358 votes
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Le Pâtissier de la Place Saint-Paul
8/10 Récit plein de délicatesse. La couverture, une carte postale aux tons sépia nous plonge dans l’ambiance un peu mélancolique.
Idéal lorsque le lecteur fuit les grosses effusions de sang ou le gore car si nous restons dans le registre du roman noir, le style n’en est pas moins empreint d’une certaine poésie et d’une finesse rare.
L’auteure nous plonge dans une ambiance onirique douce-amère pour nous conter de quelle manière un pâtissier doué (mais ne vendant pas de chaussons aux pommes) peu causant s’est empêtré dans une sombre histoire.
Il est entouré d’une galerie de personnages émouvants, les habitants de ce quartier, qui donne tous vie à l’endroit, la place Saint-Paul à Lyon, qui reste le vrai cœur de cette histoire.
Parmi eux, Clémentine, une jeune fille, un peu en proie à la solitude, tel un Petit Prince avec ses questions et son ouverture sur le monde fera le lien entre les protagonistes qui sont des figures-types : le vieux, le SDF, la femme malheureuse,... les apprivoisant et les rendant uniques les uns pour les autres.
aujourd'hui à 14:01 1
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America[s]
Ludovic Manchette, Christian Niemiec
7/10 Amy fait du stop pour rejoindre sa sœur à Los Angeles, elle change de prénom et d’âge selon les circonstances et les rencontres. Le style se rapproche du parler de l’héroïne, direct, franc, incorrect et souvent à fleur de peau.
Les auteurs nous proposent une balade d’Est en Ouest que le lecteur suit grâce à un plan en guise de préface.
Livre plutôt léger, le lecteur se détend à cette lecture. Les auteurs ont fait preuve de beaucoup d’espièglerie dans le déroulé de l’intrigue, de petites surprises attendent le lecteur au fil des pages. Au final, cette fable douce-amère nous rappelle surtout comment nous percevions l’Amérique il n’y a pas si longtemps… mais ça c’était avant !
hier à 13:48 4
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Toutes les nuances de la nuit
9/10 C’est du lourd sans aucun doute ! D’abord ce livre compact et ses 800 pages. Un pavé. Au contraire des chapitres qui sont courts, équilibrés, percutants expliquant sans doute la légèreté avec laquelle le lecteur se plonge dans ce texte. La langue de l’auteur est belle, chaque phrase est pensée et le lecteur a envie de toutes les recopier pour les garder comme siennes.
Côté intrigue, une amitié inconditionnelle qui lie deux enfants : Saint, une jeune fille maigre, aventureuse, espiègle, élevée par une grand-mère au verbe libre qui rêve d’apiculture et Patch, Joseph de son vrai nom, borgne de naissance dont la mère dépassée ne sait pas toujours répondre à ses besoins, au sourire et à la joie de vivre communicants. Il se prend pour un pirate et s’autorise de temps en temps des chapardages nécessaires. Attachants tous les deux, l’histoire les suit sur trente ans.
Ce livre est dense et vous fera traverser de nombreuses émotions, une question se posera tout le long de ce roman noir (en fait plusieurs, mais surtout une plus intrigante que les autres ) qui est aussi ou surtout une quête…
Que certains lecteurs se rassurent, l’histoire est dense, noire et lumineuse à la fois et l’auteur sait parfaitement conclure avec un grand talent. En effet, toutes les questions, toutes les incertitudes, tous ces doutes qui se poseront le long de la lecture trouveront leurs éclairages.
Je retiendrai je pense pendant longtemps l’envoutement dans lequel ce livre m’a enveloppé car ce n’est pas tant que ça l’intrigue qui me faisait tourner les pages avec plaisir mais bien le ton ou l’atmosphère si particulière du récit… ce qui n’est pas facile à retranscrire dans un avis.
04/09/2025 à 14:48 8
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La Nuit ravagée
10/10 Ce livre est pour moi un beau coup de cœur.
