JohnSteed

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  • Le Cimetière de la mer

    Aslak Nore

    8/10 Vera Lind, grande fortune du Danemark, fut une romancière avec un petit talent. Elle fut surtout la seule héritière de défunt son mari, l’immense armateur Thor Falck. Son fils, Olav, tout jeune bébé et elle firent partie des quelques rescapés du naufrage du DS Princesse Ragnhild, causé par une mine anglaise le 23 octobre 1940.

    Alors que l’anniversaire du naufrage va se tenir prochainement, Vera Lind se suicide dans des conditions mystérieuses. Si le suicide ne fait pas de doute, le fait que l’on ne retrouve pas son testament laisse la famille dans une incompréhension totale. Pour Olav, la perte du testament ne constitue pas une gêne quelconque : étant le seul héritier direct, comme le prévoient les statuts des sociétés, il demeure l’unique dirigeant des sociétés.
    Mais il va autrement pour sa fille, Sasha. Très proche de sa grand-mère, ne comprenant pas ce geste désespéré, elle va tenter d’apporter la lumière sur l’histoire de son aïeule. Vera Lind avait, avant de se donner la mort, rencontré et beaucoup échangé avec Hans Falk, fils du premier mariage de Thor, mais laissé de toute succession de la richesse de son père. Sasha va découvrir que le dernier livre écrit par Vera Lind, Le cimetière de la mer, ayant été censuré par les autorités, contient toutes les réponses et la vérité sur sa famille. Sa grand-mère lui laisse un message dont elle devra exécuter le jeu de piste pour mettre la main sur le seul exemplaire encore disponible. Elle pourra ainsi comprendre toute la vie de sa famille.

    Jeux de pouvoir, conspiration, décryptage de la société danoise, Aslak Nore propose une saga familiale très intrigante, un roman rempli de mystères. A aucun moment, même si je déplore quelques longueurs, on ne s’ennuie à la lecture de ce livre très séduisant. On découvre des personnages aussi complexes qu’attachants, une histoire mêlant les petites et la Grande, le passé et le présent. J’appréhendais de me perdre dans les membres de la famille (avec une langue danoise moins facilitante) mais la présence d’un arbre généalogique facilite la compréhension des liens familiaux. Somme toute, un livre plaisant.

    22/05/2023 à 15:45 3

  • Pension complète

    Jacky Schwartzmann

    8/10 Dino Scala, originaire de la banlieue la plus craignos de Lyon, est allé tenter l’aventure au Luxembourg. Mais si celle-ci a tourné court, il y a fait la connaissance de Lucienne, une riche septuagénaire, de près de 30 ans son aînée. Du coup, Dino, sans un rond ni travail, passe pour le gigolo de service. Mais rien ne va plus pour Dino. Il se coltine sa belle-mère, victime d’un AVC, et puis il y a la venue de Jean-Pierre (alias Chiant-Pierre), un aide à domicile qui lorgne sur les deux vieilles. Sa vie tourne en rond, et se rend compte qu’il vit trop aux dépends de l’argent de Lucienne. Et il n’aime pas quand on le lui fait remarquer. Suite à une altercation sur ce sujet, et pour éviter plainte et poursuite judiciaire, Lucienne demande à Dino de se mettre quelque temps au vert.

    Dino décide d’aller à Saint Tropez, passer quelques jours sur le yacht de Lucienne. Mais suite à des soucis techniques, il se trouve coincé au camping de la Ciota, les Naïades. Il y rencontre un Prix Goncourt, Charles Desservy, qui tente d’écrire son prochain roman. Le séjour de Dino sera perturbé, entre Chiant-Pierre qui tente de prendre sa place au Grand-Duché, les meurtres qui se déroulent dans le secteur… Bref, rien ne va plus pour lui. Mais Charles Desservy est un ami, un grand ami qui veut le bien de Dino.

