El Marco Modérateur

3314 votes

  • Starving Anonymous tome 1

    Kazu Inabe, Yuu Kuraishi

    8/10 … ou comment des jeunes gens, pris au piège d’un car dans lequel a été diffusé un gaz soporifique, se retrouvent dans une usine où l’on traite les êtres humains de façon… très spéciale. En fait, il s’agit d’un élevage où les hommes et femmes sont gavés via des tuyaux reliés au plafond et les remplissant, comme des canards, pour être engraissés. Si je n’ai pas été happé, dès les premières pages, par un graphisme que j’ai trouvé un peu plan-plan, par la suite, ça s’améliore très nettement, avec cette ambiance anxiogène et parfois assez gore (notamment lorsque survient cette espèce de tentacule qui lacère les individus et la monstruosité qui le possède). Un mix très surprenant et efficace de « Soleil vert », de survie, et d’« Alien », avec des moments sacrément gores, notamment lorsque la bestiole s’en prend aux ouvriers. Très curieux de voir comment va évoluer cette série, mais j’adore.

    17/08/2019 à 08:43 1

  • Trouble passager

    David Coulon

    8/10 Rémi Hutchinson est enseignant et tente d’écrire un best-seller. Son premier ouvrage n’a guère reçu le succès attendu. Sa fille, Mélissa, a été enlevée il y a quelques années. Une tragédie qui a brisé Rémi. Et c’est une série de coïncidences et d’événements incalculés qui vont le mener entre les griffes d’une adolescente de quinze ans, Monica, bien décidée à lui faire payer les horreurs que lui ont fait subir d’autres hommes.

    Voilà un roman noir d’une singulière portée. David Coulon maîtrise son récit et nous offre une sublime – et ignoble – toile d’araignée littéraire. Un entrelacs de fils invisibles et néanmoins mortels, dans lesquels tombent des victimes et bourreaux, tandis que, dans l’ombre, patiente la bestiole, redoutable et déterminée, prête à planter ses chélicères dans sa proie. Une écriture haletante, où l’on remarque sans mal cette propension chez l’auteur à user des alinéas et des phrases nominales, pour mieux faire éclater la violence des émotions, le choc des situations, l’impact des maux. Le lecteur tremblera face au sort réservé à Rémi, innocent individu lambda projeté dans les rets de cette gamine qui, de gibier, est devenue chasseuse. Des mots habiles, secs et vivaces, pour restituer l’ignominie de l’inceste, de la pédophilie, des viols collectifs, sans jamais que ces crimes ne soient décrits avec crudité, voyeurisme ou pléthore de détails : David Coulon ne fait ici que survoler la surface de ces eaux boueuses et nauséabondes, sans jamais tomber dans le travers de la surenchère dégueulasse. Et puis, il y a ces rebondissements, nombreux et déstabilisants : des passés qui émergent, des enfances souillées qui ont contrarié la trajectoire attendue des existences, et des êtres qui reproduisent les barbaries dont ils ont été les martyres, ad nauseam, s’inscrivant dans un cercle terriblement vicieux.

    Un récit court et puissant, qui fore autant les tripes que les âmes, et qui continuera de hanter le lecteur bien après la dernière page tournée, avec son cortège sinistre d’hommes portant des masques vénitiens et autres voitures bleues.

    08/08/2019 à 13:57 3

  • La mort était servie à l'heure

    Jack Narval

    8/10 Rustington, West Sussex. Un village connu pour son niveau de vie relativement élevé et ses habitants dont la moyenne d’âge est plutôt haute. Peter Chapman, un voleur spécialisé dans les bibelots et autres antiquités, doit quitter son fief parce qu’il a dérobé à un mystérieux « colonel » un objet mystérieux et gagner cette petite cité. Sans le savoir, parce qu’il est toujours attiré par les biens d’autrui, il s’en va cambrioler la demeure de Maggy et de Robert Spencer, un couple âgé aux atours fort innocents. Sauf que ces gens-là participent au programme « Neighbourhood Watch », l’équivalent britannique de « Voisins vigilants » … avec zèle, au point d’avoir déjà fait passer de vie à trépas nombre de voleurs, avec gourmandise et nombre de tortures à la clef. Kate, la sœur de Peter, saura-t-elle le retrouver à temps avant qu’il ne périsse des mains de ses geôliers ?

