Horatio

294 votes

  • Moisson rouge

    Dashiell Hammett

    8/10 Une ville rongée par la violence et la corruption, des gangs qui tirent les ficelles dans l'ombre, un privé aux nerfs d'acier qui va mettre le feu aux poudres... Évidemment on a déjà vu tout ça un certain nombre de fois aujourd'hui, mais Moisson rouge se lit encore avec plaisir grâce au style de Hammett. Il est cependant dommage que l'intrigue s'égare un peu dans la dernière partie.

    29/08/2010 à 20:11 3

  • Dashiell Hammett mon père

    Jo Hammett

    8/10 Ce petit livre est très éloigné du pavé que représente La Mort c'est pour les poires, mais l'intérêt est ailleurs. La fille de Hammett, Jo, y raconte son histoire familiale, simplement et sobrement, et certaines pages n'en sont que plus émouvantes. L'ouvrage comprend aussi de nombreuses photographies. Bref un achat intéressant pour les amateurs de l'auteur du Faucon maltais.

    23/01/2021 à 10:04 4

  • Dans la forêt

    Jean Hegland

    9/10 Il n'y a que peu d'action dans ce roman mais on s'en moque complètement, puisque son intérêt est ailleurs. On commence à lire et on se retrouve happé par le texte, par la nature qui est partout présente, rude et belle à la fois, et par la vie elle-même, puisque d'une certaine manière c'est un condensé de vie en 300 pages. Comme d'autres lecteurs l'ont fait remarquer, l'écriture est très sensuelle et beaucoup de thèmes sont abordés, le plus souvent sans grandiloquence mais tout en profondeur, et quand j'écrivais qu'il ne se passait pas grand-chose en vérité je ne parlais que d'événements visibles, puisque la vie bouillonne et s'embrase à l'intérieur des héroïnes. Dans la forêt ne plaira clairement pas à tout le monde, mais c'est une expérience intense à tenter.

    11/04/2019 à 09:23 9

  • Jack l'Eventreur démasqué

    Sophie Herfort

    8/10 À la lecture de ce livre, on se rend rapidement compte que l'enquête de Sophie Herfort a été menée de façon très sérieuse, et les arguments avancés au fil des chapitres se révèlent pour le moins troublants et convaincants. Il est seulement dommage que le ton de l'auteur soit parfois péremptoire, et également que ses recherches (pourtant impressionnantes !) soient assez mal mises en valeur. Un livre à lire en tout cas, qu'on soit ripperologue ou pas.

    11/10/2011 à 20:30

  • Blaireau se cache

    Tony Hillerman

    8/10 Une enquête intéressante, sur un rythme nonchalant qui semble aller de pair avec les immenses solitudes des Four Corners. Les personnages principaux, très fouillés, constituent une bonne part de l'intérêt du roman.

    28/11/2010 à 12:13

  • Là où dansent les morts

    Tony Hillerman

    7/10 C'est toujours un plaisir de retrouver Joe Leaphorn, même s'il faut bien reconnaître que tout n'est pas parfait dans ce deuxième roman de Tony Hillerman. Le rythme en est très lent, ce qui n'est pas forcément un problème, loin de là, mais dans ce cas particulier j'ai eu vraiment l'impression à la fin de ma lecture qu'il ne s'était quand même pas passé grand-chose. Plus ennuyeux, j'ai eu du mal à m'intéresser véritablement à l'enquête... Mais la précision des descriptions des coutumes navajos et zunis donne sa vraie saveur au livre ; de plus, l'amertume est omniprésente, à la fois dans le contexte et dans l'intrigue, avec notamment un final très sombre, et j'ai beaucoup apprécié ce réalisme désabusé.

    11/10/2014 à 09:10 2

  • La voie de l'ennemi

    Tony Hillerman

    7/10 Le premier polar de Tony Hillerman, qui voit aussi la première apparition de Joe Leaphorn - même s'il est plus juste de remarquer que le véritable personnage principal du roman est l'anthropologue Bergen McKee. L'intrigue est un peu longue à se lancer, mais La voie de l'ennemi est agréable à lire et constitue une bonne mise en bouche pour la suite des aventures du "Célèbre Lieutenant".