    Plonger dans les histoires de Jacky Schwartzmann constitue toujours un agréable moment de lecture, faite de situations drôles accompagnées de propos tout aussi satiriques que subtils. Pension complète est rempli d’humour et de personnages décalés. Un régal.

    22/05/2023 à 14:11 5

  • Kasso

    Jacky Schwartzmann

    8/10 Jacky Toudic doit quitter sa ville d’adoption, Marseille, pour retrouver sa ville natale, Besançon, où sa mère, atteinte d’Alzheimer, doit intégrer un EPHAD spécialisé. C’est l’occasion de retrouver la maison familiale, où toutes les pièces débordent de livres, résultats de parents anciens prof de philo, et les quelques rares potes longtemps perdus de vue, pour raconter les sempiternels souvenirs d’ados et rapporter les nouvelles des uns et des autres (#copainsdavant). Histoire de conjuguer l’utile à l’agréable, via Tinder, aussi pécho une rencontre d’un soir. Pas difficile pour Jacky, étant son sosie parfait, qui se fait passer pour Mathieu Kassovitz. D’ailleurs, Jacky en a toujours joué, en a même fait son « métier ». Car on peut le qualifier d’arnaqueur professionnel. Et ce soir, c’est Zoé qu’il rencontre. Et qui part tout de suite après avoir « juste » pris un verre, partie sans « au revoir-merci ». De quoi vexer le mâle et la recontacter. Et ça matche entre les deux. Zoé, avocate fiscaliste, va pouvoir aider Jacky à monter ses arnaques. Et même réaliser un gros coup : arnaquer des millions pour la réalisation du film La haine 2…

    Je continue à découvrir l’œuvre de Jacky Schwartzmann et je savoure une fois de plus sa prose satirique remplie de réflexions et de propos mélangeant humour noir et ton décalé. Parsemé ici et là de références musicales, littéraires ou cinématographies que je partage, histoire de génération, je pense. C’est irrésistible et rafraichissant. L’histoire est moins rythmée que celle de ma précédente lecture, Demain c’est loin, mais toujours aussi prenante. Les sourires et les rires sont toujours au rendez-vous et on referme le livre en essayant d’avoir en stock un autre Jacky Schwartzmann pas très loin, car le manque se fera ressentir très rapidement.

    17/05/2023 à 10:32 9

  • Les magiciennes

    Pierre Boileau

    7/10 Pierre Doutre a passé toute son enfance loin de son père et de sa mère, placé en internat chez les Jésuites à Paris. Seules quelques visites sporadiques de son père cassent la routine. Jusqu’à l’annonce du décès de ce dernier et le départ de Pierre pour assister aux obsèques. Il découvre le véritable métier de son père : prestidigitateur dans un cirque parcourant les plus grandes villes d’Europe. Il rencontre également celle qui n’est jamais venue le retrouver durant toute son éducation, sa mère, Odette.

    Pierre ne souhaite plus rentrer à Paris, et, fasciné par ce monde du cirque, poursuivre la carrière de son père. Mais Pierre doit tout apprendre. C’est la découverte des jumelles Hilda et Greta qui va le motiver à réaliser un spectacle de magie avec les deux sœurs. Ils vont rencontrer un succès remarquable. Lui amoureux transi des jumelles, qu’il ne discerne pas, qui ne parlent pas la même langue, va instaurer un jeu de séduction qui va tourner au drame. Hilda est retrouvée morte, une corde au cou lui ayant ôté la vie.
    C’est la descente aux enfers pour Pierre : le décès de Hilda sonne, outre son amour pour la frangine, l’arrêt du spectacle. La déprime le guette. En hommage à cet amour perdu, il montera un dernier spectacle, la représentation de sa vie…

    Le duo apporte avec Les magiciennes une atmosphère de magie avec ce cirque, ces personnages touchants et ces spectacles fascinants formés par ce trio d’amoureux Pierre, Hilda et Greta. Je regrette cette intrigue qui ne se développe que vers la fin de ce livre. Je m’imaginais une machination machiavélique, comme dans Sueurs froides, les ingrédients étant présents, mais je n’ai lu qu’un pâle roman noir.

