El Marco Modérateur

3283 votes

  • Parodie à la mort

    Peter Randa

    8/10 Charles Daivremont ne se sent pas bien, mais alors pas du tout. Marié à Irma, il ressent depuis quelque temps des difficultés à se mouvoir. Chaque mouvement devient alors un effort herculéen. Serait-ce son épouse qui serait en train de l’empoisonner, avec la complicité du docteur Chervoux, afin de mettre la main sur sa fortune ? Et si la paralysie se poursuit, ne finira-t-il pas prisonnier de son propre corps, soumis à la férocité de ses bourreaux ?

    Ce très court roman, proche de la novella, est une petite pépite. Peter Randa a imaginé une intrigue efficace, machiavélique, et d’un réalisme saisissant. Plantant rapidement le décor, l’auteur fait monter le suspense et la paranoïa avec des mots simples, habilement choisis et prenants, jusqu’à ce que le piège se referme à la fin du quatrième chapitre. Le traquenard est en presque ahurissant de simplicité, fauchant littéralement le lecteur. Par la suite, on est pris d’une immense empathie pour Charles, incapable de se déplacer, pour ainsi dire mort, mais voyant et entendant tout, gardant ses facultés intellectuelles intactes, désormais la proie immobile de ses tortionnaires qui pourraient bien l’enterrer vivant. Peter Randa à qui l’on doit plus de trois cents ouvrages, maîtrise avec brio la mécanique de la tension, multiplie les rebondissements, et l’on ne peut être que médusé devant tant de maîtrise et de talent dans ce condensé d’intelligence.

    Même si la fin est un peu attendue, voilà un ouvrage remarquable de modestie et d’efficience, puisqu’une centaine de pages seulement suffisent à embarquer le lecteur dans une excitation grandissante, là où nombre d’autres auteurs se seraient évertués à étirer inutilement le scénario. Et l’on ne peut que remercier les éditions French Pulp de ressortir ce texte datant de 1960 : comme quoi l’exhumation et la ressuscitation sont parfois salutaires.

    13/02/2019 à 23:01 3

  • Peur bleue aux Fontinettes

    Claudie Becques

    8/10 Une maison située à Arques porte une singulière réputation : son ancien propriétaire s’y serait pendu. Dans ce cas, pourquoi semble-t-elle habitée ? Une énigme que Martin et sa bande, les autoproclamés « Zodos », sont bien décidés à éclaircir.

    Cet ouvrage destiné à la jeunesse et signé Claudie Becques est pétillant et rafraîchissant. Un petit régal, du début à la fin. Les gamins sont espiègles comme ce n’est guère permis, attachants et obstinés, et c’est avec un plaisir entier qu’on suit leur périple et les rebondissements de leur investigation. C’est une ambiance sombre, liée aux divers mystères liés à cette maison prétendument hantée, mâtinée des facéties de ces jeunes enquêteurs en herbe, qui vient nimber l’histoire, de la première à la dernière page. Il y sera question, en vrac, d’un voisin inquiétant et fort entreprenant avec la mère d’un môme, de SDF qui disparaissent et réapparaissent comme par enchantement, et d’un trafic siégeant non loin du célèbre ascenseur à bateaux des Fontinettes, là où se résoudra tout le mystère de ce roman.

    Inutile de faire plus long, là où Claudie Becques parvient à séduire avec seulement quatre-vingt-dix pages : c’est vif, réussi et détendant. Une délicieuse réussite littéraire.

    13/02/2019 à 22:56 3

  • Les Cauchemars de Cassandre

    Béatrice Nicodème

    8/10 … ou la poignante existence de Cassandre, condamnée à voir l’avenir (et ses plus dramatiques événements) sans jamais être crue. Au gré de ce court ouvrage (environ 90 p.), c’est une habile lecture de son mythe à laquelle nous convie Béatrice Nicodème. Toute son histoire y est présente : ses premières visions et les doutes souvent sarcastiques de sa famille, la crainte d’être un enfant adopté alors qu’il s’agit en fait de Pâris qu’elle va rencontrer, ses frères si combattifs, la guerre entre Troie et les Grecs, les épisodes illustres du Cheval ou de la vengeance d’Achille sur Hector en raison de la mort de Patrocle, etc. C’est également une longue succession de tragédies, avec les conflits, les morts des frères de Cassandre, et ce long désespoir, comme un fil rouge, d’être capable de deviner le futur sans parvenir à convaincre les siens. L’écriture de Béatrice Nicodème, élégante et joliment surannée pour coller à l’époque, est délicieuse à suivre. Au-delà du « divertissement » que ce livre m’a procuré, cela a également constitué l’occasion pour moi de replonger dans l’univers sombre et densément noué de la mythologie grecque, avec ses dynasties aux sorts saisissants et aux connexions riches. Le dossier final permet également de se rafraîchir la mémoire, voire d’apprendre, des éléments intéressants sur le mythe de Cassandre, sa généalogie ainsi que quelques mots et patronymes utiles à la compréhension globale de cette fiction. Bref, un très bon moment de lecture savante, avec juste ce qu’il faut de concision et de synthèse pour convaincre les jeunes lecteurs auxquels se destine ce livre. Voilà qui me donne sérieusement envie de me ruer sur les autres opus de cette collection.

