JohnSteed

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  • Les Soeurs de Montmorts

    Jérôme Loubry

    7/10 Camille, jeune journaliste, avide de son premier scoop qui pourrait lancer sa carrière, est emmenée en voiture par Elise, une mystérieuse jeune fille, qui souhaite lui faire toute la lumière sur des terribles événements et lui montrer de visu les lieux où ils se sont déroulés : le village de Montmorts.

    Il y a deux ans passés, ont lieu de nombreux cas de morts inexpliqués. Complots, phénomènes scientifiques inconnus, voire sorcellerie ?

    Tout a commencé quand Julien Perrault, nouveau chef de la police, a pris ses fonctions à Montmorts. Montmorts, rien que le nom fait froid dans le dos. Un mystérieux village dont l’histoire est remplie de sorcières tuées du haut de cette colline, donnant ce nom. Un village qu’Albert de Thionville, riche homme d’affaire, a privatisé et où il a construit un hôpital et un hôtel de police, bénéficiant de tous les équipements de dernière génération. Maire du village, il a souhaité que, contrairement à sa chère et très aimée fille cadette souffrant d’une grave maladie et morte du haut de Montmorts, tous les habitants y vivent en sécurité et en très bonne santé.

    Mais en ce mois de novembre, la neige commence à tomber. Et lorsque la neige commence à tomber à Montmorts, même si « ceci n’est qu’un flocon de neige », le malheur frappe à toutes les portes. Les maudites sorcières qui hantent les lieux commencent-elles à exécuter leur malédiction ?

    Dans cet opus, l’ombre du chef d’œuvre de Jérôme Loubry, Les refuges, plane à toutes les pages. Mais si le déroulé de l’intrigue est prenant, avec son lot de mystères, de sorcelleries et de scènes macabres, si les personnages sont aussi attachants qu’inquiétants, j’ai trouvé le dénouement aussi surprenant que décevant.

    08/11/2023 à 14:35 3

  • Le Bureau d'éclaircissement des destins

    Gaëlle Nohant

    9/10 Irène Martin travaille à l’ITS – International Tracing Service – bureau en charge de la recherche des disparus de la 2nde Guerre mondiale. En poste depuis 1990, Irène s’est installée à Arolsen où elle a construit sa ville de famille, éclatée depuis.

    En cette fin d’année 2016, Irène est chargée de la restitution d’objets aux familles des déportés de la Shoah, des « politiques », des « asociaux », des homosexuels, des travailleurs forcés. Des objets qui n’ont aucune valeur marchande, méprisés par les voleurs, délaissés par les assassins, mais qui peuvent avoir une valeur sans commune mesure pour les descendants de ces personnes.
    Irène ne sait pas encore que les enquêtes qu’elle va mener pour restituer un médaillon et une peluche pierrot à ses propriétaires ou descendants va bouleverser plus d’une vie.

    Ce livre a beau être étiqueté « roman », j’ai eu le sentiment de lire un documentaire avec autant de véracité, de faits historiques authentiques, de rapports établis ; seuls les personnages ont été « inventés » mais auraient pu exister.

    Si Le bureau d’éclaircissement des destins se veut être un livre poignant qui témoigne des terribles histoires/vies des déportés de la 2nde Guerre mondiale, il dépasse ce cadre historique. Sa force et son intérêt résident dans la mise en lumière de ce qui déclenchent la haine à l’encontre de certaines catégories d’êtres humains, quelque soient les époques, une haine malheureusement encore bien présente dans nos sociétés actuelles appelées démocraties.

    Un livre sur le Bureau d’éclaircissement des destins qui, je l’espère, permettra d’éclaircir nos consciences.

    08/11/2023 à 13:44 8

  • Pays de sang : Une histoire de la violence par arme à feu aux États-Unis

    Paul Auster, Spencer Ostrander

    8/10 L’actualité montre malheureusement encore une fois que la culture américaine pour les armes à feu est aussi fascinante que glaçante. Paul Auster, immense et talentueux auteur, essaie de manière totalement personnelle et subjective d’expliquer les causes.

