LeJugeW

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  • C'est l'histoire de la Série Noire (1945-2015)

    Ouvrage collectif

    10/10 J'ai lu avec passion cet ouvrage destiné à célébrer les 70 ans de la Série Noire que j'ai découvert assez tardivement. L'approche est chronologique et plusieurs pages sont dédiées à des thèmes divers comme le projet "Série rouge" finalement abandonné, la "Série Noire et le cinéma" (passionnant) ou encore "La Série Noire et le roman noir américain", le tout agrémenté de nombreuses photos, documents d'époque, pièces d'archives (notamment p.190 à 239).

    On y découvre la genèse de la SN avec, dès les années 1920-30, des collections comme "Les Chefs-d'oeuvre du roman feuilleton" (Gaston Leroux, Gustave Le Rouge...), "Les Chefs-d'oeuvre du roman d'aventures" (Van Dine, Edgar Wallace...), "Détective" (Gaston Boca, Raymond Fauchet, Noël Vindry, Ellery Queen, Earl Stanley Gardner, Leslie Charteris...) ou encore "Le Scarabée d'Or" (1936) avec notamment Rex Stout en fer de lance.
    C'est en 1945, avec Marcel Duhamel à sa tête, que naît la Série Noire, marquéé tout d'abord par les deux anglais Peter Cheyney et James Hadley Chase. Dans une France marquée par la disette de romans noirs "américains" (écrits d'abord par des Anglais) durant la Seconde Guerre mondiale, le succès est au rendez-vous. Les 6 premiers titres (de 1945 à 1947) se vendent à 70 000 exemplaires.
    1948 marque le "véritable lancement" (p.36) de la SN avec un rythme de parution plus élevé et des tirages plus importants. Le manifeste de la collection, signé Duhamel, date d'ailleurs de cette année-là.
    Arrivent alors à la SN des auteurs mythiques comme James M. Cain, Raymond Chandler, Don Tracy... Le premier français publié (décembre 1948), Serge Arcouët, doit prendre le pseudonyme de Terry Stewart.
    Face au succès, Gallimard lance une 2e collection, intitulée "Série Blème" (1949). Sensée accueillir les "suspense stories", avec un rythme d'une parution par mois, cette collection est un échec et est arrêtée deux ans plus tard, avec 22 titres au total (dont certaines seront republiés dans la S.N.).
    Les années 1953-54 marquent la "percée des Français" avec Albert Simonin et son Touchez pas au Grisbi ! (meilleure vente de l'histoire de la SN avec 215 000 exemplaires vendus avant 1971), ou encore Auguste Le Breton et Dominique Ponchardier (avec sa série "Le Gorille").
    Après 10 ans, la SN cartonnne : plus de 230 titres parus et 10 millions d'exemplaires vendus !
    1959 marque l'entrée de l'auteur le plus prolifique jusqu'ici de la SN, Carter Brown (+ de 120 titres entre 1959 et 1974 !).
    Les années 1960-70 sont marquées par une production quasi-industrielle avec la parution de 6 titres par mois. Un tirage moyen d'un titre de la SN se situe aux environs des 30 000 exemplaires par titre dans les années 60, 22 000 en 1978.
    En 1977, Marcel Duhamel s'éteint, après 33 ans à la tête de la Série Noire, remplacé par Robert Soulat. Deux ans auparavant, la SN connaissait une crise importante avec 15 titres publiés en 1975 et seulement 5 en 1976.
    La concurrence de la "Super Noire" en 1974 n'était pas pour rien dans cette crise (Super Noire qui s'arrêtera finalement en 1979 avec 134 titres parus).
    Une partie fort intéressante est dédiée à la concurrence de la SN. En effet, pas moins de 35 collections de romans policiers et d'espionnage coexistent durant ces décennies, chez Calmann-Lévy, Denoël, Fayard, Fleuve Noir (Spécial Police, Engrenage, San Antonio), Lattès, Plon (SAS), Presses de la Cité, Rivages/Noir (1986), Rivages/Thriller, Oswald, Albin Michel (Spécial Suspense)...
    Fin années 1970-début 1980, de nouveaux auteurs français intègrent la SN : Hervé Prudon, Joseph Bialot, Philippe Conil, Tito Topin, Jean-Paul Demure suivis par, en 1984-85 (années exceptionnelles !) Didier Daeninckx, Jean-Bernard Pouy, Marc Villard, Thierry Jonquet, Daniel Pennac !
    En 1991, Robert Soulat est remplacé par Patrick Raynal (interview p. 134 à 142) qui abandonne la contrainte d'un nombre de pages maximum (jamais plus de 250 jusqu'ici, souvent aux alentours de 180) et contribue à l'arrivée d'auteurs venus du monde entier (et plus seulement français ou anglo-saxons). Il laisse à son tour la place à Aurélien Masson en 2005. En juin 2015, Le Dernier coup de Kenyatta de Donald Goines est le dernier SN numéroté (n°2743).

