Dany33

535 votes

  • La Prunelle de ses yeux

    Ingrid Desjours

    9/10 On ne m’avait dit que du bien que cette auteure … je n’ai pas été déçue du premier roman que je lis d’elle ! Suspense angoissant, manipulations assorties d’usurpation d’identité …
    L’action tire ses ressorts d’un drame qui s’est déroulé en 2003. Gabriel y a alors perdu son fils et la vue. Il a la détermination d’un père prêt à tout pour venger Victor, promis à une belle carrière, qu’un « rite initiatique » a brisé. Une espèce de road-movie où la politique s’abaisse au plus bas du populisme, va nous faire voyager aux côtés de Maya dont on ne sait si elle est ange ou démon … et le méchant et ses dominés ici habitent le XVIème arrondissement, un vrai méchant sans circonstances atténuantes ! Il faudra attendre le dénouement pour approcher la vérité extrêmement douloureuse.
    Le personnage de Nour est un petit rayon de soleil dans ce monde de brutes ! Les interludes scientifiques rythment ce récit et renforcent le malaise latent. C’est chacun des personnages qui nous pose la question : qu’aurais-tu fait à ma place ?

    18/04/2018 à 14:28 5

  • Sous les pavés, la jungle

    Simone Gélin

    7/10 Un duo de personnages attachants, un peu à la façon de Hervé Commère et ses petits délinquants, repentis ou pas, que le présent violent va percuter. Deux « frères » vont partager leurs destinées après leur rencontre en prison qui a forgé leurs chaînes. Milo, le vertueux va enquêter sur l'histoire de sa grand-mère Léa, ce qui va donner à l'auteure l'occasion d'évoquer Mai 1968 à Bordeaux, les pavés … Kévin va vivre d'expédients à Calais, la jungle … La chronique documentée sur les événements de 68 est intéressante alors que la vie des migrants à Calais n'est que survolée : ce n'est pas le sujet du roman, malgré le titre.
    Pas un polar car l'enquêteur arrive dans les tous derniers chapitres, pas un thriller car l'angoisse ne touche que quelques pages, un roman gris foncé où je regrette que le lecteur soit détaché de la narration, plutôt spectateur. Agréable moment de lecture cependant car l'auteur y pratique un style fluide avec une belle plume.

    12/04/2018 à 16:33 1

  • Même le scorpion pleure

    Guy Rechenmann

    8/10 Plus classique que les précédents dans sa construction, c’est sans doute le roman de Guy Rechenmann où le lecteur en apprend le plus sur l’intimité de son « flic de papier ». Il va tout mettre de son côté Anselme Viloc, pour retrouver ses origines nordistes, du thème astral à la régression avec la complicité de son pote David qui lui trouve les bons interlocuteurs dans la clientèle du restaurant de l’Escale.
    Parallèlement, une série de morts suspectes frappe les personnes ayant vendu leurs biens en viager. Et s’il s’agissait d’une arnaque immobilière… c’est sans compter avec la géobiologie ! Le bassin encore une fois offre ses paysages grandioses aux amoureux de ces espaces intermédiaires, à la lumière incomparable.
    Nous prenons aussi un malin plaisir avec la galerie de seconds rôles à commencer par Lily qui prend de l’âge et de l’assurance s’il en était besoin.
    Le dernier né de cet auteur conteur et poète nous procure un bien agréable moment de lecture, même si on ne retrouve pas l’émotion de « fausse note » avec son inoubliable petit violoniste …
    Ce roman est le quatrième de la série Anselme Viloc, il peut se lire isolément mais ça serait fort dommage de passer à côté des trois autres …

