JohnSteed

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  • La Maison pâle

    Luke McCallin

    8/10 Fin mars 1945, 4 mois à peine après sa nomination dans le corps des Feldjägerkorps, Reinhardt doit se rendre à Sarajevo pour prendre part à l’évacuation des troupes allemandes. En route pour la capitale yougoslave, l’ex-inspecteur de la Kripo tombe sur une scène de massacre dans la forêt sur les hauteurs de la ville : le reste de 3 corps brûlés et de leur uniforme allemand. Fort de la suprématie due à ce nouveau bataillon allemand, en charge de maintenir l’ordre et la discipline au sein de l’armée, Reinhardt enquête sur ce qui est advenu à ce qu’il pense être des déserteurs allemands. Le lendemain, ce sont 3 Feldjäger qui sont tués lors d’une patrouille alors qu’ils se renseignaient sur l’origine d’un désordre survenu aux premières heures de l’aube sur un chantier de construction d’une batterie aérienne.
    Reinhardt s’intéresse alors de près au bataillon disciplinaire 999, composé de soldats allemands ayant été condamnés pour manquement à la discipline, et d’étrangers volontaires.
    L’enquête s’avère difficile d’autant plus que l’armée allemande, en ce printemps 45, est en pleine déroute. Sarajevo est entre les mains des alliés allemands, les Oustachis, qui tiennent la ville grâce à leur régime de terreur et de répression par le biais d’arrestations, d’actes de tortures, de meurtres et d’exécutions de masse ordonnancé depuis une villa située sur les rives de la Miljacka : la « Maison Pâle ».

    Deuxième épisode des enquêtes de Reinhardt (qu’il convient de lire dans l’ordre), La Maison Pâle est une superbe plongée dans la débâcle de l’armée allemande en Europe centrale. Moins cynique mais tout autant torturé que (son homologue et celui à qui l’on va comparer) Bernie Gunther de Philipp Kerr, le Capitaine Reinhardt doit bénéficier d’une place de choix dans les multiples et florissants polars de cette période. McCallin sait parfaitement mettre la petite histoire dans la Grande en captivant son lectorat avec une brillante intrigue.

    30/07/2018 à 22:00 3

  • Né sous les coups

    Martyn Waites

    8/10 Le livre terminé, je le ferme et le repose délicatement. Comme les premiers rayons de soleil après un long hiver, je laisse les effets de cette lecture imprégner mon corps, me réchauffer le cœur. Ce livre procure cette puissance contradictoire : il s’agit d’un roman social noir qui dépeint une misère si cruelle qu’il pourrait faire déprimer le plus optimiste. Mais Martyn Waites prouve par son écriture forte et subtile que le noir peut être magnifique. Lire Né sous les coups c’est assister à un match de boxe entre deux grands champions qui se livrent corps et âmes : les coups pleuvent, font mal, mais ce sont les ingrédients d’un match magnifique.

    1984, Coldwell, bourgade (fictive) proche de Newcastle. Stephen Larkin, jeune journaliste prometteur, souhaite couvrir la révolte des mineurs qui combattent la politique de Margaret Thatcher, première ministre anglaise, qui cette année, décide de fermer les mines de charbon du pays. Il va croiser la route de Tony, jeune footballeur professionnel, de Louise, jeune adolescente en quête d’amour, de Tommy, qui fera sa place dans la mafia locale, et de Mick le mineur syndicaliste.

    20 ans plus tard, après une carrière londonienne, Stephen Larkin revient à Coldwell pour faire le bilan des années de révolte. Que reste-t-il de cette lutte sociale ? Que sont devenus celles et ceux qui voulaient refaire le monde ?
    Mais pourquoi les gens ne bougent-ils pas, ne changent-ils pas cette bourgade de misère ?
    La réponse de Martyn Waites est sans appel : « Oh, je suis sûr qu’ils voudraient bien. Mais peut-être ne savent-ils pas comment. Ou qu’ils n’en ont pas les moyens. Ou qu’ils ne sont pas physiquement capables de le faire. Et ceux qui devraient, qui ont de l’argent et le savoir-faire, ne le font pas. Ils pensent que c’est aux gens qui vivent ici de prendre leurs responsabilités. Et ils ne feront rien tant qu’eux ne feront rien. »

