Alice

352 votes

  • 13 à table !

    Ouvrage collectif

    8/10 Le beau geste de fin d’année pour les restos du cœur.
    La nouvelle d’entrée de Sandrine Collette est l’une des meilleures, elle m’a rappelée tout ce que ce genre a de plaisant, une intrigue resserrée mais pas simpliste, intense, marquante dans son message avec une touche de comique, d’étrangeté, de pied-de-nez au destin qui fait que le texte reste en mémoire.
    L’art de la nouvelle est moins maitrisé par Karine Giebel qui nous livre une bonne histoire pourtant mais moins ciselée pour cet exercice de style. Un sujet qui mériterait bien plus de développement.
    L’inverse pour Marc Levy, une histoire assez faible mais une parfaite maitrise technique.
    Le recueil se conclue avec deux perles, l’une coquine de Jacques Ravenne et l’autre étonnamment dystopique de Romain Puértolas.

    22/11/2024 à 22:39 4

  • Deux dans Berlin

    Richard Birkefeld, Göran Hachmeister

    8/10 Ce roman rappelle « La trilogie berlinoise » de Philipp Kerr par son sujet et la description du contexte même si le style des auteurs est bien différent.
    La question de la culpabilité « allemande » est abordée par deux protagonistes : le militaire SS qui a commis des crimes mais qui se cache et s’exonère lui-même parce qu’il n’a fait qu’exécuter des ordres et un homme issu du peuple, commerçant, admirateur du führer en 1933, antisémite qui ne réalise son aveuglement que lorsqu’il est devenu une victime persécutée lui-même.
    Néanmoins, aucun des personnages du roman ne suscitera réellement la sympathie du lecteur qui ne penchera d’aucun côté dans le duel qu’ils se livrent.
    Les auteurs bien documentés, nous font partager la période, sans doute la plus sombre vécue à Berlin, toute l’horreur et la peur provoquée par les bombardements alliés nous paraissent palpables à travers leurs mots.
    Un petit bémol sur la traduction qui n’est pas toujours fluide et sur le titre français bien fade qui en VO signifie : « Le dernier qui restera aura raison », l’idée des auteurs serait sans doute mieux exprimée par « La raison du plus fort est toujours la meilleure ».

    04/10/2016 à 13:55 12

  • Facteur pour femmes

    Sébastien Morice, Didier Quella-Guyot

    8/10 A première vue, avec un dessin gai, coloré et vif, on s’attend à une histoire légère et insouciante. Mais, très vite on s’aperçoit que le propos est plus grave qu’il n’y parait, plus cynique aussi…
    Sur une ile bretonne en 1914, magnifiquement illustrée grâce aux nombreux panoramas en format à l’italienne double page du dessinateur, tous les hommes entre 20 et 50 ans partent au front, il ne reste que les enfants, les vieux et un handicapé et les femmes bien entendu, celles-ci sont obligées de s’organiser pour pallier le manque d’hommes pour les travaux domestiques ou agricoles. Néanmoins, les hommes absents les laissent aussi dans une grande solitude sentimentale que la dureté de la vie en temps de guerre accentue encore. Il ne reste que Maël, affublé d’un pied-bot, il n’est pas mobilisé mais on lui confie la tâche de facteur…
    Si « Le Diable au corps » de Raymond Radiguet a fait scandale à sa sortie (dans les années 20), cette BD, compte tenu que de l’eau a coulé sous les ponts depuis, va beaucoup plus loin dans le propos. En effet, il ne s’agit pas d’une histoire d’amour, mais plutôt d’une illustration de la nature humaine tellement encline à l’assouvissement de ses penchants les moins avouables comme la trahison, la luxure, la vengeance, le mensonge… Inutile de chercher un seul personnage innocent dans cette BD.
    A souligner aussi le propos subrepticement féministe de cette histoire qui ne sera peut-être pas perçue de la même manière selon que vous soyez lecteur ou lectrice.

    03/06/2016 à 10:16 9

  • 120, rue de la gare

    Jacques Tardi

    8/10 Cette collection BD est idéale pour relire les classiques de Léo Malet et suivre ce personnage emblématique et facétieux qu’est Nestor Burma.
    L’histoire se déroule pendant l’Occupation, mais le conflit germano-français n’est qu’en arrière-plan.
    Cette adaptation est une réussite car elle sait magnifiquement faire partager l’ambiance de cette période et respecter une intrigue plutôt complexe avec de nombreux personnages secondaires.