    Jack Narval exploite avec beaucoup d’intelligence et de malice le thème de l’autodéfense pour nous livrer cet opus à l’ambiance si délicieusement anglaise. Dans la mesure où l’auteur demeure outre-Manche, il connaît bien le pays, ses us et coutumes, et nous régale de détails croustillants et intéressants avec des notes de bas de page. Dans un style épuré, calme et que ne renieraient certainement pas les auteurs anglo-saxons, il nous offre le portrait à la fois enthousiasmant et dérangeant de ce duo de retraités et de leurs comparses, tout aussi âgés, qui prennent plaisir à piéger les malfaiteurs qui ont osé pénétrer dans leur demeure avant de leur faire subir de multiples tourments. A cet égard, les premières pages, où l’on voit un intrus subir la justice privée de nos deux barjos avant que ses chairs ne soient distribuées aux mouettes, sont, à leur façon, savoureuses. Dans le même temps, Kate va devoir retrouver la trace de son frère, affronter l’étrange manège de ces retraités – juges – jurés – bourreaux et essayer d’échapper aux griffes de Mike et Tony, les hommes de main de cet individu surnommé « colonel ». Une écriture sage et so british, qui met en valeur la crédibilité du récit, les interactions entre les personnages, et cette mécanique scénaristique si bien huilée qui s’apparente beaucoup à celle de Patrick S. Vast. Quatre cents pages serrées, parfaitement plausibles et efficaces, avec quelques scènes très marquantes, habilement construites et judicieusement visuelles, comme le passage des divers importuns dans le conduit spécialement construit à leur attention, ou lorsque Kate, pour se protéger de ce que ces dangereux vieillards s’apprêtent à lui faire endurer, reste au téléphone avec son amie Martha. Même si on aurait peut-être aimé davantage de densité psychologique chez ces tortionnaires déjantés (avec, par exemple, un approfondissement des raisons de leur comportement), on apprécie intégralement ce roman original et prenant, qui pousse le vice jusqu’à offrir un ultime rebondissement, particulièrement inattendu, dans l’avant-dernier paragraphe. Une réussite littéraire indéniable de la part de Jack Narval !

    08/08/2019 à 13:54 3

  • Le Fou de Bergerac

    Georges Simenon

    7/10 … ou comment notre commissaire Maigret, par le plus grand des hasards, en vient à pourchasser l’inconnu avec lequel il partage un compartiment nuit dans un train, descendu au beau milieu du voyage et l’ayant blessé à l’épaule d’une balle. Notre policier va vite se rendre compte que la ville de Bergerac, en Dordogne, où il est hospitalisé puis logé à l’hôtel, connaît une vague de terreur suite à des meurtres perpétrés par un « fou ». Toujours, la magie opère. La plume de Georges Simenon est brillante, sèche, dans la retenue, et pourtant, flagrant paradoxe, cette austérité dans la forme exsude une profonde richesse dans le fond. Portraits au vitriol, fines déductions, psychologie pertinente, un véritable banquet littéraire. Pas mal d’éléments intéressants dans cette enquête, comme le rôle important de son épouse qui va grandement l’aider dans son investigation, en étant non seulement ses yeux, ses jambes et ses bras puisqu’il est alité, mais aussi par ses raisonnements et son bon sens. Jules Maigret va d’ailleurs déployer un large éventail d’attitudes, de la bonhommie à l’ironie en passant par l’exaspération voire la colère. En outre, Maigret comprendra tout en restant dans sa chambre d’hôpital puis d’hôtel, dans la tradition du « armchair detective », avec beaucoup de finesse, d’opiniâtreté et d’intelligence. Un récit daté (1932) avec quelques égarements parfois misogynes et antisémites (sur la tendresse plantaire des Juifs, même si Maigret s’en défend dans la foulée dans un ricanement allègre), mais dont le style ne m’a pas décontenancé. Une histoire complexe (un peu trop, même, à mes yeux, au point de la rendre un peu capillotractée), riche, remontant dans le passé, puisant même outre-Atlantique ses racines, avec un final très particulier quant à la démesure que peut entraîner l’amour fou. J’ai été également surpris, moi qui me souvenais de l’adaptation avec Bruno Cremer sous le titre « Le Fou de Sainte-Clothilde », parce que cette transposition télévisuelle est très lointaine du roman, au moins dans sa résolution et les motivations du tueur, mais peut-être est-ce que je me trompe, il faudra que je la revoie dès que possible afin de confirmer ou d’infirmer ce point. Au moins, comme dans « Maigret se trompe », cela m’a permis de ne pas m’attendre du tout à la solution dans la mesure où j’en avais une autre en tête. Bref, une nouvelle réussite pour Georges Simenon et son enquêteur fétiche.

