JohnSteed

617 votes

  • La Disparition de Stéphanie Mailer

    Joël Dicker

    6/10 Dire que j'ai été déçu par ce livre est un euphémisme. Tout dans la construction de ce livre ressemble à la marque de fabrique, au style de l'auteur (alternance du passé/présent, rebondissements…) mais il manque de l'émotion, de personnages attachants,… Une écriture où la première personne aurait permis de nous identifier à un personnage. Et puis du début avec cette main et les doigts, on comprend les ficelles de l'histoire. C'est long, rempli de chapitres qui n'apportent rien à l'histoire. Si l'auteur voulait nous désorienter, nous perdre pour mieux nous éblouir par la chute de son intrigue, je n'ai pas marché une seule seconde. Les ficelles sont trop grosses. Les explications sont peu plausibles…

    Ce livre me fait penser à une trame d'histoire écrite il y a très longtemps, qui serait restée dans un tiroir et que l’auteur, en mal d'inspiration, aurait ressorti suite à la pression de l'éditeur. C’est un livre de deuxième division, loin des magnifiques lectures que Joël Dicker nous a offert avec La vérité sur l'affaire Harry Quebert et Le livre des Baltimore.

    14/07/2020 à 10:09 6

  • Le Vol du faucon

    Daphné Du Maurier

    6/10 Armino Fabbio est guide touristique pour la société Sunshine Tours dans cette Italie d’après-guerre. Alors qu’il accompagne des touristes anglais et américains, il est alerté par ces derniers par la présence d’une pauvre femme sur les marches d’une église romaine. La nuit suivante, alerté par un rêve troublant, où son passé ressurgissait, il se lève et va donner un billet de dix mille lires à la vieille dame, qu’il reconnaît comme être l’ancienne cuisinière de sa maison d’enfance, Marta. Or, cette dernière est retrouvée morte, assassinée, le lendemain.

    Armino, ce fils dont le père est mort dans les camps alliés, dont la mère s’est enfuie avec lui dans les bras d’un Allemand, dont le frère, aviateur, est mort en héros de guerre, souhaite retourner dans sa ville de naissance, Ruffano, pour se remémorer son histoire bouleversée par la 2nde Guerre mondiale et essayer de comprendre le sort de cette pauvre femme. Alors qu’il se promène dans les rues, il rencontre celui qui ressemble fortement à son frère décédé, Aldo.

    Si cette présentation peut s’avérer pleine de mystère, alléchante et aguicheuse, elle ne représente que le cinquième du livre. Et si on pouvait s’attendre à une suite empreinte de ces mêmes qualificatifs, il n’en est rien. On plonge dans les méandres de l’histoire, de la vie et de la société de Ruffano où plane la vie mystique de Claudio alias le Faucon, et des tensions entre les couches sociales de la ville. Il faut attendre les 30 dernières pages pour retrouver le charme des débuts du livre. On est malgré tout retenu par le style classique et incontournable de cette maîtresse du suspense, la « sœur-suspense » d’Agatha Christie.

    08/07/2020 à 20:02 1

  • Le Contrat

    Pierre Boileau, Thomas Narcejac

    8/10 G., tueur à gages, a obtenu un nouveau contrat de M. Louis, son « patron » de longue date : éliminer M. Langlois, le PDG des Cimenteries d’Aquitaine, venu passer quelques jours à Châtelguyon et qui détient un dossier sur M. Louis. S’il mène à bien sa mission, il a malencontreusement blessé le berger allemand du PDG. Et G. n’aime pas faire de victimes collatérales. G. décide alors, contre l’ordre du Boss, de prendre le chien, de le soigner et d’en faire son animal de compagnie au risque de se faire vite retrouver par les enquêteurs.

    Alors qu’il ressent les effets secondaires d’un attentat dont il a été témoin, G. se rend compte qu’il doit raccrocher. Pourtant, cet ancien tireur dans les cirques avait sa carrière toute tracée. Mais s’il veut en finir avec sa carrière de tueur à gages, il doit alors écarter de manière définitive M. Louis. Il se réfugie dans sa maison de compagne avec son fidèle compagnon, Romulus. Les deux comparses deviennent des amis inséparables. Jusqu’à ce que la mort les sépare. Ah oui ?

