clemence

339 votes

  • Le Manuscrit de Birkenau

    José Rodrigues dos Santos

    9/10 Plongée dans la suite de l'Enfer, au cœur de l'horreur créée de toute main par l'Homme pour l'Homme.
    Il fallait bien tout le talent de l'auteur pour transcrire ce quotidien inhumain.
    Basés sur les seuls faits acceptables, la réalité, ce roman est écrit en s'inspirant des véritables manuscrits retrouvés enterrés au pied des fours crématoires, témoins des prisonniers obligés de participer à la destruction de leur peuple.
    La Magie des Cendres, l'épilogue et la galerie des photos (les visages des bourreaux..) frappent au coeur et glacent le sang.
    Un immense roman.

    11/04/2022 à 13:11 7

  • Le Vide

    Patrick Senécal

    9/10 Le Vide m'a laissée pantoise et scotchée un très long moment après avoir tourné la dernière page. Première incursion dans l'univers de l'auteur, qui place la barre haute dans la tension, la désillusion du quotidien, l'horreur voisine et toute proche, bien réelle. Le format original et le jeu d'écriture crée un "plus" qui, loin d'être dérangeant comme je le craignais, baigne le tout dans un socle mouvant où le lecteur à de quoi perdre pied ... mais retombe toujours sur ses pattes! Qu'il est fort ce Patrick Sénécal!

    01/06/2011 à 08:38 7

  • Les Infâmes

    Jax Miller

    8/10 Un roman qui donne l'impression d'être sous acide. Tourbillons, densité des sensations, détails fournis pour une intrigue qui trouve son sens dans la deuxième partie donnent matière à ce premier roman. La quête de Freedom à qui rien n'est épargné est très actuelle comme tout à fait métaphorique sur bien des aspects. Riche et prometteur. Well done Jax.

    03/07/2016 à 18:58 7

  • Mauvais coûts

    Jacky Schwartzmann

    8/10 C'est drôle, cynique, abject et cocasse, le protagoniste principal est un mec assez odieux qui rend l'histoire relativement légère . Toutefois l'auteur doit être un type lettré et intelligent car son phrasé et les réflexions de son héros sont loin d'être dénués de sens. Le propos est bien senti sous des tournures parfois cradingues (grammaticalement parlant).
    Une découverte somme toute très attachante (et très drôle), je vais poursuivre avec les autres romans Schwartzmann.

    07/01/2019 à 03:29 7

  • My Absolute Darling

    Gabriel Tallent

    8/10 J’aurai pu noter 8 , 9 ou 10 , en fait, tant ce roman ne m'a pas laissée indifférente. L'écriture, d'abord, est de celles, particulières, dont on ne sait que penser. Il ne s'agit pas là ni de traduction, ni d'interprétation, simplement on sent dans l'écriture la joie de la façon lente se poser les mots (8 ans d’écriture !), c'est parfois très imagé au point que c'est seulement au bout du paragraphe qu'on visualise l'ensemble et qu'enfin on donne corps au récit. Je n'ai jamais ressenti ça dans un autre roman.
    La poésie de certaines scènes est en parfaite opposition avec la violence -précise, de certaines autres.
    Turtle est une jeune fille différente élevée par son père Martin, totalement barge et fou, odieux, abusif , terrifiant, scandant des propos philosophiques pour donner corps à ses agissements scandaleux. Turtle va croiser quelques figures masculines aidantes , mais son salut, si on peut dire, ne viendra que d'elle même . Peut être également de quelque autre nana, mais l'ado de 14 ans possède des ressources en elle qu'elle ne soupçonne pas. La force de ce roman est mentale, certaines scènes sont presqu'insoutenables.
    My absolute darling est une tragédie.
    Turtle détient le potentiel des diamants ternis par leur environnement, sans conscience de sa puissance.
    Une sacrée découverte hardcore, pleine de tension, où l'espoir reste toutefois permis , discrètement, du bout des yeux, des lèvres , des doigts. Spectaculaire.