    08/08/2019 à 08:45 3

  • Voir Venise... et crever

    James Hadley Chase

    5/10 … ou comment le millionnaire / milliardaire américain Don Micklem en vient à essayer d’aider un ancien camarade de combat (ils se sont connus pendant un parachutage en Italie lors de la Seconde Guerre mondiale) John Tregarth par l’entremise de l’épouse de ce dernier. Sans le savoir, Micklem va devoir se rendre à Venise et affronter de dangereux sbires pour retrouver un document qui intéresse fortement les services secrets. Des ouvrages de James Hadley Chase, j’en ai lu quelques-uns, et le très bon alterne avec le médiocre. Ici, clairement, on est plutôt dans cette seconde catégorie. Factuellement, ça part plutôt bien : un héros charismatique et malin, quelques acolytes bien sympathiques (les relations avec son domestique, Cherry, sont bien amusantes), et il y a de l’action portée par une écriture simple mais éprouvée et efficace. Après, il y a pas mal de points qui me laissent perplexes. Les ennemis ne sont guère roués en plus d’être assez insignifiants au combat, au point que Micklem et les siens ont souvent trop facilement le dessus sur eux sans que ça ne soit leur métier. En outre, au vu de l’importance des documents à récupérer, les « méchants » (appelons-les ainsi, sans que ça ne soit caricatural, car leur côté malveillant n’est guère impressionnant) ne mettent que rarement en œuvre les moyens (financiers ou humains) pour parvenir à leurs fins, ce qui nuit à la crédibilité. Et puis, il y a cette cinquantaine de pages au cours desquelles Micklem et ses compagnons tentent d’échapper à la traque menée par leurs ennemis : longues, très longues, trop longues. Sans suspense, sans piment, sans frisson. J’ai autant accroché à cet interminable passage que de l’eau plate à un plafond. Bref, dans l’ensemble, indéniablement, ça se laisse lire, mais ça reste peu convaincant. C’est, en quelque sorte, une carte postale écrite et envoyée depuis Venise, mais rédigée à la va-vite histoire d’être expédiée juste avant la levée du facteur.

    08/08/2019 à 08:39 1

  • Perfect Crime tome 5

    Yuya Kanzaki, Arata Miyatsuki

    8/10 Usobuki semble entrer en concurrence avec Hosaka dans la première histoire qui se décline sur trois chapitres (là où l’on a habituellement affaire à des histoires plus courtes) autour de ce récit de vengeance. Ensuite, comment un couple épris l’un de l’autre, jusqu’à la naïveté la plus rose, en vient à se déliter de manière sanglante. Une amitié de lycée et une relation conjugale qui vire à l’hécatombe. La dernière histoire vient se nouer à la première, avec une histoire de match de kendo, mais moins efficace que d’autres à mon goût.

    08/08/2019 à 08:36

  • My Home Hero tome 3

    Masashi Asaki, Naoki Yamakawa

    8/10 Troisième tome de la série. Monsieur Kubo apparaît comme le véritable boss de l’association criminelle, tandis que Tetsuo intègre, bien malgré lui, l’organisation, notamment en devant découper un cadavre à la tronçonneuse et en étant filmé pendant l’acte, pour que les malfrats puissent peser sur lui. C’est également l’affrontement psychologique entre Tetsuo, le père du bourreau, et celui de Nobuto, la victime. Le subterfuge de Tetsuo pour faire croire que Nobuto est encore en vie fonctionnera-t-il ? Tout y est aussi intelligent, plausible et efficace, et je vais bien évidemment continuer cette série prenante.