Tout d’abord l’écriture et le style de l’auteur plus que soignés m’ont charmée.
Ensuite, quel fantastique hommage à tous ces films d’horreur, plus ou moins réussis (il faut le dire), qui ont bercés les ados des années 90 dont je faisais partie. Même si les références sont évidentes et que l’auteur évoque ouvertement et élogieusement Stephen King, ce livre est original sur bien des points.
Avec ses cinq héros de nombreux thèmes sont évoqués, le harcèlement scolaire, les violences intra-familiales, l’alcoolisme, la maladie, les émois amoureux et sexuels de l’adolescence, avec des valeurs mises en avant tout le long de l’œuvre, l’amitié et la solidarité entre ces jeunes et c’est sans doute ce trait essentiel qui nous les rend si attachants.
Personnellement, ce livre m’a surtout subjuguée par son ambiance : les années 90, en dehors du cinéma horrifique de cette époque, beaucoup d’autres rappels : la musique, les chansons cultes, la littérature sont magnifiés par l’auteur. On y est, la nostalgie nous prend mais un léger décalage nous permet d’éviter toute tristesse ou tous regrets.
En effet, s'il s’agit d’un univers 90’, celui-ci n’est pas tout à fait conforme à la réalité. La touche de fantastique et le déploiement de nombreux passages un peu oniriques nous poussent sur le côté.
Ce livre est d’une grande intelligence car il allie rythme soutenu, des personnages avec une vraie épaisseur, des problématiques qui nous parlent à tous. S’il fallait encore une preuve de plus pour dire que le genre du roman noir peut se faire avec une très belle écriture, elle est sous nos yeux évidente avec cette Nuit ravagée.
04/08/2025 à 15:10 9
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Stella et l'Amérique
7/10 Un Tartuffe mis au goût de 2024, une belle dénonciation des faux dévots et des hypocrites.
S’attaquer à la religion n’est de nos jours pas moins courageux que du temps de Molière. Joseph Incardona le fait sur le même mode que Jean-Baptiste Poquelin avec HUMOUR.
Evidement, en réalité ni l’un ni l’autre ne s’attaquent réellement à la religion lorsque qu’il s’agit d’une foi sincère mais bien à ceux qui s’en servent comme d’un outil pour acquérir pouvoir et argent et tout ce qui va avec.
Habituellement, je ne sais pas apprécier ce genre que je qualifierai de « guignolesque » car le dosage adéquat est extrêmement difficile à obtenir. Il est dans ce livre juste à point et c’est avec plaisir qu’on suit les aventures de Stella qui est à fois incroyablement naïve ou ingénue mais aussi sacrément… endurante !?
28/07/2025 à 11:35 3
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Nous rêvions juste de liberté
10/10 Coup de cœur ! Je n’aurais jamais cru qu’un livre qui parle autant de moto alors que je me fous de la mécanique et dans lequel la plupart des personnages sont masculins et un peu beaucoup bourrés de testostérone m’enchanterait autant !
Certes, les bémols soulevés par les critiques ici même ne sont pas infondés : oui il y a un petit ventre mou au milieu du livre, oui certains passages sont naïfs et légèrement clichés ou frôlant le ridicule et puis comme je viens de le soulever ça manque de grands rôles féminins.
Néanmoins, n’oublions pas qu’il s’agit d’un récit à la première personne et que celui est le reflet de la psychologie du héros, Bohem et pour cette raison ce livre sonne absolument juste et authentique, il m’a décoché une flèche émotionnelle en plein cœur.
C’est une ode à la liberté, la vraie, celle qui coûte chère, celle qui vous emporte et vous fait rêver. C’est aussi un beau récit d’amitié, celle qu’on ne noue qu’à l’adolescence et qui est si proche de l’amour inconditionnel.
C’est peu dire que j’ai été emporté par ce récit, j’ai refermé ce livre il y a une semaine déjà mais ses personnages ne m’ont pas encore quitté.