    16/05/2023 à 14:57 3

  • Cinq cartes brûlées

    Sophie Loubière

    8/10 C’est en parcourant les lauréats du Prix Landerneau que j’ai découvert à la fois ce livre et cette autrice que je ne connaissais ni l’un ni l’autre. Cinq cartes brulées a remporté ce Prix décerné par les Espaces culturels Leclerc en catégorie Polars, en 2020. Sophie Loubière signe avec ce roman psychologique d’une intensité rare et éprouvante pour le lecteur.

    La romancière française nous dévoile la vie de Laurence Graissac, cette fille dont on apprend page après page, comment la vie fut dure pour elle. Et dès le début, dès sa naissance avec une sœur jumelle morte née. Le prénom dont elle fut baptisée en référence à une défunte tante suicidée. Oui, tout est sombre dans la vie de Laurence, d’autant qu’elle a un frère aîné qui ne l’épargne pas, la rabaisse au quotidien. Il n’y a que vers son père qu’elle peut se tourner, celui qu’elle aime par-dessus tout. Au point que cet amour va être la cause de la désintégration de la famille. Laurence va être la cause de la déchéance de la famille et ni son frère ni sa mère ne lui pardonneront. Elle construira sa vie faite de harcèlements et de convoitise dont elle saura mettre à profit et à en jouer de manière terrifiante.

    Cinq cartes brulées ne dévoile son mystère que page après page. Un roman noir dont le rebondissement final scotche le lecteur d’un dénouement aussi inattendu qu’effrayant.

    15/05/2023 à 14:17 3

  • Demain c'est loin

    Jacky Schwartzmann

    8/10 Première entrée en matière dans l’œuvre de Jacky Schwartzmann dont j’ai beaucoup lu d’avis très positifs et dont le style pouvait me séduire : scénario décalé, situations cocasses, humour noir,… Et avec Demain c’est loin, je n’ai pas été déçu, tous ces éléments étant bien présents. Oui, c’est drôle, cocasse. A chaque ligne, on sourit à cause d’une remarque ou d’une réflexion de ce François Feldman qui cultive l’autodérision et le second voire le troisième degré. Peu importe que les situations dans lesquelles se trouvent les protagonistes semblent improbables, non ce qui compte avant tout c’est de passer un moment de franche rigolade. C’est peu dire que je vais continuer à découvrir le reste des livres du Français.

    15/05/2023 à 08:59 7

  • Dehors les chiens

    Michaël Mention

    8/10 Michaël Mention est un auteur talentueux. Il renouvèle constamment la trame de ses romans, les genres, les époques, les lieux,… mais toujours avec une maitrise, une passion qui transpirent dans son œuvre. Le lecteur, happé par l’urgence de l’écriture coup de poing, ne peut pas lire ses livres : il les dévore.

    Ce fut le cas pour moi avec Dehors les chiens. 1866, Californie, Crimson Dyke est un agent fédéral des Services secrets en charge de capturer les faux monnayeurs. Il a toute une liste de bandits sans scrupules qui réalisent des faux billets. Mission périlleuse dans ce coin des Etats (pas tout à fait très) Unis. Si les Indiens font encore régner la terreur, ce sont surtout les hommes blancs avides de pouvoir (hommes politiques, sheriff, juge,…) dont il faut se méfier le plus. Mais Crimson Dyke est surtout intrigué et attiré par cette maîtresse d’école qui assurent les remplacements dans tous les comtés avoisinants. Et quand des crimes horribles sont perpétués, il garde un œil sur la belle et charmante institutrice, pour veiller à ce que rien ne lui arrive. Et veiller à capturer le meurtrier. Surtout qu’ici, les hommes non blancs passent facilement pour les coupables.

