thibe

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  • Les Larmes noires sur la Terre

    Sandrine Collette

    6/10 J’ai lu le dernier roman de Sandrine Collette dans le cadre du Prix Polars Pourpres.
    A mi-chemin, j’avais livré un bilan mitigé de ma lecture… la seconde moitié a confirmé ce sentiment. Je m’en explique…

    Moe rate sa vie, et échoue à la Casse, cimetière pour voitures et purgatoire pour échoués de la société. Elle y rencontre un groupe de femmes, qui comme elles ont été « placées » dans ce centre destiné à héberger des personnes qui se sont retrouvées à la rue après bien des déboires. L’action se déroule dans un futur proche, quelque part entre 2020 et 2030 (bon, j’aurais pu être attentif aux détails pour proposer une meilleure évaluation). Nous découvrons les destins de celles que Moe rencontre et avec lesquelles elle partage son temps à présent, du travail aux champs à l’aide donnée à la vieille Ada.
    Le roman que Sandrine Collette livre aux lecteurs est servi par une écriture typée, qui se maintient de bout en bout. Et c’est là que réside la force du livre : l’écriture travaillée, le style « abouti ». Mais c’est aussi une de ses faiblesses : si le lecteur n’est pas réceptif à la forme, il pourrait presque stopper sa lecture. J’avoue avoir été victime de ce phénomène. J’ai failli abandonner, mais je me suis acharné car je voulais disposer de suffisamment d’éléments pour asseoir mon avis. Par ailleurs, la succession des biographies est pénétrante et les tableaux sont diversifiés. Mais du coup, le fil de l’action n’est pas « tenu » en permanence, le livre peut désorienter les lecteurs habitués à de l’action de bout en bout. La fin m’a laissé un sentiment mitigé…
    Bref, bien difficile à évaluer pour ce qui me concerne…
    Je dirais qu’il faut avant tout lire Les larmes noires sur la terre comme un roman, en mettant de côté nos catégories « polar » et même « roman noir ». Oui, c’est sombre, peu d’issues sont proposées au cours du récit. L’écriture est remarquable, mais elle nécessite une attention particulière. Ce n’est donc pas un roman noir « distrayant », pas non plus totalement « sérieux », mais son niveau ne le rend, à mes yeux, pas accessible à un large public.
    Je regrette personnellement un certain manque d’action mais est-ce suffisant pour le noter « durement » ? Je ne le crois pas. Ce sont les qualités intrinsèques du roman que je m’efforce de juger, pas uniquement mon ressenti. Dès lors, oui, je dois bien admettre qu’il s’agit là d’un « assez bon » roman – voire bon – mais à réserver à un public averti. Il risque de décevoir les friands de best-sellers.

    05/12/2017 à 18:21 12

  • Six fourmis blanches

    Sandrine Collette

    4/10 J'ai été particulièrement déçu par Six fourmis blanches. J'avais apprécié les deux premiers romans de l'autrice, pourtant. L'intrigue n'a pas "pris", je n'ai pas trouvé les personnages particulièrement crédibles, ni attachants. Je suis même surpris d'avoir ressenti les protagonistes principaux comme "niais". La description de l'univers de la montagne n'est à mon sens pas vraiment réussi... je n'ai ressenti que très peu d'émotions... les 50 dernières pages deviennent un chouia "intéressantes" à mes yeux... mais rien de transcendant... Déception quasi sur toute la ligne...

    21/02/2016 à 12:52 3

  • Un vent de cendres

    Sandrine Collette

    6/10 J'avais fort apprécié 'Des nœuds d'acier" et je n'ai pas été déçu par le second opus de Sandrine Collette. Il m'a semblé "un cran en-dessous" néanmoins, peut-être le caractère un peu plus prévisible de l'action, et le côté un peu trop stéréotypé à mon goût des personnages d'Andreas et Octave.

    20/01/2016 à 09:30 6

  • Une Etude en rouge

    Arthur Conan Doyle

    7/10 Les débuts d'un des plus grands détectives! Ne soyons pas trop difficiles, on est aux balbutiements du "roman à énigme" (Poe et Gaboriau étaient passés par là avant néanmoins).
    Ne gâchons pas le plaisir! Malgré les errances des déductions et les syllogismes bancals, qui ne pourrait reconnaître le coup de génie de Conan Doyle?