Je l’ai lu quasiment d’une traite mais je regrette de l’avoir fini si vite.
Il laisse un vide… Je me demande quel effet ça fait de le lire quand on a l’âge des héros, à peine vingt ans !?
25/07/2025 à 13:56 5
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La Bar-Mitsva
9/10 A ceux qui n'ont pas encore lu cette série, et qui sont sacrément en retard comme moi...
Je conseille de toute urgence ces leçons de philosophie, de logique, au ton à fois caustique et tellement drôle administré par ce félin atypique !05/06/2025 à 14:29 2
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La Daronne
7/10 J’ai trouvé ce court roman décalé plutôt agréable.
Sur le ton de la blague plusieurs thèmes et travers de notre société sont abordés, l’acharnement thérapeutique dans les EHPAD qui ne sont que des machines à cash, le trafic de stupéfiants même si dans ce livre il y a les gentils trafiquants et les autres, le changement de statut social qui peut frapper les veuves, les relations mères- filles, le manque de moyens et de coordinations de la police.
Néanmoins, je suis un peu déçue car j’attendais plus de ce roman repris au cinéma (je n’ai pas encore vu l’adaptation) tous les thèmes sus évoqués ne sont que survolés, à part celui du fonctionnement des EHPAD qui est convenablement caustique.
Le principal point faible du roman tient à l’héroïne, tout le roman est pourtant son histoire. Le lecteur comprend son fonctionnement pragmatique à l’extrême, sans jugement de valeur, elle reste à distance. A vouloir nous dépeindre un personnage guidé uniquement par son intellect, nous avons une protagoniste froide qui même si elle collectionne les feux d’artifices ne déclenche aucune étincelle chez le lecteur.
05/06/2025 à 14:24 4
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Où tu seras reine
7/10 Une œuvre bien noire, macabre, sinistre, au-delà de l’esthétique gothique.
La noirceur n’est évidemment pas un critère rébarbatif en matière de polar mais cette fois il ne s’agit pas d’une noirceur dénonçant les travers de la société mais bien du drame personnel de l’héroïne.
Difficile de vivre plus glauque (âmes sensibles etc). Maud l’héroïne essaie d’échapper à l’influence de sa mère qui prend une grande place dans sa vie ainsi que la maladie. Maud sait qu’elle est schizophrène, nous suivons donc les « pérégrinations » d’une narratrice peu fiable.
Pérégrinations est le mot adéquat, car Maud de retour dans sa maison d’enfance l’explore pièces après pièces, elle retrouve par la même occasion des bribes de sa mémoire afin de reconstituer ce qui s’apparente à un puzzle horrifique. Ce thriller psychologique se lit d’une traite, ce n’est pas très long, l’écriture est fluide, poétique par moment et le lecteur est happé presque malgré lui par cette histoire dont il redoute la conclusion.
L’impression que me donne l’ensemble c’est comme marcher dans la boue avec les bottes qui collent à la matière spongieuse, ce n’est pas forcément aisé, plutôt inconfortable, mais rien ne peut nous empêcher d’avancer.
02/06/2025 à 13:50 3
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Paradis perdus
7/10 L’auteur se propose de ré-écrire la Bible ou du moins d’harmoniser les récits fondateurs de nos civilisations. Vaste projet qui sous-entend sans doute une assez grande confiance en ses connaissances et capacité d’uniformisation.
Le récit est assez lent et à travers un héros récurrent, car on comprend assez vite que c’est un même personnage central qui va traverser les temps pour ne vivre rien de moins que l’histoire de l’humanité jusqu’à aujourd’hui.
Cette ré-écriture de l’épisode du déluge ne m’aurait, je l’avoue, pas passionnée si ce n’était l’immense talent de conteur d’Eric-Emmanuel Schmitt. Bref même pour relater cette période « fantasmée » du néolithique (période qui m’a toujours gonflée pendant mes études) il a réussi à m’accrocher jusqu’au bout et à me faire entrer dans son intrigue grâce à des personnages plutôt attachants, toujours si humains et à pas mal de touches d’humour qui montrent finalement qu’il ne se prend pas tant que ça au sérieux.
