Kafka65

80 votes

  • La Position du tireur couché

    Jean-Patrick Manchette

    7/10 Je ne me suis pas senti emporté par cette histoire qui ne me laissera probablement pas grand souvenir. Mais comme d'habitude, je le suis par le style de Manchette dont on retrouve ici toutes les qualités et qui suffit à en faire un excellent moment de lecture à un rythme qui ne faiblit pas.

    23/12/2016 à 12:48 4

  • Le Couperet

    Donald Westlake

    10/10 Burke Devore est licencié, victime d’une logique capitalistique sommaire et imparable : « la fin justifie les moyens ». Après 2 ans de recherches d’emploi infructueuses, il décide donc de s’en sortir en utilisant cette même méthode sommaire et imparable. On suit donc avec effroi, en monologue intérieur, le cheminement de cette conscience « en déroute » dans l’application glaciale et méticuleuse de cette méthode dont il nous fait en parallèle le discours et qui le conduira de meurtre en meurtre. Une conscience qui n’est pas celle d’un serial killer (voir comment il s’en défend au milieu de livre) mais d’un représentant type de la classe moyenne américaine, (voir toujours en milieu de livre le portrait qu’il nous en dresse, qui résonne de façon inquiétante avec ce qu’on peut entendre aujourd’hui). Un homme donc à l’image du monde dans lequel il est embarqué, et un livre à l’image de ce monde : cynique jusqu’au bout. Magistral !
    PS : le guillemets pour les citations

    24/01/2017 à 08:19 4

  • Le Facteur sonne toujours deux fois

    James M. Cain

    9/10 Classique parmi les classiques, ce roman noir dans la pure tradition béhavioriste ouvre cependant une nouvelle voie en accordant une part importante à la psychologie des deux principaux protagonistes, dont la relation passionnelle est plus complexe qu'il n'y parait. La lecture de ce livre impressionnera Camus au point de conditionner en partie l’écriture de L'Etranger, un des plus grand roman noir français (n'en déplaise à polar pourpre, mais heureusement pas à Claude Mesplede, Benoit Tadie et compagnie).

    10/02/2018 à 06:52 4

  • Le Polar américain, la modernité et le mal (1920-1960)

    Benoît Tadié

    10/10 Ce livre est vraiment excellent. Je n’en connais pas d’autre qui couvre cette période clés de la naissance et de l’épanouissement du roman noir américain (et donc du roman noir tout court) avec autant de pertinence. L’effort de synthèse est remarquable et replace la naissance de ce genre dans le cadre plus large de la civilisation etats-unienne en traitant avec une égale réussite l’approche thématique et l’approche esthétique. Travail exigeant mais qui reste abordable par n’importe quel lecteur cherchant à aller au-delà de la simple lecture pour comprendre ce qui se trame dans la suite des chefs d’œuvres que le roman noir américain nous a produit.

    16/01/2018 à 10:34 4

  • Les Arnaqueurs

    Jim Thompson

    9/10 A cause du hasard, à cause d'un mauvais choix, ou que sais-je encore, les personnages de Thompson s'engagent un jour dans une voie qu'ils vont suivre jusqu'au bout parce qu’ils ne veulent plus, ou ne peuvent plus, avoir le choix d'en changer, et quitte à y perdre tous ce que le commun des mortels mettrait au dessus de tout.

    31/01/2018 à 13:22 4

  • Moisson rouge

    Dashiell Hammett

    10/10 Dans la catégorie "on a marché sur la lune", on met nécessairement 10 à celui qui a posé le pied en premier

    24/01/2018 à 13:16 4

  • Polar, le grand panorama de la littérature noire

    Mikael Demets, Clémentine Thiebault

    4/10 La maquette est superbe, de même que l’iconographie. Rien à dire sur la qualité du livre avec un papier qui accroche très bien choisi. En revanche je trouve le contenu très (trop) léger. Si on est un néophyte dans l’histoire du polar, ça peut se défendre car ce bel objet qui restitue plutôt bien graphiquement l’univers du polar peut donner envie d’en lire encore davantage, et cela même si l’histoire est moins bien traité que les thèmes du polar. Mais si on a déjà ses repères, c’est assez décevant.