    Auteur engagé mais surtout victime indirecte, Paul Auster ne propose pas un livre scientifique ou sociologique sur ce fléau. Il propose sa modeste réflexion par des statistiques et son histoire personnelle en alertant sur les conséquences sociétales de ces drames. Il développe une approche historique via les colons fondateurs du pays, l’esclavage, l’extermination des peuples indiens, des Black Panthers aux élus du néolibéralisme. Il compare ce drame aux accidents de la circulation pour lesquels les pouvoirs politiques ont su apporter des mesures coercitives, contrairement aux drames liés aux armes à feu.

    Ce petit texte est agrémenté de photos froides de quelques lieux de fusillades, dont le grain en noir et blanc et l’absence de présence humaine soulignent de manière encore plus dramatiques les discours de l’auteur.

    Une fois n’est pas coutume, en guise de conclusion, je copie un paragraphe qui met en lumière les propos de Paul Auster : « Ce pays, né dans la violence, est aussi né avec un passé, cent quatre-vingts ans de préhistoire vécue dans un état de guerre perpétuelle avec les habitants des terres que nous nous sommes appropriées et de perpétuels actes d’oppression envers notre minorité asservie – les deux péchés qui nous ont suivis à travers la Révolution, sans que nous ne nous soyons rachetés depuis. Que cela nous plaise ou non, et indépendamment de tout le bien qu’a pu accomplir l’Amérique au cours de son existence, nous restons accablés par la honte attachée à ces péchés, ces crimes contre les principes en lesquels nous affichons notre foi. Les Allemands ont reconnu la barbarie et l’inhumanité du régime nazi, mais les Américains continuent de hisser les drapeaux confédérés partout dans le Sud et ailleurs, et commémorent la Cause Perdue par des centaines de statues à la gloire des généraux et hommes politiques traîtres qui ont mis l’Union en pièces et changé les Etats-Unis en deux pays. L’argument avancé pour ne pas démanteler ces monuments est qu’ils font partie de notre histoire. Imaginez un paysage allemand encombré de drapeaux nazis et de statues d’Adolf Hitler. « Regardez cette croix gammée, dit fièrement le citoyen allemand au touriste américain effaré. Elle fait partie de notre histoire ! » Il y a à Berlin un musée consacré aux victimes de l’Holocauste. A Washington, point de musée consacré aux victimes de l’esclavage. Pour éviter d’être soupçonné d’exagération en faisant ce parallèle, je me permets de souligner que la politique raciale menée par Hitler était directement inspirée des lois américaines sur la ségrégation et du mouvement eugéniste américain. Il suffit de les mélanger pour obtenir les lois de Nuremberg et un archipel de camps de la mort s’étendant de l’Allemagne jusqu’à la Pologne et qui conduisirent à l’extermination de millions de personnes. »

    27/10/2023 à 10:47 2

  • La cellule de Zarkane

    Patrick Sebastien

    9/10 Mon intérêt pour la lecture de ce livre fut confus, ou plutôt contradictoire : à la fois attiré par les avis très positifs des lecteurs et prudent, limite réticent à cause de cette mascarade médiatique (opération marketing ?) et tout ce mystère scénarisé par le véritable auteur de La cellule de Zarkane.

    J’avoue, une fois la lecture débutée, qu’à chacune des magnifiques voire poétiques phrases que je lisais, cette fourberie me taraudait. Et elles ne manquent pas ces pépites stylistiques. Moi amateur des jeux de mots, j’ai été satisfait.

    Et puis, finalement, le charme du livre a été plus fort que tout ce qui s’était opéré autour de sa sortie. Privilège du lecteur ayant plusieurs années écoulées depuis sa sortie ? Non, il faut être objectif et considérer que la cellule de Zarkane raconte une très belle histoire d’amour et de rédemption avec un style qui, s’il ne relève pas d’une plume très recherchée, montre beaucoup de sensibilité et d’humanité.

    J’ai douté Monsieur Patrick Sébastien que vous en étiez le véritable auteur. Mais, en fait, peu importe. La cellule de Zarkane est un roman touchant et saisissant par sa belle et émouvante histoire. Ce qui compte plus que tout, c’est le conte avant tout.

