La Veuve Couderc

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  • 8/10 C’est entre Saint-Amand et Montluçon que Jean est descendu du car qu’il a stoppé, quelques centaines de mètres après que la veuve Couderc en soit sorti. D’ailleurs, cette dernière n’a pas été surprise qu’il la rejoigne. C’est aussi tout naturellement qu’elle lui propose le souper et le coucher et puis de l’aider à la ferme. Jean est un fils de bonne famille montluçonnaise, les Passerat-Monnoyeur, mais après 5 ans de prison, Jean, sorti libéré, est toujours meurtri : car c’est de peu qu’il a échappé à la guillotine.

    Pour la Couderc, elle voit Jean comme un fils, comme son fils parti loin à l’armée pour éviter de plus graves problèmes et dont elle n’a que de rares lettres. Les hommes, elle n’en pense pas grand-chose : veuve tôt, elle vit aux côtés du père de son mari, ce gros « cochon » qu’elle met dans son lit pour pouvoir garder la maison.

    Cette maison, elle attise les convoitises des sœurs de son mari, qui n’habitent pas très loin, à côté du Canal du Berry. Là où habite la jeune Félicie, sa nièce, qui a eu un bébé, avec on ne sait pas qui. Bien qu’elle le mette régulièrement en garde, la Couderc se rend bien compte que Jean est très attisé par Félicie. C’est cette jalousie qui la poussera à mettre aussi Jean dans son lit. Mais la nature humaine est ainsi faite qu’elle ne pourra rien quant au drame qui en découlera.

    Un roman fort de Simenon sur la jalousie, la convoitise et les angoisses du passé. Un roman vraiment différent de son adaptation cinématographique avec les immenses et talentueux Simone Signoret et Alain Delon, que j’ai eu sans-cesse en tête au cours de ma lecture.

    28/10/2024 à 16:00 JohnSteed (631 votes, 7.7/10 de moyenne) 1

  • 8/10 Bonjour à tous............... effectivement différent du film, au demeurant assez bien réalisé. Nous retrouvons le Simenon noir, profond avec un attachement aux origines des protagonistes, le milieu , le lieu de vie est prépondérant......effectivement aussi cette noirceur jusqu'à la fin du roman traversé par quelques moments dérisoires de cette vie sans but et sans plaisir.......Ce livre a été écrit début 1940 en Charente Maritime, est cela à une importance pour toutes les descriptions tout au long du livre, du Simenon Fort, un peu à la façon Zola, enfin c'est mon opinion bien sur....................... à lire avec un réel plaisir.....Amicalement....Lionel

    18/08/2020 à 14:26 Richer (42 votes, 8.2/10 de moyenne) 2

  • 9/10 … ou comment Jean Passerat-Monneyeur, après avoir purgé cinq années de prison pour meurtre, en vient à croiser la route de la veuve Couderc, dite « Tati », une fermière en butte avec sa belle-famille. Deux personnages aux existences brisées, tourmentées, dont la coexistence ne pourra déboucher que sur un drame. Comme toujours chez l’immense Georges Simenon, une prose sobre et sombre, qui décrit pourtant avec une maestria indéniable les affres de vies ordinaires et de personnages peu reluisants. Jean, en fils à papa, dénigré dès sa jeunesse par les professeurs en raison de son rang, quémandant sans cesse pour obtenir de l’argent auprès de son père, et qui va aller jusqu’au crime pour obtenir les francs nécessaires à son train de vie et à celui réclamé par sa maîtresse. Tati, en femme flétrie, usée par les travaux de la ferme, seule, voyant dans l’arrivée de Jean dans sa vie un possible phare d’espoir. Une ambiance particulièrement poisseuse, parfois éclairée de quelques moments d’espérance (la couveuse à poussins comme la jolie petite voisine Félicie). Moi qui avais adoré le film avec Alain Delon et Simone Signoret, je craignais un peu que ce livre ne me surprenne guère, si l’adaptation avait été trop scolaire, et j’ai été particulièrement surpris de voir le libertés prises par le réalisateur, me permettant de découvrir ainsi une histoire assez différente, dont on pourrait ainsi énumérer les dissemblances entre l’un et l’autre (le rôle plus faible de Félicie, la relation incestueuse plus marquée entre Tati et son beau-père, l’histoire de la prison pour Jean, etc.). Et il y a surtout ce final, monstrueux, terrible, qui claque comme l’ultime foudre sous des cieux menaçants. Un immense roman de passion et de rage, d’amours éconduites et de haines tapies. Un opus remarquable, en somme.

    13/05/2020 à 17:57 El Marco (3455 votes, 7.2/10 de moyenne) 5