498 votes
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Pour rien au monde
8/10 En bref, une intrigue de politique très facile à lire ! Ken Follett vulgarise avec brio des relations internationales qui me semblaient, au départ, très floues et nous montre ce que la quête de pouvoir peut engendrer : effrayant.
Je suis agréablement surprise par cette lecture. Les romans politiques et d'espionnage ne sont pas vraiment ma tasse de thé, mais Ken Follett a réussi à rendre son roman (de quasi 800 pages quand même !) assez fluide et très accessible : pas besoin d'être un expert en relations géopolitiques pour comprendre ce qu'il se passe, la vulgarisation des échanges entre USA et Asie est très claire.
J'ai beaucoup aimé les personnages, très humains malgré leurs hautes fonctions, avec des vies de famille et des problèmes personnels, comme tout le monde. Mention spéciale pour avoir inséré énormément de personnages féminins dans un milieu et dans un genre littéraire qui restent très masculins en temps normal. Les différentes petites "amourettes" ne m'ont pas dérangé non plus, cela permet vraiment de rendre l'ensemble crédible et toujours plus populaire, dans le sens où l'on ne se cantonne pas à une intrigue purement technique.
Pour le dénouement, je suis assez satisfaite : c'est une fin ouverte et assez pessimiste, mais je pense que le but de l'auteur était surtout de montrer l'escalade des différents pays et comment une guerre d'ego se transforme en guerre nucléaire, laissant la version post-apo aux auteurs de SF.05/02/2023 à 10:45 1
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Qui meurt à Noël ?
5/10 En bref, un thriller en huis clos qui ne m'a pas totalement convaincue... Tout est là pour créer une ambiance, mais des défauts gâchent un peu l'ensemble.
Je crois bien que c'est mon premier thriller de Noël : l'auteure nous immerge dans une librairie un 17 décembre et va nous plonger petit à petit dans l'horreur jusqu'au jour J.
Angelina Delcroix a tous les codes du thriller, cependant, certains détails dans cette histoire ruinent sa crédibilité. En effet, j'ai eu beaucoup de mal à m'attacher aux personnages, même si certains sont tout de même sympathiques ou atypiques.
La famille de l'héroïne, Alice, crée immédiatement un malaise, que ce soit dans leurs relations ou même dans leurs personnalités propres. Entre la sœur borderline et la mère culpabilisatrice au possible, il est difficile de s'y faire une place.
Je pense qu'il y a, avant tout, un gros problème de développement dans ce roman. Beaucoup de thèmes sont abordés dans ces 300 pages, mais elles ne suffisent pas à approfondir ce qui est intéressant : la maladie psychiatrique par exemple, sans parler des difficultés à gérer cela pour les "aidants", qui doivent tenir à bout de bras un être humain à la dérive. C'est dommage, car la psychologie d'Alice est survolée, elle devient agaçante et pleurnicharde alors qu'en réalité, elle souffre autant voire plus que sa sœur de cette situation.
Concernant l'intrigue, encore une fois, il y a du potentiel avec plusieurs scènes angoissantes, mais qui n'aboutissent pas totalement. Idem pour le dénouement qui est beaucoup trop rapide et posé là sans aucun indice antérieur pour que le lecteur se sente inclus. Quant au final, je serais ravie d'en parler avec celleux qui ont lu le roman !
26/01/2023 à 15:48 2
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Samedi 14 novembre
10/10 En bref, un roman classé jeunesse, mais qui peut se lire à tout âge. Le thème des attentats est dur mais particulièrement bien exploité dans si peu de pages.
J'aime beaucoup le travail de Vincent Villeminot et j'ai tendance à lui faire confiance les yeux fermés. Ici, il sort de sa "zone de confort" du fantastique jeunesse pour nous livrer sa vision d'un drame humain qui restera dans toutes les mémoires : les attentats du 13 novembre 2015, à Paris.
J'ai particulièrement apprécié le parti pris de l'auteur de ne pas parler des attentats mais de l'après, les heures et les jours qui ont suivi ce massacre, ce moment de flottement où l'on espère que ce n'est qu'un cauchemar, que ça ne peut pas nous arriver à nous.
