Mephisto

193 votes

  • Au revoir là-haut

    Pierre Lemaitre

    8/10 Délaissant le genre polar où il excelle ("Travail soigné", "Alex"...), Pierre Lemaître signe un roman jubilatoire sur deux parias que rien, pas même la sacro-sainte "Morale" ne pourra arrêter. On se laisse emporter par la mécanique et surtout les personnages, sortes d'anti-héros, que la Vie avec un grand V va entraîner dans un mensonge qui va secouer la République et les puissants. Ni un polar, ni un roman noir, ni vraiment un thriller mais un sacré bon livre.

    29/09/2013 à 18:05 6

  • Cartel

    Don Winslow

    10/10 Pour les amateurs du genre, c'est l'équivalent de "L'Odyssée" ! Un véritable monument, mené comme une enquête journalistique, tout en dressant le portrait d'une galerie de personnages incroyables : flics, agent infiltré, tueurs à gage, maîtresses, épouses, chefs de différents cartels, hommes politiques, reporters... Tous confrontés à une violence totale, absolue qui broie les corps, les esprits et les âmes. On plonge dans cette saga furieuse de 700 pages, et on y reste en apnée, longtemps, très longtemps, capté par les destins incroyables de ces hommes et de ces femmes, leur énergie à survivre et à se détruire. Un roman qui vous assène uppercut sur uppercut !

    04/10/2016 à 16:41 6

  • Ce qui ne tue pas

    Rachel Abbott

    7/10 C'est le genre de livre qui n'a l'air de rien. Une écriture assez plate, des protagonistes qui paraissent sans grande épaisseur, et puis au fur et à mesure des pages, Rachel Abbott injecte par petites touches de l'étrange, de l'incongru dans le quotidien. Là, la mention d'un enfant emporté par l'océan des années plus tôt. Et puis, plus loin, un procès qui dérape, le témoignage d'une femme fouettée par jeu par un homme... Machiavélique, Rachel Abbott bâtit une subtile intrigue dans l'esprit d'un Harlan Coben ou d'un Douglas Kennedy, des histoires où l’horreur n’est jamais très loin de la « normalité. » Une jolie découverte que ce thriller domestique.

    05/04/2019 à 09:02 6

  • Corruption

    Don Winslow

    7/10 … ET C’EST COMMENT ?

    Si le thème (des flics corrompus) n’est pas de première fraîcheur, le new yorkais Don Winslow s’est plongé dans cette histoire comme si c’était un miroir tendu à la sienne. C’est moins ample que La Griffe du Chien ou sa suite, Cartel, beaucoup plus cartographié (on sent New York qui suinte à chaque coin de page), mais très senti, ressenti… Don y utilise une langue différente, s’amuse à avancer en crabe, ne cherchant pas tant que l’efficacité qu’à plonger le lecteur dans la confusion qui commence peu à peu à ronger Denny, l’homme le plus solide de Manhattan North. Au fur et à mesure que l’intrigue avance, on assiste à l’effondrement de son monde, et pourtant il réussit à rester debout, touché par mille coups, mais toujours droit. Un roman fleuve qui m’a évoqué dans un registre assez proche deux des plus récents du britannique R.J. Ellory (Les Anges de New York, Un Cœur Sombre), ce qui m’a un peu dérangé dans ma lecture avec cette impression de déjà-vu persistante. Pourtant, aucun plagiat, juste des histoires qui se ressemblent. En résumé, un très bon bouquin, solide, sombre, mais pas le (tout) meilleur de Don Winslow…

    03/03/2019 à 02:56 6

  • Dynamique du chaos

    Ghislain Gilberti

    8/10 Après une trilogie de thrillers très remarqués (« Le Festin du Serpent », « Le Baptême des Ténèbres », « Le Bal des Ardentes »), l’auteur dévoile son tout premier livre jusque-là disponible en autoédition sur la Toile, un roman d’amour fulgurant, déchirant, aux accents Bukowskien. Comme si Roméo et Juliette se télescopaient à l’ère des rave-party, sur fond de Daft Punk, Front 242 et des Stooges.



    ... ET C'EST COMMENT ?



    Violent, brûlant, ardent… Cru aussi ! Un voyage au bout de la nuit dont certains ne se sont jamais remis. L’écriture est déjà en place. Les mots jaillissent comme des balles de mitrailleuse, et canardent le lecteur… Un style très différent de la sobriété, voire une forme d’ascétisme, utilisée dans les intrigues au cordeau des trois thrillers.

