clemence

339 votes

  • Toute la violence des hommes

    Paul Colize

    9/10 La couverture fait écho au titre : on est directement au parfum, l'histoire ne va pas être un conte de fées.
    Et puis, on se laisse porter par cette histoire un peu rocambolesque, le voyage spatiotemporel et les fils qui s'entremêlent, marque de fabrique de l'auteur, déconcertent et captivent.
    Qui est ce Nikola, artiste supposé des fresques crues peintes sur les murs citadins ? A-t-il tué sa compatriote Ivanka, prostituée ? Tout l'accuse, mais pourtant il affirme qu'il n'est pas responsable de sa mort. Pauline Derval, austère directrice du centre où est placé l'énigmatique Niko en observation, est perplexe face à son cas.
    Au fur et à mesure du livre on découvre des éléments de la vie de NIkola qui vont venir s'agréger au puzzle de ce qu'il s'est passé le jour du meurtre d'Ivanka.
    Les personnages sont tour à tour drôles, émouvants, froids, humains, et c'est la larme aux yeux que j'ai refermé cette très belle histoire. Un bon numéro que ce dernier opus colizien !

    16/03/2020 à 14:07 11

  • Animal

    Sandrine Collette

    9/10 Chut, la traque a commencé, les sens en alerte. L'ours dans une première partie, le tigre dans la seconde. Sauf que ces chasses, ce sont celles que se livre Lior, héroïque chasseresse d'une ténacité troublante, à la Turtle (My absolute Darling).

    C'est donc le troisième roman de l'auteur que je parviens à terminer. Cette fois ci, avec la boule au ventre de l'émotion. Ce roman fait partie de ceux qui peuvent parler au coeur (c'est mon cas), tout en restant parfaitement hermétique à d'autres. Animal sera loin, j'en suis sûre, d'être un bouquin aux avis unanimes.

    Dans l'immédiat, je retiens tout, de la poésie électrique des espaces de la montagne et de la jungle à la profondeur des mots choisis - des descriptions dont la beauté a provoqué en moi des palpitations de bonheur (l'exubérance de l'eau qui jaillit d'une source enfouie dans le secret de la terre, par exemple), en passant par une construction tendue, unique, presque sobre si le décor n'était en lui même pas si foisonnant et exaltant.
    J'ai adoré Lior, qui pourtant n'est pas un personnage de qui on se sent proche.
    Et puis, la fin. D'une puissance ...animale.

    23/03/2019 à 21:48 10

  • Et toujours les Forêts

    Sandrine Collette

    8/10 On ne reste jamais insensible aux romans de Sandrine Collette.
    L'histoire de Corentin, cet enfant non désiré, malmené, est l'histoire de ce livre post apocalyptique.
    Le sujet est cher à l'auteur. Il est traité avec de la lumière là où le soleil a déserté la Terre. Ce défaut de lueur marquera tout le roman qui s'inscrit dans le clair-obscur permanent: par exemple, Corentin déniche un chien aveugle dans la forêt dévastée, ce paradoxe est d'une émotion indescriptible.

    La réflexion que génère la lecture de ce roman à l'heure où l'Australie brûle dans une atmosphère de fin du monde laisse perplexe sur notre course à la consommation de nos ressources.

    Sandrine Collette signe un livre atemporel et dense, qu'on referme la boule au ventre.

    05/01/2020 à 08:40 10

  • Femme sur écoute

    Hervé Jourdain

    8/10 Une découverte de qualité, un roman choc, un policier comme je n'en ai pas lu beaucoup. On a l'impression que ça part dans tous les sens et puis soudainement la maille se tisse et ça en devient brillant. Je l'ai lu en deux jours et c'est certainement souhaitable car sinon j'imagine qu'on peut s'y perdre.. Et encore. Les personnages que l'on suit de manière privilégiée sont nombreux, l'équipe de la Crim' dans tous ses niveaux hiérarchiques, les plaignants, les coupables, victimes, journaleux, etc. Mais j'ai développé une affection particulière pour le lieutenant Lola Rivière, si intense dans sa relation à la vie ! Comme dans la réalité, les personnages ont leurs failles (certains sont plus détestables que d'autres) et ce roman brille (aussi) par l'intelligence de la relation humaine. L'intrigue est fouillée et précieuse, riche et détaillée. En un mot, wahou !

    08/08/2017 à 19:42 10

  • L'Empathie

    Antoine Renand

    4/10 On se promène de lieux communs en misérabilisme latent, sautant joyeusement de semaines en mois puis en années. Les flash backs permanents servent à donner corps à une bien pauvre intrigue où l'auteur a voulu placer au premier plan la psychologie de ses personnages. C'est mauvais.