Avec différents points de vue, on découvre alors la douleur des victimes "collatérales" : les blessés, les familles endeuillés, les voisins des lieux des fusillades, des soignants qui ont dû gérer un plan blanc sans précédent, mais aussi celui d'un des terroristes.
Ce court roman de moins de 250 pages est avant tout une leçon de vie et d'humanité face à une situation si violente. On y parle de tristesse, de deuil, de vengeance, mais aussi d'incompréhension, de doutes et d'amour. C'est vraiment une de mes lectures les plus marquantes de l'année par la profondeur du récit et la multitude d'émotions que l'on traverse à travers ces lignes.26/01/2023 à 15:44 1
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L'ogre
7/10 En bref, un polar intéressant. Le commissaire Dell'Orso ne plaira pas à tout le monde, le ton de l'auteur non plus, mais l'intrigue est bien menée et captivante.
Je découvre Dell'Orso, personnage récurrent de l'auteur, avec ce titre. Ce n'est pas très judicieux de commencer une saga en plein milieu, mais c'était l'intrigue qui me donnait le plus envie parmi celles republiées en poche aux éditions Inceptio, à l'occasion de la sortie du dernier tome "Gio". J'ai donc débarqué dans la vie assez chaotique d'un flic brisé par ses précédentes enquêtes et malmené par sa bipolarité : ce tome-ci me semble finalement assez soft par rapport à ce que l'auteur laisse entendre, Dell'Orso s'est isolé pour remonter la pente, il est conscient du gouffre dans lequel il est tombé.
Si le ton cynique et désabusé de la narration peut laisser perplexe au départ, j'ai tout de suite accroché aux descriptions du décor planté par Jean Dardi. La vallée de l'Ubaye, au pied des Alpes, ses petits villages où tout le monde se connaît, mais où les petits secrets de chacun sont bien gardés... Une ambiance que j'adore, qui ajoute une dimension particulière avec tous ces non-dits et ces inimitiés centenaires. L'auteur met même en avant des légendes régionales, frôlant à plusieurs reprises le paranormal, pour épaissir le mystère de ces disparitions d'enfants.
L'enquête est lente mais vraiment captivante, les indices sont distillés au compte-goutte et tout peut être remis en cause à tout moment tandis que l'évolution du héros le rend attachant même sans connaître en détail son passé. Les révélations sont maîtrisées malgré une intrigue qui s'avèrera plutôt classique pour les connaisseurs. J'ai cependant passé un agréable moment de lecture .26/01/2023 à 15:40 1
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Les Sept Morts d'Evelyn Hardcastle
7/10 En bref, c'est une bonne lecture ! Exigeante, mais très intéressante et bien menée. Le talent de l'auteur, pour la narration et les intrigues à tiroirs est indéniable, mais il faut être bien concentré pour se lancer dans son roman.
Le pari de Stuart Turton était risqué : tenir une intrigue sur presque 600 pages, avec une boucle temporelle, de nombreux personnages et un mystère à élucider... Et bien, bravo à lui, car c'est maîtrisé avec brio.
Comprendre les 100 premières pages et réussir à assimiler la multitude d'informations que l'on nous déverse au fur et à mesure n'est pas simple mais ce roman vaut le coup d'être lu et apprécié à sa juste valeur. Il y a un travail considérable, que ce soit sur la diversité des personnages ou sur la cohérence de l'intrigue. D'ailleurs, j'ai sans doute laissé passer certains détails, des indices qui auraient pu mettre la puce à l'oreille au plus assidu des lecteurs, mais en refermant le roman, pour moi, ça fonctionne et c'est le principal.
Il y a cependant un petit bémol, ce qui fait que ce n'est pas un coup de cœur. C'est peut-être dû au grand nombre de personnages que l'on rencontre, ou bien tout simplement au déroulé de l'histoire, mais il y a très peu de moments où l'on peut s'attacher aux protagonistes : le chassé-croisé dans les couloirs du manoir ainsi que la méfiance du héros envers tout le monde laisse le lecteur en guise de spectateur, sans l'inclure totalement.
Je ne nie pas le développement psychologique, ni les réflexions sur les faux-semblants de chacun, néanmoins il manque une certaine dose d'émotion pour arriver à s'identifier à l'un ou l'autre.
