1208 votes
-
Le Mal en soi
6/10 J'ai pris plaisir à passer quelques jours avec les personnages d'Antonio Lanzetta. Même si l'intrigue n'est franchement pas original, il met en scène une galerie d'individus aux personnalités diverses et variées.
Je ne pense pas que l'on soit en présence d'un "Stephen King italien" sous prétexte que son intrigue prend ses racines dans la jeunesse du héros, Damiano. Il faut reconnaitre que comparer un jeune auteur à Stephen King est toujours assez casse-gueule. Dès qu'un livre rappel sa nouvelle le Corps/Stand By Me, on se retrouve avec ce genre de comparaisons. Heureusement, je n'y suis pas sensible.
Dans le même genre, je vous invite également à lire le roman Un Souffle, Une Ombre, de Christian Carayon, qui met en scène un personnage également hanté par son passé.
Mais l'histoire de cette bande d'ado est touchante.
La bascule d'une époque à l'autre fonctionne relativement bien, Antonio Lanzetta allant jusqu'à proposer aux lecteurs un héros différent, donc un point de vue différent pour les deux périodes : Damiano de nos jours et Flavio pour le passé.
Si on retrouve Damiano dans les deux narrations, j'ai été frustré que ce ne soit pas le cas pour Flavio.
Reste qu'Antonio Lanzetta sait parfaitement poser une ambiance, accrocher l'attention de ses lecteurs sans jamais l'abandonné en cours de route.
Le mal en soi est un roman maitrisé, même si l'auteur a fait le choix de mettre en lumière certains évènements et que d'autres restent dans l'ombre.
Antonio Lanzetta est un auteur à suivre, ce Mal en soi en est la parfaite preuve.29/03/2018 à 15:21 5
-
Mange tes morts
8/10 Qu'est-ce qui ne se mange pas mais se dévore, peut se feuilleter et avoir une belle tranche, et dont le contenu se tourne mais sans jamais bouger ?
Mange tes morts est un thriller addictif. Quand vous vous réveillez en pleine nuit et qu'il vous prend l'idée d'en relire quelques pages, c'est que vous êtes sacrément dans la panade...
En lisant la présentation de l'éditeur, j'ai pensé à la BD Chew qui met en scène le détective Tony Chu. Mais en dévorant le roman de Jack Heath, j'ai surtout penser à une autre série de l'éditeur Image Comics et publiée en France chez Glénat Comics, Nailbiter. Pour ne pas spoiler le livre, je vous laisse chercher sur le net les pitchs de ces deux bd, si vous ne les connaissez pas...
Dans la filiation de personnages cultes de thrillers tels que Dexter Morgan et Hannibal Lecter, Jack Heath donne lui aussi naissance à un anti-héros à la fois fascinant et redoutable.
Pas commun comme profil mais dans le cadre de cette histoire, on se surprend à plusieurs reprises à éprouver de l'attachement pour ce personnage un peu paumé, pour qui il est impossible de résister à ses pulsions "hors normes". Comme le Dexter de Jeff Lindsay, il trouve le moyen de les canaliser et surtout, de les "monnayer".
Outre le mystère qui entoure cette enquête de Timothy, j'ai trouvé original l'idée d'insérer des énigmes après chaque chapitre. Étant donné que résoudre des énigmes est l'activité principale qui permet au héros de gagner sa vie (à ne pas confondre avec celle qui lui permet de manger !), c'est original de mettre à contribution le lecteur, avec les réponses à la fin du livre.
Bref, pour un premier thriller, c'est un sacré challenge que relève Jack Heath avec ce Mange tes morts à la fois jouissif et imprévisible.
Maintenant, on sa se ronger les ongles en attendant la suite...21/03/2018 à 20:50 8
-
Passager 23
8/10 Sebastian Fitzek est à la fois fou et génial. Et son nouveau roman, Passager 23, en est le parfait exemple.
