JohnSteed

559 votes

  • Dernier tour lancé

    Antonin Varenne

    9/10 Ce livre transpire la rage : la rage de vaincre, la rage contre le système, contre la société et l’hypocrisie. Antonin Varenne s’est lâché, son écriture est incisive, taillée dans l’arme la plus difficile à manier mais la plus percutante. Le mot est recherché, le verbe est assassin. Pourtant entre les lignes, le lecteur ressent de l’amour… Un roman puissant, hypnotique, et attachant.

    Pas utile d’être un fan voire un amateur de course de moto GP pour rentrer dans l’histoire. Ici on pénètre dans la folie des protagonistes, de celles et ceux qui se cherchent, qui vont au bout d’eux-mêmes, quand bien même personne ne sait véritablement où se trouve cette limite…
    Julien Perrault, le plus grand espoir des pilotes GP français. Sa dernière course l’a cloué dans un hôpital psy, le corps meurtri, rafistolé mais la tête ailleurs : restée sur le circuit du Mans, où est mort ou resté paraplégique deux pilotes dans un accident. Non tenu responsable, Julien n’a qu’une obsession : remonter sur selle. Aidé par sa psy et son pote un peu cinglé, mais surtout par son père, qui ne sait ni lire ni écrire, mais qui est… simplement son père qui l’a élevé en graine de champion.

    Antonin Varenne va nous faire vivre (au sens premier du terme) les coulisses des écuries, des sponsors, des médias,.. qu’il n’épargne pas. Il dénonce et démontre les ravages du système et de la course aveugle que tous les protagonistes suivent comme des moutons…

    Un puissant livre dont on tourne les pages aussi vite que la moto n°5 de Julien sur le circuit du Mans.

    30/06/2022 à 13:23 4

  • Dernière nuit à Montréal

    Emily St. John Mandel

    7/10 Dernière nuit à Montréal est la première œuvre de l’auteure canadienne qui écrira par la suite On ne joue pas avec la mort, Les variations Sebastian et Station Eleven. Dans ce premier livre, on trouve déjà le style de l’écrivaine qui distille avec parcimonie et subtilité littéraire les réponses à l’intrigue. Ici elle retrace la vie de Julia, de son enlèvement par son père à l’âge de 7 ans jusqu’au début d’adulte. Une vie de fugue, de fuite,… Et avec elle, elle entrainera toutes les personnes qui se sont attachées à elle : Eli, son amoureux ; Christopher, le détective privé qui passera une part de sa vie à la chercher ; Michaela, la fille de ce dernier, dont la vie sera affectée par le travail de son père.

    Une histoire intrigante rythmée par des aller-retours passé présent qui sont assez perturbants. Mais une fois habitué, on peut savourer le dénouement et cette histoire nous montre qu’il existe plusieurs vérités.

    14/06/2020 à 16:28 2

  • Dernière saison dans les Rocheuses

    Shannon Burke

    9/10 Lire ce livre fut une vraie plongée dans les meilleurs westerns, dans les plus belles histoires de la conquête de l’Ouest, dans cette Amérique sauvage où les frontières ne sont pas encore bien fixées, et varient en fonction des guerres entre Espagnols, Anglais et Américains, et des Traités de paix. Où les peuples premiers, ces Amérindiens, sont exterminés à coup de marchandages disproportionnés et d’alcool qui contribuera à l’extermination de toutes les ethnies.

    Et parmi les trappeurs qui chassent toutes les fourrures qui se présentent, et notamment la plus luxueuse, celle des bisons, le jeune William Wyeth est très attiré par l’aventure. Il y voit aussi l’occasion de faire fortune et conquérir la veuve Alene.

    Ce roman sent la poussière des plaines, les feux de camps, la poudre des fusils, le sang des animaux tués. Il transpire la malhonnêteté des hommes, le courage intrépide des trappeurs et la perfidie des ambitieux…

    Ce roman est un roman d’Aventure avec un grand A, de ceux qui constituent les trames de nos rêves de gosses (et qui fonctionnent encore plus à l’âge adulte), dont l’écriture si délicate nous apporte les images précises des scènes, à qui il ne manquerait que le son pour en faire un vrai film. Un très beau roman que je range à côté du magnifique Butcher's Crossing de John E. Williams.

