JohnSteed

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  • La Lèpre

    Pierre Boileau, Thomas Narcejac

    8/10 (8,5) Éminent résistant devenu homme politique reconnu et à l’avenir prometteur dans les prochains gouvernements, Marc Pradier écrit cette longue lettre à son fils adoptif, Christophe, parti combattre en Algérie. Dans cette missive, il souhaite rétablir la vérité à son fils, sur les circonstances de son héroïsme durant la 2nde Guerre Mondiale qui lui a permis de suivre une carrière politique heureuse. Car son fils, parti dans cette « guerre coloniale » pour que son père soit fier de lui et montrer qu’il peut être lui aussi un héro à son image, doit tout savoir.
    Tout a commencé en cette Saint-Sylvestre 1943, quand il a sauvé, par un hasard, en passant simplement dans la rue, le Docteur Pléaux, d’une tentative d’assassinat. Cet homme, important collabo à Clermont-Ferrand, va lui être reconnaissant et se lier d’amitié avec lui, ce petit professeur sans ambition particulière. Ce dernier donne des cours à Christophe alité chez Mme de Chatelus. Celle-ci s’avère être une résistante de la première heure et l’ex-femme de Pléaux. Elle souhaite éliminer son ex-mari avec le concours de Pradier. Tous les événements vont s’enchaîner, sans que Pradier ne lève le petit doigt. Ils vont lui coller à la peau comme la lèpre, cette maladie dont on ne peut se débarrasser et qui entraîne indubitablement à une perte.

    La lecture de cette lettre-confession est très prenante. On découvre avec intérêt l’histoire de Pradier, cet homme dont la vie s’est écrite à ses dépends et dont il va devenir un pion. L’écriture de ce duo, qui a donné de véritables chefs d’œuvre de la littérature noire de l’hexagone, est encore une fois magnifique et rend palpable la détresse et la tension nerveuse de Pradier dans son besoin de dire la vérité. Et la fin est assez tragique, à l’image du livre.

    14/11/2019 à 09:21 5

  • Le Bonsaï

    Pierre Boileau, Thomas Narcejac

    5/10 Dès qu’il se présente devant la grille de ce centre unique au monde, spécialisé dans les douleurs fantômes, le commissaire André Clarieux sait que la tache qu’il lui incombe va s’avérer délicate : débusquer le corbeau qui envoie des menaces contre cet institut. D’autant que ces menaces sont suivies de meurtres. Alors qui en veut à Carrington, le dirigeant américain, inventeur de prothèses de luxe ? Son collègue qui croit plus en la psychologie pour guérir de façon efficace les patients ? Sa fille Maud, le cobaye de son père ?... Parce que Clarieux est persuadé que le coupable se trouve dans les murs de l’institut.
    On suit l’enquête qui s’avère difficile, tant les différents protagonistes ne sont pas prolixes.

    Heureusement court, Le bonsaï n’est pas, et de loin, à classer dans les livres incontournables du duo Boileau et Narcejac. Certes dans ce huis-clos, on s’ennuie devant si peu d’actions, mais la faute réside, à mon sens, dans l’absence d’une intrigue et d’un dénouement digne des auteurs français.

    06/09/2020 à 11:58 4

  • Le Contrat

    Pierre Boileau, Thomas Narcejac

    8/10 G., tueur à gages, a obtenu un nouveau contrat de M. Louis, son « patron » de longue date : éliminer M. Langlois, le PDG des Cimenteries d’Aquitaine, venu passer quelques jours à Châtelguyon et qui détient un dossier sur M. Louis. S’il mène à bien sa mission, il a malencontreusement blessé le berger allemand du PDG. Et G. n’aime pas faire de victimes collatérales. G. décide alors, contre l’ordre du Boss, de prendre le chien, de le soigner et d’en faire son animal de compagnie au risque de se faire vite retrouver par les enquêteurs.

