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Chien 51
3/10 Que Laurent Gaudé, auteur que j’affectionne et à qui on doit “Le soleil des Scorta”, “La mort du roi Tsongor”, “Eldorado” et surtout mon préféré “La porte des enfers”, s’essaye au roman policier et à la SF, tout cela avait tout pour me plaire. Je me demandais comment il allait s’en sortir et aborder ce double genre. J’étais intrigué, alléché même.
288 pages plus tard, c’est la douche glacée.
Bien plus qu’une déception, ce roman est une très mauvaise surprise. Peut-être que les plus néophytes y trouveront de quoi les satisfaire, mais je doute que les aficionados du polar et de l'anticipation y trouvent vraiment leurs comptes.
Autant le dire : Gaudé s’est raté. Sur toute la ligne.
Raté à bâtir une intrigue qui soit vraiment captivante.
Raté à créer des personnages forts (certains personnages secondaires s’insèrent dans l’intrigue, mais n’apportent pas grand chose). Cela manque d’incarnation, ce qui fait qu’on n’est guère touché par ce qui (leur) arrive. A ce titre, la pseudo romance entre les deux flics est aussi rapide que surfaite.
Raté même dans ce qui fait d’ordinaire la grande force de l’auteur : l’écriture (les dialogues sont empesés et théâtraux).
Le style est lourd, sans saveur, et ici le lyrisme qui d'ordinaire caractérise la patte Gaudé sonne faux. La première partie est la description assez longuette (et guère passionnante) de ce nouveau monde. La conduite de l’enquête n’est guère plus enthousiasmante. Gaudé scrute notre monde actuel, ses dérives (ultra concurrence, totalitarisme, soulèvement de la population…), ses enjeux (crise climatique) pour en tirer une dystopie sans guère d’ambition et de souffle malgré une idée séduisante et quelques trouvailles originales. Ses efforts pour créer - avec maladresse - de la tension (la dernière phrase qui clôture chaque chapitre est très lourde) m’ont paru trop voyants et d’une grandiloquence vaine. Tout ça sent le forceps et ça pèse des tonnes. Certains passages (je pense à la scène à l’hôpital avec Zem et Salia après l’agression de cette dernière ou la longue tirade de Zem page 259-262) frisent le ridicule.
Ce livre manque de tout. D’audace, de force, d’émotion ; tout ce qui doit faire une lecture marquante. C’est à se demander si l’auteur lui-même était convaincu par son histoire. De la première à la dernière page, je ne me suis jamais intéressé par ce que je lisais, tant tout cela m’a semblé scolaire dans la narration, plan-plan, poussif dans le procédé, forcé dans les effets et les intentions.
Je répète, j’ai beaucoup aimé les opus précédent de l’auteur. Laurent Gaudé a maintes fois prouvé son talent et sa flamboyante capacité à produire le meilleur.
Avec “Chien 51”, il vient désormais de commettre le pire.02/09/2023 à 18:53 3
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Père et fils
8/10 Chaque geste.
Chaque regard.
Chaque bruit.
Chaque odeur.
Tout est scalpelisé sous la plume de Brown pour créer l’immersion et sonder au plus profond l’âme de ses personnages.
Dans ses instants lumineux et dans ses ténèbres.
Quand les regrets se disputent aux remords.
Quand la haine se prolonge à l’amour.
C’est l’humanité.
Toute l’humanité.
Rien que l’humanité.
Grand livre.20/08/2023 à 14:13 4
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L'Empereur blanc
4/10 Le roman contient deux parties.
La première est la plus fiable et c’est assez préjudiciable car elle fait 200 pages (50% de l’ouvrage).
Cette partie souffre d’une écriture trop empesée (avalanches d’adjectifs et d’adverbes) qui rallongent lourdement et surtout inutilement le phrasé. L’auteure a l’appétit des mots mais en fait beaucoup trop (notamment dans les comparaisons ce qui est dommage car certaines fonctionnent bien). Je comprends cette gourmandise mais bien souvent «more is less ».
De façon générale, Armelle Carbonel gagnerait à faire plus simple, plus sec, elle en a les moyens techniques (et je sais, la volonté désormais). Ici, le soin méticuleux, l’envie de bien faire et la rigueur employée confinent trop souvent à une préciosité grandiloquente qui va à l’encontre de l’effet recherché. C’est frustrant.
