JohnSteed

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  • Le sang ne suffit pas

    Alex Taylor

    7/10 Dès les premières lignes de ce roman d’Alex Taylor, la qualité d’écriture de l’auteur nous émerveille. C’est beau, voire poétique. Et l’histoire de ces personnages durs, empreints d’une violence nécessaire pour survire dans cette contrée hostile rend hommage à la pensée chère à Hobbes.

    Dans ces montagnes enneigées de la Virginie, en cette moitié du XVIIIème siècle, Reathel et son chien vont être confrontés à la méchanceté et la perversité de l’être humain. Pour sauver leur vie, les hommes d’un fort ont promis à Blacktooth, le chef de la tribu des Shawnees, l’enfant à naître de Della. Dans ce monde sans foi ni loi, chacun défend ses intérêts avec ses propres valeurs (humaines ou pécuniaires) et convictions. Et, selon la logique de l’espèce humaine, le sang va couler.

    Si Alex Taylor signe avec Le sang ne suffit pas un roman fort, on ne peut que regretter l’absence d’originalité dans le thème et dans le style. Le western et notamment la période des pionniers américains a le vent en poupe depuis quelques années dans le monde de l’édition. En lisant ce livre, je n’ai pu m’empêcher de le comparer à, entre autres, Wilderness de Lance Weller et à Dans le grand cercle du monde de Jospeh Boyden. Mais, comparé à ces livres monuments, le second opus d’Alex Taylor est loin d’arriver à tant de magnificence.

    30/09/2020 à 15:55 6

  • La Terre des morts

    Jean-Christophe Grangé

    7/10 A chaque nouvel opus, Grangé tisse l’intrigue autour d’un thème de prédilection : le Japon et ses codes d’honneurs dans Haïken, le Diable et les anges dans Le serment des limbes, … Et, à chaque fois, le thème y est décrit avec tant de détails, de précisions, qu’on a le sentiment de suivre un cours. Mais Grangé a l’art et la manière de rendre cette leçon agréable et ludique. Oui, il est romancier, auteur de polars.

    Dans La terre des morts, on rentre dans le monde du SM, du bondage mais également dans l’Art de la peinture. Même si les résumés soulignent avec, parfois, trop de prévenance, la présence de scènes politiquement incorrectes, de pratiques sexuelles « hors normes », l’écriture de Grangé est, malgré tout, mesurée et polie. Mais comme on dit : les goûts et les couleurs… Sinon, allez lire 50 nuances de Grey si ce n’est pas trop « hard »…

    On retrouve également dans ce livre le fameux policier rebelle, Corso, à la gueule d’ange mais aux mœurs dissolues ; au passé malheureux et à l’esprit « no futur » ; à celui qui a sacrifié sa vie de famille pour sa vocation de flic mais qui veut se racheter auprès de son fils ;… Oui, c’est stéréotypé à souhait.

    Malgré tout, La terre des morts propose une lecture intéressante et une histoire qui se laisse lire. Et j’ai trouvé pour ma part la connexion (même fictive) des meurtres avec le peintre Goya assez intéressante. Je passerai, cependant, sous silence le non-sens du mobile du meurtrier. Mais c’est comme la perception des pratiques sexuelles, c’est complément subjectif.

    25/09/2020 à 14:24 3

  • Battues

    Antonin Varenne

    9/10 Rémi Parrot est agent de l’ONF, dans son pays d’origine, la Creuse, entre le Parc Naturel Régional et les Pierres Jaumâtres, où l’on peut voir au loin la Chaîne des Puys. Défiguré suite à un accident agricole à son adolescence, Rémi vit seul sur l’ancienne ferme familiale : plus de parents, une sœur avec qui il n’a que des relations épisodiques, et un amour de jeunesse, Michèle trop belle pour lui et pour le pays, et pour qui il n’a plus que de faibles espoirs. Surtout qu’elle a pour patronyme Messenet, une famille qui se dispute, avec les Courbier, les terres du pays. Alors Rémi se réfugie dans son métier qui lui permet de plonger corps et âme dans cette nature aussi belle que secrète.