    29/07/2018 à 08:41 8

  • Les Infâmes

    Jax Miller

    6/10 « Je m’appelle Freedom. Freedom Oliver. Je souhaite vous raconter mon histoire, ma vie. Bon, Freedom, c’est pas mon vrai nom. J’ai été placée sous protection policière. La famille de mon mari souhaite me faire la peau. Surtout Matthew, qui vient tout juste d’être libéré de taule, condamné pour le meurtre de son frère, mon mari. Une famille de tarés, alcooliques, drogués, et j’en passe et des meilleurs. 20 ans qu’il vient de tirer. Autant de temps à me planquer dans cette ville de Painter dans l’Oregon. Dire qu’il veut se venger de ce que je lui ai fait est un euphémisme. Et voilà, j’apprends que ma fille, Rebekha, de son vrai nom Layla, a été enlevée. Ma fille que j’ai à peine connue : pas plus de 2 minutes après sa naissance.
    Je m’appelle Freedom et mon vrai nom est Vanessa Delaney. Je suis alcoolique et droguée. Mes enfants ont été placés dans une famille, Les Paul, liée à l’Eglise des Adventistes du Troisième Jour dans le Kentucky. Je sais qu’ils y sont bien. Mon fils, Mason, de son vrai nom Ethan, est devenu un brillant avocat plein d’avenir. Il faut que je retrouve Rebekah. C’est mon sang, ma chair, ma vie… »

    Premier roman de Jax Miller qui est promis à un bel avenir littéraire. Les infâmes enchaine les chapitres courts, pour offrir au lecteur la terrible histoire qu’a vécu Freedom.
    Mais à trop vouloir se concentrer sur l’action et alterner les acteurs, on n’y trouve aucune profondeur. Aucune âme ne ressort de ce livre, à part quelques lignes émouvantes en guise de final à peu trop mélodramatique. Dommage. Quelques pages supplémentaires pour développer la personnalité de Freedom auraient peut-être été nécessaires.

    25/07/2018 à 12:27 4

  • Le Meurtre de Roger Ackroyd

    Agatha Christie

    9/10 Agatha Christie, la Duchesse de la mort, comme elle aimait se faire appeler, publie avec Le meurtre de Roger Ackroyd son sixième roman. Paru en 1926, ce livre a connu un immense succès, son plus grand d’ailleurs.

    Le Dr Sheppard, médecin du petit village de King’s Abbot, apprend le suicide de Mrs Ferrard. Celle qui a empoisonné son mari, n’a pu supporter la culpabilité et le chantage dont elle faisait l’objet.
    Devant se marier avec la veuve Ferrard, Ackroyd invite le Dr Sheppard à diner pour l’interroger sur les causes de la mort de Mrs Ferrard, celles de son mari et s’il savait que Mrs Ferrard faisait l’objet d’un chantage. Ackroyd doute du suicide en l’absence d’une lettre de sa future épouse. Celle-ci arrive par le courrier du soir, Ackroyd demande au Dr Sheppard de le laisser seul dans son bureau pour qu’il puisse prendre connaissance de la lettre.
    Rentré chez lui, un appel anonyme lui annonce qu’Ackroyd a été assassiné. Il se précipite à la demeure du riche anglais et ne peut que constater l’assassinat, par un coup mortel d’un poignard dans le cou.

    Venu se retirer dans la campagne anglaise et cultiver des citrouilles, Hercule Poirot est supplié par la sœur du Dr Sheppard, en bonne voisine, de prendre l’affaire en main et de résoudre ce meurtre. Un suspect tout désigné est sur les lèvres des protagonistes : le neveu d’Ackroyd, dont on ne trouve plus la trace depuis cette soirée.

    Sous la plume du docteur Sheppard, le capitaine Hastings étant en voyage en Argentine, Agatha Christie nous raconte comment les petites cellules grises de Poirot ont résolu cette affaire. Si ce roman policier est remarquable, c’est, à l’instar des grands cuisiniers, non pas grâce aux mélanges des ingrédients traditionnellement utilisés (mélanges des acteurs aux histoires et mobiles intéressants, multiplication des fausses pistes, secrets enfouis et dévoilés,…) mais à la petite touche du chef, qui permet de faire toute la différence. Et non, n’y comptez pas : je ne dévoilerai rien.
    Si, juste une chose : même relire l’histoire en connaissant la clé de l’énigme est savoureux.

    22/07/2018 à 14:17 6

  • Rebecca

    Daphné Du Maurier

    10/10 Manderley. Splendide et majestueuse demeure de la famille de Winter à l’architecture gracieuse, d’une beauté exquise et sans défaut, bâtie au creux de douces prairies et de mousseuses pelouses, entourées de grandes colonnades d’arbres, entremêlant leurs branches noueuses, et au milieu de buissons de rhododendrons les plus majestueux. Manderley. Lieu poétique et tragique niché à l’ouest de l’Angleterre, en bordure de mer.

