JohnSteed

559 votes

  • Toutes blessent, la dernière tue

    Karine Giebel

    9/10 Karine Giebel est une maitresse dans l’art de jouer avec les nerfs et les sentiments de ses lecteurs. Elle sait toucher ses points sensibles, là où ils ne sortiront pas indemnes. Dans ce roman, elle décrit la violence la plus crue, l’exploitation d’êtres humains de la manière la plus cruelle. Et avec une touche de naturelle et d’évidence. Et servi le long de plus de 700 pages. Et bien évidemment, ses pages défilent, tant on veut connaître le sort de ces deux malheureuses.

    Il y a Tama. Encore jeune enfant, elle est vendue par sa famille algérienne, pour pouvoir subvenir à la vie des autres membres de la famille. Elle arrive en France et est placée chez les Charandon. Elle y vit dans une buanderie, pour faire la cuisine et le ménage. Elle se nourrit des restes de repas, et est privée de toute sortie et de toute scolarité. En plus des brimades, toute faute se paye cash par des privations de nourriture et autres violences physiques. Sa force la sauvera d’une mort évidente et son envie et son espoir lui feront apprendre, seule, la lecture, comme une évasion, et l’amour lui apportera l’espoir d’une vie normale.
    Il y a également cette fille amnésique que Gabriel, un reclus dans une ferme isolée dans la campagne profonde, a retrouvée inconsciente dans sa voiture accidentée. Gabriel qui tue des personnes et qui se fait une obligation de devoir tuer cette fille. Il a même creusé sa tombe dans les bois. Mais une voix, celle de sa défunte fille, lui conseille de la considérer comme un ange venu du ciel.

    Toutes blessent la dernière tue pourrait être perçue comme une version moderne des Misérables. Mais ce roman noir est un condensé de terreurs physiques et psychologiques. Les coups pleuvent sur Tama que le lecteur se prend en pleine face. Les espoirs sont comme des éclaircies temporaires : le ciel s’assombrit et cache tout soleil porteur d’espérance. L’amour y côtoie la haine, la foi, le désespoir total. Ce livre est violent, percutant et fait mal. C’est ce qui fait qu’il hantera le lecteur longtemps après l’avoir fermé.

    23/07/2021 à 18:50 8

  • Traverser la nuit

    Hervé Le Corre

    9/10 Dans son nouveau livre, Hervé Le Corre nous trimballe dans Bordeaux à travers 3 personnages des plus torturés et sombres.

    Il y a Louise, aide-ménagère, victime de violences conjugales. Elle tente de se dépêtrer de ces brutalités de son ex-conjoint, avec le soutien de son amie Naïma, et surtout celui de son fils Sam. Paumée, borderline, elle essuiera les refus de la police de lui porter secours.

    Du côté de la police, le commandant Jourdan traque un sadique pervers meurtrier de femmes. Las de son travail, fatigué de sa vie maritale qu’il voit dissoudre à petit feu, Jourdan n’a plus aucune motivation ni aucune croyance ni foi en la vie.

    Ce tueur, c’est Christian, transporteur de matériaux pour une boîte locale. Il a ces pulsions depuis très longtemps. Il peut compter sur le soutien de sa mère, avec qui il entretient des relations ambigües.

    Ces 3 êtres que rien ne prédestinait à se croiser, vont traverser ensemble la nuit, s’enfoncer dans la noirceur, emprunt de désespoir et de malheurs.
    Dans son nouveau livre, Hervé Le Corre nous trimballe dans le désespoir profond, à travers 3 personnages détruits par la vie. Un livre déroutant et perturbant. Un livre terriblement puissant.

    19/06/2021 à 09:43 12

  • Trois carrés rouges sur fond noir

    Tonino Benacquista

    9/10 Poseur d’œuvres d’art contemporain dans une galerie parisienne le jour et joueur invétéré de billard la nuit, Antoine a une vie bien réglée. Mais elle bascule quand un voleur s’empare d’une toile nommée « l’essai 30 » de la dernière exposition consacrée à Etienne Morand et lui tranche le poignet droit. Invalide. Manchot. Finie l’académie de billard et son avenir du titre de champion français pour Antoine.
    Plus par besoin de comprendre que pour se venger, Antoine cherche qui a fait basculer sa vie. Aussi la toile qui a été dérobée lui rappelle vaguement une œuvre entreposée dans le dépôt de la galerie. Mais le responsable de la réserve se fait tuer. Ce qui motive encore plus Antoine à découvrir Etienne Morand et ce mystérieux mouvement artistique « les Objectivistes ».

