341 votes
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13 à table !
Ouvrage collectif
8/10 Le beau geste de fin d’année pour les restos du cœur.
La nouvelle d’entrée de Sandrine Collette est l’une des meilleures, elle m’a rappelée tout ce que ce genre a de plaisant, une intrigue resserrée mais pas simpliste, intense, marquante dans son message avec une touche de comique, d’étrangeté, de pied-de-nez au destin qui fait que le texte reste en mémoire.
L’art de la nouvelle est moins maitrisé par Karine Giebel qui nous livre une bonne histoire pourtant mais moins ciselée pour cet exercice de style. Un sujet qui mériterait bien plus de développement.
L’inverse pour Marc Levy, une histoire assez faible mais une parfaite maitrise technique.
Le recueil se conclue avec deux perles, l’une coquine de Jacques Ravenne et l’autre étonnamment dystopique de Romain Puértolas.
22/11/2024 à 22:39 4
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Deux dans Berlin
Richard Birkefeld, Göran Hachmeister
8/10 Ce roman rappelle « La trilogie berlinoise » de Philipp Kerr par son sujet et la description du contexte même si le style des auteurs est bien différent.
La question de la culpabilité « allemande » est abordée par deux protagonistes : le militaire SS qui a commis des crimes mais qui se cache et s’exonère lui-même parce qu’il n’a fait qu’exécuter des ordres et un homme issu du peuple, commerçant, admirateur du führer en 1933, antisémite qui ne réalise son aveuglement que lorsqu’il est devenu une victime persécutée lui-même.
Néanmoins, aucun des personnages du roman ne suscitera réellement la sympathie du lecteur qui ne penchera d’aucun côté dans le duel qu’ils se livrent.
Les auteurs bien documentés, nous font partager la période, sans doute la plus sombre vécue à Berlin, toute l’horreur et la peur provoquée par les bombardements alliés nous paraissent palpables à travers leurs mots.
Un petit bémol sur la traduction qui n’est pas toujours fluide et sur le titre français bien fade qui en VO signifie : « Le dernier qui restera aura raison », l’idée des auteurs serait sans doute mieux exprimée par « La raison du plus fort est toujours la meilleure ».
04/10/2016 à 13:55 12
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Facteur pour femmes
Sébastien Morice, Didier Quella-Guyot
8/10 A première vue, avec un dessin gai, coloré et vif, on s’attend à une histoire légère et insouciante. Mais, très vite on s’aperçoit que le propos est plus grave qu’il n’y parait, plus cynique aussi…
Sur une ile bretonne en 1914, magnifiquement illustrée grâce aux nombreux panoramas en format à l’italienne double page du dessinateur, tous les hommes entre 20 et 50 ans partent au front, il ne reste que les enfants, les vieux et un handicapé et les femmes bien entendu, celles-ci sont obligées de s’organiser pour pallier le manque d’hommes pour les travaux domestiques ou agricoles. Néanmoins, les hommes absents les laissent aussi dans une grande solitude sentimentale que la dureté de la vie en temps de guerre accentue encore. Il ne reste que Maël, affublé d’un pied-bot, il n’est pas mobilisé mais on lui confie la tâche de facteur…
Si « Le Diable au corps » de Raymond Radiguet a fait scandale à sa sortie (dans les années 20), cette BD, compte tenu que de l’eau a coulé sous les ponts depuis, va beaucoup plus loin dans le propos. En effet, il ne s’agit pas d’une histoire d’amour, mais plutôt d’une illustration de la nature humaine tellement encline à l’assouvissement de ses penchants les moins avouables comme la trahison, la luxure, la vengeance, le mensonge… Inutile de chercher un seul personnage innocent dans cette BD.
A souligner aussi le propos subrepticement féministe de cette histoire qui ne sera peut-être pas perçue de la même manière selon que vous soyez lecteur ou lectrice.
03/06/2016 à 10:16 9
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120, rue de la gare
8/10 Cette collection BD est idéale pour relire les classiques de Léo Malet et suivre ce personnage emblématique et facétieux qu’est Nestor Burma.
L’histoire se déroule pendant l’Occupation, mais le conflit germano-français n’est qu’en arrière-plan.
Cette adaptation est une réussite car elle sait magnifiquement faire partager l’ambiance de cette période et respecter une intrigue plutôt complexe avec de nombreux personnages secondaires.
30/09/2016 à 15:23 8
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Brouillard au pont de Tolbiac
8/10 Une truculente plongée dans les années 50 avec la gouaille parisienne ou plutôt l’argot des voyous de l’époque, cher à Albert Simonin, complétement désuet mais tellement… rafraichissant !