    On s’éloigne un peu du domaine de prédilection des maîtres du suspense. Oups, pardon. Des MAÎTRES du suspense. Boileau-Narcejac nous offrent une belle lecture d’amitié entre l’homme et l’animal. Mais c’est tellement bien écrit et mené qu’on se régale encore une fois.

    08/07/2020 à 19:30 3

  • Six fourmis blanches

    Sandrine Collette

    8/10 Mathias est un sacrificateur. On fait appel à lui pour éloigner le Mal, apporter le bonheur à un mariage, conjurer le mauvais sort sur une personne, … Pour cela, il choisit la chèvre du troupeau qui possède assez de magnétisme et la jette du haut des montagnes. On le craint plus que l’on ne le respecte. Pourtant, Artur Carche, le parrain local, veut sa peau, après avoir tué son fils à qui Mathias devait apprendre les principes du sacrificateur.

    Lou fait parti d’un groupe de 6 personnes qui ont gagné un trek dans les montagnes d’Albanie. La seule condition était de parler italien. Car il s’agit de la seule langue, hors albanais que le guide, Vigan, maitrise. C’est accompagné de Lucas Marc, Elias, Etienne, Arielle qu’elle va suivre Vigan en haut des montagnes…
    Mais cette escapade va virer au tragique…

    Si j’avais été déçu par ma lecture du précédent (par ordre de parution) de l’auteure française, j’ai été conquis par la tension et le suspense que l’on ressent dans ces Six fourmis blanches. Pas de répit dans notre lecture. On sent la tension des randonneurs qui, à chaque pas posé, craignent pour leur vie. On compatit à la solitude de ce sacrificateur. Sandrine Collette est implacable avec nos nerfs du début à la fin. Et c’est comme ça qu’on l’aime.

    29/06/2020 à 16:44 3

  • L'Echo des Morts

    Johan Theorin

    8/10 Joakim, Katrine et leurs deux enfants, Livia et Gabriel, ont choisi de quitter Stockholm et de s’installer à Aludden, au nord-est de l’île d’Oland où se trouvent deux phares. Une presqu’île, chargée d’histoire et de drames humains.
    Katrine, depuis quelques mois, effectuent différents travaux, organisant l’installation de la petite famille. Joakim se prépare à quitter définitivement son travail dans la capitale. Et alors qu’il achève le déménagement, il reçoit, sur la route, un appel de la nouvelle policière du secteur, Tilda Davidsson. Un accident dramatique : sa femme est morte, noyée.
    Joakim, effondré, peine à surmonter la perte de sa femme, d’autant que sa fille a une attitude troublante : elle parle la nuit à sa mère. Le père de famille n’arrive pas à s’expliquer ce comportement, d’autant qu’il découvre d’étranges histoires sur cette île, et sur les légendes mystérieuses de fantômes. Alors que l’hiver approche, et la peur de l’arrivée de la grande tempête de neige, appelée la tourmente, Tilda doit faire face à une vague de cambriolages sur l’île. Parallèlement, elle souhaite faire appel à la mémoire du frère de son grand-père disparu, Gerloch, pour en apprendre plus sur la vie et l’histoire familiale. Ce reclus dans sa maison de retraite, avec son instinct et son expérience, apportera quelques éclaircissements à ces affaires.

    Dans ce deuxième opus où l’île d’Oland reste le cadre de cette histoire, on se sent encore magistralement transporté dans les paysages et contrées les plus reculées de Suède. Johan Theorin joue subtilement avec le fantastique dans cette enquête policière sans tomber dans le ridicule et l’extraordinaire, ce qui aurait desservi son histoire. On dévore ce livre encore une fois, et on tombe sous le charme de la plume de ce recommandable auteur suédois.

    28/06/2020 à 09:52 6

  • L'Hiver de Frankie Machine

    Don Winslow

    6/10 La vie de Frank Machianno (alias Frankie Machine) est réglée comme du papier à musique : levée à 5h pour ouvrir sa boutique d’appâts, puis travail pour une entreprise de linge et de fourniture de poissons frais. Couché pas avant 22 ou 23h. Pas facile la vie pour un homme qui doit participer aux études de sa fille, payer une pension alimentaire et vivre un peu à côté.