    Trois carrés rouges sur fond noir excelle par le cynisme d’Antoine. Par moment, j’ai perçu du Jonquet dans le style, ce qui m’a énormément séduit. Mais Benacquista, avec ce qui est son 2ème livre, s’affirme en proposant une histoire savoureuse où il peint avec talent et ironie l’art moderne.

    05/08/2019 à 21:12 4

  • Trois jours et une vie

    Pierre Lemaitre

    8/10 Raconter la culpabilité et les rouages des remords, et des conséquences sur sa vie est un exercice périlleux. Pierre Lemaitre dévoile son talent, non loin du maitre Simenon. Ce roman noir par son approche psychologique, les conséquences du drame dans ce petit village provincial a un arrière-goût de l’oeuvre du talentueux romancier belge. Un très beau moment de lecture.

    03/04/2022 à 11:28 7

  • Trois mille chevaux vapeur

    Antonin Varenne

    8/10 Dans Trois mille chevaux vapeur, Antonin Varenne raconte la vie d’Arthur Bowman. De cette guerre en Birmanie jusqu’à la guerre de Sécession. Oui, la vie de ce sergent de la Compagnie des Indes est remplie de guerres. Avec toutes ses blessures et ses cauchemars. Avec toutes ses batailles et ses combats. Y compris des combats plus personnels et intérieurs. Notamment celui qui pourrait laver son honneur. Et pas à coups de rasades de whisky. Il doit trouver un des anciens soldats de sa compagnie qui tue selon les seules et propres méthodes quand ils furent tous prisonniers.

    Arthur Bowman se lance dans une quête improbable de ce tueur en série qui lui fera découvrir la conquête de l’Ouest pour mieux affronter ses démons.

    Une épopée dans laquelle j’ai peiné à rentrer. Peut-être à cause de cette Guerre des Indes que je ne comprenais pas trop. Puis, plus le personnage de Bowman s’étoffait, plus l’histoire devenait limpide et mieux j’appréciais ce portrait d’hommes torturés dans cette histoire qu’Antonin Varenne nous distille en professeur d’Histoire. Le début d’une fresque que je vais continuer de découvrir avec envie.

    22/12/2022 à 15:30 9

  • Trop de morts au pays des merveilles

    Morgan Audic

    7/10 Pas évident de faire la comparaison entre De bonnes raisons de mourir avec lequel j’ai découvert Morgan Audic, et ce livre, le premier de l’auteur. Je n’aurais certainement pas lu Trop de morts au pays des merveilles si je n’avais pas beaucoup apprécié le lauréat du Prix Découverte 2019 de Polars Pourpres. Alors pourquoi comparer, vous pouvez me rétorquer ? Parce que la nature humaine (du moins la mienne) est ainsi faite, pourrais-je vous répondre !

    Si De bonnes raisons de mourir offre un cadre et des personnages assez extraordinaires (au sens littéral du terme), ici Morgan Audic offre un polar « classique ». Paris, un avocat, Christian Andersen cherche désespérément sa femme disparue. Ses recherches le font tomber sur des femmes assez proches physiquement sans être sa femme. Et ces personnes vont être tuées. Tout accuse l’avocat. D’autant qu’un procureur veut sa peau. La police enquête sur des cadavres retrouvés en forêt pour lesquels elle soupçonne un tueur en série déjà emprisonné, le « marionnettiste ». Une ancienne flic, Diane, qui suivait l’affaire et qui a été écartée, est sollicitée par l’équipe de flics pour collaborer à l’enquête.

    L’histoire est rondement bien menée. On trouve les prémices du talent de l’auteur. Mention spéciale au trip psychédélique de Christian Andersen… Mais la fin ne rend pas hommage aux attentes du lecteur : la fin « western » où ça tire ça flingue à tout va, et l’aveu du père qui explique toute l’histoire… Pas pour moi.

    10/10/2020 à 19:47 8

  • Tu me manques

    Harlan Coben

    7/10 Je m’étais promis de ne plus relire Harlan Coben. J’ai vérifié, ma dernière lecture date de 2004 avec Une chance de trop. J’avais rangé l’auteur américain dans la catégorie commercio-sentimento-polar de supermarché. Et puis, une amie m’a prêté ce Tu me manques, avec un commentaire plus qu’encourageant.