    23/01/2017 à 17:02 6

  • La Cour des mirages

    Benjamin Dierstein

    7/10 Ambitieux, complexe, parfois barbant, souvent enlevé, ce 4ème roman de Benjamin Dierstein présenté par son éditeur comme un héritier d'Ellroy, Peckinpah et Cimino (des références littéraires et cinématographiques datées et écrasantes qu'il faut savoir et surtout pouvoir assumer !) est à la fois une bonne surprise, et aussi agaçant par certains côtés. Commençons par la bonne surprise : l'idée de mêler, d'entremêler à l'intrigue policière des éléments de l'agenda politique en cours, notamment l'affaire Cahuzac, ou les luttes intestines au parti socialiste entre pro et anti-Valls, pilotées par des conseillers en communication sans foi ni loi, donne un goût assez particulier à l'histoire qui plonge dans les méandres de la pornographie pédophile. Ce qui est agaçant ? Les valises en plomb que traînent derrière eux les deux protagonistes principaux dont la vie perso n'est pas que chargée, ni lestée, mais aussi lourde que deux Titanic en train de couler.

    15/01/2022 à 07:51 6

  • Le Feu divin

    Robert Lyndon

    8/10 Epique ! Magique ! Les rebondissements s'enchaînent sans fausse note... Je n'avais pas encore lu "La Quête" en commençant ce deuxième tome (je me suis rattrapé depuis) mais aucune gêne pour suivre ces aventuriers. Une saga dont peu reviendront vivant. Robert Lyndon a de vrais dons de conteur, et on se laisse embarquer dans ce périple aux confins du monde connu. L'auteur, passionné de fauconnerie, est dans le souci du détail mais fait vivre ses personnages et leurs émotions. Chaque chapitre achevé donne envie de commencer le prochain. Une vrai découverte qui m'a fait penser par son ambition à Ken Follet et ses "Piliers de la Terre."

    04/10/2016 à 19:13 6

  • M Le bord de l'abîme

    Bernard Minier

    8/10 Inspiré, Bernard Minier fait de la grouillante Hong Kong un quasi personnage, jouant avec les codes des films d’action, notamment ceux du cinéaste Johnnie To (Drugwar, Vengance, Election) ou encore ceux d'Andrew Lau et Alan Mak (Infernal Affairs, Infernal Affairs II, Infernal Affairs III). On sent dans chaque début de chapitre le soin qu'il apporte à retranscrire l'ambiance de la ville, par petites touches, comme pour imprégner le lecteur de l'esprit du lieu. D'ailleurs, l'auteur précise dans les remerciements qu'il a bien séjourné là-bas tout en digérant une masse d'informations impressionnantes concernant les réseaux sociaux, les avancées technologiques et les impacts au niveau social et humain. Résultat, on obtient un roman noir, inquiet, terrifié, s’interrogeant sur l’emprise toujours plus grande du numérique dans nos vies. Le final est juste un peu pompier dans son escalade, convoquant les éléments pour en rajouter dans le spectaculaire

    07/05/2019 à 18:29 6

  • Matière noire

    Ivan Zinberg

    8/10 Un vrai grand polar sous haute tension avec une fin qui surprend sans jouer sur un twist artificiel. Si je cherche quelques noms pour comparer, je n'ai pas de Français qui me viennent immédiatement en tête, mais plutôt des écrivains comme Jo Nesbo, Michael Connelly ou encore Deon Meyer, quand ils sont à leur meilleur et qu'ils téléportent leurs lecteurs en quelques lignes dans leur environnement (Oslo, Los Angeles, Le Cap). Là, c’est du côté de Saint Etienne et de Lyon mais dépaysement garanti.

    06/01/2020 à 14:57 6

  • Nuit

    Bernard Minier

    8/10 Méticuleux, Bernard Minier met en place une intrigue à tiroirs qui brutalise son héros comme rarement. Jusqu’à un dénouement toujours aussi spectaculaire. La partie norvégienne saisit en deux temps/ trois mouvements le lecteur. La partie française (90 % du livre) prend plus son temps, vaticine, emprunte des détours, développe la relation qui se noue entre Martin et Kirsten, s'aventure dans l'univers BDSM, et joue toujours avec autant de réussite avec les paysages glacés, les montagnes enneigés. Un thriller aussi ténébreux que palpitant.

