Dany33

535 votes

  • Plateau

    Franck Bouysse

    9/10 Avec la poésie de son style atypique, Franck Bouysse nous emmène sur le plateau corrézien, soumis au climat changeant et rude, ce qui n’est pas sans affecter le caractère rugueux de ses habitants.
    Un amour formidable unit Virgile et Judith, au bout de leur chemin et pourtant incapables de vivre l’un sans l’autre. Une belle leçon de fidélité sans faille qu’ils nous donnent ces deux-là !
    Karl, l’intrus est arrivé il y a trois ans et s’est fait accepter par les habitants du hameau. Maintenant c’est à Cory de faire son entrée dans le microcosme du plateau et de bouleverser Georges. Et qui donc se profile derrière le fusil du chasseur ?
    L’auteur prend tout son temps, pour notre plus grand plaisir, pour planter les décors et les personnages avec une précision que l’on a pu noter dans ces précédents romans Grossir le ciel ou Glaise. Le suspense se déroule calmement, à son rythme, sans être pour autant moins efficace car le lecteur trépigne dans ces paysages grandioses. Et les pièces du puzzle prennent petit à petit leur place … mêlant souvenirs et secrets d’enfance, les mêmes somme toute qu’à la ville mais moins anonymes car ici tout le monde connait tout le monde.
    J’aime beaucoup cette plume et ce vocabulaire extrêmement riches et précis, à la fois apaisants et destructeurs, au service d’une histoire noire, bref un vrai talent de conteur !

    09/06/2019 à 18:18 5

  • Sur le ciel effondré

    Colin Niel

    10/10
    C’est avec beaucoup de plaisir que j’ai découvert ce quatrième tome de la série guyanaise de Colin Niel, avec son héro récurrent le Capitaine Anato. Certes lorsque l’on parle d’une série, il est bien d’avoir fait connaissance avec ses protagonistes en ayant lu les précédents épisodes. Cependant ici, l’intrigue ne pâtit pas si vous choisissez de découvrir la Guyane avec ce volume. Car c’est bien de ce personnage central dont il est question, ce bout de France oublié et malmené par la métropole.
    Angélique, une native récemment revenue de Paris après un acte de bravoure qui lui coûté la moitié du visage, va s’acharner à retrouver le fils de celui dont elle est secrètement amoureuse. Non, point de romance au cours de ces 500 pages, mais une vaste embrouille foncière liée à l’exploitation de l’or et à la spoliation des Amérindiens.
    L’ambiance y est moite, tantôt alcoolisée, tantôt empreinte de chamanisme et de médecine traditionnelle, intrigante. Les jeunes y sont encore plus laissés pour compte que les adultes, otages d’un système éducatif défaillant faute de moyens, forcés pour la plupart à vivre d’expédients, de combines. La Guyane, ce département français où tout n’est pas technologie aérospatiale, prise en étau entre le Suriname et le Brésil a bien de la peine à décliner notre devise républicaine. Sous la plume talentueuse de Colin Niel, la Guyane sait nous émouvoir, nous intriguer, nous surprendre … nous intéresser !
    Une lecture plaisir, dépaysante et … envoûtante !

    05/06/2019 à 15:34 6

  • Arcanes Médicis

    Samuel Delage

    8/10 Tout doit se passer au mieux pour le projet Yvan, notre commissaire priseur préféré, découvert dans l’arrêt Wagram, deuxième roman de Samuel Delage. Il doit rejoindre la Villa Médicis pour organiser une exposition dans ce petit coin de France à Rome la splendide ! Dirigée par une équipe trouble, cette micro société, vouée aux arts, va devenir le théâtre de meurtres … alors question à Monsieur le Commissaire Castelli : meurtres en série, psychopathe ou vengeance ?
    Yvan va donc être appelé au secours du directeur de la mythique villa et il retrouvera Marion, en bien mauvais état mais toujours aussi battante.
    Un huis clos immergé dans le milieu artistique, sur fond de renaissance et confronté aux recherches de nouveaux créateurs, excentriques, plus inspirés les uns que les autres. Une belle intrigue agréablement contée sous le soleil de Rome !
    J’ai beaucoup aimé retrouver cette ambiance de la colline du Pincio et ces jardins odorants et paisibles … paisibles mais pas trop ! Samuel Delage nous y réserve bien des surprises comme de coutume dans ses romans très documentés et au suspense efficace. Merci pour cette escapade romaine qui devrait faire l’objet d’une prochaine série TV … pour notre plus grand plaisir.