    Et si l’intrigue n’est pas des plus alambiquées, le rythme est soutenu et Kat, cette lieutenante du NYPD, est attachante. Une lecture très plaisante d’un page-turner efficace.

    19/12/2021 à 18:14 3

  • Twisted Tree

    Kent Meyers

    8/10 J’ai un attrait particulier pour tous les romans polyphoniques. J’apprécie cet exercice de style assez compliqué et qui (quand c’est réussi) force l’admiration. Il permet de dégager une dimension psychologique des personnages toujours intéressante.

    Avec Twisted Tree, Kent Meyers propose une démarche subtile en tissant une toile d’araignée où le centre serait cet enlèvement de Hayley Jo par le serial killer de l’autoroute I-91. Ce dernier a traqué sa proie en s’inscrivant sur les réseaux sociaux de filles anorexiques, les ANAS.

    Les chapitres se suivent en alternant les histoires d’autres habitants de Twisted Tree : cette caissière, ancienne missionnaire ; ce chauffeur routier qui téléphone à sa femme comment il a su éviter un troupeau de bisons ; cette femme qui a la hantise des crotales et qui verra conduire tétanisée un serpent sur ses genoux ; …
    Si Hayley Jo n’est pas au cœur de la vie des différents personnages, elle figure plus ou moins dans la vie de chaque membre de cette communauté. L’histoire et la tranche de vie des protagonistes constituent une pièce d’un puzzle qui, l’on s’en doute, éclaircira la destinée tragique de cette fille.

    Au final, Twisted Tree s’avère être un roman sombre et âpre dont la richesse se dévoilera aux seuls lecteurs les plus coriaces et persévérants.

    24/05/2019 à 15:58 4

  • Ubac

    Élisa Vix

    7/10 L’ubac, terme montagnard, désigne le versant d’une montagne qui est le moins exposé au soleil. C’est son côté sombre. Peut-on transposer l’ubac chez l’être humain ?

    Estelle est troublée par l’attitude de sa belle-sœur, la belle Nadia. La sœur jumelle de son mari, après 4 années passées à New-York, est venue s’installer à Val-Plaisir, sous l’insistance de Jérémy. Des comportements troublants, et des situations inquiétantes qu’Estelle constate chez Nadia : une promiscuité étrange avec son mari, un rejet de leur bébé Lilas,… au point de la faire jouer avec des couteaux ou de laisser les volets de sa chambre ouverts.

    Mais Estelle devient-elle parano ? Est-elle certaine de ce qu’elle constate, elle qui mélange anxiolytiques et alcool ? Elle qui était tout près de cet enfant qui est tombé d’une fenêtre quand elle était jeune… Chacun semble avoir son ubac, son côté sombre et mystérieux…

    Elisa Vix séduit avec ce court mais intense polar. L’intrigue n’est pas très originale, et l’issue convenue mais l’auteure française sait questionner et faire douter le lecteur dans une atmosphère froide et pesante.

    20/04/2022 à 08:16 2

  • Un cri sous la glace

    Camilla Grebe

    8/10 Qui dit « polar suédois » dit atmosphère froide où l’intrigue laisse la place aux personnages aussi attachants que torturés. Et ce ne sont pas les amateurs de Mankell qui me contrediront.
    Camilla Grebe fait sienne de cette recette et distille une histoire où les différents protagonistes, à tour de rôle, font avancer l’intrigue : Peter, un flic qui fuit ses responsabilités, peur de perdre ceux qu’il aime ; Hanne, intervenante privée pour la police, à qui l’on vient de découvrir les symptômes d’Alzheimer ; tous les deux se retrouvant dix ans après avoir fui une histoire d’amour ; et Emma qui cache une histoire d’amour avec son patron.

    Camilla Grebe sait nous manipuler avec un déroulement très prenant. Et on suit avec intérêt la vie de ces personnages, leurs relations compliquées, secrètes, leurs blessures, profondes et irrémédiables. Car l’auteure suédoise préfère développer la psychologie des personnages qu’une trame spectaculaire et sensationnelle. A chacun son style.