    Mme de Winter se remémore sa destinée en tant que nouvelle épouse de Maxim de Winter. Quelques mois plus tôt, elle a rencontré M. de Winter, pendant qu’elle était la simple et modeste dame de compagnie de Mrs Van Hooper, une vieille dame acariâtre, venue passée quelques jours au sud de la France à Monte-Carlo. A peine après avoir lié connaissance, Maxim de Winter la demande en mariage. Après une cérémonie des plus simples et rapides et un voyage de noce de quelques jours en Italie, le couple arrive à la demeure familiale, Manderley. L’ombre et la mémoire de Rebecca y plane et hante encore le lieu. La précédente Mme de Winter est morte tragiquement, noyée dans son petit bateau et a laissé son empreinte dans la demeure et la pensée des domestiques. Notamment Mrs Danvers, la gouvernante à la personnalité froide et hautaine. Domestique attitrée mais également confidente de Rebecca, elle prend un plaisir pervers à rabaisser la nouvelle Mme de Winter. D’autant qu’il en faut peu à cette dernière qui manque d’assurance, de grâce, de confiance en elle, pour perdre espoir en sa qualité de nouvelle épouse de Maxim. Elle se sent broyée et mal à sa place, se demandant constamment comment ferait Rebecca pour s’imposer et redonner sa splendeur et le prestige à Manderley. Rebecca est le sujet de toutes les conversations. Et les tentatives de la nouvelle épouse pour s’imposer ne sont que voués à l’échec, comme le prestigieux bal annuel à Manderley.
    A la suite de l’échouage d’un navire dans la crique de Manderley, le bateau où Rebecca a trouvé la mort est découvert. Comme un fantôme, le corps de Rebecca y est retrouvé et avec lui, les secrets de la disparition feront surface, et menaceront les nouveaux amoureux.

    Daphné du Maurier est connue pour être une maîtresse du genre roman psychologique et à suspens. Et elle excelle avec Rebecca. Le terme de chef d’œuvre est loin d’être usurpé ici.
    Tout y est magnifique. L’histoire de ce couple d’amoureux, la présence envoûtante de Rebecca, la description poétique de Manderley, faisant de ce lieu un personnage à part entière dans le livre…
    Connaissant le film d’Hitchcock, je peux affirmer que le livre est plus puissant. Je peux vous dévoiler que Rebecca m’a également envoûté. Je n’hésiterai pas à le relire, à le rerelire... Un véritable chef d’œuvre, je vous dis.

    12/07/2018 à 19:33 5

  • Touriste de bananes

    Georges Simenon

    9/10 Oscar Donadieu, 25 ans, est à bord de "l’Île de Ré", un bateau qui fait route à destination de Thaïti. Lors du trajet, dans le Pacifique, le bateau croise "l’Île d’Oléron", et arrête sa course. On transfert le commandant Lagre qui est aux arrêts et qui doit être reconduit à Papeete pour y être jugé. Alors que "l’Île d’Oléron" avait quitté Thaïti depuis 3 jours, Lagre, la cinquantaine, marié avec enfants, a tué son troisième officier, Henri Clerc, âgé de 25 ans. Derrière ce drame, se cache une histoire de jalousie pour une femme, Tamatéa, une prostituée locale.

    Oscar Donadieu connaît le commandant Lagre, un ancien capitaine de son père, quand Donadieu vivait encore et était le plus puissant armateur de La Rochelle. C’est pour cette raison qu’à 12 ans, Oscar fut le parrain d’un des enfants de Lagre.

    Pour Oscar Donadieu, Thaïti est l’endroit rêvé pour vivre sereinement, loin du monde. Il est ainsi qualifié de « touriste de bananes », expression pour désigner des passagers qui partent sur les îles avec l’idée d’y vivre une vie naturelle, sans souci d’argent, en se nourrissant de bananes et de noix de coco… Ils cherchent une hutte abandonnée, s’y installent et après quelques mois, anémiés, malades, ils cherchent à se faire rapatrier en urgence.
    Oscar Donadieu n’est pas comme ça. Il veut montrer que sa motivation est sincère et qu’il peut être fort.

    Après quelques jours passés en ville, le temps que la saison des pluies s’arrête, il part et trouve une hutte abandonnée, par un Allemand qui y est mort, à deux cents mètres de la cascade de Papeari. Il s’y installe et vit de sa pêche, quitte à manger des poissons qui le rendront très malade. Mais il s’entête à rester dans cette vie sauvage, malgré la proposition du gouverneur, connaissant et respectant la famille Donadieu, d’un emploi dans l’administration locale, et celle du maréchal de gendarmerie Nicou, de le marier à sa fille.
    C’est seulement le procès de Large qui le fera revenir en ville. Mais Oscar sera terriblement déçu par cette parodie de justice, par la comédie jouée par le procureur général et par l’avocat, des silhouettes sans consistance.
    Il prend ainsi conscience que tout est fini pour lui. Il est fatigué, tant physique que moral, fatigué comme un mort. Lui, qui toute sa vie durant s’est obstiné à chercher quelque chose de beau, est désespéré de la nature humaine. Et c’est toute l’histoire de sa famille qui lui revient en tête : cherchait-il profondément quelque chose ou à fuir autre chose ?