    13/02/2019 à 08:46 3

  • La Planète des nains de jardin

    R. L. Stine

    6/10 … ou les déboires du jeune Jay Gardener, enfant habitué à réaliser de sales farces, que ses parents ont de plus en plus de mal à supporter (surtout ses incartades) au point de devoir déménager, et qui se retrouve aux prises avec une ville qui semble contrôlée par des nains de jardin. Ouch… Dit comme ça, cela ressemble à un immonde navet poisseux. Même si je ne suis pas vraiment un aficionado de R. L. Stine, je lui reconnais volontiers le talent d’imaginer des histoires assez folles, bien montées pour la plupart, avec un sens de la rythmique consommé, et ponctuées de rebondissements prenants pour les jeunes lecteurs auxquels il s’adresse. Là, je me suis surtout embarqué dans ce livre pour me rendre compte de la façon dont l’auteur se dépatouillerait avec ce récit gentiment foutraque, au point de départ difficilement soutenable, et je dois dire que j’ai été agréablement surpris. On retrouve l’archétype des personnages qui peuplent communément les livres de l’écrivain, quelques cliffhangers en fin de chapitres plutôt bien sentis (ou du moins efficaces), et un dénouement final presque impossible à trouver (où le titre prend une saveur particulière). A côté de ça, R. L. Stine multiplie les effets et saynètes pas toujours nécessaires, comme les accidents causés par le labrador qui tiennent plus du scalp que du simple ressort capillotracté, ou encore l’apparition des buses n’apportant pas grand-chose à mes yeux à l’histoire. Quant au final, même s’il est assez imprévisible, il est sacrément culoté, et pourra décevoir une part du lectorat en raison de ce choix scénaristique. Je ne l’approuve pas vraiment, j’avais imaginé d’autres solutions alternatives qui correspondaient selon moi mieux au tracé du récit, mais qu’importe : si l’écrivain continue à avoir tant de succès, c’est qu’il a opéré (et continue de le faire) de bons choix quant à ses ouvrages. Bref, pas un de mes romans préférés de sa bibliographie, c’est certain, mais j’ai apprécié l’aplomb de monsieur Stine à choisir une histoire de ce type, à l’assumer et à proposer une fiction sur ce fil directeur sans jamais mettre les pieds dans le vide du grand ridicule, même s’il faut bien évidemment apprécier les romans sacrément excentriques pour comprendre et goûter ce type de littérature.

    13/02/2019 à 08:45 2

  • Détective Conan Tome 12

    Gosho Aoyama

    7/10 Un bon petit Détective Conan, avec trois histoires. La première est un jeu de pistes, avec un hypothétique trésor à la clef, dans une maison esseulée. De jolies références à Sherlock Holmes et à diverses de ses œuvres, et une conclusion intéressante et crédible. Mais l’emploi de la langue japonaise (ce qui est bien évidemment très logique) pour décrypter les messages codés rend assez hermétique les réflexions et déductions de Conan, ce qui fait que l’on ne peut être que spectateur et non acteur de la résolution de l’énigme. Le deuxième récit est sympathique, dans le décor d’un grand hôtel où se mêlent jeux vidéo, d’étranges mallettes, le retour des Hommes en noir (les responsables mystérieux de la transformation de Shinichi en gamin), et une vengeance assez classique à la clef. C’est pas mal, sans pour autant rien recéler de mémorable ou de transcendant. Disons qu’elle se laisse lire sans déplaisir. Quant à la troisième, elle s’amorce bien : une maison isolée où sont réunis des fans de Sherlock Holmes pour un jeu où le gagnant obtiendra l’édition originale de « Une Etude en rouge ». Au programme, deux morts bien obscures, avec une voiture terminant au bas d’un ravin, une explosion dans le garage, et une tentative de meurtre. Les éléments du puzzle sont habilement amenés, le suspense prenant, et l’opus se clôt sur Conan ayant la réponse quant à l’identité de l’assassin. On le saura dans le tome 13 sur lequel je vais me ruer. Encore une fois, un manga habile et efficace de la part de Gosho Aoyama, où le format en courtes histoires séduit par sa concision et sa vivacité, même je ne me souviendrais probablement que peu de temps de la deuxième.

    13/02/2019 à 08:45 1

  • T comme Tombeau

    Lincoln Child, Douglas Preston

    7/10 Gideon Crew se sait condamné à court terme, en raison d’une « malformation de l’ampoule de Galien », un problème cardiaque incurable. L’entreprise EEC qui l’employait ferme, aussi ne lui reste-t-il plus grand-chose à attendre. En rencontrant son ami Manuel Garza, les deux hommes ont à peine le temps d’être mis au courant d’un secret : un ordinateur aurait trouvé la solution à l’énigme posée par le disque de Phaistos. Ils ne tarderont pas à partir dans le désert d’Hala’ib, entre Egypte et Soudan, à la rencontre d’un secret qui pourrait bouleverser le monde.