    Les descriptions subtiles subliment le cadre du Far-West, les dialogues crus et percutants accentuent les personnages. L’intrigue est concise et alléchante. Il y a du sang, des indiens, de la violence crue et de la passion à la sauce cowboy (faut pas vous attendre à des scènes ultra passionnées, c’est pas Arlequin Michaël Mention non plus !!). Encore une fois, l’auteur français a fait mouche. Ce livre est une réussite et pourra séduire même les détracteurs des westerns.

    12/05/2023 à 09:53 8

  • Le Grand Soir

    Gwenaël Bulteau

    8/10 Après avoir beaucoup aimé son précédent livre, La République des faibles, c’est avec un immense intérêt que je me suis plongé dans la lecture de Le grand soir. Gwenaël Bulteau continue dans le registre du roman noir historico-social ou socio-historique. Après le Lyon fin XIXème, Le grand soir s’ouvre sur le Paris de 1905. Après la lutte des classes, on découvre la lutte des sexes avec le combat des femmes pour une reconnaissance de leurs droits. Mais également avec le développement des mouvements extrêmes voire anarchistes qui rêvent de renverser l’ordre social établi par la bourgeoisie.

    C’est dans ce contexte que Lucie Desroselles parcourt les réunions clandestines des féministes. La jeune fille souhaite retrouver sa cousine, Jeanne, disparue du jour au lendemain, sans que la police porte un grand intérêt à son absence. Parallèlement, Mme Sorgue harangue les ouvriers à lutter farouchement contre les injustices dont ils sont sujets. Figure forte depuis la disparition de la défunte communarde Louise Michel, cette meneuse syndicaliste n’a foi que dans le prochain 1er Mai qui doit sonner le glas au grand capitalisme.

    Le grand soir n’a pas à rougir de son prédécesseur, tant l’aspect historique et la trame sombre de cette période sont bien retranscrits. Les personnages, réels et fictifs, sont bien campés dans cette intrigue. Il manquerait peut-être un crime sordide, réel ou non, comme point de départ pour faire de ce livre une vraie réussite. Je suis peut-être exigent, mais on peut sentir à travers ses livres que l’auteur possède un vrai potentiel dans cette trame historico-sociale qu’il maitrise allègrement bien.

    10/05/2023 à 13:34 8

  • L'Enigme de la Stuga

    Camilla Grebe

    8/10 Lykke Andersen vient d’être incarcérée pour homicide. Elle ne souhaite se confier qu’à Manfred Olsson, l’inspecteur de police qui a mené l’enquête sur l’homicide de la jeune Bonnie, 8 ans auparavant. Cette amie de ses fils jumeaux avait été retrouvée morte, asphyxiée volontairement dans la stuga familiale. Manfred avait été à l’origine de la mise en détention d’Adam et de Harry, les jumeaux. Il les avait interrogés, poussés à avouer car, étant les seuls occupants de cette cabane aménagée, ce ne pouvait qu’être un des deux qui avait tué Bonnie, ce soir de la fête des écrevisses, où la famille Andersen avait organisé une soirée entre amis.

    Cette nuit où tout bascula pour Lykke, épouse d’un célèbre romancier, éditrice en son état, menant jusqu’alors une vie parfaite et confortable. Car désormais elle est obsédée par cette seule question : lequel de ses fils est un meurtrier ?

    Camilla Grebe continue à mener ses lecteurs par le bout du nez, avec ce roman où toute la tension transpire à chaque page. Et cette question sous-jacente qui constituait la trame de son précédent livre : connait-on vraiment ceux qu’on aime ?

    L’énigme de la stuga remet admirablement au goût du jour l’énigme de la chambre close. J’ai été captivé par cette histoire racontée par les deux principaux protagonistes : la mère, Lykke, inculpée d’homicide et l’inspecteur, Manfred, qui voit toutes ces certitudes et sa vie même mis à mal. Une complicité qui va les réunir jusqu’au dénouement inattendu.