    Mais parce qu’il a été chauffeur d’un ponte de la mafia locale, et s’étant vu attribuer le sobriquet de Frankie Machine pour l’occasion, il veut bien rendre un petit « service ». Mais Frankie, de peu, échappe à une tentative de meurtre. La pègre veut lui régler son compte. Pourquoi ? Est-ce lié à l’opération « Cache-sexe » menée par le FBI visant à éliminant la corruption politique touchant les entreprises de strip-tease ?

    Le temps d’une cavale à la recherche de ces réponses, Frankie Machine nous dévoile son passé dans la mafia. C’est mené à tambour battant, très rythmé, mais cette histoire ne m’a pas passionné.

    24/06/2020 à 19:45 2

  • Sauvage

    Jamey Bradbury

    7/10 En Alaska, Tracy vit avec son père, Bill Petrikoff, ancien musher réputé, et son frère, le jeune Scott. Après le décès accidentel de leur épouse et mère, ils essaient tant bien que mal de tenir à flot leur ferme et leur élevage de chiens de traîneaux.

    La jeune adolescente possède un don, depuis la naissance : en avalant ne serait-ce qu’une goutte de sang d’un animal, sa vie de celui-ci s’immisce dans Tracy qui peut ainsi découvrir toute son histoire. « Goûter vous donne toujours accès au moins un instant. Mais quand vous buvez d’une bestiole qui lâche son dernier souffle, vous recevez toute une histoire. Tout ce qu’elle a fait, tout ce qu’elle a ressenti se livre à vous comme si ça se produisait au moment même où vous l’apprenez. Vous absorbez une vie entière, quand vous buvez et tuez en même temps ».

    Or sa mère avait mis en garde Tracy : ne surtout pas faire couler le sang d’un humain. Or ce matin, dans la forêt où elle était venue relever ses pièges, pour se défendre, elle a dû poignarder au ventre un étranger, Hatch. S’il a pu être secouru par Bill, ce sang hante Tracy, d’autant qu’elle a peur qu’il vienne se venger et reprendre son argent que Tracy a pris pour pouvoir s’inscrire aux courses de chiens de traineaux.
    Et l’arrivée du troublant et mystérieux Jesse va venir troubler les sens de la jeune adolescente. C’est alors qu’elle va goûter le sang humain. Et c’est toute sa vie qui va bousculer. Car il faut savoir bien maîtriser ce don si puissant et donc dangereux. Tracy l’apprendra à ses dépens.

    Sauvage est un roman d’apprentissage de la vie et du genre humain. Loin du monde du polar, ce livre est empreint de sensibilité et de poésie ; l’écriture de la jeune auteure américaine est proche de celle Jim Harrison, de Joseph Boyden et de Louise Erdrich, ces écrivains où la nature constitue majestueusement le cadre d’une aventure humaine émouvante. Un livre qui séduit mais qui comprend quelques longueurs.

    20/06/2020 à 12:05 2

  • Dernière nuit à Montréal

    Emily St. John Mandel

    7/10 Dernière nuit à Montréal est la première œuvre de l’auteure canadienne qui écrira par la suite On ne joue pas avec la mort, Les variations Sebastian et Station Eleven. Dans ce premier livre, on trouve déjà le style de l’écrivaine qui distille avec parcimonie et subtilité littéraire les réponses à l’intrigue. Ici elle retrace la vie de Julia, de son enlèvement par son père à l’âge de 7 ans jusqu’au début d’adulte. Une vie de fugue, de fuite,… Et avec elle, elle entrainera toutes les personnes qui se sont attachées à elle : Eli, son amoureux ; Christopher, le détective privé qui passera une part de sa vie à la chercher ; Michaela, la fille de ce dernier, dont la vie sera affectée par le travail de son père.

    Une histoire intrigante rythmée par des aller-retours passé présent qui sont assez perturbants. Mais une fois habitué, on peut savourer le dénouement et cette histoire nous montre qu’il existe plusieurs vérités.

    14/06/2020 à 16:28 2

  • Reflets changeants sur mare de sang

    Pierre Siniac

    8/10 Comme Folies d’infâmes, Reflets changeants sur mare de sang est un recueil de nouvelles. Et on retrouve la plume cynique du talentueux écrivain. Mais si Folies d’infâmes proposait des situations cocasses voire empruntes d’un humour noir (bien évidemment, il ne peut pas en être autrement !!), avec Reflets changeants… , on est dans l’univers de l’arroseur arrosé, le comique en moins.
    Mais c’est toujours un agréable moment de lecture. Toujours avec Pierre Siniac, tant il n’a pas son pareil pour raconter des histoires sorties de nulle part d’autre que de son imagination extraordinaire.