    10/04/2018 à 10:55 1

  • Soeurs

    Bernard Minier

    9/10 Heureusement l’auteur précise : le personnage d’ « Erik Lang n’est pas inspiré de mes collègues auteurs de polars qui sont, pour la plupart, des gens fort sympathiques et accessibles ! » Heureusement … pour la plupart …
    Ce roman se déroule sur deux époques, la première moitié sorte de préquel (antépisode) permet au lecteur de faire la connaissance de Servaz à ses débuts dans la police en 1992-1993 et la seconde moitié se passe de nos jours. Tout sépare les deux polices : celle de l’avant téléphone portable et celle des balbutiements de l’investigation assistée par l’ADN et les caméras de surveillance. Et les lecteurs en apprennent beaucoup sur le héros récurrent de Bernard Minier. Il était en bien meilleure forme en 93 et déjà bien affuté et aux dires de l’auteur, lui ressemblait physiquement …
    La mort suspecte de son épouse va placer un auteur de polar au cœur de l’intrigue et raccrocher les faits actuels à ceux vieux de vingt-cinq ans, la toute première enquête de Servaz.
    Au-delà de l’enquête bien ficelée, par son style efficace, Bernard Minier nous entraîne aussi sur une réflexion sur les relations entre les auteurs et leurs lecteurs, ambigües et exclusives parfois. De l’adoration à la soumission, de la manipulation à la vengeance extrême, le mensonge est partout. Avec ce cinquième opus des aventures de Servaz nous retrouvons avec plaisir son équipe et nous approchons un peu plus l’intimité de Servaz. Un très bon cru que 2018 !
    Certes le lecteur appréciera ces retrouvailles, néanmoins cet épisode peut se lire indépendamment, sachant qu’une fois la dernière page tournée, le manque poussera le « polardeux » à se ruer dans sa librairie préférée pour se procurer les volets précédents. Les personnages gagnent en épaisseur au fil des enquêtes

    09/04/2018 à 13:49 9

  • La Fille de Kali

    Céline Denjean

    7/10 Une énigme complexe sur près de 600 pages, c’est ce que nous propose Céline Denjean pour son deuxième roman. Une construction originale car l’intrigue est suivie simultanément par trois personnages qui ont peu de chances de se rencontrer et donc d’échanger sur les progrès de leurs quêtes. Des meurtres isolés sans liens ? Un tueur en série ? Une secte ? Au fil des pages, seul le lecteur a une vision claire de ce qui est en jeu en suivant Eloïse la fliquette, Danny Chang le privé ou Amanda la journaliste peu scrupuleuse pourvu que la gloire soit au rendez-vous. En prime, un voyage qui mène de l’Occitanie, à la Suisse … et si tout avait débuté à Calcutta ?
    Par ailleurs les références à l’indouisme sont particulièrement bien documentées et il est agréable d’apprendre tant de choses sur cette religion toute en symboles.
    On ne s’ennuie pas même si l’on s’y perd un peu … c’est voulu et bien fait ! Un bon moment de lecture.

    24/03/2018 à 15:54 5

  • Lynwood Miller

    Sandrine Roy

    7/10 Ce type est mystérieux, que vient-il faire dans cette vallée perdue des Pyrénées ? Simon, son voisin, se lie d’amitié avec lui. Une tempête, le crash d’un avion de tourisme et voilà notre ancien agent « très » spécial qui porte secours à une jeune femme bien étrange. Avec une dose de fantastique qui ne dérange pas les « rationnels » dont je suis, Sandrine Roy va nous entraîner dans une quête des origines de cette énigmatique Eli, en France mais aussi à Berlin.
    Agréable moment de lecture pour ce premier roman qui date de 2016 et qui a été suivi d’un tome 2 en 2017.

    18/03/2018 à 14:50 4

  • Fausse note

    Guy Rechenmann

    8/10 Une construction originale pour cette deuxième aventure d’Anselme Viloc. En effet, écrit en 2015 (comme Johana Gustawsson « Block 46 » en 2016, Nicolas Lebel avec « de cauchemar et de feu » en 2017 et Jacques Saussey « 7/13 » en 2018) l’auteur déroule en parallèle à l’intrigue principale, un récit historique dont le lecteur se doute qu’il sera une clef essentielle à la résolution finale.
    Début 1992, Anselme, flic bordelais amoureux du bassin qu’il nous fait visiter, doit enquêter à partir d’un rêve, sans mobile et sans corps … y a-t-il vraiment eu crime ? Il rencontre des difficultés du fait que les notables locaux ne sont pas prêts à dévoiler leurs secrets. Il décide de s’investir d’avantage quand son adjoint se retrouve en danger en se faisant aider par Lily (11ans) surdouée et …future flic à n’en pas douter !
    Touchant car la fin inattendue où le présent est rattrapé par la grande histoire, rend les personnages les plus sombres, plutôt sympathiques.