    15/10/2018 à 09:09 7

  • On était des loups

    Sandrine Collette

    8/10 Ouvrir un bouquin de Sandrine Collette, c'est s'exposer à ses démons. Pas déçue par cet ouvrage qui a provoqué beaucoup de mélancolie en moi.
    L'histoire de ce père livré à lui meme avec son gamin, Aru, qui n'a rien demandé à personne, et surtout pas à perdre la lumière de son existence si jeune, m'a bouleversée. On traverse le champ des émotions paternelles avec ce binôme improbable, qui s'apprivoise au cours d'un voyage initiatique dans la forêt. Sandrine Collette revisite les mythes ancestraux (le petit poucet n'a t il pas été abandonné par ses parents ? la figure du croquemitaine, etc) et réussit comme souvent à raconter les indicibles sentiments qui se jouent, se nouent, s'enroulent et se déroulent dans les tréfonds de l'âme humaine. Ce n'est pas toujours reluisant, mais c'est assurément du grand art. Une douloureuse lecture où la lumière surgit là où on ne l'attend pas.

    24/10/2022 à 21:18 7

  • Petite Louve

    Marie Van Moere

    8/10 Un roman qui révèle sa puissance nerveuse dès les premières pages : l'écriture est parfois rapide, collant parfaitement au rythme acéré et acide de ce road trip mère-fille initiatique - fuyant. Une belle réussite à lire les sens grand ouverts pour absorber l'entiereté et la densité des mots, des sensations qui viennent affleurer dans ce qu'on devine derrière.

    01/11/2014 à 18:35 7

  • Quand sort la recluse

    Fred Vargas

    9/10 Une excellente promenade en compagnie des habitués, le jeu des mots, les tours et détours, l'intelligence du propos et le fait détaillé toujours limpide, Fred Vargas se bonifie avec le temps. Les caractères des personnages de la Brigade sont explorés en profondeur, cela ajoute à l'histoire déjà fabuleuse, puisque c'est de cela dont on parle, une fable ! Comme le Lieutenant Froissy et ses contes de fées, j'ai adoré plonger dans ce délicat roman fait de toiles d'araignées et de nids d'oiseaux.

    15/06/2017 à 08:48 7

  • Rêver

    Franck Thilliez

    8/10 Un Thilliez qui se boit cul sec. L'exploration du monde onirique, (fausse) promesse du titre du roman, laisse place à une intrigue bien campée, solide et factuelle. Abigael m'a fait penser à Amandine de Pandemia dans son comportement aux confins de la folie. Si la fin a des relents de confession façon "ne le dis à personne" dans la forme (magistral clin d'œil, j'espère que c'est fait exprès !) le détail qui tue apparaît dans le chapitre 57, crypté et dispo sur le site de l'auteur. Brillant !

    01/07/2016 à 16:05 7

  • Salut à toi ô mon frère

    Marin Ledun

    8/10 Avec cette comédie stupéfiante et virevoltante, Marin Ledun nous livre un opus familial décalé et je découvre un auteur aux prises de positions féministes (ce qui ne m'étonne tellement pas, à la réflexion !). J'étais habituée aux livres de l'auteur qui sentent la poudre et la clope, en voici un qui fleure la vie ordinaire, les sms et les beaux yeux du lieutenant Vert-Peche (Lieutenant Personne, quelle idée de génie dans tout ce que cela permet de sourires grammaticaux et de cocasserie) ordinaire cela dit, mais pas tant que ça, tant le lot de petits crimes du quotidien vient assaisonner le débat. On part d'un délit de sale gueule qu'on fait mijoter en milieu rural pour arriver à un plat plutôt élaboré aux multiples saveurs. C'est piquant et drôlement mené, original et bien foutu.