    On ne présente plus le duo d’écrivains Douglas Preston et Lincoln Child, les auteurs de la géniale série consacrée à Pendergast. Ici, il s’agit de la dernière aventure de celle dédiée à Gideon Crew. D’entrée de jeu, le rythme est trépidant. Les chapitres alternent avec vélocité, au gré d’épisodes échevelés, tandis que naît progressivement la perspective pour Gideon d’un ultime voyage qui rime avec chasse au trésor. Bientôt rejoint par une inconnue, Imogen, nos deux compères auront fort à faire : tempête de sable, bédouins sauvages, léopard borgne qui terrorise la population, une épreuve de vérité avec un caillou incandescent placé dans la bouche ou encore un affrontement renouant avec l’épisode mythique de David contre Goliath. Des épreuves fortes, parfois insensées, qui ne sont pas sans rappeler les belles heures de la littérature d’aventure ou encore les films mettant en scène Indiana Jones. Bien évidemment, peu d’éléments tiennent debout, certains rebondissements sont tellement téléphonés qu’ils tiennent du cliché scénaristique, et ce n’est certainement pas la crédibilité qu’il faut chercher dans cet ouvrage. Néanmoins, si l’on apprécie les livres qui décoiffent sans pour autant trop remuer la matière grise qui se niche en dessous, version littéraire du blockbuster, voilà de quoi divertir ; au-delà des nombreuses références scientifiques et historiques qui jalonnent ce roman, il ne faut donc pas s’attendre à découvrir un opus qui mobilisera les neurones, mais là n’était certainement pas le but recherché par Douglas Preston et Lincoln Child.

    Un pur bouquin de gare, dans tout ce que cette expression exprime de positif, à savoir un bon moment de lecture décontractée et distrayante, sans la moindre prise de tête, et ce jusqu’au triple épilogue. En revanche, carton rouge pour le résumé de la quatrième de couverture qui dévoile des éléments importants de l’intrigue n’apparaissant qu’au trente-cinquième chapitre !

    04/02/2019 à 17:12 6

  • Big Fan

    Fabrice Colin

    8/10 Bill Madlock n’a pas eu de chance dans la vie. Non désiré, avec une jeunesse chaotique, obèse, il n’aura trouvé comme seule bouée de secours que la vénération de Radiohead. Une trajectoire brisée, faite d’ombres et de rares moments de lumière, qui va s’achever par un tir sur un fan lors d’un concert du groupe. Ce ne sera que sa confession qui permettra d’en comprendre les motivations.

    Fabrice Colin livre ici un roman destructuré et disparate, comme l’aura été l’existence de Bill Madlock. Un malheureux Anglais, né sans avoir rien demandé à personne, victime d’un physique ingrat et des remontrances de ses camarades, et dont le géniteur, alcoolique et dysfonctionnel, n’aura été capable, pour tout acte chaleureux envers lui, que de lui offrir un iguane. Ce n’est que dans l’écoute de Radiohead, la connaissance livresque de l’histoire du groupe, et l’écoute attentionnée des messages délivrés par ses chansons, qu’il saura trouver un goût à la vie. L’auteur nous explique sa destinée, les grandes étapes de son infortune, sa lente déchéance, ses amours contrariées, et sa paranoïa grandissante. Des divagations inspirées par les textes de Radiohead dont on connaît, au fur et à mesure du livre, la lente construction, les errances, les doutes et les succès. Il est indéniable que cette partie ne ralliera probablement pas l’attention de tous les lecteurs, à moins d’être fans, mais dans la mesure où Fabrice Colin s’y connaît pour bien écrire, on pourra néanmoins suivre ces diverses parties avec un certain appétit. Comme de nombreux ouvrages expliquant la genèse des tueurs en série, on se plait à comprendre la (dé)construction de la psyché de Bill, la manière dont il comprend et interprète les avertissements de Radiohead, et comment ces derniers le font définitivement basculer dans l’aliénation. Aucune moralisation de la part de l’écrivain, mais plutôt l’étude d’un sujet lambda, comme celle d’un sociologue, voire un psychanalyste, en faisant en sorte de concevoir les logiques, raisonnements et déductions de celui qui va balancer deux balles dans la tête d’un spectateur, le 25 juin 2008, le laissant gravement handicapé. Un panachage de lettres écrites par Bill, de moments marquants de sa vie et de tranches de l’histoire du groupe british. Et le gong final retentit lorsque Fabrice Colin révèle que William Madlock existe réellement (mais est-ce vrai ?), qu’il a noué une certaine relation avec lui, et que c’est ce rapport si particulier qui a permis de comprendre les desseins de ce monstre si humain.

    Un récit à la fois glaçant et enflammé, où l’on suit avec un ravissement sidéré et un peu honteux un être bousculé par l’égarement, chassé du paradis terrestre, et devenu le reclus volontaire d’une folie écrite en notes majeures.