    03/10/2023 à 17:01 6

  • Des fauves et des hommes

    Patrick Graham

    8/10 Fresque romanesque à travers le sud des Etats-Unis pendant la Grande Dépression. C’est sublimement raconté avec des personnages très attachants. On cite Steinbeck, voire Faulkner, moi j’ai constamment eu des images d’un film que les frères Coen auraient pu en tirer. Car tous les ingrédients sont réunis pour mettre à l’écran cette magnifique histoire : l’amour, la mafia, des politiciens, des journalistes et des flics corrompus, des fusillades à tout-va et une fin quasi mystique sous fond de misère et de désespoir.

    Tous ces thèmes m’ont fait vraiment apprécier ce livre, même s’ils ont déjà fait couler beaucoup d’encre. Mais j’aime cette période et la dénonciation de la misère humaine est un thème qui sied bien au roman noir. Et Patrick Graham l’écrit bien.

    13/12/2019 à 14:46 11

  • Des jours sans fin

    Sebastian Barry

    9/10 Dans ce western sensible, touchant et émouvant, Thomas McNulty relate son arrivée en Amérique, après avoir fui son Irlande natale où toute sa famille a péri, victime de la Grande Famine. Adolescent, avec son amant et ami indéfectible John Cole, il adossera robes sous grimage d’un noir pour gagner sa vie dans des spectacles devant les mineurs avant d’endosser l’habit militaire des Tuniques bleues pour conquérir l’Ouest sauvage. Ensemble ce couple hors norme se verra incorporer l’Union pendant la Guerre de Sécession et aider Lige Magan, un ancien ami soldat, dans son exploitation de tabac dans le Sud profond.
    Mais si ces péripéties sont aussi extravagantes, ce sont surtout les personnages aussi loufoques que remplis d’humanité qui constituent le plus grand intérêt de ce livre. Je pense notamment à l’adorable Winoma, la fille adoptive de Thomas et John, cette fille sioux arrachée à sa tribu qui fait preuve d’une envie de vivre à toute épreuve.

    Comme dans Candide, Sebastian Barry fait de Thomas McNulty un antihéros qui traverse les événements qui ont constitué le socle de l’Amérique. Mais c’est l’amour qui est présente à toutes les pages. Cet amour qui unit les hommes, qui fait croire en l’avenir, en la justice humaine. Des jours sans fin est un livre qui procure indubitablement du bonheur.

    12/06/2019 à 17:56 3

  • Desert Home

    James Anderson

    8/10 Ben Jones est un camionneur qui roule le long de la 117, une route en plein désert de l’Utah. Endetté, il sait que son camion ne va pas tarder à être saisi par ses créanciers. Mais son métier, lui orphelin à moitié juif et à moitié indien, il l’exerce comme une mission de service public pour ce territoire de ses ancêtres. Et de ses amis dont le vieux Walt, propriétaire d’un dinner, fermé, ne servant plus que de décor à un des films de série B.

    Alors que sa vie n’est que désespoir, il rencontre dans une propriété isolée près du dinner de Walt une belle et troublante femme, Claire. C’est le coup de foudre. Mais il fait l’objet d’une étrange surveillance. Est-ce lié à l’apparition de cette sirène ou d’une vieille affaire liée au viol de la femme de Walt ?

    Lire Desert home fut un réel moment de plaisir, à la découverte de Ben, de son histoire et de celles des autres protagonistes, des oubliés, des paumés ou de simples gens qui souhaitent vivre « normalement » dans ce désert où pour apprécier la lumière il faut savoir regarder à l’opposé, pour ne pas être ébloui et reconnaître la beauté des ombres. James Anderson sait transporter le lecteur dans un voyage dont il aimerait qu’il ne s’arrête jamais.

