnages de Karine Giebel ne sont pas des gens ordinaires, pas question de parler de madame ou monsieur tout le monde. D’autres auteurs, non moins talentueux savent mettre la vie ordinaire dans de très bons romans, pas Karine Giebel…
Son talent, c’est la démesure, son héros est un HÉROS, il ne vit que pour apporter sa pierre à l’édifice de l’humanité. Infirmier dans l’humanitaire, il va dans les pays en guerre ou qui ont subi des catastrophes climatiques et ce qu’il vit, voit, ou ressent est extrêmement violent.
Ce livre est une fiction, un roman très bien documenté mais il ne faut pas se leurrer, nous savons bien qu’il s’agit d’atrocités réelles, que l’auteure n’est qu’à un cheveu du documentaire_ Elle rend d’ailleurs un bel hommage à Denis Mukwege, prix Nobel de la paix en 2018, qui n’est pas du tout un homme de papier.
Est-ce cette vérité-là qui rend tant de lecteurs réticents en argumentant qu’elle n’écrit pas comme d’habitude ?
Son livre n’est pas un catalogue des guerres et des atrocités de 1992 à 2010, son sujet reste son héros, Grégory, qui évolue par ce qu’il vit, chronologiquement, Karine Giebel nous raconte l’histoire d’un homme de tous les extrêmes, de tous les excès (ils ont toujours été comme ça ses personnages) et nous savons tous où nous mènent les excès… forcément !
Ce livre m’a fait perdre appétit, notion du temps, sens des responsabilités, j’ai adoré, c’est un euphémisme !
La fin est ouverte et j’attends la suite de pied ferme … en me demandant quand même comment elle va faire pour égaler voire surpasser ce premier tome !?
16/05/2024 à 15:01 7