    04/02/2019 à 17:05 5

  • Simone Weber, l'impossible innocente

    Christian Gonzalez

    8/10 Une affaire judiciaire hors-norme, que celle de Simone Weber, si puissante médiatiquement qu’elle en est venue à éclipser en France d’autres événements plus importants, comme la Guerre du Golfe. Malgré les années, ce nom évoque aussitôt des images, des mots-clefs, tous deux parfois flous. C’est ici Christian Gonzalez qui revient sur ce cas. L’auteur, ancien journaliste, reprend pas à pas les divers éléments du dossier, les décortiquent, les expriment comme le ferait un entomologiste d’insectes qu’il souhaite exposer. Des témoignages, également, nombreux, remplis d’anecdotes, de détails croustillants, de faits dérangeants. En finalement assez peu de pages, tout est dit : les faits – la disparition suspecte de Bernard Hettier avant la découverte d’un tronc humain dans l’un des bras de la Marne, réveillant le décès trouble du précédent conjoint de Simone Weber, Marcel Fixard. Des doutes qui apparaissent, des preuves qui manquent, des déclarations qui entretiennent l’incertitude, des manœuvres étranges pour masquer la vérité. Et, bien évidemment, au centre de l’énigme, un personnage singulier : Simone Weber. Un physique de brave dame, bien comme il faut, aux allures de Mamie Nova, mais dissimulant une personnalité détonante. Capable de grands élans de passion comme de singulières envolées de grossièretés. Des trésors d’intelligence côtoyant des bourdes impensables, maintenant la défiance à l’égard de sa possible innocence. Christian Gonzalez énonce les minutes du procès, retranscrivant quelques-unes des déclarations de maîtres du barreau, comme Jacques Vergès ou Paul Lombard, allant jusqu’à interviewer la vieille dame en exclusivité dans son appartement cannois. Et à l’arrivée, le mystère demeure. Si la justice s’est prononcée, il n’en demeure pas moins qu’une certaine fascination, voire une fascination certaine, subsiste, proportionnelle à l’arcane de ce fait divers. Christian Gonzalez ne prend que rarement parti, et ce sera à chaque lecteur, d’abord, de s’approprier l’affaire, puis, dans un second temps, de faire la part des choses et de se forger un avis, son intime conviction.

    Malgré sa concision, un ouvrage riche et complet, permettant de mieux appréhender cette histoire, au-delà des poncifs et idées toutes faites véhiculées à son propos.

    04/02/2019 à 16:56 3

  • Enquête et pickpocket

    Agnès Laroche

    8/10 Lors d’une soirée où se produit un illusionniste, Sam, Agathe et Nina sont confrontés à une histoire singulière : il semble qu’un pickpocket vole des objets durant le spectacle. Passionnés de magie, les jeunes limiers vont mener l’enquête…

    Après Juju a disparu, Agnès Laroche signe ce deuxième opus des apprentis détectives. C’est avec un réel plaisir que l’on retrouve donc ce trio d’investigateurs, malicieux et entêtés, alors qu’ils doivent faire face à une intrigue inaccoutumée. Comme dans leur précédente aventure, il n’y a pas de sang ni de violence, et l’on a une intrigue atypique, plaisante comme ça n’est guère permis, à mettre donc entre toutes les mains. Et quand survient l’ultime rebondissement, on ne peut être que séduit, encore plus qu’avec la lecture de Juju a disparu, par son originalité et son caractère particulièrement imprévu.

    Un récit court et pétillant, astucieux et prenant, pour un bon moment de lecture distractive. On en redemande !

    04/02/2019 à 16:53 3

  • Le Président

    Georges Simenon

    9/10 J’avais adoré le film de 1961 avec Jean Gabin, et c’est avec appétit que je me suis rué sur cet ouvrage. On y retrouve Augustin, vieillissant ancien Président du Conseil, vivant en reclus dans sa demeure normande, entouré de quelques domestiques. Quelques habiles flash-backs nous renseignent sur son ancienne existence politique, les coups bas, les moments où il s’est illustré, et les renseignements qu’il a conservés sur quelques personnages politiques, dissimulés dans sa bibliothèque personnelle. C’est justement à l’occasion d’une crise gouvernementale que la silhouette de Chalamont, l’un de ses anciens collaborateurs, réapparait, puisqu’il pourrait constituer une solution de rassemblement autour de sa ligne de centre-gauche. Sauf que Chalamont a, par le passé, commis une grave faute alors qu’il était sous les ordres d’Augustin et que ce dernier ne lui a rien pardonné… J’ai retrouvé dans cet ouvrage de nombreux passages réexploités dans le long-métrage, mais également des scènes dues à Henri Verneuil et Michel Audiard, comme le monologue devant les parlementaires, et une fin très différente. Quoi qu’il en soit, ce roman demeure à mes yeux l’un des meilleurs de Georges Simenon, où s’illustre, une fois de plus, la plume remarquable de l’auteur, sèche et habile, distillant en quelques adroits coups de plume une ambiance, un physique, une attitude. C’est surtout la morosité, la déception face à la société, et un pessimisme acide qui dominent ces pages, avec ces livres déplacés qui indiquent que ses proches sont à la recherche des fameux papiers, ou cette vieillesse, accompagnés de ses maux physiques, qui nous guette tous. A cet égard, l’épilogue est la parfaite illustration de cette forte mélancolie, où le Président va réaliser un acte dicté par une logique que j’analyse comme étant celle d’une forme d’abdication. Lui, le vieux lion, capable d’emportements légendaires, viendra donc se comporter à l’encontre de ce que tout le monde, le lecteur en premier, aurait parié. Un acte qui résonne comme la fin d’un monde, même si les deux derniers mots du roman, l’un de ses rares dialogues, démontre que l’animal politique qu’il était n’est pas tout à fait mort. Un de mes ouvrages préférés de Simenon, qui n’a strictement rien perdu de sa fougue et de sa finesse dans l’examen du monde politique, veule et retors, de l’abandon et du déclin humains.