    18/03/2018 à 13:46 3

  • Diamants sur macchabées

    Michael Fenris

    9/10 Il fallait vraiment oser, en 2018, écrire un roman en noir et blanc, un vrai polar de la fin des années 50, en Amérique dans « la ville » dont le nom symbolique apparaît en fin de roman … sans ADN, avec une seule caméra de surveillance même pas exploitée, une balistique balbutiante. En prime une ambiance bien glauque, qui sent la sueur de flic négligé, le tout dans une atmosphère enfumée, alcoolisée. Une plongée dans l’univers de Chandler et Léo Malet, avec la palette classique du détective privé intègre et au cœur presque grand, que n’aurait pas renié Petre Cheyney (le père de Lemmy Caution), du flic pourri, des mauvais garçons chatouilleux de la gâchette, de la bourgeoise couverte de fourrure (animale, oui à cette époque les auteurs osaient encore …), la petite droguée à peine pubère, des belles voitures …
    Tout ce petit monde se trouve embarqué dans une intrigue somme toute classique mais bien menée, aux multiples rebondissements et au final digne d’un film de Tarentino. N’oublions pas non plus « la bande son » jazzy car en fait ce roman agit sur le lecteur comme un vrai film de gangsters, servi par la précision du style de cet auteur que je lis pour la première fois, dans lequel le narrateur, son héros nous fait immanquablement penser à Philip Marlowe. On ne s’y ennuie pas une seule seconde !

    17/03/2018 à 11:21 5

  • Les Voleurs du temps

    Corinne Martel

    8/10 Toujours aussi inclassable Corinne Martel avec ce deuxième roman. Alors que le lecteur se jette dans l’aventure aux côtés de Chloé et Valentin, qui doivent se marier samedi prochain, les rapports ambigus de la jeune femme et de sa sœur Manon déroutent à souhait.
    Pour organiser la cérémonie, le couple fait appel à un organisateur de mariage et sa coéquipière couguar, deux personnages atypiques eux-aussi et, il se passera ce qui doit se passer … ou pas.
    La narration véhicule une angoisse grandissante et interpelle chacun d’entre nous sur les limites que nous sommes prêts à franchir par amour et c’est en fait au cœur de la folie que nous plongeons … Poétique et fou, entre « l’écume des jours » de Boris Vian et « Régis » de James Osmont, addictif et savamment dosé.
    Impossible d’en dire d’avantage sans spolier, mais sachez que Corinne Martel a superbement assuré et comblé les espoirs que l’on pouvait mettre en elle avec « et tu vis encore ». A noter la ponctuation du récit par de superbes illustrations qui confortent le lecteur dans ses errements … beau boulot !

    15/03/2018 à 09:16 4

  • Sauf

    Hervé Commère

    9/10 Mathieu, un délinquant amendé, brocanteur et presque cinquantenaire, voit son présent voler en éclat. Et si c’était son passé qui le rattrapait ? Plus qu’une recherche de ses origines, il va remonter les différentes pistes et entraîne avec lui le lecteur. Machination, schizophrénie, manipulation … tout est possible jusqu’aux derniers chapitres. Des personnages principaux qui méritent bien un peu de repos, leurs alliés hauts en couleurs, des seconds couteaux plutôt dangereux et prêts à toute extrémité …
    Oui, Hervé Commère a coutume de s’attacher aux petits malfrats qui grandissent plutôt bien, qui ont généralement un secret peu glorieux, mais ils sont tellement attachants. Il nous a aussi habitués à la Normandie et là il nous offre un dépaysement breton d’abord, parisien ensuite pour enfin terminer en Scandinavie, loin de sa zone de confort !
    Un bon suspense et une fin inattendue sous bien des aspects et notamment sa démesure …
    Pas polar, mais thriller bien ficelé ! J’ai aimé …

    05/03/2018 à 08:24 9

  • L'Emprise des sens

    Sacha Erbel

    7/10 De drôles de vacances pour Talia, cette presque quadra, sous le coup d’une rupture conjugale douloureuse. Elle ignore que ses origines africaines qui exacerbent sa connexion et sa sensibilité aux pratiques vaudous.
    Ce polar exotique, nous entraîne aux côtés d’une équipe qu’enquêteurs à La Nouvelle Orléans. Hasard ou destin, Talia croise les pratiques occultes qui l’amènent à aider au profilage d’un tueur en série. Suspicieuse au départ, elle se prend au jeu, au risque de s’y perdre. Pour une mécréante comme moi, il a été un peu difficile d’adhérer à cet environnement, mais l’auteure a réussi à ce que cet aspect de son intrigue n’efface pas le plaisir à suivre cette traque, jusqu’au final bien flippant !
    Une enquête intéressante, qui s’attache aussi à la maltraitance, aux questions de genre, aux difficultés rencontrées par ces populations déplacées, en quête de racines. Le ton est juste, ce qui fait de ce premier roman un premier essai prometteur … à transformer !