Armelle doit davantage (se) faire confiance.
Les personnages, nombreux, sont trop figés, ils manquent de chair et de densité, peu aidés, il est vrai, par des dialogues excessivement verbeux et pardon de le dire assez puérils (parfois l’impression d’entendre des ados).
Là encore, il aurait fallu asséner de sérieux coups de serpe pour rendre tout ceci plus âpre, plus vif et plus percutant. Le lecteur n’a nul besoin d’être autant téléguidé, il faut lui laisser du champ quitte à ce qu’il s’égare.
Armelle est plus convaincante et sans doute plus à l’aise dans le non verbal. Son truc à elle, c’est plus l’extérieur que l’intérieur, les lieux, leur histoire, leur légende ; son plaisir littéraire s’exprime davantage dans le fait d’habiller les lieux que les protagonistes.
Bref cette première partie (un clin d’œil aux slashers qu’on connaît tous avec un petit côté Agatha Christien des 10 petits n*****.) ne m’a pas convaincu.
J’ai pensé qu’il aurait pu être intéressant pour pimenter cette première partie d’y mettre un peu de second degré ; le cadre, les héros et leur métier (auteurs de romans d’horreur) s’y prêtaient bien. Je reste persuadé qu’on peut mettre de l’humour sans pour autant ôter le caractère anxiogène d’une atmosphère ou d’une scène (le cinéma asiatique y parvient magnifiquement).
Ceci dit j’ai poursuivi car, le suspens, mine de rien est maintenu.
Armelle prend un virage assez inattendu dans la seconde partie et stylistiquement parlant la forme m’a semblé moins lourde. Les nouveaux personnages (Dudley) un peu mieux incarnés, mais ça manque encore de profondeur et d’originalité dans le traitement. Et moi quand les personnages ne sont pas creusés, je me fous un peu de ce qui peut leur arriver. J’avoue en outre que Marcy la femme du flic est un ajout saugrenu et un peu parachuté.
Si cette seconde moitié rehausse formellement l’ensemble, elle souffre de sa prévisibilité même si quelques surprises demeurent à la fin.
Sans rien dévoiler de l’intrigue, on pense au cinéma de shyamalan (un de ses derniers films) mais je trouve que c’est insuffisamment exploité.
Pour finir sur une note plus encourageante, l’autre thématique ( le racisme) n’est jamais inutile a rappeler (les passages de 1965 sont pour moi les plus réussis) les petits coups de scalpels sur le monde littéraire sont appréciables et le travail de relecture est sérieux (très peu de répétitions dans les formulations, sur 400 pages c’est tout sauf simple)
Armelle a les armes, l’imagination, la sensibilité pour faire beaucoup mieux.
Et je ne pense pas forcément au thriller.
Même si mon retour semble sévère, je suis confiant pour la suite.20/08/2023 à 14:12 3
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Sans pitié, ni remords
7/10 Retour sur le vif.
« Sans pitié ni remords », troisième volet du capitaine Mehrlicht est à la hauteur des deux précédents.
L’intrigue, comme toujours, est fouillée et rappelle combien l’auteur aime aussi cultiver son lectorat. Le travail de documentation est costaud et renforce le réalisme et la crédibilité de l’ensemble.
En parallèle, l’auteur n’oublie pas de faire évoluer ses lieutenants dans leur vie privée (d’où la nécessité de lire les romans dans l’ordre selon moi) notamment en faisant la part belle aux femmes (Sophie Latour). L’attachement de Nicolas Lebel à ses personnages est manifeste et de plus en plus prégnant mais sans rien omettre de leur part sombre ou moins reluisante (Dossantos le bourrin cache une vraie sensibilité, Mehrlicht, comparé à Paul Presbois ou encore un batracien, est l’anti Coste - le flic de son pote Olivier Norek - par excellence). Ce même Mehrlicht qui sous ses airs désinvoltes et son mode de vie épicurien semble se suicider à petits feux. C’est un personnage très complexe et torturé par la culpabilité de par le cortège de malheur qu’il semble drainer avec lui.
Sur d’autres personnages plus secondaires (genre Cuvier)le trait m’a paru forcé. En parlant de Cuvier, j’ai senti qu’au bout d’un moment l’auteur ne savait plus comment s’en dépêtrer.
Un petit mot sur les bad guy.
