Le sang ne suffit pas

(Blood Speeds the Traveler)

4 votes

  • 7/10 Dès les premières lignes de ce roman d’Alex Taylor, la qualité d’écriture de l’auteur nous émerveille. C’est beau, voire poétique. Et l’histoire de ces personnages durs, empreints d’une violence nécessaire pour survire dans cette contrée hostile rend hommage à la pensée chère à Hobbes.

    Dans ces montagnes enneigées de la Virginie, en cette moitié du XVIIIème siècle, Reathel et son chien vont être confrontés à la méchanceté et la perversité de l’être humain. Pour sauver leur vie, les hommes d’un fort ont promis à Blacktooth, le chef de la tribu des Shawnees, l’enfant à naître de Della. Dans ce monde sans foi ni loi, chacun défend ses intérêts avec ses propres valeurs (humaines ou pécuniaires) et convictions. Et, selon la logique de l’espèce humaine, le sang va couler.

    Si Alex Taylor signe avec Le sang ne suffit pas un roman fort, on ne peut que regretter l’absence d’originalité dans le thème et dans le style. Le western et notamment la période des pionniers américains a le vent en poupe depuis quelques années dans le monde de l’édition. En lisant ce livre, je n’ai pu m’empêcher de le comparer à, entre autres, Wilderness de Lance Weller et à Dans le grand cercle du monde de Jospeh Boyden. Mais, comparé à ces livres monuments, le second opus d’Alex Taylor est loin d’arriver à tant de magnificence.

    30/09/2020 à 15:55 JohnSteed (631 votes, 7.7/10 de moyenne) 6

  • 6/10 Un western plutôt brutal, mais écrit pas une belle plume. J'apprécie que l'auteur se lance dans de belles tirades lyriques pour décrire des scènes ou des personnages: j'ai plus d'une fois cherché des mots que je lisais pour la première fois.
    Par contre, mettre ces mots dans la bouche des personnages qui sont pour la plupart des brutes épaisses et sanguinaires, leur faire échanger des propos sur la philosophie de la vie avant de dégainer ou de s'étriper, ça m'a m'a agacé. Peu crédible.

    17/08/2020 à 18:48 gamille67 (2431 votes, 7.3/10 de moyenne) 6

  • 8/10 Une plume pleine et envahissante. Une plume qui captive et qui hypnotise.
    Dans cette évasion littéraire du grand Ouest américain, le dualisme entre indiens et non peaux rouges est à son apogée.
    Et, c'est dans ce décor particulièrement noir mélasse, que l'auteur trace son sillon avec ferveur et expressionnisme. On croirait y percevoir le doux refrain de Cortez The Killer en tournant ces pages astringentes.
    De la belle oeuvre!

    22/06/2020 à 17:50 chouchou (603 votes, 7.6/10 de moyenne) 5

  • 8/10 Les lecteurs français avaient pu faire la découverte d’Alex Taylor en 2016, avec la parution dans feu la collection Néo Noir de Le Verger de marbre (Grand Prix du Roman noir étranger du Festival de Beaune en 2017). Il se déroulait plus près de nous et dans le Kentucky. Autre période, autre ambiance, pour ce western noir inédit en anglais pour l’heure, Gallmeister signant ici, grâce au remarquable travail d’Anatole Pons-Reumaux, la première publication mondiale de ce titre.
    On peut qualifier le roman de choral puisque l’on suit tantôt Reathel, tantôt d’autres personnages, principalement des habitants de Bannock, à la merci de la rudesse de l’hiver et de la menace des Shawnees.
    La langue, assez soutenue, est très belle et il n’est pas rare de découvrir un mot inconnu au détour d’une page. Les paysages des Crazy Jack Mountains sont aussi joliment donnés à voir.
    C’est à peu près les seules traces de beauté dans ce roman où la noirceur est très présente, que ce soit dans les comportements des personnages – égoïstes et irrécupérables pour la plupart –, dans les conditions climatiques mortifères ou même dans les rencontres inopinées avec la faune locale, tout aussi affamée que les humains, lesquels présentent donc un fort potentiel de protéines.
    Le sang ne suffit pas est en quelque sorte un roman où chacun essaie de survivre avant tout. Il est vrai que les conditions que traversent les protagonistes ne favorisent guère la confiance en l’autre et l’envie d'aider son prochain.
    Le suspense est présent du début à la fin et l’on se demande à plusieurs reprises comment tout cela va bien pouvoir se terminer, quand bien même la réponse semble assez inéluctable. Comme cela a commencé : par de la neige rougie. Si l’action est présente, les personnages sont parfois confrontés à des dilemmes intéressants et certaines questions qu’ils se posent en cours de route amènent à quelques réflexions fertiles.

    Différent de son précédent roman, Le sang ne suffit pas est un superbe western crépusculaire qui devrait ravir les amateurs du genre. Une belle réussite qui, comme Les Frères Sisters, pourrait faire l’objet d’une adaptation cinématographique mémorable.

    28/05/2020 à 13:41 Hoel (1164 votes, 7.6/10 de moyenne) 10