    Simenon poursuit et conclut, avec Touriste de bananes, l’histoire du drame de la famille Donadieu, commencée avec le magnifique Testament Donadieu. Les multiples personnages, les situations, comme les paysages contribuent à magnifier la lourdeur, la noirceur de l’histoire. Au final, Touriste de bananes est un livre attachant, bouleversant de noirceur mais désespérément beau.

    07/07/2018 à 11:53 3

  • Les Soeurs Lacroix

    Georges Simenon

    8/10 Les sœurs Lacroix : c’est l’aînée, Léopoldine, qui s’appelle légalement Desborniaux suite à son mariage avec un tuberculeux qui vit en Suisse. Et Mathilde, comme ses enfants Geneviève et Jacques, s’appelle Vernes, suite à l’union avec Emmanuel, artiste à ses heures perdues. Or ça n’empêche pas les gens de dire toujours la maison des Lacroix, c’est dire les fortes personnalités des deux sœurs.

    Mais cette maison Lacroix, outre les photos des défunts, renferme aussi de lourds secrets. L’atmosphère y est lourde et pesante. Chaque membre de la famille souhaite échapper à cette ambiance tendue, alimentée par la haine réciproque des deux sœurs. Geneviève se réfugie dans la prière et dans une maladie qui la cloue au lit, et Emmanuel, dans son grenier à peindre les toitures des maisons avoisinantes. Quant à Jacques, il envisage de s’enfuir avec son amoureuse, la fille du notaire. Tout le monde voit que la vie et les projets n’ont pas leur place dans cette maison étouffante. Les deux frangines nourrissent le malheur au sein de la famille. Les fioles d’arsenic ne sont pas loin et les drames vont poindre leur bout.

    La liberté passe obligatoirement par le départ, qui peut prendre plusieurs formes sous la plume de Simenon. Un roman à huis-clos remplit de haine, d’aigreur et aux personnalités aussi bien perverses que persécutées.

    02/07/2018 à 20:21 3

  • Le Suspect

    Georges Simenon

    8/10 Pierre Chave, parisien d’origine, est régisseur dans un théâtre bruxellois. Il est également membre d’un groupuscule anarchiste depuis de nombreuses années : son rôle se limite à écrire des articles qu’il envoie à des journaux anarchistes et libertaires. Lors d’une répétition, « Le Baron » lui informe qu’une mission se prépare, une « action directe ». Le « petit » Robert a été chargé de faire sauter une usine d’avions à Courbevois.
    Chave aime Robert, comme il eût aimé un frère. Il décide d’aller sur le site pour l’empêcher de commettre ce massacre. Même s’il ne connaît ni le lieu exact ni la date précise, il prend le train pour la région parisienne, tout en discrétion, car il fait lui-même l’objet d’un mandat par la police française, suite à sa désertion lors de son service militaire.
    Plus idéaliste qu’acteur dans la lutte du système, Chase engage alors une quête effrénée de Robert, et ainsi déjouer l’attentat.

    Décrivant le milieu anarchiste des années 30, Simenon nous propose un roman intéressant et prenant par son ambiance haletante et son suspense tendu, sans pour autant laisser de côté la description psychologique des personnages, la marque de fabrique de l’auteur belge.

    01/07/2018 à 11:10 4

  • La Chute de la maison Usher

    Edgar Allan Poe

    8/10 Invité pressement par Roderick Usher, son seul ami d’enfance arrive au domaine Usher, maison aux murs froids, aux fenêtres semblables à des yeux distraits, présence de troncs d’arbres blancs et dépéris, propice à l’affaissement d’âme et à la mélancolie. Roderick se plaint d’une maladie physique aiguë, d’une affection mentale qui l’oppresse et espère trouver dans la compagnie de son ami réconfort et soulagement. Il lui avoue qu’il sent les objets, qu’il souffre d’une acuité des sens. Il lui annonce également que sa sœur Madeline est décédée et qu’il l’a placée dans un caveau en attendant de l’enterrer.
    Mais Roderick voit son état se dégrader… Impuissant, son ami va voir se dérouler le dénouement dans un état d’horreur inoubliable.

    Cette nouvelle fantastique voire gothique de 30 pages est remplie de surréalisme, d’irrationnel mais aussi de poésie. Lire La chute de la Maison Usher constitue toujours, même 150 ans après son écriture, une belle, plaisante et troublante lecture.

    25/06/2018 à 19:51 6

  • Ville sans loi

    Jim Thompson

    8/10 David McKenna, surnommé Bugs, débarque un jour dans cette bourgade nommée Ragtown. Une demi-heure plus tard, il est derrière les barreaux. Mais ce n’est pas non plus une surprise. Bugs est un habitué des prisons du Texas. Ce qui est plus surprenant et inhabituel, c’est quand le shérif adjoint, Lou Ford, malgré son passé judiciaire, lui offre sur un plateau le poste de responsable de la sécurité de l’hôtel de la ville, l’hôtel Hanlon, du nom de son propriétaire. Le patron, devenu riche grâce au pétrole qui a été découvert il y a une dizaine d’années dans le coin, est vieux et immobilisé dans son fauteuil roulant. Mike Hanlon a besoin d’un détective dans son hôtel, non pas pour sécuriser les clients, mais plus pour lui : marié récemment avec Joyce, il craint pour sa vie.

