JohnSteed

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  • Et la mer profonde et bleue

    Charles Williams

    7/10 Harry Goddard, producteur de cinéma, dérive à bord d’un pauvre canoë de sauvetage. Son voilier ayant sombré quelques jours plus tôt, Harry économise la seule bouteille d’eau qu’il a réussi à emporter avec lui. La nuit engouffrant la lumière du jour et tout espoir de survie, Harry voit les lumières d’un bateau, en panne. Alors qu’avec ses dernières forces, il tente de rejoindre ce cargo, il ne devra son sauvetage qu’à une passagère qui regardait par hasard les vagues de cet océan.

    Battant pavillon panaméen, Harry découvre ce bateau, son équipage et ses passagers. Alors qu’il pense arriver tranquillement à bon port, il est témoin d’une tuerie à bord. Et l’étrange comportement de l’équipage et de passagers l’intrigue profondément. Lui, producteur de cinéma, pense être témoin d’un drôle de scénario. Il est intimement persuadé qu’il ne s’agit pas d’un assassinat de sang-froid, mais d’un acte prémédité pour faire disparaître des criminels nazis. Mais à qui peut-il se confier ? Et s’ils étaient tous complices de cette machination ?

    Charles Williams offre avec Et la mer profonde et bleue un livre à l’intrigue intéressante et subtile. Je regrette toutefois quelques longueurs ou divagations qui plombent la fluidité de cette lecture.

    25/11/2024 à 14:46 2

  • À l'ombre de Winnicott

    Ludovic Manchette, Christian Niemiec

    6/10 Angleterre, 1934. Viviane Lombard, jeune institutrice française, vient prendre ses fonctions de préceptrice auprès de la famille Montgomery, vivant dans leur manoir de Winnicott. Elle fait ainsi la connaissance de George, ce petit garçon aveugle de dix ans, à l’esprit aiguisé et à la curiosité sans faille, un petit garçon très attachant. Ses parents, Lucille, la mère, qui voue une passion pour son club de lecture et Archie, le père, qui se passionne pour l’archéologie, ont quitté Londres pour s’installer dans cette demeure familiale où ils y ont entrepris des travaux. Cette communauté, à laquelle s’ajoutent les domestiques, pourrait vivre paisiblement si ce n’était quelques événements « anormaux » : tableaux qui bougent, bruits de pas, lustre qui tombe, meubles qui se déplacent…

    Les membres de la communauté sont effrayés par ces événements inexpliqués. En l’absence de son père, parti en Irak, et sans avoir reçu ce cadeau tant attendu, un chien de compagnie, George parle à Tobias, un ami imaginaire, à moins qu’il ne s’agisse d’un fantôme. Dans cet environnement, Viviane trouve toujours des parades ou des explications aussi rationnels qu’honnêtes pour ne pas effrayer George. Une complicité va s’instaurer qui va permettre à George de vivre pleinement son enfance.

    C’est ce couple attachant, qui sauve cette histoire d’une complète banalité. Car cette histoire de fantôme est d’un cliché sans nom. J’ai cru tenir entre les mains un conte pour enfant de 6 ans, tant c’est creux. Un livre rempli de dialogues qui permettent de parvenir très rapidement au bout de ces 500 pages. Seules quelques réflexions ou phrases prêtant à sourire sauvent cette histoire aussi convenue que quelconque.

    18/11/2024 à 14:34 1

  • Les Visages écrasés

    Marin Ledun

    8/10 La sélection médicale est-elle la nouvelle forme d’organisation du travail ? La mort, l’unique solution pour les personnes qui ne supportent plus de travailler ? Face à la souffrance des salariés, quelle réaction adopter ? Les traiter de lâches ou les ignorer ? Sont-ils coupables de vouloir dénoncer ce qu’ils subissent ou sont-ils malades ? Telles sont les réflexions voire états d’âme de Carole Matthieu, docteur en médecine de travail dans ce centre de téléphonie près de Valence, où sévissent le management archaïque, les mises au placard, harcèlements moraux,…

    Carole Matthieu a tué un de ses patients, une balle dans la tête. Il s’appelait Vincent Fournier, et ses traitements et arrêts de travail n’y suffisaient plus. Elle a donc décider de mettre fin à ce calvaire. Une manière pour elle de dénoncer les méthodes managériales de la boîte. Les suicides, les agressions physiques et psychologiques se succèdent sans que la hiérarchie ne réagissent.