    06/03/2022 à 10:46 6

  • Détour

    Martin M. Goldsmith

    9/10 Si vous aimez les polars des années 30-40, les anti-héros, les situations cocasses, plongez-vous dans ce livre. Ce fut pour moi un vrai régal. Je ne vais pas vous faire le pitch du livre. Le style de Goldsmith est sans fioriture. Il va à l'essentiel. Pas besoin d'en faire des tonnes et des lourdeurs et des pages (comme ça peut l'être chez certains auteurs contemporains). L'usage de la première personne nous permet de nous placer à la place des deux principaux personnages. Beaucoup d'empathie, un scénario simple mais efficace.

    28/02/2018 à 20:29 6

  • Devant Dieu et les hommes

    Paul Colize

    7/10 Toute jeune journaliste, Katazyrna voit son rêve professionnel se réaliser. Son rédacteur en chef lui demande de couvrir le procès pour meurtre de Donato Renzini et Francescco Ercoli. Ces deux immigrés italiens sont venus travailler dans cette Belgique d’après-guerre comme mineurs de fond à la mine au Bois du Cazier.

    Mais en ce 6 août 1956, un incendie embrase la mine et fait plus de 250 morts. Parmi eux, Gustave Fonck, un contremaître, dont le décès par suffocation est suspect. La victime aurait passé ses derniers instants avec Renzini et Ercoli, survivants à la catastrophe, et qui en voulaient à mort à ce contremaître qui volaient le salaire des ouvriers et leur pourrissait la vie au fond de cette mine inhospitalière.

    Dans cette époque où les Italiens sont traités pires que des chiens, de fainéants, de voleurs,… la justice peut être expéditive. Katazyrna est face à un double défi majeur : imposer sa vision personnelle du journalisme dans ce milieu machiste et suivre son instinct féminin pour faire la lumière sur ce drame.

    Le féminisme et le sort des immigrés mis en lumière dans cette Belgique des années 1950 par l’auteur belge via un fait divers marquant trouve encore et malheureusement écho à notre époque. Devant Dieu et les hommes est un livre attachant et plaisant mais souffre cependant de sa lente élaboration et de ses multiples évolutions. En effet, Paul Colize confie en postface que cette histoire a été d’abord conçue comme une pièce de théâtre jouée à Quai du Polar en 2021 avant de devenir livre en incorporant la jeune journaliste. Ainsi, j’ai trouvé un manque de profondeur dans l’histoire et les personnages qui ne sont qu’esquissés par l’auteur.

    11/12/2023 à 14:21 5

  • Dix âmes, pas plus

    Ragnar Jonasson

    8/10 Una décide de répondre à la petite annonce de recherche d’une professeur d’école. Celle-ci se trouve dans la petite ville de Skalar, à l’extrême nord-est de l’Islande, qui ne compte que dix habitants. Una, que rien ni personne ne retient à Reykjavik décide de partir et de tenter l’aventure.

    Son intégration dans cette petite communauté est difficile, notamment à cause : des deux seules élèves dont elle a la charge ; du climat extrême ; d’habitants plus ou moins accueillants ; mais surtout elle entend le fantôme d’une jeune fille dans les combles de la maison où elle est hébergée…

    De mystérieux événements vont se dérouler dans cette petite bourgade qui vont ternir le lecteur en haleine. Un livre prenant pour lequel, bien n’étant pas amateur de fantômes, je me suis surpris à prendre plaisir à lire d’une traite pour savoir le fin mot de ces troublants événements.

    27/02/2022 à 11:28 6

  • Double amnésie

    Céline Denjean

    8/10 Mais quelle histoire ! Quel drame ! Il est délicat de résumer et surtout de rapporter l’intrigue pour éviter de la divulgâcher. Une double enquête qui n’en fera qu’une, avec un manipulateur qui se fait appeler l’Oeil. On découvre chapitre après chapitre les raisons qui ont poussées Abby Le Guen à tuer froidement son mari, les secrets de famille, et l’enquête officieuse d’Eloïse Bousquet à innocenter sa sœur jumelle, Marion, inculpée d’infanticide.

    Avec Double amnésie, Céline Denjean me confirme tout le talent qu’elle avait su déployer dans Le Cheptel. Une intrigue des plus glaçantes et un style très personnel. Rien ne manque et rien n’est superflu. Une auteure à suivre.