    Logé, nourri, blanchi, Bugs prend à cœur de réaliser au mieux ses nouvelles fonctions. Pourtant l’affaire est délicate. Après que le gérant lui ait indiqué que le comptable a volé 5.000 $, ce dernier met fin à ses jours en sautant du 10ème étage devant les yeux du détective. Bugs, en habitué des sales situations, sent qu’il doit faire profil bas : ce ne serait pas étonnant qu’il puisse être accusé de ce suicide. Et en plus, il reçoit des lettres de chantage lui demandant les 5.000 $. Et tout le monde peut être derrière cette affaire : Joyce Hanlon, la jeune femme du patron, qui essaie de le séduire, Lou Ford, le flic corrompu, Rosie Vara, la femme de ménage au sang noir. Pas facile pour Bugs d’y voir clair surtout qu’Amy Standish, l’amoureuse du shérif, semble très attirée par le privé. Et il faut qu’il voit qui pourrait en vouloir à Mike Hanlon.

    Ville sans loi est un roman qui part merveilleusement dans tous les sens, aux personnages les plus subliment décalés, allant de femmes fatales aux personnages les plus étranges, sans parler de l’atmosphère les plus intrigantes : c’est du Jim Thompson, tout simplement. Le simple nom de cet auteur doit suffire à lire ce livre même si Ville sans loi ne fait pas partie des chefs d’œuvre du maître du polar américain. A noter que bien qu’écrit 3 ans après L’assassin qui est en moi, ce livre reprend les mêmes personnages mais les situe avant.

    23/06/2018 à 09:26 4

  • Replay

    Ken Grimwood

    9/10 Relire un livre c’est ne pas simplement se remémorer une histoire. C’est aussi la redécouvrir et l’appréhender différemment, selon son histoire personnelle et sa maturité. Il propose une résonnance différente des autres fois.

    J’en ai fait l’expérience avec Replay. J’ai revécu (sans faire de mauvais jeu de mot), en tournant aussi vite que possible les pages, l’histoire de Jeff Winston insatisfait aussi bien de sa vie professionnelle que privée, qui se voit mourir d’une crise cardiaque à 43 ans et revenir dans le passé à l’âge de 18 ans, avec tous ses souvenirs. Et l’histoire se répète en boucle, inlassablement, avec des variantes dans la vie de Jeff dont il veut profiter et lui donner un sens.

    Mais Replay n’est pas un simple livre de science fiction, c’est un livre profondément rempli d’amour, d’humanité et d’optimisme.

    09/06/2018 à 11:23 12

  • Les Trois Crimes de mes amis

    Georges Simenon

    8/10 Les Trois crimes de mes amis ou comment Simenon raconte de manière introspective que la réalité côtoie la fiction.

    Alors qu’il commence sa carrière d’écrivain, à coucher sur papier ses récits de faux crimes de personnages aux esprits torturés et à l’histoire sombre, ceux avec qui il avait jadis vécu, qui avaient respiré la même atmosphère que lui, partagés les mêmes joies, les mêmes distractions, discutés les mêmes sujets, se mettaient à tuer pour de bon.

    Ces trois crimes de ses amis ressemblent à tous les crimes qu’il raconte dans ses livres. Sauf qu’il est plus difficile pour Simenon de trouver une raison à ces crimes. Pourtant c’est toute l’occupation allemande durant la Première Guerre qu’il pense devoir raconter. Celle qui a marqué les jeunes de l’époque qui l’ont subie aussi profondément que quelques années plus tard l’inflation qui marquera la jeunesse allemande. Pour comprendre ces crimes, Simenon ne raconte pas les faits, mais fait ressentir l’ambiance, l’état, l’odeur, … de l’époque.
    Comme ces jeunes filles qui rentrent dans la librairie de Hyacinthe Danse, un vicieux qui, en bon arriviste, avait ses entrées à la Kommandantur, et chantera tous les airs patriotiques avec tous les certificats de bon citoyen belge à l’Armistice dans sa poche.
    C’est aussi les soirées de débauche passées à citer Platon, Dostoïevski, Verlaine, à la « Caque », un repaire où Simenon côtoie artistes, femmes les plus déchues en compagnie de Deblauwe, aux magouilles les plus malsaines (responsable d’un journal satirique avec un troublant Roumain, et proxénète d’une femme en Espagne).
    Ces trois crimes ont été commis par Danse et Deblauwe. Mais, comme le souligne Simenon, « Pour que ça change, ça n’a pas empêché la vie de couler. Car, en définitive, tout est affreusement banal. »

    Il est rare que Simenon se livre ainsi dans ses livres. Même s’il ne raconte pas la vie du Belge, il ne faut pas prendre au pied de la lettre sa conclusion. Les Trois crimes de mes amis n’est pas un livre aussi anecdotique et insignifiant qu’il veuille nous le laisser croire. Certains ont été mieux servis que d’autres par la vie, et les exclus donnent matière aux histoires les plus sombres et intéressantes.