    03/02/2019 à 18:24 4

  • Hector

    Hector Hugo

    7/10 … ou la tragique destinée d’Hector, le célèbre héros de la mythologie. De sa vie, on en connaît bien les grandes lignes, et Hector Hugo (son prénom a-t-il joué un rôle dans le choix d’écrire quant à ce personnage ?) nous plonge dans la complexité du mythe : les rêves de Cassandre, les percussions psychologiques entre les Troyens et les Achéens (le nom des Grecs assaillant Troie), Hector en être sans reproche (à part peut-être un léger péché d’orgueil), Hélène, Patrocle, et bien évidemment le terrible Achille, sans compter le rôle des Dieux. Une aventure humaine passionnante, forte, d’une densité remarquable, que l’écrivain retranscrit à sa façon de manière studieuse et palpitante, avec un vocabulaire très soutenu, un récit très circonstancié des divers protagonistes et leurs interrelations, dans un format pourtant très lapidaire (90 pages). En tant qu’adulte, j’ai beaucoup aimé cet ouvrage, mais je suis plus dubitatif quant à son accessibilité par de plus jeunes lecteurs : cette collection « Histoires noires de la mythologie » dit s’adresser à des lecteurs dès 12 ans, et là, ça me semble assez ambitieux eu égard à la complexité des rapports entre les personnages et au niveau très recherché du vocable exploité.

    03/02/2019 à 18:22 3

  • Plastique apocalypse

    Arthur Ténor

    8/10 … ou comment une découverte apparemment remarquable et porteuse de grands espoirs pour l’humanité entière, à savoir des bactéries proches de l’Alcanivorax borkumensis capables de digérer les plastiques pour éviter toute pollution ou déchet, va finir par se retourner contre ses inventeurs et la population mondiale. Un postulat très intéressant, prenant et efficace, susceptible de faire réfléchir nos têtes blondes (mais pas seulement) sur les enjeux de l’évolution technique, de la science, de l’écologie et de notre société de consommation. Arthur Ténor, comme dans chacun de ses romans que j’ai lus, est très habile dans ses scenarii ainsi que dans la suite de ses récits. Ici, on suit cette catastrophe mondiale à travers les yeux d’Alexandre Karadine, le chef de projet de cette invention, depuis l’annonce télévisée de cette découverte jusqu’aux premières calamités, en passant par la lente propagation des spores, la paranoïa croissante dans la population, les scènes de panique, les bousculades, et ces jours où les foules, plus meutes qu’autre chose, se déchaînent dans des élans primaires. L’épilogue est un peu trop appuyé à mon goût (mais c’est peut-être nécessaire pour engendrer une morale déjà construite pour les jeunes lecteurs auxquels se destine ce livre) ainsi qu’angélique à l’excès, mais il a le mérite indéniable d’accentuer des arguments plus que valables quant aux critiques prononcées. Environ soixante pages (et encore, très aérées) d’un militantisme écologique malin, intéressant et original (cependant plus dans le fond que dans la forme), et qui a également pour lui de nous pousser à la réflexion autant que de nous divertir.