    Tout le livre sent la délectation malsaine et comme pris d'un remord, l'auteur nous sort un pied de nez sous forme de happy end de seconde zone. Ce premier roman utilise la sauce trauma dans l'enfance (deux individus qui , bizarrement , ne parviendront pas à s'aimer, dommage c'est loin d'être du Shakespeare ), scènes de violences sexuelles répétitives et bien degueu (avec en prime non pas une mais deux voire trois histoires de prédateurs sexuels ), de tours de magie pour expliquer quelques prouesses, des medias, la vie parisienne, et hop, l'affaire est dans le sac !

    450 pages qui font le buzz et qui ne me laisseront que le goût amer d'avoir perdu trois soirs de lecture. Suivant !

    22/02/2019 à 20:22 10

  • La Vallée

    Bernard Minier

    8/10 Excellent tome de la série des Servaz qui n'est pas sans rappeler une nouvelle parenté avec Grangé.
    J'ai bien aimé avoir lu Le Cercle et N’éteins pas la lumière juste avant car il y a de nombreux rappels qui enrichissent la lecture. Toutefois, l'atmosphère confinée de la vallée est oppressante à souhait et les tenants et les aboutissants de l'histoire sont ceux d'un bon thriller qui respecte les codes et qui mènent le lecteur à un rythme fou, qu’on ait lu ou non les autres récemment.
    Je minore un peu ma note car j’ai été déçue par des détails du dénouement , qui sont absolument incongrus et qui ne vont pas dans le sens de l’histoire... en tout cas Martin Servaz se retrouve confronté à ses vieux démons mais Minier n'a pas trop joué sur les violons (et heureusement).
    Un roman qui ravira les amateurs de la série des Servaz, bien supérieur à Nuit selon moi (et j'ai fait l'impasse sur Soeurs qui ne me disait rien). A la hauteur du Cercle et de N'éteins pas la Lumière.

    24/05/2020 à 20:28 10

  • Lëd

    Caryl Férey

    10/10 Somptueuse onde poétique, ode minérale, tempétueuse grâce sibérienne, Lëd m'a subjuguée. Je suis restée quelques jours à Norilsk, prisonnière de cette intensité. Histoire viscérale, j'ai retrouvé au détour des pages et des personnages de Gleb et Dasha la virtuosité des mots de Marcus Malte. La galaxie des personnages se meut dans la grandeur russe, dans l'immensité violente de cet abrupt territoire.
    Le rock'n roll Caryl Ferey signe là un excellent livre, sinon son meilleur roman.

    15/01/2021 à 14:00 10

  • Les Larmes noires sur la Terre

    Sandrine Collette

    9/10 Peu convaincue par mes lectures de l'auteur (j'ai commencé je crois tous ses romans, je suis allée au bout d'un seul, et donc de deux, désormais), je me suis penchée sur ce roman dans le cadre du prix PP. Quelle découverte, âpre comme un fond de théière qui aurait infusé 12 heures ! Puissante également, par le désarroi de Moe et les rencontres déterminantes de sa famille de la Casse, ces paumées qui se rassemblent sans illusions. J'ai été bouleversée par le petit Côme et la notion de fatalité, de destin, de libre-arbitre qui émergent autour de lui et de sa vie à venir. C'est peut être bien cette thématique qui m'a chamboulée, plus que le reste.
    Le décor futuriste est rarement ma tasse de thé toutefois l'alternance entre des événements connus et fondateurs des années 2010 (les attentats, des séismes, etc) et la Casse permettent de s'y retrouver et de naviguer aisément. Les turpitudes sans appel de la noirceur humaine sont béantes tout au long du roman, j'ai eu l'impression que je n'en sortirai pas vivante, happée par l'outrenoir.
    De fait, j'ai une féroce envie de voir le jour en fermant ce roman. Qui émerge, par touches, brillantes, salvatrices.
    Le noir-lumière, concept couleur inventé par Soulages (je lui ai déjà emprunté son outrenoir il y a un instant), se prête à merveille pour la vie de Moe, petit fagot de bois de vie bringuebalé bien loin de son île ensoleillée.
    Sandrine Collette disperse dans les pages de son livre une multitude de pistes narratives (des biographies, du récit, des souvenirs, de l'attente et même du suspense) qui ont en commun la douceur de sa plume et la recherche du verbe et du mot. Ca ressemble parfois à quelque chose de simple, c'est toujours fluide, travaillé.
    J'étais passée à côté de son talent jusqu'à présent.