26/01/2023 à 15:29 2
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La mort est parfois préférable
8/10 En bref, un polar qui sort des sentiers battus en abordant des thèmes très intéressants.
D'emblée, on sent que l'auteure sait de quoi elle parle... Que ce soit au niveau de l'enquête policière, des procédures judiciaires et de la hiérarchie ou encore au niveau plus personnel, avec cette maladie dévastatrice et envahissante. En effet, elle nous avoue en notes de fin qu'elle connaît les deux sujets sur le bout des doigts et cela nous permet de nous rendre compte la place qu'un handicap invisible peut avoir dans une vie, les conséquences mentales, physiques et relationnelles qu'il implique. Certains passages sont très durs émotionnellement, tellement la souffrance de l'héroïne est palpable.
L'intrigue en elle-même est vraiment bien menée même si elle reste classique dans son déroulement. Encore une fois, Sacha Erbel choisit de partir sur des thématiques rarement abordées, et avec un bagage théorique qui assoit une vraie crédibilité dans le récit.
Concernant les personnages, notamment le trio de tête Yan/Brath/Granulé, ils sont très attachants. J'ai parfois eu l'impression que j'arrivais en cours de saga tellement leur relation est déjà forte, on ressent un passif entre eux qui soude une amitié et une équipe de travail.
Je suis ravie d'avoir découvert l'auteure, et je suis curieuse de la suivre dans ses prochaines aventures, et de peut-être retrouver Yan.
11/01/2023 à 10:24
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Si ça saigne
7/10 En bref, un recueil de nouvelles digne du King, on retrouve son talent de conteur et ses personnages si attachants.
Ce recueil de nouvelles regroupe 4 nouvelles : "Le téléphone de Mr Harrigan" (adapté sur Netflix), "La vie de Chuck", "Si ça saigne" (⚠️ spoiler sur la trilogie "Mr Mercedes" et "L'outsider") et "Rat".
Même si je me suis fait spoiler une fin de saga et un titre que je n'ai pas encore lu, ma nouvelle préférée est "Si ça saigne", notamment, car j'ai retrouvé des personnages que j'avais déjà beaucoup appréciés et qu'elle m'a donné envie de découvrir un autre roman. L'intrigue est bien menée et se suffit à elle-même malgré de nombreuses allusions à "L'outsider".
J'ai également apprécié "Le téléphone de Mr Harrigan", car j'ai vraiment retrouvé ce que j'aime chez l'auteur : des personnages attachants, une vision cynique de la société (ici, sur la technologie) et un petit côté fantastique qui apporte le suspense.
"Rat" et "La vie de Chuck" sont également de bonnes lectures, mais elles m'ont moins marquée. Les thèmes de prédilection de King sont quand même présents, comme l'écriture, la famille, etc.
Je ne peux pas trop en dire pour ne pas tout vous raconter, mais si vous aimez l'auteur, n'hésitez pas. Si vous voulez le découvrir, je trouve que ses recueils de nouvelles sont assez significatifs de son œuvre globale, sans forcément devoir se lancer dans de gros romans.11/01/2023 à 10:15
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Darling
9/10 En bref, l'histoire percutante d'une femme qui n'a jamais connu le bonheur... De sa naissance à aujourd'hui, Jean Teulé nous livre les épreuves qui ont construit et détruit "Darling".
Entre récit et ébauches d'interview, Jean Teulé garde tout de même son style si particulier dans ce roman. La plume est crue, et particulièrement violente dans certains passages, à l'image de ce que la femme que l'on rencontre a vécu. Rien ne nous est épargné : violences, suicides, viols... Attention aux âmes sensibles !
Je ne sais pas si Darling, Catherine de son vrai prénom, est réelle ou une pure invention de l'auteur mais on ne peut pas rester indifférent à cette histoire de vie si difficile. Des conditions de vie précaires dans une famille de fermiers à la violence des hommes qui vont jalonner sa vie, l'enfant puis la jeune femme va connaître le pire du genre humain.