    Quand Philippe, le collègue de Rémi, disparaît, il redoute le pire. Et le dossier sur lequel Philippe travaillait en douce, un projet touristique sur les terres des Courbier, ne fait qu’empirer les craintes de Rémi, d’autant qu’il devient la cible lors d’une battue aux sangliers. Il lui tient à cœur de faire la lumière sur cette disparition qui ne va être que la première étape à une série de drames.

    Battues est une très belle ode noire au milieu rural avec ses affaires de famille, la puissance des notables locaux, ses règlements de compte, la haine des étrangers au pays,… L’écriture d’Antonin Varenne est aussi belle (les descriptions de la nature) que tendue (l’enquête et l’histoire sont bien menées au lecteur). Aucune longueur. L’intrigue est maîtrisée. Je découvre avec ce roman noir cet auteur dont je vais continuer de lire ses autres œuvres, sans aucun doute et avec beaucoup d’excitation.

    20/09/2020 à 19:26 6

  • Marseille 73

    Dominique Manotti

    9/10 A la suite de ma lecture de Le corps noir, ma première rencontre littéraire avec l’auteure française, j’écrivais pour souligner la note que je lui attribuais que « Dominique Manotti rendait avec justesse compte de la tension de l’époque ».

    Je partage encore cette vision suite à la lecture de Marseille 73. J’ai eu le sentiment de lire un documentaire. Mais pas au sens péjoratif, lourd et pénible que je peux avoir de ce style littéraire.

    Non, la lecture de ce roman social noir est très addictive tant la peinture de l’époque est bien détaillée, les personnages bien précis. Et encore une fois, Dominique Manotti nous plonge dans l’ambiance tendue, lourde et chargée de racisme, d'assassinats, de corruption et de trafics en tout genre. Mais pas facile de ne pas tomber dans les clichés, les stéréotypes, quand on s’attèle à ces sujets ultra-exploités. Dominique Manotti arrive à nous séduire. Marseille 73 est indéniablement un polar ambitieux et réussi.

    18/09/2020 à 15:22 9

  • Le Bonsaï

    Pierre Boileau, Thomas Narcejac

    5/10 Dès qu’il se présente devant la grille de ce centre unique au monde, spécialisé dans les douleurs fantômes, le commissaire André Clarieux sait que la tache qu’il lui incombe va s’avérer délicate : débusquer le corbeau qui envoie des menaces contre cet institut. D’autant que ces menaces sont suivies de meurtres. Alors qui en veut à Carrington, le dirigeant américain, inventeur de prothèses de luxe ? Son collègue qui croit plus en la psychologie pour guérir de façon efficace les patients ? Sa fille Maud, le cobaye de son père ?... Parce que Clarieux est persuadé que le coupable se trouve dans les murs de l’institut.
    On suit l’enquête qui s’avère difficile, tant les différents protagonistes ne sont pas prolixes.

    Heureusement court, Le bonsaï n’est pas, et de loin, à classer dans les livres incontournables du duo Boileau et Narcejac. Certes dans ce huis-clos, on s’ennuie devant si peu d’actions, mais la faute réside, à mon sens, dans l’absence d’une intrigue et d’un dénouement digne des auteurs français.

    06/09/2020 à 11:58 4

  • Les Inconnus dans la maison

    Georges Simenon

    8/10 Loursat, avocat à Moulins, n’attend plus rien de la vie. Ou plutôt, c’est la vie qui n’attend plus rien de Loursat. Il fait sa vie, avec un livre et un verre de Bourgogne régulièrement rempli, comme compagnie. De par ses fonctions, il devrait avoir une vie sociale. Mais il a toujours refusé de donner suite aux invitations du Préfet et des notables locaux. D’ailleurs, les invitations ont cessé, sans pour autant lui manquer de respect. Loursat est un avocat réputé… Etait, car il a aussi arrêté de plaider. Depuis que sa femme l’a quitté pour un autre homme, tout lui est égal. Même sa propre fille, Nicole…

    Mais cette nuit-là va redonner vie à Loursat. Il va redevenir le brillant avocat qu’il fût. L’étincelle va animer ses pupilles, sa vie d’avant va rejaillir. Tel le phénix renaissant de ses cendres. Cette nuit-là, dans sa propre maison, un inconnu a été assassiné. Sans qu’il n’en ait connaissance, il était abrité depuis quelques jours par les amis de sa fille. Mais qui l’a tué ? La police arrête Emile Manu, le petit ami de Nicole. Loursat va mener son enquête trainant dans les bars, interrogeant les différents amis du groupe… Mais il va surtout revêtir sa toge et faire éclater la vérité devant toute la foule amassée au tribunal.

