130 votes
-
L'Antre du mal
7/10 La jeune Maureen Coughlin est tout juste sortie de l'école de police. New-Yorkaise, ancienne serveuse de bar, elle fait le choix de mener sa carrière débutante à La Nouvelle Orléans. Eprise de justice, elle plonge dans une ville qui porte les stigmates du passage de Katrina, quelques années plus tôt. Dans des quartiers gangrenés par une petite criminalité, elle fait ses premières armes.
Le portrait que Bill Loehfelm dresse de L-N-O est somme toute réaliste, dans ce roman qui s'inscrit au cœur de cette littérature "post-Katrina". On n'a pas fini de parler des conséquences dramatiques de cette catastrophe naturelle... ici toutefois, la ville sinistrée sert d'arrière-plan au portrait d'une jeune "fliquette" remplie de bonnes intentions. Le récit se déroule agréablement. Peu d'action à mon goût, toutefois, un brin de lenteur, au profit d'une forme de légère introspection: c'est le parcours de Maureen et sa manière d'aborder une "affaire" où se mêlent jeunes désœuvrés voleurs et trafiquants, une grand-mère taiseuse, et quelques jeunes "utilisés" à leurs dépens par les sombres réseaux. Récit simple, direct. Un titre qui est trompeur (j'avais cru au départ tenir un thriller glauque entre les mains, il n'en est absolument rien!). Un bon petit roman, sans plus (NB: sachez toutefois qu'il est classé parmi les coups de cœur de Claude Le Nocher sur son blog)05/10/2017 à 20:20 6
-
Le Bal des ardentes
6/10 Le Bal des ardentes nous livre un récit brut, direct, sans détours, visuel... l'action prédomine, et l'auteur déroule son histoire dans une chronologie simple. Les personnages sont dépouillés, ce n'est manifestement pas l'analyse externe ni introspective qui intéresse le narrateur. Pas - ou vraiment très peu - de flash back. L'histoire de l'équipe de Barthélemy est donc présentée "à fleur de peau", à l'état brut, de sorte que toutes les scènes seraient parfaitement adaptables en téléfilm voire en courte série... et pourtant, tout cela fonctionne! Le lecteur, emporté par le rythme, se délecte des péripéties auxquelles nos flics sont confrontés. Certes, ce n'est pas du "grand" polar, mais l'auteur maîtrise son sujet, en particulier celui des armes et de leur manipulation (l'auteur a servi comme tireur d'élite dans l'armée).
Bien que j'aie trouvé ce roman parfois "inégal" (on passe parfois d'une scène à l'autre sans assez de détours et détails à mon goût), ce dernier "fonctionne" très correctement et ravira les amateurs d'action. N'y cherchez aucune morale, aucune éthique, aucune "leçon", aucune enquête complexe, peu de "rebondissements". Nous sommes dans le registre du pur plaisir du polar, de la pure "jouissance" des faits et de la poursuite d'un psychopathe fou, et c'est cela fait la force du Bal des ardentes!24/09/2017 à 06:57 5
-
L'Affaire Léon Sadorski
9/10 Dans le registre du polar, le rayon "historique" éveille souvent mon attention et mon avidité. Bien des romans ont été écrits sur cette période sombre des années 40. Romain Slocombe a réussi le pari de parfaitement intégrer son récit dans l'atmosphère d'une époque qu'il rend avec précision. Il fait coller l'intrigue au plus près de faits historiques. Quel travail, quelle maîtrise! Cela donne envie de se plonger dans la littérature historique consultée par l'auteur pour bâtir son histoire.
Voilà donc un roman particulièrement soigné, et parfaitement accessible au plus large public (il vient de sortie en poche, n'hésitez pas).
Attention, point d'humour dans ce livre, l'auteur "déterre" des éléments liés à la "mauvaise conscience" de la période collaborationniste. Le héros, dégoûtant et intriguant, se devait de rester "sobre". Nullement polémique, ce livre pose les jalons d'une lente prise de conscience de ce que fut, dans les faits, la collaboration. Loin de dresser un portrait stéréotypé, Slocombe se parfait dans le récit d'une tranche de vie qui se cherche.
