Nuit de fureur

(Savage Night)

4 votes

  • 7/10 Carl Bigelow se voit charger par le Patron d'éliminer Jake Winroy, un témoin qui va balancer tous les juges vendus, les politiciens véreux et tous ceux qui touchaient des pots de vin lors du prochain procès du gros scandale des paris truqués. Carl, alias Charlie (Little) Bigger, s'avère être le tueur à gages le plus meurtrier et le plus insaisissable de l'histoire du crime. Personne ne le connait et ceux qui l'ont connu n'ont pas survécu à cette rencontre. Mesurant 1,50 mètre pour 45 kg, et atteint de tuberculose, Carl va profiter du fait qu'il paraisse 17 ans pour suivre des études à l'école normale de Peardale et pouvoir intégrer la pension gérée par les Winroy. Cette dernière est composée de Ruth Dorne, la cuisinière dotée d'une infirmité très particulière, de Kendall un vieux qui travaille dans l'usine de boulangerie locale. Et de la belle et charmante Fay Winroy, la femme de Jake, qui tombe sous le charme de Carl. Ce dernier lui confie sa mission et elle va vouloir l'aider dans cette tâche. D'autant plus que le shérif Bill Summers veille au grain.

    Jim Thompson propose dans Nuit de fureur une véritable auberge espagnole du polar avec des personnages aussi esquintés que barrés. Un livre léger et plaisant avec une fin des plus décalées et inattendues.

    12/05/2018 à 16:53 JohnSteed (631 votes, 7.7/10 de moyenne) 5

  • 8/10 Ce livre de Thompson n’a pas l’humour noir de « 1280 pop. », ni la folie de « L’assassin qui est en moi » ou encore la virtuosité narrative de « Hallali ». Mais en nous dessinant une humanité sans issue positive possible et en rendant impossible l’identification à un seul des personnages, c’est sans doute le plus âpre de ses romans.

    06/03/2017 à 11:33 Kafka65 (80 votes, 7.4/10 de moyenne) 5

  • 8/10 Car Bigelow, également connu sous le sobriquet de Little Bigger. Profession : tueur à gages. Signes particuliers : fait physiquement bien moins que ses trente ans, est presque aveugle, mesure un mètre cinquante, a des dents artificielles, et est atteint de la tuberculose. Sa dernière mission en date : assassiner, sans attirer l’attention, un indicateur qui va bientôt témoigner à un procès. Le plus simple semble être d’intégrer la pension de Peardale, que tient sa future victime, afin de commettre son forfait en toute quiétude. Mais sur place, l’attendent l’épouse de la balance ainsi que Ruth, jeune fille estropiée. Et ça ne constitue que le début des embêtements.

    De Jim Thompson, quasiment tout le monde connaît Le Démon dans ma peau ou encore 1275 âmes. Cet écrivain américain est l’un de ceux dont on continue de prononcer le nom avec déférence, même près de quarante ans après son décès. Ici, on retrouve une belle part des qualités et obsessions de l’auteur, mais avec une noirceur encore plus prononcée, comme s’il avait passé au tamis ses idées et mots pour n’en garder que les plus ténébreux. Cela commence avec un (anti)héros, tueur décomplexé qui s’apprête à remplir son contrat et finit par tomber, d’une certaine manière, sous la coupe de deux femmes, dont l’une est un peu son écho physique féminin. Ici, tout y est souillé, immoral, à la limite du grotesque. Ça boit, ça fume, ça tire des plans sur la comète en se promettant de grandes virées une fois la mission – rien de moins que l’homicide d’un être humain – réalisée. Et, à défaut de la moindre action tout au long de ce récit, on finit par se complaire dans cette fange fétide, peuplée également de personnages retors et inquiétants comme Le Patron, commanditaire de Carl, ou La Gnôle, sous-fifre en mal de reconnaissance. Et ce presque huis clos entre gens de fort mauvaise compagnie s’achève, comme il se doit dans tout roman noir, par une rédemption ou une déchéance. Ici, ça sera la chute. Brutale. À coups de hache. Dans la claustration d’une trappe. Tandis que des chèvres hurlent. Il y a parfois des épilogues si emportés et criards qu’ils parviennent, en quelques pages, à pallier de longs instants en apparence lénitifs et muets, alors que la violence s’exprime parfois ainsi, par des berceuses captieuses et des silences sournois. Assurément, celui de cet ouvrage en constitue l’un des plus vibrants exemples.

    Certains romans ne cherchent pas nécessairement à séduire. Ils produisent leur matériau brut, mal taillé et volontairement rêche, à la face du lecteur, non par arrogance ou paresse mais pour mieux mettre en exergue les affres de l’âme humaine et les hantises de son auteur. C’en est ici le cas typique avec cette œuvre plutôt méconnue de Jim Thompson. Le noir s’y fait couleur, avec ses nuances de désespoir et de finitude, au sens très large du terme. Probablement pas l’œuvre la plus accessible de Jim Thompson, et c’est peut-être en cela qu’elle en devient fondamentale.

    12/02/2017 à 08:50 El Marco (3455 votes, 7.2/10 de moyenne) 7

  • 7/10 Encore une fois, Jim Thompson nous entraîne dans les tréfonds de l'âme humaine, en l'occurrence ici dans celle de Carl Bigelow, un homme d'un mètre cinquante, malade et amoché par la vie. Mais s'il ne paye pas de mine, Carl a un lourd passé et il a été mandaté par un truand pour liquider un témoin gênant en faisant en sorte que ça ressemble à un accident. Tout dans ce livre est glauque, malsain, pathétique, encore plus que d'habitude avec Thompson, ce qui n'est pas peu dire... Il n'y a pour ainsi dire aucune action, mais l'ambiance, le suspense et les obsessions récurrentes de l'auteur (voir le personnage de Ruth) fonctionnent à plein pour nous emmener vers un final halluciné, une descente aux enfers.

    24/01/2013 à 19:06 Horatio (294 votes, 7.5/10 de moyenne) 4