JohnSteed

553 votes

  • Avalanche hôtel

    Niko Tackian

    8/10 Première entrée dans l’univers littéraire de Niko Tackian. Compagnon de Franck Thilliez pour l’écriture de scénarios TV, Niko Tackian partage cet univers des romans noirs à suspense. Mais ce n’est pas pour autant qu’il faudrait le classer en seconde division. Niko Tackian m’a plongé dans cette intrigue onirique, cauchemardesque et angoissante avec force, style et talent. J’étais en apnée, cherchant à respirer entre les courts chapitres, à comprendre et chercher ce qui se tramait dans cet hôtel.

    Un homme se réveille nu, la mémoire en miette, dans une salle de bain d’hôtel : Avalanche Hôtel. Le plus bel hôtel des années 80 à Vevey, canton suisse. Il découvre qu’il est détective. Il se nomme Joshua Anderson. Un drame vient de se produire : le jour de ses 18 ans, Catherine Alexander vient de disparaître. La directrice de l’hôtel le somme d’enquêter et de trouver la fille de la très riche famille fidèle à Avalanche Hôtel. Suivant sa voix intérieure, sa quête va l’emmener dans une station de ski, où il va être emporté par une avalanche.
    Il se réveille dans un lit d’hôpital. En 2018. Toujours le même homme, Joshua découvre qu’il est policier et qu’il mène une enquête sur une femme inconnue qui est dans le coma depuis des années.
    Ces quelques lignes ne résument que les 20 premières pages du roman qui en compte 260. Et le rythme ne ralentit pas, nous encourageant à dévorer les chapitres.

    C’est peu dire que j’ai été séduit par cette histoire et le style de Niko Tackian, que je regrette de ne pas avoir découvert plus tôt. La trame, le rythme, la plume, les personnages, les cliffhangers, l’atmosphère… tout m’a plu dans cet Avalanche hôtel. Cela va sans dire que je vais me plonger dans ses autres livres et que je ne peux que conseiller à celles et ceux de découvrir cet auteur.

    11/09/2021 à 09:19 6

  • Avant les années terribles

    Víctor Del Árbol

    9/10 Victor Del Arbol délaisse l’histoire de l’Espagne pour se consacrer à la guerre civile en Ouganda.

    Isaïe a débarqué dans la péninsule ibérique il y a quelques années. Il est devenu réparateur de vélo et va devenir papa dans quelques semaines, amoureux fou de la maman, la sublime Lucia. Sa nouvelle vie semble radieuse, sans aucun nuage à l’horizon. Mais un ancien camarade vient frapper à sa porte et lui demande de venir témoigner de sa vie passée lors d’un séminaire international à Kampala. Il en va de l’avenir de son pays natal, l’Ouganda. Mais revenir en Afrique va réveiller les démons et faire ressurgir l’horreur d’une histoire qui ne pourra que difficilement s’oublier.

    Victor Del Arbol va, en alternant passé – présent, raconter l’horrible et terrifiante vie d’Isaïe, cet enfant soldat, qui, comme tant d’autres, ne comprendra qu’en grandissant la monstruosité des événements. L’auteur espagnol fait défiler ses mots, d’une poésie et d’une fluidité déconcertante. Sans jugement, il nous relate l’histoire de ce pays et de la folie des hommes et des enfants qui prenaient les armes pour combattre ce qu’ils ne comprenaient pas. Victor Del Arbol est au meilleur de son talent, comme s’il était proportionnel à l’effrayant thème du livre.

    30/01/2022 à 11:40 7

  • Aztèques dansants

    Donald Westlake

    6/10 Écrivain très prolifique sous son propre patronyme ou sous pseudonyme, Donald Westlake était une figure incontournable du polar humoristique américain des années 70 et 80. Aztèques dansants, considéré comme un roman majeur dans l’œuvre de l’Américain, m’a toutefois déçu.

    Pourtant tous les ingrédients, marques de fabrique de l’auteur, étaient réunis : situations cocasses, personnages décalés voire limités intellectuellement… Ce polar dévoile une entreprise d’escroquerie en vue de voler une antique statuette en or massif, aux yeux d’émeraudes, valant un million de dollars, représentant un Aztèque dansant, par Jerry Manelli. Ce malfrat professionnel doit faire preuve de finesse et de rapidité. Car sur le « marché », de fausses copies circulent. Et l’entourloupe est connue par d’autres « courtisans ». Donc, c’est une véritable course poursuite et une quête effrénée à la véritable statuette.