La suite (L'étoile jaune de l'inspecteur Sadorski) est dans ma PAL...14/09/2017 à 07:42 10
-
Damnés
5/10 Un roman que j'ai globalement trouvé moyen... Pas mauvais, mais pas convaincant non plus. Les tribulations de Madison Spencer sont décrites avec ce grain de folie et ce côté totalement déjanté qui caractérisent C.P. Que se passe-t-il lorsque nous sommes envoyés en Enfer? Quelles rencontres y faisons-nous? Comment cet Enfer se présente-t-il? Satan le dirige-t-il vraiment? Avons-nous encore une chance de communiquer avec les vivants? Une rédemption est-elle malgré tout encore possible? C'est en faisant communiquer le monde des damnés et des vivants que C.P. nous entraîne dans une aventure rocambolesque. On pourrait parler d'une "autothanatographie" car c'est Madisonelle-même qui raconte, qui se raconte au fil des pages et de sa découverte de l'Enfer.
Au bout du récit (qui se poursuit dans Purgatoire si je ne m'abuse) je reste désarçonné: tant de potentiel "pour ça". L'impression d'avoir tourné en rond, d'avoir un peu perdu mon temps, de ne pas avoir appris grand-chose. Ni polar, ni vraiment roman noir, inclassable.28/08/2017 à 08:40 2
-
Le Cinquième Evangile
5/10 Un livre difficile à noter... le récit nous entraine dans les arcanes du Vatican, et, à la différence de bestsellers tels que le DVC, il nous dresse un portrait réaliste, non sulfureux, de l'institution ecclésiale. L'auteur s'appuie sur une documentation correcte - qui ne surprendra pas un public cultivé, tant les thèses exégétiques évoquées sont des lieux communs pour toute personne qui a un tant soit peu étudié les Évangiles (comme c'est mon cas). Ce qui est touchant, dans le récit, c'est cet amour authentique de deux frères l'un pour l'autre, cette volonté d'unité dans l'Église manifestée tout au long du récit. Mais, bien qu'il y ait enquête, et bien que cela soit traduit de manière élégante - à quelques approximations près - la sauce prend mal, le récit est souvent répétitif, et ne suffit pas à satisfaire le lecteur avide de suspense que je suis. D'autres ont fait mieux à mes yeux.
28/05/2017 à 21:18 3
-
Block 46
5/10 Déçu. Comme régulièrement ces derniers temps avec des nouveautés appréciées. Déçu car on frise la caricature, je ne me suis pas "régalé", rien d'original. Déçu car d'aucuns en avaient vanté la brillante description de l'univers des camps, mais on n'a là droit qu'à une description instrumentalisée. Déçu car les personnages manquent de reliefs, sont trop stéréotypés à mon goût. Le dénouement est prévisible à souhait (en tout cas en ce qui me concerne). Alors certes le projet de l'auteure est essentiel (voir ses remerciements en fin de volume). Il ne faut pas oublier, il faut continuer de faire mémoire. La manière n'est ici pas à la hauteur de ce que j'attendais... vraiment navré de devoir le dire ainsi.
En définitive, je l'ai trouvé moyen (voire "assez moyen").
J'en serai toutefois pour le second volet (Mör) que j'ai acheté à sa sortie (avant d'avoir lu le premier). On verra s'il me convainc plus...19/04/2017 à 10:10 6
-
Le premier mai tomba la dernière neige
8/10 Il est vraiment très bon ce bouquin de Jan Costin Wagner. Une découverte en ce qui me concerne. Quasi tout m'a plu: le thème, la manière dont les intrigues parallèles finissent par se rejoindre, le ton (la traduction est de bien belle facture et équilibrée de bout en bout), les questions que l'intrigue pose au lecteur que je suis, les personnages qui ont "quelque chose à me dire", en particulier Kimmo Joentaa dont la vie cassée est tellement interpellante...
C'est un excellent roman "contemporain", qui mérite assurément le détour. Je n'en ferais sans doute pas un coup de cœur comme l'a fait il y a quelque temps Claude Le Nocher sur son excellent blog, mais je partage avec lui d'avoir été séduit pas ce roman.27/03/2017 à 11:56 8
-
Le Rituel de l'ombre
Eric Giacometti, Jacques Ravenne
7/10 Un bien bon polar, qui met en scène Antoine Marcas, commissaire de police et franc-maçon. Une intrigue très correctement filée qui nous permet d'en savoir un peu plus sur l'univers souvent présenté comme mystérieux de la Franc-Maçonnerie!