    26/05/2019 à 15:23 3

  • Surface

    Olivier Norek

    9/10 Après Entre deux mondes, magistral roman sociétal en 2017, on attendait Olivier Norek : Coste ou pas Coste en 2019 ?
    C’est un dépaysement que nous offre l’auteur, dans une région qu’il connaît bien puisqu’il y a passé son enfance. C’est sans doute pour cette raison que son évocation des lieux est particulièrement sensible.
    Avalone, englouti pour la construction d’un barrage a gardé ses secrets tout comme le capitaine Noémie Chastain, écartée de son habituel lieu de travail, suite à une blessure par balle, qui a elle aussi englouti une moitié de son visage, révélant un étrange parallèle avec le village disparu. Tout aurait dû être paisible, la surface du lac apaisant les troubles refoulés depuis vingt cinq années. Tout aurait dû permettre à Noémie de mener sa mission d’évaluation mais semble-t-il les secrets crèvent la surface …
    Bien loin des cités qu’il a décrites dans sa trilogie « Coste », bien loin de l’émotion qu’il nous a transmise dans Entre deux mondes, tout aussi prenant, après un prologue dérangeant, nous suivons sans relâche Noémie et sa nouvelle équipe. Une plongée sous la surface à mi-parcours de l’intrigue, commence comme une respiration zen et salutaire, pour se transformer en cauchemar pour les claustrophobes.
    Très documenté, ce thriller nous ouvre de nouveaux horizons avec Olivier Norek qui au passage, pour notre plus grand plaisir élimine quelques uns de ses potes et confrères. J’ai beaucoup aimé, apprécié ce changement d’ambiance et de personnages.

    25/05/2019 à 15:00 7

  • Malamorte

    Antoine Albertini

    8/10 Une enquête sur l’île de beauté, c’est assez rare. Le narrateur, flic, est mis au placard des « homicides simples », que ses collègues baptiseront « issue de secours ». En raison de cette marginalisation forcée il a du temps libre pour parfaire son alcoolisation quotidienne et matinale. Sa hiérarchie lui confie successivement deux enquêtes au diagnostic évident et « sans appel ». Cependant, pour être au placard, notre héros imbibé n’en est pas moins fin limier et observateur caustique du microcosme insulaire. C’est sans doute en grande partie dans ce regard sans concession que réside tout le plaisir que l’on prend dans cette lecture.
    Certes, ce n’est pas l’enquête proprement dite qui fait l’intérêt de ce roman mais bien l’ambiance. Les personnages plus vrais que nature nous emmènent après quelques rebondissements surprenants à un dénouement un peu complexe et inattendu.
    Une bien agréable découverte que ce ton décalé et corrosif, cet humour bien à propos, ces quelques rappels à l’histoire récente de la Corse. N’oublions pas que l’auteur est journaliste et qu’il a commis un ouvrage d’investigation sur l’assassinat du Préfet Claude Erignac, il sait parfaitement de quoi il parle !

    24/05/2019 à 09:11 3

  • Le Prieuré de Crest

    Sandrine Destombes

    8/10 Une ambiance glauque et beaucoup d’ambigüité tout au long de ce roman. Ce n’est pas le premier que je lis de cette auteure et ce qui est frappant c’est le changement d’ambiance et le renouvellement des approches à chaque nouvelle aventure. Tous les personnages, masculins comme féminins, méritent notre intérêt. Le clin d’œil à ses collègues auteur(e)s est aussi bienvenu.
    Une enquête menée par une équipe de gendarmes aguerrie à laquelle un débutant, Perceval Benoit, tente de se joindre, de se faire admettre, de faire ses preuves pour rejoindre « les experts ». L’artifice du petit jeune à qui il faut presque tout expliquer, permet à l’auteur de documenter au maximum ses hypothèses. Dans des paysages bucoliques et loin des cités, Sandrine Destombes nous pose la question : est-ce les femmes sont destinées à subir ou doivent-elles organiser la riposte face aux hommes-prédateurs ?
    Ce questionnement m’a rappelé Les ravagé(e)s de Louise Mey, autre plaidoyer féministe.
    L’auteur prend son temps pour installer le lecteur dans son inconfort et c’est bien à la toute fin que la lumière se fera, même si l’on peut dire la fin de la toute fin pour Perceval !