    Roman trop long (près de 500 pages) et aux trop nombreux personnages, le lecteur est noyé par trop de longueur. Ceci, à mon avis, dessert la qualité de l’histoire et le style comique de l’auteur. Dommage.

    04/10/2023 à 11:16 2

  • Battues

    Antonin Varenne

    9/10 Rémi Parrot est agent de l’ONF, dans son pays d’origine, la Creuse, entre le Parc Naturel Régional et les Pierres Jaumâtres, où l’on peut voir au loin la Chaîne des Puys. Défiguré suite à un accident agricole à son adolescence, Rémi vit seul sur l’ancienne ferme familiale : plus de parents, une sœur avec qui il n’a que des relations épisodiques, et un amour de jeunesse, Michèle trop belle pour lui et pour le pays, et pour qui il n’a plus que de faibles espoirs. Surtout qu’elle a pour patronyme Messenet, une famille qui se dispute, avec les Courbier, les terres du pays. Alors Rémi se réfugie dans son métier qui lui permet de plonger corps et âme dans cette nature aussi belle que secrète.

    Quand Philippe, le collègue de Rémi, disparaît, il redoute le pire. Et le dossier sur lequel Philippe travaillait en douce, un projet touristique sur les terres des Courbier, ne fait qu’empirer les craintes de Rémi, d’autant qu’il devient la cible lors d’une battue aux sangliers. Il lui tient à cœur de faire la lumière sur cette disparition qui ne va être que la première étape à une série de drames.

    Battues est une très belle ode noire au milieu rural avec ses affaires de famille, la puissance des notables locaux, ses règlements de compte, la haine des étrangers au pays,… L’écriture d’Antonin Varenne est aussi belle (les descriptions de la nature) que tendue (l’enquête et l’histoire sont bien menées au lecteur). Aucune longueur. L’intrigue est maîtrisée. Je découvre avec ce roman noir cet auteur dont je vais continuer de lire ses autres œuvres, sans aucun doute et avec beaucoup d’excitation.

    20/09/2020 à 19:26 6

  • Bergelon

    Georges Simenon

    8/10 En ce dimanche matin, le Docteur Bergelon, médecin de famille dans cette ville provinciale de Bugle, se réveille avec la gueule de bois. Ce n’est pas tant la soirée très arrosée de la veille que l’accouchement malheureux de Mme Cosson qui le met dans cet état : l’enfant et la mère sont décédés. Le mari demande des comptes à Bergelon et le menace de mort. C’est l’effondrement pour Bergelon. Il se rappelle la soirée où le Docteur Mandalin, chef de la clinique, avait voulu fêter leur partenariat. Ils avaient bu plus que de raison, et repoussé l’accouchement de Mme Cosson.
    Mais cette menace, Bergelon la voit de manière positive. Et si c’était après tout un mal pour un bien ? Une ouverture vers la liberté, sa liberté ?

    Avec Bergelon, Simenon nous dépeint un homme prisonnier des valeurs de la société, de ses principes et obligations. Mais peut-on vraiment s’affranchir de notre vie ? L’auteur belge nous offre une merveilleuse introspection d’un homme en pleine période de crise identitaire.

    23/10/2020 à 10:13 3

  • Billy Summers

    Stephen King

    9/10 Je ne suis pas un féru de Stephen King et notamment des thèmes qu’il exploite dans ses romans, à savoir l’horreur, le fantastique, la science-fiction, soit la majorité de ses livres. Dès lors, je lis la 4ème de couverture de ses sorties pour voir si je peux me laisser tenter. Car je reconnais le talent de l’écrivain et à chaque fois que j’ai ouvert un de ses livres, j’ai toujours été happé et dévoré ses histoires. Par exemple, j’ai vraiment adoré La ligne verte ainsi que 22/11/63.

    En parcourant le résumé de ce Billy Summers, j’ai pensé que cette histoire pouvait m’intéresser. Mais je me suis trompé. Pas intéressé mais carrément adoré. Stephen King a réussi ce tour de force, et c’est aussi une preuve de son talent, de nous faire adorer ce tueur à gage, qui a pour mission de tuer quand il arrivera au tribunal un homme détenu afin qu’il ne dénonce pas les gros bonnets.