    Que l'on soit amoureux de cette collection ou totalement novice, on ne peut ressortir indifférent de la lecture de cet ouvrage fascinant dédié à une collection mythique tout autant fascinante. Dire que j'ai adoré cette lecture est un euphémisme !

    23/04/2019 à 17:46 4

  • Deux dans Berlin

    Richard Birkefeld, Göran Hachmeister

    8/10 J'attendais beaucoup de ce roman. Peut-être trop. Ai-je trop en tête l'écriture de Philip Kerr et son privé Bernie Gunther lorsque j'aborde cette période de l'Histoire en roman ? Sans doute. Toujours est-il que j'ai parfois trouvé le temps long durant ma lecture de Deux dans Berlin.
    Attention, on a là un très bon polar historique, solidement documenté et qui m'a comme rarement entraîné dans le Berlin en déconfiture de la fin 44 début 45. L'avancée des Russes, les bombardements incessants des "Tommies", les pénuries, les nombreux morts, les alertes et les abris, la population berlinoise aux aguets, les masques qui tombent et le IIIe Reich qui se fissure de toute part, tout cela est formidablement bien décrit. En revanche, les "Deux" dans Berlin sont des personnages peu "aimables" (un SS et un allemand évadé d'un camp annexe de Buchenwald mais qui durant la première décennie nazie n'a rien eu à redire, bien au contraire !) et l'on suit leur quotidien sans éprouver d'empathie.
    Nul doute que je garderai longtemps en tête ces scènes de chaos dans le Berlin nazi finissant. Quant à l'intrigue, rien n'est moins sûre... 7.5/10.

    21/12/2022 à 13:57 6

  • Il était deux fois

    Franck Thilliez

    8/10 Déçu par Le Manuscrit inachevé mais poussé par les critiques élogieuses, j'ai lu dans la foulée Il était deux fois. Et cette fois-ci, bonne pioche. Bien sûr on reprend le thème cher à l'auteur et éculé de l'amnésie. Mais ici le décor est plus travaillé, les personnages plus crédibles, on s'attache davantage à eux. L'horreur n'est pas omniprésente, on a davantage de répit, et c'est avec plaisir que l'on tourne les pages. Les explications finales quant aux disparitions sont en revanche glaçantes, j'ai rarement lu un truc aussi trash et insoutenable (pauvre Gabriel Moscato...), faut être quand même un peu tordu pour imaginer tout ça, non ? ^^ Mais après tout ne dit-on pas que "la réalité dépasse toujours la fiction" ?...
    Quant aux énigmes laissées à la fin du roman, je n'ai pas été totalement convaincu car je ne suis pas certain d'avoir "tout bien compris". Mais n'est-ce pas le but recherché, laisser au lecteur un sentiment de "je crois avoir compris mais en fait j'en suis pas très sûr" ?
    Si Le Manuscrit inachevé m'avait déçu, Il était deux fois m'a plu. Il n'empêche que, selon moi, il est impératif de lire ces deux romans dans leur ordre de parution...

    30/01/2021 à 18:19 12

  • J'irai tuer pour vous

    Henri Loevenbruck

    9/10 De Lorient au Liban, en passant par la Bolivie, Henri Loevenbruck retrace le destin d'un agent « externe » de la DGSE, Marc Masson. C'est passionnant, instructif, le roman nous replonge dans l'histoire française du milieu des années 80 qui fait écho à l'époque que nous connaissons (attentats, terrorisme, prise d'otages...). Il détaille les missions, non au service d'une cause mais au service du peuple français (en tout cas pour le héros !). Les intrigues politiques sont largement détaillées (l'époque Mitterrand, Chirac, Pasqua... les élections législatives de 1986 etc...). On imagine au passage le travail colossal de documentation de l'auteur pour reconstituer avec tant de minutie cette époque et les arcanes des services secrets français.
    On retrouve par ailleurs l'idée des carnets, un peu à la manière de ce que faisait déjà l'auteur dans Les Cathédrales du vide ou encore Le Mystère Fulcanelli par exemple. Cela permet ici d'être au plus près des pensées du héros.
    Seul petit défaut à mes yeux, un texte un peu trop long.
    En tout cas un texte mémorable et qui renouvelle le genre « espionnage », raconté avec justesse (livre audio) par Benjamin Jungers.
    Une grande réussite, assurément.

