Coco Lamartre

139 votes

  • Les auteurs du Noir face à la différence

    Ouvrage collectif

    9/10 J’ai tourné les pages de ce recueil sans m’arrêter. J’ai savouré cette lecture. Les auteurs se sont pliés à un exercice difficile avec un sujet Très précis, la différence. On peut passer de la colère à une énorme tristesse, une empathie incroyable parfois. Seulement deux ne m’ont pas convaincue. Étonnamment, ce ne sont pas les écrivains les plus connus qui ont sorti les meilleures. C’est mon point de vue, bien sûr.

    04/09/2020 à 19:25 4

  • Etrange étranger

    Ouvrage collectif

    9/10 Identité, diversité, altérité, 14 nouvelles, 14 regards sur l'autre... Celui qu'on croise tous les jours sans jamais le voir, l'exclu, le paria, le vagabond, celle qui cumule misère, migrante, toxico, les oubliés... Beaucoup de noir, de gris ou de blanc ! Franchement, 14 récits qui valent le détour.

    06/04/2021 à 15:05 2

  • Crimes au musée

    Ouvrage collectif

    6/10 Des petites nouvelles mais d'un niveau très inégal, parfois décevant.

    06/04/2021 à 15:08 2

  • Celui qui n'était pas un meurtrier

    Michael Hjorth, Hans Rosenfeldt

    8/10 Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’aucun des personnages n’est sympathique. Ils ont tous quelque chose de désagréable, de psychorigide, sûrs d’être le ou la meilleure ou complètement tourmentés… sauf peut-être Torkel, le chef, et encore. La palme revient à Sebastian Bergman, le protagoniste ! Ce type est une horreur ! Mais j’ai retrouvé l’ambiance de la série « Bron » que j’adore avec la drôle de Saga. Je me dis qu’après tout, on n’est pas obligés d’apprécier les héros pour rentrer dans l’intrigue bien ficelée et pour ne pas laisser ce polar au coin de la table. On ne le lâche pas.
    Pour terminer à propos de Bergman, je me suis juste dit à la fin, à la dernière page : « Bienfait pour ta gueule ! On verra comment tu vas t’en sortir ! » J’aurais presque ri. J’entendais presque la petite musique des « Tontons flingueurs »… Ravie de ma lecture !

    18/08/2023 à 15:07 8

  • De bonnes raisons de mourir

    Morgan Audic

    8/10 Je venais de regarder le mini-série "Chernobyl" que j'ai adorée et je me suis dit : "Continue, t'es contaminée, un peu plus ou un peu moins..." Et bien, dans le mille ! Je m'y croyais ! Finalement, je voyais tout en cinémascope mais en gris. Tout était là : la trouille, l'angoisse, la maladie, la destruction, l'abandon, la guerre, le décor noir de crasse, de poussière et de radiation, les flics avec une grosse personnalité, la vengeance qui se mange froid... En résumé, Un monde pourri ! Du talent ce Morgan Audic, un vrai premier choix.

    07/11/2020 à 19:59 15

  • L'Île des âmes

    Piergiorgio Pulixi

    9/10 J’évite de noter un roman à chaud. Je dois le digérer au moins pendant au moins un ou deux jours. Force est de constater que la digestion s’est bien passée comme la dégustation. Il mérite amplement son prix et ses étoiles car c’est une belle découverte.
    Quelle ambiance et quel décor ! J’ai navigué entre « Matteo Falcone » de Mérimée et « La Vendetta » de Maupassant à la sauce Sarde. Les femmes flics sont savoureuses et délectables, piquantes, épicées. Un binôme parfait, deux pendants ! Les hommes de la communauté de l’arrière-pays sont plus âpres et le plat m’est resté en travers de la gorge avec un arrière-goût ! Comme tout ça est bien mené et bien écrit, une belle plume.
    J’ai hâte de goûter au suivant…