    Loursat est le genre de personnage dont on adore lire les descriptions. Simenon déroule son histoire au travers de cet anti-héros : bougon mais pas antipathique, solitaire mais ayant bon fond… La trame policière est secondaire dans ce livre. Simenon livre avec Les inconnus dans la maison un roman balzacien où la vie de la société moulinoise comme ce personnage sont plus importants que l’histoire en elle-même.

    21/08/2020 à 17:00 3

  • L'Archipel des larmes

    Camilla Grebe

    7/10 Un tueur en série sévit sur 4 périodes de 1944 jusqu’à nos jours (1944, 1974, 1985 et 2019) à Stockholm, et plus précisément à Klara, ce quartier pauvre de la ville. Les victimes sont cloutées au plancher, violées et mutilées.

    Quatre époques, quatre femmes travaillant pour la police vont mener leur investigation. Camilla Grebe à travers ses personnages attachants (et c’est avec plaisir que l’on en apprend un peu plus sur l’histoire de Hanne et de Malin que l’on a rencontré dans les livres précédents de l’auteure suédoise) raconte le destin et les conditions des femmes policières en Suède.

    Si la traque du tueur surnommé « l’assassin des bas-fonds » est intéressante, si l’intrigue est bien ficelée, si les époques sont magnifiquement retranscrites, si on prend faits et causes pour ces femmes courageuses, il manque cette tension et cette émotion que Camilla Grebe a su nous transmettre dans ses précédents livres.

    16/08/2020 à 16:50 4

  • Et toujours les Forêts

    Sandrine Collette

    9/10 « Et qu’était devenu l’homme pour que, dans un monde où presque tout avait disparu, il s’obstine à détruire ses semblables un à un, à les dépouiller, à les achever ? » peut on lire page 300 de ce livre aussi angoissant que prenant. Je trouve que cette phrase résume bien l’esprit de Et toujours les Forêts, avec son ambiance post-apocalyptique sombre, triste et désespérante.
    Oui, pourquoi l’être humain cherche-t-il, voire coure-t-il, à son anéantissement ? Sandrine Collette a-t-elle voulu nous faire prendre conscience de notre destin fragile sur une Terre qui peut imploser à tout moment ? A-t-elle souhaité tirer de ce livre une leçon écologique, proposer une approche philosophique d’une société déchue, démontrer les instincts primaires et primitifs de l’espèce humaine,… ?

    Chacun pourra faire sa propre opinion à la lecture du 9ème roman de Sandrine Collette, qui, je trouve, prend de plus en plus d’importance dans le milieu littéraire au fil de ses parutions. Quoi qu’il en soit, ce roman est écrit pour être lu, certes, mais surtout relu un nombre de fois incalculable. Il peut être analysé, faire l’objet de discussion (pourquoi dans une grande partie du livre, les questions ne sont pas ponctuées par des points d’interrogation ?)… Bref, le signe d’un immense livre, une fable, que je comparerai à Le rapport de Brodeck de Philippe Claudel.

    12/08/2020 à 21:37 10

  • Regarde

    Hervé Commère

    7/10 Pour Mylène Archère, il y a eu un avant et un après 26 mars 2004, jour où la vie lui fit croiser Pascal Kopinski, musicien professionnel de 20 ans plus jeune.
    Avant, cette femme d’affaire de 45 ans avait un mari, un métier : une vie rangée. Après, elle a vécu le GRAND Amour mais aussi 15 ans en prison pour cambriolage, comme Pascal Kopinski, qui est mort, assassiné par son compagnon de cellule.
    Depuis sa libération, malgré une fortune importante, elle vit modestement dans une chambre de bonne et est devenue employée dans un dépôt-vente en Seine-Saint-Denis. Elle s’accorde cependant quelques week-ends à barouder les départements de la France par ordre alphabétique. C’est dans une roulotte dans le Lot qu’elle constate l’impensable : des photos, mugs, … appartenant à Pascal sont dans la roulotte. Et s’il était vivant ? C’est avec force et détermination que Mylène va tenter de retrouver l’Amour de sa vie…