    09/05/2023 à 13:20 3

  • Lux

    Maud Mayeras

    6/10 Dans son troisième livre, Maud Mayeras nous offre une histoire déroutante, déboussolante, intrigante. Il faut s’accrocher pour comprendre où l’auteure veut nous emmener. Et percer ce mystère qui s’épaissit à chaque chapitre. Il existe des passages plus faciles de compréhension même si on se doute que toutes ces histoires, tous ces personnages vont s’imbriquer à un moment ou un autre.

    Mais, malgré tout, je trouve ce troisième bouquin en deçà de ses autres livres édités à ce jour. Ce fut peut-être le tort d’avoir lu ses autres romans sans avoir respecté l’ordre chronologique. Car Lux ne peut pas, pour ma part, rivaliser avec Hématome, Réflex ou Les monstres. Loin d’être un mauvais livre, la chute finale est loin d’être au niveau de l’intrigue dégagée tout au long des chapitres et des multiples aller-retours passé présent. Et puis, tout simplement, je crois que je n’ai pas adhéré à ce final, pour lequel je ne peux m’étendre sans dévoiler et gâcher la lecture des prochains bouquineurs.

    28/04/2023 à 11:48 4

  • Noir comme le jour

    Benjamin Myers

    8/10 Avec Dégradation (Prix Découverte Polars Pourpres 2018), Benjamin Myers avait proposé un roman sombre où primaient l’ambiance plutôt que l’action, la nature plutôt que l’enquête. Comme une peinture où les couleurs, et surtout les déclinaisons du noir, racontent tout, à l’image des œuvres de Pierre Soulages.
    Noir comme le jour, suite de Dégradation (même si on peut le lire à part), dresse moins le portrait d’une nature oppressante qu’une tradition de misère, d’isolement physique et psychologique. Une sorte de folklore traditionnel qui raconte le poids de l’histoire dans une lande isolée et éloignée de tout.

    Au fin fond de la vallée des Pennines en Angleterre, une femme, ex-star locale du porno, est trouvée dans une ruelle, lacérée d’un coup de couteau au cou. Ayant frôlé la mort, elle ne peut aider la police locale sur l’identité de son mystérieux agresseur. Roddy Mace, journaliste au Valley Echo, petit périodique local, voit dans cette affaire, un papier qui pourra relancer sa carrière. Mais le Sun, tabloïd qui obtient contre des droits exorbitants l’exclusivité, va faire le buzz sur cette histoire. Et les agressions continuent.

    Tony Garner, un pauvre gosse du village, diminué intellectuellement, ayant eu la mauvaise idée de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment, s’interroge sur sa culpabilité. Pour certains, les raccourcis sont tellement plus simples et faciles qu’il en devient le coupable idéal…

    Plus je découvre l’œuvre de Benjamin Myers, plus je suis fasciné par son style, l’approche sociale de son intrigue, ses personnages hors du commun. Les livres de l’Anglais ne sont pas fait pour plaire au plus grand nombre mais ils méritent d’être lus. En fermant Noir comme le jour, je me suis fait l’amère réflexion que, faute d’être très prolixe, je vais devoir malheureusement attendre que l’auteur se mette à écrire la suite de son œuvre noire pour que je puisse lire d’autres de ses polars. Dommage.

    26/04/2023 à 10:35 5

  • Attends-moi au ciel

    Carlos Salem

    8/10 Piedad de la Viuda, à la veille de ses 50 ans, vient de perdre son mari, riche homme d’affaire madrilène. Mais si les circonstances sont encore douteuses, ce qui l’est moins, c’est qu’il allait partir vivre au Brésil avec une très jeune ukrainienne.

    Piedad, aussi férue de religion que de vielles citations apprises de son père, doit toutefois assurer la direction de l’entreprise dont elle ne connaît rien de son activité. D’autant que de mystérieux personnages mafieux souhaitent faire main basse sur la société. Alors quand une petite voix aussi rebelle qu’effrontée essaie de prendre le contrôle de Piedad, celle-ci décide de se fier à elle, quitte à remettre en cause toute son éducation bien-pensante. Voilà, elle décide de libérer les chaînes et montrer qui elle est vraiment.