    Alors qu’il ressent les effets secondaires d’un attentat dont il a été témoin, G. se rend compte qu’il doit raccrocher. Pourtant, cet ancien tireur dans les cirques avait sa carrière toute tracée. Mais s’il veut en finir avec sa carrière de tueur à gages, il doit alors écarter de manière définitive M. Louis. Il se réfugie dans sa maison de compagne avec son fidèle compagnon, Romulus. Les deux comparses deviennent des amis inséparables. Jusqu’à ce que la mort les sépare. Ah oui ?

    On s’éloigne un peu du domaine de prédilection des maîtres du suspense. Oups, pardon. Des MAÎTRES du suspense. Boileau-Narcejac nous offrent une belle lecture d’amitié entre l’homme et l’animal. Mais c’est tellement bien écrit et mené qu’on se régale encore une fois.

    08/07/2020 à 19:30 3

  • Le mauvais oeil

    Pierre Boileau, Thomas Narcejac

    8/10 Ce livre regroupe deux histoires : Le Mauvais Oeil et Au Bois Dormant.

    Le Mauvais Œil (7/10)
    Rémy Vauberet, ce jour-là, se remet à marcher. Le jeune adolescent était tombé, 12 ans auparavant, dans un état d’amnésie et de paralysie, quelques jours avant la mort de sa mère. Alors que plus personne n’espérait cet exploit, l’intervention de Milsandieu, une sorte de gourou, a fait des miracles. Rémy s’en va donc se recueillir sur la tombe de sa mère, au Père Lachaise. Mais point de tombeau. Maudissant ce chien qui le suit à la sortie du cimetière, celui-ci se fait écraser. N’osant pas poser de questions, il part à la campagne avec son oncle qui lui annonce sa volonté de quitter l’entreprise familiale. Rémy déteste à mort dès lors son oncle qui va laisser seul son père gérer les difficultés rencontrées par la société Vauberet. Son oncle trouve la mort la nuit suivante au bas des escaliers de la maison familiale.

    Alors que Rémy va percer le mystère qui entoure la disparition de sa mère, il va se demander s’il n’a pas le mauvais œil.

    Une petite histoire sans prétention mais qui ravira les amateurs du duo.

    Au Bois Dormant (9/10)
    Pierre Aurélien de Muzillac du Quilly, en ce 7 novembre 1818, écrit une lettre où il expose les derniers mois de sa vie. Ayant fui la Révolution française, sa famille s’est exilée en Angleterre. Peu de temps avant sa mort, sa mère lui demande de reprendre leur château familial de Muzillac. Il apprend du notaire local, que le nouveau propriétaire se fera un plaisir de lui vendre pour une somme modique la demeure ancestrale. Et pour cause : une mystérieuse malédiction s’abat sur les différents occupants du château. Pierre se rend sur place. Et là il rencontre la belle Claire, fille du châtelain. Tombé amoureux, il retourne le soir au château. Or il constate que les trois membres de la famille sont sans vie, assis dans le salon. Mais le jour de la signature de la vente, la famille est au complet et bien vivante. Il veut demander la main de Claire. Celle-ci refuse obstinément. Le soir du départ, il rattrape la voiture pour convaincre une dernière fois de rester avec lui. Ayant monté dans la diligence, les Châtelains sont sans vie. Il tombe inconscient et se réveille le lendemain avec Claire. La vie des amoureux aurait pû être heureuse mais la santé de Claire décline vite…

    Cette nouvelle est digne des Histoires extraordinaires d’Edgar Allan Poe. L’ambiance et l’atmosphère fantastique, gothique et mystérieuse rend cette histoire aussi addictive que troublante. Elle vaut à elle seule la lecture de ce livre.

    23/05/2020 à 19:21 3

  • Les intouchables

    Pierre Boileau, Thomas Narcejac

    6/10 Le duo d’écrivains, Boileau-Narcejac, sait comment dévoiler au fur et à mesure des pages l’intrigue. Ce roman n’échappe pas à la règle. Jean-Marie Quéré écrit à un confident inconnu sa nouvelle situation, sa nouvelle vie, son nouveau départ à Paris, noyé dans la foule. Parallèlement, Ronan de Guer se remet difficilement d’une hépatite qu’il a contracté en prison, où il a purgé 10 ans pour meurtre d’un commissaire. Cet activiste indépendantiste voué à la Bretagne libre renoue un contact avec un de ses anciens camarades de lycée. Il lui demande de rechercher Jean-Marie Quéré : il veut lui faire payer sa trahison et le suicide de sa petite amie de l’époque.