    Tuer mais se dénoncer bien évidemment. Elle y est prête, elle se soumettra aux policiers. Mais voilà, que le gardien de nuit est arrêté. Cela contrarie les plans de Carole.

    Les visages écrasés est bien évidemment un livre sur la dénonciation des méthodes managériales où l’humain, la bienveillance sont des mots étrangers et qui renvoient aux drames des salariés morts de France Télécom en 2009. Sur un sujet encore d’actualité, en 2024, dans le privé, comme dans le public, Marin Ledun a offert un roman noir où la tension psychologique est à son comble. La souffrance des protagonistes est omniprésente et le lecteur a hâte de connaître le dénouement de cette triste et désespérante histoire.

    15/11/2024 à 15:41 5

  • Trauma(s)

    Karine Giebel

    9/10 C’est avec une légère déception que j’avais refermé le tome 1 de Et chaque fois, mourir un peu. Je n’avais pas reconnu le style de l’auteure qui, avec ce tome 1, nous faisait voyager avec Grégory, cet infirmier humaniste, dont la vie ne lui a rien épargné, au cœur des différents conflits du globe. Ce catalogue de guerres et d’horreurs humaines avait pour mérite de faire prendre conscience au lecteur que la paix est une notion étrangère à l’homme.

    J’avais toutefois refermé le livre en caressant l’espoir que le tome 2, Trauma(s) et donc la suite de Et chaque fois, mourir un peu allait me permettre de retrouver le plaisir pervers de l’auteure à maltraiter le lecteur, à le torturer psychologiquement, à lui faire traverser toutes les émotions, dont surtout l’effroi.

    Et Trauma(s) m’a procuré ce « plaisir » retrouvé. Ce tome 2 dépasse la qualité du précédent volume. « Huis-clos », torture psychologique… J’ai été enfermé dans cette effroyable histoire. Un emprisonnement physique et psychologique. J’ai été surpris par ce twist, à tel point que j’ai dû vérifier que l’exemplaire du livre n’avait pas subi un problème d’impression. J’ai d’autant plus aimé ce revirement de l’histoire. Et chaque fois, mourir un peu est malgré tout une histoire d’amitié indéfectible entre deux hommes dont la vie a été cruelle.

    13/11/2024 à 14:38 9

  • Moi, mentir ?

    Donald Westlake

    7/10 Ray Jones est un chanteur de country à succès. En plein deal avec les services fiscaux, pour des arriérés de droits d’auteur, Ray Jones est inculpé de meurtres. Il se voit accusé de l’assassinat de sa collaboratrice dont le corps a été retrouvé dans un marais.
    En plus des traces de sang dans sa voiture, Ray Jones n’a aucun alibi ce soir-là. Il a beau indiquer qu’il ne ferme jamais sa voiture à clé, la justice ne le croit pas. Les médias nationaux débarquent à Branson, Missouri. Ils souhaitent avoir la primeur des exclusivités sur cette affaire et sont prêts à toutes les manipulations, subterfuges et stratagèmes.

    Sara Joslyn, journaliste à Tendances, hebdomadaire new yorkais, se voit offrir par l’attaché de presse de Ray Jones, une place de choix pour suivre le chanteur dans ses shows d’avant procès et au cœur du procès. Elle y verra Ray Jones, se savant innocent, complétement détaché de la terrible sentence dont il pourrait être jugé : la peine de mort.

    Moi, mentir ?, titre référence à une chanson de Ray Jones, est un livre plaisant, n’atteignant pas les hauteurs des chefs d’œuvre (Le couperet, Histoire d’os,…) de Donald E. Westlake. Agréable de lire sous la plume de l’Américain (même si je l’ai connu plus drôle et acerbe) cette dénonciation de la presse à scandale et ses méthodes, cette parodie de justice américaine, et ce show-bizness sans foi ni loi.

    13/11/2024 à 14:12 1

  • Ils sont partout

    Morgan Navarro, Jacky Schwartzmann

    7/10 Voici une BD vraiment très intéressante sur le complotisme et ses idéologues.