Ici, les méchants ne font pas de quartiers mais là encore, malgré l’atrocité de leurs actes, Nicolas Lebel leur tisse une histoire et nous fait aussi découvrir une part intimiste de leur personnalité à l’image de Vlad, ce assassin rongé par les scrupules en quête de rachat et d’apaisement.
Nicolas Lebel atténue aussi la noirceur de son roman (même si l’auteur évite soigneusement tout racolage de scènes sanglantes) par un humour argotique et des running gags (sonnerie téléphonique) plus ou moins réussis. C’est plutôt amusant et ça dépeint bien le côté bonhommie franchouillarde qui colle bien au capitaine Mehrlicht.
Bref, à défaut d’une construction super originale et spectaculaire (qui bien souvent masque une pauvreté littéraire) c’est un roman et un travail sérieux et solide, qui confirme que Nicolas Lebel, de par la densité de sa narration, son souci de combiner enquête et Histoire et de prendre le temps de bâtir des héros pétris d’humanité compte pour moi comme un des rares très bons auteurs de romans policiers français de ces 10 dernières années.
Je possède les deux derniers de la saga.
Alors comme dirait Jacques Morel sur sa pierre tombale, à bientôt Nicolas Lebel.20/08/2023 à 14:10 4
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Mémoire assassine
6/10 Chez Thomas H. Cook, la famille est un éternel terreau avec ses faux-semblant, ses non-dits, ses désirs, ses rancoeurs, ses rêves.
Ici, une thématique et un questionnement : celui de l’hérédité de la violence.
Comme toujours, l’écriture est de temps en temps déroutante, empreinte de brume, de mystère et d’introspection, rien de spectaculaire dans l’action, rien de graphique dans la violence où souvent le romantisme plane sur l’horreur des actes.
Cook n’aime rien tant que creuser les âmes et les failles de ses personnages pour y déceler les parts d’ombre. C’est le plus souvent subtil, parfois exagérément alambiqué, mais ça a le mérite de ne pas tomber dans le convenu.
Le lecteur naviguera ainsi dans cet espèce de nuage cotonneux, en proie aux doutes, à l’image du personnage principal, Stevie, qui, dans sa quête de vérité verra le vernis de sa propre vie craqueler.
Des facilités, oui, et des raccourcis un peu déroutants, un final un peu rapide, entacheront cette lecture qui demeure agréable, mais moins convaincante que les opus précédents.
J'en relirai d'autres20/08/2023 à 14:09 2
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Les Sept Divinités du bonheur
7/10 Le précédent (Le Nouveau) m'avait un peu déçu.
Celui-ci m'a bien plu.
Quand on lit Higashino, on sait ce qu'on va y trouver. Ni plus ni moins.
Une écriture ronronnante, mais agréable.
Une intrigue bien fichue qui se déflore petit à petit.
Pas d'action, rien de spectaculaire.
Enfin, et surtout, derrière le suspense, la même et délicate petite musique mélancolique à l'image de ses personnages pudiques, mais touchants.25/07/2023 à 08:01 4
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Le Petit Bleu de la côte Ouest
8/10 Je ne sais pas si je vais parvenir à expliquer en quelques lignes et à chaud, après la lecture de ce livre (mon premier), pourquoi je crois deviner la raison pour laquelle JP Manchette apparait comme une référence à beaucoup d’auteurs de polars ou de romans noir, en France comme ailleurs (du reste, “Le petit bleu de la côte Ouest” est préfacé par James Sallis).
Le style, d’abord et surtout. Sans chichis, droit au but, mais, attention, pas impersonnel pour autant. Des allusions glissées ça et là, mordantes, acides, sur une période, une situation, un climat, un sentiment. Il y a Chez Manchette ce qu’on lit, et surtout ce qu’on ne lit pas mais qui est quand même là, vous voyez ? Mais, c’est une écriture aussi musicale, jazzy, avec ce qu’il faut de descriptions sans jamais être pompeuse. Un style - un flow dirais-je plutôt — un peu détaché presque désabusé, mais qui, de temps en temps, balance deux trois ogives, l’air de rien, comme pour dire qu’il n’est dupe de rien, qu’il reste lucide, qu’il sait comment tourne le monde, la nature humaine, même si, on n’y pourra rien changer. Bref, ce genre de choses.