Beaucoup de « notes » en cours de récit pour une dimension didactique bienvenue.
26/05/2025 à 13:00 3
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Bondrée
9/10 Ennemi de la digression fuyez ce livre !
J’avoue que j’ai hésité à aborder cette lecture, vaguement refroidie par des notes assez basses et beaucoup de commentaires pas très positifs (pas que chez polars pourpres), l’auteur digresse énormément et vous balade d’états d’âme de ses personnages en descriptions de ce si beau coin à la frontière américano-canadienne qu’est Bondrée.
Comme je l’avais déjà exprimée dans d’autres avis, moi j’adore qu’on promène, qu’on me perde, qu’on m’attire vers d’autres rivages et puis tout ça pour retomber sur l’histoire dont il est question à la base.
Evidemment j’ai adoré le style de cette auteure qui passe si bien dans le cerveau de ses personnages, on est littéralement dans la tête de l’enquêteur dans certains chapitres et dans l’esprit de la jeune Andrée, 12 ans, dans d’autres… c’est génial !
Les phrases sont empreintes de cette musicalité du parler de Bondrée, mélange de français et d’anglais et on se retrouve projeté sur la scène, on entend les personnages s’exprimer devant nous… mieux que le ciné !
Le décor prend vie aussi, le lac, la forêt de Bondrée, les sentiers de la belette ou de l'ours, la plage, la chaleur de l’été et cette mélodie : « Lucy in the sky with diamonds », on est transporté en 1967. So amazing !
L’intrigue policière est réussie, dès le départ les causes du meurtre sont dévoilées (pas le nom du meurtrier qui reste une surprise finale) mais cela ne prend véritablement de sens pour le lecteur qu’à la fin, encore un tour de maitre.
Une grande œuvre, originale dans la forme et intelligente dans son intrigue !
Elle met du temps à se dérouler, certains lecteurs préfèreront aller au but de façon plus rapide et plus directe (ça peut se comprendre) mais ce n’est clairement pas le choix de l’auteure qui nous dépeint son monde en prenant tout son temps…
26/05/2025 à 12:47 4
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L'Inconnue de la Seine
7/10 Un roman populaire plutôt soigné dans son style, beaucoup de références littéraires, historiques ou artistiques… Curieuse de nature, j’aime me cultiver de cette manière même si chaque sujet mériterait des approfondissements. La partie liée au mythe de Dionysos est particulièrement passionnante.
L’intérêt de l’intrigue repose sur plusieurs improbabilités, pourquoi une femme nue, amnésique est repêchée par un soir glacial de décembre dans la Seine, pourquoi s’échappe t-elle de l’endroit où on l’a recueillie, pourquoi l’ADN prélevé à partir de ses cheveux indique une célèbre pianiste morte dans un crash d’avion un an auparavant ?
L’imbroglio proposé et exposé est sans doute la partie du roman la plus réussie.
Je suis plus mitigée pour le reste. L’impression que l’auteur ne s’attarde que sur les parties qu’il a envie de raconter s’impose. En effet, des personnages-outils auxquels on s’attache disparaissent subitement, des scènes sont éludées et puis il manque des éclaircissements auxquels on pensait avoir droit. A aucun moment on n’apprendra pour quelles raisons l’héroïne, Roxanne l’enquêtrice a été mise sur la touche au début du livre, on ne saura rien non plus sur les causes de son état d’esprit contrarié et désabusé qui la rend revêche et quelque peu antipathique.
Même si le récit appartient à la base à un auteur puisqu’elle sort de son imagination, celui-ci peut-il se contenter de ne raconter que les parties qu’il sélectionne ? a-t-il le droit de frustrer à ce point le lecteur ?