    Vous connaissez la définition du complotisme ou conspirationnisme ? Il s’agit de « l’attitude consistant à remettre en cause abusivement l’explication communément admise de certains phénomènes sociaux ou événements marquants au profit d’un récit explicatif alternatif qui postule l’existence d’une conspiration et dénonce les individus ou les groupes qui y auraient pris part. »

    Concrètement, que ce soit au titre du 11 septembre, du vaccin anti-covid, des élections présidentielles américaines, etc., on a tous entendu des propos remettant en cause les thèses officielles. Cette BD a pour vocation de mettre en lumière ces faits qui, si elles peuvent faire sourire pour des faits mineurs, ont des répercussions alarmantes pour d’autres situations (théorie du grand remplacement, par exemple).

    Cette BD a eu le mérite de me faire découvrir cette idéologie et m’ouvrir les yeux sur ses dangereuses incidences. Une BD en forme de message à chacun d’entre nous. A moins que vous pensiez que cette BD ne comporte que des tissus de mensonges et a pour objectif de vous manipuler ?

    05/11/2024 à 16:57 3

  • Le crime d'Orcival

    Emile Gaboriau

    9/10 Aux aurores, en ce début juillet, dans la petite commune d'Orcival, La Ripaille et son fils préparent leur matériel pour aller relever leurs pièges à poisson, sur les bords de Seine. Ils vont découvrir le corps sans vie de la Comtesse de Trémorel dans son domaine de Valfeuillu.

    Le Maire, Monsieur Courtois, est réveillé, et ce sont toutes les autorités locales dont le juge de paix d’Orcival, le père Plantat, qui sonnent le branle-bas de combat. L’agent de police Lecoq est dépêché sur place par le Préfet de police de Paris. Si le corps du Comte de Trémorel n’est pas encore trouvé, tous les protagonistes découvrent au sein du château une véritable scène d’horreur où le désordre fait montre d’une lutte sans merci et le sang répandu, la barbarie dont les assassins ont déployé pour voler le Comte. Car les témoins, les valets et servantes, sont unanimes. Avant qu’ils partent tous aux noces d’une des leurs, ils ont pu constater que par courrier, le Comte avait reçu une grosse somme d’argent. D’ailleurs, les témoignages montrent que l’un des leurs, Guespin, cette soirée-là, n’est pas allé aux noces. Et si Guespin n’a pas d’alibi, il a dans ses poches une belle petite somme d’argent et un joli couteau bien affuté. A moins que les coupables soient ces braconniers dont les discours sont bien confus.

    Lecoq à la déduction imparable saura faire la lumière sur cette affaire dont chaque ligne apporte son lot d’événements et de surprises. Le pendant français de Sherlock Holmes, Lecoq est le personnage créé par Emile Gaboriau, qui en 1863, écrit les prémices des enquêtes policières.

    Tout au long des 500 pages, j’ai pris un immense plaisir à découvrir cette histoire qui, à l’image d’une boîte de pandore, comporte son lot d’intrigues. On ne s’ennuie pas une seule seconde à découvrir les réflexions, les découvertes des protagonistes, le tout avec un français (que certains qualifieront de suranné voire de démodé) dont je me régalais à lire la conjugaison des verbes au subjonctif passé et au plus que parfait du subjonctif.

    05/11/2024 à 16:34 5

  • Les Arnaqueurs

    Jim Thompson

    7/10 Après 2 lectures d’affilée en demi-teinte (Un nid de crotales et Les alcooliques), je retrouve enfin avec Les arnaqueurs un livre de Thompson où j’ai pris du plaisir. Grâce aux personnages, d’une part, surtout grâce à une histoire maitrisée et attachante. On rencontre Roy Dillon, le personnage principal baignant dans l’escroquerie depuis sa tendre jeunesse. Sa mère, Lily, une femme aux mœurs troublantes, qui après plusieurs années d’abandon, retrouve son fils souffrant, suite à une agression. Elle va le prendre en charge, et un jeu de pouvoir s’instaure entre les deux.

    Si Les Arnaqueurs est loin de la qualité des chefs d’œuvre de l’auteur américain, il fait partie des romans de Thompson qu’il convient de lire, pour ce personnage de Roy, un malfrat attachant.