    Alors qu’il attend patiemment dans un bureau loué pour plusieurs mois le jour J, devenu David Lockridge, sa couverture, un auteur qui doit présenter son premier livre à son prétendu éditeur, Billy se fond dans son personnage, s’intègre avec ses collègues des bureaux, sympathise avec les voisins de sa résidence et commence à écrire sa biographie. Lui, ce vétéran de la guerre du Golfe, a des choses à raconter. Et décidé que cette mission soit la dernière de sa carrière de tueur à gage, même s’il a pour principe de ne tuer que les « méchants »…

    Comme son titre l’indique, ce livre propose l’histoire de Billy Summers, sa mission en tant que tueur à gage avec en filigrane sa vie, et son combat en Irak. On croisera dans cette histoire Alice, une jeune femme sauvagement agressée… Un duo très attachant et très émouvant. Un livre que je placerai dans le top 5 de l’auteur (du moins de ceux que j’ai lus).

    23/02/2023 à 12:08 9

  • Blackwood

    Michael Farris Smith

    7/10 Michael Farris Smith plante d’emblée le décor : sombre et angoissant. Colburn revient à Red Bluff, Mississippi, la ville où enfant, il a participé au suicide de son père. Red Bluff, envahie par une mystérieuse plante, le kudzu et où l’activité économique a disparu.

    Le mystère envahit le roman. Les personnages sont multiples, et leurs relations ambigües. A l’image de « l’enfant » qui traîne son caddie, tombé dans cette ville avec « l’homme » et « la femme », aux passés étranges, mystérieux et sombres. Une ambiance style Twillight Zone, version noir et blanc.
    Un livre qui ne plaira pas aux amateurs de page-turner, de livres où les derniers chapitres apportent la lumière sur les événements. Non, ici le sombre et les ténèbres priment avant tout.

    Un livre où l’écriture personnelle de Michael Farris Smith sublime l’histoire. Un auteur qui ne laisse pas indifférent le lecteur, une preuve d’un certain talent et d’un talent certain.

    30/10/2021 à 13:30 7

  • Bleu de Prusse

    Philip Kerr

    8/10 Automne 1956, la saison touche à sa fin au Grand Hôtel de Saint Jean-Cap-Ferrat où Bernie Gunther travaille en tant que concierge. Tandis qu’il prépare ses valises, il est approché par des membres de la Stasi. Ces derniers le menacent de s’en prendre à son ex-femme s’il ne remplit pas une mission spéciale : tuer Anne French.
    Même si cette dernière a su manipuler Bernie en lui faisant endosser la responsabilité d’un crime, l’ex-Kommissar de la Kripo ne peut accepter ce chantage. Une seule solution s’offre à lui : la fuite vers l’Allemagne. Une course poursuite s’engage entre Gunther et les membres de la Stasi, dont Friedrich Korsch. Ce dernier fut l’adjoint de Gunther en 1939. Le temps de sa cavale, il se remémore l’affaire qui les avait menés sur le Berghof, l’immense propriété luxueuse du Führer. Un ingénieur avait été tué sur la terrasse. Alors qu’Hitler souhaite venir y fêter son cinquantième anniversaire, Heidrich somme Gunther de découvrir le meurtrier dans la plus grande discrétion. Hors de question que l’on puisse apprendre qu’il est facile de tuer quelqu’un au nid d’Aigle.

    Philip Kerr nous comble dans cet épisode des aventures de Bernier Gunther. L’enquête, comme toujours, est rondement bien ficelée, le cadre historique très intéressant. Les remarques acerbes, le cynisme, les réflexions toujours aussi piquantes de Gunther sur le régime nazi, le peuple allemand, les Français,… sont aussi pertinentes que dérangeantes. Et on adore ça quand c’est écrit par Philip Kerr.

    31/05/2019 à 17:47 10

  • Bois aux Renards

    Antoine Chainas

    8/10 J’avais pris quelques dispositions pour pouvoir enchaîner les 530 pages du nouveau roman d’Antoine Chainas. Au regard des critiques élogieuses des premiers lecteurs de ce Bois aux renards, je voulais être entièrement disponible pour ce moment de lecture que j’espérais être un véritable moment de bonheur, voire de plaisir. Mes quelques derniers jours de vacances avaient donc pour objectif, entre autres, de lire la dernière œuvre de l’auteur français.