Dans ce livre, l’ambiance proposée est particulièrement plaisante, l’auteur est un formidable « chauffeur de scène » mais il n’assure pas jusqu’au bout
09/05/2025 à 16:12 3
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Chiens des Ozarks
7/10 Ce court roman est très bien écrit. Eli Cranor possède incontestablement une plume trempée dans le verbe délicat et les mots les mieux choisis. Bref, rien à dire sur la forme.
Rien à dire sur le décor non plus. Les Ozarks, encore un Pétaouchnok rural où les usines ont fermées, un fin fond d’Arkansas où il n’y a rien à faire à part boire, prendre de la méth, ou rejoindre quelques illuminés tout de blanc encagoulés pour enflammer les croix. Ambiance américaine tout à fait dans l’air du temps, ce n’est pas moi qui le dit !
Et puis dans tout ça, ce havre préservé, la casse autos, bunkérisée avec une tour de tôle pour voir les étoiles.
Néanmoins, le fond, l’histoire ne m’a pas vraiment touchée. Les caractères des personnages ne sont pas assez développés, celui de Joanna qui s’émancipe, Cendrillon qui voit son bal tourner au règlement de compte, Belladonna, la mère pleine de contradictions, Lacey victime ou cause de tous les ennuis, Mona McNabb, la shérif, le personnage qui ne sert à rien…
Seul Jeremiah, le grand-père, l’ancien du Vietnam, avec son esprit encombré de souvenirs pesants, ses addictions, sa fuite en avant, bénéficie d’un peu plus d’attention de la part de l’auteur qui lui donne un peu plus d’épaisseur. Pour autant, l’empathie ne prend pas, ce personnage n’inspire ni la compassion, ni la sympathie.
Une intrigue assez pauvre qui reprend quand même pas mal de clichés ou des éléments du « lus ailleurs ».
Et puis, ces chiens laissés à l’abandon autour de la casse autos, qu’on affame, qu’on maltraite mais qui n’existent que pour donner une ambiance glauque. Je n’ai pas vraiment compris la finalité de cet élément, utilisé même pour le titre… celui des Baskerville, d’un autre temps, était beaucoup mieux amené, plus terrifiant que pitoyable. On ne lésinait pas sur l’atmosphère, on misait sur le gothique au lieu d’illuminer la misère.
23/04/2025 à 23:05 5
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La Marche franche
7/10 Le début de ce tome reprend la suite de l'action interrompue dans le tome 3, Benvenuto n'a pas trop le choix, il doit s'exfiltrer de Ciudalia. Avant de partir, une confrontation avec son "beau-père" nous en apprend plus sur sa personnalité. Doué dans l'art du meurtre, il l'aurait été tout autant ou bien davantage dans l'art pictural qu'il a malheureusement délaissé. S'en suit une traversée de la géographie imaginaire de cette saga, qui ne semble pas être vraiment une promenade tranquille.
Le tome 5 annoncé semble être le dernier.15/04/2025 à 12:25 1
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La Mère patrie
7/10 L'essentiel de l'intrigue se déroule à Ciudalia, Benvenuto est chez lui, il serait aussi bien dans un nid de vipères.
J'aime assez le graphisme de cette BD, surtout les vues "drone" des différents lieux (je ne sais pas trop comment nommer cette perspective). Le livre se termine sur un cliffhanger presque au sens littéral de l'expression.15/04/2025 à 12:17 1
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Le paradis caché
7/10 Un livre posthume, la dernière œuvre d’un auteur décédé juste avant sa parution.
Je me dis : «Trop bien ! Un procès pour sorcellerie, un bûcher, des fanatiques religieux, ambiance noire, parfum de moyen-âge … Ce n’est pas tous les jours que j’y vais !»
J’aurais vraiment voulu être plus sous le charme de ce récit qui avait tout pour plaire au départ.