    25/02/2018 à 17:28 2

  • 7 / 13

    Jacques Saussey

    8/10 Dans la série Magne- Heslin, je prends le 7ème et j’essaye de ne pas spolier ! Je peux d’abord dire que j’ai aimé tout en trouvant l’intrigue plus complexe à suivre que dans le précédent opus.
    Deux temporalités se déroulent parallèlement, ça l’auteur l’a déjà fait notamment dans « la pieuvre » mais cette fois il nous fait d’avantage penser à Nicolas Lebel et à la construction de son roman « de cauchemar et de feu ». En effet une enquête au premier plan nous permets de renouer avec le couple Magne-Heslin que nous avions quittés dans « ne prononcez jamais leurs noms » bien mal en point, va percuter une énigme non résolue de la dernière guerre mondiale. Une série de meurtres pousse nos enquêteurs dans l’arrière pays Boulonnais pollué, au contact avec des immigrés. Certes il semble qu’après l’ »entre deux mondes » d’Olivier Norek et le « Fantazmë » de Niko Tackian, le sujet de l’incapacité à répondre dignement aux problèmes de l’immigration clandestine occupe nos auteurs. C’est que le thriller-polar est un incroyable vecteur de réflexion pour les sujets de société et les lecteurs ne s’y trompent pas en plébiscitant leurs auteurs.
    Jacques Saussey nous tient en haleine avec cette enquête complexe, je l’ai déjà dit, à tiroirs, menée par les rescapés de l’équipe de la criminelle dirigée par Daniel Magne à laquelle les renforts, sous forme du duo improbable rencontré dans « le loup peint » (non pas Dupont et Dupond mais M et M), apportent une loufoquerie bienvenue et rafraichissante. Il faudra attendre d’être au-delà des ¾ du roman pour comprendre la signification du titre … Non ça n’est pas la tension artérielle de Lisa ni le numéro du modèle du coucou volant de la couverture … lisez et vous trouverez !
    Passionnant, instructif, bien écrit … tout pour plaire ce 7/13, qui n’est pas non plus la note attribuée à ce thriller qui mérite bien plus !

    18/02/2018 à 15:14 5

  • L'Envers du miroir

    Mark Zellweger

    8/10 Bien étrange histoire de femmes que nous raconte Mark Zellweger, dans un lieu où on ne s'attend pas à retrouver tous les ingrédients qui ont fait fureur dans les romans d'espionnage des années 50/60. En effet, qui sait que la Suisse, en affichant sa neutralité pendant la seconde guerre mondiale, a en fait favorisé la coordination des services de renseignements ? Qui sait que des jeunes femmes suisses se sont mises au service des alliés pour recueillir des renseignements utiles à la résistance et aux diverses armées ? Qui sait enfin que la Suisse a accueilli bon nombre des réfugiés juifs ?
    Tout dans ce récit à l'air bien trop simple jusqu'à ce que …
    Un très bon suspense avec une note d'exotisme liée aux tournures helvètes de l'auteur. Il reste après cet agréable moment de lecture, un bel hommage à celles et ceux qui ont combattu pour la liberté en cette période trouble de notre histoire commune et une folle envie de suivre de nouvelles aventures de ces femmes, attachantes à souhait, aux destins meurtris par la barbarie et qui ont eu la chance de rencontrer Hannah !