    11/06/2020 à 17:00 1

  • Chacun sa vérité

    Sara Lövestam

    7/10 Bien que son auteure soit suédoise, il serait cavalier de faire un raccourci et de considérer Chacun sa vérité comme un « polar suédois ». D’une part parce que, même s’il a reçu différentes distinctions comme le Grand Prix de Littérature Policière (roman étranger) ou le Prix de l'Académie suédoise des auteurs de polars, Sara Lövestam ne classe pas son premier livre au rayon polar, mais le considère plus comme un roman de société. D’autre part, on est loin de l’ambiance ouatée, et de l’atmosphère éthérée, où les grands espaces donnent la réplique aux différentes contemplations des personnages. Sara Lövestam privilégie les dialogues aux descriptions des paysages. Elle concentre l’action du livre à l’enquête menée par son personnage d’origine iranienne, Kouplan, un sans papier qui pour survivre, se donne les qualités de « détective privé ». En situation illégale, il propose ses services aux personnes qui ne souhaitent pas que les autorités locales se mêlent de leur problème.

    C’est le cas de Pernilla dont sa fille, Julia, âgée de 6 ans, a disparu alors qu’elles se promenaient dans un centre commercial. N’ayant pas déclaré sa fille pour éviter que les services sociaux ne lui enlèvent, Pernilla voit dans le tout jeune Kouplan son seul espoir de retrouver Julia. Le jeune détective privé va se trouver confronter aux problèmes psychologiques des personnages et à une affaire de prostitution d’enfants.

    Un roman qui sincèrement plaît, tant on ressent la force de Sara Lövestam à dénoncer la politique menée à destination des immigrés. Mais la faiblesse du roman réside dans le manque de profondeur donné à son personnage principal, Kouplan. J’aurai aimé en effet en apprendre plus de la vie de ce jeune iranien qui est à peine évoquée ici, et que l’auteure suédoise développe plus certains aspects de l’intrigue. Un roman qui donne cependant envie de poursuivre la tétralogie de Sara Lövestam.

    09/06/2020 à 13:49 2

  • La Sentinelle de Lisbonne

    Richard Zimler

    8/10 Je sors de la lecture de ce roman perturbé. La sentinelle de Lisbonne n’est pas un polar classique. Certes, il y a un meurtre, mais l’intérêt principal du livre réside dans son enquêteur, Henrique Monroe, inspecteur principal à la police de Lisbonne. Ce dernier a une histoire assez terrifiante : son frère et lui ont vécu leur enfance aux Etats-Unis et subi la violence de leur père. Pour survivre, Henrique s’est créé un double, qu’il a prénommé Gabriel, comme l’ange protecteur. Celui-ci prend le contrôle de l’identité quand du sang apparaît. G. vient en aide à Henrique. Quand il se « réveille », G. lui a laissé un message écrit sur sa main qui le guide pour l’aider et lui donner des pistes pour son enquête.

    C’est peu dire qu’Henrique est un personnage hors norme. Au fil des pages, on découvre le lourd poids que laisse la mort de leur mère pendant la jeunesse d’Henrique et de son frère, les souvenirs encore profonds et douloureux des violences subies par les deux frères, l’attachement profond d’Henrique pour son frère cadet, la personnalité troublée de l’inspecteur. L’enquête sur la mort du riche homme d’affaires, Pedro Coutinho, dévoilera une société lisboète où corruption, crise économique et sociale sont la lie du Portugal. Même si elle peut être placée en second plan, l’affaire n’en est pas moins odieuse.

    Ce roman est perturbant tant Richard Zimler dépeint d’une manière aussi humaniste que réaliste ce personnage à la double personnalité aussi effrayante qu’attachante, horrible que fascinante.