C'est compliqué de dire que j'ai aimé cette lecture, mais c'est, sans aucun doute, un roman qui me marquera un long moment et que je n'oublierai pas de sitôt. Jean Teulé confirme son talent de narrateur, malgré un style qui ne plaît pas à tout le monde. Dommage qu'il nous est quitté si rapidement...05/12/2022 à 10:37 2
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Le brasier de justice
7/10 En bref, un premier tome intéressant, riche et à l'intrigue déjà complexe. Une plongée dans le Moyen-âge aux côtés de l'homme le plus craint de la société !
Je découvre la plume de l'auteure avec ce titre et je suis agréablement surprise. Malgré le contexte historique, elle arrive à nous immerger totalement dans son histoire grâce à un récit fluide et de nombreuses notes de bas de page afin d'expliquer les termes les plus compliqués ou éloignés de notre quotidien contemporain. Ayant lu Maurice Druon, il y a peu de temps, la même époque est relatée de façon bien différente grâce à un choix narratif plus accessible ici.
Le personnage principal, récurrent sur la trilogie, est très intéressant. Sa fonction de bourreau lui donne un statut très particulier dans la société moyenâgeuse et, si j'avais déjà pu découvrir cette fonction dans la saga de Patricia Le Sausse (Honnis, soient-ils ! - Éditions Elixyria), c'est un métier très complexe régi par des codes et des lois bien particulières. Andrea H. Japp aborde ainsi la dualité des sentiments, entre la Justice et la moralité, cette sensation de faire le bien tout en faisant le mal...
L'intrigue y fait d'ailleurs allusion tout au long de ce premier tome puisque tout va commencer à cause de l'exécution d'une femme innocente qui va ensuite hanter les pensées du Bourreau. Cette quête de vérité va prendre une importance capitale pour l'homme et petit à petit, changer la vision de son métier et l'amener dans une enquête qui le dépasse. Le lecteur côtoie ainsi toutes les classes sociales de l'époque, allant du métayer au trône de France.03/12/2022 à 09:59 1
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Après
6/10 En bref, un King court, peut-être trop court pour apprécier pleinement cette plume si particulière... Un goût d'inachevé pour cette histoire de fantômes, clairement pas la meilleure de l'auteur.
Le résumé vous fera certainement penser à un célèbre film... Mais Stephen King nous montre ici la noirceur de l'être humain et son besoin cruel de toujours se servir des autres pour son propre profit. En effet, le jeune garçon, héros du roman, a un don surnaturel qui va permettre à son entourage proche d'arriver à leurs fins, plus ou moins honnêtes.
Malgré l'intrigue assez bien menée, la rapidité du récit laisse en suspens de nombreuses questions, et une plume caractéristique que j'apprécie toujours. Je garde un sentiment de trop-peu, comme si l'auteur nous livrait un condensé d'une histoire qui mériterait beaucoup plus, une ébauche de quelque chose de plus grand. Les différentes parties du roman sont rapidement expédiées, les ellipses temporelles sont nombreuses et ne permettent pas vraiment de s'attacher aux personnages secondaires, de comprendre réellement les enjeux de chacun.
Et quand on se résigne à terminer ce court roman d'à peine 350 pages, Stephen King nous lâche une bombe, une révélation inattendue, sur un détail mentionné ici et là, mais qui ne retient pas forcément l'attention du lecteur... Une bombe qui assomme, mais qui sonne malheureusement faux pour moi, un soufflé qui retombe à cause d'une explication bancale et encore une fois, bâclée en quelques lignes.
03/12/2022 à 09:39 2
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Il était une fois la guerre
7/10 En bref, un récit de guerre(s) qui prend aux tripes. Estelle Tharreau nous présente un héros brisé par ses missions militaires, abandonné par l'Etat, désavoué par son peuple... Le triste revers de la médaille.
Depuis "La peine du bourreau" en 2020, Estelle Tharreau semble avoir pris un tournant dans ses romans : de thrillers de fiction purs et durs, ses récits deviennent des romans noirs, avec pour thème des sujets forts et percutants.
Ici, elle nous parle de la guerre, celle que l'on ne voit pas, celle que l'on n'imagine même pas en étant un simple citoyen français : les sacrifices, les blessures physiques et psychologiques des soldats qui partent en mission sur d'autres continents, souvent pour des enjeux politiques ou économiques qui les dépassent totalement.