    30/01/2018 à 21:15 10

  • Lontano

    Jean-Christophe Grangé

    8/10 Oh, un Grangé qui nous fait le coup d'une intrigue en deux volumes ! Etonnant. Surprenant aussi le coup diabolique de la magistrale pirouette à invraisemblances (les morts qui emportent leurs secrets, c'est teeeellement pratique). Attachants, toutefois, ces membres du clan Morvan. Chez ces gens là, on ne se contente pas d'aller mal, on trahit, on se détruit, on se défonce, on tue, on jet-set, on avale des kilomètres en avion, on biaise, on vit en XXL. Et quand on tutoie la dentelle italienne, c'est pour mieux la trainer dans la crasse la plus immonde. Explosion de tensions, d'odeurs, de nuit, de péripéties (donc), d'allers-retours foufoufou. Bon, ça reste du Grangé, 777 pages qui s'avalent en 36 heures, avec l'impression finale de s'être fait méchamment prendre au piège. Habile.

    07/07/2016 à 09:28 10

  • Plateau

    Franck Bouysse

    10/10 Plateau est un territoire à partager, les sens aux aguets.
    Ce roman excelle dans la puissance du silence, les contre-jours, le balancier des tempéraments, le souffle de la vie qui vibre, un peu, beaucoup, passionnément.
    L'écriture de Franck Bouysse est sculptée, poétique, précise. Un délice, la vie qui court.

    12/04/2016 à 20:17 10

  • Toutes blessent, la dernière tue

    Karine Giebel

    8/10 Horriblissime, parce que tellement réel.
    Karine Giebel signe un de ses sinon son meilleur roman dans le fond et la thématique . La forme reste celle qui lui est propre, phrases courtes et percutantes, dialogues très vifs et nombreux, ce n’est pas le génie du style littéraire qu’on cherche en ouvrant un de ses bouquins.

    J’ai grandi depuis que j’ai lu Meurtres pour Redemption, et ce n’est pas un mal car l’histoire de Tama, proche de celle de Marianne, est vraiment difficile à lire. On parle là d’une fillette arrachée à sa famille à l’âge de 9 ans pour servir des foyers français, dormir dans des placards et être violee à l’occasion .. au cours des 750 pages, il y en a des chocs.
    J’ai lu l’histoire d’une traite car j’étais en apnée et nauséeuse, je voulais connaître la suite. On n’est pas dans le documentaire, ce n’est pas le propos de la romancière, mais je n’ai aucun doute sur la réalité de la situation. Je ferme le livre et je reste prostrée. Que faire ...
    Le sujet est alarmant et terriblement préoccupant car les servitudes de cette nature existent et existeront, sont et seront toujours cachées. “Toutes blessent , la dernière tue” n’est probablement pas un roman que je conseillerai à un public qui ne connaîtrait pas l’auteur.
    Violence sourde, rare, profonde. Du Giebel grand cru.

    22/11/2018 à 21:54 10

  • Toxique

    Niko Tackian

    7/10 Toxique, ou comment s'imbiber de maladie(s) mentale(s) sans s'en apercevoir ... Sans dévoiler ce qui fait la force des romans de Niko Tackian (les révélations à double sens, là où ne les attend pas ou peu), ce roman est très rythmé et intense.
    Tomar est un commandant torturé, son équipe de flics se construit à travers ses yeux et ses sens, on commence à entrevoir les failles et la force de l'homme, tous les ingrédients de la mise en place du perso récurrent sont là, et gracieusement disposés. J'ai trouvé du Sharko dans ce commandant aux origines kurdes : je souhaite à son auteur une aussi belle carrière pour son héros. Un très très bon policier. Oscars des seconds rôles pour Berthier et Rhonda, deux secondaires de la pas-si-ombre en qui je décèle beaucoup de lumière. A confirmer avec la suite !

    07/01/2018 à 12:22 10

  • Zanzara

    Paul Colize

    9/10 Un Colize comme on (je) les aime, action, amour, rebondissements et galerie de personnages colorés. Qu'ils soient protagonistes principaux (Fred le barge, la drôle et délicieuse Camille, l'équipe fantasque du Soir en ligne) ou secondaires (l'influencable Raf, l'exceptionnel Jeremy, le bavard Tadeusz, les parents de Fred, le cryptique Lexus), voire secrets (qui est Greg ?) , chaque perso a son caractère qu'on prend le temps de connaître et d'apprécier. L'intrigue, dans tout ça, passerait presque au second plan sans le talent de l'auteur à nous harponner et à faire de cette histoire folle un petit documentaire fort bien renseigné sur un fait divers méconnu. J'ai adoré !

    12/03/2017 à 17:23 10

  • Attends-moi au ciel

    Carlos Salem

    8/10 " - Maintenant, à toi de faire en sorte que ça en ait valu la peine.
    Drôle d'expression, non ? On nous apprend que réussir sa vie vaut la peine, plutôt que la joie."