Je n'aurais aucune crainte à le recommander aux lecteurs qui apprécient l'ésotérisme et l'histoire des sociétés secrètes.20/03/2017 à 15:56 4
-
Un Trou dans la toile
4/10 Ce roman a totalement échappé au petit esprit que je suis :-( L'idée de base est séduisante, elle colle aux questions qui se posent de manière pressante à nos contemporains. Mais le modèle du pastiche, du polar "spaghetti" (par analogie au western spaghetti / ceux qui ont lu le livre comprendront) m'a totalement échappé. Il y a des passages hilarants d'humour décalé, mais en définitive, l'intrigue est absente. Certes, cette absence colle au récit, colle au thème, mais elle ne m'a pas convaincu. Désolé.
14/03/2017 à 07:25 4
-
Hell.com
5/10 Hell.com est le premier roman de Daniel Senécal que j’ai eu l’occasion de lire. Autant le dire d’emblée, ce livre, qui a l’apparence d’une « brique » (600 pages) se lit à toute vitesse. Cet état de fait traduit deux caractéristiques du récit : d’une part, le style est simple, fluide, sans artifices rhétoriques, direct, rempli de dialogues : d’autre part, l’intrigue est sans temps morts, elle incite à la lecture, pousse à l’ivresse, et tient en haleine une ou deux nuits durant… Le thème a par ailleurs une côté « glauque » qui a, je le reconnais, attisé ma curiosité et qui a contribué une lecture rapide. Sexe, coups bas, vengeance, terreur… des ingrédients qui « marchent » à plein régime ici ! Les descriptions sont simples, directes, et épargneront les lecteurs peu friands de détails « existentiels » ou d’ex cursus philosophiques. Ce qui compte ici, c’est l’action. Peu de place à la réflexion. Les scènes de sexe, de violence, etc. ne m’ont pas semblé aussi insoutenables que certains ont pu l’écrire. Certes, certains détails sont « crus », et l’imagination de l’auteur peut faire frissonner les âmes sensibles…
Le récit suit l’évolution de Daniel, tout est vu à travers son regard, selon son point de vue. De longs plans séquences se succèdent autour de la figure du PDG, pour prendre une analogie cinématographique.
Pour le dire franchement : j’ai passé un « bon » moment de lecture à la lecture de ce thriller que j’ai trouvé « divertissant ». J’ai été capté par l’histoire de Daniel, de son fils, par la manière dont Hell.com « fonctionne ». Mais à mon sens, il ne s’agit pas d’une œuvre majeure du genre… Ou, en tout cas, je n’ai pas eu le sentiment d’avoir entre les mains un « coup de génie ». Un roman qui « fonctionne », oui, un chef-d’œuvre, non ! Je n’ai « rien » appris, Hell.com n’a pas suscité en moi cette « étincelle » qui fait d’un roman agréable à lire – fût-il un thriller ! – un roman qui me transforme, qui m’instruit ou qui me permet de réfléchir. Pas plus ne s’agit-il d’un roman que je « recommanderais », sinon pour les lecteurs qui aiment résolument varier les plaisirs…07/03/2017 à 21:10 3
-
Casanova et la femme sans visage
6/10 Je partais sur une impression positive. Certes l'auteur sait y faire et possède une belle plume. Mais j'ai quand même eu le sentiment d'un certain méli-mélo, l'impression à un certain moment que l'auteur ne savait plus vraiment quel artifice littéraire utiliser pour nous mener en bateau. Bref, je reste, en définitive, circonspect. Toutefois, l'enquête policière reste correcte, raison de ma note (6).
01/03/2017 à 07:56 2
-
Chanson douce
7/10 C'est un vrai bon roman contemporain auquel nous avons droit avec Chanson douce. L'écriture est belle, légère, et très visuelle. L'auteur nous promène dans la vie de Louise, Myriam, Paul... Louise qui a tué, qui a supprimé deux enfants qu'elle a pourtant chéris pendant longtemps. Deux enfants qui n'étaient pas les siens. Mais elle était attachée à son rôle de "nounou". Louise qui aime, mais dont l'amour pour les enfants peine progressivement à pallier son propre manque de maternité, de famille... un roman "domestique" comme l'écrit Alice, car il nous plonge dans l'intimité d'une famille et de ces relations adulte-enfant/conjoint-conjoint/nounou-conjoint, que nous connaissons ou côtoyons quasi tous, peu ou prou. L'écriture est visuelle ai-je écrit. Une "vision" floue toutefois, car tout n'est pas dit, tout n'est pas décrit, l'auteure a fait preuve d'une certaine retenue, qui permet au lecteur de penser, de vagabonder, de poser ses propres hypothèses. Si un tel roman devait être adapté en court-métrage, cela aurait du sens de proposer des cadrages "larges" et légèrement floutés, c'est un peu ma manière à moi d'avoir ressenti les scènes de ce bon roman noir très contemporain.