La construction ensuite. Des rouages bien huilés, une mécanique impeccable où l’auteur ne s’embarrasse d’aucun remplissage inutile, d’aucun ameublement factice. Une construction à rebours avant de tracer sa route, d’un point A au point B et ainsi de suite dans une logique séquentielle, implacable de fluidité. De ce fait, le lecteur est amarré, et le suit comme il va suivre Gerfaut, ce monsieur tout-le-monde, tantôt proie, tantôt prédateur, et ce, jusqu’au bout de sa vengeance.
Les personnages, en quelques coups de canifs, sont parfaitement brossés, habillés, cintrés, car Manchette est aussi un portraitiste hors pair. C’est sec, sans fioriture jamais, rien ne dégouline, clic clac, ses personnages, ne se perdent pas en explication ou si peu, sont brut de fond, à prendre ou à laisser. Contrairement à beaucoup de personnages dans des romans verbeux et ennuyants, les siens sont avares de paroles surtout quand ils doivent expédier à coup de bastos les affaires courantes (c’est pas John McLane dans “Die Hard” qui disait : “quand on flingue, on cause pas” ?). Binaires, volontairement ou en apparence, ils sont aussi complexes, donc imprévisibles et donc insaisissables comme Gerfaut, encore lui.
Les émotions. Idem chez Manchette. On y va à l’économie de moyens. Pas d’atermoiement, pas de trémolos. Si ça chiale, ça pleure vite et pas longtemps. La seule effusion que vous y verrez, c’est celle du sang. Mais, encore une fois, cette absence, c'est pas de la froideur, c'est une forme de désespérance, une perte de foi (en l'homme). Et ce nihilisme, ce refuse de s'attacher, mine de rien, ça touche, ça vise dans le mille.
Voilà, c’était ma rapide définition du monsieur.
J’ai lu JP Manchette.
Et je vais y retourner.09/07/2023 à 18:45 2
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Sur la dalle
2/10 Quand sort la recluse était déjà médiocre.
Celui ci est pire.
Dans un mélange de tristesse et de colère, j'ai cessé la lecture. Pas pu aller au-delà de la page 160 (sur 509).
Ce livre est une véritable purge. Il ressemble à un scénario fait d'interminables et d’assommants dialogues en enfilade.
Oubliez l'atmosphère évanescente des premiers romans, ici, tout est sur-expliqué ad nauseam.
L'enquête ? On s'en contrefiche.
Mais le plus consternant, ce sont les personnages fadasses ou absents (Danglard) et notamment le plus important d'entre-eux.
Adamsberg, totalement méconnaissable, a perdu son âme. Bavard aux confins de la niaiserie, on se demande comment il peut susciter l'admiration de ses pairs.
Rupture consommée entre Vargas et moi.02/07/2023 à 22:54 5
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Les Gentils
7/10 Derrière ce titre un tantinet caustique, Michael Mention signe un roman d’aventure qui va à cent à l’heure (si on accepte aussi de fermer les yeux sur certaines situations rocambolesques, perso, ça m’a pas trop gêné).
Pas de répit pour le lecteur ni de repos pour Franck Lombard, disquaire passionné transformé en Justicier dont l’acharnement obsessionnel flirtera avec la démence (secrètement, j'aurais vraiment voulu qu'une folie Friedkinienne embrase encore plus l'esprit de Franck 🙂 ).
Ici, au coeur des années 70 (avec quelques évènements clés rappelés par l'auteur) de Paris à Marseille en passant par la Guyane, ça court, ça vole, ça castagne, ça dézingue à tout va dans une atmosphère tantôt urbaine tantôt tropicale ; il y a presque un côté Jeu Vidéo (voulu ou non, j’ai pensé à « Drake Fortune », je ne sais pas si tu connais Michael).
Le rendu est très efficace et on ne voit pas les pages se tourner toutes seules. Objectif atteint comme premier niveau de lecture.
Pour qui connait et apprécie le style Mention, pas de surprise : c’est stylé, pêchu, nerveux, inventif, (parfois aussi fatigant) mais ça colle assez bien au rythme endiablé ainsi qu’à la psyché chamboulée de son héros vengeur en mode auto-destruction.