    Les intouchables possède un scénario qui aurait pu faire de ce livre un très bon roman. L’intrigue sied parfaitement à un polar de très bonne facture. Mais d’un côté, le style mélangeant épistolaire et classique passe assez mal. Et de l'autre, l’intrigue ne prend pas assez d’ampleur. Un Boileau-Narcejac secondaire.

    13/05/2020 à 11:07 3

  • Les Nocturnes

    Pierre Boileau, Thomas Narcejac

    6/10 Dans sa chambre d’hôtel parisien, Lamireau observe via un trou percé dans un mur les occupants de la chambre voisine. Ces deux messieurs semblent le surveiller. Mais qui sont-ils ? Pour Lamireau, il ne peut pas s’agir de flics. Plutôt des agents russes venus pour le tuer. Aussi, souhaite-t-il coucher dans un cahier ce qui s’est réellement passé.
    Tout a commencé avec la rencontre de la belle et troublante Tamara sur une barricade dressée près de la Sorbonne pendant Mai 68. Par amour plus que par conviction politique, il quitte ses études de médecine et devient un agent de la cause communiste. Il doit changer de nom et devient le docteur Molyneux. Il gère une clinique à Vichy où viendront se reposer les personnes qui lui seront envoyés par le Parti. Il lui sera demandé de tuer Soukoutine, ce professeur qui, à la suite de la Chute du mur de Berlin, vante une nouvelle économie. La cause communiste doit en passer par là.
    Lamireau entre ainsi dans un monde de faux-semblants, de silhouettes et de trompe-l’œil, ces "nocturnes" qui habiteront ses nuits.

    Malgré quelques longueurs, ce court livre est assez intéressant pour le dénouement inattendu, la touche des maîtres du suspense par qui l’on doit le chef d’œuvre Celle qui n’était plus (Les Diaboliques en version cinéma).

    15/12/2018 à 13:20 4

  • Les Veufs

    Pierre Boileau, Thomas Narcejac

    9/10 Quel plaisir de tomber sur un très bon cru Boileau-Narcejac. Et cette cuvée 1970 est un vrai délice qui ne se dévoile qu’à la fin.

    Serge Mirkine est un vrai jaloux, ou plutôt un jaloux maladif. Acteur qui prête sa voix aux séries radio, Serge écrit également à ses heures perdues. Amoureux de la mannequin Mathilde, il est intimement persuadé qu’elle le trompe. Après avoir espionné ses faits et gestes, il engage un détective privé pour confirmer ses doutes. C’est ainsi qu’il découvre que l’amant n’est autre que l’agent de Mathilde : Méryl. Il décide alors d’aller le tuer dans son château en province. Alors que le tueur est vivement recherché, Serge apprend que son livre a obtenu un fameux prix.

    Il est devant un cruel dilemme : se dévoiler pour obtenir le prix au risque que des témoins le reconnaissent comme meurtrier de Méryl ou rester caché sans obtenir cette reconnaissance après qui il court depuis si longtemps et cet argent dont il aurait tant besoin.

    Et puis Serge apprend que Méryl n’était pas l’amant de Mathilde. Mais si ce n’était pas lui, qui peut-il être ? Car Serge sait que Mathilde a un amant….

    Et tout s’enchaîne entre les retournements de situation, les vérités qui n’en sont pas, … Une lecture addictive et vertigineuse. Le duo dévoile un pan de leur talent. Un livre qui mérite d’être reconnu.