    20/10/2019 à 18:38 6

  • Un feu d'origine inconnue

    Daniel Woodrell

    6/10 4ème de couverture « Missouri, 1929. Un soir d'été, les habitants de West Table se rendent joyeux au bal du village. Mais la salle prend feu avant d'exploser, laissant de nombreux morts et beaucoup de questions. Inspiré d'un drame qui toucha la famille de Daniel Woodrell, ce roman saisissant mène l'enquête et brosse le portrait intime et terrible d'une petite communauté, ses relations viciées, ses hypocrisies et ses secrets.»

    A la lecture de ce court roman sombre, on sent que Daniel Woodrell a mis du sien pour éclairer ce mystérieux incendie qui laissa des morts, des questions et des fantômes dans toutes les familles. L’auteur dévoile les blessures laissées dans toutes les mémoires sur plusieurs générations mais aussi le secret qui entourait ce drame.

    Le seul bémol de ce livre est la multitude de personnages et les aller-retours entre les différentes périodes qui déstabilisent la lecture. Mais la belle plume de Daniel Woodrell sauve ce roman. Loin d’être le meilleur de l’auteur et le reflet du talent de l’Américain.

    18/08/2019 à 11:40 4

  • Un flic bien trop honnête

    Franz Bartelt

    7/10 Wilfred Gamelle est un flic bien top honnête. Suite à une altercation dans un bus, il ne souhaite qu’une chose : dédommager l’autre pour lui avoir casser ses lunettes. D’autant plus quand il s’agit de lunettes d’un aveugle. Alors il déploie ses moyens de policier intègre pour retrouver l’homme non voyant. Gamelle avait de quoi s’emporter : une enquête sur une série de meurtres sans avoir aucune piste. Pus de 40 meurtres au compteur. Alors quand l’aveugle, Fernand Ladouce, lui fait part de ses théories, Gamelle l’écoute avec intérêt : un aveugle peut voir clair dans cette affaire, après tout.

    Il a le sens du devoir, ce Gamelle. Son ex femme le lui avait dit. Contrairement à elle, il ne prenait assez plaisir que la vie pouvait lui offrir. Alors Gamelle avec son collègue cul de jatte s’emploie à trouver ce meurtrier.

    Un petit roman loufoque, drôle rempli de dialogues et de pensées humoristiques. Franz Bartelt offre ici un moment de fraicheur et de francs sourires comme il sait si bien le faire. Un livre à lire pour sortir de toute morosité.

    09/01/2022 à 12:04 6

  • Un homme dans la brume

    Dorothy B. Hughes

    9/10 Avec ce roman noir, on plonge dans l’atmosphère des 50’s à LA. Des images viennent à l’esprit à la lecture de cette ville et de cette époque : les grosses voitures, les aspirantes stars hollywoodiennes, les pin-ups, le soleil, les plages à perte de vue… Cette ambiance d’après-guerre, où tout sourit aux audacieux. Mais si Dorothy B. Hughes prend ce cadre paradisiaque c’est pour mieux peindre le portrait d’un démon.

    Dickson - alias Dix - Steele, un ancien GI, séjourne dans un appartement prêté par un ex-copain d’armée, Mel Terriss, parti quelques mois à Rio. Prétextant l’écriture d’un roman policier, il a obtenu le soutien financier (trop faible) de son oncle. Il aspire à vivre sans travailler, à lever les filles, à passer les soirées aux différents clubs des célébrités. Il se rapprochera de son ancien ami, Brub Nicolai, devenu inspecteur de police. Mais Dix Steele a des pulsions meurtrières rapportées de la Guerre. Et les belles et jeunes filles de LA en seront les victimes. On découvre ainsi, page après page, l’image de ce psychopathe, que Dorothy B. Hugues nous dépeint de l’intérieur. L’auteure américaine trouve le ton et les mots justes, tout en retenu, pour faire de ce roman noir un classique.

    27/12/2020 à 17:58 7

  • Un Jumeau singulier

    Donald Westlake

    6/10 Daté de 1975, Un jumeau singulier possède un scénario attirant, voire alléchant. On retrouve la touche de Westlake qui met ses personnages dans des situations rocambolesques. Ici, un homme séducteur joue son jumeau afin de séduire de vraies jumelles richissimes. Un peu vaudeville, tant les rebondissements et les retournements sont nombreux. Tellement que l’intrigue semble tirée par les cheveux. Certes, cette lecture est divertissante quoiqu’avec quelques longueurs. Ce n’est toutefois pas le meilleur de Westlake, loin s’en faut.