Tout d'abord ce contexte : un des derniers procès de l’inquisition avec d’un côté de méchants ecclésiastiques misogynes, rétrogrades, pervers, menteurs et d’une mauvaise foi à faire pâlir le plus roué de nos politiciens actuels, et de l’autre notre accusée, la trop belle, trop intelligente, trop vertueuse jeune femme qui ne veut que le bien de ses semblables et pourfendre les principes d’une époque encore trop livrée à l’obscurantisme.
Mais, nous avons un roman historique beaucoup trop long, beaucoup trop manichéen, les éléments de l’intrigue sont répétés sans que rien de nouveau n’apparaisse.
Après il est vrai que je ne suis pas vraiment fan des romans d’amour alors que c’est quand même le sujet principal de ce livre.
L'écriture de l'auteur est agréable, fluide et j'apprécie plutôt les romans historiques donc je lirai sans doute une autre de ses oeuvres.
02/04/2025 à 11:49 4
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Plus fort que la nuit
8/10 Je pense qu’en littérature jeunesse il doit y avoir une floppée de livres avec des écuyers et de magnifiques chevaux qui font rêver les jeunes filles… à une époque (bien lointaine) j’étais sensible à ce genre littéraire.
Néanmoins, celui-ci n’en fait pas partie, il ne s’agit nullement d’un roman pour ado comme pourrais le faire croire la couverture ou le résumé en quart de couverture.
Pas de mièvrerie excessive mais l’instauration d’une atmosphère que j’ai aimée. Non seulement, l’auteur sait décrire la ville de New York avec tout son charme, la beauté de son effervescence urbaine, les recoins inattendus de Central Park sans pour autant occulter les risques d’une mégapole où des émeutes peuvent survenir rapidement si ce n’est la perpétration de quelques attentats.
Frédéric Lepage nous fait pénétrer également au cœur de la police montée, ses divers métiers du lad au maréchal-ferrant, ses locaux au sein du Mercedes building, l'atmosphère ou l'effervescence de la brigade.
Bref le sujet est bien maitrisé, bien documenté et retranscrit d’admirable manière.
L’intérêt principal reste la relation de notre héroïne avec le cheval, un apaloosa Fondation, qu’on lui a affecté. Evidemment, elle ne sera pas évidente et immédiatement idyllique _sinon nous aurions un livre bien fade. L’intrigue purement « policière » n’est pas simpliste mais aurait pu être plus largement développée. De façon déroutante, nous avons l’impression que ce n’est pas non plus le souci premier de notre héroïne, puisque que son coéquipier Ken (celui d’avant son entrée dans la police montée) est le personnage secondaire dédié aux résolutions criminelles.
La toute fin est plutôt étonnante, il ne s’agit pas d’un twist à proprement parler comme nous les comprenons dans les thrillers mais juste une conclusion originale, loin de celle que nous attendions.
02/04/2025 à 11:35 2
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De bonnes raisons de mourir
9/10 J’ai adoré l’ambiance de ce roman. Tchernobyl, Pripiat, le quartier Maiden à Kiev…L’Ukraine qui est également au cœur de l’actualité en ce moment, plus que jamais.
Le cadre retranscrit est une sacrée réussite !
A noter que le roman a été écrit avant 2022, néanmoins, à la lecture on remet bien les évènements en place et notamment on se souvient bien que la guerre de Crimée et dans le Donbass a débuté en 2014. L’auteur connait parfaitement son sujet et son grand talent est surtout de nous plonger dans cette atmosphère angoissante, la zone contaminée et le contexte politique incertain.
Evidemment, il y a également beaucoup d’éléments qui nous font penser aux plus grands romans de Grangé, les meurtres, leurs mises en scène macabres, le côté extrême du tueur sadique. Peut-être que ce genre de trame n’est pas si originale pour un lecteur habitué aux thrillers puisque nous pensons à d’autres romans. De même, pour parler des faiblesses du roman, les motivations profondes du tueur ne sont pas si convaincantes non plus.