    22/09/2023 à 14:33 14

  • La Police des fleurs, des arbres et des forêts

    Romain Puértolas

    10/10 Ce samedi, il fallait que je quitte la noirceur scandinave. Je suis partie sur la Nationale 7, la route des vacances ou peut-être une autre... Je me suis égarée en juillet 1961, lors d’un été caniculaire. J'étais dans l'ambiance. Pourtant, une petit vent de fraîcheur sentant bon le thym, la marjolaine et l'origan a soufflé et chassé l'obscurité scandinave. Le parfum des fleurs était enivrant. Comme ils m'ont fait du bien page après page ! Aucun moment d’ennui dans ce petit village perdu et coupé du monde entre deux montagnes où l'on cultive des fruits savoureux autant que ce roman. On suit un jeune officier de police, un peu Lecoq, un peu Maigret, un peu Poirot dans leurs premières armes. Le jeune homme est épaulé par un sympathique garde champêtre, un peu Catarella, un peu Vianello. Tous les villageois à la manière de Pagnol sont là, pittoresques : le maire, l'hôtelier, le curé... avec des accents à la Giono. On sourit, on rit mais on finit par s'inquiéter, angoisser. Il y a tant de mystères et de secrets autour de Joël, la victime. On s'envoie des lettres. Les échanges épistolaires forment la trame, tissent l'intrigue, sèment les indices. Quel étonnant dénouement ! Justice est faite pour un sans-voix plein de bonté et d'innocence, un peu tête de mule, sans défense, massacré, qui aimait tant les gaillardes et se coucher dans l'herbe rouge ! En 1961, qui s'en serait soucié ? Et bien, tout le village avec la police des fleurs, des arbres et des forêts. Merci Romain Puértolas.

    03/08/2020 à 12:28 12

  • Trois mille chevaux vapeur

    Antonin Varenne

    9/10 J'avais besoin d'évasion, trop de noirs, un peu écœurée comme quand on boit un café avec trop de tanin. Un roman d'aventures, c'était bien comme choix pour mettre les voiles, foutre le camp. Alors là, chapeau, billet "Birmanie - États-Unis via Angleterre" gagnant ! En plein dans le 1000 ! Quelle aventure ! Quel voyage ! J'ai filé ventre à terre avec le sergent Bowman, en selle sur Walden et accroche-toi au pommeau. Un road-book , un livre de bord, un carnet de voyages sans jamais une once d'ennui, sans péripéties abracadabrantes. Ça tient la piste. Oh, que ça m'a fait du bien...

    11/09/2020 à 17:00 12

  • 1793

    Niklas Natt och Dag

    10/10 Quand j'ai lu la première de couverture, j'ai cru que Niklas Nacht Och Dag 1793 était le titre. Il est vrai que je n'y connais absolument rien en suédois. Passons parce-que Niklas a écrit un chef d’œuvre loin, très loin de Sandham, le Biarritz suédois, ses sandales et son sable blanc. Sacrée documentation à l'appui, une tâche d'historien.
    Je l'ai dévoré jusqu'à la nausée, à l’écœurement. La misère du peuple consommable, les guerres en toile de fond, la faim, les maladies, les odeurs nauséabondes, la fange, la perversité jusqu'à l'horreur des nantis, une monarchie vacillante, le décor de rêve est planté pour un polar dans ce sale vieux Stockholm. On poursuit dans les rues et à travers la Suède miséreuse, un binôme d'enquêteurs improbables mais attachants. L'avocat éclairé, érudit, un homme des Lumières, souffreteux, presque à l'article de la mort mais assoiffé de justice, est épaulé par un vieux cuir, un vieux choufe, blanchi sous le harnais de l'armée, des guerres, boucheries incessantes. Ce dernier n'a rien à perdre juste à regagner sa dignité. Il y a un peu du sergent Bowen en lui (Trois mille chevaux vapeur). Je les aime bien.
    En tout cas, tout cela fait un sacré cocktail ! J'ai eu du mal à décrocher et surtout je l'ai gardé en bouche un moment avant de passer à autre chose.
    J'attends la prochaine année, 1794, mais elle est en avril...

    07/11/2020 à 19:18 11

  • Seules les bêtes

    Colin Niel

    9/10 Un magnifique roman choral à cinq voix aux destins liés, cinq désespérés, bien orchestré par Colin Niel . Il va bien au-delà du roman noir. Au fil des pages, on n'en oublierai presque la disparition de cette pauvre femme riche capricieuse, d'ailleurs, elle ne fait pas parti du chœur. La force de ce livre, c'est d'aller dans le fond des âmes, de leur vie sans artifices. Chaque personnage est un témoignage. Colin Niel brosse un tableau de la misère sociale, ici et ailleurs, de l'abandon de ceux qui tiennent à bout de bras leur vie, leurs bêtes et leurs terres, des oubliés cachés derrière les murs épais des fermes de montagne et des étables dans leur solitude, même à deux. Toutes les questions sont posées mais il n'y a pas de réponses.