    31/01/2018 à 14:01 2

  • Pottsville, 1280 habitants

    Jim Thompson

    10/10 Nick Corey est shérif, comme Lou Ford de L’Assassin qui est en moi. Mais là ou Lou est quasi psychopathe, Nick n’est qu’un simple désœuvré. Bon, pour un désœuvré, il s’active tout de même beaucoup, principalement dans le domaine de l’alignement des cadavres. Les deux romans ont des similarités : deux shérifs donc, deux monologues intérieurs et deux séries meurtrières et deux logiques implacables, suivies méticuleusement pas nos deux meurtriers. Mais autant Lou suit la logique d’un malade mental, autant Nick n’applique que la logique d’un pauvre type qui ne sait pas prendre en compte toutes les données d’un problème, ou en tous cas souffrant d’un certain nombre de biais. D’où l’inévitable effet comique qui , de ce fait, est beaucoup plus présent dans 1280 pop. et qui du reste a d'après moi beaucoup gagné avec cette nouvelle traduction.
    Deux livres qu’on ne peut s’empêcher de rapprocher sans pour autant donner le sentiment d’une redite. Ils forment un diptyque formidable, indispensable à tout lecteur de roman noir.

    14/02/2017 à 11:10 4

  • The Long Good-Bye

    Raymond Chandler

    8/10 Un contenu noir comme il se doit, mais une écriture subtile. Avec Chandler, il semble qu'on en a jamais fini avec la vérité que l'on a l'impression de toucher du doigt dès la moitié du roman mais qui nous réserve toujours des surprises à la hauteur de la complexité des personnages et de leur psychologie. Chandler nous campe l'archétype du privé qui ne se laisse jamais totalement abuser par la réalité, constamment à l’affût des indices qui pourraient changer la donne. Mais cela n'est jamais démonstratif (un écueil qu'assez peu d'américains contemporains ne sait éviter).

    11/01/2017 à 08:30 4

  • Un Nid de crotales

    Jim Thompson

    8/10 Comme dans tous les romans de Jim Thompson, les personnages prennent le dessus sur l’intrigue même si celle-ci n’en est pas pour autant négligée. Il est difficile de mettre ce livre en avant plutôt qu’un autre. J’aborde les romans de Thompson comme un ensemble dessinant une nouvelle version de la comédie humaine dans un autre cadre, une autre époque, et pour une anthropologie différente.

    08/01/2018 à 14:11 4

  • Underworld USA

    James Ellroy

    9/10 Difficile de juger Underworld USA indépendamment de la trilogie dans laquelle il s’insère. Je le mets donc au même niveau que les deux autres, soit très haut. Lire cette trilogie, c’est vraiment une expérience de lecture et de regard sur le monde. James Ellroy nous restitue ce dernier dans toute sa fragmentation grâce à un style que désormais on identifie clairement et qui a fait des émules. On est très loin du point de vue unique, assez rassurant, qui nous explique le monde. Ici, pas grand-chose n’est expliqué finalement. C’est le monde dans toute sa complexité, sa confusion et sa violence qui nous est montré. On s’y perd beaucoup, comme on est perdu quand il s’agit de trouver une explication au monde. James Ellroy prend ainsi le contre-pied de la plupart des polars même si à la fin l’intrigue principale se dénoue. Mais l’essentiel n’est pas là. Si c’est ce qu’on recherche dans le polar, notamment, c’est parfait. Sinon, c’est illisible.

    06/02/2018 à 12:31 4

  • Une brève histoire du roman noir

    Jean-Bernard Pouy

    8/10 Un livre un peu trop court à mon goût, mais un livre de passionné, avec des cris du coeur plus que de véritables analyses, qui réussit tout de même l'essentiel : donner envie de lire les auteurs qui sont abordés.

    08/02/2017 à 12:47 4

  • Une jolie poupée

    Jim Thompson

    8/10 Portait d’un looser absolu qui du début jusqu’à la fin de sa vie subit, se trompe dans ses interprétations et fait les mauvais choix aux pires moments. On pourrait penser que trop c’est trop mais le profil psychologique du personnage hérité de son histoire familiale rend ce récit finalement parfaitement crédible.