    21/05/2019 à 18:10 5

  • Le Jour de ma mort

    Jacques Expert

    8/10 Parce qu’un voyant lui a prédit la mort pour aujourd’hui, Charlotte doit se tenir éveillée et vigilante jusqu’à minuit. C’est sans compter sur un tueur en série qui chasse les jeunes femmes du même profil qu’elle. L’angoisse va monter progressivement pour Charlotte et le lecteur … vraiment flippant ce narrateur-tueur qui va tour à tour, avec son imagination débordante, ressembler au voisin du 5ème, au gardien du chantier d’en face, etc. Que dire du comportement ambigu de Jérôme ? Est-il prêt à s’engager ou profite-t-il tout simplement d’une plaisante compagnie ? C’est tout l’entourage de Charlotte qui nourrit sa paranoïa … si toutefois paranoïa il y a !
    Qui n’a pas connu ces moments de d’angoisse galopante où tout devient un « signe » confortant sa psychose ? C’est bien sur ce ressort que joue Jacques Expert, en prenant son temps et en captant l’attention du lecteur qui ne peut s’échapper avant les dernières pages. Toutes les peurs de Charlotte, nous avons pu les connaître personnellement mais heureusement pour nous, nous ne les avons sans doute pas rencontrées le même jour. L’accumulation fait que l’abîme guette cette « blonde au chat ». Toute ingénieuse qu’elle est, Charlotte va nous entraîner à sa suite, grâce à la plume maléfique de l’auteur qui ne nous laissera pas souffler.
    C’est le deuxième roman que je lis de Jacques Expert, je le trouve encore plus puissant qu’Hortense pourtant déjà bien dérangeant et tout aussi capable de hanter les nuits des lecteurs. Pour les amateurs du genre … à lire absolument !

    18/05/2019 à 16:02 4

  • L'Inconnue de l'équation

    Xavier Massé

    8/10 Très difficile de parler de ce thriller sans spolier aussi, je resterai sobre …
    Trois chronologies s’imbriquent et permettent au lecteur de reconstituer la vie d’un couple, François et Juliette, parents d’un jeune Julien. Ils vont connaître la crise en 2005, financière d’abord puis familiale. On les retrouvera en 2010 puis 2013, grâce aux témoignages de Berger, enquêtrice et Mireille, la grand-mère.
    L’auteur a opté pour un puzzle aux multiples pièces, perdant le lecteur parmi les hypothèses toutes extrêmes et plus improbables les unes que les autres.
    Cela donne lieu à une lecture surprenante, où il faut s’attacher à chacun des détails, les recouper avec les différents interrogatoires, sans faire retomber sa vigilance car rien n’y est gratuit ! Surprenant et court, ce roman chahute le lecteur jusqu’au dénouement ! Intéressant et surprenant … mérite le détour.

    16/05/2019 à 18:07 2

  • Dans la brume écarlate

    Nicolas Lebel

    9/10 Cette fois Nicolas Lebel nous propose une narration chronologique, sans retours arrière comme c’était le cas dans De cauchemar et de feu et avec ce qui ressemble à deux intrigues parallèles et dont le lecteur se demande si elles ont un rapport entre elles. Une résurgence du mythe des vampires côtoie en plein Paris, le bien cruel problème des immigrés en provenance de la Syrie, confrontés au rejet de l’extrême droite.
    Mehrlicht fume toujours autant, Dossantos interpelle le lecteur car il est impossible de le détester et pourtant …, Sophie n’en finit pas d’attendre les papiers de Djibril !
    Côté détente on apprécie que Daniel se mette à la magie, qu’il n’abandonne pas « questions pour un champion » et surtout et toujours ses sonneries de téléphone.
    L’auteur confirme s’il était besoin, son grand talent de conteur, son don du suspense, sa qualité d’écriture et l’attachement particulier à ses personnages.
    Mais ne nous trompons pas, au-delà de cette histoire qui a su me captiver, retenir toute mon attention au cours de ses 320 pages, de nombreux thèmes sociétaux actuels sont abordés : l’immigration et la théorie fumeuse du « grand remplacement », les violences conjugales, la dure réalité des services qui ont pour mission d’assurer notre sécurité au quotidien. Un bien beau bouillon de culture dans la tête de Nicolas Lebel, pour notre plus grand plaisir …
    Tous mes vœux de bonne santé à Mehrlicht !
    Au fait, Nicolas Lebel n’aurait-il pas une affection particulière au Père Lachaise … ?