    25/10/2023 à 13:44 8

  • La Femme au portrait

    Greg Iles

    7/10 Première immersion dans l’œuvre de Greg Iles dont la reconnaissance critique et publique croît au fil de ses publications. La femme au portrait possède une intrigue très attrayante. En tant que fan d’Hitchcock, j’ai trouvé quelques similitudes avec Vertigo (Sueurs froides) : est-ce ce portrait de femme en peinture ? En tous les cas, j’ai été séduit par le développement psychologique des personnages et le déroulé de l’enquête. Si le FBI mène les investigations, ce n’est pas à la manière des cowboys ou autres cavaleries. Ici, tout est réfléchi, chaque hypothèse bien étudiée…

    Toutefois, ce livre souffre d’un rythme lancinant qui est compensé par ces 2 personnages principaux attachants : Jordan Glass, la photographe ayant perdu sa sœur jumelle et associée à l’enquête fédérale, et John Kaiser, ce talentueux et séduisant, agent du FBI.

    Une lecture mitigée à cause surtout d’une explication que j’ai trouvé alambiquée. Mais malgré tout, j’ai envie de poursuivre la découverte de l’œuvre de Greg Iles.

    24/10/2023 à 09:32 4

  • Mon territoire

    Tess Sharpe

    9/10 Harley McKenna hérite du « business » de son père. Cachant la maladie de ce dernier, élevée dans la violence et la guerre contre la famille Springfield, l’autre clan du territoire concurrent dans les trafics gérés par le « Duke », Harley veut plus que tout venger la mort de sa mère. Elle se servira de l’empire mafieux constitué par son père et la peur qu’il génère pour élaborer son châtiment. Un roman aussi attachant que glaçant, aussi noir (par son histoire) que lumineux (par la qualité dont fait montre sa jeune autrice).

    J’ai été subjugué par la sagesse, l’intelligence et la bienveillance de l’héroïne, Harley McKenna, dont on découvre son histoire tragique forgeant ainsi sa forte personnalité. Car ce qui met en avant ce livre, c’est avant tout cette jeune fille, cette héritière d’un cartel de drogue dont elle va essayer d’assurer la succession comme elle l’entend… Une lecture poignante, émouvante et marquante.

    16/10/2023 à 11:15 6

  • Aztèques dansants

    Donald Westlake

    6/10 Écrivain très prolifique sous son propre patronyme ou sous pseudonyme, Donald Westlake était une figure incontournable du polar humoristique américain des années 70 et 80. Aztèques dansants, considéré comme un roman majeur dans l’œuvre de l’Américain, m’a toutefois déçu.

    Pourtant tous les ingrédients, marques de fabrique de l’auteur, étaient réunis : situations cocasses, personnages décalés voire limités intellectuellement… Ce polar dévoile une entreprise d’escroquerie en vue de voler une antique statuette en or massif, aux yeux d’émeraudes, valant un million de dollars, représentant un Aztèque dansant, par Jerry Manelli. Ce malfrat professionnel doit faire preuve de finesse et de rapidité. Car sur le « marché », de fausses copies circulent. Et l’entourloupe est connue par d’autres « courtisans ». Donc, c’est une véritable course poursuite et une quête effrénée à la véritable statuette.

    Roman trop long (près de 500 pages) et aux trop nombreux personnages, le lecteur est noyé par trop de longueur. Ceci, à mon avis, dessert la qualité de l’histoire et le style comique de l’auteur. Dommage.

    04/10/2023 à 11:16 2

  • Dernière saison dans les Rocheuses

    Shannon Burke

    9/10 Lire ce livre fut une vraie plongée dans les meilleurs westerns, dans les plus belles histoires de la conquête de l’Ouest, dans cette Amérique sauvage où les frontières ne sont pas encore bien fixées, et varient en fonction des guerres entre Espagnols, Anglais et Américains, et des Traités de paix. Où les peuples premiers, ces Amérindiens, sont exterminés à coup de marchandages disproportionnés et d’alcool qui contribuera à l’extermination de toutes les ethnies.

    Et parmi les trappeurs qui chassent toutes les fourrures qui se présentent, et notamment la plus luxueuse, celle des bisons, le jeune William Wyeth est très attiré par l’aventure. Il y voit aussi l’occasion de faire fortune et conquérir la veuve Alene.