    24/08/2020 à 18:29 11

  • Back up

    Paul Colize

    10/10 Et puis, il y a eu Back up... il est toujours là, inoubliable. Comme cela a été difficile de commencer la cure de désintox et ce n'est pas fini. Une salade de tutti fruitti, délicieuse qui explose, qui balance des grandes balles de feu de toutes les couleurs. Lectrice Sous Dépendance, voilà, ce que je suis devenue. L'été était encore plus bleu, les étoiles étaient bleues dans un ciel de satin blanc. On prend une dose de cheval, on traverse le rock, on twiste, on s'emballe, toute une histoire qui défile. On peindrait tout en rouge en laissant le noir. J'avoue, j'ai vraiment de la sympathie pour le Diable quand il s'appelle Paul Colize. Je ne voulais pas que ça s'arrête...

    11/09/2020 à 18:15 10

  • Enfant 44

    Tom Rob Smith

    9/10 Quelle ambiance ! Elle est juste parfaite façon "bienvenue au paradis soviétique". Fascinant de réalisme, on s'y croirait presque. Enfin, sans vraiment avoir envie d'y être. On n'a pas envie non plus de chanter "emmenez-moi" pour se retrouver relégué au placard, confiné loin de Moscou. Leo va faire les frais de sa quête de vérité, descendre tout en bas, au fin fond d'une ville miteuse. Pourtant, le héros de la Grande Guerre patriotique, le brillant officier du MGB avait tout pour réussir et grimper en haut de l'échelle. Au final, le camarade s'en tire plutôt bien !

    06/04/2021 à 15:59 10

  • Et toujours les Forêts

    Sandrine Collette

    9/10 Plus je lis Sandrine Collette plus je l'aime. Pourtant son style me déroute. Je ne peux pas dire que je l’apprécie mais je n'arrive pas à lâcher le roman, à chaque fois. Lorsque je lis Herta Müller, Prix Nobel de Littérature, ça me fait le même effet. Celui-ci est indéniablement mon préféré.
    Sandrine Collette a réussi la prouesse de me faire rentrer dans l'univers de "La Route" de Cormak McCarthy sans "impression de déjà vu". C'est fort, très fort. Tout y est l’atmosphère oppressante, angoissante, l'instinct primaire des hordes barbares, l'espérance que rien n'est écrit, vivre pour ses enfants et leur offrir un monde meilleur jusqu'au sacrifice... Beaucoup d'éléments communs jusqu'au style à la ponctuation minimaliste mais que c'est beau !

    07/11/2020 à 18:51 10

  • Glaise

    Franck Bouysse

    10/10 Décidément, j'aime les romans de Franck Bouysse, j'aime ce style si riche. On pourrait passer des heures à décrypter ces procédés d'écritures qu'il manie si bien. C'est un plaisir de lire la beauté des phrases. J'ai plongé dans "Glaise". Ce roman noir me rappelle un passé pas si lointain de la vie rude des paysans de montagne. C'est "La terre" de Zola. J'ai vu Marie tenir la barre, Mathilde tenir debout, Irène devenir folle, Joseph devenir un homme, la monstruosité et l’inhumanité de Valette et Léonard la voix de la sagesse. J'aime l'empathie de l'auteur pour les animaux trimards qu'il fait passer à travers le jeune homme en herbe et le vieil homme.

    09/07/2020 à 19:30 10

  • Animal

    Sandrine Collette

    8/10 Nin et Nun, Mara et Matthieu, quatre êtres aux destins liés. Nin et Nun comme le yang et le yin d'une fratrie, arrachés à la forêt et aux prédateurs par Mara pour sauver leur petite vie qui vaut moins que celle d'un animal. Deux petits d'homme sacrifiés. Malgré lui, Matthieu, fou amoureux inconditionnel, rendra Lior emportée par la foule à Nun qui va lui voler. Pourtant, elle avait trouvé la paix de l'âme. Deux chasseurs que les animaux réuniront pourtant. Après ça, fini la soif de sang et de vengeance... Un roman initiatique où les animaux détiennent la clé. Sommes-nous si bêtes pour ne pas les comprendre ? Sandrine Collette nous livre une belle réponse. Mon premier et pas mon dernier.