    04/06/2019 à 11:49 1

  • J'étais Dora Suarez

    Robin Cook (UK)

    8/10 Robin Cook nous offre un tableau époustouflant! Tout est très bon dans ce livre: les descriptions des scènes, le caractère franc et direct du policier anonyme qui occupe le centre du récit, le criminel poisseux, le crime odieux... bon, certes, je comprends qu'on puisse émettre certaines réserves face au portrait assez "chien" qui sous-jacent au flic-héros. J'ai pour ma part personnellement pris ce livre (et le duo anonyme-Stevenson) comme une belle grosse claque. Tout scénariste qui entend montrer des policiers durs et face auxquels nulle répartie ne suffit se devrait de lire et d'étudier attentivement ce bouquin! Le héros parvient en outre à rendre Dora terriblement attachante... quelques belles et profondes réflexions parsèment l'ouvrage qui est résolument très bon et que je conseille vivement!

    21/11/2017 à 07:00 9

  • L'enfant du premier matin

    Nicolas d'Estienne d'Orves

    4/10 Je suis absolument navré de noter aussi "sèchement" ce livre. Je souhaitais lire un thriller ésotérique, j'ai été "servi", mais dans ce qui me semble être le mauvais sens du terme. Les aventures de Valentin et d'Yves de Saint-Alveydre sont totalement farfelues, l'arrière-plan ésotérique ne sert qu'assez mal l'intrigue et ce sont de véritables tours de "passe-passe" qui permettent au récit de progresser jusqu'au dénouement final. Alors oui, ce livre, fort de 600-700 pages se lit très rapidement, car, comme dans la plupart des livres du genre, chaque chapitre en appelle un autre et on ne parvient pas facilement à refermer le livre même à 2h du matin... Il n'en reste pas moins que ce roman a été pour moi une grande déception.

    01/12/2015 à 11:03

  • La mort n'oublie personne

    Didier Daeninckx

    9/10 Un roman qui ne se résume pas à la simple narration d’une histoire fictive – mais une histoire tellement crédible. Un livre qui, nourri d’une connaissance de l’histoire, propose une lecture des faits au lecteur et l'invite à la réflexion et à prendre position. Un polar où l’on n’est certes pas pris dans une atmosphère «psychologique», ou de tension permanente. Mais un roman tel que j’aimerais en lire au quotidien!

    26/04/2016 à 09:34 10

  • Meurtres pour mémoire

    Didier Daeninckx

    8/10 Encore un très prenant roman noir-socio-historique où l'on en apprend à la fois sur une page sombre de l'histoire de France, trop souvent oubliée, et sur les thèses politico-sociales de l'auteur. On en redemande (enfin, façon de parler)

    13/09/2016 à 08:25 10

  • Occupe-toi d’Arletty !

    Jean-Pierre de Lucovich

    8/10 [...]
    J’ai à nouveau été séduit par le style et par le ton de Jean-Pierre de Lucovich. Se fondant ici sur l’affaire bien réelle de l’amant allemand d’Arletty, notre auteur monte une intrigue parfaitement ficelée autour de la figure de la grande actrice française, connue pour la liberté de ses mœurs, pour son franc-parler, et bien sûr pour son charme enjôleur. Elle fut d’ailleurs poursuivie pour sa relation avec cet officier allemand et on lui prête cette réplique à ses juges : « Si vous ne vouliez pas que je couche avec les Allemands, fallait pas les laisser entrer », ou encore, lors de son arrestation « Si mon cœur est français, mon cul, lui, est international ! ».
    [...]
    Je ne dévoilerai pas plus d’éléments de l’intrigue afin de ne pas gâcher le plaisir de celles et ceux qui se plongeront dans ce que je considère comme un très bon roman à énigme. J’espère sincèrement que Dracéna ne nous laissera pas tomber et que nous aurons le plaisir de le retrouver prochainement pour de nouvelles aventures. Dracéna pourrait prétendre un jour au statut de Bernie Gunther « à la française ».
    [Avis complet et résumé sur le blog]