    Ce roman sent la poussière des plaines, les feux de camps, la poudre des fusils, le sang des animaux tués. Il transpire la malhonnêteté des hommes, le courage intrépide des trappeurs et la perfidie des ambitieux…

    Ce roman est un roman d’Aventure avec un grand A, de ceux qui constituent les trames de nos rêves de gosses (et qui fonctionnent encore plus à l’âge adulte), dont l’écriture si délicate nous apporte les images précises des scènes, à qui il ne manquerait que le son pour en faire un vrai film. Un très beau roman que je range à côté du magnifique Butcher's Crossing de John E. Williams.

    03/10/2023 à 17:01 6

  • Somb

    Max Monnehay

    9/10 Est-ce cette région de la Charente-Maritime chère à mon cœur qui sert de cadre à cette sombre histoire, ou ce personnage attachant de Victor Caranne qui m’ont vraiment fait accrocher et aimer ce livre ? Les deux certainement qui m’ont permis de visualiser les déplacements de Victor (même si je ne connaissais pas la maison d’arrêt de St Martin de Ré) et de plonger dans l’approche psychologique très intéressante de l’enquête.

    Cette histoire nous plonge dans les tourments de Victor Caranne, un psy qui délaisse peu à peu sa patientèle bourgeoise rochelaise pour s’occuper des personnes incarcérées à la Maison d’arrêt de St Martin de Ré. Changement radical de vie pour cet homme détruit par un drame familial. Et le meurtre de Julia, la femme de son meilleur ami, mais également sa maitresse, va le briser totalement. Il cherchera qui a pu commettre l’irréparable.

    Max Monnehay m’a procuré un agréable moment de lecture avec ce roman de facture somme toute classique mais aux qualités indéniables et très attachant.

    20/09/2023 à 16:02 5

  • Solak

    Caroline Hinault

    8/10 C’est dans un territoire hostile près du cercle polaire, appelé Solak, qu’une petite équipe de militaires scientifiques vit au rythme des rudes saisons et des ravitaillements sporadiques et toujours insuffisants.

    Piotr raconte, dans son langage aussi familier qu’empreint de discernement sur la vie, cette promiscuité et cette « aventure » humaine avec Grizzly et Roq. Et l’arrivée d’une nouvelle recrue va perturber cet équilibre déjà précaire. Ce « gamin », qui est plongé dans un mutisme profond, écrit tous les événements du quotidien qu’il partage le temps des chasses des animaux pour avoir de la viande lors de la grande Nuit, cet hiver arctique.

    Un petit roman charmant rempli de noirceur, de tension et d’effroi. Il y a du Simenon chez Caroline Hinault, avec ses non-dits et ses personnages sombres et mystérieux, qui m’ont vraiment séduit.

    20/09/2023 à 13:53 6

  • La dernière ville sur terre

    Thomas Mullen

    9/10 C’est parce que Philip et son frère adoptif, Graham, ont tué un soldat qui demandait juste un coin pour passer la nuit et quelque chose à manger que tout s’est effondré. Dans cette petite bourgade nommée Commonwealth, créée par le développement de la scierie de leur père, comme partout dans les Etats-Unis en cette veille d’armistice de la 1ère Guerre mondiale, la grippe espagnole fait des ravages. Alors les autorités locales, à savoir les personnes les plus importantes de la ville, ont décidé d’instaurer un blocus et ainsi préserver la communauté : plus personne ne rentre ou ne sort.

    Mais voilà, un soir que Philip et Graham montaient la garde, il y a eu ce soldat. Et cette peur de faire rentrer le virus. Cette peur de mourir. Son père a beau dire à ses fils qu’ils ont bien fait, le doute et le remords s’installent chez Philip. Et la tension s’accentue, cette crainte se transforme en frayeur et en malheur…

    Thomas Mullen développe avec talent la montée en puissance de cette peur, de ces suspicions, et de révolte au sein de la communauté dont les valeurs humaines et bienveillantes vont éclater en mille morceaux. Les protagonistes sont remplis de dilemmes entre le respect des règles pour le bien de la communauté et la survie des membres de leur famille. Un roman noir sous tension admirablement bien écrit par un auteur qui confirme ses prix littéraires au fil de la parution de son œuvre.