Je ne suis pas forcément fan des récits de guerre d'habitude, car toutes les parties tactiques et politiques. Mais l'auteure nous parle du côté humain de la guerre, de ce qu'il se passe pour ces hommes qui choisissent de défendre les intérêts de leur pays. On retrouve de nombreuses fois la dichotomie entre le départ glorieux des troupes vers les missions et le retour avec ces reproches, cette violence et ces clichés balancés à la figure des soldats, mais aussi des familles.
J'ai été extrêmement touchée par la vie du soldat Braqui, malgré quelques passages où la chronologie est un peu floue, mêlant les différents départs en mission, les retours et les moments de vie en famille. Cependant, la dérive, lente et insidieuse, est bel et bien là, accentuée par l'abandon total de l'État et de la hiérarchie militaire pour la réinsertion des anciens soldats dans une vie qui leur semble vide et futile après tant d'horreurs endurées.
Ce thème avait déjà été abordé dans ma lecture du roman de Jean-Christophe Rufin, "Le collier rouge" : un siècle a passé et rien n'a malheureusement changé.
Un seul petit bémol me laisse un goût d'inachevé... Le final est un peu trop rapide pour moi, pour qu'on puisse prendre toute la dimension de l'impact psychologique sur le héros.03/12/2022 à 09:33
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Hex
8/10 En bref, un roman d'épouvante qui cache bien son jeu dans les premières pages : le ton léger laisse place insidieusement à une atmosphère lourde de mystères et secrets ancestraux. Une lecture parfaite pour les amateurs de frissons.
Les premiers chapitres, et particulièrement les premières pages, peuvent décontenancer : les scènes semblent assez loufoques, le ton très léger face à une situation hors du commun (une sorcière qui campe dans votre salon, ce n'est a priori pas banal...). L'auteur plante seulement le décor de Black Spring, cette petite communauté coupée du monde à cause d'une malédiction qui pèse sur elle depuis des siècles et qui, finalement, est devenue un détail de la vie quotidienne.
Thomas Olde Veuhelt arrive parfaitement à décrire l'Humain dans ce qu'il a de plus mauvais en lui : la colère, la frustration, l'esprit de vengeance... Toute cette cruauté et cette violence qu'on garde cachées en nous et qui peuvent exploser dès la première situation qui dépasse nos limites.
Ainsi, l'ambiance assez bon enfant au départ va s'alourdir, les enjeux se modifier et la menace s'identifier clairement.
Faisant référence à Simetierre de Stephen King sur certains aspects, l'intrigue est vraiment bien menée. L'escalade de l'horreur est savamment mesurée pour que le lecteur s'immerge complètement dans l'atmosphère de Black Spring.
Le dénouement est peut-être un peu rapide, un peu précipité tandis que le reste de l'intrigue jouait plus sur la langueur de ce village et de ses habitants. Cependant, l'auteur joue sa carte de la malédiction jusqu'au final et nous laisse une sensation de continuité intéressante.03/12/2022 à 09:27 2
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La Face nord du coeur
7/10 En bref, un roman policier au contexte très intéressant malgré quelques longueurs... L'auteure frôle le fantastique grâce à l'utilisation des rites et légendes ancestrales, c'est surprenant !
J'ai eu un peu de mal à entrer dans l'histoire, notamment à cause d'une première partie qui met les différents et nombreux personnages en place, avec quelques parties théoriques intéressantes, mais très développées et peu intégrées dans le récit.
Néanmoins, j'ai apprécié en apprendre plus sur le profilage des tueurs en série et surtout, sur la victimologie, qui permettrait, à elle seule, de cerner un coupable.
Petit à petit, l'intrigue se recentre sur "Le compositeur", qui sévit uniquement lors de catastrophes climatiques, telles que les ouragans, nombreux dans le sud des Etats-Unis. Dolores Redondo nous plonge alors au cœur de l'ouragan Katrina de 2015, le plus meurtrier et le plus coûteux de l'Histoire des USA à ce jour. Elle arrive à nous faire ressentir toute la détresse, le désespoir ainsi que la violence qui ont pu régner pendant et après le passage de la tempête, quand tout le monde a tout perdu et que l'aide tarde à venir.