    Et j’ai beaucoup aimé cette histoire, comment elle commence, à la manière des meilleurs Boileau-Narcejac ou de Robert Bloch, ces auteurs qui ont donné matière aux films d’Hitchcock : on rentre dans le livre avec des protagonistes, Bernadette et Yves, des tueurs en série très particuliers, un couple très amoureux, que l’on suit pendant le long du livre mais qui ne sont pas réellement les personnages principaux de Bois aux renards. Non, l’histoire ce n’est pas non plus cette fille séquestrée qui arrive à s’enfuir de la torture de ce couple. Ce n’est pas non plus les habitants de ce petit village juché dans la montagne, ces personnes qui vivent recluses en communauté, voire de manière sectaire. Je pourrais continuer ainsi à dérouler l’histoire et les personnages. Ce Bois aux renards est une somme de tous ses personnages, de ses histoires qui se recoupent, de son ambiance, de son atmosphère et de ses légendes. C’est un tout indissociable. En tant que tel, ce Bois aux renards est fascinant.

    Mais je n’ai pas vraiment apprécié le style (voulu ?) ampoulé, grandiloquent, excessif dans les choix des tournures ou du vocabulaire qui sied mal, je trouve, c’est complément subjectif, à l’histoire.

    Mes notes donc : 9 pour l’histoire et 7 pour la narration = 8

    23/05/2023 à 16:08 9

  • Bull Mountain

    Brian Panowich

    8/10 Cela fait près de 70 ans que la famille Burroughs règne sur les hauteurs de Bull Moutain, cette montagne de Georgie. Et, au fil des années, elle y exerce différents trafics assez lucratifs, alcool, herbe, meth', armes,... sans problème particulier. C'est le dernier des fils, Halford, qui assure avec force et terreur les affaires familiales. Son frère, Clayton, qu'il renie du plus profond de son coeur, est passé de l'autre et bon côté de la frontière de la loi: c'est le shérif de la vallée de Waymore. Dire que la tension est bien palpable entre ces deux frangins serait un euphémisme.
    Alors quand un agent fédéral, Simon Holly, vient rencontrer Clayton pour proposer un moyen d'éviter que le clan Burroughs soit arrêté dans un bain de sang, il n'en faut pas plus pour que la fibre familiale ressurgisse. Clayton monte à Bull Mountain et rapporte le marché à son frère: dénoncer toute la filière.
    Mais l'histoire de Bull Mountain s'est construite depuis 1949 par et dans le sang. Le déroulé des chapitres alternant passé et présent nous expliquera que rien ni personne n'arrivent à Bull Mountain par hasard et que seul le sang apportera les réponses aux mystères de la saga Burroughs.

    Un livre sous tension avec des personnages profondément marqués et marquants. Une lecture haletante accentuée par une écriture privilégiant les dialogues et les chapitres courts. En nous offrant un roman noir attachant, Brian Panowich rejoint les auteurs qui excellent dans le polar rural, à l'instar de Daniel Woodrell. Puisqu'il est annoncé un Bull Mountain II, c'est avec plaisir et intérêt que je lirais la suite de l'oeuvre de cet auteur au talent prometteur.

    10/05/2018 à 09:12 11

  • Butcher's Crossing

    John E. Williams

    9/10 En 1865, après trois années d'études à Havard, Will Andrews part à Butcher's Crossing, petite bourgade du Kansas. Ayant quitté Boston et sa vie confortable, ce gamin et fils de pasteur souhaite y retrouver McDonald, une connaissance de son père, pour qu'il lui indique comment partir à la découverte des grands espaces. Il rencontre Miller, un chasseur de bisons. Ce dernier lui raconte ses exploits passés et les endroits propices aux rêves de Will, notamment cette passe dans les Rocheuses, au Colorado, où des milliers de bisons y passent l'hiver. Will voit une occasion en or de réaliser sa quête d'aventures. Il propose à Miller, moyennant plusieurs centaines de dollars, de constituer une équipée. Le chasseur, satisfait de pouvoir chasser, tuer et prendre les peaux de milliers de bisons voit les milliers de dollars qui seront dans sa poche avant l'hiver. Avec Charley Hoge, inséparable de son whisky et de sa bible, Fred Schneider, le meilleur dépeceur de bisons, ils partent tous accomplir chacun leur quête. Leur parcours sera semé d'embûches avant d'arriver dans cette montagne où effectivement ces milliers de bisons paissent paisiblement. Et le carnage commence et dure plusieurs jours. Et puis un flocon, deux flocons…. tombent et ce qui devait être un rêve devient un cauchemar. Butcher's Crossing s'éloigne et ne sera plus jamais pareil.