    07/06/2020 à 16:46 1

  • Sur le ciel effondré

    Colin Niel

    8/10 A Maripasoula, au lendemain d’une soirée bien alcoolisée, la brigade de gendarmerie est alertée de la disparition d’un adolescent, un jeune Amérindien du nom de Tipoy le fils de Tapwili, une institution dans le Haut-Maroni , car peu de décision ne peuvent se prendre sans lui, gardien des traditions wayana, et fervent opposant aux sociétés minières. Si la majorité pense que le drame amérindien, le suicide, a encore frappé cette communauté, l’adjudante Blakaman, une « noire-marron » revenue dans ces terres d’origine, défigurée suite à un attentat en métropole, suit son intuition : Tipoy est encore vivant. Dans ce coin reculé où sévissent alcool, traditions séculaires, chamanisme, rivalités entre ethnies et évangélisme, l’adjudante va devoir dérouler toute son expérience.
    A Cayenne, c’est une bande d’ « Anglais » qui sévit dans la capitale guyanaise, volant le matériel hi-tech après avoir ficelé, avec le fil du téléphone, les occupants. Or, un vol tourne mal. Le capitaine Anato est chargé d’enquêter sur le meurtre d’un infirmier. C’est un trafic mêlant pouvoir politique, entreprises aurifères, … qu’il va démanteler.

    Dans le 4ème épisode de la série guyanaise, Colin Niel confirme toute la magnificence de cette saga qui permet aux lecteurs d’apprécier la richesse et les traditions des communautés de ce bout de France, dont on a tout à découvrir.

    01/06/2020 à 17:22 3

  • L'Offrande grecque

    Philip Kerr

    8/10 En cette année 1957, alors que la Communauté Economique Européen (CEE) nait doucement des ruines et des drames humains de la 2nde Guerre mondiale, Bernie Gunther, sous le nom de Christof Ganz, essaie de vivre loin de son passé, en tant que préposé à la morgue de l’hôpital de Munich. Un poste qui lui sied bien, étant ainsi en harmonie avec les cadavres qu’il côtoie. Mais pas facile de rester anonyme pour l’ex Komizar. C’est à la suite de chantages divers qu’il va exercer ses anciennes compétences en tant qu’enquêteur pour la compagnie d’assurance, Munich Re. « Herr Ganz » va être amené à aller en Grèce, pour vérifier qu’un bateau qui a coulé, au large des îles helléniques, l’était bel et bien de manière accidentelle. Mais un inspecteur grec fait pression sur Bernie pour qu’il traque un ancien criminel nazi.

    Philip Kerr, dans cette nouvelle « aventure de Bernie Gunther », nous permet de découvrir un pan de l’histoire de la 2nde Guerre mondiale, en l’occurrence la spoliation de la forte communauté juive de Grèce par les nazis avant son extermination dans les camps de la mort.

    Si cette leçon (pour ma part) d’histoire est (toujours) intéressante, c’est toujours avec un réel plaisir que de lire les mots acerbes de Gunther sous la plume toujours incomparable et belle du regretté Philip Kerr.

    30/05/2020 à 19:49 9

  • Une brume si légère

    Sandrine Collette

    8/10 Dans cette nouvelle, Sandrine Collette nous conte en quelques pages concises mais brutales, le désespoir de ces démunis et leurs déboires dans cette Casse, cette zone de non-droit exploitée par des profiteurs. Mais si l’Amour entre une laissée pour compte et son gardien laisse planer une lueur d’espoir, elle ne sera qu’éphémère, comme une brume que le vent dissipera.

    L’auteure développera ce cadre et ce thème dans Les Larmes noires sur la Terre. Si vous avez aimé cette nouvelle, vous allez adorer ce livre. Et réciproquement.

    28/05/2020 à 14:07 1

  • La Capture du tigre par les oreilles

    Jean-Bernard Pouy

    5/10 Cette nouvelle parue dans le cadre de la série « Les petits polars » initiée par Le Monde et Sncf vaut plus par son exercice de style que pour l’histoire en elle-même. Jean-Bernard Pouy raconte l’histoire d’un médiateur qui négocie avec un patron qui, après avoir tué un syndicaliste, se renferme dans son bureau. Pour se faire, l’auteur s’est fixé une contrainte d’écriture : « chaque phrase débutant après un point (.) (…) ( ?) ( !) commence par une lettre de l’alphabet, dans l’ordre (a, b, c, d, etc.).

    Cet exercice, s’il peut être salué, ne fait qu’alourdir l’histoire, qui est elle-même n’est pas plus originale que cela. Un « petit polar » qui s’avère du coup bien dispensable.