    30/09/2016 à 15:23 8

  • Brouillard au pont de Tolbiac

    Jacques Tardi

    8/10 Une truculente plongée dans les années 50 avec la gouaille parisienne ou plutôt l’argot des voyous de l’époque, cher à Albert Simonin, complétement désuet mais tellement… rafraichissant !
    A noter, il y a un plan du XIIIe arrondissement à la fin du volume, utile pour le suivi de l’histoire mais comportant des annotations spoilers si vous êtes en cours de lecture.

    23/05/2016 à 13:34 8

  • Celle qui n'était plus

    Pierre Boileau, Thomas Narcejac

    10/10 Les Diaboliques, le chef d'oeuvre de Boileau-Narcejac... absolument génial ! A découvrir à tout prix car c'est l'un des classiques du genre.

    31/05/2011 à 10:34 8

  • L'Empreinte sanglante

    Ouvrage collectif

    8/10 Je trouve que toutes les nouvelles du recueil sont plutôt réussies. Je ne connaissais pas Laurent Scalese mais sa nouvelle me donne envie d'en découvrir davantage. Celle de Maxime Chattam est certes dérangeante mais plutôt bien construite. L'ensemble de l'ouvrage laisse une bonne impression...

    10/10/2011 à 22:05 2

  • Cinq mois de décembre

    James Kestrel

    9/10 Très beau livre. Ce sont les amis PP qui me l’ont fait découvrir avec leurs avis plus que positifs (que je partage), merci amis PP !
    Le lecteur s’attache à ce personnage, Joe McGrady, un héros, un vrai, qu’on admire, un homme juste, intègre, tenace, fidèle à ses principes (aux femmes aussi, oui oui oui…).
    Un héros avec de belles qualités donc, qui traverse la 2nde guerre mondiale côté Pacifique. Les évènements historiques, dont l’attaque de Pearl Harbor qui change la face du conflit et la vie romancée de Joe se mêlent en un parfait équilibre livrant une intrigue agréablement complexe (juste ce qu’il faut).
    En d’autres mots, on apprend ou on révise ses connaissances historiques tout en suivant la traque du héros qui cherche à mettre la main sur un odieux criminel. On voyage avec lui, à Honolulu, à Hongkong, au Japon etc et c’est tout simplement jubilatoire.
    L’auteur Jonathan Moore alias James Kestrel est un auteur qui n’a pas encore été traduit en français à part ce titre, celui-ci étant un succès, espérons que nous pourrons découvrir les autres prochainement.

    13/01/2025 à 11:25 12

  • De bonnes raisons de mourir

    Morgan Audic

    9/10 J’ai adoré l’ambiance de ce roman. Tchernobyl, Pripiat, le quartier Maiden à Kiev…L’Ukraine qui est également au cœur de l’actualité en ce moment, plus que jamais.
    Le cadre retranscrit est une sacrée réussite !
    A noter que le roman a été écrit avant 2022, néanmoins, à la lecture on remet bien les évènements en place et notamment on se souvient bien que la guerre de Crimée et dans le Donbass a débuté en 2014. L’auteur connait parfaitement son sujet et son grand talent est surtout de nous plonger dans cette atmosphère angoissante, la zone contaminée et le contexte politique incertain.
    Evidemment, il y a également beaucoup d’éléments qui nous font penser aux plus grands romans de Grangé, les meurtres, leurs mises en scène macabres, le côté extrême du tueur sadique. Peut-être que ce genre de trame n’est pas si originale pour un lecteur habitué aux thrillers puisque nous pensons à d’autres romans. De même, pour parler des faiblesses du roman, les motivations profondes du tueur ne sont pas si convaincantes non plus.
    Qu’importe, je me suis laissée emporter par cette histoire et je n’ai pas vu les pages défiler car c’est tout de même un p’tit pavé. Les personnages principaux sont attachants et nous avons plaisir à les suivre. Le talent de Morgan Audic est donc incontestable, je le découvre avec un peu de retard mais il me reste l’immense plaisir de découvrir ses deux autres romans qui sont plus que prometteurs.
    En cherchant tout à fait autre chose_ c’est la recette pour faire les plus belles découvertes_ je suis tombée sur les photos pleine de nostalgie et de beauté triste (surtout la photo de ce parc d’attractions qui n’a jamais ouvert) de ce photographe strasbourgeois qui s’est apparemment rendu sur la zone. Je me permets de partager le lien.
    https://www.madri.fr/svema-x-chernobyl/