    Écrit en 1960, Butcher's Crossing est un livre attachant et bouleversant. John Williams est plus qu'un écrivain : c’est un écrivain-peintre-poète. Il nous offre une ode à l'aventure et nous décrit son Amour de la Nature avec une majuscule, avec tout ce qu'elle offre de merveilleux de beauté d'émerveillement et de sublime comme de cruauté. La Nature sait être belle comme elle peut être cruelle. Elle sait mettre l'Homme à sa place, Lui qui se veut être puissant et maître absolu sur Terre. On ne peut s'empêcher de penser à l'œuvre de Jim Harrison.

    Encensé par Télérama comme « un secret les mieux gardés de la littérature américaine » et reconnu par Bret Easton Ellis (Glamorama, American Psycho,…) par « sa prose simple et élégante », John Williams est un de ses auteurs qui envoûtent le lecteur avec son écriture à la fois puissante, sensible et sensitive : on sent, on voit, on arrive à toucher les mots et les paysages comme les sentiments des personnages. Bref, on vit Butcher's Crossing.

    31/03/2018 à 19:56 6

  • Buveurs de vent

    Franck Bouysse

    8/10 Sandrine Collette et Franck Bouysse sont deux écrivains comparables. Outre leur indéniable talent, leurs histoires se veulent ancrées dans des espaces temps indéfinis. Cela en fait des œuvres atemporelles que l’on peut comparer aux contes et fables classiques.

    Buveurs de vent n’échappe pas à cette règle. Quatre jeunes de la même famille vivent leur jeunesse dans leur vallée enclavée, où la seule activité économique est rythmée par un barrage électrique et où le patron y règne en despote.
    Tous prénommés par leur mère selon les saintes écritures, Marc, passionné de littérature, Matthieu, amoureux de la nature, Mabel, jeune fille à la beauté troublante aussi bien pour ses frères que pour le village, et Luc, le simplet de la famille, voient leur jeunesse et leur innocence basculée après la mort de deux gardes forestiers.

    Véritable poésie sur la vie et la liberté, Buveurs de vent constitue un magnifique moment de lecture qui procure de véritables instants d’émotion, de plaisir et d’espoir. Moins fort que Né d’aucune femme, chef d’œuvre pour ma part, ce livre n’en est pas moins un livre aussi envoûtant que lumineux.

    02/01/2021 à 10:36 5

  • Cadres Noirs

    Pierre Lemaitre

    8/10 Cette histoire d’homme, un chômeur de longue durée, Alain Delambre, qui tombe dans une spirale infernale et qui va l’entrainer dans un piège machiavélique, m’a vraiment plu. On prend fait et cause pour cet homme qui veut indéniablement se sortir de sa misère et de sa condition de petit employé de bas niveau, aidé et soutenu par sa femme, pleine de compassion et remplie d’amour. Et quand il déploie toute une stratégie pour réussir cet entretien inimaginable et inespéré pour un emploi qui lui correspond, on le soutient et l’encourage, nous lecteurs remplis d’empathie et de bienveillance.

    Mais, comme je l’ai dit, Alain va tomber sur plus calculateurs voire stratèges que lui. Mais Alain ne dira pas son dernier mot sans que l’on comprenne à qui on a affaire…

    Cadres noirs nous fait traverser toutes les émotions au fil de l’histoire : commisération, compassion, colère et horreur, notamment. Mais toujours avec le sentiment d’espoir : espoir d’une fin heureuse, d’un dénouement bienveillant. Mais toujours avec une certitude : Pierre Lemaitre nous a concocté un bon polar, même si je regrette un milieu de livre, un changement de protagonistes, certes nécessaires à l’histoire, mais qui casse l’intrigue et le rythme du roman.