    05/11/2024 à 15:56 2

  • Les alcooliques

    Jim Thompson

    6/10 En lisant Les alcooliques, je me suis interrogé sur la nature exacte de ce livre. Par moment, dans ces échanges de dialogues cyniques et mélodramatiques, sur la nature des personnages loufoques, dans ce huis-clos que constituent cet établissement de sevrage alcoolique, je pensais me trouver dans une pièce de théâtre, genre de boulevard. Et pourtant, je n’ai pas souris. J’ai trouvé le style lourd, et la trame insipide. Et si les personnages étaient écrits pour être drôles, ils étaient pathétiques.

    Je vais me plonger dans un autre Jim Thompson, et vite retrouver ce que j’apprécie chez ce talentueux auteur : une histoire sombre avec de vrais personnages lugubres.

    30/10/2024 à 16:26 2

  • La Veuve Couderc

    Georges Simenon

    8/10 C’est entre Saint-Amand et Montluçon que Jean est descendu du car qu’il a stoppé, quelques centaines de mètres après que la veuve Couderc en soit sorti. D’ailleurs, cette dernière n’a pas été surprise qu’il la rejoigne. C’est aussi tout naturellement qu’elle lui propose le souper et le coucher et puis de l’aider à la ferme. Jean est un fils de bonne famille montluçonnaise, les Passerat-Monnoyeur, mais après 5 ans de prison, Jean, sorti libéré, est toujours meurtri : car c’est de peu qu’il a échappé à la guillotine.

    Pour la Couderc, elle voit Jean comme un fils, comme son fils parti loin à l’armée pour éviter de plus graves problèmes et dont elle n’a que de rares lettres. Les hommes, elle n’en pense pas grand-chose : veuve tôt, elle vit aux côtés du père de son mari, ce gros « cochon » qu’elle met dans son lit pour pouvoir garder la maison.

    Cette maison, elle attise les convoitises des sœurs de son mari, qui n’habitent pas très loin, à côté du Canal du Berry. Là où habite la jeune Félicie, sa nièce, qui a eu un bébé, avec on ne sait pas qui. Bien qu’elle le mette régulièrement en garde, la Couderc se rend bien compte que Jean est très attisé par Félicie. C’est cette jalousie qui la poussera à mettre aussi Jean dans son lit. Mais la nature humaine est ainsi faite qu’elle ne pourra rien quant au drame qui en découlera.

    Un roman fort de Simenon sur la jalousie, la convoitise et les angoisses du passé. Un roman vraiment différent de son adaptation cinématographique avec les immenses et talentueux Simone Signoret et Alain Delon, que j’ai eu sans-cesse en tête au cours de ma lecture.

    28/10/2024 à 16:00 1

  • Main courante

    Didier Daeninckx

    6/10 Recueil de nouvelles de l’auteur français aussi différentes en qualité qu’en longueur. Thèmes variés et disparates. Je n’ai pas bien compris le lien entre ces histoires, mais on est loin d’un « ensemble tonique et stimulant » décrit en 4ème de couverture. Plutôt une compilation qu’un ensemble cohérent. Mais quelques histoires méritent heureusement leur lecture pour leur chute.

    28/10/2024 à 15:16 1

  • Un Nid de crotales

    Jim Thompson

    6/10 Jim Thompson est l’écrivain qui, pour moi, à donner ses lettres de noblesse au roman noir américain des années 50, en prenant comme toile de fonds ce Texas poussiéreux, et ses personnages hauts en couleurs. A chacun de ses romans, l’intrigue se dévoile et prend de l’ampleur au fil des pages dévoilant un scénario pervers.

    Tom Lord, adjoint au shérif, est un personnage intriguant. On peut le prendre pour un homme charmant, mais, il aurait la gâchette assez facile. Lui, qui n’a pu achever ses études de médecine, est devenu un peu par hasard cet homme de loi, surtout pour rendre service au shérif. Mais Tom Lord n’aime pas qu’on la lui fasse à l’envers. Surtout par des magnats du pétrole qui ont acheté ses terres, en lui promettant de lui verser un pourcentage de la production de cet or noir. Mais Tom Lord n’a pas vu un seul dollar. En se rendant sur la plateforme, il constate que le puits est dans un sale état. Et il tue accidentellement le chef du site. Et les embrouilles vont commencer.