    25/02/2022 à 08:37 5

  • Les victimes

    Pierre Boileau, Thomas Narcejac

    9/10 Pierre Brulin doute de l’amour de Nanou. La rencontre avait eu lieu dans sa maison d’édition. Elle était venue proposer son livre. Et là, coup de foudre pour Pierre. Mais, voilà, Nanou est mariée à Janu, ingénieur expert mondial en construction de barrages. Cet amour peu à peu s’étoffe, se construit. Les deux amoureux montent un stratagème. Puisque le divorce n’est pas possible, il n’existe plus qu’une issue : faire disparaître Nanou en Afghanistan, pendant le chantier que mène son mari, Pierre s’étant associé avec Janu, en tant qu’interprète. Ensuite c’est la liberté, en disparaissant et changeant d’identité, les tourtereaux pourront partir vivre leur idylle loin de la France.

    En l’attendant, Pierre doute de l’amour de Nanou. Son voyage a dû être différé, pour décès familiale. L’attente le torture, il se pose plein de questions. Et si elle avait changé d’idée ? Si elle lui avait menti sur ses sentiments ? Si elle avait décidé de rester avec son mari ? Mais la femme de Janu arrive bien. Sauf que ce n’est pas Nanou. La femme de Janu se prénomme Claire. Qui est cette femme ? Est-ce bien la femme de Janu ? Sa maîtresse ? Pierre est-il face au même stratagème qu’il a élaboré avec Nanou ? Janu s’est-il débarrassé de Nanou ? Pierre est-il un instrument d’un meurtre ? … Pierre ne comprend pas dans quelle situation il se trouve. Il n’a qu’une solution : séduire Claire pour lui soutirer la vérité. Mais les sentiments seront comme un grain de sable dans un mécanisme manichéen.

    Boileau-Narcejac sont au sommet de leur art. On retrouve les mêmes ingrédients que dans Sueurs froides, mais peut-on reprocher à ces maîtres de faire ce qu’ils savent le mieux faire : torturer le lecteur dans une histoire aux nombreux rebondissements, et à l’issue qui laisse pantois.

    25/04/2020 à 18:27 3

  • Maldonne

    Pierre Boileau, Thomas Narcejac

    8/10 Violoniste dans des cabarets minables parisiens, Jacques Christen voit sa vie au plus bas quand un inconnu l’aborde en lui proposant un chèque d’un million de francs. Ressemblant étrangement à Paul de Baer, disparu incognito en mer après avoir abandonné son épouse avec qui il avait des relations assez froides et distantes, Jacques Christen se voit offrir le rôle du sosie qui rentre chez lui sans aucun souvenir. Cet inconnu, Frank Mayer, est le valet de la famille de Baer. Il souhaite permettre à Gilberte, la femme de de Baer, de toucher un héritage qui se profile grâce à la mort prochaine d’un vieil oncle, dont seul Paul de Baer est l’héritier.
    Bien que bourré de principes, Jacques Christen est surtout bourré de dettes. Ses réticences ne font pas le poids face au nombre de zéro présent sur le chèque. Arrivé à la demeure familiale, Jacques Christen se voit aider par le valet pour tenir au mieux son rôle : celui de Paul de Baer à la personnalité froide, hautaine et odieuse.
    Et cette usurpation d’identité semble bien fonctionner. La femme et le beau-frère paraissent troubler par ce retour de cet horrible Paul de Baer. Mais Jacques Christen n’est pas insensible aux charmes de Gilberte. L’amour va venir troubler le stratagème.

    A la manière D’entre les morts du duo Boileau-Narcejac, qui a inspiré à Hitchcock son meilleur film (pour moi), Sueurs Froides (Vertigo en VO), le lecteur est manipulé et pris au piège comme ce Jacques Christen. Un livre prenant et une intrigue qui donne des….. sueurs froides.

    17/07/2019 à 20:30 1

  • Maléfices

    Pierre Boileau, Thomas Narcejac

    6/10 François Rauchelle mène une vie paisible, en tant que vétérinaire, à Beauvoir-sur-Mer, petite localité de Vendée en bord d’océan. Paisible mais avec dévouement pour son métier et avec respect pour la femme qui partage sa vie, Eliane.