    26/09/2021 à 09:22 6

  • Double assassinat dans la rue Morgue

    Edgar Allan Poe

    9/10 La rue Morgue, un de ces misérables passages qui relient la rue Richelieu à la rue Saint Roch à Paris, fut le théâtre d'un crime des plus affreux et étrange en cet été 18.. . Affreux car Mademoiselle l'Espanaye et sa mère furent assassinées dans d'atroces circonstances : le corps sans vie de la fille fut fourré, la tête en bas, dans la cheminée ; la vieille dame fut décapitée, le corps gisant dans la cour du bâtiment. Étrange car la maison était fermée de l'intérieur et rien ne fut volé. Des témoins ont entendu une voix grave et masculine d'un français et celle d'un étranger dont la langue est inconnue. La préfecture de police a arrêté le commis du banquier qui avait apporté 4000 frcs en pièces d'or.
    Auguste Dupin, d'une famille illustre mais ruinée, possède une aptitude analytique exceptionnelle. Il résoudra, accompagné de son ami et narrateur, par ses talents de déductions ce mystérieux double assassinat.

    Écrit en 1841, cette histoire a jeté les bases du nouveau roman policier et les prémices de l'enquêteur moderne développant l'esprit de logique et de déduction dont s'inspireront d'autres futurs grands auteurs du genre. Qui a dit « élémentaire » ?

    Une lecture incontournable fortement conseillée aussi bien au jeune public qu'aux amateurs de polars contemporains.

    30/05/2018 à 19:03 9

  • Duelle

    Barbara Abel

    8/10 J’ai débuté la lecture de ce livre sans avoir parcouru la 4ème de couverture, ni cherché aucune critique. J’avais trouvé Duelle chez Emmaus, et en ai fait l’acquisition juste sur le nom de l’auteure. Il faut dire qu’avec la découverte de l’auteur avec L’innocence des bourreaux, Barbara Abel m’avait vraiment conquis avec ce fait divers qui aurait pu se passer en bas de chez moi.

    Avec Duelle, on reste dans une histoire presque banale : Lucy, femme au foyer dans une commune de Bruxelles, est contactée par une émission de télé « Devine qui est là ? ». Une personne a retrouvé sa trace et souhaite renouer contact. Lucy, ayant été abandonnée à la naissance, est persuadée que sa mère naturelle est la personne qui va ressurgir du passé.

    Manipulations, mensonges, trahisons, tels sont les ingrédients de ce Duelle au sommet. On se sait plus qui est qui, on est troublé, ébahi par tant de haines et d’amour. J’ai dévoré cette histoire pour en connaître tous les tenants et aboutissants. Et je n’ai pas été déçu. Découverte sur le tard, Barbara Abel fait désormais partie des auteurs dont je vais dévorer les romans.

    08/02/2023 à 10:37 6

  • Écorces vives

    Alexandre Lenot

    5/10 Alexandre Lenot maîtrise admirablement bien et avec dextérité les mots de la langue française. Il sait construire ses phrases, parfois longues, et de manière chiadée, raconte la vie de ces cul-terreux de Cantaloux. A trop vouloir manipuler le verbe, et faire montre de ses qualités linguistiques, on peut en oublier l’essentiel, voire l’essence du roman noir : créer une atmosphère, une ambiance.
    Mais ici, je n’ai rien ressenti : je n’ai lu qu’une enfilade de mots. Dommage. Les personnages auraient mérité plus d’épaisseur. Aucune empathie ne ressort de cette lecture. Je n’ai pas réussi à comprendre où voulait en venir l’auteur.

    22/10/2019 à 20:50 4

  • Elle le gibier

    Élisa Vix

    8/10 Inspirée par sa « désastreuse carrière professionnelle », Elisa Vix nous raconte la terrible problématique des sur-diplômés dans leur recherche d’emploi et du milieu de l’entreprise sans foi ni loi.