    05/06/2018 à 21:13 7

  • Territoires

    Olivier Norek

    8/10 J'ai poursuivi, en haleine, avec Coste et son équipe, les dédales de la cité et la traque des caïds, petits et gros poissons. J'aime l'atmosphère soufrée du roman et les personnages que l'on découvre un peu plus, l'humour qui se dessine, le train qui ne s'arrête pas, l'équipe qui se soude au delà de la camaraderie.

    30/08/2022 à 09:15 7

  • Toutes les vagues de l'océan

    Víctor Del Árbol

    7/10 Je suis contente de l'avoir lu mais également d'arriver au bout, car la vengeance a beau être le ressort de l'intrigue, on prend beaucoup de temps pour y aboutir.

    Moins emportée par la fresque que je ne l'avais été pour d'autres romans de cet auteur, j'ai été un peu perdue par la généalogie clanique des différents protagonistes et comme je ne suis pas une historienne spécialiste j'ai parfois pris le temps de consulter quelques documents pour bien comprendre l'Histoire dans l'histoire.

    Ce roman très politique est très bien écrit et vraiment très bien documenté. Trop long à mon goût, ce livre noir explore les perversions humaines en temps de guerre et la vendetta.

    Il n'est même plus question d'honneur, finalement (est ce une donnée qui compte pour les agents doubles ?) mais bien de la trace qu'on laisse dans l'histoire. Famille, amour, patrie, en somme, seuls les actes comptent.

    08/04/2019 à 07:59 7

  • Vernon Subutex 1

    Virginie Despentes

    9/10 Vernon Subutex est abîmé par la vie qu’il brûle par tous ses bouts. Rapidement à la rue après une désescalade plutôt raide à la suite de la fermeture de son enseigne de disquaire, ce paumé au charisme certain, détenteur d’interviews exclusives de feu son ami chanteur friqué Alex Bleach, déambule dans Paris, s’invite à droite , s’incruste à gauche, laissant à l’auteur le soin de dresser des portraits superbes, triviaux et déjantés des acteurs d’un Paris underground, qui bouillonne et qui fourmille. Remarquable premier tome bluffant, j’ai oublié de vivre pendant 24h tant ce roman m’a happée. Vite, le tome 2 !

    27/12/2017 à 06:29 7

  • 22/11/63

    Stephen King

    10/10 Une faille temporelle dans laquelle je tomberais volontiers si je pouvais vivre avec autant d'intensité la vie de Jake. Une excellent fable, un conte assez facilement comparable dans mon niveau de plaisir de lecture aux souris et aux hommes de Steinbeck, dans ce qu'ils ont de palpitant, d'intime et de facilité d'accès. Et de potentiel de petite (grosse!) larme à la fin. Un 10 sans hésiter.

    30/12/2013 à 20:03 6

  • Amelia

    Kimberly McCreight

    8/10 Dévoré d'une traite, ce roman alterne les narrations de Kate et Amelia et d'autres extraits du quotidien d'une jeune fille attachante et du passé de sa mère. Au delà de l'action et du déroulement (le dénouement est plutôt habile et crédible) on trouve dans ce roman une vérité tristement actuelle en lien avec le harcèlement numérique et le complexe du homard des ados. Pas facile cette période de doutes, de questions et de confrontation au monde : l'auteur s'en sort plutôt très bien. Je choisis de préférer l'espoir à la mélancolie en refermant ce livre et de croire aux vertus puissantes de l'amitié, qu'on retrouve dans les dernières pages au détour d'un périple sur les moments forts de la jeune vie de Sylvia et Amelia.