Toujours côté style, certains pourront regretter le fait que le phrasé ne s’étire pas de temps en temps (notamment lorsqu’il s’agit de décrire le paysage, les odeurs, de la Guyane, un appel d’air eut été bienvenu, d'autant que je suis certain que l'auteur sait faire), mais c’est un parti pris. Mais ce qui personnellement m'impressionne dans son écriture, c’est que l’auteur ne se répète pas, les trouvailles formelles sont souvent bonnes, il faut en avoir sous le pied pour se renouveler ainsi, je dis bravo car il pousse aussi le lecteur à rester stimulé, en éveil, aux aguets.
Forcément, avec un tel personnage (Franck est présent sur toutes les scènes), les autres ont plus de mal à se faire une place, à l’image de la mère un peu reléguée, même si objectivement il eut été difficile de la faire intervenir dans ce processus et la fuite en avant de son ex-conjoint.
Derrière le divertissement, le propos est aussi politique et existentiel (que deviennent nos valeurs humaines quand on a plus rien à perdre et que la soif de vengeance nous aveugle et fait de nous une bête ?) et enfin, comme toujours avec l'auteur, la petite histoire rencontre la grande à l’image de la dernière partie - assez ironique pour son héros quand on y réfléchit - que je ne révélerai pas.
Sachant que l’auteur est aussi un jeune papa, la résonance de la thématique n’en est que plus prégnante (et effrayante si on est un peu superstitieux) ce qui me fera lui poser une question personnelle en MP.
Au final, même si moins ample et ambitieux que "Power", cela reste de la solide ouvrage.
Merci l’ami.07/05/2023 à 19:09 8
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Elle le gibier
4/10 Le sujet, toujours autant d'actualité, n'est pas sans intérêt (harcèlement moral dans le milieu professionnel, obsession de la performance, déshumanisation....), la charge un poil caricaturale (même si des boites comme ça existent).
La seconde partie (interrogatoires des collègues, ....) est assez ennuyeuse et ne crée pas davantage d'empathie pour le personnage principal (Chrystal).
Question écriture, le style est soigné, bien trop propret à mon goût, zéro audace, zéro inventivité formelle (on est loin de la poésie du regretté Joseph Ponthus et son "A La Ligne" dont les envolées lyriques et la prose soulignaient encore plus l'inhumanité de l'environnement professionnel).
Bref, j'ai lu une rédaction améliorée.
Pas mauvais en soi, mais largement dispensable.06/03/2023 à 22:02 3
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Artifices
6/10 Pendant 300 pages, j’ai été très intéressé, et même captivé par l’intrigue originale et mystérieuse à souhait.
L’auteure construit progressivement, méthodiquement, habilement son puzzle d’autant que l’écriture, hybride, moderne, mais enlevée m’a séduit. Bref, je passais un très bon moment à lire ce roman (qui se lit comme un roman policier, mais plus ambitieux).
Et puis, sur les 100 dernières pages, tout se précipite, ce qui n’est pas nécessairement une mauvaise chose, sauf que dans ce présent cas, je n’ai pas pu me départir de cette impression que l’auteur, impatiente, voulait se débarrasser de son histoire.
La psychologie des personnages - deux femmes, Mila et Camille et un homme Abel - est assez fouillée, mais dans ce triangle amoureux, Camille est clairement le maillon faible tant j’ai eu du mal à croire à sa souffrance.
Une fois le livre reposé et le soufflé retombé, je reste mitigé. Si je ne regrette en rien ma lecture qui m’a vraiment happé (le fond comme la forme) pendant les 3/4 du livre (même lorsque j’ai compris les tenants et aboutissants), mais je n’ai pas pu m’empêcher de penser qu’en dépit de la thématique intelligemment abordée (l’Art comme moyen de guérison après un traumatisme), il était difficile de comprendre et finalement de croire à cette histoire et aux motivations de ses protagonistes. Derrière le côté un peu baroque qui se dégage de ce roman audacieux dans son approche, il demeure au final et malgré tout quelque chose de factice, quelque chose qui sonne - volontairement ? - faux.