27/01/2017 à 10:57 4
-
220 volts
7/10 En quelques 180 pages, Joseph Incardona signe un roman percutant, qui va droit au but, et sans raccourcis pourtant! J'adore ce genre de récits qui mettent en scène un écrivain au bord de la crise de nerfs, victime du syndrome de la page blanche. À cette difficulté majeure pour un homme ivre de son succès s'ajoute une relation de couple tumultueuse, où le sexe brut sert de voie d'issue aux époux. Mais le sexe ne suffit pas à reconstruire un amour. Et quand on est auteur de polars, il faut avoir la tête sur les épaules et parvenir à se distancer de ses sombres héros ou autres personnages sans scrupules.
220 Volts est un petit roman... survolté! Rempli d'un certain humour noir (qui ne plait pas nécessairement à tous). Un vrai tour de force, qui nous fait voyager dans le côté obscur d'un écrivain en mal d'inspiration! À lire et à découvrir, en une petite soirée.23/01/2017 à 10:12 2
-
Meurtres pour rédemption
4/10 Attention, cela risque de piquer aux yeux de certain(e)s par ici. Mais que puis-je sinon donner mon réel ressenti? Ne pas me frapper, de grâce!
On est à mon humble avis loin, très loin même, de la "bombe" littéraire à laquelle on veut nous faire croire! J'ai lu la totalité du roman (parce que je ne veux pas donner un avis sans avoir tout lu jusqu'à la dernière virgule!). J'ai pourtant entamé la lecture de MPR avec conviction, en me préparant à passer d'excellents moments au vu des tas de critiques plus dithyrambiques les unes que les autres. J'ai rapidement déchanté, bien malheureusement... À contrecœur, d'une certaine manière, car je n'aime pas trop donner des avis qui frisent avec le négatif.
On a d'abord droit à 500 pages répétitives à souhait, une description pas suffisamment fine ni documentée de l'univers carcéral, des clichés, beaucoup de clichés. Enfin, trop pour moi. On a droit à une histoire d'amour fleur bleue. À un peu de violence par-ci par-là (rien de barbare pour les friands de polars et thrillers, c'est même assez soft / l'érotisme est uniquement suggéré, par ailleurs, peu de mots "crus", des descriptions "en soie"). À une héroïne qui n'a pas grand-chose à offrir (enfin, façon de parler). À des sentiments éculés, sans originalité à mes yeux. La deuxième partie reprend le schéma de "dépendance" de la première, et, à quelques scènes près, l'intrigue est tout de même capillotractée!
S'il faut qu'un roman se lise vite et soit "prenant" pour en faire un bon bouquin, alors je remets mon tablier. Non, ce n'est pas ce que j'attends d'un polar/thriller/roman noir aujourd'hui. Je risque de m'attirer une huée d'indignés, je maintiens que: oui, ce bouquin peut se lire à tout allure (bien qu'il ne soit pas suffisamment rempli par des scènes "cliffhanger". Oui, il plaira parce qu'il est facile. Mais pour le lecteur que je suis, roman "facile" n'est pas nécessairement synonyme de bon roman. Il faut du fond, il faut de la plume, il faut un chouia d'originalité. De fond, MPR en manque cruellement (on est dans un imaginaire pas très construit et stéréotypé). Quant à la plume, certes, l'auteure sait écrire, mais je serais curieux d'établir des statistiques des champs lexicaux utilisés. Cela ne brille pas d'une richesse particulière. Sans être "mal" écrit non plus. D'originalité, , bof, là c'est subjectif, mais la cavale de Thomas Bishop dans Au-delà du mal m'avait nettement plus convaincu. Et il y avait du fond (et c'était il y a plus de 30 ans!).