    21/02/2018 à 13:50 4

  • 1977

    David Peace

    9/10 Après avoir lu une première fois avec grand intérêt la tétralogie à quelques mois de distance, je l’ai relu en deux semaines. Chaque roman y gagne en profondeur, en cohérence et en richesse, car il est difficile de garder en mémoire si les lectures sont trop espacées les nombreux protagonistes et les différentes affaires dans l’affaire, la cohérence du récit derrière la multiplicité des points de vue et les ruptures chronologiques. La tetralogie est une œuvre formidable, qui égale, ou presque, celle d’ Ellroy

    31/07/2012 à 13:21 3

  • 1983

    David Peace

    9/10 Après avoir lu une première fois avec grand intérêt la tétralogie à quelques mois de distance, je l’ai relu en deux semaines. Chaque roman y gagne en profondeur, en cohérence et en richesse, car il est difficile de garder en mémoire si les lectures sont trop espacées les nombreux protagonistes et les différentes affaires dans l’affaire, la cohérence du récit derrière la multiplicité des points de vue et les ruptures chronologiques. La tetralogie est une œuvre formidable, qui égale, ou presque, celle d’ Ellroy

    31/07/2012 à 13:22 3

  • Á tombeau ouvert

    Paul Cain

    7/10 On rapproche toujours A tombeau ouvert de la Moisson rouge de Hammett. C’est logique car la trame (un détective se charge de débarrasser une ville de ses gangs en les montant les uns contre les autres) et le style (de l’action, toujours de l’action) sont similaires. C’est le style Black mask de la première génération et Paul Cain le pousse encore plus loin que Hammett. Pas un moment de respiration. Tout se passe vraiment à tombeau ouvert. Un classique vraiment indispensable à lire, notamment pour comprendre pourquoi comment cette écriture a pu fasciner Manchette.

    06/02/2018 à 12:37 3

  • Dernière nuit à Montréal

    Emily St. John Mandel

    7/10 Un roman très bien écrit, très bien construit, qui porte une histoire que l’on a aucun mal à suivre jusqu’au bout. C’est l’œuvre d’un très bon écrivain. Alors qu’est ce qui cloche ? C’est peut-être le talent, justement, qui étouffe l’motion. Guerif s’enthousiasmait pour la petite musique mélancolique que ce roman laissait entendre. Je ne suis pour une fois pas tout à fait d’accord avec lui. La mélancolie est ici plutôt un ton adopté qu’une émotion vraiment ressentie par l’auteur et qui ferait vibrer une voix. On a plutôt l’impression d’un vernis posé sur les choses ce qui a pour effet de glacer un peu l’ensemble. Exemple : les personnages qui en dépit de leur différences d’âge et de sexe se ressemblent finalement tous plus ou moins. Ça manque de chair. Mais attention : c’est tout de même du très bon travail.

    24/01/2017 à 08:08 3

  • Du Polar

    François Guérif

    9/10 J'ajoute à ce que les autres contributeurs ont justement dit que c'est un excellent témoignage sur l'histoire de l'édition du roman noir en France avec des points de vue intéressants sur les collections qui ont précédés Rivages noir et, évidement, sur Rivages noir, qui constitue l'essentiel de ce livre. Avec le Pouy, le Manchette, le dico de Mesplede, Les auteurs de la Série noire et C'est l'histoire de la Série noire, on commence à avoir une bibliothèque assez intéressante sur le sujet qu'on peut ensuite compléter, mais plus difficilement parce que pas facilement trouvables, avec des articles de fond dans les revues 813, Temps noir et feu Polar.

    08/02/2017 à 12:41 3

  • Fin de fiesta à Santa Barbara

    Newton Thornburg

    9/10 Vieux souvenir de lecture. Un excellent souvenir pour un road book qui a quelque chose de The Big Lebowski

    17/02/2017 à 13:02 3

  • La Bête de Troufignac

    Varoujan Alexanian

    6/10 Roman noir au style loufoque. Un peu trop peut-être même : on est dans le genre potache. Mais on passe un bon moment avec plein de trouvailles langagière et situationnelle drolatiques.

    03/03/2017 à 08:01 3