    Carlos Salem m’a énormément fait sourire avec son 6ème roman et surtout avec cette charmante et irrésistible Piedad (à moins que ce soit cette femme qui a pris possession du corps de Piedad ???).

    Si la trame de cette histoire est loin d’être originale, le ton décalé, caustique et drôle m’a procuré un agréable moment de lecture. Je redemanderai bien une autre histoire avec le même ton et ce même personnage.

    25/04/2023 à 17:04 7

  • La Rivière rouge

    John Hart

    8/10 Ayant fui sa terre natale suite à une accusation de meurtre, jugé non coupable mais banni par sa famille, Adam Chase revient chez sur ces terres qui l’ont vu grandir, suite à un appel à l’aide troublant de son meilleur ami.

    Mais Adam est agressé, et sa voiture taguée du sale mot « Assassin ». Si quelques personnes sont contentes de le revoir, ses 5 années passées à New-York n’ont rien effacées du drame passé. Alors que, suite à son arrivée, l’agression d’une fille avec qui il venait d’avoir une altercation et la découverte du corps sans vie de son meilleur ami font d’Adam encore un coupable idéal.

    John Hart avec ce livre a emprunté les traces d’un autre auteur où le poids du passé, les secrets de familles constituent la trame de ses œuvres : Thomas H. Cook. John Hart arrive sans problème au niveau de son compatriote. Avec La rivière rouge, il nous tient en haleine avec cette histoire dont on connaitra la fin avec la larme à l’œil. John Hart prouve encore une fois le talent d’écrire, tout en se renouvelant, des histoires bouleversantes empreintes de réalisme et de sentiments profonds.

    21/04/2023 à 11:30 6

  • Retour à Oakpine

    Ron Carlson

    7/10 Beaucoup de douceur dans ce roman de Ron Carlson. Une douce mélancolie se dégage particulièrement de l’histoire de ces 4 copains devenus cinquantenaires, qui se retrouvent dans la maison familiale de Jimmy, malade, revenu passer ses derniers moments dans sa ville natale, Oakpine.

    Jimmy Brand, le grand écrivain, a toujours écrit sur sa ville d’enfance et sur sa vie. Craig Ralston, gérant du magasin familial de bricolage, a toujours voulu rester dans cette bourgade où il a multiplié les exploits sportifs. Mason Kirby, immense avocat, après sa réussite professionnelle à Denver, revient à cette même période à Oakpine avec pour projet de retaper la maison familiale. Frank Gunderson, gérant du bar Sears Outlet de la ville travaille sur son projet de bière locale.
    C’est avec nostalgie que les protagonistes se retrouvent, se rappellent leurs histoires, tentent de renouer avec leur passé en reformant, comme un hommage à la vie et pour Jimmy qui s’éteint un peu plus chaque jour, leur ancien groupe le temps d’un concert.

    Si Ron Carlson dépeint avec beaucoup d’humilité, de justesse et de profondeur l’amitié de ces 4 personnages, j’ai beaucoup moins été touché par cette histoire que par celle de Le signal. C’est très personnel, je sais mais sans vraiment parlé d’ennui, par manque d’originalité, j’ai ressenti une sorte de désintérêt pour cette triste histoire.

    20/04/2023 à 17:01 3

  • Nick

    Michael Farris Smith

    8/10 Michael Farris Smith fait partie des auteurs contemporains que j’apprécie énormément. Depuis que j’ai été subjugué par Le Pays des oubliés, en fait. Son style, ses personnages, ses histoires me touchent quasiment à chaque livre. Même quand je trouve une faiblesse dans son récit, ce qui fut le cas avec Blackwood, il y a toujours un autre élément du roman qui fait mouche. Oui, je trouve cet auteur très talentueux.