Bref... ne passez pas nécessairement votre chemin, faites-vous une idée de ce qu'il vaut. Assurément, il risque de ne pas faire la joie des lecteurs qui apprécient, comme c'est mon cas, des intrigues documentées, fictives mais crédibles, rocambolesques mais fortes, des sentiments complexes et des descriptions puissantes. Il continuera de ravir cependant un large public. Heureusement qu'il existe des telles voies d'entrée dans l'univers de la lecture, bien évidemment!20/01/2017 à 09:09 10
-
Un siècle de mensonges
5/10 Un roman que j'ai trouvé moyen, sans plus. Il est correctement écrit, dans une langue tout à fait accessible, et je suis certain qu'il ravira des lecteurs occasionnels! Le périple de l'héroïne, continuellement malmenée par l'homme richissime qui lui demande de rédiger sa biographie, les emportera, et leur fera sans doute passer une ou deux nuits blanches, tant le rythme est sans temps mort. Pour les plus exigeants, force est de constater toutefois que la narration souffre de ce que je qualifierais d'un manque de profondeur psychologique, là où d'autres auteurs auraient "mis le paquet" et pris le temps de descriptions fines des comportements, de la gestuelle, des scènes du récit. Tout s'enchaîne rapidement, mais un peu trop à mon goût, malheureusement. Il s'agit néanmoins d'un premier roman prometteur: l'imagination de l'auteur pourrait lui permettre de nous revenir avec plus d'assurance encore dans l'écriture! Dommage que l'ensemble du récit ne soit pas travaillé à la hauteur du dénouement.
Je vote "moyen" car je ne voudrais pas ici tromper les lecteurs assidus qui fréquentent ce site, sans les décourager non plus, car si l'on est curieux, c'est un livre vite lu et qui peut mériter d'être découvert!04/01/2017 à 16:24 2
-
La Tristesse du Samouraï
10/10 Les premiers mots qui me viennent à l'esprit à peine ce livre refermé sont: brillant, passionnant, à lire impérativement, ciselé de main de maître, œuvre littéraire!
D'entrée de jeu, j'ai été saisi par le style de la traduction de ce livre que je considère assurément comme une œuvre littéraire du 21e siècle. L'auteur nous fait voyager entre 1941 et 1981, dans la vie de plusieurs familles et citoyens espagnols, qui nous apprennent que notre présent se joue aussi dans le passé de nos familles. Pour moi qui n'ai de cesse de répéter à l'envi que nous ne sommes pas responsables des erreurs commises par nos ancêtres et par nos proches (maxime que j'ai encore répétée récemment dans diverses conversations privées), ce roman apparaît comme une véritable occasion de remise en question (mesurée) de mes sacro-saints principes! Et c'est bien une caractéristique qui fait pour moi d'un roman une œuvre inoubliable: quand le livre est capable de bouleverser mes évidences, quand il remet en question ce que je suis, ce que je pense, et que l'auteur distille des éléments de réflexion sérieux, étayés par une intrigue réalise... j'ai alors le sentiment d'être en présence d'un "grand" livre. En termes de qualités littéraires "objectives", je dois avouer que la manière fine qu'a del Árbol de mettre progressivement son récit en route, de poser ses personnages, de manier avec brio le contexte historique dans lequel ils évoluent, de décrire les gestes, les sentiments, les lieux, sans excès, mais avec une précision "immédiate" qui lui évite les redites... tout cela a produit en moi une véritable "réjouissance"!
Il faut toutefois faire preuve d'attention dès le départ, afin de ne pas se perdre parmi les personnages qui constellent le récit. Il faut sans cesse garder à l'esprit les filiations, les affiliations politiques, les exactions de chacun... pour savourer pleinement la force de la plume de l'auteur.
Le roman contemporain ne semble pas à même de nous livrer des monument tels ceux commis par Dostoïevski. Il est tributaire d'exigences commerciales que n'aurait certainement pas satisfait l'auteur de Crime et châtiment. Avec un livre tel que La Tristesse du Samouraï, on se prend à rêver de voir revenir le temps des grandes plumes, qui ont le talent de proposer des intrigues lisibles sur plusieurs plans. On peut suivre, simplement, les histoires familiales dans une Espagne en proie à ses démons. On peut aussi prendre pour fil conducteur les manipulations auxquelles se livre une poignée de partisans du franquisme... on peut par ailleurs savourer la mise en perspective de la figure du Samouraï et de ses codes d'honneur pour comprendre la complexité de ce récit...