A noter, il y a un plan du XIIIe arrondissement à la fin du volume, utile pour le suivi de l’histoire mais comportant des annotations spoilers si vous êtes en cours de lecture.
23/05/2016 à 13:34 8
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Celle qui n'était plus
Pierre Boileau, Thomas Narcejac
10/10 Les Diaboliques, le chef d'oeuvre de Boileau-Narcejac... absolument génial ! A découvrir à tout prix car c'est l'un des classiques du genre.
31/05/2011 à 10:34 8
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L'Empreinte sanglante
Ouvrage collectif
8/10 Je trouve que toutes les nouvelles du recueil sont plutôt réussies. Je ne connaissais pas Laurent Scalese mais sa nouvelle me donne envie d'en découvrir davantage. Celle de Maxime Chattam est certes dérangeante mais plutôt bien construite. L'ensemble de l'ouvrage laisse une bonne impression...
10/10/2011 à 22:05 2
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L'Île des chasseurs d'oiseaux
10/10 Pour faire simple et direct : j’ai tout aimé dans ce livre.
Tout, la description de l’île de Lewis perdue au Nord de l’écosse, sa nature tumultueuse mais de toute beauté, les personnages à la psychologie développée et travaillée, une intrigue remarquablement bien construite.
Les passages relatant la chasse aux gugas, donnant le titre de l’ouvrage en français, sont assez édifiants et resteront dans ma mémoire au chapitre « batailles épiques».
Même si l’enquête policière n’est qu’un élément de l’histoire et ne constitue pas le fil directeur du récit, ne vous y trompez pas, le suspense vous tiendra en haleine quand même car on lâche difficilement sa lecture en cours.
Les amateurs de roman noir trouveront dans ce livre la quintessence du genre.
Lire la suite de cette série est pour moi une évidence.
19/09/2016 à 10:27 12
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La Danse des vautours
9/10 Suite et fin du premier diptyque.
La série est une belle découverte, les répliques sont particulièrement bien soignées : un vrai plaisir de lecture.
On a envie de suivre plus en avant les aventures de ce croque-mort atypique (rien à voir avec ceux qu’on trouve dans Lucky Luke !) et de ses acolytes féminines tout aussi décalées.
17/10/2016 à 11:36 6
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Le Chuchoteur
8/10 Une bonne intrigue autour d'un serial killer remarquablement bien écrite, ce qui donne l'image d'un polar littéraire. L'auteur a particulièrement soigné l'ambiance général du roman, il fait souvent sombre et froid.
Si on peut reprocher à l'auteur le fait de reprendre des éléments souvent utilisés dans les thrillers (les meurtres sordides mis en scène, etc...) ces "emprunts" ont été faits avec beaucoup de talent et à bon escient car indéniablement le suspens nous tient en haleine.
Les personnages sont attachants et on a bien envie de suivre Mila dans une suite.17/07/2015 à 09:39 12
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Le Mangeur d'or
9/10 Une très exaltante plongée dans le monde du western.
L’intrigue part sur une idée plutôt originale et le dessin suit. Comme quoi un croque-mort peut être sexy…17/10/2016 à 11:28 6
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Les Enfants de l'eau noire
8/10 Quelle lecture jubilatoire ! Il y a du Tom Sawyer là-dedans, de l’aventure, du Joe l’indien, de l’amitié vraie, du trésor de pirates ou de braqueurs de banque (quelle importance !) du moment que c’est une carte parcheminée qu’il faut décrypter.
Le cadre de l’East Texas des années 30, des abords fluviaux de la Sabine achèvent de nous transporter dans cet ailleurs ou c’est le dépaysement qui compte.
16/12/2015 à 11:07 12
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Mygale
7/10 Estomaquant ! Belle surprise que ce court roman à la construction impeccable.
Ce roman se lit d’une traite, c’est comme une tarte aux citrons prise au goûter, c’est carrément acide, ça pique pas mal, sa volupté gourmande est pleine d’une certaine sensualité indécente, mais au final laisse un goût d’excellence.
Je suis tout à fait en accord avec le commentaire ci-dessous d’Ironheart.
29/06/2016 à 10:10 12
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L'Anomalie
7/10 Roman choral remarquablement bien écrit. On s'attache aux différents personnages, on a envie à chaque chapitre d'en apprendre plus sur eux, leurs histoires m'ont touchée et émue car le style de l'auteur est d'une parfaite maitrise : prix Goncourt oblige !