    24/03/2025 à 13:33 12

  • L'Île des chasseurs d'oiseaux

    Peter May

    10/10 Pour faire simple et direct : j’ai tout aimé dans ce livre.
    Tout, la description de l’île de Lewis perdue au Nord de l’écosse, sa nature tumultueuse mais de toute beauté, les personnages à la psychologie développée et travaillée, une intrigue remarquablement bien construite.
    Les passages relatant la chasse aux gugas, donnant le titre de l’ouvrage en français, sont assez édifiants et resteront dans ma mémoire au chapitre « batailles épiques».
    Même si l’enquête policière n’est qu’un élément de l’histoire et ne constitue pas le fil directeur du récit, ne vous y trompez pas, le suspense vous tiendra en haleine quand même car on lâche difficilement sa lecture en cours.
    Les amateurs de roman noir trouveront dans ce livre la quintessence du genre.
    Lire la suite de cette série est pour moi une évidence.

    19/09/2016 à 10:27 12

  • La Danse des vautours

    Xavier Dorison, Ralph Meyer

    9/10 Suite et fin du premier diptyque.
    La série est une belle découverte, les répliques sont particulièrement bien soignées : un vrai plaisir de lecture.
    On a envie de suivre plus en avant les aventures de ce croque-mort atypique (rien à voir avec ceux qu’on trouve dans Lucky Luke !) et de ses acolytes féminines tout aussi décalées.

    17/10/2016 à 11:36 6

  • Le Chuchoteur

    Donato Carrisi

    8/10 Une bonne intrigue autour d'un serial killer remarquablement bien écrite, ce qui donne l'image d'un polar littéraire. L'auteur a particulièrement soigné l'ambiance général du roman, il fait souvent sombre et froid.
    Si on peut reprocher à l'auteur le fait de reprendre des éléments souvent utilisés dans les thrillers (les meurtres sordides mis en scène, etc...) ces "emprunts" ont été faits avec beaucoup de talent et à bon escient car indéniablement le suspens nous tient en haleine.
    Les personnages sont attachants et on a bien envie de suivre Mila dans une suite.

    17/07/2015 à 09:39 12

  • Le Mangeur d'or

    Xavier Dorison, Ralph Meyer

    9/10 Une très exaltante plongée dans le monde du western.
    L’intrigue part sur une idée plutôt originale et le dessin suit. Comme quoi un croque-mort peut être sexy…

    17/10/2016 à 11:28 6

  • Les Enfants de l'eau noire

    Joe R. Lansdale

    8/10 Quelle lecture jubilatoire ! Il y a du Tom Sawyer là-dedans, de l’aventure, du Joe l’indien, de l’amitié vraie, du trésor de pirates ou de braqueurs de banque (quelle importance !) du moment que c’est une carte parcheminée qu’il faut décrypter.
    Le cadre de l’East Texas des années 30, des abords fluviaux de la Sabine achèvent de nous transporter dans cet ailleurs ou c’est le dépaysement qui compte.

    16/12/2015 à 11:07 12

  • Mygale

    Thierry Jonquet

    7/10 Estomaquant ! Belle surprise que ce court roman à la construction impeccable.
    Ce roman se lit d’une traite, c’est comme une tarte aux citrons prise au goûter, c’est carrément acide, ça pique pas mal, sa volupté gourmande est pleine d’une certaine sensualité indécente, mais au final laisse un goût d’excellence.
    Je suis tout à fait en accord avec le commentaire ci-dessous d’Ironheart.

    29/06/2016 à 10:10 12

  • L'Anomalie

    Hervé Le Tellier

    7/10 Roman choral remarquablement bien écrit. On s'attache aux différents personnages, on a envie à chaque chapitre d'en apprendre plus sur eux, leurs histoires m'ont touchée et émue car le style de l'auteur est d'une parfaite maitrise : prix Goncourt oblige !
    Moins convaincue par les explication pseudo-scientifique et le côté métaphysique du roman...
    H. Le Tellier excelle dans la création de personnages, convaincants, complexes si profondément humain... on est dans la même cour que Jean D'Ormesson, Eric-Emmanuel Schmitt et oserais-je que Giono.
    Par contre, je lance un appel, qui peut m'expliquer la toute fin, la disposition des lettres sur la dernière page ? Je me suis longuement interrogée mais je n'ai pas compris...