Ce titre aborde également d'autres sujets que je trouve fascinants, comme les nombreuses croyances de l'état de Louisiane, où le vaudou et autres rites de sorcellerie ont toujours cours.
Cependant, une autre enquête prend le dessus dans la dernière partie et casse le rythme, comme si, finalement, on laissait tomber l'intrigue de base pour se concentrer sur autre chose. La transition est assez abrupte, sans réelle explication convaincante...
Je ne suis pas forcément fan des personnages principaux féminins, j'ai toujours du mal à m'attacher, et c'est également le cas avec Amaia, qui est déjà difficile à cerner, d'autant plus qu'elle a un passé assez chargé (plutôt bien développé d'ailleurs). J'ai parfois ressenti que ce roman était un préquel à d'autres histoires... Mais je lirai la trilogie initiale avec intérêt !31/10/2022 à 09:07 2
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Et toujours les Forêts
8/10 En bref, un roman noir, très noir, comme Sandrine Collette sait les écrire. Comment survivre quand l'Apocalypse nous tombe dessus ?
Dès les premières lignes, je retrouve la plume de l'auteure, dure et incisive, avec néanmoins une certaine poésie.
J'ai beaucoup aimé la première partie, où l'on découvre Corentin, le personnage principal, ainsi que les Forêts, ce petit hameau si mystérieux, où la nature semble être la maîtresse des lieux.
La transition avec le côté post-apo que Sandrine Collette a choisit de développer m'a semblé assez abrupte... En si peu de pages, il est compliqué de décrire ce que la Terre va subir, il va d'ailleurs rester de nombreuses questions sur ce point-là, car ce n'est pas le propos principal de l'auteure, seulement un prétexte au thème majeur abordé : l'instinct de survie, tout simplement.
Quelles sont, quelles seraient, nos premiers réflexes dans une situation de ce genre ? Le besoin de retrouver les siens, coûte que coûte, le désespoir face à ce que l'on découvre, l'envie de finalement tout laisser tomber à cause de ce sentiment si fort et si cruel que la solitude.
J'ai réussi à me détacher, au fur et à mesure, de mon idée préconçue que Sandrine Collette n'écrit que des thrillers, et qu'elle peut également nous proposer autre chose. Et globalement, c'est une bonne lecture, qui m'a parfois fait penser à "Dans la forêt" de Jean Hegland dans son côté survivaliste.
Certaines scènes sont assez dures et choquantes mais nécessaires pour montrer les conditions de vie si précaires sans tout le progrès que l'on connaît aujourd'hui, d'autres ne sont clairement pas indispensables ni excusables sous couvert de la fin du monde...
Le dénouement est dans la continuité des 250 premières pages, violent, humain et cruel, mais conclut assez bien le roman sans que l'on ressente une sensation d'inachevé.31/10/2022 à 09:00 3
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Les Larmes écarlates
8/10 En bref, un thriller plein de surprises ! Quand une situation déjà peu banale se transforme en tragédie, Luca Tahtieazym nous bluffe encore une fois jusqu'à la dernière page.
Je reviens rapidement sur la plume de l'auteur que j'apprécie énormément : on ressent le travail d'écriture ainsi que l'envie de livrer un récit propre et pensé à la lettre prés. D'ailleurs, ici, vous remarquerez que chaque début de chapitre fait écho à la fin du précédent.
Les changements de point de vue sont également parfaitement maîtrisés pour apporter du suspense, mais surtout pour instiller le doute dans la tête du lecteur.
Luca Tahtieazym nous plonge dans les années 1970/1980, c'est assez déroutant au départ, mais sûrement plus crédible pour la suite de l'histoire puisque toute la technologie contemporaine n'existe pas encore, que les GPS ne nous traque pas au moindre mouvement.
Il aborde également la position de la femme dans la société, et l'on se rend compte que ça n'a pas forcément beaucoup évolué depuis... Notamment dans certains métiers comme le domaine de l'informatique, ou même dans les mœurs générales lorsqu'une c'est la femme qui fait vivre le foyer.
