Le Dernier Arbre

(The Clearing)

6 votes

  • 9/10 Très beau livre qui nous emmène sur les pas des frères Aldrige, dans un bayou Louisiane. Tim Gautreaux dresse avec beaucoup de finesse et de sensibilité les portraits de Randolph, qui ne veut pas décevoir son père, Byron, revenu de France traumatisé par la guerre, de leurs épouses, des ouvriers de la scierie, des mafieux locaux, des représentants de l'ordre, des prostituées et tout ce petit monde qui se côtoie dans un milieu difficile. Il i fait chaud l'été, froid l'hiver, il pleut beaucoup, il y a des serpents, des moustiques, des alligators. L'alcool y fait des ravages, entrainant bagarre sur bagarre, de la violence et des morts à la clé, le racisme est omniprésent. Le style est très agréable à suivre, l'auteur fait lentement monter la pression comme celle des locomotives des trains, seuls liens avec l'extérieur suivis par les fils des téléphones. On sent la modernité qui pénètre lentement mais inexorablement dans cette nature sauvage, au rythme du travail des hommes. Après un avant dernier chapitre à la Ok Corral, le roman fini sur un ton désabusé, sur un air de fin de monde, qui tombe avec l'abattage du dernier arbre. C'est un roman proche de Serena de Ron Rash, sur le même sujet et de la même qualité d'écriture, avec ce souffle épique que secrète souvent ce genre de littérature américaine.

    19/01/2024 à 14:10 Surcouf (362 votes, 7.2/10 de moyenne) 2

  • 9/10 Ce "Dernier arbre" est un très beau roman qui sait poser les lieux, les personnages, les tensions et les sentiments. Nous sommes ici sur du temps long, avec des bouffées de violence perdues au milieu de la banalité du quotidien : la scierie qui débite sans faiblir les arbres majestueux qui l'entourent, mais aussi les ouvriers qui se battent parfois jusqu'à la mort et qui dépensent le peu qu'ils gagnent en boissons et en prostituées, le tout en pleine période de ségrégation et de prohibition. On meurt pour rien, parce qu'on a triché aux cartes ou qu'on prend une balle qui ne nous était pas destinée, mais la vie n'a de toute façon que peu d'importance ici. Le climat tient aussi une place primordiale, humide et étouffant, et la nature hostile n'est jamais loin, qu'elle prenne la forme de moustiques porteurs de maladies ou d'alligators qui emportent les hommes dans la nuit. Au milieu de tout ça, des hommes, meurtris, frustrés, tourmentés, et aussi quelques femmes qui n'ont rien à leur envier. La comparaison avec Ron Rash a déjà été faite, et je la trouve d'autant plus juste que, comme ce que j'ai lu de Rash, on a assez peu de surprise en lisant ce livre, tout semble normal et si quelque chose arrive, aussi tragique soit-il, c'est que ça devait arriver. L'écriture est belle mais aussi très fluide et surtout elle sait se faire oublier, Gautreaux n'étant jamais dans l'esbroufe. On n'est pas non plus dans un roman écologiste, puisque ce serait complètement anachronique compte tenu du milieu dans lequel se passe le récit (des gens qui partent quand il n'y a plus rien à gagner, en ne laissant que le vide derrière eux, avant d'aller dévaster un autre endroit) et de l'époque (les années 20), mais pourtant, de temps à autre, on voit bien que les personnages principaux sentent dans leurs tripes que ce qu'ils font est injuste et absurde, et qu'ils savent déjà que certains souvenirs les poursuivront à jamais.

    16/04/2021 à 09:40 Horatio (294 votes, 7.5/10 de moyenne) 5

  • 5/10 Que le roman soit bien écrit, je ne le conteste pas, que Tim Gautreaux ait du talent, c'est certains, mais la magie n'a pas opéré sur moi. Je me suis ennuyé comme rarement. Après une entrée en matière que j'ai trouvé interminable, quand il commence à y avoir un peu d'action, celle-ci est diluée par des descriptions trop longue. Au final, cela a émoussé mon intérêt et je n'ai jamais été captivé par ma lecture. Une grosse déception.

    17/04/2020 à 23:24 ericdesh (933 votes, 7.4/10 de moyenne) 1

  • 10/10 Ce roman est un véritable bijou, et une sacrée découverte ! Une très belle plume puissamment évocatrice porte ce texte magnifique, absolument captivant et totalement immersif tant il transporte le lecteur dès les premières pages dans un voyage au fin fond des bayous de Louisiane dans les années 1920. À la fois sombre avec ses flambées de violence, poisseux et poignant, baigné d'une atmosphère moite saisissante, Le Dernier Arbre véhicule une palette riche en sensations et en émotions diverses, à travers des personnages éblouissants qui, tous, touchent le lecteur en plein coeur, y compris lors de scènes plus lumineuses. La relation, pourtant compliquée au début, entre ces deux frères est fascinante.
    Ce premier roman exceptionnel de Tim Gautreaux possède un grand souffle romanesque et révèle l'un des plus grands talents de la littérature américaine, qui n'a pas à rougir des comparaisons faites avec Faulkner ou, plus proche de notre époque, Ron Rash.
    À découvrir sans faute pour tous les amateurs de grands romans noirs... et de belle littérature américaine !

    10/12/2015 à 11:07 Norbert (308 votes, 6.9/10 de moyenne) 8

  • 9/10 Hasard de mes lectures, j'ai débuté "Le dernier arbre" peu de temps après avoir achevé la lecture d'un autre grand roman, "Serena" de Ron Rash, qui mettent tous deux en scène des personnages d'exploitants forestiers dans les Etats-Unis de la première partie du XXème siècle, les années 20 chez Gautreaux et les années 30 chez Rash. Dans les deux cas, le lecteur retrouve une nature dévastée au coeur de l'intrigue, mise en parallèle avec la nature humaine capable de destruction et de sauvagerie. Ici, Randolph Aldridge est chargé par son père d'exploiter une forêt perdue au fin fond de la Louisiane et de reprendre contact avec Byron, son frère aîné qui a quitté sa famille sans donner de nouvelles après son retour de la Grande Guerre. Devenu constable de cet endroit paumé, il tente de faire régner l'ordre à coup de revolver et de manche de hache. Randolph, et par la suite sa femme, vont apporter la civilisation et la discipline dans cet endroit, au milieu de bucherons qui perdent leur paie dans le saloon régi par des mafieux siciliens. Un grand roman sur la fraternité et la filiation, sur l'abnégation, sur la colère, la violence et la folie, sur la place de l'homme face à la nature... Et Gautreaux, comme Ron Rash, savent peindre de beaux personnages féminins, capables de rivaliser et de s'imposer face aux hommes.

    25/11/2015 à 08:39 LeeWeel (357 votes, 7.9/10 de moyenne) 6

  • 10/10 Très beau roman de Tim Gautreaux qui nous emmène dans les années 20 en Louisiane partager la vie d'exploitants forestiers.
    C'est poisseux, sombre, violent à souhait, magnifiquement écrit avec saupoudrées ça et là quelques métaphores savoureuses (ex: la sirène de la scierie émit un son strident comme une femme marchant sur un rat...)

    10/12/2014 à 14:20 TaiGooBe (188 votes, 7.6/10 de moyenne) 7