    09/03/2011 à 11:47

  • Le premier aigle

    Tony Hillerman

    7/10 Deux personnages attachants pour une enquête peut-être un peu trop convenue. La présentation des cultures et des coutumes des Navajos et des Hopis est d'autant plus intéressante qu'elle est partie intégrante du récit, et n'est jamais traitée comme un exercice scolaire ou folklorique. Un livre qui donne envie de se plonger plus avant dans l'œuvre de Tony Hillerman.

    27/11/2010 à 12:00

  • Couché dans le pain

    Chester Himes

    7/10 Une ambiance à la Hammett pour ce troisième volet du cycle de Harlem de Chester Himes, qui s'attache à faire de chaque personnage un coupable possible. Cercueil et Fossoyeur sont encore une fois un peu en retrait, laissant la part belle à un caïd et aux femmes qui l'entourent. Un sympathique moment de lecture.

    10/04/2011 à 20:29 2

  • Il pleut des coups durs

    Chester Himes

    7/10 La suite des aventures de Cercueil et Fossoyeur, les deux flics flingueurs de Harlem. Chester Himes livre ici un roman de qualité, mais qui souffre de la comparaison avec La reine des pommes, plus abouti à tous points de vue. Personnages et situations sont toujours déjantés, et la critique sociale est au cœur de l'intrigue, même dans les non-dits : lorsqu'un Blanc est abattu, c'est le branle-bat de combat dans le quartier (jusqu'aux huiles qui débarquent) ; lorsque c'est un Noir par contre...

    06/04/2011 à 09:29 2

  • La Reine des pommes

    Chester Himes

    9/10 À Harlem se côtoient pêle-mêle misère et argent (souvent mal gagné), escrocs et gogos, violence et absurdité. Tous les ingrédients qui se retrouvent dans ce polar mené tambour battant, qui peut parfois se révéler difficile à lire. Les personnages sont tous plus loufoques les uns que les autres, que ce soit Jackson, l'imbécile crédule au point de tomber dans toutes les arnaques, son frère Goldy qui se déguise en bonne sœur pour quêter dans le quartier, ou encore Ed Cercueil et Fossoyeur Jones, les deux flics impitoyables qui deviendront les personnages emblématiques de Chester Himes, et qui n'ont ici qu'un rôle secondaire. Bourré d'humour et désespéré à la fois, ce pur roman noir se dévore sans retenue.

    27/03/2011 à 12:35 3

  • Le châtiment des hommes-tonnerres

    Michel Honaker

    8/10 Ce roman constitue une belle entrée en matière pour une série qui augure du meilleur. Le livre est court et se lit vite, le style de Honaker est simple mais efficace, et on peut s'imaginer très facilement ces décors du grand Ouest encore sauvage. Le mélange western/fantastique n'est pas nouveau (Mark Sumner est déjà passé par là, entre autres) mais prend parfaitement. Bref, vivement la suite !

    24/10/2011 à 20:35 3

  • À jeter aux chiens

    Dorothy B. Hughes

    8/10 Dorothy B. Hughues, plus de quinze ans après l'excellent Un Homme dans la brume, fait une nouvelle fois la preuve de son talent avec À jeter aux chiens. Si ce roman est moins ambitieux et aussi moins marquant, il se lit tout de même d'une traite grâce à un suspense toujours aussi efficace. L'auteure met subtilement le doigt sur un racisme qui ne s'affiche plus aussi ouvertement qu'avant, mais qui reste présent par des petits détails et des réflexions ; les personnages principaux, bien que Noirs, ont une bonne situation, ce qui limite un peu son impact, mais tout cela ne demande qu'à se réveiller... Une lecture vraiment plaisante, qui va à l'essentiel.