    10/06/2016 à 11:01 2

  • Satan habite au 21

    Jean-Pierre de Lucovich

    7/10 Un vrai petit bijou dans la littérature du genre roman noir/polar avec détective privé, sous l'Occupation. On navigue entre stars de cinéma, 36 Quai des Orfèvres, rue Lauriston, Gestapo française, prostituées de luxe appréciées par notre privé (Jérôme Dracéna), règlement de compte.... sur fond de "l'Affaire Petiot" qui défraya la chronique au printemps 1944. Le fond historique est authentique, et de Lucovich parvient à tisser un récit ma foi bien construit, non sans humour. Un petit coup de cœur 2015 en ce qui me concerne. Gérard Collard l'avait "encensé". On n'arrive pas au niveau d'un Malet, toutefois, selon moi...

    22/09/2015 à 15:03 3

  • La Tristesse du Samouraï

    Víctor Del Árbol

    10/10 Les premiers mots qui me viennent à l'esprit à peine ce livre refermé sont: brillant, passionnant, à lire impérativement, ciselé de main de maître, œuvre littéraire!

    D'entrée de jeu, j'ai été saisi par le style de la traduction de ce livre que je considère assurément comme une œuvre littéraire du 21e siècle. L'auteur nous fait voyager entre 1941 et 1981, dans la vie de plusieurs familles et citoyens espagnols, qui nous apprennent que notre présent se joue aussi dans le passé de nos familles. Pour moi qui n'ai de cesse de répéter à l'envi que nous ne sommes pas responsables des erreurs commises par nos ancêtres et par nos proches (maxime que j'ai encore répétée récemment dans diverses conversations privées), ce roman apparaît comme une véritable occasion de remise en question (mesurée) de mes sacro-saints principes! Et c'est bien une caractéristique qui fait pour moi d'un roman une œuvre inoubliable: quand le livre est capable de bouleverser mes évidences, quand il remet en question ce que je suis, ce que je pense, et que l'auteur distille des éléments de réflexion sérieux, étayés par une intrigue réalise... j'ai alors le sentiment d'être en présence d'un "grand" livre. En termes de qualités littéraires "objectives", je dois avouer que la manière fine qu'a del Árbol de mettre progressivement son récit en route, de poser ses personnages, de manier avec brio le contexte historique dans lequel ils évoluent, de décrire les gestes, les sentiments, les lieux, sans excès, mais avec une précision "immédiate" qui lui évite les redites... tout cela a produit en moi une véritable "réjouissance"!

    Il faut toutefois faire preuve d'attention dès le départ, afin de ne pas se perdre parmi les personnages qui constellent le récit. Il faut sans cesse garder à l'esprit les filiations, les affiliations politiques, les exactions de chacun... pour savourer pleinement la force de la plume de l'auteur.

    Le roman contemporain ne semble pas à même de nous livrer des monument tels ceux commis par Dostoïevski. Il est tributaire d'exigences commerciales que n'aurait certainement pas satisfait l'auteur de Crime et châtiment. Avec un livre tel que La Tristesse du Samouraï, on se prend à rêver de voir revenir le temps des grandes plumes, qui ont le talent de proposer des intrigues lisibles sur plusieurs plans. On peut suivre, simplement, les histoires familiales dans une Espagne en proie à ses démons. On peut aussi prendre pour fil conducteur les manipulations auxquelles se livre une poignée de partisans du franquisme... on peut par ailleurs savourer la mise en perspective de la figure du Samouraï et de ses codes d'honneur pour comprendre la complexité de ce récit...

    Vous l'aurez compris, La Tristesse du Samouraï est un de ces grands romans, que l'on se plaira sans doute à relire à un âge plus avancé... Un coup de cœur en ce qui me concerne!