    J’ai trouvé les personnages (jamais très anges, jamais très démons, non plus) et l’atmosphère sombre et opaque chers à Jim Thompson. Mais, toutefois, je n’ai pas vraiment pris du plaisir à lire ce livre. J’ai trouvé le déroulé de l’histoire pas très fluide et longuet, et les paroles (du style bouseux) si elles veulent rendre hommage aux personnages, alourdissent la lecture. Une déception pour ma part.

    23/10/2024 à 17:02 3

  • Je suis leur silence

    Jordi Lafebre

    9/10 Une BD au scénario bien ficelé et à l’intrigue efficace.
    Alors que certaines BD, ce sont les dessins qui priment et mettent le scénario au second plan, ici l’Espagnol propose une intrigue digne des écrivains. Une héroïne au caractère bien trempée, Eva, une psy intrépide et effrontée, va se trouver au cœur d’une enquête pour meurtre. C’est le dirigeant d’une grande famille viticole qui a été tué.
    Elle raconte ces événements à son psy le Dr Lull, chargé de lui délivrer son accréditation d’exercer. C’est drôle, rythmé, prenant. A lire et à relire.

    23/10/2024 à 11:53 8

  • Mater Dolorosa

    Jurica Pavicic

    9/10 Mario est aimé par Katja, sa mère, et Ines, sa sœur ainée. Depuis son enfance, elles lui vouent un amour maternel et fraternel indéfectible. En fait, depuis ses 5 ans, quand il a disparu en ce mois de juillet 2005 ou 2006, à la plage de Omiš. Cette disparition n’a pas duré longtemps, mais assez pour générer une effrayante panique et faire de Mario, « le plus beau et le plus adorable des garçons ».

    Mais les temps ont changé dans ce Split des années 2000. Le père est décédé dans un accident de voiture. Katja vit de petits boulots en tant qu’agent d’entretien, et Ines, travaille à l’accueil d’une chaîne d’hôtels, où le patron, Davor, est devenu son amant. Et Mario passe ses journées à glandouiller dans leur appartement, hérité du modèle communiste.

    Le meurtre de Viktorija, jeune fille de 17 ans, dont le corps est retrouvé dans une usine désaffectée, va bouleverser la vie de ces 2 femmes. Car la police, avec ses 2 enquêteurs, Zvone, jeune policier aux méthodes modernes, et son collègue Tomaš, ancien flic pratiquant les méthodes dures hérité du passé communiste, mène l’enquête et possède peu d’indice qu’elle décide de communiquer : une bandoulière d’un sac et un haut de survêtement du FC Barcelone. Et c’est la stupéfaction pour Katja et Ines. Ces affaires appartiennent à Mario. Pas besoin de paroles, ni de regards entre elles. Elles comprennent vite que la police va venir arrêter Mario. Pourtant, c’est un ancien condamné pour viol qui est arrêté. Les deux femmes savent que la police se trompe. Zvone le sait aussi…

    Mater Dolorosa est le deuxième livre que je lis de cet auteur croate. Comme avec L’eau rouge, livre ayant reçu multiples récompenses, j’ai vraiment aimé cette lecture. Deux histoires et deux styles différents : si la Croatie, ses changements sociétaux et économiques servent toujours de toile de fond, ici, on rentre dans l’intimité des 3 personnages principaux, qui prennent à tour de rôle, la parole : Ines, Katja et Zvone.
    Certes, on connaît le coupable du début mais cela ne nuit pas à l’intrigue, qui est ailleurs : dans le quotidien des gens qui voient leur vie terrassée, et qui après différentes crises dans leur pays, doivent faire face à la plus terrifiante des événements de leur vie.

    22/10/2024 à 17:17 8

  • Wallace

    Colin Niel

    9/10 Tiburce Baclot est un père ravagé par la perte de sa fille, Méryane. Placée en famille d’accueil, victime de violence parentale, elle s’était enfuie, après avoir scié les barreaux de sa chambre. Retrouvée noyée en essayant de traverser la rivière, en bordure de la forêt amazonienne, elle voulait rejoindre celui à qui elle voulait avouer son amour.
    Désemparé par les conclusions de l’enquête en accident, Tiburce se confie à Mathurine Torvic, assistante sociale au Service de l’Aide à l’Enfance du Département.
    Si Mathurine a une oreille beaucoup plus attentive qu’avec d’autres familles, c’est que Tiburce lui a également raconté avoir aperçu une étrange apparition dans la forêt amazonienne quand il chassait. Et cela fait écho à d’autres disparitions et d’étranges événements que Mathurine associe à Darwyne, disparu il y a de cela une dizaine d’années.