Son intrigue à tiroir repousse encore une fois les limites du genre. Et peut-être trop même à l'image de cette conclusion très très tarabiscoté, avec une tonne d'infos extravagantes qui en gêne un peu la compréhension.
Folie et génie. Folie parce qu'il ose beaucoup de choses. Et génie parce que c'est bourré de très bonnes idées.
Fou fou fou !21/03/2018 à 20:42 10
-
Le Golem de Londres
4/10 J'ai lu le début et j'ai du vite renoncer à poursuivre ma lecture. Digressions excessives et changement de narrateur pour un même personnage m'ont condamné à abandonner sa lecture. J'ai vu le film, pour me faire cueillir par cette fin que l'on sent quand même venir.
Donc à voir plutôt qu'à lire.20/03/2018 à 11:41 3
-
Normal
7/10 Disponible depuis le 8 février dernier, ce troisième roman de Warren Ellis est traduit par Laurent Queyssi, pour les éditions Au Diable Vauvert.
Après Artères Souterraines et Gun Machine, Normal est l'occasion pour Warren Ellis de revenir sur certains de ses thèmes fétiches : le futur, la technologie, la paranoïa, la ville.
Situer un roman dans un hôpital psychiatrique où la paranoïa est légion, on peut dire que c'est une idée casse-gueule. Mais entre les mains de Warren Ellis, cela devient génial. Ou dément. Cela dépend de quelle côté de la frontière vous vous tenez.
Parce que le sujet de fond de Normal, c'est bien la frontière. Frontière de la normalité, de la réalité, de la santé mentale, du privé.
L'internement du héros est l'occasion pour lui de commencer une véritable enquête. Si vous avez aimé Version Officielle de James Renner, vous aurez le plaisir de (re)plonger dans l'univers des théories du complot.
C'est vraiment une lecture que je conseille aux fans de Warren Ellis. Et pour celles et ceux qui ne connaissent ni le scénariste et ni le romancier, c'est une des clés de son univers particulier.20/03/2018 à 11:37 6
-
Les Engloutis
8/10 Les Engloutis est le 7e roman de Denis Lépée. Il voit le retour de Tommaso Mac Donnell, personnage que l'auteur avait introduit une première fois en 2007 dans son livre l'Ordre du Monde.
J'aime ces livres que l'on ouvre une fois par jour, pour retrouver un personnage laissé la veille. Une lecture qui devient un rituel, une impression d'amicales retrouvailles et cet attachement qui contribue à créer des liens très forts avec les protagonistes.
Et cela, Denis Lépée y parvient parfaitement dans les Engloutis.
Ramener ce héros est un challenge et Denis Lépée ne fait pas dans la facilité puisqu'il choisit de nous raconter ce retour de Tommaso en le faisant à la première personne. C'est à dire que l'histoire va vous être racontée du point de vue du héros. Et question "immersion", c'est parfait.
J'ai apprécié cette délicatesse, cette humanité et cette fragilité dans l'écriture du romancier et dans sa façon de donner corps à Tommaso et à ses autres personnages.
Si la résolution de l'histoire passe finalement au second plan, c'est pour encore mieux mettre le lecteur face à des personnages hantés, dont l'évolution au fil des pages devient finalement l'intrigue à suivre.
Au plaisir de revoir Tommaso dans d'autres aventures !20/03/2018 à 11:34 4
-
Gasoil
8/10 Victor, le pompiste de cette courte nouvelle, aurait tout aussi bien pu être barman. Marin Ledun évoque dans Gasoil des éléments que l'on retrouve souvent dans sa bibliographie, comme les brulures de la culpabilité ou la résilience. L'occasion de faire le plein de noir.
25/01/2018 à 13:47 6
-
Le Dernier homme
9/10 Une nouvelle de 26 pages véritable abécédaire du talent de romancière d'Elena Piacentini, que l'on dévore de A à Z, de la première à la 26e page.