    08/08/2019 à 08:35 2

  • City Hunter tome 1

    Tsukasa Hojo

    7/10 Le dessin a un peu vieilli (ce manga date de 1986), mais je découvre avec intérêt cette série très connue, bourrée d’un humour bon enfant et d’un érotisme gentillet et coquinou, qui commence avec une tentative de chantage sur un boxeur pour fausser le résultat de son prochain match. Pour ma part, entre deux mangas sombres et violents, cela me permet de respirer, de changer d’atmosphère. Même si les sujets abordés et les criminels affrontés sont durs et sauvages (comme ce violeur en série ou ce tueur qui se sent invincible après l’injection d’une drogue), tout est fait (du point de vue esthétique comme scénaristique) pour être plaisant, lisible de tous. Je serai assurément au rendez-vous d’autres tomes de cette série décontractée et distrayante.

    08/08/2019 à 08:34

  • City Hall tome 2

    Rémi Guérin, Guillaume Lapeyre

    8/10 Un deuxième opus qui ne perd pas de temps, avec une série d’entraînements contre un pastiche de Lord Black Fowl. Toujours beaucoup d’action et de rythme (même quand Arthur Conan Doyle et Jules Verne s’en vont voir le policier en voiture, cela prend des airs de course automobile !). Harry Houdini au sommet de son art apparaît ainsi que Mary Shelley, et l’on s’intéresse davantage à la séquestration du père de Jules Verne, Pierre. Un autre combat de titans de grande qualité graphique, la perspicacité de l’écrivain, l’ingéniosité de l’ingénieur, et toujours ce charme qui m’a happé dès le premier tome et ne me lâche plus.

    08/08/2019 à 08:33

  • Offrande funèbre

    Lincoln Child, Douglas Preston

    8/10 Une série de crimes étranges secoue New York : des cœurs tout juste arrachés à des victimes sont laissés sur les tombes de femmes suicidées bien des années plus tôt, accompagnés de formules poétiques. Parce que le directeur adjoint de l’antenne new-yorkaise du FBI Walter Pickett veut se débarrasser de l’encombrant inspecteur Pendergast, il lui associe, de force, le jeune agent Coldmoon, et il espère profiter de son prochain faux pas pour le faire tomber. Pour Pendergast et son acolyte, c’est le début d’une enquête qui va les voir affronter un ennemi saturé de contradictions… et aussi lyrique que mortel.

    Ce dix-huitième tome de la série consacrée à Pendergast est une nouvelle réussite. Comme on retrouve un vieil ami à un rythme régulier (un par an), cet opus nous permet de renouer avec l’inénarrable inspecteur Pendergast, stupéfiant alliage de civilité, d’intelligence, d’opiniâtreté et d’efficacité. Ici, il s’agit pour lui de mener, en quelques sortes, deux investigations distinctes : celles concernant ces récentes victimes dont les cœurs ont été prélevés, et ces femmes suicidées par pendaison il y a onze ans. Un épisode qui permettra, une fois de plus, de noter qu’il n’a rien perdu de son esprit et de son sens remarquable de l’observation. Douglas Preston et Lincoln Child font un magnifique étalage des capacités policières de ce protagoniste hors du commun, qui va ici se frotter à un assassin particulièrement malin et déterminé, mais dont le profil psychologique réserve bien des surprises. Il ne s’agit pas là d’un énième tueur en série dont on connaîtrait sur le bout des doigts, avant même de les voir dévoilés, ses traumas, ses déviances et ses maux. C’est avant tout un être brisé, en quête de rédemption, et dont l’épilogue à son égard ménage tout autant l’aversion légitime que l’on peut ressentir pour lui qu’une forme indéniable d’empathie. Tout à tour limier aussi perspicace que Sherlock Holmes (une scène en forme de clin d’œil attend les fans de ces deux enquêteurs dès le début du livre), brillant psychologue au point d’exploiter l’impact médiatique pour mener à bien sa mission, et guerrier face à des hommes résolus comme face à des alligators affamés, Pendergast s’illustre avec brio. Ce qui constitue une autre qualité de ce roman, c’est ce casting qui permet de découvrir deux nouveaux personnages : la rusée et tenace médecin légiste Charlotte Fauchet, et Coldmoon, Amérindien d’origine lakota, amateur de café bouilli, et que l’on aura plaisir à retrouver dans Crooked River (le prochain opus de la saga).