    Depuis Mathurine est devenue maman de Wallace, qu’elle surnomme son coati, qu’elle aime d’un « amour grand comme l’Amazonie ». Wallace regrette de ne pas avoir de papa et envie son copain, Jordan. Wallace est un peu introverti et timide. Si sa mère lui raconte des histoires sur l’Amazonie avec toute la richesse de sa faune et de sa flore, Wallace préfère se Fortnite aux balades en forêt.
    D’ailleurs, Wallace constate que sa mère n’est plus la même depuis qu’elle est revenue d’une excursion. Est-ce lié aux dossiers des disparitions de parents violents dont sa mère collectionne les coupures de presse ? A moins est-ce ce Maskilili, ce monstre qui aime perdre les hommes dans l’Amazonie, qui a envoûté Mathurine ?

    Le huitième livre de Colin Niel, catalogué hors roman noir, est une merveille de lecture, une ode à l’amour des enfants, un récital enchanteur de la nature de ce territoire guyanais. Si j’ai aimé cette histoire, j’ai adoré surtout me perdre dans cette forêt amazonienne, découvrir cet univers faunistique et floristique d’une richesse incommensurable. Colin Niel signe avec Wallace un livre bouleversant, intriguant et fascinant sur ce territoire et sur celles et ceux qui y vivent. Il faut avoir lu Darwyne avant de se plonger dans ce livre et en comprendre toute la beauté des 2 œuvres et des 2 enfants. Un diptyque magistral.

    14/10/2024 à 15:38 4

  • Le secret de l'étrangleur

    Pierre Siniac, Jacques Tardi

    7/10 Paris 1959 - La police est en grève, et les policiers sont invités à rester chez eux, suite à la mort de 6 des leurs. Alors que les négociations sur une prime trainent entre les représentants des syndicats et le Ministre de la Place Beauvau, un meurtre est commis de nuit, de façon étrange : c’est le dramaturge Gaston Malinguet qui fut la première victime. Et des témoins d’un bar, où voulait se réfugier la victime, rapportent avoir entendu un énorme cri puis ont voulu porter secours au comédien. Mais rassuré de ne plus rien craindre, habitant à deux pas, ce dernier est rentré à pied chez lui, et sera truvé au pied de son immeuble étranglé.
    Déjà, la presse surnomme le tueur « l’étrangleur de minuit ». Dès lors, ce dernier signera, par coupon de presse attaché sur le corps de ses victimes suivantes, de ce sobriquet.
    Tout le monde s’interroge : pourquoi les victimes semblent-elles se laisser faire lors de la strangulation ?

    Esbirol, bouquiniste, amateur de roman policier, s’est entiché d’un jeune gamin, Alphonse, au physique ingrat, un peu voleur de livres, et surtout fils adoptif de l’inspecteur en charge de l’enquête. Esbirol va lui montrer comment procède l’étrangleur de minuit et même lui avouer : « Je suis l’étrangleur de minuit ».

    Une BD qui, je le découvre, est une adaptation d’une œuvre de Pierre Siniac, intitulée Monsieur Cauchemar. Tardi et ses dessins en tirets N&B offrent une profondeur à cette histoire en la campant bien dans son époque. Si l’histoire n’est pas des plus passionnantes, cette BD vaut surtout pour les dessins de Tardi, que je découvre également.

    08/10/2024 à 12:29 2

  • La Chute des Princes

    Robert Goolrick

    8/10 Un golden boy nous relate sa réussite vertigineuse et sa déchéance abyssale, dans ce New-York des années 80. Un homme qui vivait par et pour l’argent qu’il faisait fructifier et dépensait en sexe, drogue et produits de luxe 24h/24 et 7 jours/7. Le lecteur ne connaîtra pas son nom mais apprendra les moindres de ses débauches, saura toutes ses pensées,…

    Robert Goolrick nous transporte dans la chute de cet homme, la destruction (explosion ?) en plein vol de cette vie, et les années 80 synonymes de frics, de drogue, de cette maladie ravageuse que personne ne connaissait bien (le Sida) : la décadence d’un homme et d’une époque. Un livre intéressant et magnifiée par la belle plume de l’auteur.