Vous l'aurez compris, La Tristesse du Samouraï est un de ces grands romans, que l'on se plaira sans doute à relire à un âge plus avancé... Un coup de cœur en ce qui me concerne!
(il s'agit de mon premier 10/10 sur PP... à vrai dire je lui mettrais plutôt 9.5/10... il mérite plus qu'un 9, assurément)29/12/2016 à 18:10 12
-
Dans le jardin de l'ogre
6/10 Un petit roman qui se dévore comme un page turner... on suit les tribulations d'Adèle, mariée, un enfant, et prise d'une passion dévorante pour le sexe... on suit sa lente "descente" aux enfers, son questionnement, ses mensonges... dans un récit qui se lit très facilement, sans prise de tête. Les faits sont livrés à l'état brut, sans trop de détails salaces toutefois. Un roman correct (premier coup d'essai de Leïla Slimani) mais qui ne me laissera sans doute pas un souvenir impérissable.
17/12/2016 à 10:49 1
-
Plutôt crever
6/10 J'ai apprécié les déplacements constants de perspective, les rebondissements, dans le cadre d'une Bretagne qui n'est autre que la terre natale de l'auteur. Un petit roman qui se laisse lire essentiellement pour son côté entraînant, voire nerveux! [...]
17/12/2016 à 10:36 2
-
Cadres Noirs
7/10 Sur fond d'une histoire rocambolesque, Pierre Lemaitre nous délivre un récit correctement agencé, une sorte de satyre sociale sur fond d'un drame humain qui hante nos sociétés: celui du chômage et des restructurations d'entreprises, dictées par l'appât du gain. Certes, la mise en scène est, je le répète, à la limite du crédible (le jeu proposé par la boîte de recrutement frôle l'invraisemblable - quoique... dans le registre des téléréalités, on en fait autant voire plus...). Cet homme qui "trompe" son épouse quant à ses engagements professionnels, qui cherche à redorer son blason aux yeux d'une société qui a soif d'expérience, mais qui révoque les gens d'expérience, qui est fou amoureux, mais qui est prêt à se corrompre pour rendre à sa femme un semblant de vie aisée... cet Alain Delambre, ce pourrait être vous ou moi, demain ou après-demain, après une perte d'emploi qui nous aurait coûté notre honneur. Le travail et l'argent doivent-ils être les moteurs de nos actions au point de nous pousser à mettre entre parenthèse nos références morales et/ou éthiques?
Un bon roman noir, au départ d'un scénario assez inédit et simple à la fois, qui fonctionne à merveille. Mon regret ou mon "manque" essentiel à la lecture de celui-ci est peut-être malgré tout son manque de réalisme, et le côté un peu trop expéditif du dénouement ("à mes yeux", et dans le plus grand respect de l'auteur).12/12/2016 à 07:41 7
-
Pukhtu Primo
9/10 En ouvrant Pukhtu Primo, j'entretenais de grandes attentes, tant ce que j'en avais lu et entendu me laissait supposer que je tenais un livre "énorme" entre les mains.
Je n'ai pas été déçu!
On l'a déjà écrit, mais je le répète: les description de la guerre sont terriblement soignée, parfaitement informées. On est dans le registre d'un récit hyper réaliste. Tout est harmonieux dans l'écriture, pas d'excès, quasi aucune faiblesse! DOA est passé maître dans l'art de narrer tant les faits - avec une maestria telle qu'on est totalement immergé dans les scènes d'actions - que les émotions de ses personnages, qui sont loin d'être de simples "robots mécaniques" au service d'une intrigue guerrière. J'ai un faible pour Amel (et Chloé). Je suis fasciné par la figure de Fox, mais aussi par celle de Sher Ali.
La guerre en Afghanistan n'est pas simplement celle que l'on croit, entre nos nations bien pensantes et des résistants djihadistes. DOA déroule, avec énormément de finesse et de nuances, des faits qui nous en convainquent, en alternant les scènes violentes, et les coupures de presse. La réalité n'est pas aussi stéréotypée que ce que la presse peut nous le faire croire...
Attention, la lecture de Pukthu est assez exigeante, cela nous change de certains romans... Pour qui veut s'y embarquer, armez-vous d'un atlas ou d'un carte d'Afghanistan et du Pakistan ;-)
Je savourerai prochainement le second volet de Pukhtu!01/12/2016 à 09:19 6