    15/09/2023 à 10:48 11

  • Précipice

    Céline Denjean

    8/10 Je ne lâche plus l’autrice française depuis quelques romans que je m’enfile comme des pains au chocolat (ou chocolatine, on ne va pas se fâcher, hein ?) après un jeûne de plusieurs jours. Ses romans policiers sont très addictifs. Céline Denjean a le talent de pondre des pavés que l’on dévore. Pire, on en redemande.

    Dans Précipices, aucune fausse note. Le secret de plus de 20 ans de ces jeunes lycéens est la source de leur mort. Mais par qui ? Et quel est-il ? Le lecteur se fait une idée au fil des pages dans lesquelles on découvre au fur et à mesure les personnages, leur histoire ainsi que l’enquête diligentée par ce duo de fortes femmes gendarmes.

    Les romans de Céline Denjean sont captivants. Précipices ne fait pas exception

    11/09/2023 à 11:20 10

  • Le Silence

    Dennis Lehane

    8/10 Plongée dans Boston dans les années 70. Si la guerre du Vietnam est encore présente, la ségrégation l’est encore plus. Surtout en cette rentrée scolaire 1974 où l’Etat souhaite favoriser la mixité en obligeant les enfants noirs à fréquenter les écoles blanches et réciproquement. La colère monte dans les quartiers populaires. C’est dans ce contexte de tension raciale qu’est découvert le corps d’un jeune noir dans le métro du quartier irlandais. Parallèlement, Mary Pat Fennessey remue tout le quartier pour retrouver sa fille disparue. Au grand dam des trafiquants et hommes de la pègre irlandaise. Car Mary Pat attire la curiosité et les policiers. Ce qui n’est pas bon pour leur business.
    Mais il en faut plus pour décourager Marry Pat dans la quête de sa fille. Rien ne l’effraie. Rien ne l’arrêtera à trouver des éléments qui lui permettront de comprendre sa disparition. Quitte à faire le travail des policiers…

    Si le contexte social qui serre de toile de fond à cette histoire est une véritable découverte pour ma part, Le silence m’a plus séduit grace au personnage de Mary Pat. Une femme à poigne, remplie de bonté, d’amour maternelle et de férocité. Courageuse, pugnace, qui n’a pas froid aux yeux. Une femme attachante pour une histoire qui ne l’est pas moins. Lehane a écrit mieux mais si Le silence doit être son ultime polar, autant ne pas bouder son plaisir.

    04/09/2023 à 13:26 8

  • On dirait des hommes

    Fabrice Tassel

    8/10 Un petit roman noir psychologique qui prend pour thèmes les violences conjugales et les drames familiaux.

    Une histoire écrite par Fabrice Tassel que je découvre par ce livre sorti par les éditions La Manufacture qui ont le talent de proposer un catalogue aussi talentueux que discret.

    Anna et Thomas Sénéchal ont perdu leur garçon de 10 ans, Gabi, mort noyé, tombé à cause d’une bite d’amarrage sur le quai d’un port. Thomas, pourtant très bon nageur, n’a rien pu faire pour le sauver. Sur conseil de leur avocat, les parents ont porté plainte contre le port. Le dossier est suivi par Dominique Bontet, juge d’instruction. Très pointilleuse, elle n’aime pas que les dossiers aient des zones d’ombre. Comme elle n’apprécie pas l’arrogance des hommes qui lui rappelle comme une faiblesse voire une faute, qu’elle est une femme. Ainsi, la remarque de Thomas faite à l’issue d’une dernière, voire ultime, audition la pousse à reporter jusqu’au dernier jour la clôture « sans suite » du dossier. Un dossier parmi tant d’autres. Comme celui de ce couple Le Bihan, dont la femme a finalement eu le courage de dénoncer les violences de son mari.

    Une lecture prenante où l’on plonge dans les douleurs profondes et intimes des protagonistes, comme dans les réflexions de Dominique Bontet, en proie aux doutes, aux harcèlements, mais toujours à chercher à forger son intime conviction. Un livre touchant qui mériterait, par son écriture subtile et belle, de bénéficier plus d’intérêt.