    22/06/2023 à 11:43 2

  • Un Monde merveilleux

    Paul Colize

    8/10 Octobre 1973. Le maréchal des logis Daniel Sabre, dont le régiment belge est basé en Allemagne, est chargé par ses chefs d’une mission officieuse : être le chauffeur d’une personne et la conduire où elle le demandera. Il devra toutefois rendre compte tous les jours à ses supérieurs des faits et gestes de cette personne, ne rentrer en contact avec personne d’autre, y compris sa femme. Pour cette mission, il reçoit argent, véhicule et une arme.
    Voyant une opportunité d’une promotion, Daniel se transforme en chauffeur particulier de cette mystérieuse personne. Cette dernière est une femme, une cinquantaine d’années, se prénommant Marlène. Au départ de Bruxelles, les relations sont assez distantes. Les kilomètres avançant, les deux protagonistes se découvrent petit à petit…

    Paul Colize nous raconte cette histoire vue tour à tour par ces deux principaux personnages. On voit la distance émise par Daniel peu à peu, face aux sollicitations de Marlène, s’estomper. Une complicité va naître et les questions sur ce périple réalisé par les deux personnages vont trouver réponse.

    L’auteur belge offre une fois de plus un livre des plus plaisant et agréable à lire. Prétexte à faire coïncider la petite histoire à la grande histoire, Un monde merveilleux interroge le lecteur sur la notion de vengeance, la prescription des meurtres, le pardon et la vie…

    10/11/2022 à 14:10 5

  • Un Paradis trompeur

    Henning Mankell

    9/10 « Un ange sale », voilà comment son père surnommait Hanna. Un ange sale mais un ange quand même. La famille Renström en cette fin d'année 1899 voit un hiver très rude s'installer au fin fond de leurs terres silencieuses du Norrland. La famine guette. La mère, pour pouvoir sauver sa famille, somme Hanna, du haut de ses 16 ans, de quitter la famille et de retrouver à Sundsvall de lointains parents où elle pourra travailler. Mais il n'existe plus aucun parent. Hanna est prise sous l'aile protectrice d’un vieil homme d'affaires, Forsman. Après quelques semaines passées à son service, elle embarque comme cuisinière à bord d'un navire qui fait route vers Perth. Elle se marie à bord avec le second. Mais au bout de quelques jours, il décède d'une maladie. Veuve, avec un petit pécule donné par la Marine, elle s'enfuit du bateau lors d'une escale en Afrique orientale. Elle se réfugie dans un hôtel de passe tenu par un homme qui deviendra son mari pour seulement quelques jours.
    Devenue veuve pour la seconde fois, Hanna hérite d'un hôtel de prostituées, d'une belle demeure d'une fortune impressionnante dans ce comptoir portugais. En tant que tenancière, elle compatira au sort de ces hommes et femmes noirs à qui elle se retrouvera des similitudes…

    Encore une fois, Mankell, qui a puisé son inspiration dans un fait réel, propose un livre bouleversant dans ce destin à la fois tragique et humaine de Hanna, qui, confrontée à ce pan de l'histoire des colonies, ces paradis trompeurs, où règnent l'hypocrisie les mensonges et les faux semblants, essaiera modestement d’apporter un peu d'humanité à ces hommes et femmes…

    20/07/2020 à 10:50 6

  • Un pied au paradis

    Ron Rash

    9/10 Roman sombre raconté par 5 protagonistes se déroulant dans la vallée de la Jocassee (« vallée de la disparue » en langue cherokee en hommage à une princesse indienne noyée dont le corps n’a jamais réapparu). En ce mois torride d’août 1952, Holland Winchester a disparu. Sa mère demande au shérif Alexander, vétéran de la Guerre de Corée, de chercher son fils du côté de la ferme voisine des Holcombe. Elle y a entendu des coups de fusils.

    Tour à tour, le shérif, les Holcombe, le fils et l’adjoint au shérif vont dérouler l’histoire et amener de la lumière sur cette histoire dramatique.

    Un roman puissant où l’auteur américain signe avec sa première œuvre un livre marquant de finesse, de sensibilité et d’émotion.

    24/10/2021 à 16:54 4

  • Un privé à Babylone

    Richard Brautigan

    9/10 Ce roman est complètement barré et loufoque. Ce qui en fait un roman à part dans le roman policier, séduisant, addictif et charmant. Mais peut-il être réduit à ce style du roman policier ?