    05/01/2022 à 12:47 12

  • L'Affaire de l'auberge rouge

    Stéphane De Caneva, Julien Moca, Didier Quella-Guyot

    8/10 Il est difficile de résumer en seulement 48 pages une affaire qui a marqué les débuts de la Monarchie de Juillet et qui est encore vivace de nos jours, comme en témoigne films, romans et recherche historique récents.
    Pourtant les auteurs s'en sortent bien et donnent l'envie de creuser dans d'autres lectures pour connaître le fin mot de l'histoire (le connaît-on vraiment ?) car ils laissent le doute s'immiscer même si j'ai trouvé qu'ils étaient plutôt du côté de l'innocence du couple Martin.
    Cette BD permet un premier contact intéressant avec cette sordide affaire, une lecture plaisante.

    30/07/2017 à 05:48 4

  • L'Âge bête

    Pierre Boileau, Thomas Narcejac

    8/10 C'est mon premier Boileau-Narcejac , après en avoir entendu tant de bien, il était temps !
    L'Âge bête est l'histoire de deux adolescents qui ont pour point commun d'avoir perdu un parent, de ne pas être très surveillés à la maison et d'être particulièrement perturbateurs dans le cours de leur jeune professeure de mathématiques. Suite à un cours qui dégénère, les deux élèves sont punis. Et pensent à une vengeance : kidnapper leur professeure. Une "simple blague" pour eux. Mais une blague qui va très mal finir...
    En lisant ce roman, j'ai pensé aux deux romans de Karine Giebel, Les Morsures de l'ombre et Le Purgatoire des innocents, ou encore à La vallée du renard de Charlotte Link, sûrement à cause du thème de la séquestration. Mais là où les deux femmes optent pour le sordide ou l'insoutenable, le duo Boileau-Narcejac choisit un suspense bien moins glauque mais tout aussi prenant. Le suspense est hyper bien maîtrisé, les rebondissements relançant sans cesse l'intérêt du roman. Les deux adolescents, particulièrement têtes à claques, deviennent plus attachants à mesure que leur histoire prend de l'ampleur. Et lorsque Lucien se retrouve tout seul suite à l'accident d'Hervé, la situation se complique vraiment...
    Une très belle découverte, j'ai hâte de lire le reste de la production de ce duo d'auteurs.

    23/08/2015 à 18:03 6

  • L'Année du lion

    Deon Meyer

    9/10 Beaucoup de choses ont été dites dans les précédents commentaires. Plutôt que de les répéter, je résumerai mon avis au fait que j'ai adoré me plonger, jour après jour, dans ce pavé, récit dystopique aux allures de conte inscrit dans une époque peut-être pas si lointaine mais que l'on espère ne jamais arriver.
    Écriture fluide qui nous entraîne avec aisance aux cotés de personnages attachants, au cœur d'une histoire captivante, un roman fabuleux, un vrai coup de cœur.
    L'Année du Lion fait partie, à n'en pas douter, des rares romans qui marquent considérablement et durablement une vie de lecteur. A découvrir sans attendre !

    23/04/2019 à 18:35 12

  • La 11e et dernière heure

    Maxine Paetro, James Patterson

    2/10 "La 11e et dernière heure" ou plutôt "la première et la dernière fois".
    Voilà comment je résumerai ma pensée après l'exécrable lecture de ce piètre roman, mon premier, et donc, mon dernier de sieur Patterson. Intrigues inintéressantes, personnages plats, écriture quelconque, mièvreries... Un thriller qui ne m'a jamais enthousiasmé et qui n'a d'ailleurs de thriller que l'étiquette. Il ne suffit pas d'introduire deux tueurs en série, d'accumuler les meurtres (avec au passage, un schéma très répétitif, déjà repéré par Dany33 plus bas) pour faire "thriller" (tressaillir en français) le lecteur.
    Non, c'est franchement mauvais.