    Si l’on ajoute à cela une conclusion pleine de tact qui permet de livrer les ultimes révélations quant aux mobiles du tueur et les origines de sa fracture psychique, voilà un nouveau succès pour Douglas Preston et Lincoln Child ainsi que pour leur personnage emblématique.

    02/08/2019 à 08:57 5

  • Le Roi du K.O.

    Harry Crews

    7/10 Eugene Talmadge Biggs est un boxeur à part. Il a un physique très agréable et quelques victoires à son compteur, mais il a un curieux handicap : suite à un combat, il peut désormais se mettre K.O. tout seul en se cognant la pointe du menton. Alors que le monde de la boxe semble vouloir le quitter, Eugene va faire une série de rencontres qui vont bouleverser son existence…

    Harry Crews, dont on adore quelques-uns de ses ouvrages qui sont devenus des classiques, comme Le Chanteur de gospel, La Malédiction du gitan ou La Foire aux serpents, signait en 1988 cet ouvrage complètement foutraque. Les scènes qui ouvrent l’ouvrage donnent d’ailleurs la mesure de la folie douce qui va suivre, et les divers personnages qui vont apparaître ne viennent qu’avérer ce fait. Un pugiliste capable de se mettre K.O. tout seul, deux entraîneurs qui se présentent comme des hommes alors que l’un d’eux est une femme, un individu émacié que l’on tient en laisse avec la tête prise dans un collier de clous que l’on surnomme « L’Huître », un ancien boxeur devenu projectionniste de films interlopes dont des snuff movies, un jeune coq au parler cajun tellement haché qu’il faut s’y reprendre à plusieurs fois pour comprendre ce qu’il baragouine, une jeune femme au physique intéressant qui veut faire une thèse sur Eugene, etc. Des êtres perdus, à la marge de la société et de la bien-pensance, et, comme toujours chez Harry Crews, éclatés soit par la Nature soit par la société. De belles tranches de rires au gré des pages incendiaires de cet opus, jamais aux dépens de ces protagonistes, mais plutôt au cours des scènes où ils apparaissent, en complet décalage avec certaines normes. Il y a également de nombreuses références au « noble art », que ce soit dans les techniques, les usages, les pratiques, mais aussi du point de vue historique. Le roman, quelque part entre le roman noir et la littérature blanche, se lit d’un bout à l’autre avec régal, même si parfois quelques temps morts viennent diluer la qualité de cet opus.

    Encore une réussite pour Harry Crews dont on ne cesse de (re)découvrir avec toujours autant d’appétit sa bibliographie, composée de livres extravagants et loufoques, et dont on ne saurait se lasser.

    02/08/2019 à 08:50 5

  • Dans la maison

    Philip Le Roy

    8/10 Une bergerie isolée dans le col de Vence. Huit lycéens décident d’y passer une soirée. Camille, Léa, Marie et Mathilde pour les filles, et Maxime, Quentin, Mehdi et Julien pour les garçons. Des adolescents fermement décidés à se faire peur, par tous les moyens, et à picoler pour que la fête soit plus folle. Et, effectivement, la soirée sera démente. Aux portes de la démence.