    29/08/2023 à 10:21 5

  • Que ta volonté soit faite

    Maxime Chattam

    8/10 J’avais délaissé Maxime Chattam après sa série La Trilogie du Mal lue dès sa sortie. Je ne me rappelle plus trop les raisons, certainement dû à un excès de serial killers et surtout, en ce début de nouveau millénaire, de surenchère dans le sordide des meurtres de ces monstres humains, de la prolifération des profilers, … Bref, j’étais lassé du genre.

    Et puis, vous connaissez l’histoire, on y revient, plus par curiosité malsaine que par envie ou besoin (heureusement). Et ce livre, Que ta volonté soit faite, fut une parfaite rentrée en matière avec cet auteur français.

    Et j’ai été agréablement surpris voire j’ai beaucoup apprécié le style « américanisé » de Maxime Chattam. Ces évènements racontés par un protagoniste (qui ne dévoile pas son identité, mais que l’on peut facilement reconnaître) facilitent l’immersion dans cette histoire. Le lecteur découvre la vie de Jon Petersen et l’émergence de son asociabilité, la montée en puissance de ses pulsions et l’escalade dans sa cruauté. Ses actes sont odieux, son art de la manipulation abominable : un monstre qui saura passer sous le radar du Shérif Jarvis Jefferson, qui n’abandonne pas mais fait avec les moyens d’enquête de l’époque (pas d’analyse d’ADN, pas d’ordinateur ni de fichier informatisé du FBI…).

    Un roman séduisant sur la naissance d’un psychopathe qui m’a réconcilié avec le genre.

    28/08/2023 à 12:06 7

  • La Fille de Kali

    Céline Denjean

    8/10 J’ai découvert l’autrice avec Le cheptel, son polar le plus « coup de poing », qui l’a mis sur le devant de la scène. C’est fort de cette bonne impression et de cette séduction que je réitérais mon expérience littéraire. Après Le Cercle des mensonges, je me suis rabattu vers ses premières œuvres et en l’occurrence, La Fille de Kali.

    Si on prend en compte qu’il s’agit là seulement de sa deuxième parution, La Fille de Kali est un polar d’une puissance remarquable et à l’intensité ravageuse. L’enquête est rapportée au rythme des jours voire heure et minutes, créant une cadence de lecture rapide et intense. Les protagonistes (la section de Recherche de la Gendarmerie de Toulouse et Eloïse Bouquet en tête, l’intrépide journaliste Amanda Kraft et l’attachant détective privé Danny Chang) sont tous bien posés, car le lecteur a le sentiment de vivre chaque avancée de leur enquête. Et que dire de cette tueuse qui décapite ses « proies » ? Pas grand-chose, faut préserver les prochains lecteurs…

    Décidément, j’apprécie de plus en plus Céline Denjean. Elle a beau écrire des pavés (ici, plus de 700 pages), ils se dévorent sans avoir de sentiment de satiété. Ses livres sont autant captivants que bons.

    25/08/2023 à 11:32 7

  • Pur Sang

    Franck Bouysse

    9/10 Dans la préface de la réédition publiée par Phébus en 2023, Franck Bouysse raconte comment une rencontre a déclenché d’autres perspectives d’écriture voire l’a affranchi de toute contrainte et pression. C’est donc libéré, délivré que l’auteur corrézien a écrit une belle pépite.

    Ce Pur sang est une belle histoire, simple mais émouvante. On y découvre cette vallée dans le Montana, Eden Creek. Elias Greenhill y vit avec ses parents adoptifs, Papa et Mama Tulssa, issus de la tribu indienne des Rêveurs. Avant de décéder, ils révèlent que ses parents ne l’ont pas abandonné mais ne sont pas revenus de leur pays d’origine : la France.

    Elias va dès lors retourner sur la terre de ses ancêtres, à la Croix du Loup, y percer tous les mystères qui entourent la vie de ses parents. Il y rencontrera un homme meurtri, et un ami en la personne de Gray.