    03/02/2019 à 18:21 3

  • L'Attaque des spectres

    R. L. Stine

    5/10 … ou comment le jeune Stanislas Kasimir, après avoir malencontreusement dérangé le fantôme d’un individu tyrannique, Oswald Manse, perd possession de son corps puisque cette enveloppe charnelle est désormais en la possession de ce spectre. On retrouve l’écriture typique de R. L. Stine, avec ses chapitres très courts, une ambiance à faire frémir les jeunes lecteurs, des cliffhangers fréquents en fin de chapitres, et un roman concis pour procurer juste ce qu’il faut de frissons littéraires. Ici, j’ai trouvé que l’histoire sortait un peu du lot, sans que je puisse faire spontanément un lien avec un autre des livres de l’écrivain que j’aurais pu lire précédemment, ce qui est bien agréable. Si le thème des fantômes n’a strictement rien de nouveau, le traitement est plutôt original avec cette idée de possession des corps, et surtout, que l’on puisse se servir de ces organismes comme d’hôtes, de véhicules, puisque les esprits peuvent passer de l’un à l’autre (le livre date de 1997, soit un an avant le film « Le Témoin du mal »). Certains passages sont plus classiques dans le traitement (notamment ceux relatifs aux combats entre les animaux, lorsque Stan est l’un d’eux), et l’ensemble se lit assez bien jusqu’au bout, avec un final sympathique entre notre jeune héros et Audrey, dans une situation inattendue. En revanche, la manière dont nos protagonistes parviennent à prendre le dessus sur les fantômes tient, selon moi, du grand-guignol : du n’importe quoi consommé ! Ce n’est pas tant que je refuse l’ésotérique, le surnaturel, et c’est même bien le contraire, puisque j’avais trouvé cet opus très potable jusqu’à ce moment-là, et alors, patatras ! Un rebondissement que j’attendais intéressant, surprenant, et j’aurais même admis un élément plus classique voire téléphoné, mais dans ce cas précis, cela me rappelle « Terrible internat », comme si R. L. Stine s’était laissé aller à faire un choix auquel lui-même ne croyait pas. Bref, rien de rédhibitoire par rapport à la globalité de l’ouvrage, car cet épisode pouvait – non, devait – constituer un élément moteur du récit, comme une résolution d’énigme dans un roman policier. Et là, c’est franchement raté !

    03/02/2019 à 18:20 2

  • La Mort du petit coeur

    Daniel Woodrell

    9/10 Shuggie Atins a une existence peu enviable. Obèse et solitaire, il vit aux côtés de deux individus détraqués. Sa mère, Glenda, est aussi belle et désirable que foncièrement déjantée, inconsciente du désir qu’elle peut susciter chez les mâles, et ayant une relation à la limite de la décence avec son rejeton. Son beau-père, Red, est un aviné, bagarreur, prompt à distribuer les coups, parlant comme un charretier, et usant de la minorité de son prétendu fils pour aller cambrioler des domiciles pour récupérer drogues et autres effets. Ce sera finalement l’arrivée d’un vieux beau dans une superbe Thunderbird qui viendra mettre le feu aux poudres.

    Daniel Woodrell a construit un roman noir dans la plus pure tradition, un véritable hymne à la littérature dans ce qu’elle peut avoir de plus sombre et toxique. D’entrée de jeu, la préface de l’immense Dennis Lehane donne le ton : il ne tarit pas d’éloges sur cet ouvrage, et il est vrai que ce dernier est un véritable bijou. Les personnages sont peu nombreux et s’encastrent à merveille dans la concision de ce livre qui ne compte qu’un peu moins de deux-cent-dix pages. On se prend immédiatement de sympathie pour Shug, enfant martyr, pris entre l’enclume d’un beau-père violent et vindicatif et le marteau d’une génitrice désœuvrée et aux élans érotiques déplacés. Il y a aussi Basil, au physique incongru et sbire débile de Red, sans compter des grands-parents tout aussi fissurés et un nouvel arrivant en ville, cuisinier de son état, dont les belles paroles et le comportement entreprenant vont emporter Glenda sur les voies de l’adultère. Des paroles de Daniel Woodrell et de son récit, on ne peut qu’être tourmenté, balayé par des émotions contraires, ballotté entre le mal-être et une certaine empathie pour l’adolescent. Des propos forts, acides, nimbés d’indéniables ténèbres. Des scènes extraordinaires, aussi empoisonnées qu’inattendues, comme la découverte du domicile maculé de sang par Shug, la scène de cambriolage avec une gouttière retorse, ou encore le moment dans la cuisine entre deux êtres dont l’un aura vu sa libido portée à blanc et l’autre désarçonné par la concupiscence qu’il suscite.

    Un livre assurément noir et aigre, affecté d’un épilogue sur lequel on n’a pas fini de réfléchir, et où se sont consumés bien des appétences et des espoirs, dont celui d’une enfance sanctifiée.

    21/01/2019 à 17:40 8

  • Stasi Block

    David Young

    9/10 Allemagne de l’Est, été 1975. Dans la ville de Halle-Neustadt, deux bébés jumeaux disparaissent : Karsten et Maddelena Salzmann, enlevés à l’hôpital. Si l’on retrouve rapidement le premier, mort, dans une valise, le second demeure introuvable. Karin Müller, lieutenant de la police d’Etat, mène l’enquête avec son équipe, remontant vers de terribles secrets du passé.