    17/04/2023 à 15:32 6

  • La Daronne

    Hannelore Cayre

    8/10 Je rejoins l'avis de Jabba sur ce très bon roman : c'est bien ficelée, écriture et intrigue soignées, plume acérée et humour caustique, ça sonne juste et vrai, c'est par moments touchants (tout ce qui concerne la daronne et sa mère, les passages dans la maison de retraite c'est d'un triste...), c'est souvent drôle (tout ce qui touche les dealers notamment), la justice française en prend pour son grade, c'est jamais gratuit et c'est franchement bien pensé.
    Une belle réussite, j'ai beaucoup aimé la "voix" d'Hannelore Cayre dans ce roman.

    18/01/2018 à 21:56 12

  • La pâle figure

    Philip Kerr

    9/10 P. Kerr avait placé la barre haut après L'été de cristal... et il récidive avec ce brillant deuxième "tome" des enquêtes de Bernie Gunther, un privé dont l'humour permet de souffler un peu dans cette atmosphère étouffante du IIIe Reich en marche vers la guerre (les passages sur la géopolitique en 1938 sont intéressants). L'intrigue est solidement bâtie, prend des chemins frisant avec le surnaturel (la scène de spiritisme avec Himmler, il faut quand même pas mal d'audace pour l'écrire !) pour déboucher sur l'Histoire, celle qui hante encore nos générations. J'ajoute que le titre (tant original que français) est rudement bien choisi.
    Kerr a ce talent de réunir un privé aux accents "chandleriens", un cadre et des personnages issus de l'Histoire et fidèlement restitués et des intrigues bétons. Franchement, chapeau !

    17/05/2016 à 21:55 12

  • Le Polar pour les nuls

    Marie-Caroline Aubert, Natalie Beunat

    8/10 J'ai pris un immense plaisir à la lecture de ce "Polar pour les nuls".
    Disons-le tout de suite : je pense qu'un novice sera un peu perdu par la profusion de titres et d'auteurs mentionnés dans cet ouvrage. Ecrit par deux passionnées de polar (cela se sent dès l'introduction), je trouve qu'il s'adresse davantage aux amateurs. Mais les passionnés comme moi se régalent aussi !
    Allez, je commence par un regret : la partie dédiée aux auteurs scandinaves est trop peu étoffée à mon goût. Quelques rares auteurs majeurs (du moins à mes yeux) sont absents (je pense notamment à Fredric Brown). Voilà pour les critiques.
    Mais elles tiennent une place mineure en comparaison des très nombreuses qualités de cet ouvrage. Organisé en 6 parties ("le roman de détection", "l'avènement du roman noir", "créateurs et créatures", "miroir, mon beau miroir", "vers un avenir radieux ?" et "la partie des dix") contenant en tout 27 chapitres ainsi que deux index en fin d'ouvrage (auteurs et œuvres), j'ai adoré me plonger quotidiennement dans cette petite bible du polar, affinant mes connaissances, ma "culture polar" et me donne une foule d'idées de lectures (notamment des titres de la première moitié du XXe).
    Emprunté à la bibliothèque, je vais très prochainement me l'acheter, considérant ce "Polar pour les nuls" comme un incontournable des mordus de polars comme moi. 8.5/10.

    21/01/2022 à 16:18 6

  • Le Syndrome Copernic

    Henri Loevenbruck

    9/10 Harponné dès les premières minutes (livre audio) par cette première scène apocalyptique, j'ai tout de suite accroché au roman et à son personnage principal, Vigo Ravel, vis-à-vis duquel j'ai presque immédiatement ressenti de l'empathie.
    Cet homme, seul survivant de l'attentat, est atteint de schizophrénie et en partie amnésique. Du coup, doit-on le croire, lui qui entend des voix ? Il aurait entendu les voix des terroristes, ce qui lui a permis de sortir du gratte-ciel avant que celui-ci n'explose, mais est-il un témoin crédible ?
    Raconté à la première personne, on partage les doutes et les douloureuses révélations sur le passé de cet homme, dont toute trace avant l'attentat semble avoir disparu : ses parents, son psychiatre etc...
    Heureusement, dans ce tunnel sans fin, une lumière en la personne d'une jeune flic, va peut-être l'aider à y voir plus clair...