    13/02/2024 à 16:57 7

  • Cannibales

    Philip Le Roy

    8/10 En 2003, lors d’un séjour en famille à Bornéo, la fille de dix ans du Docteur Ryan Fletcher, Tanya, disparaît. Les recherches s’organisent : le riche médecin et son épouse déploient les grands moyens à coup de fortes primes pour retrouver leur déesse. Il reviendra seul de l’expédition au cœur de la jungle, peuplée de cannibales et de moudjahidines, sa femme morte et lui amputée d’un bras. Une enquête est ouverte, le médecin étant suspecté d’avoir volontairement tué sa femme et sa fille pour hériter de la fortune familiale.
    10 ans plus tard, bien qu’innocenté, le Docteur Fletcher souhaite prouver à l’opinion publique que les peuples cannibales existent bien à Bornéo et qu’ils ont tué sa femme et sa fille. Il monte une nouvelle expédition et va commencer la quête de la vérité qui montrera que ne sont pas obligatoirement cannibales ceux que l’on pense.

    Cannibales constitue une nouvelle effroyable. Mordez à pleines dents dans ce petit roman noir !

    24/09/2018 à 09:34 3

  • Cauchemar dans la rue

    Robin Cook (UK)

    7/10 Robin Cook, cet auteur anglais à qui l’on doit le chef d’œuvre J’étais Dora Suarez, nous offre encore une vision des abîmes de l’âme humaine confrontée à la tristesse et au désespoir.
    Moins puissant que le livre précité, Cauchemar dans la rue nous fait plonger dans les pensées obsessionnelles de Kléber qui par Amour va descendre dans les coulisses de l’enfer.

    A Paris, quartier Sébastopol, attaché au commissariat du n°50, Kléber est un flic en civil à la police judiciaire. Agé d’une quarantaine d’années, il est un flic qui connaît bien son métier. Mais son franc-parler, son mépris pour l’hypocrisie de la hiérarchie et le fait qu’il ne puisse accepter aucun compromis, vont le pousser à se battre avec un de ses collègues. Mis à pied, Kléber arpente les rues et les bars du quartier.
    Bien que flic, il n’en est pas moins ami avec un truand, Marc. C’est ce dernier qui lui a permis de rencontrer Elenya, sa femme, une ex-prostituée d’origine polonaise, avec qui il vit un amour fusionnel.
    Mais le dévouement pour son ami d’enfance et l’Amour qu’il voue à sa femme vont le faire franchir la frontière de la vie.

    24/11/2018 à 09:22 6

  • Ce lien entre nous

    David Joy

    9/10 Pour Darl Moody, la chasse n’est pas qu’une passion. Elle est nécessaire et vitale : elle lui permet de remplir son congélateur. Et peu importe si ce n’est pas la période. Il rêve de tuer ce grand cerf qui semble vivre dans les bois de Coon Coward. Profitant de l’absence du propriétaire, il se rend sur le site et attend. A défaut de cervidé, il abat un sanglier… Mais ce qui ressemblait à un cochon sauvage n’est autre que Carol « Sissy » Brewer. Et le frère, Dwayne, espèce de brute épaisse sans foi ni loi, ne lit les Saintes Ecritures que pour légitimer sa haine et sa violence.

    Darl ne voit qu’une solution. Taire l’accident et enterrer le cadavre. Avec l’aide de son pote, Calvin, ils creusent un fossé et y balancent le corps. Si le remord ronge Darl, l’absence inquiétante de Carol interroge son frère. Dwayne part à sa recherche et découvre que Darl n’est pas étranger à sa disparition. Et la traque va s’avérer impitoyable, aussi intense que le culte que voue Dwayne à son frère.

    Dans son troisième roman, David Joy dépeint une image noire de l’Amérique, où la vengeance des hommes peut être aussi barbare que cruelle. La description lumineuse, resplendissante et profondément sensible de la nature ne fait que souligner et renforcer la froideur, la noirceur et la dureté de l’âme humaine.
    Avec Ce lien entre nous, David Joy confirme le talent que l’on avait détecté dans ses précédents livres. Un auteur contemporain aussi rare qu’incontournable.

    11/04/2021 à 17:04 5

  • Ce qu'il faut de nuit

    Laurent Petitmangin

    8/10 Roman touchant et bouleversant. Roman d’apprentissage d’une famille devant vivre en l’absence de la « Moman », morte d’un cancer. C’est le récit d’un père, travailleur SCNF, syndiqué CGT, qui élève seul ses deux enfants. C’est rempli d’amour paternel et fraternel, de partage des passions, notamment de celle de l’aîné pour le foot, en tant que joueur et supporter du FC Metz.