    Avec son 5ème roman, l’Américain a pour ambition de s’attaquer au personnage conteur de Gatsby le Magnifique, le chef d’œuvre de Francis Scott Fitzgerald, Nick Carraway. Il a souhaité développer ce personnage avant sa rencontre avec cet illustre, troublant et exubérant voisin, Jay Gastby. Nick est, selon la formule consacrée par les séries télé, un préquel à Gatsby le Magnifique. Mais on peut se plonger dans cette histoire, sans aucune gêne, sans avoir lu, sans même connaître le livre de Fitzgerald. Car Michael Farris Smith développe l’histoire de Nick Carraway en se concentrant sur sa vie personnelle, son parcours, son histoire. Le lecteur rencontre un personnage torturé par la Première Guerre mondiale, blessé par cette passion amoureuse à Paris avec Ella : les fantômes ne sont jamais très loin.

    L’Américain décrit avec justesse de manière quasi chirurgicale les horreurs vécues par les soldats dans les tranchées puis la vie que Nick a essayé de reconstruire, lui qui essaie de fuir sa vie toute tracée en tant que quincailler dans la boutique familiale. Traumatisé, meurtri au plus profond de lui, Nick se fuit pour mieux se trouver. Un roman sombre, comme sait si bien les écrire Michael Farris Smith, sur un personnage très éloigné de ce que j’aurais pu imaginer à la lecture de Gatsby le Magnifique. Cela peut dérouter le lecteur mais si l’on arrive à prendre du recul sur l’œuvre de Fitzgerald on se rend compte du talent de Michael Farris Smith et de la beauté de ce livre.

    20/04/2023 à 15:28 6

  • L'ingénieur aimait trop les chiffres

    Pierre Boileau, Thomas Narcejac

    6/10 C’est l’effervescence à l’usine atomique. Lors de la pause-déjeuner, l’ingénieur Sorbier appelle au secours. Ses collègues montent en à peine une dizaine de secondes à son bureau mais ils ne font que trouver le corps sans vie de Sorbier. Mais aucune trace de l’agresseur qui, au regard de la configuration de la pièce, n’a pas pu disparaître, ni passer inaperçu.
    Le commissaire Mareuil arrive sur place et constate que ce meurtre a été réalisé dans des conditions impossibles pour tout être humain. De plus, le tube contenant l’expérimentation atomique a disparu. Une enveloppe envoyée en recommandé à Sorbier fait peser les premiers soupçons sur son ex chauffeur. Mais très vite, le mystère va s’épaissir…

    Fan du duo, je poursuis la découverte de l’œuvre de ces talentueux comparses. Après Six crimes sans assassin, je retombe sur un roman « énigme en chambre close ». Un thème désuet et bien sûr démodé qui a rendu poussive ma lecture. Pour les amateurs du genre.

    19/04/2023 à 13:21 3

  • Le Loup peint

    Jacques Saussey

    8/10 Ce livre démarre à 100 à l’heure par ce vétérinaire qui vit une véritable descente aux enfers. Culpabilisant de la mort de son fils, délaissé par sa femme, Vincent essaie de vivre là où il trouve son bonheur : dans les bras de sa maitresse. Une nuit, au retour de chez elle, il est poursuivi par une BMW. De cette course poursuite, il arrive à éviter les coups de feu, mais la voiture allemande tombera dans un ravin, tuant 2 des 3 passagers. La 3ème personne arrive à s’enfuir en s’emparant du véhicule de Vincent. Cette personne, pour se venger ira tuer sa femme et son collègue… Vincent est inculpé de tous ces meurtres… Mais qui étaient ces tueurs ? Pourquoi s’en prendre à Vincent, ce quadra à l’existence tragique ?

    La police mène l’enquête. Elle dévoilera un ensemble de ramifications insoupçonnées. Car à l’instar de Karine Giebel, la vie torturée de Vincent n’est que la partie visible d’un iceberg.