    J'ai trouvé ce thriller palpitant, j'ai écouté fébrilement l'interprétation remarquable de Christian Formont pendant ses 14 heures de lecture, avec l'envie chevillée au corps, comme Vigo, de savoir ce qui se tramait derrière cette schizophrénie doublée d'une amnésie.
    L'enquête que doit mener Vigo permet d'aller de révélation en révélation, et j'ai été bluffé par la manière dont Henri Loevenbruck nous amène vers le fond de son histoire, très pertinente et que je vous invite vraiment à découvrir. J'ajoute que les pensées philosophiques (notamment à travers les fameux "carnets moleskine") qui parsèment le récit sont aussi fort pertinentes et amènent un degré d'érudition qui ne fut pas pour me déplaire, bien au contraire.
    J'ai quitté à regret Vigo et cet obsédant "Protocole 88"...

    Cela fait quelques temps déjà que j'ai un peu (beaucoup) lâché les thrillers mais si j'en retrouve de cette qualité-là, je m'y remettrai avec grand plaisir !

    08/04/2018 à 20:04 12

  • Les eaux dormantes

    Pierre Boileau, Thomas Narcejac

    8/10 Deuxième Boileau-Narcejac pour moi et deuxième bonne pioche : on suit ici Denis, un jeune MSF de retour d'Asie (magnifique scène d'introduction en compagnie de rescapés de boat-people) pour se soigner. La disparition de son père l'oblige à revenir sur les terres de son enfance, au château, où sa mère, sa tante et sa soeur (attardée) vont tisser une toile autour de lui dont il sera difficile de sortir. Le personnage principal nous est tout de suite sympathique et on s'interroge avec lui (récit à la première personne, adressé à un ami qui pourrait être le lecteur) sur cette étrange disparition : suicide, meurtre, fuite... ? L'ambiance des petits villages de province, les paysages des marais de la Brière... tout est parfaitement retranscrit. La tension va crescendo jusqu'au dénouement final et les questions qui trouvent enfin des réponses. Vraiment, très réussi !

    23/03/2016 à 12:55 6

  • Les Marécages

    Joe R. Lansdale

    9/10 Difficile de dire mieux que les précédents avis. Je m'ajoute au concert de louanges et aux nombreux 9/10.
    Oui ce livre est excellent, et comme l'a dit Emil', c'est un roman sur la relation père/fils, la famille, un roman initiatique dans lequel Harry va passer (et nous avec) par de nombreuses émotions, davantage qu'un roman noir sur le Sud raciste des États-Unis dans les années 30 (attention la contextualisation historique est très réussie, mais n'est pas forcément au cœur du récit, à mon humble avis, même si elle permet d'expliquer certains fils de l'intrigue, évidemment).
    Joe R. Lansdale brosse une galerie de personnages bien creusés, attachants ou détestables mais dont aucun ne peut laisser de marbre. Et décidément, cette partie des États-Unis (l'East Texas) recèle d'histoires et anecdotes intéressantes, qu'on a l'habitude de voir plutôt du côté de la Louisiane (en tout cas avec nos yeux de lecteurs français).
    J'ai adoré pendant une semaine me plonger dans ce livre à la lecture si plaisante et j'ai repoussé le moment où je devrais finir ce livre. Pas loin du coup de cœur donc, seul certaines filiations m'ont semblé un peu capillotractées.
    Assurément un roman marquant, que je vais probablement garder longtemps en mémoire.

    14/01/2017 à 13:03 12

  • Les Refuges

    Jérôme Loubry

    6/10 Après un début auquel j'ai peu accroché (une bonne centaine de pages avant d'avoir un premier vrai rebondissement), je me suis laissé prendre au jeu. Mais après quelques semaines, qu'est-ce que j'en ai retenu ? Hélas pas grand chose. J'ai aimé l'univers étrange et un brin angoissant sur l'île, j'ai trouvé l'intrigue plutôt bien fichue, mais sans que cela me marque au-delà de quelques jours après sa lecture.
    Au final, un roman dont j'attendais sûrement trop, pas désagréable à lire loin s'en faut, un "page-turner" que j'aurais aimé dévorer il y a quelques années mais qui n'est plus vraiment ma came aujourd'hui, sans pour autant que je ne comprenne pas que d'autres aient pu prendre grand plaisir à sa lecture. A chacun.e de se faire son propre avis.