    07/10/2024 à 16:40 4

  • L'Ange noir

    William Irish

    7/10 Alberta Murray voulant s’assurer de l’infidélité de son mari, Kirk, décide d’aller trouver sa maitresse, Mia Mercer, danseuse de cabaret new-yorkais. En arrivant chez cette dernière, Alberta découvre le corps sans vie de Mia, assassinée.

    La police ayant arrêté et emprisonné Kirk, Alberta va tenter de prouver l’innocence de son mari. Persuadée que le nom du meurtrier se trouve dans les relations de cette danseuse, elle va, à l’aide du carnet d’adresse de la morte, essayer de confronter le véritable coupable. Son enquête la mènera dans les coins les plus malfamés de la ville.

    Véritable petit polar des années 40, on sent que les écrits William Irish soient taillés pour le cinéma. Ce livre a d’ailleurs été adapté au grand écran. C’est rythmé, il y a de l’action, de l’émotion. Mais ce livre est bien de son époque. Tout ça est bien daté. Mais c’est un plaisir de lire des classiques du genre.

    04/10/2024 à 12:09 2

  • Madelaine avant l'aube

    Sandrine Collette

    8/10 Dans une période indéterminée, dans un endroit isolé appelé le Pays Arrière, se dessine le village de la Foye. Là, dans le hameau des Montées, vivent au gré des caprices de la nature et de la météo, des hommes et des femmes cultivant la terre qu’ils ensemencent aux saisons propices espérant manger, subvenir à leur besoin : vivre tout simplement. C’est un euphémisme de dire que la vie est dure, que ce soit pour Rose, cette vieille dont les fils sont partis, et ses voisins, Eugène et Aelis, et Léon et Ambre. Aelis et Ambre deux sœurs, et pas seulement : jumelles ces sœurs, ce qui est sujet à diverses discussions empruntes de sombres croyances et mysticismes malintentionnés.

    Et si le sort de ces pauvres âmes ne tenait qu’à l’envie de la nature, mais se dresse devant eux ce Seigneur, Ambroisie, dont le fils chasse sur les terres et prend comme proie tout ce qui se présente, surtout si une femme se trouve sur son chemin. Et le silence est la seule solution trouvée pour ne pas attiser encore plus la colère du maître. Peu importe la violence voire le viol.

    Dans cette atmosphère lourde, apparaît dans la vie de ce hameau, surgissant de nulle part, cette petite Madelaine. Elle y trouvera ses parents d’adoption, Léon et Ambre, dont la nature ne leur a offert aucune descendance. Car ici, c’est la Nature qui fait sa loi. C’est un combat permanent et inégal, car c’est toujours Elle qui gagne et qui se joue de ses sujets.

    Pourtant, tout le monde affronte avec courage cette adversité. A chaque jour suffit sa peine, et chaque jour, un peu plus de peine. Et Madelaine, impétueuse, fait sienne de cette adversité.

    Un roman dur mais humain dans lequel Sandrine Collette déploie son talent. C'est une histoire sombre d'une bataille pour vivre, de la résignation de ces hommes et femmes face aux désastres de la vie, de tout le monde sauf pour Madelaine qui, comme une flamme au milieu de la nuit, saura montrer un semblant d’existence et d’espoir.

    01/10/2024 à 10:28 7

  • Jeremiah Johnson chapitre 5

    Fred Duval, Jack Jadson

    7/10 Alors que les Etats-Unis rentrent dans son ère moderne (fini la conquête de l’Ouest, Buffalo Bill fait ses shows, le cheval à vapeur va prendre la place des cheveux à pattes,…), Jeremiah Johnson poursuit ses chasses de bisons et d’Indiens. On découvre les derniers épisodes ou faits marquants de la fin de sa carrière. Le format BD permet juste d’effleurer ses (trop courts) instants jusqu’au « dénouement final », sa mort. Une belle biographie très bien mise en valeur.
    Au final, si ce cinquième et dernier chapitre n’est pas le plus remarquable, il conclut une très belle série sur un personnage marquant et remarquable de la Conquête de l’Ouest, ce mangeur de foie, alias Jeremiah Johnson.

    30/09/2024 à 14:16 1