    Ce roman foisonnant au rythme effréné m’a beaucoup plu. Ce Loup peint n’a fait que confirmer le bien que j’avais de cet auteur découvert précédemment avec Enfermé.e. Et le petit clin d’œil à Paul Colize et ses comparses Norek & co était très amusant.

    05/04/2023 à 13:45 4

  • Les Ombres du passé

    Thomas H. Cook

    7/10 Pour le lecteur qui connaît l’auteur américain, le trame de ce livre n’apportera aucune surprise. La quête de la vérité sur le passé familial et notamment sur le drame qui a frappé ses membres plusieurs années auparavant sont des thèmes chers à Thomas H. Cook.

    Après plus de 20 ans à vivre seul et sans famille en Californie, Roy revient dans la maison familiale en Virginie pour accompagner son père malade pour les derniers jours de sa vie. Ils affronteront les fantômes, les divergences de personnalités et les vides laissés par un frère suicidé en prison. Mais seule la quête de la vérité permettra de les réunir et leur fera comprendre ce que chacun peut réaliser au nom de l’amour.

    Les ombres du passé n’est pas le meilleur de l’auteur sur ce thème, mais, le temps de 250 pages, il propose une histoire attachante et plaisante.

    29/03/2023 à 15:51 3

  • L'Inconnu de la Poste

    Florence Aubenas

    8/10 Montréal-la-Cluse (petite bourgade de l’Ain) décembre 2008, Catherine Burgod employée de la poste locale, est assassinée de plusieurs coups de couteau. Le ou les coupables partiront avec une petite somme modique.

    De ce fait divers sordide, Florence Aubenas, journaliste, en fait la trame d’un livre. Elle y déroule l’enquête, qui va traîner sur plusieurs années, les présentations des différents protagonistes, dont Gérald Thomassin, acteur en déclin, ayant été consacré césar du meilleur espoir en 1991, qui vivote et vit quasi en SDF. L’accent est mis par l’auteure sur ce personnage qui, par son attitude, ses gestes, ses mots, est présumé coupable, sans avoir réellement de preuves… On découvre ainsi la vie de cet homme, son histoire, sa propension à l’auto-destruction…

    Un livre intéressant avec un style de reportage journalistique qui fait la part belle aux faits sans rentrer dans le jugement ou le parti pris.

    29/03/2023 à 15:24 5

  • Darwyne

    Colin Niel

    8/10 Darwyne Massily vit avec sa mère, Yolanda, dans un bidon ville de Guyane à Bois Sec, un quartier rempli de taudis, près de la forêt amazonienne. Né avec une malformation, Darwyne n’aspire qu’à recevoir l’amour maternel avant qu’un énième amant vienne squatter chez eux, dans leur étroit carbet. Il faut dire que Yolanda est une très belle femme et que les hommes se suivent et repartent sans même dire au-revoir.

    Alors qu’une plainte vient d’être déposée pour maltraitance sur enfant, Mathurine, assistante sociale, doit établir un rapport sur les Massilly. Femme célibataire qui multiplie les FIV pour avoir un enfant, elle rencontre Yolanda et Darwyne et découvre une famille solidaire, unie et forte dans ce quartier pauvre où la misère pousse aussi vite que les arbres. Mais, toutefois, Mathurine veut faire fi des apparences et va tenter de mettre en confiance Darwyne pour qu’il se confie et lui dévoile la vérité.

    Avec Darwyne, on retrouve Colin Niel et l’univers guyanais. Pas vraiment polar, mais un roman sombre malgré tout, avec ce personnage, Darwyne qui m’est apparu comme un petit gamin, qui a du se construire seul dans son monde, la forêt amazonienne, en manque d’amour, mais sensible et rempli de mystères. Et Mathurine, cette assistante sociale, au grand cœur, rempli de bienveillance et d’humanité. Un très beau moment de lecture pour ma part.

    13/03/2023 à 12:20 9