    Et bien, c'est un livre sacrément réussi.
    Drôle, cynique, amoral parfois et parfaitement écrit. Le rythme est donné d'entrée de jeu avec le chapitre d'ouverture. Piedad, fraîche veuve, découvre à l'aube de ses 50 ans et à la faveur de la mort (du meurtre) de son mari, qu'elle s'est fait berner tout au long de son mariage, de sa vie. Un peu malgré elle, son Autre Elle va l'aider à récupérer son argent dépensé par feu son mari, et sa dignité. Un roman qui oscille en polar et comédie, frais et divertissant, pas si commun dans mes dernières lectures.
    Rayonnant !

    17/02/2019 à 09:23 9

  • Aux animaux la guerre

    Nicolas Mathieu

    8/10 La sagacité brute de ce quotidien vosgien m'a émue, les accents sauvages de la vie qui coule dans un sens, dans l'autre, trouble et parfois limpide m'ont emportée dans la forêt de sapins le temps d'un week-end de lecture. Une histoire ni incroyable, ni merveilleuse, mais tout simplement réelle et diablement bien écrite.

    18/05/2015 à 07:17 9

  • Cry Father

    Benjamin Whitmer

    8/10 L'épaisseur et la densité du roman me restent en tête plus que l'histoire en tant que telle. Support au style même, on évolue dans une chronique qui n'est pas sans rappeler les chefs d’œuvre du "nature writing". Un livre parfaitement écrit.

    12/10/2015 à 12:18 9

  • Faims

    Patrick Senécal

    8/10 Une descente abyssale dans les faims les plus inavouées de l'homme, de vous, de moi. Le sujet est traité 100% Sénécal, de manière originale avec l'arrivée intrigante de ce cirque dont on découvre au fur et à mesure l'histoire. Une construction bien foutue, des personnages torturés, hauts en couleurs, solidement campés. L'enquête policière, à un second plan assumé, ne semble être là que pour servir de support aux agissements les plus vils. Moins hard qu'Hell.com, mais tout de même crissement bien fucké.
    Et vous, depuis quand avez-vous faim ?

    13/05/2016 à 20:52 9

  • L'affaire Clara Miller

    Olivier Bal

    9/10 Je ne connaissais pas l'auteur mais j'ai été séduite par le titre. L'affaire machin, ça fait un peu Dicker, un peu journaliste, un peu plein de rebondissements à la clé et l'épaisseur du livre me paraissait sujette à endosser tous ces clichés. Bien m'en a pris ! On plonge dans les travers de la vie d'une star planétaire, Mike Stilth, un monde où l'argent n'est pas un problème mais où tout se joue avec la presse (l'"Affaire" remonte à 1995), les paparazzis et les batailles d'avocats. Pour autant, le decorum sexe drogues et rock n' roll planté, on suit également dans ce roman choral les voix des enfants de Mike , son attachée de presse et Paul, le journaliste qui s'interroge sur des mortes en nombre aux abords du palace de la célébrité.
    Ce thriller classique, bien construit, se lit très confortablement et de manière compulsive, sans qu'il n'y ait réellement de "révélations", on sait globalement ce qu'il se passe assez vite. L'enjeu du récit tient à l'alternance des chapitres entre 1995 et 2006, au travers des voix des protagonistes, tous plus malmenés les uns que les autres. Une plongée dans un monde désargenté que j'avais rencontré dans "le chanteur " de Cathi Unsworth. Un thriller réussi pour les amateurs du genre.

    29/03/2020 à 13:42 9

  • L'Autre Reflet

    Patrick Senécal

    8/10 Un Senecal se dévore tout simplement d'une traite, et celui ci ne fait pas exception. On y retrouve la violence des Sept Jours du Tallion, la perversité de l'âme humaine, la noirceur des thématiques chères à l'auteur. En faisant de son personnage principal un écrivain, Patrick Senécal posent les questions sous-jacentes à la profession. (D)Écrire la violence engendre-t-il la violence ? Jusqu'où un auteur met il de lui dans un thriller ? Et puis évidemment, l'accent québécois ne gâche rien. Un roman éprouvant en câline, criss ...

    02/01/2017 à 18:47 9

  • La Police des fleurs, des arbres et des forêts

    Romain Puértolas

    8/10 La surprise a fonctionné chez moi dans ce roman à plusieurs étages !
    Je suis tombée sur ce roman par hasard, je n'avais pas aimé le Fakir mais là, la promesse était différente : alors, ça se tente.
    J'ai craint un peu la forme épistolaire et hachée le temps des premières 50 pages mais finalement le divertissement a primé et je salue la prouesse. Roman aussi rafraîchissant qu'une orangeade. A lire pour le plaisir de se faire avoir !

    22/07/2020 à 13:57 9