    (il s'agit de mon premier 10/10 sur PP... à vrai dire je lui mettrais plutôt 9.5/10... il mérite plus qu'un 9, assurément)

    29/12/2016 à 18:10 12

  • La Veille de presque tout

    Víctor Del Árbol

    7/10 Victor Del Árbol a le chic de nous emmener dans le passé d'une Espagne et d'une Argentine meurtries, à travers le regards de personnages aux destins déchirés, arrachés, pour lesquels l'avenir n'est même plus un vain espoir. L'écriture - et la traduction - est une fois de plus remarquable. On pourrait dresser une liste de "citations" d'anthologie. Par ailleurs, la manière dont l'auteur rend compte de grands conflits dans lesquels les pays auxquels ses personnages appartiennent est saisissante et permet de s'immerger dans leur Histoire. Un régal de ce côté-là. Avec des identités jamais assez sombres à mes yeux pour un roman noir. Daniel, Eva et Dolores (dans une certaine mesure) sont des personnages assez réussis.
    D'un autre côté, cependant, j'ai été quelque peu désarçonné par la narration, qui n'est pas linéaire - ce n'est pas là qu'est le problème - mais qui nécessite du lecteur une attention fine, voire des références historiques dont peu disposent en dehors soit de certains citoyens hispanophones ou d'un certain cercles de locuteurs francophones. Il s'agit par conséquent d'un roman excellent, mais qui manquera un peu d'accessibilité sur ce plan. Par ailleurs, pour des lecteurs qui disposent comme moi de 10 minutes par-ci, 20 minutes par là, et parfois juste 5 minutes pour lire 3-4 pages, on perd du coup parfois le fil de certains événements du passé. La lecture devient alors un peu trop aride, mais le tout est contrebalancé, comme déjà dit plus haut, par une plume maîtrisée.
    Dans l'ensemble, un bon roman, qui n'est sans doute pas le chef-d'œuvre de l'auteur. Je ne le mettrais pas sous le sapin pour un néophyte du roman noir, hormis s'il s'agit de l'offrir à un amoureux de la culture et de l'histoire espagnole et argentine.

    18/12/2017 à 09:05 10

  • Si tous les dieux nous abandonnent

    Patrick Delperdange

    9/10 Des destins brisés qui se croisent... quand Céline débarque chez Léopold, peut-elle imaginer un instant que le ressentiment de Josselin et Maurice à l'égard de ce dernier risque bien de se retourner contre elle? quand les dieux ont déserté la place, quel horizon reste-t-il sinon celui d'un hypothétique rachat, d'une bien étrange rédemption? Chacun voit midi à sa porte, et une des forces de l'écriture de Delperdange est de dresser, avec simplicité, des portraits particulièrement soignés des trois protagonistes principaux, tour à tour narrateurs de cette intrigue sombre, où tout semble perdu. Nous suivons de l'intérieur les interrogations de chacun d'eux, et l'écriture habile de Delperdange suite en quelque façon le rythme de la vie... Leur passé et leur présent éclairent avec finesse ce qu'ils veulent faire de l'avenir qui s'offre à eux. Mon premier coup de cœur de 2016, un roman noir que j'ai jugé excellent, que je recommande aux amateurs du genre.

    24/02/2016 à 07:55 5

  • Mystalogia

    Willy Deweert

    9/10 Mystalogia a marqué ma découverte de Willy Deweert. L'auteur, un ancien jésuite, nous dresse un palpitant thriller mystique apparemment à la limite de l'autobiographie. J'avais trouvé la mise en abîme très bien balancée: un héros qui écrit lui-même un roman dont la fiction le rattrape... Un texte qui m'a fait méditer sur la vie d'un jeune novice, sur les difficultés à "entrer en religion", sur la foi... le récit est haletant, le mystère plane sans cesse et les embûches sont nombreuses. Un bien agréable thriller mystique (ne vous attendez pas à du "gore", mais à une enquête sur le fil du rasoir dont le déroulé est inquiétant, intriguant... - on est dans un genre "Da Vinci Code" mais écrit par un auteur qui a de la bouteille et qui sait de quoi il parle, bref, bien que cela reste un roman, c'est documenté et bien plus "juste" qu'un roman de Dan Brown... et donc bien meilleur... à mes yeux...)

    05/02/2016 à 09:46 4

  • La Vraie Vie

    Adeline Dieudonné

    6/10 Voilà. Vite acheté. Vite lu. Vite rangé. Et probablement vite oublié.

    Je ne vais pas ici proposer un énième commentaire sur un livre dont on sait le destin en librairie, médiatique, et dans le champ des "prix littéraires".

    Comme d'autres avant moi, je dois reconnaître que ce livre a certaines qualités, qu'il est écrit de façon fluide, qu'il embarque le lecteur et qu'il se lit quasi d'une traite (il est très court, en fait!).