    19/04/2021 à 15:05 11

  • La Maison où je suis mort autrefois

    Keigo Higashino

    7/10 Le style de l’auteur est tout en retenu et en pudeur.
    Les révélations se font au fur et à mesure qu’on avance dans la lecture, le suspense est donc savamment distillé par l’auteur qui maitrise parfaitement la construction du récit.
    En réalité, je suis plutôt embarrassée pour noter ce roman qui m’a plus séduite par sa forme que par son fond.
    Si une certaine froideur dans la description des personnages et des faits est stylistiquement remarquable, elle bloque néanmoins l’empathie que l’on peut éprouver pour nos 2 héros… jusqu’aux dernières pages où toute cette émotion contenue nous revient, comme un boomerang, en pleine face… Etrange sensation !

    14/06/2016 à 10:05 11

  • Le Sang des innocents

    S. A. Cosby

    9/10 Les avis sont unanimes, ce livre est excellent ! je ne serai pas en contradiction. Surement pas !
    J’ai beaucoup aimé cette histoire de sheriff noir élu par un coup de conjoncture favorable dans une ville de Dixieland où les suprémacistes blancs ne sont ni rares ni réduits au silence. Un roman d’ambiance, la tension monte au fur et à mesure que la foire d’automne approche à Charon d’autant plus que le lycée vient de vivre une tragédie. Un jeune ado marginal (noir) vient d’assassiner en plein cours un prof adoré de tous (blanc). Et pourtant il ne s’agit pas simplement d’un énième pétage de plomb d’un ado au pays des flingues à tout-va et la victime n’est peut-être pas tout à fait aussi « adorable » qu’il n’y parait.
    Ce sheriff intègre, bourru mais droit avec ses collègues, renvoyant une image de représentant de la loi froid et incorruptible, déterminé et persévérant également afin que ce qui est juste l’emporte sur le reste m’a beaucoup fait penser au héros de RJ Ellory dans « Au Nord de la frontière »
    Néanmoins, si j’ai apprécié ce livre et si l’écriture de l’auteur me plait de plus en plus, je me demande si un jour celui-ci sera capable de nous livrer un livre où le clivage racial ne sera pas un des sujets principaux.
    Evidemment, le problème mérite que des chantres révèlent les inégalités et les injustices liées au racisme (plus que jamais d’actualité suite aux dernières élections américaines) mais tout de même, je voudrais voir maintenant SA Cosby élargir son potentiel d’indignation.

    29/01/2025 à 14:19 11

  • Les Disparus du phare

    Peter May

    8/10 On ne retrouve pas dans ce roman le ton nostalgique et sublime de la trilogie de Lewis. Néanmoins, ce livre est loin d’être mauvais et Peter May en tant qu’écrivain talentueux ne nous reproduit pas simplement une recette qui a eu son succès.
    Même si le cadre est le même, les descriptions sont plus sobres, moins passionnelles (je n’ai pas de meilleur adjectif). Il s’agit d’un roman plus « policier », plus classique dans les thèmes puisqu’il y a une enquête, un homme amnésique qui cherche à retrouver son nom, sa vie et les raisons qui l’ont poussé à s’installer dans une île isolée à vivre en quasi ermite. L’écriture empathique et la construction impeccable du roman ne peuvent être que celles d’un écrivain « qui a du métier ».

    21/11/2016 à 13:56 11

  • Replay

    Ken Grimwood

    8/10 Ce livre est une véritable perle...
    Ceux qui ont comme moi de véritables problèmes pour faire des choix dans la vie, apprécierons particulièrement cet ouvrage car celui-ci explore un vieux fantasme : effacer puis recommencer différemment, explorer telle ou telle possibilité, avoir la possibilité de revenir sur ses erreurs dans sa vie et surtout maîtriser le temps !
    Un ouvrage résolument jubilatoire.

    05/01/2016 à 11:38 11