    Mais sa vie va basculer le jour où il rencontre la troublante Myriam, venu soigner son animal de compagnie, un guépard. Myriam vient d’Afrique. Partie en laissant derrière elle des doutes sur la mort intrigante de son mari. Installée sur l’île de Noirmoutier, elle vit une vie de bohème, peignant des toiles pour une future exposition dans une galerie à Paris.

    Les deux amants vivent leur passion au rythme de la marée et de l’accès au passage du Gois ; une passion dévorante emprunte de doutes, et de mystères. Surtout depuis qu’Eliane s’est jeté dans le puits sans qu’elle en ait conscience… François est persuadé que Myriam est derrière tout ça, elle et ses pratiques d’ensorcellement…

    Une lecture plaisante d’un livre qui s’étend un peu trop longuement : une intrigue qui aurait pu être plus courte et aurait mis encore plus en valeur un final déroutant.

    09/08/2022 à 15:10 1

  • Mamie

    Pierre Boileau, Thomas Narcejac

    7/10 (7,5) C’est l’histoire d’un kidnapping de bébé qui foire. Les ravisseurs se sont trompés d’enfant. Ils ont enlevé le bébé de la nourrice au lieu de celui-ci des riches propriétaires. Mais ces derniers préfèrent taire cette erreur pour éviter que leur enfant soit vraiment enlevé. Ils vont donc négocier avec les ravisseurs.

    C’est l’histoire d’un kidnapping de bébé qui foire, mais pas que. Car raconté comme ça, on peut penser à un polar drôle, à la Westlake. Mais non. Car si cet enlèvement occupe la première moitié du livre, on constate que tout vire au drame. Et la seconde moitié du roman qui est axé sur la mère est vraiment douloureuse, tragique, d’une profonde tristesse.

    16/11/2019 à 15:05 4

  • Schuss

    Pierre Boileau, Thomas Narcejac

    8/10 Pour prendre à bras-le-corps son dégoût, son spleen, le médecin de George Blancart lui intime de tenir un journal pour consigner par écrit sa vie, son quotidien, le monde qui existe autour de lui. George a une vie aisée et confortable. Mais pas très rangée : il aime Evelyne, la fille d’un premier mariage de sa compagne, Berthe Combaz. Cette dernière préside l’usine familiale qui souhaite sortir une paire de skis révolutionnaire. Avant de la commercialiser, il doit y avoir l’étape des essais sur piste. Mais, tout se passe mal. Gallois, le célèbre skieur, se prend un arbre pendant l’essai et décède. Ce n’est que partie remise avec l’espoir français du ski alpin, Derrien. Or ce dernier se blesse avant de chausser les skis. Ces événements pourraient paraître accidentels, si ce n’est les lettres anonymes annonçant les catastrophes. Et cela compromet la réussite commerciale qui pourrait aboutir à la faillite de l’usine familiale.

    George se demande qui est derrière cette machination : Marèze, l’ex-mari de Berthe, qui s’est toujours opposé à la réussite de la famille Combaz ? Langogne, l’ingénieur, qui pourrait avoir des intérêts à vendre ses brevets ? Berthe elle-même ; si les skis présentent des défauts il vaut mieux vendre l’usine plutôt que le déshonneur familial ? A moins que ce soit George lui-même qui a rompu la chaîne Saint-Antoine qui garantissait bonheur à ceux qui continuer de la faire perdurer ?

    En mélangeant intrigue et humour subtil, le couple Boileau-Narcejac est au mieux de leur forme avec Schuss. On est à la fois séduit par les personnages et par l’histoire. Inconditionnel des solutions finales, abstenez-vous ! Il faudra faire sa propre conviction à l’issue de ce roman somme toute captivant.

    26/06/2019 à 18:49 2

  • Buveurs de vent

    Franck Bouysse

    8/10 Sandrine Collette et Franck Bouysse sont deux écrivains comparables. Outre leur indéniable talent, leurs histoires se veulent ancrées dans des espaces temps indéfinis. Cela en fait des œuvres atemporelles que l’on peut comparer aux contes et fables classiques.