    27/05/2020 à 09:50 1

  • Malempin

    Georges Simenon

    6/10 Alors qu’il se prépare à emmener sa famille en vacances, le Dr Malempin apprend que son fils cadet, Bilot, vient de tomber gravement malade. Tout en veillant sur lui, il se revoit enfant. Dès lors ce sont quelques souvenirs d’enfance qui lui reviennent avec son père toujours en retrait et sa mère toujours en proie à élever ses fils du mieux possible. Et puis cet oncle, Tesson, à la vie dissolue, qui a disparu de manière subite et étrange…

    Avec Malempin, Simenon s’éloigne du roman noir mais propose une introspection d’un homme en proie aussi bien à la nostalgie qu’aux craintes de l’hérédité familiale.

    24/05/2020 à 17:39 2

  • Au bois dormant

    Pierre Boileau, Thomas Narcejac

    9/10 Pierre Aurélien de Muzillac du Quilly, en ce 7 novembre 1818, écrit une lettre où il expose les derniers mois de sa vie. Ayant fui la Révolution française, sa famille s’est exilée en Angleterre. Peu de temps avant sa mort, sa mère lui demande de reprendre leur château familial de Muzillac. Il apprend du notaire local, que le nouveau propriétaire se fera un plaisir de lui vendre pour une somme modique la demeure ancestrale. Et pour cause : une mystérieuse malédiction s’abat sur les différents occupants du château. Pierre se rend sur place. Et là il rencontre la belle Claire, fille du châtelain. Tombé amoureux, il retourne le soir au château. Or il constate que les trois membres de la famille sont sans vie, assis dans le salon. Mais le jour de la signature de la vente, la famille est au complet et bien vivante. Il veut demander la main de Claire. Celle-ci refuse obstinément. Le soir du départ, il rattrape la voiture pour convaincre une dernière fois de rester avec lui. Ayant monté dans la diligence, les Châtelains sont sans vie. Il tombe inconscient et se réveille le lendemain avec Claire. La vie des amoureux aurait pû être heureuse mais la santé de Claire décline vite…

    Cette nouvelle est digne des Histoires extraordinaires d’Edgar Allan Poe. L’ambiance et l’atmosphère fantastique, gothique et mystérieuse rend cette histoire aussi addictive que troublante.

    23/05/2020 à 19:22 2

  • Le mauvais oeil

    Pierre Boileau, Thomas Narcejac

    8/10 Ce livre regroupe deux histoires : Le Mauvais Oeil et Au Bois Dormant.

    Le Mauvais Œil (7/10)
    Rémy Vauberet, ce jour-là, se remet à marcher. Le jeune adolescent était tombé, 12 ans auparavant, dans un état d’amnésie et de paralysie, quelques jours avant la mort de sa mère. Alors que plus personne n’espérait cet exploit, l’intervention de Milsandieu, une sorte de gourou, a fait des miracles. Rémy s’en va donc se recueillir sur la tombe de sa mère, au Père Lachaise. Mais point de tombeau. Maudissant ce chien qui le suit à la sortie du cimetière, celui-ci se fait écraser. N’osant pas poser de questions, il part à la campagne avec son oncle qui lui annonce sa volonté de quitter l’entreprise familiale. Rémy déteste à mort dès lors son oncle qui va laisser seul son père gérer les difficultés rencontrées par la société Vauberet. Son oncle trouve la mort la nuit suivante au bas des escaliers de la maison familiale.

    Alors que Rémy va percer le mystère qui entoure la disparition de sa mère, il va se demander s’il n’a pas le mauvais œil.

    Une petite histoire sans prétention mais qui ravira les amateurs du duo.

    Au Bois Dormant (9/10)
    Pierre Aurélien de Muzillac du Quilly, en ce 7 novembre 1818, écrit une lettre où il expose les derniers mois de sa vie. Ayant fui la Révolution française, sa famille s’est exilée en Angleterre. Peu de temps avant sa mort, sa mère lui demande de reprendre leur château familial de Muzillac. Il apprend du notaire local, que le nouveau propriétaire se fera un plaisir de lui vendre pour une somme modique la demeure ancestrale. Et pour cause : une mystérieuse malédiction s’abat sur les différents occupants du château. Pierre se rend sur place. Et là il rencontre la belle Claire, fille du châtelain. Tombé amoureux, il retourne le soir au château. Or il constate que les trois membres de la famille sont sans vie, assis dans le salon. Mais le jour de la signature de la vente, la famille est au complet et bien vivante. Il veut demander la main de Claire. Celle-ci refuse obstinément. Le soir du départ, il rattrape la voiture pour convaincre une dernière fois de rester avec lui. Ayant monté dans la diligence, les Châtelains sont sans vie. Il tombe inconscient et se réveille le lendemain avec Claire. La vie des amoureux aurait pû être heureuse mais la santé de Claire décline vite…