    28/09/2019 à 19:53 6

  • Chute libre

    Dorothy B. Hughes

    7/10 Compte tenu de ce que j'avais déjà lu de Dorothy B. Hughes, je m'attendais à un roman noir (et bien noir) mais il s'avère que Chute libre est plutôt un roman d'espionnage. De fait, l'intrigue générale du roman, inutilement embrouillée, ne m'a pas plus convaincu que ça. Je me suis perdu dans les différents personnages, parfois assez proches les uns des autres ; par exemple, les trois femmes qui jouent un rôle important dans l'histoire sont toutes plus ou moins des "femmes fatales". J'ai eu d'autant plus de mal à raccrocher les wagons qu'on se retrouve plongé en permanence dans les pensées du personnage principal, et que celui-ci, revenu brisé de sa captivité et des tortures subies lors de la Guerre d'Espagne, ne sait pas à qui se fier et soupçonne tout le monde. C'est d'ailleurs la grande force du roman, de parvenir à faire ressentir la paranoïa et, de manière plus générale, l'espèce de fièvre qui dévore le "héros" qui oscille en permanence entre auto-persuasion, sentiment de culpabilité, doutes et angoisses. Le rythme même des phrases, sèches, saccadées et sautant parfois d'un sujet à un autre, contribue beaucoup à la sensation d'urgence et de tension. Quelques années avant Un homme dans la brume, Dorothy B. Hughes démontre déjà qu'elle a un talent incroyable pour nous faire ressentir toute la complexité des sentiments humains. Malgré ses défauts, cette Chute libre est donc une lecture étonnante !

    27/01/2021 à 09:46 4

  • Et tournent les chevaux de bois

    Dorothy B. Hughes

    9/10 Le pitch de ce roman ne m'emballait pas plus que ça, mais tout ce que j'ai lu de Dorothy Belle Hughues jusqu'alors m'ayant au minimum intéressé, voire scotché dans le cas d'Un Homme dans la brume, me voilà lancé ! Et j'ai bien fait, car ce roman sorti en 1946 est impressionnant... à sa manière. On retrouve le grand point fort de l'auteure, à savoir sa capacité à nous enfermer dans la tête de son personnage principal, ce qui donne certes un récit décousu, maltraité à coup de phrases lapidaires et d'impressions jetées comme elles viennent, mais cette technique nous immerge aussi complètement dans les pensées, les peurs et les vices de Sailor, homme peu sympathique au premier abord, venu se faire payer ce qu'on lui doit. Et là on a donc droit à une véritable descente aux enfers, puisque la Fiesta au Nouveau-Mexique vue à travers les tourments et les quasi-hallucinations de Sailor est effrayante, elle prend aux tripes, elle donne la nausée, au point que certaines descriptions sont pratiquement des scènes d'horreur. Il ne se passe pas grand-chose, voire rien, on revient tout le temps aux même endroits et on croise tout le temps les mêmes personnages, à la manière d'un supplice mythologique, chacun luttant en vain contre son destin ou l'acceptant au contraire avec résignation. C'est beau et triste, c'est lancinant, ça sonne juste. Comme on ne connaît que ce que pense le personnage principal, et qu'il se ment aussi beaucoup à lui-même, énormément de points resteront dans l'ombre, mais quelle importance ? En parlant d'ombre, le ton du roman est noir, très noir, à la manière du hardboiled d'alors mais dégraissé d'une bonne partie de ses clichés, Hughues se permettant même de jouer avec celui de la femme fatale chère au genre. Bref, on est entre du Dashiell Hammett pour l'intrigue et du Jim Thompson / James Ellroy pour les personnages ambivalents et le côté poisseux, impitoyable et amer. Il y a pires comme comparaisons, et après ce livre je me demande encore pourquoi les romans de Dorothy B. Hughes restent toujours assez confidentiels, tant les quelques romans que j'ai pu lire d'elle me donnent la certitude qu'il s'agit d'une très grande écrivaine de Noir.

    20/07/2021 à 09:08 2

  • Un homme dans la brume

    Dorothy B. Hughes

    9/10 Ce roman est assez incroyable... Il sort en 1947, les techniques de profilage ne sont pas à l'ordre du jour, rien n'est formalisé même si certains enquêteurs ont certainement repéré tout un tas de signes récurrents dans les modes opératoires, les profils, etc., et pourtant le tueur en série décrit par Dorothy Belle Hughes est vraiment crédible, tant au niveau de son comportement que de sa psychologie. Loin d'être un surhomme du mal, c'est monsieur Tout-le-monde : il doute, il s'apitoie sur lui-même, il rêve d'intégrer la haute société, il se sent seul... On le suit dans sa vie de tous les jours, on connaît ses pensées et on devine que ça va mal se terminer, mais quand et de quelle manière ? Le livre se lit tout seul, il est passionnant de bout en bout. Petit bonus : la postface de Megan Abbott, consacrée au "hard-boiled" et à ses personnages, est remarquable.