    Buveurs de vent n’échappe pas à cette règle. Quatre jeunes de la même famille vivent leur jeunesse dans leur vallée enclavée, où la seule activité économique est rythmée par un barrage électrique et où le patron y règne en despote.
    Tous prénommés par leur mère selon les saintes écritures, Marc, passionné de littérature, Matthieu, amoureux de la nature, Mabel, jeune fille à la beauté troublante aussi bien pour ses frères que pour le village, et Luc, le simplet de la famille, voient leur jeunesse et leur innocence basculée après la mort de deux gardes forestiers.

    Véritable poésie sur la vie et la liberté, Buveurs de vent constitue un magnifique moment de lecture qui procure de véritables instants d’émotion, de plaisir et d’espoir. Moins fort que Né d’aucune femme, chef d’œuvre pour ma part, ce livre n’en est pas moins un livre aussi envoûtant que lumineux.

    02/01/2021 à 10:36 5

  • Glaise

    Franck Bouysse

    9/10 Franck Bouysse est un peintre en mots. Il arrive à trouver les mots justes pour décrire avec réalisme et humanisme ses personnages et les paysages cantaliens. Glaise est autant un livre qu’une peinture, autant un roman noir qu’une analyse sociologique de la vie rurale au début de cette Première Guerre mondiale. C’est à la fois touchant, dur, sensible et attachant. Et lire, à la fin du livre, les noms des héros tombés au combat inscrits sur le monument de Saint-Paul-de-Salers, lieu de cette histoire, montre que Franck Bouysse nous a offert un livre d’une exceptionnelle expérience littéraire.

    08/06/2019 à 13:18 10

  • L'Homme peuplé

    Franck Bouysse

    8/10 C’est avec une joie non dissimulée que j’ai accouru prendre le dernier livre de Franck Bouysse que j’avais réservé à la médiathèque. L’auteur corrézien a toujours su m’émerveiller avec ses belles écritures et m’emporter dans ses histoires remplies de noirceurs et de personnages marquants. J’ai ainsi pu dévorer la dernière œuvre de l’écrivain le temps d’un court week-end.

    Dans L’homme peuplé, on suit l’histoire de Caleb. Vivant avec sa mère qui le tient d’une main de fer, le jeune homme est seul reclus dans cette ferme isolée du village. Malgré sa belle gueule, il a toujours reçu des brimades de ses copains, victime des actes de guérison de sa « sorcière » de mère. La disparition de celle-ci ne va que l’isoler encore plus.

    On suit également cet auteur, Harry, venu s’installer, ou plutôt se couper du monde, dans la ferme d’à côté. Auteur d’un livre à succès, il recherche autant l’inspiration qu’un sens à sa vie, une mission quasi mystique qui le raccroche à son existence d’auteur. Confronté à des bruits étranges et à des disparitions inquiétantes, la belle épicière et le maire apportent des silences à ses interrogations.

    Avec toute la beauté poétique qu’offre son écriture, Franck Bouysse déroule cette histoire. L’atmosphère lourde, sombre et mystérieuse, les personnages taiseux et troublants, propres à l’auteur, sont bien présents. Mais loin de créer la magie de ses précédents romans. Seules les dernières pages m’ont sauvé d’une lassitude en apportant une belle et gracieuse lumière sur cette histoire.

    17/10/2022 à 12:11 9

  • Le Mystère H.

    Franck Bouysse

    7/10 Les éditions du Livre de Poche ont édité dernièrement en seul volume intitulé H (mais sans les dessins de Pierre Demarty), les 3 tomes que constitue cette série, les premières œuvres de l’écrivain français polar rural, Franck Bouysse.

    Le mystère H constitue le premier volume. Il s’agit d’un journal de bord écrit par John W.. Il y relate sa rencontre avec H, son périple maritime en 1907 sous le commandement de H vers une quête d’un trésor dont John Lucas en est revenu meurtri. Il transportera le lecteur vers l’Amazonie, les îles et ses peuples autochtones. Mais surtout le journal de John W décrit le mystère entourant H et les morts troublantes qui sèment cette excursion.