25/01/2018 à 13:33 2
-
Fantazmë
8/10 Le nouveau roman de Niko Tackian est d'une redoutable efficacité. Sans "gras" ni ventre mou, il démontre à nouveau son talent pour produire un récit qui va droit à l'essentiel. La caractérisation des personnages n'est pas en reste et il est toujours plaisant de les voir "grandir" et surtout, de constater que leur présence est essentiel au bon équilibre du roman. Chattam peut se faire du soucis, son Fantazmë à un nom : Niko Tackian !
21/01/2018 à 19:49 4
-
Artémis
9/10 Artémis est le second roman d'Andy Weir, après l'étonnant Seul sur Mars.
Il met en scène Jazz, qui vit dans la cité lunaire Artémis depuis l’âge de six ans, plongée au cœur d'une intrigue/complot difficile à lâcher avant son dénouement.
Si vous avez aimé la série TV The Expanse (je n'ai pas eu l'occasion de lire les romans de James S. A. Corey, alias Daniel Abraham et Ty Frank), vous allez vous régaler. Pas un hasard d'ailleurs de lier ces deux histoires là puisque Andy Weir donne le nom de Rossinante à l'outil permettant à Jazz de transporter les colis qu'elle livre sur Artémis (dans The Expanse, le vaisseau de l'équipage se nomme le Rocinante. Rocinante/Rossinante qui est le nom du cheval de Don Quichotte dans le roman de Cervantes).
Comme dans le premier Alien, dans Blade Runner ou dans la série The Expanse, le lecteur/spectateur est inviter à découvrir un monde à la technologie avancée via le point de vue d'un individu qui cherche à sortir de sa condition sociale. On aborde donc cet univers en suivant la routine du héros, ou dans le cas qui nous intéresse, l’héroïne, et c'est certainement cette approche qui fait le charme de la caractérisation du personnage. En nous baignant dans cette routine, Andy Weir lui donne corps et elle devient rapidement concrète.
Comme dans Seul sur mars, l'auteur amène à nouveau la dose de sciences qu'il vulgarise à merveille, tout en utilisant cette fameuse routine évoquée plus haut. Jazz est un personnage très attachant, j'espère que nous aurons l'occasion de la revoir.
Artémis est mon premier coup de cœur de cette année 2018, je ne peux que vivement vous inviter/inciter à faire le voyage vers la Lune. Un aller simple qui vous coutera la modique somme de 21€50 et qui sera disponible à partir du 17 janvier, aux éditions Bragelonne. Il est traduit par Nedad Savic. Bon voyage !17/01/2018 à 10:29 3
-
La mort noire
8/10 Une fois commencée, impossible de lâcher la lecture de cette première enquête de Shelton et Felter. Une histoire dans la parfaite tradition du whodunit, où l'intrigue vous invite à trouver qui est l'auteur du crime. Efficace, à suivre.
17/12/2017 à 19:06 5
-
Les grandes fêtes
8/10 La petite sucrerie de cette fin d'année, en attendant le prochain roman. Toujours un plaisir de retrouver Walt Longmire. Lire Craig Johnson, c'est comme retrouver un(e) pote et se poser à ses côtés pour reprendre la conversation telle qu'on l'avait laissé lors de la dernière rencontre. Du plaisir quoi !
10/12/2017 à 19:25 6
-
Islanova
9/10 Ilsanova est la nouvelle pierre à l'édifice CamHug. Un cadeau pour les nouveaux lecteurs qui découvrent pour la première fois un roman hors norme de cette entité à quatre mains. Et pour les lecteurs de la première heure, c'est une manière de fêter des noces. Les liens avec leurs personnages sont plus forts années après années, la passion est intact, leurs dévotions pour leurs lecteurs est toujours présente et le champs des possibles est sans limites. J'ai rarement vu des auteurs parvenir à lier leurs bibliographies, chaque nouveau roman renforçant l'autre, chaque ancien roman faisant office de fondations. Les CamHug sont des architectes dévoués à une seule cause : divertir lectrices et lecteurs. Avec Islanova, le contrat est une nouvelle fois parfaitement rempli.