    21/03/2017 à 11:29 6

  • Pukhtu Primo

    DOA

    9/10 Un maelstrom dans lequel on s'enfonce, on s'empêtre, on s'englue peut-être aussi... Mais surtout un récit passionnant où chaque personnage a sa chance. Aucun manichéisme. L'auteur, le mystérieux DOA (un pseudo un peu grandiloquent, "Death On Arrival", derrière lequel se dissimulerait ou s'effacerait un ancien militaire...), dose ses effets et arrive à appâter, entraîner son lecteur dans une sorte de pendant moderne de L'Iliade (sans l'Odyssée). Un thriller qui évoque aussi par de nombreux côtés l'immense et très dense Griffe du Chien de Don Winslow. Passionnant, incroyablement bien documenté (en tous cas, du point de vue d'un néophyte que je suis sur l'Afghanistan)... Totalement recommandé, à la seule condition d'accepter de plonger dedans tête la première en acceptant de ne pas tout comprendre sur le moment (acronymes, pseudos...). Pour moi, un gros gros coup de coeur. En attendant le second tome...

    17/06/2015 à 06:59 6

  • Pukhtu Secundo

    DOA

    10/10 Une expérience totale. Il faut plonger dedans, comme dans une nuée noire, sans savoir où l'on va. Seul DOA le sait. Le premier tome était déjà incroyable, le second ne baisse pas d'un cran. La tension, le suspens, les émotions et les sentiments contradictoires qui animent tous ces personnages rendent la lecture de PUKTHU addictive, parfois ardu (le jargon militaire et technique, la multiplicité des points de vue) mais il faut s'accrocher. Aux Etats-Unis, les Américains ont Don Winslow ("La Griffe du Chien", "Cartel"). En France, on a DOA et on ne perd pas au change. Un grand, grand, grand roman.

    01/02/2017 à 19:14 6

  • Replay

    Ken Grimwood

    10/10 Un roman d'anticipation planté dans la vie quotidienne que j'ai déjà dû racheter 5 ou 6 fois pour en distribuer autant d'exemplaires à mes amis. Attention chef-d'oeuvre !

    28/07/2011 à 02:22 6

  • Une fille comme les autres

    Jack Ketchum

    9/10 Tout le talent de Ketchum (qui emprunte son pseudo à Jack Ketch, le nom d'un bourreau anglais du XVIIème siècle particulièrement craint) est de faire monter la température peu-à-peu, comme si vous étiez un simple crustacé plongé dans une casserole d'eau bouillante. Quand vous serez cuit, il sera déjà bien trop tard. Le genre de lecture à éviter seul la nuit, sinon insomnie garantie.

    07/02/2020 à 19:20 6

  • Vindicta

    Cédric Sire

    8/10 8 ou 8,5/10... Jusque-là, après une tentative infructueuse, j'évitais avec soin les romans de Sire Cédric, devenu Cédric Sire. Trop gothiques, trop fantastiques pour mes goûts. Autant dire, ou plutôt écrire que j'ai ouvert Vindicta avec un peu de circonspection, prêt à tout remballer. Mais bon, l'avis enthousiaste d'une proche, puis d'une libraire énamourée de Cédric Sire, tout cela m'a poussé à persévérer. Et bingo ! Précision, en inversant l'ordre de son nom et prénom, Cédric Sire a voulu aussi marquer une nouvelle étape dans son écriture. Vindicta fait partie de ces thrillers qui vous hantent et que vous avez beaucoup de difficultés à lâcher. Lu l'été dernier, j'ai du le ratiboiser en trois jours maxi. Côté écriture, cela mériterait parfois d'être un peu plus resserré, mais cela reste très agréable à lire. Les chapitres sont courts. Efficaces. Côté personnages, c'est aussi parfois un peu leste. C'est à dire que les personnages sont silhouettés, parfois un peu improbables dans leurs aspérités mais il y a quelque chose. Voilà pour les petites critiques... Mais côté imagination et mécanique, difficile de ne résister à la cavalcade dans laquelle vous entraîne l'auteur. Juste bluffant, ultra maîtrisé, et abominablement noir et sans espoir.

    23/05/2020 à 21:38 6

  • Du vide plein les yeux

    Jérémie Guez

    8/10 Le genre de bouquin qui vous rend accro. Pourquoi ? L'histoire n'a rien de mirifique. A la limite, on s'en fout. Le héros, Idir, n'a rien de vraiment charismatique. Un petit branleur sympathique. Alors, c'est quoi qui fait que l'on ne lâche pas ce livre ? L'écriture tout simplement. Jérémie Guez a un don pour vous prendre par la main dès les premières lignes, et ne plus vous lâcher. Il vous fait cavaler à travers Paris et les 220 pages de ce petit roman noir, mais vous ne vous en rendrez même pas compte. Aucun signe de fatigue. Pas d'essoufflement. On ne referme pas ce livre en se disant qu'on est plus intelligent, mais juste qu'on a passé un sacré bon moment.