    Avec ce livre, Franck Bouysse rend hommage aux plus illustres des écrivains d’aventure et de mystère écossais, Robert Louis Stevenson et Sir Arthur Conan Doyle. Mais sans en faire une pâle copie, l’auteur français y parsème une part de mythe et de fantastiques, en digne successeur d’un Jules Verne des temps modernes. Une aventure intrigante qui se lit avidement.

    13/01/2023 à 10:36 3

  • Né d'aucune femme

    Franck Bouysse

    9/10 J’ai beau avoir survolé (et non lu, pour préserver l’effet de surprise) les différents avis et critiques de ce livre, j’avais bien compris que Né d’aucune femme était une bombe de la littérature noire sortie 2019. Mais rien ne m’avait préparé à me prendre en pleine figure cette histoire tragique que fut la « vie » (peut-on appeler ça une vie ?) de Rose. Et quand j’emploie le terme tragique les qualificatifs de « dramatique », « horrible » et « terrifiant » doivent compléter ce qui fut l’histoire de Rose. C’est effectivement un récit abominable avec des scènes des plus pétrifiantes que nous délivre Franck Bouysse. Et j’ai pris un plaisir pervers à tourner les pages pour connaître l’issue du livre.

    Je dois reconnaître que l’auteur français s’est sublimé et est presque au sommet de son art. J’utilise sciemment ce « presque » car je caresse le doux rêve que Franck Bouysse saura se transcender et écrire d’autres écrits qui dépasseront cette histoire.

    03/01/2020 à 19:46 10

  • Orphelines

    Franck Bouysse

    7/10 Bélony, inspecteur à l’ancienne et à l’instinct, et Dalençon, sa jeune coéquipière, enquêtent sur des meurtres de jeunes femmes mutilées. Les deux comparses, aux attirances troubles et inavouées, se trouvent confrontés à un tueur qui laissent de troublants indices dans le corps de ses victimes ou sur les lieux du crime.

    Un roman policier de facture classique pour Franck Bouysse que je préfère dans le noir rural, même si, il faut l’avouer, ces Orphelines, restent très plaisantes, et qu’il faut remettre dans son contexte, ce livre ayant été écrit au début de son parcours, comme si l’auteur limousin se cherchait encore.

    27/02/2022 à 11:42 3

  • Oxymort

    Franck Bouysse

    6/10 Louis, professeur de SVT, se réveille enfermé dans une pièce dans le noir. Pourquoi ? Par qui ? Alors qu’il cherche à comprendre sa séquestration et tente de survivre, il se remémore ses derniers jours.
    Un roman intriguant même si le sujet a déjà été traitée, au style court voire télégraphique. Un roman déroutant par cet auteur dont le thème noir rural lui sied mieux.

    18/04/2021 à 10:36 2

  • Pur Sang

    Franck Bouysse

    9/10 Dans la préface de la réédition publiée par Phébus en 2023, Franck Bouysse raconte comment une rencontre a déclenché d’autres perspectives d’écriture voire l’a affranchi de toute contrainte et pression. C’est donc libéré, délivré que l’auteur corrézien a écrit une belle pépite.

    Ce Pur sang est une belle histoire, simple mais émouvante. On y découvre cette vallée dans le Montana, Eden Creek. Elias Greenhill y vit avec ses parents adoptifs, Papa et Mama Tulssa, issus de la tribu indienne des Rêveurs. Avant de décéder, ils révèlent que ses parents ne l’ont pas abandonné mais ne sont pas revenus de leur pays d’origine : la France.

    Elias va dès lors retourner sur la terre de ses ancêtres, à la Croix du Loup, y percer tous les mystères qui entourent la vie de ses parents. Il y rencontrera un homme meurtri, et un ami en la personne de Gray.

    Franck Bouysse côtoie ici les meilleurs écrivains de la mouvance littéraire dite « nature writing ». Il atteint des sommets dans l’émotion, dans la définition de l’amitié et de la beauté. Un beau roman court : un condensé de bonheur.

    21/08/2023 à 09:56 3