Moins convaincue par les explication pseudo-scientifique et le côté métaphysique du roman...
H. Le Tellier excelle dans la création de personnages, convaincants, complexes si profondément humain... on est dans la même cour que Jean D'Ormesson, Eric-Emmanuel Schmitt et oserais-je que Giono.
Par contre, je lance un appel, qui peut m'expliquer la toute fin, la disposition des lettres sur la dernière page ? Je me suis longuement interrogée mais je n'ai pas compris...19/04/2021 à 15:05 11
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La Maison où je suis mort autrefois
7/10 Le style de l’auteur est tout en retenu et en pudeur.
Les révélations se font au fur et à mesure qu’on avance dans la lecture, le suspense est donc savamment distillé par l’auteur qui maitrise parfaitement la construction du récit.
En réalité, je suis plutôt embarrassée pour noter ce roman qui m’a plus séduite par sa forme que par son fond.
Si une certaine froideur dans la description des personnages et des faits est stylistiquement remarquable, elle bloque néanmoins l’empathie que l’on peut éprouver pour nos 2 héros… jusqu’aux dernières pages où toute cette émotion contenue nous revient, comme un boomerang, en pleine face… Etrange sensation !
14/06/2016 à 10:05 11
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Les Disparus du phare
8/10 On ne retrouve pas dans ce roman le ton nostalgique et sublime de la trilogie de Lewis. Néanmoins, ce livre est loin d’être mauvais et Peter May en tant qu’écrivain talentueux ne nous reproduit pas simplement une recette qui a eu son succès.
Même si le cadre est le même, les descriptions sont plus sobres, moins passionnelles (je n’ai pas de meilleur adjectif). Il s’agit d’un roman plus « policier », plus classique dans les thèmes puisqu’il y a une enquête, un homme amnésique qui cherche à retrouver son nom, sa vie et les raisons qui l’ont poussé à s’installer dans une île isolée à vivre en quasi ermite. L’écriture empathique et la construction impeccable du roman ne peuvent être que celles d’un écrivain « qui a du métier ».
21/11/2016 à 13:56 11
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Replay
8/10 Ce livre est une véritable perle...
Ceux qui ont comme moi de véritables problèmes pour faire des choix dans la vie, apprécierons particulièrement cet ouvrage car celui-ci explore un vieux fantasme : effacer puis recommencer différemment, explorer telle ou telle possibilité, avoir la possibilité de revenir sur ses erreurs dans sa vie et surtout maîtriser le temps !
Un ouvrage résolument jubilatoire.
05/01/2016 à 11:38 11
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À mains nues
9/10 Vous qui n’avez jamais joué à « Mortal kombat » ou tout autre type de jeux vidéo de combats à la réputation ultra-violente,
vous qui n’avez jamais jeté un œil, même distrait, aux programmes de TV-reality mettant en scène de jeunes adultes jouant la surenchère de la provoc à tous niveaux où l’excès et l’inédit sont la règle de base, passez votre chemin sans regret…
L’auteur nous propose un roman d’initiation respectant la structure et forme du genre jusqu’à la division tripartite (jeunesse – apprentissage – maîtrise)
Mais en dévie complètement la finalité par un récit transgressif mettant en scène des combats à mort.
02/02/2016 à 16:44 10
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Assassins et gentlemen
9/10 Le titre aurait pu être aussi : « Petits meurtres entre gentlemen » …
Cet album illustre la vie (et souvent la mort) d’un club très select de gentlemen anglais à l’ère victorienne où l’on vient tromper son ennui en écoutant les histoires étonnantes, déroutantes, morbides entre gens de bonne compagnie…
La BD se construit comme une suite de petites historiettes sans forcément de rapport entre elles mais toutes sont de véritables perles d’humour noir !
11/07/2016 à 15:23 5
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Joyland
8/10 Il s’agit bel et bien d’un roman initiatique. Le héros soigne son premier chagrin d’amour en découvrant le métier de forain dans un parc d’attraction à l’ambiance familiale. Cette expérience fera de lui l’homme prêt à prendre son départ dans sa vie adulte.
Stephen King confirme son statut d’écrivain génialement protéiforme, délaissant les grands effets faisant cauchemarder ses lecteurs, il cisaille un récit tout en émotion, en délicatesse avec un certain goût de nostalgie. J’ai adoré ce livre dont l’intérêt ne réside pas dans la révélation finale mais bien dans l’ambiance dans laquelle il plonge son lecteur.
15/03/2016 à 10:37 10