    12/05/2019 à 18:40 6

  • Manhattan chaos

    Michaël Mention

    9/10 Selon la formule consacrée : « Comment fait donc cet auteur pour changer de style et d'univers à chacun de ses romans ? » … j’ai déjà dit ça pour Power en juillet 2018. Un nouveau tour de force à l’actif de Michael Mention, hors norme, hors tout en fait !
    Un type, et pas des moindres puisqu’il s’agit de Miles Davis se fait un trip (drogue plus alcool … en manque et aux abois) en 1977 à moins qu’il ne soit victime d’une forme d’enlèvement et tel un pseudo Docteur Faust qui risque de vendre son âme au Diable, commence un voyage pour un retour vers le passé en huit escales … Un alibi pour l’auteur afin de nous faire visiter le Manhattan soumis au départ à une gigantesque panne électrique mais qui n’est que la réplique d’événements tous aussi violents, fruits de gangs, de mafias, de racistes etc …
    Rien n’est rationnellement racontable … on y rencontre le fils de Sam (roman publié le 16/01/2014), les Black Panters et leurs dissidents (rencontrés dans Power publié le 04/04/2018), des musiciens réputés et morts, une partie du panthéon de l’auteur en quelque sorte. Bref tout ce petit monde va compromettre la renaissance de Miles Davis au cours d’autant d’épisodes sombres.
    Encore un moment inoubliable de lecture déroutante en compagnie Michael Mention, c’est bourré de citations musicales et très visuel à la fois … c’est quoi la prochaine claque qu’il nous réserve ?

    09/05/2019 à 17:10 8

  • Sex Doll

    Danielle Thiéry

    9/10 J’ai retrouvé avec plaisir Edwige pour le 14ème opus de la série du commissaire Marion. Ses réactions impulsives laissent à penser qu’elle se languit du terrain dont elle a dû s’éloigner depuis qu’elle est la patronne de l’Office de répression des violences aux personnes, ne pouvant faire confiance à son adjoint. La prostitution a elle aussi évolué avec la génération 2.0, mais les pervers sont bien toujours là. Docteur X, à la recherche de la femme idéale, va notamment mobiliser toute l’attention de Marion ainsi qu’il le souhaitait, en envoyant de macabres messages aux proches de la commissaire. Veut-il la toucher personnellement ?
    Ambiance glauque, enquête dérangeante, interpelante. Le retour de Nina, fille adoptive de Marion, mettra à mal les certitudes de la commissaire. Une intrigue complexe qui mêle présent parisien et passé lyonnais, avec un final très visuel en apothéose.
    Comme dans ses précédents romans, l’approche documentaire des investigations policières m’a ravie. Le ton est juste, sans emphase. Un roman bien ancré dans le présent 2.0.

    Je remercie Babelio et son opération « masse critique » ainsi que l’éditeur, qui m’ont permis de découvrir ce roman en avant-première.

    03/05/2019 à 08:50 2

  • Sale temps pour les grenouilles

    Isabelle Bourdial

    8/10 C’est aussi noir que jubilatoire … la chronique qu’une chute en deux épisodes. Le premier : le chef a toujours raison ; le second : les faits ont toujours raison.
    Dans une entreprise de l’édition les dirigeants font les comptes et décident de mandater un nouveau chef pour « dégraisser » en lui donnant carte blanche. S’en suivent de funestes manœuvres visant l’isolement de ceux qui détiennent la compétence, le départ des incompétents, la promotion des incapables … le principe de Peter en fait !
    J’ai été particulièrement sensible à la première partie de cette aventure, ayant été touchée par ce type d’agissements lors de ma dernière étape professionnelle. Ce que l’on appelait à l’époque harcèlement moral, jusqu’à ce que l’expression sinistre de « burn out » entre dans notre vocabulaire, est une maladie ni rare, ni orpheline.
    Pour essayer d’en sortir il faut savoir en parler, difficile car le premier temps est celui de la culpabilisation et des doutes : qu’ai-je fais de mal, que n’ai-je pas réussi à faire, pour mériter ça ?
    J’ai souffert avec Hadrien, j’ai voulu le secouer plus d’une fois. J’ai été soulagée de constater sa résilience et celle de ses collègues. J’ai apprécié cette galerie de personnages atypiques, quoique… dans une situation de crise réaliste, malheureusement réaliste. Ca sent le vécu du côté de l’auteure qui a su mettre son talent au service de cette histoire.
    J’ai ri avec la résilience loufoque de l’équipe d’Hadrien et ses collègues. Une fois que l’eau est chaude, les grenouilles peuvent quitter la casserole …Ceci donne espoir à ceux qui souffrent au travail !
    Ne vous trompez pas lecteurs, ce roman est optimiste après un début très noir, il donne raison à l’amitié, à la confiance en l’autre et restera pour moi un très bon souvenir de lecture, un intermède salutaire entre deux polars plus glauques !