    14/02/2018 à 08:35 4

  • Le Dragon du Muveran

    Marc Voltenauer

    7/10 Trois narrations pour une histoire complexe, un polar suisse, sorte de huis clos dans des paysages grandioses.
    Andréas, enquêteur de son état, habite le village où un meurtre aux allures rituelles met la communauté protestante locale en émoi. Aidé de sa partenaire, il va aller au devant de cette « micro » société où tous les travers de ce qu’on a l’habitude d’appeler notre civilisation sont représentés et interpellent les bas instincts de l’humanité.
    Certes le sujet de l’enfance maltraitée et de la vengeance ont déjà été traités mais le style de l’auteur avec une bonne dose de dépaysement pour les citadins lecteurs, en fait un roman très agréable à lire, même si l’exégèse des textes bibliques pèse parfois sur le rythme.
    Les personnages principaux sont attachants et ambigus, quant à la galerie des seconds rôles elle est le fruit de la dureté de l’environnement et des influences politico-économiques. Les lecteurs seront heureux de retrouver Andréas et Mikaël dans une suite « Qui a tué Heidi ?»

    13/02/2018 à 12:37 3

  • Couleurs de l'incendie

    Pierre Lemaitre

    9/10 Une suite de « au revoir là-haut » qui peut se lire sans connaître le premier opus.
    Dans une ambiance pesante, nous suivons la descente sociale de Madeleine, fille de banquier et épouse d’un ancien militaire condamné à la prison ferme. Elle n’était pas destinée à succéder à son père et fait l’objet de malversations aux fins de s’accaparer sa fortune. Elle ne peut faire confiance à personne et ses alliances improbables feront des miracles.
    A noter de très bons personnages de second rang, au titre desquels je relève la fantastique « castafiore ».
    Pas un polar mais une intrigue noire, réglée comme un mécanisme d’horlogerie, prenante tout au long de ces 540 pages sans aucune longueur superflue. Bien loin de la trilogie Verhoeven mais tout aussi riche et efficace.

    21/01/2018 à 14:15 11

  • Fantazmë

    Niko Tackian

    9/10 Page 242 « Il y avait d’abord cette enquête et la pénible impression d’avoir mis les pieds dans un labyrinthe de désespoir d’indifférence qui lui rappelait celui de son enfance”

    C’est le deuxième roman de cette série commencée avec « Toxique ». On y retrouve le groupe d’enquêteurs du 36 en tout début de l’année 2017. La mafia albanaise qui a main mise sur la drogue, l’esclavage sexuel et autres trafics à Paris et dans la banlieue, voit un certain nombre de ses « soldats » disparaître avec une violence maximale. Qui est donc ce justicier ? Ce Fantazsmë, ce spectre. Tomar rompu aux situations extrêmes et aux débordements aurait-il trouvé son maître ?
    Scénarisé avec efficacité, une intrigue en premier plan interpelle le lecteur sur sa peur de voir la réalité qui l’entoure, l’indifférence généralisée comme maladie du siècle et en arrière plan, une interrogation plus intime qui concerne Tomar et ses débordements. Mal en point ce héro fatigué va-t-il se nettoyer le cerveau avec l’aide d’un ami médecin et d’un psychiatre, aura-t-il confiance au point de se livrer ? Son éducation et sa culture font-elles suffisamment obstacles à sa violence pour qu’il puisse rester le flic champion de la criminelle ?
    Enfin une construction originale qui dévoile l’identité du justicier vers le milieu de l’intrigue … une vraie claque !
    Notons dans la galerie de personnages que nous offre Niko Tackian, celui de Ara, la mère de Tomar, ancienne peshmerga, humaniste et généreuse, toujours prompte à rappeler à son fils les fondamentaux de son éducation.
    L’auteur nous avait promis un vrai méchant sans circonstances atténuantes : c’est vrai, je l’ai rencontré ! Flippant !
    Excellent moment de lecture, actuel et interpellant, entre investigation et polar noir, très noir ou … rouge, très rouge !
    Pour ceux qui n’ont pas lu “Toxique”, l’auteur fait suffisamment de rappels pour que ça ne soit pas handicapant mais, si vous le pouvez, allez donc aux origines du mal avec ce thriller paru au libre de poche, vous n’en serez que plus conquis.