En ce sens, avec ses interprétations multiples et cette impression d’esbroufe, le titre “Artifices” est très bien choisi.04/02/2023 à 21:54 2
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Des noeuds d'acier
5/10 Pas franchement convaincu par ce "Captivity thriller" (vendu et primé en tant que roman policier, je me demande encore pourquoi), une espèce de "Misery" chez les ploucs (en nettement moins effrayant). Pas franchement en empathie avec le personnage non plus ; personnage auquel je n'ai d'ailleurs pas trop cru. L'auteure n'est pas parvenue à me faire frémir avec ces deux vieux géoliers. La thématique, pourtant intéressante, (l'esclavagisme et la domestication de l'humain et son ensauvagement) n'est pas tellement poussé au final. Pourtant, il aurait été intéressant d'illustrer la perte progressive de repères de raison et une mutation bestiale mais en définitive, la victime n'évolue pas tellement durant ces 18 mois d'enfermement et de maltraitance. Cela tourne un peu en rond et j'ai tourné les pages sans véritablement me défaire de cet ennui poli. La plume, elle, n'est pas désagréable, mais assez anecdotique, rien qui ne marque l'esprit ou la rétine. Après, c'est le premier roman et il date un peu.
En bref, mon premier Collette, pas le dernier, mais une déception.21/01/2023 à 15:01 4
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Le Carré des indigents
8/10 Une écriture ciselée et poétique qui ravira les lecteurs de Herve Le Corre (que je suis), des personnages cabossés et un crime sordide à élucider, voilà ce que nous propose Hugues Pagan dans le CARRE DES INDIGENTS, un roman noir où la seule lumière vient de la plume aiguisée de son auteur. Le flic Schneider, beau, taiseux et ténébreux héros auquel naturellement aucune femme (forcément toutes fatales et super bien gaulées) ne résiste (et forcément champion au plumard, j’avoue le cliché m’a un peu agacé), est un homme traumatisé par la guerre d’Algérie, un type revenu de tout et condamné à ne connaitre ni repos ni bonheur à l’image des terribles dernières pages.
A lire.
15/01/2023 à 10:02 5
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La Cour des mirages
7/10 Une lecture forte, très, souvent éprouvante où le style haché, répétitif, parfois (souvent ?) horripilant vous fait hésiter à poursuivre, mais pas le choix, le rythme nerveux voire enfiévré par moments, vous empoigne par le col et vous entraine dans ces 800 pages que j’ai avalées sans rechigner ou presque. Les deux personnages principaux de flic sont au bout du rouleau et du précipice, contraints à l’illégalité pour chasser des ordures de la pire espèce, deux flics psychologiquement détruits en plein hors piste, même aux confins de la démence.
Tous les autres policiers sont en retrait, et les salauds, nombreux, ressemblent à des robots, des zombies. J’ai contenu deux-trois poussées de rage et des envies de vendetta. Comme quoi, l’auteur a réussi son coup même si j’ai quelques réserves sur la forme très Ellroyienne (sans être certain s’il y avait moyen de faire autrement, sensation bizarre que je ne peux expliquer).
Tout ceci, c’est de la fiction, certes, mais qui sonne abominablement, effroyablement réaliste, à vous dégouter de l’être humain.
Tout est noir, abject, immonde, pourri jusqu’au trognon dans toutes les corporations (politique, et police) et ses combines merdiques, bref, un livre sans espoir doublé d’un uppercut dans la tronche et dans l’estomac. L’auteur ne nous ménage en rien, mais ne se paluche pas exagérément dans les détails scabreux ; pas la peine, c’est suffisamment pénible comme ça.
Mais c'est un roman réussi, je ne regrette pas ma lecture ni ne conteste le talent de l’auteur (faut un minimum de savoir faire - et quel p***** de travail de documentation, juste colossal !), mais, n'étant pas habitué à ce genre de livres, je ne suis pas prêt de recommencer l’expérience de sitôt.11/12/2022 à 20:23 6
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Un Voisin trop discret
7/10 Bien construit, bien senti, caustique et réaliste à souhait.
Du bon Levinson.27/11/2022 à 14:26 2
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Pour services rendus
8/10 Levinson n'a pas son pareil pour décrire en peu de pages incroyablement bien senties l'absurdité de la guerre combinée ici au cynisme des politiques prêts à tout pour réussir.
Ici, les hommes, vétérans de guerre comme politicards, ont jeté leur honneur dans la fosse où pourrit le cadavre de leur dignité et de leur loyauté. Les femmes, épouses, ne sont pas en reste ; tout est bon pour profiter ou conserver ses privilèges.