    29/04/2019 à 13:34 1

  • Le Code Télémaque

    Jean-Luc Aubarbier

    8/10 On connait l’appétit de l’auteur pour l’époque médiévale, il s’introduit de belle manière aux temps de Louis XIV et au siècle des lumières …
    Tout commence par une expédition de son couple d’archéologues, Pierre et Marjolaine, héros récurrents, dans une réserve aux Etats Unis qui tourne court ... En fait l’auteur nous convie à un jeu de piste en posant la question de ce qu’il adviendrait si Louis XIV avait, à l’approche de la mort, fait une promesse capable de changer la face du monde et qu’on en retrouvait la preuve aujourd’hui … ?
    Une intrigue très dense et documentée comme il est d’habitude avec cet auteur périgourdin, empreint de ses racines et de ses valeurs humanistes et maçonniques, va nous immerger dans une lutte d’influence qui oppose pêle-mêle les Illuminatis, les adeptes du Saint-Sacrement, les frères maçons venus d’Ecosse, l’entourage trouble de Fénelon … Une intrigue qui mêle le passé historique et fictionnel, au présent de Dan Brown et son équivoque Da Vinci Code. Haletant et complexe, un peu trop parfois pour la mécréante que je suis. Cependant j’ai tourné allègrement ces 300 pages, emportée par l’écriture de Jean-Luc Aubarbier … un vrai conteur !
    On y apprend énormément de choses sur Fénelon, ses déboires avec le pouvoir, Bossuet et cependant sa grande influence, sur ses relations avec la franc-maçonnerie, sur les intrigues à la cour, sur Madame de Maintenon et Louis XIV vieillissant qui a peut-être …Enfin, l’auteur remet de l’ordre dans les idées des lecteurs au sujet des religions, de leurs alliances, de leurs antagonismes.

    Merci à l’auteur et à son éditeur pour la confiance témoignée en me confiant cet ouvrage et ravie d’avoir pu en profiter.

    29/04/2019 à 09:12 2

  • L'Ombre de Nola

    Sacha Erbel

    8/10 L’action se passe simultanément à Paris et à la Nouvelle-Orléans. Les lecteurs retrouvent Talia, héroïne de l’emprise des sens, paru en 2016.
    La prêtresse vaudou, Azaïa, fille de Marie Laveau, n’a de cesse qu’elle revienne à la Nouvelle-Orléans, persuadée que son apprentissage doit encore franchir des étapes initiatiques afin d’être pleinement opérationnelle et en capacité de lui succéder.
    Alors que Talia renoue à Paris avec d’anciennes connaissances, dont un duo de flics et sa meilleure amie, une série de meurtres avec un mode opérationnel identique fait qu’elle en devient le principal suspect. Il est temps pour elle de prendre le large.
    Les aventures de Talia et de Charlie nous offrent en prime, l’exotisme du carnaval de La Nouvelle-Orléans
    J’ai trouvé ce volet (un peu) moins inquiétant que le premier … sans doute est-ce que l’on s’habitue à tout, même à l’occultisme et à l’ésotérisme. C’est un roman cependant bien noir et l’atmosphère y est pesante et moite.
    A saluer tout particulièrement la grande expertise de l’auteure en matière de criminologie. Elle remet quelques pendules à l’heure pour le lecteur parfois englué entre les différents qualificatifs donnés aux crimes répétitifs.
    Très bon moment de lecture, à ne pas bouder !
    Je remercie Sacha Erbel et les éditions Eaux troubles de m’avoir permis d’accompagner Talia à la Nouvelle-Orléans.