    09/06/2018 à 10:48 3

  • Double assassinat dans la rue Morgue

    Edgar Allan Poe

    9/10 La rue Morgue, un de ces misérables passages qui relient la rue Richelieu à la rue Saint Roch à Paris, fut le théâtre d'un crime des plus affreux et étrange en cet été 18.. . Affreux car Mademoiselle l'Espanaye et sa mère furent assassinées dans d'atroces circonstances : le corps sans vie de la fille fut fourré, la tête en bas, dans la cheminée ; la vieille dame fut décapitée, le corps gisant dans la cour du bâtiment. Étrange car la maison était fermée de l'intérieur et rien ne fut volé. Des témoins ont entendu une voix grave et masculine d'un français et celle d'un étranger dont la langue est inconnue. La préfecture de police a arrêté le commis du banquier qui avait apporté 4000 frcs en pièces d'or.
    Auguste Dupin, d'une famille illustre mais ruinée, possède une aptitude analytique exceptionnelle. Il résoudra, accompagné de son ami et narrateur, par ses talents de déductions ce mystérieux double assassinat.

    Écrit en 1841, cette histoire a jeté les bases du nouveau roman policier et les prémices de l'enquêteur moderne développant l'esprit de logique et de déduction dont s'inspireront d'autres futurs grands auteurs du genre. Qui a dit « élémentaire » ?

    Une lecture incontournable fortement conseillée aussi bien au jeune public qu'aux amateurs de polars contemporains.

    30/05/2018 à 19:03 9

  • Les Rescapés du Télémaque

    Georges Simenon

    8/10 Ce jour-là, l'arrivée du Centaure suscite une émotion particulière à Fécamp. Pourtant ce fut un retour habituel d'un bateau de pêche comme un autre. M. Picard, l'armateur, vint vérifier le chargement et décider s'il conviendra de faire repartir l'équipage. Les femmes couraient dans les boutiques, les femmes dont le mari allait rentrer allaient payer leur note de la quinzaine. Un rythme banal des arrivées de bateaux. Ce qui était moins banal ce fut la présence de 4 hommes inconnus du port : des policiers qui sont venus arrêter Pierre Canut, le capitaine du Centaure. Il est accusé d'avoir assassiné M. Février il y a 10 jours de là, lors de son dernier passage à terre. C'est l'émoi à Fécamp, tout le port s'indigne. Ce n'est pas possible. Canut est considéré, à 33 ans comme un garçon solide, un des meilleurs patrons pêcheurs du port. En plus, son arrestation va mettre en cause la pêche du Centaure.

    L'arrestation de Pierre Canut pour le meurtre d’Émile Février aurait pour mobile une vengeance familiale. En hiver 1906, le Télémarque sombra au large de Rio de Janeiro. Quatre membres de l'équipage furent sauvés et un autre mort, le poignet tailladé. Le mort était Pierre Canut, le père. L'enquête montra qu’après 14 jours de dérive, le bosco, Février entailla, avant de le jeter à la mer, le corps à peine mort d'un matelot anglais pour boire son sang et donner des forces aux 5 membres du canot. Mais seulement pour quelques jours avant de sombrer dans un mortel délire. Les autorités conclurent que Pierre Canut, pris de folie, s'était taillé lui-même les veines. Il laissait une femme enceinte de jumeaux.

    Pierre Canut, malgré toute sa force, ne dit rien. Il ne sait pas ce qu'il faut dire aux policiers. L'intelligence des jumeaux c'est pas lui. C'est son frère Charles. Alors ce dernier va mener des recherches pour innocenter Pierre. Pas par soucis de justice. Mais parce que c'est Pierre, le plus beau, le plus fort, celui que tout le monde aime, et surtout pour que la vie redevienne normale et qu'elle se poursuive comme si de rien n'était.

    Un très bon Simenon où l'intérêt du livre ne réside pas tant dans l'enquête de l'assassin de Février mais de l’acharnement de Charles, toujours dans l'ombre, a sauvé son frère.