Un roman au vitriol d'une saisissante lucidité où sous la plume ravageuse de Levinson l'Empire Américain n'en finit plus de s'auto-détruire.
Monsieur Levinson, c'était mon second roman après l'excellent "un voisin trop discret".
Promis, juré craché, je reviendrai vous lire.27/11/2022 à 14:24 3
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Surf City
8/10 Une chose est sûre : en prenant ce livre, je ne m'attendais pas à tomber sur un roman aussi bon. Sous une plume incroyablement visuelle qui n'oublie jamais d'être littéraire et d'une grande profondeur psychologique, Kim Nunn écorne salement la carte postale idyllique et le rêve Californien avec ses plages dorées où le surf est élevé au rang de religion.
Vernis et coutures craquent de toutes parts balafrant au passage l'innocence du jeune Ike Tucker. Parti à la recherche de sa soeur disparue, Tucker n'oubliera jamais cet été de tous les dangers.
Les personnage sont d'un charisme et d'un magnétisme dingues, mais bien peu de lumière filtre dans la lucarne de ce roman où la rédemption se paie au prix fort.
Ne passez pas à côté !29/10/2022 à 23:25 6
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Dans les brumes de Capelans
6/10 En bref, le dernier opus de Norek se lit vite grâce à une écriture toujours nerveuse et des personnages plutôt bien croqués. L’intrigue est tirée par les tifs et prévisible.
Le personnage de Coste, sous des aspects rustauds demeure un cœur un peu trop grenadine, de quoi ravir les midinettes. Ce flic qui brise le cœur des filles et suscite l’admiration des mecs, rappelle combien l’auteur est un incorrigible cabot. A la longue, c’est un peu risible. Même péché mignon pour les dialogues (la spécialité Norek) qui fait que tout le monde est doté d’une redoutable répartie, mais ça claque bien. Nickel pour une adaptation TV/ciné.
Petite nouveauté : Norek s’est montré plus descriptif qu’à l’accoutumée.
Bref, Norek fait le job, mais je ne suis pas certain de renouveler l’expérience si ce dernier ne se renouvelle pas.06/09/2022 à 23:22 5
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Tuer le fils
4/10 L’auteur a préféré mettre l’accent sur l’humain, les flics, leur vie privée , leur conjoint… que sur l’intrigue - guère attrayante, et prévisible, je dois dire - (au dénouement conclu aussi facilement que paresseusement). C’est quelque chose qui, d’ordinaire, me séduit assez, mais dans ce présent cas, j’ai eu du mal à ressentir une quelconque empathie pour chacun d’entre eux ; notamment la relation filiale entre les flics Cérisol et Grospierre, n’est pas très convaincante ni émouvante.
L’auteur a également voulu sortir du cliché policier dépressif et alcoolique (pourquoi pas même si je n’ai rien contre ce cliché) en lui affublant d’une originalité à savoir son addiction à la confiture, j’avoue que j’ai trouvé ça assez ridicule, pardon.
Seule l’idée d’un atelier d’écriture dans un univers carcéral est intéressante, je crois qu’il s’agit même d’une expérience personnelle de l’auteur.
Malgré une écriture très poussive, j'ai lu sans problème ni passion ; l’humour tombe à plat et les dialogues (très verbeux) tournent à vide ; à trop vouloir les dépeindre comme des personnes "normales", l'auteur a rendu ses personnages assez ennuyeux et j'aime pas m'ennuyer en lisant.
L'intention était belle et louable d'autant qu'en interview l'auteur en parle joliment, mais je ressors déçu (et peu inspiré pour en faire une chronique intéressante, je le sais) de ce roman quelconque.22/08/2021 à 20:06 3
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Le vrai Michael Swann
2/10 Il me reste encore 100 pages et je me demande si je vais pouvoir aller au bout.
Si son premier roman, JAKE, a été une excellente surprise, le second opus de Bryan Reardon est une véritable purge.
Lourdement écrit (les images sont d'une platitude abyssale), les dialogues écrits par le squelette de Barbara Cartland, des personnages de papier glacé à baffer avec fer à repasser brûlant, ce thriller mou du genou sans suspense ni souffle et dégoulinant de mièvrerie ne vaut rien. Walou. Peau de zob. Nada. Que tchi.
A se demander si c'est le même gars derrière ces mots.
Un roman grotesque.
Nullissime.17/08/2021 à 00:18 3