    12/04/2019 à 17:27 2

  • BRI : Histoire d'une unité d'élite

    Danielle Thiéry

    8/10 On connaît l’auteure, la grande dame du noir, pour ses polars en immersion. Elle sait comme personne nous faire douter avec les flics, souffrir avec les victimes et leurs proches. Ici, la première femme à avoir été nommée Commissaire Divisionnaire en France, met toute son expérience et son talent au service de la vérité sur un corps qui nourrit bien des fantasmes : la BRI (Brigade de Recherche et d’Intervention). De ses débuts sous le nom de l’Antigang, à nos jours, les hommes (les bons et les méchants) et les contextes ont changé … on ne peut pas dire évolué quand on parle de crime, cependant les techniques pour e combattre se sont affinées, les procédures ont été élaborées et confortées.
    Largement illustré par des faits qui ont rempli notre l’actualité pendant de longues périodes (Mesrine, le gang des potiches, …), dans cet ouvrage Danielle Thiery « classifie » les différents types de crimes que la BRI et ses consœurs GIGN et RAID sont amenés à combattre pour notre sécurité. Elle lève le voile sur ce qui a pu nous apparaître comme « une guerre des polices ». Elle a eu largement recours aux témoignages des « stars » de la lutte anti-gang et anti-terrorisme.
    Ce témoignage de notre temps est une réédition augmentée de la version de mai 2011, qui gagne en émotion en commençant par les témoignages sur les attentats de 2015 … ça se lit comme un roman, c’est précis comme une enquête, révélateur comme une investigation et tellement impliquant pour le lecteur-citoyen que je ne peux qu’en recommander la lecture.

    10/04/2019 à 09:01 2

  • Sinestra

    Armelle Carbonel

    9/10 Ca faisait bien longtemps que je n’avais pas été perturbée de la sorte par une lecture … ça fait deux nuits que je rêve de ce Val de Sinestra ! Comment fait donc Armelle Carbonnel, avec son sourire d’ange, pour imaginer de telles horreurs ? Du grand art ! J’avais commencé l’année avec Avalanche Hôtel de Niko Tackian où le bâtiment était lui aussi un personnage à part entière … deux lieux anxiogènes suisses du même acabit, néanmoins les monstres des Grisons sont encore plus inquiétants et là s’arrête la comparaison.
    Certes le martyre d’enfants pendant la seconde guerre mondiale a déjà été traité maintes fois, ici les lecteurs le vivent de l’intérieur …à noter que le bâtiment est de temps à autre le narrateur. L’antisémitisme n’y est pas le mobile des exactions. On y trouve des personnages parfois caricaturaux, les odieux parfois bienveillants, les mères possessives et exclusives, des enfants pas souvent innocents, chaque catégorie n’étant pas « étanche » aux caractères dominants des autres. Ces 390 pages font de Sinestra un thriller d’horreur bien noir avec son lot de rebondissements inattendus et de manipulations malveillantes à lire assurément en prenant le temps de l’imprégnation de l’ambiance gore et glauque à la fois. L’auteure a usé du rythme et de l’alternance des situations pour donner aux lecteurs les temps de pause nécessaire pour supporter la tension.
    Deuxième roman que je lis d’Armelle et la même angoisse, la pudeur en plus. Très bon moment de lecture que je recommande !

    09/04/2019 à 11:20 3

  • Le Cri

    Nicolas Beuglet

    8/10 C’est le premier roman que je lis de cet auteur ; Il est présenté comme un polar sur la 4ème de couverture mais en fait il est bien plus que ça.
    Certes l’enquête démarre dans un hôpital psychiatrique autour d’une mort suspecte aux yeux de Sarah. Mais au hasard d’un faux témoignage et de suspicion de mauvais traitements, l’intrigue va prendre une tout autre dimension et progressivement interpeller les lecteurs sur les religions et les débuts de l’univers … oui, pas moins ! Et notre fliquette va rencontrer les méchants héritiers spirituels de Menguele et embarquer Christopher dont le frère récemment décédé n’est sans doute pas étranger à ce mystère.
    Extrêmement riche et documenté, la quête de la vérité si elle existe va nous tenir tout au long de ces 560 pages, au fil de (parfois trop) nombreux rebondissements. Le cri c’est la manifestation de l’ultime approche de LA vérité, car « nous vivons sans savoir d’où nous venons et nous mourons sans savoir où nous allons. Comment vivre entre les deux ?”
    En fermant ce thriller il reste le doute existentiel.