    20/08/2019 à 17:53 9

  • Total Khéops

    Jean-Claude Izzo

    8/10 Un livre attachant et très bien écrit, tout entier centré sur deux figures de proue : Fabio Montale et Marseille. Montale est torturé, insatisfait du monde, de sa ville et de lui-même, de son incapacité à accepter la vie telle qu'elle est. Loser magnifique, il traverse le roman comme un spectre habité par son passé, hanté par ses amis et les femmes de sa vie. Tout comme lui, Marseille est complexe, difficile à appréhender sous toutes ses facettes. L'intrigue, sans être inintéressante, s'efface devant ce duo, et le style d'Izzo laisse filtrer les couleurs, les odeurs, les sonorités, les sentiments... Au risque parfois d'en faire un peu trop, surtout en ce qui concerne l'introspection de Montale, parfois envahissante, mais le plaisir est bel et bien là.

    26/09/2010 à 10:21 2

  • La Loterie

    Shirley Jackson

    7/10 Ce recueil comporte 20 nouvelles qui, à l'exception de la nouvelle éponyme, n'ont pas été reprises dans l'édition Rivages/Noir. Il s'agit donc d'une bonne affaire pour les amateurs de Shirley Jackson ! On y retrouve tout ce qui fait le sel de ses histoires, même si elles sont ici plus axées sur une ambiance décalée, étrange, plutôt que sur la cruauté voire le sadisme. La plupart des textes sont tout de même d'un niveau inférieur à ceux de l'édition Rivages, mais quelques-uns m'ont laissé une si forte impression ("La Dent", "L'Amant diabolique") qu'ils justifient amplement la lecture de cette édition.

    15/05/2020 à 11:50 2

  • La Loterie et autres contes noirs

    Shirley Jackson

    8/10 Rivages poursuit sa réédition des principales œuvres de Shirley Jackson avec ce recueil de 13 nouvelles, dont la fameuse Loterie. Jackson excelle dans l'art d'instaurer une ambiance dérangeante, voire malsaine : quelque chose ne va pas, tout ne se déroule pas normalement ; le lecteur s'en rend bien compte mais il est difficile de savoir ce qui cloche. À d'autres moments, il semble évident que ces histoires vont mal finir, mais pourtant les personnages principaux ne paraissent pas en avoir conscience et continuent leurs petites vies, jusqu'à ce que... Pas de grands effets ici, tout est très feutré, et surtout psychologique : le problème est toujours à l'intérieur (des têtes, des maisons, des communautés), invisible, n'attendant qu'une chose, souvent insignifiante ou absurde, pour ressurgir. Le style employé, mais aussi la description d'un quotidien banal en apparence ainsi que le côté très "interne", ne plairont pas à tout le monde, mais pourtant ces textes sont des classiques qui restent terriblement efficaces. À noter qu'à part la nouvelle éponyme, ce recueil ne contient que des textes différents de ceux de l'édition sortie chez Pocket dans les années 90.

    13/08/2019 à 10:27 7

  • La Maison hantée

    Shirley Jackson

    9/10 Ce roman est étonnant, comme toutes les histoires écrites par Shirley Jackson j'imagine ; Nous avons toujours vécu au château est de la même trempe, bien que très différent. Que se passe-t-il vraiment dans cette maison ? Et dans la tête d'Eléonore ? Car au final ce sont ses pensées qui mettent le plus mal à l'aise. On peut supposer que c'est la maison qui l'appelle et qui attise ses sentiments mais rien n'est sûr, d'autant que les attitudes des autres personnages sont étranges également. A moins que nous ne les voyions que par le prisme d'Eléonore... Bref, si vous êtes le genre de lecteurs à vouloir des réponses et de l’esbroufe vous n'en trouverez pas ici. Shirley Jackson tisse de la dentelle, et c'est justement cette finesse et ce côté éthéré et "sensuel"qui rendent ses récits aussi malsains et dérangeants.

    04/11/2017 à 11:36 8