    Mais ce ne sont pas des qualités suffisantes à mes yeux. Alors oui, le sujet est interpellant (mais il est mieux rendu par exemple dans un roman comme My Absolute Darling selon moi). Mais les personnages ne m'ont pas fait totalement vibrer. L'héroïne est presque caricaturale (on est loin de la figure de Lou, dans No et moi de D. de Vigan), les scènes sont rapides. L'attachement de l'ado pour le Champion existe déjà dans 1001 romans, etc.

    Bref, je m'attendais à un vrai phénomène littéraire... pour finalement tomber sur un livre trop commercial à mon goût, qui appelle tout un public à la lecture, certes. Mais qui ne m'a pas vraiment convaincu pour ses qualités. Dommage.

    Autre hypothèse: je suis totalement passé "à côté"

    13/03/2019 à 14:18 7

  • Citoyens clandestins

    DOA

    8/10 Avec Citoyens clandestins, DOA nous fait voyager dans le côté sombre de notre système... agents du renseignement, têtes brûlées de l'armée, infiltration dans un réseau terroriste, perte d'identité, tentative de survie, journalistes d'investigation, procédés douteux... tout est bon pour débarrasser la tête de l'État d'une petite "merde" qui pourrait bien causer des dégâts qui saliraient leur image (outre son caractère meurtrier, mais ce n'est pas la première raison d'agir des têtes pensantes dans le cadre d'un scandale qui pourrait leur coûter le pouvoir...). Il faut s'accrocher dès les premières pages et se familiariser d'emblée avec les rouages des services du renseignement militaire, de la sécurité nationale, des groupes islamistes et des méthodes journalistiques, pour savourer la maîtrise que DOA a de son sujet! L'ensemble est assez remarquable et vaut assurément le détour. Ne vous attendez toutefois pas à un "thriller haletant": l'action s'emballe essentiellement dans le dernier tiers du bouquin, le temps de tout mettre en place...

    18/01/2016 à 12:25 6

  • Lykaia

    DOA

    9/10 [INTERDIT AUX MOINS DE 18 ANS, non par pudibonderie, mais parce que!]
    DOA nous livre un récit, sinon digne du Divin Marquis, tout au moins digne d'une des plumes les plus excitantes de la littérature noire d'expression française.
    DOA a produit des œuvres dignes d'un géant. Pukthu reste son chef-d'œuvre actuel.
    Avec Lykaia, DOA nous "prouve" que son talent littéraire a un potentiel sans limites....
    Mêlant le sexe le plus cru et le plus explicite qui soit (on voyage entre bites, chattes, culs, vagins... et rien ne nous est épargné), l'univers du BDSM, le gore, le thriller, mais aussi les symboles, la mythologie, la passion et le conte amoureux, Lykaia n'est résolument pas un livre pornographique. Il ne vise pas une description "complaisante" d'actes sexuels en vue de provoquer le plaisir physique - la satisfaction sexuelle - du lecteur... (libre au lecteur d'en prendre, mais je passe mon tour). Que cela soit clair, sinon on passe totalement à côté du livre me semble-t-il. DOA n'est pas Dorcel en somme. Ni Woodman.
    Et Lykaia n'est pas là pour nous faire passer un moment de plaisir, même s'il faut reconnaître que les première pages invitent à un certain voyeurisme.

    [CERTAINS ELEMENTS CI-DESSOUS POURRAIENT RESSEMBLER À DU SPOIL (mais sans ça on ne dit pas grand-chose du livre)]

    On suit l'aventure romantique et parfois touchante du Loup et de la Fille, à Berlin, Prague, Venise. On entre dans l'esprit du Loup, chirurgien, et père. On découvre sa quête du plaisir, qui passe par la souffrance. On cherche à comprendre si celle-ci vise une rédemption, si elle ne poursuit qu'elle-même, si quelqu'un doit nous y accompagner, et si l'on doit y plonger seul ou en société. Résolument, pour le Loup, la Fille agit comme une voie d'accès, comme une fée qui le mène là où il semble vouloir aller. Pour libérer "sa" fille? Pour s'en libérer? Pour retrouver son "ex"? Pour la séduire? S'en défaire? Jusqu'à la mort?
    Ce roman bouscule, fait trembler, nous questionne, jusque dans nos fantasmes les plus inavouables (pour reprendre à ma sauce une idée de la chronique disponible sur Nyctalopes).