    30/03/2019 à 16:05 7

  • Pour le bien de tous

    Laurent Scalese

    8/10 Contrairement à ce que dit la 4ème de couverture, les duos d’enquêteurs atypiques, comme ceux qui délaissent leurs familles, sont fréquents dans le monde du polar et pourtant cette fois, ça n’est pas une débutante qui se coltine un vieux routard, mais une mère de famille en instance de divorce qui doit faire équipe avec un préretraité arthrosique ! Ces deux-là vont nous entraîner dans une enquête à haut-risque, bien ciselée et rencontrer de méchants pervers, libertins pour certains, comme il est de coutume avec Laurent Scalese.
    Emaillé de références à ses précédents romans et agréablement bienvenues, dans ce dernier thriller, l’auteur confronte ses lecteurs à deux problèmes sociaux bien actuels : l’exploitation des migrants et la montée de l’extrémisme de la droite radicale avec la théorie du grand remplacement tristement d’actualité. Toute ressemblance avec … n’est pas du tout fortuite. Ciel, il faut bien 320 pages pour en parler !
    De la violence … oui mais pas que, sans voyeurisme ! De la quête du respect humaniste … oui mais pas que !
    Un très bon moment de lecture, une écriture fluide et une fin qui laisse penser que malheureusement les problèmes sociétaux ne sont pas résolus avec l’élucidation de l’affaire.

    29/03/2019 à 17:55 2

  • Akowapa

    Sébastien Vidal

    8/10 Titre bien énigmatique pour ce tome 3 d’une trilogie sur « les sentiments » comme nous le précise l’auteur, Sébastien Vidal. Moins contemplatif de Franck Bouysse, l’auteur n’est cependant pas avare de transmettre l’ambiance et les paysages de Corrèze.
    C’est noir, très noir … rural, très rural et aussi bien rythmé. Une bonne intrigue du genre chorale, une galerie de personnages intéressante avec des échanges philosophiques sur la vieillesse, la littérature et bien d’autres sujets que l’on ne s’attend pas à être évoqués dans un roman d’action.
    Un très bon moment de lecture qui donne envie de revenir à la source de cette trilogie que j’ai entamée à rebours … sans trop de dommage cependant pour la compréhension.

    28/03/2019 à 12:25 2

  • Parasite

    Sylvain Forge

    9/10 On attendait le lauréat du mythique prix du Quai des Orfèvres 2018 … saura-t-il transformer l’essai ? En fait d’essai Sylvain Forge signe ici son huitième thriller (Pire que le mal étant une réécriture de La ligne des rats) et situe son action en Auvergne, sa région natale. Dans la même région que Sous la ville, mais en surface cette fois et le lieu importe peu dès lors que l’action se situe en province.
    Après Tension extrême où le lecteur était plongé dans le quotidien flippant et connecté et qu’il proclamait la main sur le cœur qu’il ne se laisserait pas prendre et qu’il veillerait à cette hyper dépendance, cette fois il se dit qu’il peut être le jouet des manipulations de ses congénères … sans aucune forme de réaction possible.
    Heureusement la haute technologie lui fait entrevoir le salut, sous la forme d’un logiciel expérimental. On sent très présent le professionnalisme de l’auteur sur le sujet.
    Un darknet sous-jacent, de la maltraitance et l’exploitation des personnes fragiles, la souffrance des victimes, autant de thématiques humanistes que développe Sylvain Forge au fil de ses romans.
    Deux volets donc dans ce thriller : l’humain et la technologie, qui font leur petit bonhomme de chemin au cours de ces 426 pages, très richement documentées, en s’imbriquant progressivement.
    Que dire de plus que la 4ème de couverture déjà bien (trop) évocatrice, sans déflorer l’intrigue ?
    J’ai beaucoup aimé !
    Le rythme y est soutenu, les chapitres courts, les personnages attachants et singuliers, même Valmont qui inspire la crainte mais démontre son efficacité contre vents et marées.
    Oui Sylvain Forge tient ses engagements et cependant promet de changer (oui vraiment) de genre pour 2020 avec tout de même du noir, mais moins de flics !

    23/03/2019 à 09:02 3