10/12/2017 à 16:44 7
-
Seul sur Mars
8/10 En revisitant le thème du naufragé et en plaçant cette fois l'intrigue sur Mars, Andy Weir propose un redoutable suspense immersif. C'est ludique, inventif, scientifique et c'est quasiment impossible à lâcher.
28/11/2017 à 11:39 5
-
La soif de sang
Mike Henderson, Joshua Williamson
8/10 Le nombre de victimes monte en flèche et les masques tombent. Entre cauchemars et réalité, le lecteur poursuit sa descente en enfer en compagnie d'un casting au bord de la rupture. Une lecture addictive, foncez, les quatre premiers tomes sont disponibles !
10/11/2017 à 19:00 3
-
L'odeur du sang
Mike Henderson, Joshua Williamson
8/10 Toujours aussi délirant et imprévisible. Ce troisième tome offre son lot de surprises...
10/11/2017 à 18:57 3
-
Mindhunter
John E. Douglas, Mark Olshaker
9/10 Fascinante plongée dans le monde du profilage. Parfaitement complémentaire avec la première saison de la série TV Mindhunter dont ce livre est l'adaptation. John E. Douglas partage son savoir et c'est juste passionnant. Pas étonnant qu'il ait influencé Thomas Harris pour Dragon Rouge et le Silence des Agneaux.
05/11/2017 à 10:59 8
-
Ils ont voulu nous civiliser
8/10 On pourrait considérer ce nouveau roman de Marin Ledun comme la seconde partie d'un diptyque commencé avec En douce. Outre le fait que les deux livres se passent dans la même ville imaginaire de Begaarts, Marin Ledun aborde à nouveau la colère et la vengeance, et les tempêtes réelles ou figuratives qui chamboulent les vies. Ça commence comme un classique de Westlake (un couillon se met dans la panade après s'être fait entuber de quelques biftons) pour ensuite placer cet handicapé social sur la route d'un Julius Winsome, hanté par les horreurs de la guerre d'Algérie.
Marin Ledun offre à son lecteur deux personnages principaux et l'invite à suivre autant de séries d'empreintes sanglantes.
En tournant la dernière page me vient l'étrange idée que j'ai eu entre les mains un livre évoquant (à sa drôle de manière, je le reconnais), une histoire de paternité. Dingue non ?31/10/2017 à 20:11 9
-
Dead Inside
8/10 Très intéressante cette enquête en milieu carcéral. J'aime beaucoup le coup de crayon de Toni Fejzula dont les personnages me font parfois penser à ceux de Kelley Jones. John Arcudi donne les commandes de cette enquête à un personnage féminin qui déboite bien ! Une petite pépite à lire.
Bravo aux éditions Delcourt pour cette très belle édition.27/10/2017 à 14:35 1
-
Une vie exemplaire
6/10 Je ne sais pas sur quel pied danser après avoir tourné la dernière page de ce roman de Jacob M. Appel.
D'un côté, je n'ai pas vraiment l'impression d'avoir eu en mains l'histoire promise par le résumé de l'éditeur.
De l'autre, c'est justement le côté simple et atypique de cette version du classique "rentrons dans le quotidien d'un sociopathe" qui donne son cachet au roman.
Pas de grosses surprises dans cette Vie exemplaire si ce n'est une dernière phrase qui va nous laisser un peu perplexe...
Jacob M. Appel parvient à jouer sur l'ironie de la situation de cet éminent cardiologue pour faire ressortir les éléments humoristiques et corrosifs de l'histoire, sans avoir à trop grossir les traits de ses personnages. Et s'il grossit parfois le trait, il le fait sans jamais trop en abuser.
Ce qui donne un petit côté théâtral à cette histoire de psycho déguisé en médecin, ou peut-être que c'est un médecin déguisé en psycho...
À noter la couverture transparente qui protège le livre et met parfaitement bien en image ce masque de santé mentale dont se fardent ces psychopathes.19/10/2017 à 15:50 4