    11/09/2020 à 17:23 9

  • Blood & Sugar

    Laura Shepherd-Robinson

    10/10 Que dire de ce roman ?
    Qu’il est juste formidablement bon. Que l’écriture est juste.
    Que les personnages même les plus odieux ne sont pas forcément complètement détestables, qu’ils sont tous dans leur dure et violente époque, dans leur grandeur ou misère, qu’ils sont mus par leur instinct de survie, que le « quoiqu’il en coûte » est leur credo pour remplir la colonne « profits » du livre de compte et que la colonne « pertes » reste la plus vierge possible.
    Que le héros en est un véritable ainsi que son défunt ami, qu’il est droit, honnête, pugnace, qu’il est sans failles devant la tâche surhumaine dont il a hérité.
    Que si Miss Sheperd-Robinson avait été Française, ce roman aurait certainement pu avoir comme décor le port français de Nantes, des navires négriers français et les Antilles françaises.
    Ce roman est aussi un terrible miroir, il nous met face à nos contradictions, nos arrangements avec la moral, nos compromissions… ! Et oui, sommes-nous si différents de ces hommes d’un autre siècle qui pour des plaisir sucrés, pour un café bien noir, un rhum ambré, un chocolat bien brun et de leurs prix négociés, très loin de la vieille Europe, au plus bas, étaient prêts à tout ?
    Que les drames et les horreurs qui défilent tout au long des pages pourraient très bien se jouer de nos jours, dans un autre roman.

    19/08/2023 à 19:51 9

  • Germania

    Harald Gilbers

    8/10 Depuis quelques temps, le IIIème Reich est mon fond de lecture. Ce roman est le meilleur de tous ceux que j’ai enquillés depuis longtemps. On n’est pas encore avec Bernie Gunther et du Philip Kerr mais l’inspecteur Oppenheimer n’est pas mal du tout. Quoiqu’il en soit la barre était très haute et renouveler le genre, les personnages avec cette période de l’histoire est une gageure !

    17/12/2023 à 15:22 9

  • Miroir de nos peines

    Pierre Lemaitre

    10/10 Impossible de mettre moins ! je suis partial, j'adore Pierre Lemaître. Jamais, il ne me déçoit. Je suis juste en colère de savoir que cette fresque s'arrête là, pourtant, il y aurait de quoi continuer ? Une épopée épique ! Des personnages lancés sur les routes de France en pleine exode, des cabossées de la vie. Il y a une atmosphère d'un long dimanche de fiançailles et d'Amélie Poulain, des images qui défilent avec un filtre... Une jeune femme qui prend le taureau par les cornes, Un Don Quichotte en Peugeot, un escroc "froqué" en curé et pardonnable, des militaires dans la Bérézina mais vaillants... Le style, les expressions, j'en ris malgré l'heure tragique. D'ailleurs, j'aime bien les replacer dans des conversations. Merci Pierre ! Je ne vais pas m’éterniser, le lecteur aura compris que je suis dithyrambique et que ça suffit, la cour est pleine.

    07/11/2020 à 20:47 9

  • City of Windows

    Robert Pobi

    6/10 C'est vrai, ça se lit vite, l'écriture est efficace sans fioritures. Roman à suspense, on ne peut pas lui ôter, avec un type genre super-héros des neurones (dans le genre, je préfère Yukawa, désolée pour les Américains) et une cinglée super-vilaine de la gâchette. Malheureusement, j'avais déjà senti le truc venir, trop cousu de fil blanc, ou petits cailloux laissés ça et là... Un bon moment mais ça n'a pas fait mouche !

    08/04/2021 à 20:14 8

  • Dans la rue j'entends les sirènes

    Adrian McKinty

    9/10 Qu’est-ce que j’adore Sean Duffy et l’écriture de McKinty ! Qu’est-ce que j’adore l’ambiance froide et glauque de l’Irlande du Nord ! Bienvenue en Ulster où pourtant tourner la clé de contact de sa voiture tous les matins est un vrai concours de roulette russe. Sean boit, fume mais quel chouette gars et il aime George Best, l’inoubliable ! Il pleut, il caille, la bouffe est infecte. Je ne sais pas si je survivrais au régime Duffy…

    10/08/2023 à 17:25 8