    20/05/2018 à 20:40 4

  • Chemin sans issue

    Georges Simenon

    5/10 Golfe-Juan, en ce dimanche avant Pâque, la routine de l'hiver continue. Tout le monde a ses petites habitudes Chez Polyte, le café des pêcheurs : Pastore, l'adjoint, Tony et Lily, la serveuse. Et puis Vladimir et ses habituels whiskys. Vladimir, un Russe qui a fui la Révolution, est le « capitaine » de l'Elektra, ce yacht où vit Mademoiselle Hélène, que Vladimir aime secrètement. Sauf que Mademoiselle Hélène préfère la compagnie de Blinis, ce matelot slave au visage d'adolescent. Et puis Vladimir se voit alpaguer par Jeanne Papelier, cette cinquantenaire, la mère d'Hélène, qui habite aux Mimosas, une villa dans les hauteurs de la ville. Elle aime rompre sa lassitude et combler le vide de son existence en soirées alcoolisées en compagnie de Vladimir.

    Mais le Russe est jaloux de Blinis. Il veut que Mademoiselle Hélène le remarque et passer tout son temps en sa seule compagnie. Il volera un brillant de Mme Papelier et fera accusé Blinis. Ce dernier ne pourra que prendre la fuite. Mais le remords rongera Vladimir…

    Simenon est connu voire reconnu pour ses romans aux multiples acteurs et aux histoires qui se laissent découvrir et apprécier au fil des lignes et des pages. Malheureusement, manque de concentration de ma part ou histoire trop complexifiée, ma lecture a souffert de la lenteur de l'action et de la multitude de personnages secondaires voire encombrants.

    19/05/2018 à 09:34 4

  • Jusqu'à l'impensable

    Michael Connelly

    9/10 Harry Bosch est toujours suspendu sans solde du LAPD. L'année précédente, il a fait l'objet d'accusations inventées de toutes pièces parce qu'il avait crocheté la serrure du bureau de son capitaine afin de pouvoir consulter des archives ayant trait à son enquête. Cette procédure risquant de l'amener au-delà de sa mise en retraite obligatoire et sans ressources, il a embauché son demi frère, Haller, l'avocat à la Lincoln, pour le défendre dans cette procédure. Ce dernier lui propose de devenir son enquêteur, le temps d'une affaire, son collègue, Cisco, ayant été victime d'un accident de moto.

    Bosch est assez réticent : pour lui, il est inconcevable qu'un inspecteur du LAPD travaille pour un avocat de la défense. Ce serait commettre l'impensable : défendre un criminel. Se laissant persuadé d'au moins rencontrer son client, Bosch interroge Da’ Quan Foster, un repenti du fameux et impitoyable gang Rollin' 40s Crips, devenu artiste qui en plus d'exposer ses œuvres, donne des cours de peinture aux gamins de son quartier. Foster est accusé d'avoir agressé, violé puis battu à mort Lexi Parks, la très aimée directrice adjointe des services municipaux de West Hollywood.

    Bosch, en vieux et expérimenté enquêteur, sent que Foster pourrait bien à juste titre clamer son innocence. Cependant il se rend compte que son alibi ne tient pas la route. Il n'était pas à son atelier le soir du meurtre : l’accusation a un témoin qui est passé mais il affirme son absence. Bosch arrive à faire cracher la vérité à Foster : il était avec un prostitué. Mais voici que l'affaire se complique : celui-ci a été assassiné. Une seule solution s'offre à Bosch désormais pour aider Haller : découvrir le véritable assassin.

    Une très intéressante et prenante enquête offerte par Connelly. Tout est maîtrisé, aucun détail n'échappe à l'auteur, le tout raconté avec une écriture limpide et efficace.

    19/05/2018 à 08:04 6

  • Nuit de fureur

    Jim Thompson

    7/10 Carl Bigelow se voit charger par le Patron d'éliminer Jake Winroy, un témoin qui va balancer tous les juges vendus, les politiciens véreux et tous ceux qui touchaient des pots de vin lors du prochain procès du gros scandale des paris truqués. Carl, alias Charlie (Little) Bigger, s'avère être le tueur à gages le plus meurtrier et le plus insaisissable de l'histoire du crime. Personne ne le connait et ceux qui l'ont connu n'ont pas survécu à cette rencontre. Mesurant 1,50 mètre pour 45 kg, et atteint de tuberculose, Carl va profiter du fait qu'il paraisse 17 ans pour suivre des études à l'école normale de Peardale et pouvoir intégrer la pension gérée par les Winroy. Cette dernière est composée de Ruth Dorne, la cuisinière dotée d'une infirmité très particulière, de Kendall un vieux qui travaille dans l'usine de boulangerie locale. Et de la belle et charmante Fay Winroy, la femme de Jake, qui tombe sous le charme de Carl. Ce dernier lui confie sa mission et elle va vouloir l'aider dans cette tâche. D'autant plus que le shérif Bill Summers veille au grain.

    Jim Thompson propose dans Nuit de fureur une véritable auberge espagnole du polar avec des personnages aussi esquintés que barrés. Un livre léger et plaisant avec une fin des plus décalées et inattendues.