    28/10/2016 à 19:06 6

  • Boréal

    Sonja Delzongle

    8/10 Boréal est un conte arctique qui contient tous les codes du genre, à la sauce Perrault, lorsque le loup finit toujours par se délecter du petit Chaperon Rouge ou du Petit Poucet.
    J'ai aimé le côté extrêmement documenté de ce côté là de la banquise, les questionnements (présents et toutefois non militants) liés au devenir des populations dans le réchauffement climatique, le huis clos qui s'ouvre sur l'adversité, la vie qui continue, en filigrane, à Londres et ailleurs, en lien avec l'actualité perturbante que Luv, experte en biologie, sorte de fil rouge du roman , vit avant de se déplacer au Groenland.
    Les descriptions des biotopes, qu'ils soient humains (militaire, inuit, sauvage) ou animaux, restituent avec une grâce non dénuée de pudeur toute la noblesse de l'inlandsis, le permafrost nordique hostile et glacé.
    La tension que Sonja Delzongle distille dans ce roman est de celles qu'on aime retrouver. C'est un très beau roman, lumineux dans la nuit polaire, que l'auteur nous offre là.

    19/08/2019 à 13:03 6

  • Ce qu'il nous faut c'est un mort

    Hervé Commère

    7/10 Pas d'accroc sur le style de l'auteur, l'écriture est maitrisée, douce et harmonieuse comme un beau tissu de sous-vêtement.
    Malgré quelques longueurs, les pages s'enchainent facilement et j'ai été transportée dans ce village de Normandie. Mais la Normandie ou ailleurs, finalement ce sont les personnages qui font le roman, comme dans tous les livres d'Hervé Commère.
    Toutefois, j'ai trouvé que l'histoire était un peu convenue, le côté chronique d'une mort annoncée ne m'a pas fait vibrer et je n'ai pas été emballée par la folle empathie ressentie pour les personnages des précédents romans de Commère.
    Je ne saurais dire à quoi tient ma déception, est-ce la pub autour du livre ou mon impatience à renouer avec l'auteur depuis Imagine le Reste qui m'avait conquise ?

    16/03/2016 à 14:34 6

  • Condor

    Caryl Férey

    10/10 "Esteban était trop lucide pour croire en lui-même, et pas assez ravagé pour entrainer quelqu'un dans sa chute."
    Caryl Ferey est de retour de manière somptueuse avec ce roman volcanique et poétique.
    J'ai rencontré des personnages vivants, bruts, entiers, dans des décors typés avec une histoire racée et fine. Hypnotisée, j'ai aussi découvert l'histoire du Chili et de ses figures, tissée entre hier et aujourd'hui, emprisonnée dans une théâtralité où chacun tient un rôle.
    En deux mots, le titre parle du nom de code du plan pour éliminer les opposants au régime Pinochet. Mais il en faudrait des milliers pour évoquer les sensations à la lecture de ce roman que je ne peux pas résumer. Ce roman pépite m'a vidée de tout souffle.
    L'amour, peut-être, en filigrane, partout.

    07/03/2016 à 22:18 6

  • Dix

    Marine Carteron

    8/10 Fan inconditionnelle de l'oeuvre de laquelle s'inspire Marine Carteron, j'ai beaucoup aimé ce roman qui n'a pas à rougir de la comparaison. Les personnages ont tous quelque chose à se reprocher et on devine assez vite autour de quoi le lien est tissé. Cependant, la tournure des évènements ne laisse place à aucun temps mort, et l'épilogue donne encore un peu plus de saveur à l'ensemble.

    13/06/2019 à 05:34 6

  • Fantazmë

    Niko Tackian

    7/10 J’imaginais voyager tranquillement dans la suite de “Toxique” mais j’y ai trouvé bien plus qu’une promenade de santé. J’ai pensé de nombreuses fois au Festin du Serpent (Gilberti) et au Pilgrim de Terry Hayes, références dues à la documentation précise et au contexte géopolitique permanent qui fonde la base de l’intrigue. Sans surprise, ce roman déroule ses événements de manière séquencée, brute et avec force réalité. C’est la plupart du temps très visuel et cette écriture garantit une immersion haletante du lecteur. On ferme le roman avec l’envie de vivre encore un peu avec les personnages ...

    20/01/2018 à 22:42 6