    Franck Bouysse côtoie ici les meilleurs écrivains de la mouvance littéraire dite « nature writing ». Il atteint des sommets dans l’émotion, dans la définition de l’amitié et de la beauté. Un beau roman court : un condensé de bonheur.

    21/08/2023 à 09:56 5

  • Rouge karma

    Jean-Christophe Grangé

    7/10 Que cela fait plaisir de retrouver un bon livre de Grangé. Après l’immense déception avec Les Promises, j’ai retrouvé tout ce qui m’attire et me plaît chez l’auteur français : un peu d’exotisme (parcourir les rues de Paris et ses barricades et de Calcutta et ses rues aussi bondées que dangereuses, comme si on y était), des thèmes mystiques (l’hindouisme, et les autres religions ou croyances dérivées, voire sectaires de l’Inde) sur fond de révolte soixante-huitarde.

    Si le décor du roman m’a séduit, les personnages ne sont pas en reste. Hervé, le romantique pur et dur, qui va par la force des choses s’émanciper de ses livres ; Nicole, la bourgeoise révoltée qui découvrira les réalités de la vie ; et Jean-Louis, le flic ex-soldat de la guerre d’Algérie, aux valeurs et pensées de gauche et aux actions de droite. Ce trio va enquêter pour leur survie sur le meurtres terribles et horribles de deux étudiantes et amies d’Hervé et Nicole.

    Un livre sombre, très rythmé et très prenant. Des ficelles un peu grosses facilitant le déroulé de l’histoire et de l’intrigue. Somme toute un livre très séduisant.

    18/08/2023 à 13:16 3

  • Le Cercueil de Job

    Lance Weller

    7/10 Jeune esclave noire en fuite, Bell Hood a pour repère Le cercueil de Job, une constellation d’étoiles que son père lui faisait admirer. Symboles de liberté dans cette Amérique en pleine guerre entre le Nord et le Sud, entre les états abolitionnistes et les états sécessionnistes, ces étoiles doivent la guider la nuit vers des contrées plus hospitalières. Aussi, avec pour compagnon Dexter, elle tente d’éviter les rencontres d’hommes qui ne voudront que la livrer à ses maîtres.

    Jeremiah Hoke, soldat blessé, essaie de fuir les atrocités de cette guerre. Hanté par ses cauchemars, s’interrogeant sur les motivations humaines de cette guerre, Hoke cherchera la rédemption.

    Roman emprunt d’humanisme, Le cercueil de Job confirme la beauté de l’écriture de Lance Weller. Même s’il offre des pages remplies de poésies et de descriptions terribles de batailles, Le cercueil de Job m’a moins attiré et ému que Wilderness. Lance Weller reste malgré tout un auteur à lire (ou à découvrir).

    17/08/2023 à 09:26 2

  • Le Blues des phalènes

    Valentine Imhof

    6/10 L’autrice nous plonge avec ce Blues des phalènes dans le destin tragique de 4 personnages dans cette Amérique des années 30 : Arthur, ancien soldat aussi héroïque qu’étranger aux guerres où il a combattu ; Pekka, qui, un peu spectatrice de sa vie, multiplie les expériences aussi personnelles que professionnelles et les noms ; Milton, cette âme vagabonde d’artiste perdu échappant à sa destinée familiale ; Nathan qui voit son destin lié à venger toute la misère et les injustices qu’il rencontre.

    Si la cadre et les thèmes étaient très alléchants, Le Blues des phalènes est loin de la qualité et de l’attrait que j’ai pu vivre avec d’autres œuvres de cette époque (Les raisins de la colère, Le retour de Silas Jones, Des fauves et des hommes,…). Ce fut une lecture âpre. L’écriture était peut-être trop subtile et imagée à mon goût, l’histoire trop décousue, pour que j’apprécie avec délectation ce blues. Je n’ai pas été remué, ni sensible à l’histoire de ces personnages. La seule chose que j’ai apprécié, c’est la découverte de cette catastrophe aussi unique qu’impressionnante d’horreur : la destruction de la ville d’Halifax, la plus grande destruction de nature humaine d’une ville (avant celle d’Hiroshima par l’arme nucléaire).

    16/08/2023 à 11:29 3