    12/05/2018 à 16:53 5

  • Bull Mountain

    Brian Panowich

    8/10 Cela fait près de 70 ans que la famille Burroughs règne sur les hauteurs de Bull Moutain, cette montagne de Georgie. Et, au fil des années, elle y exerce différents trafics assez lucratifs, alcool, herbe, meth', armes,... sans problème particulier. C'est le dernier des fils, Halford, qui assure avec force et terreur les affaires familiales. Son frère, Clayton, qu'il renie du plus profond de son coeur, est passé de l'autre et bon côté de la frontière de la loi: c'est le shérif de la vallée de Waymore. Dire que la tension est bien palpable entre ces deux frangins serait un euphémisme.
    Alors quand un agent fédéral, Simon Holly, vient rencontrer Clayton pour proposer un moyen d'éviter que le clan Burroughs soit arrêté dans un bain de sang, il n'en faut pas plus pour que la fibre familiale ressurgisse. Clayton monte à Bull Mountain et rapporte le marché à son frère: dénoncer toute la filière.
    Mais l'histoire de Bull Mountain s'est construite depuis 1949 par et dans le sang. Le déroulé des chapitres alternant passé et présent nous expliquera que rien ni personne n'arrivent à Bull Mountain par hasard et que seul le sang apportera les réponses aux mystères de la saga Burroughs.

    Un livre sous tension avec des personnages profondément marqués et marquants. Une lecture haletante accentuée par une écriture privilégiant les dialogues et les chapitres courts. En nous offrant un roman noir attachant, Brian Panowich rejoint les auteurs qui excellent dans le polar rural, à l'instar de Daniel Woodrell. Puisqu'il est annoncé un Bull Mountain II, c'est avec plaisir et intérêt que je lirais la suite de l'oeuvre de cet auteur au talent prometteur.

    10/05/2018 à 09:12 11

  • La Vie sexuelle des sœurs siamoises

    Irvine Welsh

    8/10 L'auteur écossais, Irvine Welsh, est connu pour avoir écrit le puissant Trainspotting, livre qui a touché voire inspiré toute une génération, de cinéastes, d'écrivains et de musiciens. Mais limiter Irvine Welsh à ce seul ouvrage est réducteur et serait commettre un affront à son immense talent. Sa pertinence à décrire notre société n'a d'égal que la violence de ses mots et l'horreur de ses personnages.

    La vie sexuelle des sœurs siamoises ne déroge pas à ces règles et constitue un exemple parfait de ce que Irvine Welsh souhaite nous faire vivre : nous foutre dans la gueule l'hypocrisie et la méchanceté de notre société dite civilisée. Au menu : la culture de l'image et des apparences, le marché du corps parfait, la malbouffe et notre société de névrosés…

    Lucy Brennan, coach sportive, une trentenaire au physique parfait, voit sa vie basculer lorsqu’elle immobilise un homme armé qui souhaitait abattre deux hommes sur le périph de Miami. Filmée par Lena Sorenson, une artiste aussi ronde que timide, la scène fait le tour des médias télé et hisse Lucy au statut d'héroïne. On lui propose d'être la coach d'une prochaine téléréalité et les paparazzis assiègent sa résidence. Lena lui demande de la prendre en main. Alors que l'on découvre que l'homme du périph souhaitait abattre deux pédophiles dont il a été victime, Lucy va prendre au pied de la lettre la demande de Lena. C'est le commencement d'une histoire aussi barrée que réaliste, aussi horrible qu'émouvante. La folie humaine ne semble pas avoir de limites pour Irvine Welsh. Pour notre plus grand plaisir.

    08/05/2018 à 11:38 5

  • Romanesque

    Tonino Benacquista

    7/10 L’Amour (avec une majuscule) peut-il vraiment exister ? Pouvons-nous vraiment accepter ce parfait idylle ? C'est la trame de ce livre de Tonino Benacquista.

    Au XIIIème siècle, un braconnier rencontre une cueilleuse dans une forêt et la fusion des deux êtres est inéluctable. L'Amour vient de les unir et c'est le début d’une aventure…romanesque. Les villageois sont suspicieux de ce couple, le clergé souhaite mettre fin à cette relation hérétique (seul Dieu doit susciter de tels sentiments). Le couple passera devant le roi avant de finir têtes tranchées. Mais arrivés au Paradis, Dieu ne l'entend pas comme ça : les Amoureux se verront retourner sur Terre des siècles plus tard, à des endroits opposés. L’odyssée commence pour les deux Amoureux dans leur quête de l'autre alors que leur histoire fait également le tour de monde.
    Parallèlement, de nos jours, aux États -Unis, un couple est pourchassé par les forces de l’ordre. Ils font l'objet d'une exposition médiatique impressionnante, et les réseaux sociaux s'emparent de cette course poursuite.

    Une lecture très rafraîchissante avec une histoire aussi palpitante que belle. Pour les amateurs de belles histoires sentimentales comme les contes des Milles et une nuits.

    01/05/2018 à 21:46 4