    C’est avec un plaisir non feint que j’ai retrouvé l’auteur français qui m’avait bouleversé avec Le Deuxième homme où, comme ici, l’amour constitue la trame de fond. Hervé Commère sait raconter les amours impossibles, voire contrariés : avec cette histoire passionnante et passionnée ou cette écriture aussi addictive que précise, on plonge dans ce roman et on tourne les pages. Mais je regrette de ne pas avoir trouvé plus d’émotion et de revirements de situations, comme sait si bien le faire Hervé Commère. J’ai le sentiment d’avoir eu entre les mains un Commère en petite forme, ce qui offre malgré tout un bon et agréable moment de lecture.

    09/08/2020 à 16:57 4

  • Le Cheptel

    Céline Denjean

    8/10 Avec Le cheptel, Céline Denjean propose une lecture chirurgicale d’une histoire des plus effrayantes de trafic d’êtres humains. L’auteure hexagonale, avec une utilisation pertinente de la description en utilisant à bon escient multiples qualificatifs, a un tel souci du détail que j’ai eu le sentiment que ce polar prenait sa source dans un fait réel. Que ce soit dans l’enquête ou dans l’approche sociologique du « réseau » (je ne vais pas trop détailler pour éviter de spoiler), tout est minutieusement présenté, décrit pour coller au plus près de la réalité. Dès lors, Le cheptel est d’un réalisme atterrant. Mais les personnages comme Bruno, Eloïse, Louis, Atrimen et Elicen dont les destins sont particulièrement intéressants, apportent une touche humaine à ce livre foncièrement déstabilisant, tant l’intrigue n’est pas si éloignée de ce que l’être humain malheureusement est capable de faire.

    08/08/2020 à 11:11 9

  • Fin d'été

    Johan Theorin

    8/10 L'été s'installe sur l'île d'Orland. D'ailleurs les signes ne trompent pas : les petits-enfants de Gerloff arrivent chez leur grand-père passer quelques jours ; Lisa débarque sur l'île et après avoir revêtu son habit de DJ « Lady Summertime » va faire danser les vacanciers ; les Kloss, propriétaires de Ölandic Resort, le plus prestigieux camping de l'île, apportent les derniers préparatifs de la saison estivale. Mais un étrange « Revenant » va semer le trouble, et vouloir organiser une vengeance qui trouve son origine dans une famille où la petite histoire rencontre la grande Histoire.

    Johan Theorin offre avec Fin d'été, dernier (et ultime ?) livre de la série dédiée à Gerloff Davidsson et à l'île d'Orland, une intéressante lecture de l'émigration du peuple suédois au début du XXème siècle. Une histoire moins ancrée sur les mystères et traditions du pays. Mais l'écriture de Johan Theorin est toujours aussi accrocheuse et les personnages humains et attachants. C'est avec beaucoup plus de regret que j’ai tourné la dernière page du livre… en espérant, voire rêvant, retrouver ce charmant et sage Gerloff dans son île où on aimerait s'asseoir avec lui écouter les oiseaux et se laisser bercer par le silence devant un magnifique coucher de soleil.

    01/08/2020 à 16:38 5

  • Le Sang des pierres

    Johan Theorin

    8/10 Alors que Gerloff apprend le décès d'un résident de la maison de retraite où il passe ses vieux jours, il décide de vivre libre les prochaines journées qui se profilent et retourne dans sa maison, sur l'île d'Orland, pour profiter du printemps qui s'installe doucement.
    Il constate l'installation de nouveaux voisins. Max Larsson, ancien psychologue, écrit des livres sur le développement de soi ; sa femme, Vendella, est une ancienne habitante de l'île quand elle était enfant. Elle souhaite écrire un livre sur les elfes , ces petits êtres imaginaires ( ?) qui ont changé sa vie et pour qui elle voue un véritable culte. Il y a aussi Peter Mörner , qui s'installe dans la maison héritée de son oncle, un ancien tailleur de pierre, avec ses jumeaux Jesper et Nilla. Celle-ci est très malade et doit être soignée à l'hôpital. Mais Peter est appelé par son père avec qui il est en mauvais termes, pour qu’il vienne le chercher. Or il le sauve in extremis d'un incendie criminel. Peter cherche à apprendre un peu plus de son père, un ancien éditeur de magazines et de films pornographiques…