    Après Stasi Child, voici le second opus de la série centrée sur le personnage de Karin Müller. Extrêmement bien documenté, cet ouvrage séduit rapidement grâce à son contexte. David Young réussit à rendre immédiate l’ambiance si particulière de la RDA des années 1970. Plus particulièrement, la ville de Halle-Neustadt constitue en soi à la fois une curiosité et un personnage à part entière : une cité ubuesque censée être une vitrine du communisme triomphant, un dortoir dédaléen dont les rues ne portent pas de noms, si chérie des autorités est-allemandes qu’elle va recevoir sous peu un invité de marque, et à propos de laquelle il est plus que fortement conseillé de ne pas faire une mauvaise publicité. D’autre part, l’intrigue est riche, foisonnant de rebondissements et de flash-backs efficaces, prolongeant le mystère quant à ces kidnappings de bébés jusque dans les ultimes paragraphes. De terribles mystères remonteront alors à la surface, entremêlant tragédies familiales et secrets protégés par les hautes sphères du régime. Karin Müller est également une protagoniste singulière : entêtée, fine et vaillante, on apprend de nombreuses informations sur son passé dans cet opus, des éléments qui viendront d’ailleurs jouer un rôle important dans le récit. David Young dépeint une vision sombre et en partie désenchantée, qu’il s’agisse de la RDA, bien évidemment – délicieux mirage où l’Etat contrôle tout jusqu’à conserver des traces administratives d’une gamine osant se révolter contre le sort d’un des amis de son âge – mais aussi d’une société née des décombres brûlants de la Seconde Guerre mondiale.

    Un ouvrage remarquable, enténébré à l’envi, et dont les simples décor et contexte composent, au choix, une révélation ou un ensorcellement.

    21/01/2019 à 17:36 8

  • Black sect

    Hervé Hernu

    6/10 Jack Cope est un être détruit qui tente de se reconstruire. Son épouse a disparu, et Théo, son adolescent de fils, a un comportement de plus en plus distant et étrange. Dans le même temps, des adolescents portant un étrange tatouage se rendent coupable de tueries par armes à feu. Y aurait-il un lien entre ces deux affaires ?

    Hervé Hernu livre ici un roman très dynamique, dont les premières pages, vives, happent l’attention. Cet ouvrage, l’un des rares de chez Ravet-Anceau à se dérouler en dehors des Hauts-de-France (l’action se déroule ici à Oxford avant un périple final en France), distille tous les éléments susceptibles de rallier un large consensus de lecteurs : beaucoup d’action, du suspense, une secte mystérieuse, un gourou machiavélique, et une belle dose d’amour pour parachever l’ensemble. De son propre aveu fan de Mary Higgins Clark et d’Harlan Coben, Hervé Hernu a effectivement beaucoup lu ces maîtres du suspense, et l’on retrouve une histoire – celle concernant la femme de Jack – qui semble directement signée de l’auteur de Ne le dis à personne…. Celle concernant les massacres et la confrérie est plus originale, maintenant une tension remarquable de bout en bout : on n’essaiera même pas de comptabiliser le nombre de fusillades, de coups donnés, de fois où notre héros sombrera dans les vapes, sans parler des multiples rebondissements. Indéniablement, Hervé Hernu maîtrise son sujet, et, en bon rythmicien, imprime un tempo d’enfer à son récit. On regrette d’autant les invraisemblances – certes, souvent inhérentes à ce type de littérature – et autres événements téléphonés, les tics de langage répétés à outrance qui en viennent à agacer – tels « le doigt sur la gâchette » ou « l’instant d’après ».

    Un livre prenant et efficace, assurément, offrant une lecture distractive, auquel il manque d’un soupçon d’âme et de crédibilité. Mais il est toujours difficile de bouder son plaisir lorsque l’on a passé un tel bon moment.

    21/01/2019 à 17:32 3

  • L'Ombre

    Stephen Lloyd Jones

    8/10 Snowdonia, au Pays de Galles. Une famille fuit. Hannah, la mère, Nate, le père, et Leah. Une monstruosité, appelée Jakab, est à leurs trousses. Un tueur impitoyable, capable d’endosser bien des identités. Mais pour mieux comprendre cette cavale, il faut retourner dans le passé. Plus exactement, en 1873, en Hongrie.

    Voilà un roman singulier signé Stephen Lloyd Jones. Le rythme imprimé dès les premières pages est effréné, vif, incisif. On se demande immédiatement qui sont ces trois victimes, poursuivies par une entité qui semble auréolée de pouvoirs surnaturels, et dont la simple évocation du nom terrifie autant qu’elle implique de vérifier l’identité de chacun. L’auteur, par paliers, en suivant trois époques distinctes, nous fait peu à peu comprendre la genèse de Jakab, ses origines, qui il est et les raisons pour lesquelles il traque cette famille. L’écriture est remarquable, anxiogène à souhait, et l’on bascule progressivement vers un surnaturel traité avec intelligence. Il serait absurde de trop en dévoiler quant aux capacités si particulières du monstre, tout au plus peut-on évoquer une mythologie hongroise, une caste bien caractéristique, des amours éconduites et la lente constitution d’un être cruel et sanguinaire, dont la férocité et l’obstination n’empêchent nullement que l’on ne conçoive un peu d’empathie pour cet individu sentimentalement brisé. Stephen Lloyd Jones donne un ton original à son récit, ponctué de nombreuses scènes de paranoïa, de suspense et de non-dits conduisant à des moments de pure tension. Parallèlement, l’idée des époques relatées est intéressante et traitée avec subtilité, nous permettant de mieux comprendre les racines de cette exécration. Des instants forts – comme les ombres chinoises avec Lukacs ou le final dans le moulin périgourdin, contrastent avec des passages bien plus longs et bavards, certes utiles psychologiquement à l’étoffement des personnages, mais rompant souvent la vélocité et l’efficacité de l’ouvrage.