    07/01/2018 à 19:31 10

  • Irrévocable

    Andreas Pflüger

    6/10 L’action se passe principalement à Berlin, de nos jours. Aaron a perdu la vue à Barcelone lors d’une opération spéciale où elle a laissé son compagnon Niko pour mort. Pendant cinq ans elle va compenser la perte de la vision par une hyper sollicitation des autres sens et notamment l’ouïe. Elle saura dès lors reprendre toute sa place auprès de Pavlik en s’exposant à de dangereux preneurs d’otages. Cet épisode à haut risque va faire ressurgir ses vieux démons et les souvenirs de son passé pour partie disparus à Barcelone vont progressivement refaire douloureusement surface.
    Une intrigue très dense qui mêle plusieurs temporalités sans repères typographiques pour le lecteur qui se perd un peu dans la reconstitution du passé d’Aaron, personnage attachant et dérangeant.
    Par ailleurs, l’auteur au cours de ce thriller très noir de 440 pages, nous présente une thérapie éprouvée, qui peut représenter un formidable espoir pour ceux qui ont perdu la vue très tôt.
    Surprenante, cette course poursuite est menée sur un rythme haletant où les protagonistes sont tout de même tous très obscurs.

    05/01/2018 à 18:20 5

  • La Disparue de la cabine n° 10

    Ruth Ware

    8/10 La disparue de la cabine 10 de Ruth Ware
    Laura travaille dans un magazine de voyage et elle doit remplacer une journaliste sur une croisière de luxe. Oui mais ce n’est pas « la croisière s’amuse » mais plutôt « mort sur le Nil » pour cette trentenaire, sur fond de rupture sentimentale et sa parenthèse se transforme en cauchemar. Un huis clos en haute mer et sur les fjords de Norvège, sans réseaux, sans wifi, va faire cohabiter sur ce yacht d’une dizaine de cabines une brochette de personnages, personnel de bord compris, qui ont bien sûr tous des secrets inavouables.
    Après une action qui se met en place un peu lentement, l’intrigue se noue bien sournoisement pour le plaisir du lecteur pour se terminer dans l’angoisse. Plutôt convainquant et agréable à lire.

    05/01/2018 à 17:54 7

  • Crotales

    Jean-Luc Bizien

    9/10 D’abord il y a les Daltons … pas vraiment racistes mais accros à la violence gratuite, juste pour l’adrénaline, alors pourquoi pas contre les latinos aux prises avec leur cerveau reptilien ?
    Puis il y a les narcos et leurs clans, leurs trafics, l’exploitation de la pauvreté des villageois qui habitent le long de la frontière métallique entre les US et le Mexique et la domination en en faisant leurs mules et leurs esclaves.
    Vient ensuite la CIA, toujours prête à se fourvoyer dans des plans douteux pour atteindre ce qu’elle présente comme des objectifs glorieux.
    Et puis, et puis … il y a Païk Dong-Soo, plus mal en point que jamais mais encore plus attachant aussi.
    Enfin le talent de l’auteur qui vous entraine dans l’exotisme mexicain, avec toute la cruauté primaire, à l’approche l’élection présidentielle à laquelle se présente un certain Donald Trump. Une intrigue forte, sans doute encore en-deçà de la réalité. Une narration sur plusieurs plans qui se rejoignent on s’en doute, bien habilement. Quatrième volet de la vie de l’agent très spécial Coréen, laissé presque mort à la fin du « berceau des ténèbres », à la hauteur de ce qui ne devait être qu’une trilogie, pour notre plus grand plaisir de lecteur.
    Notez que pour faire connaissance avec Païk, il n’est pas absolument nécessaire de connaître la trilogie mais je suis sure qu’après cette lecture vous irez vite vous la procurer !

    25/12/2017 à 14:09 5

  • Glaise

    Franck Bouysse

    10/10 Presque une chronique villageoise sauf que ça n’est pas si simple … L’action se passe au début de la première guerre mondiale, Joseph un jeune garçon de seize ans va devoir endosser le rôle de chef de clan et qu’il va révéler sa formidable énergie à l’épreuve des faits.
    Dans un village du Cantal, les jeunes hommes sont au front et il ne reste que les femmes, les enfants, les handicapés et les vieillards. Les anciennes rancœurs refont surface avec ce qu’elles amènent de cupidité, de malveillance et de manipulations. Pas vraiment une balade de santé dans ces paysages à couper le souffle, décrits par un auteur conteur et poète, au mieux de sa forme.
    Après « Nous rêvions juste de liberté » de Henri Loevenbruck en 2015, « le garçon » de Marcus Malte en 2016, assurément mon coup de cœur 2017, ce roman noir est tout simplement inclassable !

    03/12/2017 à 17:38 11