    Cendrine, Karim, ses collègues, et d’autres protagonistes parlent à un enquêteur de Chrystal. On sait dès lors que quelque chose de dramatique s’est produit.
    Diplômée en neuroscience, ayant terminé sa thèse, Chrystal attend que s’ouvre une poste dans la recherche. Mais voilà, le milieu universitaire est clos. Alors, en attendant, Chrystal a besoin d’un travail « alimentaire ». Elle est recrutée chez Medecines, une multinationale de l’information médicale. Et l’on découvre une entreprise et un système où la pression, la manipulation, et la concurrence entre collègues sont les maîtres mots des Ressources humaines.

    Un roman choral qui fait froid dans le dos, d’un milieu professionnel sans pitié. Un roman court mais puissant et glaçant où la réalité dépasse, malheureusement, la fiction.

    21/02/2022 à 08:38 9

  • En attendant le jour

    Michael Connelly

    9/10 Renée Ballard est le nouveau personnage de Michael Connelly, le prolifique et talentueux écrivain américain. En attendant le jour est le premier polar de cette inspectrice qui, suite à un contentieux avec sa hiérarchie, s’est retrouvée à assurer ses fonctions de nuit.

    C’est ainsi qu’elle va se trouver à enquêter sur plusieurs affaires : le vol de cartes bancaires, l’agression d’un trans-genre, et une tuerie dans un bar de nuit.
    Connelly, comme à son habitude, offre un déroulement des enquêtes très maitrisé (on sent bien qu’il s’attache des conseils de vrais inspecteurs de police) sans oublier une part de suspense et de rebondissement, pour faire de ce livre (comme la majorité de son œuvre) un page-turner.

    Si les intrigues sont vraiment alléchantes, l’intérêt de ce polar réside également dans la découverte de la personnalité de l’inspectrice René Ballard : une acharnée du travail, au passé familial difficile et aux principes et aux valeurs indéboulonnables.

    Si Connelly a changé de personnage (pour élargir ou renouveler son lectorat ?), cela n’a pas changé son talent d’écrivain. Grâce à cette jeune et talentueuse inspectrice qui est promue à un bel avenir professionnel, l’auteur américain va pouvoir continuer à nous gâter de ses savoureux polars.

    26/05/2019 à 11:24 8

  • En ce lieu enchanté

    Rene Denfeld

    7/10 Le pire endroit de la prison : le couloir de la mort. Pourtant, pour Arden, le prisonnier que tout le reste des détenus craint autant qu’il fascine, c’est un endroit enchanté. Lui, il y voit des oiseaux de nuit duveteux choir du firmament et des chevaux d’or courir dans les profondeurs de la terre. Pour lui, il s’y passe toutes sortes de choses merveilleuses. Qu’il souhaite nous raconter…

    Dans cet univers radieux, le lecteur va rencontrer la « dame », une avocate chargée de la révision des dossiers des condamnés à mort, dont York, qui va être exécuté, et qui ne souhaite pas de changement de sa condamnation ; le « prêtre déchu » de la geôle, qui rêve d’une autre vie, revivre l’Amour ; le garçon aux cheveux blancs, une proie facile pour les chefs de gang ; et le directeur de la prison…

    Tous ces êtres ont été ravagés, bien avant d’atterrir dans cette prison, privés de toute liberté ou non. Rene Denfeld utilise une belle plume pour raconter l’histoire de ces pauvres hères. Une histoire émouvante et éprouvante. Un roman dont j’ai apprécié la lecture sans être subjugué comme certaines personnes ont pû l’être.

    04/07/2021 à 17:23 2

  • En ce sanctuaire

    Ken Bruen

    7/10 Après plusieurs années d’abstinence dans la lecture des « enquêtes » de Jack Taylor, je retrouve avec ce livre tout ce qui fait l’attrait du personnage de Ken Bruen : le cynisme de cet enquêteur irlandais, écorché vif et autodestructeur, au verbe acerbe.
    Jack Taylor reçoit une lettre d’une personne se faisant appeler Benedictus annonçant les meurtres qu’elle va commettre et indiquant qu’il est le seul à comprendre le sens de cette « mission » et qu’il en sera le témoin privilégié.
    L’Irlandais boiteux prend au sérieux cette lettre même s’il veut vérifier si cela peut être une farce ou non en allant en rendre compte au commissariat. Pour le surintendant Clancy, ceci n’est pas sérieux. Jack Taylor ne veut pas laisser tomber l’affaire. Mais ses démons refont surface : la drogue et l’alcool. Lui qui ne s’est toujours pas remis du décès tragique et accidentelle d’une petite fille dont il avait la garde, éprouve remord et culpabilité.