    Il raconte une journée de la vie de Carr, un détective privé dans le San Francisco de 1942, tout de suite après l’attaque de Pearl Harbor. Un privé à la loose, qui est en complète descente aux enfers : il n’a pas d’affaires depuis longtemps. Il cherche désespérément 50 cents pour acheter des balles pour son revolver. Un mystérieux client souhaite lui confier une affaire à condition que Card soit armé. Il erre ainsi à droite à gauche…

    Pendant sa divagation, il raconte sa vie, sa mère qui le culpabilise d’avoir tué son père à l’âge de 4 ans, et qui n’accepte pas sa carrière, une vie professionnelle de base-balleur échouée après avoir pris une balle en pleine tête… D’ailleurs, depuis, il peut rentrer en transe facilement et rêver à Babylone, cette ville antique dans laquelle il est le célèbre privé, Smith Smith, adoré de sa séduisante secrétaire… Mais cette affaire qu’il se voit confier par une très séduisante femme buveuse de bière est très surprenant et intrigante : voler un corps à la morgue de son pote Pilon…

    Des chapitres courts, des personnages déjantés, un roman aussi absurde que prenant… Bref un livre plus que conseillé !

    03/04/2022 à 09:46 2

  • Un Profond Sommeil

    Tiffany Quay Tyson

    9/10 White Forest, Mississippi, 1976. Roberta (alias Bert), Willet et leur petite sœur Pansy cherchent un coin de fraîcheur dans cet été brûlant et étouffant. Bravant l’interdit, ils partent se baigner dans l’eau fraîche d’un immense trou d’eau formé dans une ancienne carrière. Partis cueillir des baies pour midi et sous la menace d’un énorme orage, Roberta et Willet se précipitent chercher Pansy. Mais aucune trace de la petite sœur.

    La police procède à des fouilles et interrogent les quelques témoins. La carrière est vidée, les suspects relâchés. Pas de trace de la petite fille. Et le temps passe, Pansy demeure introuvable. Pour Bert, la culpabilité grandit jour après jour. La jeune adolescente pense que le coupable ne peut être que ce monstre croisé dans la forêt jouxtant la carrière. Ou alors elle a dû partir avec son père absent depuis plusieurs semaines. A mois que cette carrière soit la cause de tout. Car, celle-ci est réputée pour être maléfique…

    La mère sombre dans le désespoir. Mamie Clem, une faiseuse d’anges, qui concocte diverses potions pour aider les nombreuses femmes en souffrance, est là pour aider ses petits-enfants. Ces derniers souhaitent faire la lumière sur cette disparition.

    Tiffany Quay Tyson développe une saga familiale via une histoire de disparition qui fait écho aux sujets de discorde actuels des Etats-Unis : droit à l’avortement, droits familiaux, violences raciales…

    Un magnifique livre d’une beauté rare avec des personnages et un cadre très attachants, où les lieux hantés cachent des histoires de famille, où la nature est aussi dangereuse que les divergences raciales…

    21/11/2022 à 14:24 5

  • Un sur deux

    Steve Mosby

    7/10 J’ai boudé ce livre à sa sortie. Je suis assez prudent devant la publicité assez racoleuse des premiers livres de nouveaux auteurs. Les références à Thomas Harris et Harlan Coben, ou les comparaisons aux chefs d’œuvre de Lehane ou de Connelly m’ont fait écarter cet auteur, Steve Mosby, de ma PAL. Il a fallu attendre une brocante locale pour que je me jette sur ce livre et l’été pour me plonger dans sa lecture. C’est dire l’enthousiasme que j’avais pour Un sur deux.

    Même si ce polar ne révolutionne pas le genre « tueur psychopathe », il se lit très bien, l’intrigue est bien menée. Mais je regrette les alternances des personnages dans le déroulement de l’intrigue. Ce parti pris de l’auteur empêche l’approfondissement des personnalités, je trouve. Or que ce soit l’inspecteur John Mercer ou Mark Nelson, il y aurait eu matière à développer ces personnages et offrir un livre plus attachant et marquant. En tous les cas, c’est moins pire que ce que j’appréhendais. Si l’occasion se présente, je relirais les autres livres de cet auteur.

    03/08/2019 à 21:15 4