    Johan Theorin écrit ses romans comme les sirènes attirent les marins. C’est doux troublant et subjuguant. Rien de grandiloquent, pas de meurtre sensationnel. Dès la première ligne, grâce à son écriture limpide, à une histoire intéressante emprunte d'imaginaire et de réalisme social et à des personnages attachants, il n'est pas possible de lâcher la lecture, tant on souhaite connaître la fin de ces mystères ….

    30/07/2020 à 14:26 6

  • Le Jour où Kennedy n'est pas mort

    R. J. Ellory

    7/10 4 juillet 1964 : alors qu'il regarde l’intervention télévisée de JFK en ce jour de fête nationale, Mitch Newman, photojournaliste freelance, apprend que son ancienne fiancée, Jean Boyd, est retrouvée morte dans son appartement. Jean avait mis fin à leur relation une dizaine d'années plus tôt quand Mitch avait décidé de partir couvrir en tant que reporter photo la guerre de Corée. Bien que Mitch lui ait écrit plusieurs lettres lui montrant tout l'amour qu'il avait encore pour elle, Jean n'a pas souhaité continuer leur histoire.
    Mitch a poursuivi une misérable carrière de photojournaliste dans des petits journaux, contrairement à Jean, qui en tant que reporter à La Tribune, enquêtait depuis quelques temps sur le clan Kennedy. La thèse officielle du suicide est remise en cause par Mitch. Il décide alors de remonter l'enquête que menait Jean. Et tout a commencé lors de la venue de JFK à Dallas le 22 novembre 1963, jour où Lee Harvey Oswald n'a pas pu commettre l'assassinat du Président américain …

    Alors que se préparent en cet été 1964 les primaires démocrates pour l'investiture du candidat à la présidentielle américaine, c’est toutes les coulisses et les secrets du pouvoir que l'on découvre. RJ Ellory propose la version cachée, et pas la plus belle, de JFK. D'ailleurs je ne vois que cette motivation de l'écrivain américain à l'écriture de ce livre tant l'intrigue policière n'est pas des plus palpitantes

    29/07/2020 à 10:02 6

  • Toute la violence des hommes

    Paul Colize

    8/10 Même si je ne connais pas toute l’œuvre de Paul Colize, on peut distinguer deux types de romans du Belge, tous aussi intéressants les uns que les autres : les romans « sociaux engagés » (Back Up, Un Long Moment de Silence) et les romans « humour noir » (Concero pour Quatre Mains, L’Avocat, le Nain et la Princesse masquée). Roman noir social sur les incidences post-traumatiques de la guerre en ex-Yougoslavie, Toute la violence des hommes fait partie de la première catégorie.

    Niko est inculpé du meurtre d’une jeune femme. Tout accuse ce jeune graffeur : dernier contact téléphonique avec la victime, empreintes du jeune homme dans l’appartement de la victime, arme du crime retrouvé chez lui… Pourtant, il clame haut et fort que « ce n’est pas lui ! ».
    Son avocat tente désespérément de le faire parler. Niko se réfugie dans le silence. C’est la directrice de l’Etablissement de la Défense sociale, Pauline Derval, qui va lui permettre de se libérer, grace à son art de prédilection, la peinture murale. On découvre ainsi par un jeu d’écriture alternant le présent et le passé, l’histoire personnelle terrifiante de Niko et de la guerre en ex-Yougoslavie.

    Toute la violence des hommes, sans faire de mauvais jeu de mots, fait le portait de personnages très attachants, notamment celui de Niko pour lequel nous avons beaucoup d’empathie, profondément humains, courageux devant l’adversité, fondamentalement bienveillants et ainsi, malgré la noirceur de la trame de l’histoire, ce livre offre au lecteur, un sentiment de bien-être et surtout d’espoir face à la cruauté humaine.