    De Philip Le Roy, on a déjà amplement salué ses romans pour les adultes (dont Pour adultes seulement, La dernière arme ou Le neuvième naufragé, et pour les jeunes, Blackzone, Red Code et White Shadow. Voilà qu’il revient chez l’éditeur Rageot pour ce nouvel opus, saturé d’angoisse et de rebondissements. Un ouvrage détonnant, débordant de références à des films d’horreur et autres slashers chers au cœur des jeunes lecteurs auxquels s’adresse en priorité ce roman. L’écriture claque, le style emporte, les dialogues fusent. C’est vif, ardent, dégainé avec la maîtrise que l’on ne pouvait qu’attendre d’un tel maître de la gâchette. Les personnages, bien décrits et justes, malgré quelques clichés toujours inhérents à ce genre littéraire, sentent le vécu, le réel, et le lectorat n’aura aucun mal à se prendre d’empathie pour certains, d’aversion pour d’autres, mais, quoi qu’il en soit, verra dans ces divers protagonistes des êtres d’encre faisant écho à eux-mêmes. Le décor est rapidement planté : le col de Vence, ses décors angoissants, ses forêts propres à susciter le trouble, et ces faits – que les esprits plus cartésiens ou moins fantaisistes qualifieront d’affabulations – relatifs à la présence d’OVNI. Chacun des membres de ce club des huit a déjà en tête, au tout début de ce qui doit être une fête, des subterfuges et des stratégies pour épater ses camarades, leur faire peur, et pouvoir ensuite se payer leurs têtes. Mais, comme on peut s’en douter, le plan alcool – frissons – rigolade va tourner à la nuit blanche. Blanche d’appréhension, de doute, de panique. A la manière d’un R. L. Stine sous amphétamines, Philip Le Roy multiplie les situations anxiogènes, les twists, les retours à la réalité, pour plonger de plus belle vers de nouveaux épisodes d’affolement. Apparitions paranormales, appels à des esprits facétieux, influences du folklore japonais, survenues de personnages inattendus, manifestations extraterrestres : un beau bouquet de fleurs du mal que l’on prend un plaisir presque coupable à effeuiller. Et puis, il y a la révélation finale, l’explication de ce chaos nocturne : forte, efficace et d’autant plus redoutable qu’elle place la globalité du récit sur les rails de la crédibilité.

    Quelque part entre Shining et Dix petits nègres, un thriller de haute volée pour les adolescents comme pour les adultes, qui démontre, s’il en était encore besoin, la maîtrise scénaristique et narrative de Philip Le Roy, capable de faire frissonner avec l’artifice et la maîtrise d’un romancier devenu réalisateur par la force des images qu’il impose dans son ouvrage. Nous avions déjà qualifié Blackzone de « blockbuster littéraire » ; ce livre mérite nettement la même formulation.

    02/08/2019 à 08:46 3

  • Détective Conan Tome 78

    Gosho Aoyama

    6/10 Une murder party dans un train, le « Bell Tree Express », et l’une de ses voitures, la numéro 7, aurait disparu, avec un cadavre à l’intérieur, puis une affaire de meurtre en chambre close. Une ambiance à la Agatha Christie, joliment appuyée, et les Hommes en noir qui réapparaissent. Mais un peu plus d’une centaine de pages alors que, à titre très personnel, j’apprécie davantage les histoires isolées plutôt que les connexions à cette histoire d’Hommes en noir, ça m’a paru un peu longuet, surtout vers la fin. Puis un autre meurtre en chambre close : une résolution sympathique, mais qui ne m’a pas touché ou fait vibrer plus que cela. Enfin, une troisième histoire, à peine ébauchée, où réapparaît Kaito Kid. Dans l’ensemble, un opus agréable, mais pas l’un des plus marquants de la série, loin de là, à mes yeux.

    01/08/2019 à 08:56

  • Waltz tome 5

    Kôtarô Isaka, Megumi Ôsuga

    7/10 Toujours beaucoup de réussite dans cette série, avec une esthétique léchée et un scénario prenant. On se rapproche de l’antre du « Chapelier » tandis qu’un piège bien costaud se met en place (avec fusils d’assaut lance-roquettes), et un assaut avec des abeilles. Une belle ribambelle de tarés, de psychopathes et de tueurs, tandis que l’on comprend davantage la genèse du « Chapelier ». De l’action à revendre dans cet avant-dernier tome d’une série pleine de bruit et de fureur.

    01/08/2019 à 08:55

  • My Home Hero tome 2

    Masashi Asaki, Naoki Yamakawa

    8/10 Un deuxième opus qui reprend ce qui fait à mes yeux la force de la série : graphismes simples mais élégants, personnages et intrigue vraisemblables, et cette curieuse délectation de voir un individu lambda basculer dans la violence et se laisser prendre dans le maelstrom des conséquences. Quelques scènes qui arrivent vite et sont flippantes, comme Tetsuo debout sur une longue planche au-dessus du vide, ses geôliers espérant qu’il craque, ou son intelligence lors de l’interrogatoire (musclé). Il en vient même à devenir une pièce maîtresse de l’organisation criminelle dont il a tué un membre. Décidément, le rythme ne faiblit pas, demeurant dans la noirceur, la vraisemblance, j’adore ça !