J'ai beaucoup aimé l'intrigue dans son ensemble, malgré quelques petites longueurs à la moitié du récit, là où les deux vies parallèles de Mathilde vont commencer à souffrir du poids des secrets. Néanmoins, Luca Tahtieazym rebondit grâce à un revirement complet de l'histoire et à une héroïne qui prend le problème à bras-le-corps après certains moments de doute.
La deuxième moitié nous amène de surprises en révélations, de faux-semblants en retournements de situation, jusqu'au dénouement magistral.
"Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point"... Mais quand un infime petit détail vient déranger un quotidien si bien huilé, c'est un dérapage inévitable vers la descente aux enfers.
31/10/2022 à 08:54 4
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Comme une image
8/10 En bref, un thriller psychologique percutant ! Magali Collet ose mettre en scène une enfant perturbée et elle nous glace le sang avec brio.
Ce titre est le troisième roman de l'auteure chez Taurnada et sa plume n'a plus rien à prouver : le lecteur est directement plongé dans un récit rythmé et captivant grâce à des chapitres courts et une ambiance très particulière à chacune de ses histoires.
Magali Collet se risque à casser les codes et à instiller le mal dans une petite fille, à l'apparence sage comme une image. Les habitués du genre retrouveront très vite les petits indices qui ressemblent aux traits de personnalité d'un psychopathe... Cela fait froid dans le dos !
Pour les plus sensibles, je préfère prévenir qu'il y a des scènes assez explicites de maltraitance sur les enfants, mais aussi sur les animaux.
Cependant, l'histoire n'est pas uniquement basée sur de la violence et de la manipulation. L'auteure aborde surtout l'impact de la parole des parents sur les enfants : comment une relation parentale dysfonctionnelle peut engendrer des traumas importants, comment les paroles d'un adulte influent sur le comportement et le point de vue des plus jeunes.
La descente aux enfers est lente et insidieuse mais belle et bien réelle, jusqu'au dénouement que je trouve parfait et qui lance un clin d'œil à l'actualité des dernières années.31/10/2022 à 08:45 2
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Le Sang des Belasko
9/10 En bref, un coup de cœur pour ce thriller en quasi huis clos ! Chrystel Duchamp réussit à poser une ambiance pesante autour d'une famille et de son héritage, de cette maison qui couve bien des secrets... Court mais efficace !
L'auteure plante son décor dès les premières pages grâce à un prologue sous le point de vue la Casa Belasko elle-même, cette villa au milieu des vignes, que cette famille a fait renaître suite à des années d'abandon. Certains non-dits nous font tout de suite comprendre que quelque chose cloche ici, que des drames se sont produits.
S'en suivent ensuite différents points de vue, chaque membre de la fratrie Belasko aura son mot à dire et sa version des faits à nous raconter.
Malgré la mise en place de l'histoire dans cette maison, le récit est rythmé avec de nombreux flash-back, ainsi que quelques chapitres sur le lendemain, qui nous dévoile petit à petit les horreurs qui se sont déroulées.
Je n'ai pas pu lâcher cette lecture jusqu'au dénouement, qui est surprenant et qui a totalement fonctionné sur moi ! Les avis négatifs ou mitigés que j'ai pu croiser reviennent essentiellement sur le manque de cohérence de certaines explications et, notamment, de ce final qui remet toute l'histoire en perspective. J'avoue que je n'ai, à aucun moment, pensé à la crédibilité de l'ensemble tellement j'étais captivée.
Si je peux vous donner un conseil pour pleinement apprécier ce roman : plongez-y sans aucun a priori, avec uniquement l'envie de vous divertir.
Pour moi, c'est donc un petit coup de cœur pour ces 260 pages, le meilleur roman de Chrystel Duchamp à ce jour, dans un genre totalement différent des deux autres.31/10/2022 à 08:38 4
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L'Heure des fous
8/10 En bref, je découvre enfin le capitaine Merlicht dans un polar rythmé, complexe et maîtrisé !
Comme je n'aime décidément pas faire les choses dans l'ordre, je lis le premier roman de Nicolas Lebel quelques jours après avoir refermé l'un de ses derniers... Et je dois dire qu'il avait déjà, dans ce premier essai, un fort potentiel qui lui promettait le succès qu'il rencontre aujourd'hui !