    24/12/2019 à 09:40 12

  • Marée d'équinoxe

    Rolf Börjlind, Cilla Börjlind

    6/10 Un meurtre absolument sordide en ouverture (j'ai rarement "lu" plus sordide), un cold case déterré par une étudiante en école de police, voilà qui a de quoi harponner l'amateur de thrillers !
    Et les deux premières heures d'écoute (livre audio) confirment ces bonnes dispositions mais le rythme perd en intensité, l'héroïne manque de personnalité, bref on en vient à s'ennuyer. Des scènes mémorables cependant, comme celle d'ouverture mais aussi celle de "kids fighting", font que le roman est loin d'être mauvais, d'autant plus que lorsque toutes les pièces du puzzle sont assemblées, l'intrigue a fière allure, avec des thèmes abordés aussi éclectiques qu'intéressants (pêle-mêle : les SDF, les combats d'enfants, l'exploitation minière en Afrique, les hautes sphères politico-économiques etc...) et un twist final excellent. Hélas, des longueurs et un rythme trop haché m'ont fait décrocher de temps en temps. En outre lecture de Françoise Miquelis manque de peps...
    Bref, un thriller qui n'a malheureusement pas tenu toutes ses promesses ; malgré d'excellents ingrédients sur le papier, la recette n'a que fonctionné par intermittence.

    19/04/2019 à 18:20 6

  • Mygale

    Thierry Jonquet

    9/10 Un récit court mais diablement efficace, une plongée glauque dans le passé des personnages, une sombre histoire de vengeance, derrière une porte aux verrous fermés de l'extérieur... Depuis, on a fait encore plus noir mais en 1984 ce livre était probablement un summum de noirceur. A découvrir, un incontournable du genre.
    Thierry Jonquet fut décidément un auteur au talent incontestable et multiple. Je n'ai pas vu la libre adaptation cinématographique de Pedro Almodóvar, mais je pense corriger cela assez rapidement, hanté par le roman...

    05/06/2016 à 11:40 12

  • Power

    Michaël Mention

    10/10 Dans ce roman magistral, fruit d'un travail préparatoire qu'on imagine colossal et d'un talent exceptionnel, c'est un Michaël Mention au sommet de son art qui nous entraîne dans une époque fidèlement restituée, bouillonnante, effervescente et tout simplement passionnante. Il s'appuie sur des personnages attachants, devenant tous, à leur insu, pions d'un jeu macabre, d'une manipulation ignoble orchestrée par le FBI. On partage leurs combats, leurs idéaux, leurs rêves, portés par un désir d'égalité encore brûlant d'actualité.
    Power, c'est une véritable démonstration, un sujet (ou plutôt des sujets) maîtrisé(s) de bout en bout, des destins qui se télescopent, des histoires dans le tourbillon de l'Histoire.
    Power, c'est surtout un roman qui devrait être largement lu et partagé. Un immense coup de coeur.

    26/05/2018 à 18:53 12

  • Qui voit son sang

    Élisa Vix

    8/10 "Qui voit Ouessant, voit son sang".
    Voilà le dicton sur lequel se base cette histoire, entre Martinique et Bretagne, en passant par Nantes ou encore La Rochelle et ce à trois époques différentes.
    Alors, les espoirs de Rose et de son chevalier servant Lancelot vont-ils se fracasser sur les rochers de l'île d'Ouessant ? La réponse (ou pas, vu la fin sibylline concoctée par l'autrice) dans cette histoire particulièrement addictive, qui se dévore à cent à l'heure, tant par son rythme trépidant que par sa relative concision (une constante chez Elisa Vix), sans oublier des personnages marquants.
    J'ai pour ma part adoré ce titre très réussi, j'ai envie de dire une fois de plus avec Elisa Vix, tant cette auteure nous régale, roman après roman.

    01/01/2023 à 10:56 12

  • Blood & Sugar

    Laura Shepherd-Robinson

    8/10 Lu il y a quasi un an. Le sujet, peu traité dans le monde du polar, à savoir l'esclavage (et plus précisément ici les débats liés à son abolition en ce XVIIIe siècle finissant), m'intéresse beaucoup. J'étais donc très curieux de savoir comment Laura Shepherd-Robinson allait s'en tirer.
    Force est de constater qu'elle a écrit un premier roman fort réussi. Elle immerge avec aisance son lecteur dans l'époque d'alors, elle conte une intrigue qui, s'en être alambiquée, est très travaillée. Elle croque des personnages marquants, à commencer par Tad Archer, son héros.
    Bref elle captive son lectorat et fait montre d'une belle maîtrise pour un premier roman.
    Indéniablement une auteure à suivre.

    08/07/2023 à 19:36 11