    Un thriller fantastique bien mené et fascinant, ponctué de nombreux passages mémorables alternant avec d’autres plus anecdotiques. Mais l’ensemble n’en demeure pas moins très bon.

    21/01/2019 à 17:28 4

  • La Fenêtre des Rouet

    Georges Simenon

    9/10 … ou les sombres tourments de Dominique Salès, qualifiée de « vieille fille » de quarante ans, qui passe son temps à observer son entourage, et plus précisément la famille des Rouet qui habite en face de chez elle. Dominique est une dame lambda, presque anodine, dont on apprend quelques pans du passé – notamment lorsqu’elle se souvient de son militaire de père et lors d’un deuil, plus vers la fin du livre, et dont la globalité de la vie est un vide, une vacuité existentielle qu’elle comble comme elle peut en scrutant les autres, ou avec le couple des Caille, ces jeunes gens à qui elle loue une partie de son appartement. Grâce à la plume toujours aussi féroce, acide et râclée jusqu’à l’os de Georges Simenon, c’est un immense spleen qui nous envahit, presque toxique, au gré de ces pages toutes en lenteur, voire en langueur, lorsque Dominique se rend lentement compte que tout ce qu’elle a vécu jusqu’à présent n’aura été qu’une immense désillusion. Quelques extraits que je trouve adéquats et symptomatiques : « Attentive à la vie d’un autre, Dominique en oubliait de respirer pour son propre compte », ou encore « Était-ce cela, la vie ? Un peu d’enfance inconsciente, une brève adolescence, puis le vide, un enchevêtrement de soucis, de tracas, de menus soins et déjà, à quarante ans, le sentiment de la vieillesse, d’une pente à descendre sans joie ? ». Inutile de le redire, mais le style ainsi que l’histoire se servent l’une l’autre, comme assez souvent chez Georges Simenon, l’écriture rêche et âpre, où chaque mot est compté, s’adossant à un récit désenchanté, et inversement. Il y a bien quelques menus éléments policiers (le coup du médicament dans le pot de fleurs ou les lettres envoyées par Dominique), mais ça reste un drame presque pur. Une réussite totale à mes yeux, du début à la fin (mémorable, achevant cette partition déchirante sur une ultime note mineure), et une véloce déchéance derrière la trompeuse torpeur de ces maux qui s’enchaînent à merveille.

    20/01/2019 à 18:28 6

  • Resident Evil - Marhawa Desire tome 1

    Capcom, Naoki Serizawa

    6/10 Un opus efficace, à l’esthétique et au graphisme qui tirent plus vers le jeu vidéo que le manga pur, selon moi. C’est efficace, explosif, presque cinématographique – avec une protagoniste très inspirée par Lara Croft, et je ne parle pas du clin d’œil avec ce portrait d’un personnage qui ressemble trait pour trait à Sean Connery, mais j’ai trouvé l’ensemble justement trop calibré. Des mercenaires indestructibles, des zombies trop semblables à ce que l’on lit ou voit ailleurs, en littérature ou au cinéma, etc. Ça se laisse lire avec plaisir, c’est très récréatif et distrayant, mais cela demeure trop téléphoné et attendu pour me faire totalement adhérer.

    20/01/2019 à 18:27 2

  • Le Cheval de discorde

    Craig Johnson

    8/10 Encore une belle nouvelle mettant en scène Walt Longmire, ici pour une disparition de cheval, surnommé « Le Cheval de discorde » car il constitue le lieu ambigu entre deux êtres autrefois mariés et désormais séparés, vivant leur divorce avec fracas. Une langue belle, des personnages assez nombreux pour si peu de pages, mais composés avec une réelle profondeur au point que chacun d’entre eux est immédiatement palpable et humain. Les scènes de chevaux m’ont laissé assez froid (c’est typiquement un spectacle culturel américain), mais c’est toujours aussi bien écrit, te cela m’a permis de découvrir des compétitions traditionnelles que je ne connaissais pas. Mais ce qui m’a le plus marqué, c’est le jeu entre Walt et sa fille, avec ce compte qui, à sa façon, maintient le suspense et s’achève dans les ultimes lignes. Au final, une intrigue fluette, mais c’est surtout l’occasion de retrouver des protagonistes très agréables et denses, au point que ce court instant de lecture me fait penser à une rencontre – brève mais jouissive – comme on retrouverait, au détour d’une rue, des amis que l’on n’avait pas vus depuis (trop) longtemps.

    20/01/2019 à 18:26 4