    02/11/2015 à 05:08 5

  • L'affaire Clara Miller

    Olivier Bal

    8/10 L’auteur des Limbes entraîne le lecteur dans un polar étrange, insidieux mais très maîtrisé sur les ravages de la célébrité. Ce qui est étonnant dans ce livre, c'est que tout semble familier mais pas tant que cela... Déjà, ce Mike Stilth dont la silhouette évoque un loup alpha que l'âge commence à rouiller, un type dont on arrive difficilement à savoir si c'est une saloperie ou une victime. Même chose pour Paul, le journaliste de faits divers dont la vie bascule après une interview avec cette rockstar adulé. L'écriture de Bal est très évocatrice, les paysages se dessinent sans mal sous les yeux du lecteur, comme les caractères. Une drôle de thriller, assez singulier pour être difficilement rattaché à ce qui se fait en France. J'ai pensé (un peu) pour l'atmosphère au Signal de Maxime Chattam lu l'an dernier, ou encore à un Stephen King mais sans que cette Affaire Clara Miller ne soit jamais un copié/collé. Plutôt une évocation avec un vrai charme insidieux

    19/05/2020 à 18:42 5

  • La Nuit tombée sur nos âmes

    Frédéric Paulin

    9/10 Peut-être un des très grands romans noirs (et politiques) de cette rentrée, avec cette qualité rare de n'être jamais donneur de leçon.

    07/09/2021 à 21:27 5

  • Le Fils

    Jo Nesbo

    8/10 Je ne suis pas un inconditionnel de Jo Nesbo. Loin de là ! La série des Harry Mole (de "L'Homme Chauve-Souris" en 1997 à "Police" en 2013) commençait à patiner par moment, même si le bonhomme était toujours capable de jolis envolés. Je ne m'attendais pas à grand-chose, une enquête assez classique avec Harry toujours en train de se débattre avec ses addictions, ses problèmes avec ses ex, des bâtons dans les roues balancées par ses confrères... Mais la bonne idée de ce livre, c'est que Nesbo délaisse son héros fétiche pour un récit malin, mais pas trop. Une histoire de vengeance(s) qui va tourner forcément mal. La description d'Oslo est toujours aussi captivante. Et si le personnage de Sonny semble au départ assez improbable, au fil des pages, on se met à suivre ses péripéties avec attention. La fin, avec son double twist, agace un peu le lecteur aguerri qui la voit venir sans trop d'illusion mais l'écriture est là. Peut-être que Jo Nesbo devrait délaisser Oslo (il l'avait déjà fait à plusieurs reprises, dans "L'Homme Chauve-Souris", "Les Cafards", "Le Léopard"), et continuer à développer l'idée de mettre en place un nouveau héros, ou une nouvelle héroïne. Il place dans "Le Fils" quelques jalons prometteurs.

    04/10/2015 à 18:16 5

  • Lontano

    Jean-Christophe Grangé

    5/10 Des personnages qui sont donc trop... Mais on s'accroche parce que c'est Grangé, et qu'il finira bien par retomber sur ses pieds. C'est ce que je m'étais dis, tout en dévorant une intrigue aussi abracabrantesque qu'empoisonnante. Car, c'est là tout le paradoxe de ce "Lontano" : d'un côté, on voudrait le jeter contre le mur, épuisé par les invraisemblances du récit, et de l'autre, on ne peut s'en détacher, comme si l'on s'était engagé sur un autoroute funeste. La fin, je ne vous la raconte pas. Pourquoi ? 1. Parce que ça ne se fait pas 2. Parce qu'il n'y en a pas ! Le mystère de "L'Homme-Clou" est très loin d'être résolu à la fin de ce premier tome qui appelle clairement une suite. J'ai eu nettement l'impression que Grangé avait fait faire à "Lontano" un arrêt d'urgence version frein à main à un camion semi-remorque de 38 tonnes maquillé en Ferrari (attention aux secousses !). Enervé, agacé donc... Mais avec quand même l'envie de savoir la suite !

    13/09/2015 à 21:33 5