    Cette nouvelle est digne des Histoires extraordinaires d’Edgar Allan Poe. L’ambiance et l’atmosphère fantastique, gothique et mystérieuse rend cette histoire aussi addictive que troublante. Elle vaut à elle seule la lecture de ce livre.

    23/05/2020 à 19:21 3

  • Le Bourgmestre de Furnes

    Georges Simenon

    8/10 Joris Terlinck, le bourgmestre (c’est à dire le maire) de Furnes, est un personnage distant, froid, empreint d’aucune humanité : un misanthrope. Alors c’est sans surprise qu’il éconduit le jeune Jef Claes, ce soir-là, venu le supplier de lui donner mille francs : ayant mis enceinte une fille, il doit aller voir une sage-femme pour faire passer cet enfant et éviter le déshonneur de sa petite amie. En plus, il l’a averti, le Baas, le patron. S’il ne lui donne pas cet argent, Jef se tue. 
    Mais Joris Terlinck n’aime pas cette manière qu’ont les gens de demander des services aux autres. Lui, il s’est fait tout seul. En plus, il assume ses actes. C’est lui seul qui assume sa fille, Emilia, en retard de développement, qu’il a remise dans une pièce aménagée, où elle vit recluse comme une sauvage. C’est seul qu’il est devenu le patron de l’usine à cigare, héritée de sa vieille maîtresse. Joris Terlinck est seul maître de sa maison qu’il dirige selon en patriarche, en vouvoyant sa femme, Thérésa, et sa bonne à tout à faire, Maria, avec qui il a eu un enfant, un bon à rien, qu’il n’a pas reconnu mais en tant que parrain, qu’il aide de loin. 
    Joris Terlinck voit dans son refus de donner l’argent un beau pied de nez à son ennemi politique, Léonard Van Hamme dont la fille n’est autre que la petite amie de Jef Claes. Mais Jef Claes a tenu parole et a commis cet acte mettant fin à sa vie. Ce suicide va ébranler le bourgmestre. Même si personne n’a eu connaissance de la motivation de Jef Claes, la vie à Furnes ne sera plus comme avant. 

    Le bourgmestre de Furmes est un des romans durs de Simenon que je place dans ses incontournables. La psychologique de ce personnage est peinte par le Belge d’une manière aussi subtile qu’efficace. On croise là un personnage solitaire, pour lequel la vie ne peut plus lui apporter aucun bonheur. A se demander même si ce mot a déjà croisé la route du Baas. Il s’est battu toute sa vie pour se faire une situation et toujours contre des ennemis, qui ne manquent jamais. Et Simenon nous conte avec justesse sa chute aussi lente qu’irrémédiable.

    23/05/2020 à 17:23 4

  • Manhattan Love Song

    William Irish

    6/10 Lors d’une simple balade dans New-York, Wade rencontre Bernice Pascal. Pour lui, c’est le coup de foudre. Les quelques mots échangés et la soirée passée ensemble lui confirment qu’il vient de rencontrer la personne qui lui manquait dans sa vie. Mais Wade est marié à Maxine. Et le retour au domicile conjugal est douloureux. Pour Wade seul compte Bernice. Il tombe dans la folie amoureuse, où l’Amour rend aveugle et où la raison n’a pas sa place. Bernice s’avère être une femme aussi troublante que mystérieuse, aux sentiments changeants et à la vie secrète. L’extravagance de Bernice séduit autant que rebute Wade. On est dans une histoire où « Je t’aime moi non plus » se lit à chaque page.

    Mais nous ne sommes pas dans un vaudeville. Car la mort viendra jouer les trouble fêtes dans ce court roman. Il faudra atteindre cependant les ¾ du livre pour arriver dans la partie la plus intéressante de ce Manhattan Love Song et éviter de regretter amèrement cette lecture.

    21/05/2020 à 15:51 1