    Dans les opus avec Jack Taylor, l’enquête n’est jamais le cœur du livre. C’est ce personnage de Jack Taylor qui cherche aussi bien à sombrer qu’à se tirer de ses situations désastreuses. Après on apprécie ou non ce genre de littérature. Moi j’aime ce genre de lecture. Mais dans « En ce sanctuaire », un peu plus de profondeur et de longueur n’auraient pas été superflues. Alors, je vais tâcher de lire les livres suivants…

    25/02/2019 à 15:38 3

  • En mémoire de la forêt

    Charles T. Powers

    8/10 Nuit noire, un arbre illuminé par une lumière vive, comme une vérité qui viendrait troubler la puissance de l’oubli. Cette couverture reflète avec justesse l’histoire qui se trouve dans ces pages.

    Jadowia, une ville polonaise à une centaine de kilomètre de Varsovie. 1997 : le communisme vient de s’effondrer. Les habitants sont confrontés à eux-mêmes et à la liberté qu’ils ont tant rêvée. C’est dans cette période instable que le corps du jeune Tomek Powerzia est découvert dans la forêt, le crâne fracassé. Son voisin et camarade Leszek tente de trouver le coupable et ses motivations.

    En mémoire de la forêt raconte l’histoire de Leszek et de sa famille, de Jadowia et de ses habitants, de la Pologne et de son passé. Cette histoire ravira les amateurs des romans noirs où la trame se dévoile doucement mais intensément, et où la Grande Histoire n’est jamais loin.

    Charles T. Powers, mort après avoir écrit cette seule et unique œuvre, signe ici un livre intense et dramatique, qu’il a écrit avec patience et émotion. Sentiments partagés par le lecteur assidu qu’il convient d’être pour apprécier à sa juste valeur ce roman et ses 500 pages. Amateur des page-turner, passez votre chemin.

    12/11/2021 à 17:32 7

  • Enfermé.e

    Jacques Saussey

    8/10 Abordé le sujet de la transidentité (avoir une identité différente du genre assigné à la naissance) dans la littérature est un exercice difficile, délicat, sensible. Alors dans le roman noir, cela peut se révéler être très périlleux.

    Mais Jacques Saussey a réussi haut la main ce pari. Enfermé.e par son histoire, son intrigue est un livre tellement touchant. De plus, les chapitres alternant passé-présent rendent la lecture encore plus captivante de la vie tourmentée, cruelle et torturée de Virginie. Dans le post-face, on apprend les raisons personnelles qui ont permis et encouragé l’auteur français à écrire Enfermé.e. Cela rend encore plus fort la lecture, je trouve.

    Mais Enfermé.e, outre ce sujet, n’en reste pas moins un roman noir. Si la vie de Virginie tient une place prépondérante dans le livre, elle est aussi une histoire de vengeance remplie de violence… et, paradoxalement, d’amour.

    08/12/2021 à 15:35 10

  • Entre deux mondes

    Olivier Norek

    9/10 Polar à la fois sensible, touchant et dérangeant, Entre deux mondes explore la « jungle » de Calais et le malheureux et horrible sort des immigrés clandestins qui tentent la traversée vers leur Eden, le Royaume-Uni.

    Olivier Norek maîtrise le sujet et le traite avec un humanisme déconcertant à travers ses personnages qui n’apparaissent pas si fictifs.
    J’ai été très impressionné par le soucis des détails dans le périple des migrants, dans la présentation de leur vie, leur trajet,… mais aussi des policiers dans leur impuissance, et du microcosme du camps.

    Entre deux mondes nous propose une merveilleuse histoire d’une réalité effrayante.

    15/12/2021 à 09:22 9