    C’est aussi un livre déchirant et douloureux. Sur les limites de l’éducation de nos enfants. Eux qui découvrent l’âge adulte comme un moyen de révolte.
    Ce qu’il faut de nuit est émouvant. Laurent Petitmangin sait exploiter les phobies de tout parent. On ne lit pas ce livre, on le dévore. On ne rentre pas dans ce livre, c’est le livre qui nous absorbe. Et on ne ressort pas indemne de ce livre, on se prend une petite claque.

    26/09/2022 à 14:59 4

  • Ce qu'il faut expier

    Olle Lonnaeus

    8/10 Konrad Jonsson, journaliste en fin de cycle, suite à un drame qui l’a profondément affecté, doit retourner, après plusieurs années d’absence, à Tomelilla, ville où il a grandi. Ses parents adoptifs y ont été exécutés de plusieurs balles dans la tête.

    Les soupçons se portent sur Konrad et son frère adoptif, Karl, leurs parents ayant gagné dernièrement une grosse somme à la loterie nationale.
    L’enquête va prendre une autre tournure quand peu de jours après, un vieil homme tue, en situation de légitime défense, deux jeunes réfugiés qui voulaient le voler ; l’arme retrouvée aurait également servie à l’assassinat des deux parents.

    Alors que la lumière doit être faite sur cette affaire, Konrad retrouve ses anciens camarades d’école. Les souvenirs ressurgissent et il se rend compte du changement profond des mentalités de la petite cité provinciale : l’extrémisme y est de plus en plus présent, et s’affiche sans plus aucun état d’âme.

    Cette situation affecte Konrad, lui fils d’une mère d’origine polonaise l’ayant abandonné alors qu’il n’avait que 7 ans. Il souhaite plus que tout faire la lumière sur sa disparition.

    Plus qu’une enquête d’un meurtre, Olle Lonnaeus dénonce dans son livre le changement de la société suédoise. Bien évidemment, la comparaison avec le maître Henning Mankell vient immédiatement à l’esprit à la lecture de ce livre. Et l’auteur adresse un clin d’œil à son comparse, voire mentor, dans cet ouvrage qui m’a agréablement charmé par son atmosphère, son ambiance et ce personnage, Konrad, à la fois torturé, meurtri mais rempli de bienveillance.

    Si vous adorez l’œuvre d’Henning Mankell, lisez Ce qu’il faut expier, vous ne serez pas déçu.

    17/08/2022 à 11:46 3

  • Ce qu'il nous faut c'est un mort

    Hervé Commère

    9/10 Ce livre est époustouflant. L’histoire, les personnages et la plume d’Hervé Commère nous procurent des sentiments les plus divers et variés : cette lecture produit sur nous un effet addictif, tant ce récit est profondément bien raconté et ancré dans l’histoire de notre société, d’un village parmi tant d’autres, de gens qui pourraient être nos voisins, nos amis, notre famille, … Tout pourrait être vrai. Ce livre est un miroir de notre vie. C’est pourquoi il est aussi effrayant que beau ; à la fois rempli d’horreur et d’espoir… Il est profondément humain.

    31/12/2019 à 18:15 7

  • Ce que tu as fait de moi

    Karine Giebel

    9/10 Dans les locaux de la Direction départementale de la sécurité publique de L., le commissaire divisionnaire Jaubert et le commandant Delaporte, des bœufs-carottes, écoutent, chacun dans des pièces à part, le commandant Richard Ménainville, patron des Stups, et le lieutenant Laëtitia Gramisnky, toute jeune recrue dans le service.

    Ils sont là pour raconter ce qui s’est passé cette nuit. Mais pour comprendre les faits, ils souhaitent relater toute l’histoire, depuis l’arrivée de la stagiaire Graminsky, celle qui a troublé le charmant quarantenaire, celle qui n’est pas insensible à la forte personnalité du commandant.

    Dans ce huis-clos, et avec ces interrogatoires, on découvre par les voix de Richard et de Laëtitia, comment s’est construit leur relation, cette passion destructrice. Des sentiments ambiguës, contradictoires, forts et dévorants. On souhaite comprendre jusqu’où est allée cette folie amoureuse, cette drogue que peut parfois devenir l’amour. Karine Giebel retranscrit avec justesse, finesse et suspense cette histoire que l’on dévore jusqu’à la dernière ligne. Une habitude que nous donne l’auteure française.

    29/07/2021 à 13:24 7