    01/08/2019 à 08:54 3

  • Perfect Crime tome 4

    Yuya Kanzaki, Arata Miyatsuki

    9/10 Le piège semble se refermer sur Usobuki dans ce quatrième épisode, mettant à mal la conscience du jeune inspecteur. Puis un jeune homme victime de racket et de violences, avec une habile variation de l’amour parental, et toujours l’un de ces rebondissements efficaces. Une jeune idole et ses amours embarrassantes, et Usobuki tombe sur un autre « insensible », à savoir quelqu’un n’étant pas sujet à ses suggestions mentales. Une rivalité amoureuse, avec une bimbo retravaillée par la chirurgie comme instigatrice, qui va se retourner de façon machiavélique contre elle. Et une histoire de famille bien retorse. Que du bonheur, encore une fois, avec ces récits sombres et aux twists prenants.

    01/08/2019 à 08:53

  • Prison School 002

    Akira Hiramoto

    6/10 Des dessins toujours aussi crus (sans jamais que ça ne soit démentiellement explicite ou vulgaire) et une forme de cruauté parfois dérangeante (dès la première scène, où une adolescente se venge de l’un des adolescents en lui demandant d’uriner devant lui). Le plan de l’évasion se concrétise pour nos cinq captifs. Le dessin demeure toujours aussi réussi, mais cette fixation de l’auteur/dessinateur sur le côté sexuel commence à me saouler : gros plans sur des fesses, gros plans sur des seins, gros plans sur des cuisses, gros plans sur des sexes féminins à peine voilés d’un court arpent de tissu… Pour le moment, malgré un ultime rebondissement quant à la tentative d’évasion, cette série me fait plutôt penser à un étalage de chairs destinés à exciter la fibre érotique du lecteur qu’à offrir une réelle intrigue.

    01/08/2019 à 08:53

  • Reversible Man tome 1

    Nakatani D.

    7/10 Un manga thriller qui amorce son action dès les premières pages, mais en réservant tout de même un peu de suspense autour de ce premier cadavre qui retourne les estomacs de tous les policiers, et qui a été « retourné » comme s’il s’agissait d’un simple vêtement. Un patchwork sacrément ébouriffant de violence, et de vengeance, où plane l’ombre d’une légende urbaine, celle de la femme aux 1000 orifices, mais plus réellement d’une jeune femme qui serait là pour venger sa petite sœur. Des scènes particulièrement marquantes, au fer rouge, comme l’état du cadavre de la jeune femme, victime des pires sévices, et des violences finales apocalyptiques, proche d’un immense foutoir gore, ce qui m’a en partie fait quitter le navire en raison de cette effusion un peu gratuite de baston et cette perte de « crédibilité ».

    01/08/2019 à 08:52 1

  • Le maître des couteaux

    Bruno Gazzotti, Fabien Vehlmann

    7/10 Toujours beaucoup de réussite dans le graphisme, à la fois bon enfant et dynamique, et le côté gentiment puéril de Terry (notamment avec ses chambres mises en scène selon des thèmes et les histoires qu’il se raconte) me plaît, tandis que le passé de Dodji se révèle avec pas mal de tact et d’humanité, avec une touche d’humour bienvenue (la scène au cinéma, avec un film visiblement un peu olé-olé). Et pour une fois que nos gamins (plus exactement, Dodji) toment sur un adulte, il faut que ça soit un psychopathe amateur d’armes blanches (enfin, la fin de ce volume apporte pas mal de nuances à ce sujet). A défaut d’être ébahi ou surpris, je me laisse gentiment prendre au jeu de cette bande dessinée plaisante et enjouée.

    01/08/2019 à 08:51 2

  • Akumetsu tome 3

    Yoshiaki Tabata, Yûki Yogo

    6/10 Le troisième tome de cette série consacrée à ce vengeur masqué et furibond qui s’en prend aux grands malfrats du Japon. Toujours autant de combats et d’action, avec cette fois-ci l’utilisation des médias par Akumetsu pour servir sa croisade punitive contre le crime en col blanc, où il se déguise en pompier qui est en réalité bien plus un pyromane. Toujours aussi efficace et cathartique, même si la finesse n’est pas sa qualité première.

    01/08/2019 à 08:49