    27/07/2020 à 15:46 6

  • Le Diable en personne

    Peter Farris

    8/10 La rencontre improbable entre deux êtres que rien ne prédestinait à se trouver dans cette vie offre un beau roman.

    Il y a d’un côté Maya, cette jeune fille qui, sans famille, sans attache, enlevée par Mexico, est contrainte à se prostituer. Il y a de l’autre côté Leonard Moye, un ancien trafiquant d’alcool, isolé dans sa ferme loin de la civilisation et qui parle à un mannequin à qui il a donné le nom de son ancienne femme. Mais un homme que tout le monde craint, que l’on voit comme le diable en personne.
    Maya, ayant échappé de justesse à son assassinat, est accueilli par le vieux Moye. Plus que tout, comme une volonté de rédemption, il va vouloir la sauver et la protéger de tous ceux qui veulent qu’elle taise à jamais ce qu’elle sait.

    Entre fusillades, magouilles politiques, on trouve quelques moments d’amitiés fortes, profondes et sincères entre cette fille et ce vieux, entre ce qui pourrait être une fille et son père, entre deux êtres que la vie n’a pas épargné.
    Ces moments sont touchants et offrent une lecture intemporelle de l’amitié, ce que la vie peut nous offrir de plus beau.

    27/07/2020 à 15:04 6

  • Le Secret

    Wilkie Collins

    7/10 Alors qu’elle s’apprête à donner son dernier souffle, Mrs Treverton demande à sa femme de chambre, Sarah Leeson, de promettre qu’elle dévoilera leur terrible secret à son mari. A cette fin, elles couchent sur papier cette confession qu’elles signent et qui va sceller leur sort.
    Sarah Leeson, terrifiée par les conséquences de leur acte et le dévoilement du secret, s’enfuit du manoir de Porthgenna Tower, la propriété des Treverton dans les Cornouailles, après avoir caché cette confession dans la demeure, évitant ainsi de casser le serment fait à sa maitresse défunte.
    Quinze ans plus tard, la belle et séduisante Rosamond Treverton, la fille de la défunte Mrs Treverton, a épousé le nouveau propriétaire et s’apprête à revenir à Porthgenna Tower. Or une mystérieuse servante apparaît et vient semer le trouble chez les deux jeunes mariés…

    Lire Wilkie Collins au XXIème siècle est une gageure, tant le style classique de l’auteur anglais du XIXème siècle est, sinon ampoulée, bien datée. Nous sommes dans la période où les écrivains comme Charles Dickens (ami très proche et un grand admirateur de Wilkie Collins) développent leur écriture descriptive voire contemplative. Peu de place aux dialogues, sinon très lourds voire longs. Il faut dire qu’à l’époque les écrivains gagnaient leur pécule au nombre de mots.
    Alors certes, l’intrigue qui lie ces deux femmes tient en quelques mots et pourra facilement être découverte par celles et ceux qui savent lire entre les lignes.

    L’intérêt de cette lecture tient dans le style de l’Anglais et surtout de découvrir celui qui est considéré comme le précurseur du roman policier. Mais pour ce dernier point, autant lire Sans nom, son chef d’œuvre !

    27/07/2020 à 14:37 3

  • Un Paradis trompeur

    Henning Mankell

    9/10 « Un ange sale », voilà comment son père surnommait Hanna. Un ange sale mais un ange quand même. La famille Renström en cette fin d'année 1899 voit un hiver très rude s'installer au fin fond de leurs terres silencieuses du Norrland. La famine guette. La mère, pour pouvoir sauver sa famille, somme Hanna, du haut de ses 16 ans, de quitter la famille et de retrouver à Sundsvall de lointains parents où elle pourra travailler. Mais il n'existe plus aucun parent. Hanna est prise sous l'aile protectrice d’un vieil homme d'affaires, Forsman. Après quelques semaines passées à son service, elle embarque comme cuisinière à bord d'un navire qui fait route vers Perth. Elle se marie à bord avec le second. Mais au bout de quelques jours, il décède d'une maladie. Veuve, avec un petit pécule donné par la Marine, elle s'enfuit du bateau lors d'une escale en Afrique orientale. Elle se réfugie dans un hôtel de passe tenu par un homme qui deviendra son mari pour seulement quelques jours.
    Devenue veuve pour la seconde fois, Hanna hérite d'un hôtel de prostituées, d'une belle demeure d'une fortune impressionnante dans ce comptoir portugais. En tant que tenancière, elle compatira au sort de ces hommes et femmes noirs à qui elle se retrouvera des similitudes…