Je l'ai déjà remarqué dans mon avis pour "Le gibier" mais l'auteur a un réel talent pour construire ses personnages, Merlicht en est la preuve incarnée ! Malgré quelques traits de caractère plutôt cliché des polars des années 70/80, avec un argot bien à lui et une personnalité très bougonne, j'ai beaucoup aimé me plonger dans son univers. Dès le départ, on aperçoit des failles dans sa carapace de flic et j'ai hâte de connaître son évolution.
Concernant l'intrigue, là aussi, je suis assez bluffée. D'un "simple" meurtre de SDF, l'auteur va nous plonger au cœur de Paris, de son histoire, de ses enjeux politiques et des secrets que la ville renferme dans ses plus petits recoins. Je pense que les habitants de la capitale seront ravis de la voir sous un nouveau jour, peut-être plus sombre qu'on l'imagine, moins clinquante.
Nicolas Lebel se permet d'aborder des sujets difficiles, notamment les difficultés dans la prise en charge des personnes défavorisées et en détresse, la précarité, en parallèle du côté faste, de la corruption et des passe-droits de la classe huppée.
Le dénouement est captivant, plein de suspense grâce au lien fait avec un événement historique majeur du XXIe siècle et qui parle à tous les lecteurs.
31/10/2022 à 08:29 5
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La Chair de sa chair
8/10 En bref, un thriller psychologique réussi malgré quelques clichés... Les néophytes seront, sans aucun doute, ravis, les férus du genre un peu moins surpris.
Je retrouve avec plaisir la plume de Claire Favan que j'avais adorée dans ses précédents romans. Elle réussit à créer une atmosphère, une tension psychologique avec assez peu d'éléments afin de capter le lecteur dès le départ.
Ici, on plonge dans la vie de Moïra et ses enfants, une famille dysfonctionnelle aux conditions précaires. Les premières pages m'ont beaucoup fait penser à certains romans (très) noirs de Sandrine Collette, où cette ambiance sordide met tout de suite mal à l'aise.
Finalement, j'ai eu un peu de mal à accrocher au personnage de la mère, certaines de ses réactions et de ses décisions ont eu du mal à trouver une logique dans ma tête... Cependant, l'auteure découpe son roman en plusieurs parties, mettant à l'honneur un personnage différent à chaque fois et j'ai été conquise par la suite, les parties des différents protagonistes masculins, notamment les enfants.
Claire Favan aborde pas mal de sujets lourds dans ce roman, comme les relations familiales instables et leurs conséquences sur la psychologique infantile. Ce point de vue des enfants me plaît énormément et apporte une touche d'originalité, là où certaines révélations sont assez classiques en apparence.
J'ai effectivement deviné où l'auteure voulait nous mener, mais c'est ce que j'attendais et j'espérais, donc je suis ravie ! Les différents retournements de situation sont bien menés, gardant le suspense intact jusqu'au dénouement.31/10/2022 à 08:19 1
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Le Gibier
6/10 En bref, un polar prenant grâce à une plume rythmée et un duo de personnages atypique... Mais les points forts selon moi sont sous-exploités.
Ce roman est mon premier de l'auteur, je découvre donc sa plume et son univers. J'ai tout de suite apprécié la plume fluide ainsi que les dialogues rythmés et parfois drôles des personnages principaux. Nicolas Lebel a créé un duo de choc, en mêlant un homme plutôt cliché avec une femme très originale, aux valeurs très différentes de ce qu'on peut retrouver généralement, mais qui ne plaira peut-être pas à tout le monde à cause de son côté antipathique.
Concernant l'intrigue, j'étais pressée de découvrir cette fameuse chasse à l'homme promise dans le résumé, mais, malheureusement, je n'ai pas été totalement convaincue. L'action est là, la tension psychologique également, sans oublier les révélations surprenantes... Mais la trame d'une enquête policière ne colle pas, selon moi, au suspense et à la pression qu'une chasse nécessite. Il y a quelque temps forts à noter, mais qui sont tout de suite plombés par le retour aux indices et aux interrogatoires.
[...]24/09/2022 à 10:10 3