C'est l'histoire de la Série Noire (1945-2015)

3 votes

  • 10/10 J'ai lu avec passion cet ouvrage destiné à célébrer les 70 ans de la Série Noire que j'ai découvert assez tardivement. L'approche est chronologique et plusieurs pages sont dédiées à des thèmes divers comme le projet "Série rouge" finalement abandonné, la "Série Noire et le cinéma" (passionnant) ou encore "La Série Noire et le roman noir américain", le tout agrémenté de nombreuses photos, documents d'époque, pièces d'archives (notamment p.190 à 239).

    On y découvre la genèse de la SN avec, dès les années 1920-30, des collections comme "Les Chefs-d'oeuvre du roman feuilleton" (Gaston Leroux, Gustave Le Rouge...), "Les Chefs-d'oeuvre du roman d'aventures" (Van Dine, Edgar Wallace...), "Détective" (Gaston Boca, Raymond Fauchet, Noël Vindry, Ellery Queen, Earl Stanley Gardner, Leslie Charteris...) ou encore "Le Scarabée d'Or" (1936) avec notamment Rex Stout en fer de lance.
    C'est en 1945, avec Marcel Duhamel à sa tête, que naît la Série Noire, marquéé tout d'abord par les deux anglais Peter Cheyney et James Hadley Chase. Dans une France marquée par la disette de romans noirs "américains" (écrits d'abord par des Anglais) durant la Seconde Guerre mondiale, le succès est au rendez-vous. Les 6 premiers titres (de 1945 à 1947) se vendent à 70 000 exemplaires.
    1948 marque le "véritable lancement" (p.36) de la SN avec un rythme de parution plus élevé et des tirages plus importants. Le manifeste de la collection, signé Duhamel, date d'ailleurs de cette année-là.
    Arrivent alors à la SN des auteurs mythiques comme James M. Cain, Raymond Chandler, Don Tracy... Le premier français publié (décembre 1948), Serge Arcouët, doit prendre le pseudonyme de Terry Stewart.
    Face au succès, Gallimard lance une 2e collection, intitulée "Série Blème" (1949). Sensée accueillir les "suspense stories", avec un rythme d'une parution par mois, cette collection est un échec et est arrêtée deux ans plus tard, avec 22 titres au total (dont certaines seront republiés dans la S.N.).
    Les années 1953-54 marquent la "percée des Français" avec Albert Simonin et son Touchez pas au Grisbi ! (meilleure vente de l'histoire de la SN avec 215 000 exemplaires vendus avant 1971), ou encore Auguste Le Breton et Dominique Ponchardier (avec sa série "Le Gorille").
    Après 10 ans, la SN cartonnne : plus de 230 titres parus et 10 millions d'exemplaires vendus !
    1959 marque l'entrée de l'auteur le plus prolifique jusqu'ici de la SN, Carter Brown (+ de 120 titres entre 1959 et 1974 !).
    Les années 1960-70 sont marquées par une production quasi-industrielle avec la parution de 6 titres par mois. Un tirage moyen d'un titre de la SN se situe aux environs des 30 000 exemplaires par titre dans les années 60, 22 000 en 1978.
    En 1977, Marcel Duhamel s'éteint, après 33 ans à la tête de la Série Noire, remplacé par Robert Soulat. Deux ans auparavant, la SN connaissait une crise importante avec 15 titres publiés en 1975 et seulement 5 en 1976.
    La concurrence de la "Super Noire" en 1974 n'était pas pour rien dans cette crise (Super Noire qui s'arrêtera finalement en 1979 avec 134 titres parus).
    Une partie fort intéressante est dédiée à la concurrence de la SN. En effet, pas moins de 35 collections de romans policiers et d'espionnage coexistent durant ces décennies, chez Calmann-Lévy, Denoël, Fayard, Fleuve Noir (Spécial Police, Engrenage, San Antonio), Lattès, Plon (SAS), Presses de la Cité, Rivages/Noir (1986), Rivages/Thriller, Oswald, Albin Michel (Spécial Suspense)...
    Fin années 1970-début 1980, de nouveaux auteurs français intègrent la SN : Hervé Prudon, Joseph Bialot, Philippe Conil, Tito Topin, Jean-Paul Demure suivis par, en 1984-85 (années exceptionnelles !) Didier Daeninckx, Jean-Bernard Pouy, Marc Villard, Thierry Jonquet, Daniel Pennac !
    En 1991, Robert Soulat est remplacé par Patrick Raynal (interview p. 134 à 142) qui abandonne la contrainte d'un nombre de pages maximum (jamais plus de 250 jusqu'ici, souvent aux alentours de 180) et contribue à l'arrivée d'auteurs venus du monde entier (et plus seulement français ou anglo-saxons). Il laisse à son tour la place à Aurélien Masson en 2005. En juin 2015, Le Dernier coup de Kenyatta de Donald Goines est le dernier SN numéroté (n°2743).

    Que l'on soit amoureux de cette collection ou totalement novice, on ne peut ressortir indifférent de la lecture de cet ouvrage fascinant dédié à une collection mythique tout autant fascinante. Dire que j'ai adoré cette lecture est un euphémisme !

    23/04/2019 à 17:46 LeJugeW (1810 votes, 7.3/10 de moyenne) 4

  • 8/10 Riche des nombreuses explications et autres anecdotes passionnées et passionnantes de spécialistes du genre, abondamment illustré, cet album est un must read pour tout amateur de la Série Noire.
    Il comblera aussi sans doute chaque passionné de polar ayant un tant soi peu de curiosité pour l'histoire du genre et le monde de l'édition.
    De la bien belle ouvrage.

    30/03/2018 à 15:01 Hoel (1163 votes, 7.6/10 de moyenne) 5

  • 9/10 L’ouvrage est vraiment très bon, à la fois sur le plan du contenu, qui restitue parfaitement l’histoire de cette aventure éditoriale avec de très nombreuses reproductions de documents d’archives liés à cette histoire (courrier, jaquettes, publicité, ) et sur le plan de l’iconographie également très riche. C’est aussi un bel objet même si la maquette n’est en revanche pas très originale. Si on est un fan absolu, on complétera avec « Les auteurs de la série noire » . Avec notamment des contributions des grands spécialistes que sont Claude Mesplede, Franck Lhommeau (Revue Temps noir) et Benoit Tadie

    09/02/2018 à 12:58 Kafka65 (80 votes, 7.4/10 de moyenne) 6