    Encore une fois, Mankell, qui a puisé son inspiration dans un fait réel, propose un livre bouleversant dans ce destin à la fois tragique et humaine de Hanna, qui, confrontée à ce pan de l'histoire des colonies, ces paradis trompeurs, où règnent l'hypocrisie les mensonges et les faux semblants, essaiera modestement d’apporter un peu d'humanité à ces hommes et femmes…

    20/07/2020 à 10:50 6

  • Le soleil qui s'éteint

    Robin Cook (UK)

    5/10 Un an après le décès de sa femme, morte dans un attentat à la bombe qui le visait, le narrateur reprend du service auprès de Truesafe, une société de garde du corps dans le Londres du début des années 80. Mais il n'a qu'une idée en tête : retrouver ceux qui ont tué Helen. On lui confie la protection de Bernard Stern, un milliardaire sans bras ni jambe qui fait l'objet d'une tentative d'assassinat.

    Le soleil qui s'éteint n'est pas un livre majeur dans l'œuvre de Robin Cook. Une lecture peu passionnante qui fait la part belle aux dialogues entre acteurs qui se regardent en chiens de faïence. C'est un peu déconcertant et guère accrocheur

    20/07/2020 à 10:14 1

  • Kaïken

    Jean-Christophe Grangé

    7/10 Ma lecture de ce polar de JC Grangé fut mitigé. Le rythme imposé par l'auteur grâce à des chapitres courts et remplis majoritairement de dialogues permet une lecture agréable. Grâce aussi à cette histoire de policier-samouraï qui tente de protéger sa famille en pleine rupture d'un dangereux psychopathe surnommé, à cause de son modus operandi, l'Accoucheur.
    Si j'apprécie les livres de JC Grangé c'est que chaque lecture, en plus du suspens proposé, est l'occasion de « voyager ». L'auteur français nous fait explorer un environnement ou une culture « extraordinaire ». Dans Kaïken, JC Grangé nous permet de découvrir les traditions et valeurs du Pays du Soleil Levant. Difficile pour moi de savoir si cette immersion est remplie de stéréotypes et fait ainsi de ce livre un ridicule condensé du Japon …

    Mais Kaïken possède quelques travers. On est face à un polar où la trame souffre d'une trop facile suffisance dans le déroulement précipité de l'histoire et de personnages pas assez exploités (et je ne parlerai pas du final trop usité et ridicule de l'affrontement en duel). C’est la toile de fond liée au Japon qui sauve, pour moi, ce livre

    17/07/2020 à 10:53 4

  • La Disparition de Stéphanie Mailer

    Joël Dicker

    6/10 Dire que j'ai été déçu par ce livre est un euphémisme. Tout dans la construction de ce livre ressemble à la marque de fabrique, au style de l'auteur (alternance du passé/présent, rebondissements…) mais il manque de l'émotion, de personnages attachants,… Une écriture où la première personne aurait permis de nous identifier à un personnage. Et puis du début avec cette main et les doigts, on comprend les ficelles de l'histoire. C'est long, rempli de chapitres qui n'apportent rien à l'histoire. Si l'auteur voulait nous désorienter, nous perdre pour mieux nous éblouir par la chute de son intrigue, je n'ai pas marché une seule seconde. Les ficelles sont trop grosses. Les explications sont peu plausibles…

    Ce livre me fait penser à une trame d'histoire écrite il y a très longtemps, qui serait restée dans un tiroir et que l’auteur, en mal d'inspiration, aurait ressorti suite à la pression de l'éditeur. C’est un livre de deuxième division, loin des magnifiques lectures que Joël Dicker nous a offert avec La vérité sur l'affaire Harry Quebert et Le livre des Baltimore.

    14/07/2020 à 10:09 6