    Si vous entamez la lecture, ne vous découragez pas du simple fait de la violence - réelle et qui fut pour moi une épreuve de lecture par moments - et poursuivez jusqu'à l'ultime ligne avant de rendre votre verdict.

    Sans être "le" chef-d'œuvre, Lykaia a tout pour offrir à un public averti et majeur - et prêt à embarquer - un récit tout à fait singulier, aux strates plurielles mélangeant le conte, l'amour, le sexe et le thriller, en dehors de certains sentiers archi-battus. C'est cela qui me plaît dans la littérature noire contemporaine.




    21/06/2019 à 11:02 7

  • Pukhtu Primo

    DOA

    9/10 En ouvrant Pukhtu Primo, j'entretenais de grandes attentes, tant ce que j'en avais lu et entendu me laissait supposer que je tenais un livre "énorme" entre les mains.
    Je n'ai pas été déçu!
    On l'a déjà écrit, mais je le répète: les description de la guerre sont terriblement soignée, parfaitement informées. On est dans le registre d'un récit hyper réaliste. Tout est harmonieux dans l'écriture, pas d'excès, quasi aucune faiblesse! DOA est passé maître dans l'art de narrer tant les faits - avec une maestria telle qu'on est totalement immergé dans les scènes d'actions - que les émotions de ses personnages, qui sont loin d'être de simples "robots mécaniques" au service d'une intrigue guerrière. J'ai un faible pour Amel (et Chloé). Je suis fasciné par la figure de Fox, mais aussi par celle de Sher Ali.
    La guerre en Afghanistan n'est pas simplement celle que l'on croit, entre nos nations bien pensantes et des résistants djihadistes. DOA déroule, avec énormément de finesse et de nuances, des faits qui nous en convainquent, en alternant les scènes violentes, et les coupures de presse. La réalité n'est pas aussi stéréotypée que ce que la presse peut nous le faire croire...
    Attention, la lecture de Pukthu est assez exigeante, cela nous change de certains romans... Pour qui veut s'y embarquer, armez-vous d'un atlas ou d'un carte d'Afghanistan et du Pakistan ;-)
    Je savourerai prochainement le second volet de Pukhtu!

    01/12/2016 à 09:19 6

  • L'Honorable Société

    DOA, Dominique Manotti

    6/10 Un assez bon polar, qui nous fait goûter à l'univers des magouilles politiques, à la veille d'une élection présidentielle en France. La caractéristique qui m'a le plus frappé est le réalisme de l'intrigue, des personnages. Pas d'excès (enfin, pas trop). Dans un monde où chacun avance pour préserver son propre intérêt, tant les flics que les politiciens, les écoterroristes que le Parquet, agissent en calculant leurs actes. Un portrait d'une société où les idéaux semblent perpétuellement biaisés par ce qui nous permet de demeurer dans une certaine sécurité. Les louvoiements sont de rigueur, pas "d'attaque frontale" (hormis par la presse, et encore) dans l'univers de DOA et Manotti. Qui pour préserver sa position économique dominante, qui pour ne pas perdre la face vis-à-vis de l'opinion publique, qui tenaillé par la soif d'un amour à retrouver... Pas mal, mais pas un coup de cœur... Pas suffisant à mes yeux pour me convaincre.

    01/03/2016 à 07:44 6

  • Nulle part sur la terre

    Michael Farris Smith

    8/10 Un roman qui fonctionne bien, qui a bien des atouts pour plaire et pour convaincre. J'ai été "séduit". Les personnages sont rudes, certes, mais j'ai fini par m'attacher à Russel, à son parcours, à sa personnalité "entière", à ses silences...
    Une atmosphère parfois lourde, pesante, mais habitée d'un certain réalisme, avec des rayons d'une touchante humanité. On touche à des thèmes tels que la vengeance, la rédemption, la filiation, l'amitié, l'amour, la reconstruction, la résilience...
    Une très belle réussite qui plaira, assurément.

    13/01/2018 à 08:57 11