Qu’importe, je me suis laissée emporter par cette histoire et je n’ai pas vu les pages défiler car c’est tout de même un p’tit pavé. Les personnages principaux sont attachants et nous avons plaisir à les suivre. Le talent de Morgan Audic est donc incontestable, je le découvre avec un peu de retard mais il me reste l’immense plaisir de découvrir ses deux autres romans qui sont plus que prometteurs.
En cherchant tout à fait autre chose_ c’est la recette pour faire les plus belles découvertes_ je suis tombée sur les photos pleine de nostalgie et de beauté triste (surtout la photo de ce parc d’attractions qui n’a jamais ouvert) de ce photographe strasbourgeois qui s’est apparemment rendu sur la zone. Je me permets de partager le lien.
https://www.madri.fr/svema-x-chernobyl/
24/03/2025 à 13:33 12
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Energie noire
7/10 Un roman qui dès les premières lignes lance un compte-à-rebours. L’intrigue couvrira une semaine, celle-ci sera bien chargée puisque nous suivrons pas à pas une alerte nucléaire en France.
Le ton est sérieux, le récit est documenté. Trop ? Je suis d’avis (comme Lucas 2.0) que le côté didactique est un peu insistant par moment mais c’est tout l’intérêt de ce livre qui veut sans doute éveiller nos consciences sur l’énergie nucléaire, ses dangers, ses faces cachées avec l’exploitation de l’uranium etc. De même, la possibilité que des groupes terroristes d’un nouveau genre peuvent naitre, (c’est vrai qu’on commençait à s’ennuyer avec seulement les islamistes !) les écoterroristes !
L’auteur donne vie à de nombreux protagonistes, par moment, il faut un effort de concentration pour tous les replacer mentalement au bon endroit. Des personnages auxquels il aurait pu donner un peu plus d’épaisseur sans doute mais chacun à son utilité pour multiplier les points de vue. En effet, ils sont politiciens, hauts fonctionnaires, policiers, journalistes, activistes, responsables de grands groupes d’affaires,… D’ailleurs, on s’amusera de reconnaitre quelques grandes figures politiques ou médiatiques, le plus évident est un double de l’actuel président !
Le compte-à-rebours cité plus haut soutient un effet de tension croissant jusqu’à un final plutôt surprenant. Je dois avouer que celui-ci m’a néanmoins déçue (ma note s’en ressent) car s’il est réussi pour le coté purement narratif du récit, je ne peux que constater que cette fin manque de courage idéologique.
17/03/2025 à 12:17 6
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La Sagesse de l'idiot
6/10 Une histoire avec maints rebondissements, un bon rythme, des personnages croquignolesques à souhait… de bons ingrédients a priori pour un roman réussi, mais je n’ai malheureusement pas été très sensible à l’humour décalé de ce livre.
A trop vouloir donner le dynamisme d’un film à la Tarantino ou style Fargo, l’écriture perd de sa pertinence.
Nous restons à la surface d’à peu près tout ce qui donne de la saveur à un roman. D’abord, la psychologie des personnages reste esquissée, nous n’avons que des croquis de grands caractères types, le mafioso avec ses hommes de main plus ou moins fiables, le policier municipal rêvant d’une vie simple parce qu’il est un peu simplet, le tueur à gages subtil, les financiers sans le moindre scrupule, le flic malchanceux… Ensuite, l’intrigue cousue de fil blanc ne se révèle pas très surprenante et ne rentre pas dans les détails. En effet, les flash-backs sur l’enfance des deux personnages principaux auraient pu être plus développés. Je m’attendais à plus de révélations sur leurs caractères actuels grâce aux éléments du passé.
Enfin, il manque l’émotion que tout bon roman sait faire naitre, elle n’est venue ni de l’intrigue, ni des personnages ni même de l’écriture. Cette dernière est vive, met en place un décor mais je cherche encore la phrase qui marque, un style propre à l’auteur.
A trop viser l’adaptation filmographique certains auteurs oublient-ils la différence entre un scénario et un roman ?
13/03/2025 à 14:13 8