JohnSteed

557 votes

  • Profondeurs

    Henning Mankell

    8/10 Automne 1914, la Suède n’est pas entrée dans le conflit mondial. Mais sa neutralité ne fait pas d’elle un Etat qui néglige la guerre. La Marine suédoise souhaite renforcer ses côtes en actualisant toutes les mesures des routes maritimes.
    Le capitaine Lars Tobiasson-Svartman, hydrographe, se voit confier cette mission. Cet homme est reconnu comme un maître dans la mesure des profondeurs maritime. Il laisse sa femme à Stockholm, et part avec un équipage sonder les fonds des côtes suédoises pour voir si les nouveaux navires de guerre pourraient naviguer sur des nouvelles routes et ainsi déjouer les éventuelles attaques des Russes ou des Allemands. Lors d’une expédition, il découvre une petite île qu’il rejoint seul en petit bâteau. Il constate que vit ici, une femme, une jeune veuve dont il tombe amoureux. Pour la rejoindre après la fin de sa mission, l’hydrographe usera de mensonges auprès de sa femme et de l’Armée suédoise.

    Lars Tobiasson-Svartman adore sonder la mer et calculer la distance entre la surface et les fonds de la mer. Il voit dans sa mission un moyen de mesurer ce qui le sépare de l’existence à la déchéance, de la vie à la mort : un moyen de savoir et de connaître qui il est. Tellement habité par cette distance, Lars Tobiasson-Svartman creusera par ses secrets un abîme, un fossé entre ceux qu’il aime et lui. Se creusera une distance infranchissable. Des profondeurs dont personne ne reviendra indemne.

    Profondeurs est catalogué comme un roman « classique » de Henning Mankell, cet écrivain suédois, mondialement connu pour sa série de polars mettant en scène le capitaine Kurt Wallander. Pourtant Profondeurs doit être perçu comme un roman sombre, voire noir, à l’instar de ceux de Georges Simenon, que l’écrivain belge aurait pu facilement écrire. Ce roman, en racontant la déchéance de Lars Tobiasson-Svartman, est puissamment dérangeant et glaçant.

    20/10/2018 à 10:07 4

  • L'Homme qui regardait passer les trains

    Georges Simenon

    9/10 Kees Popinga marche dans les rues enneigées de Groningue pour vérifier que le ravitaillement de l’Océan III se déroule correctement. Or la citerne de mazout n’est pas venue et les autres provisions n’ont pas été davantage livrées. Aussi consciencieux en tant que fondé de pouvoir qu’il peut être un mari fidèle et un père aimant, Kees Popinga arpente les rues à la recherche de son patron, Julius de Coster en Zoon. Il le trouve au Petit-Saint-Georges, lieu de débauche où Kees Popinga, en bon Hollandais, s’interdit de mettre les pieds. Il rentre malgré tout dans ce débit d’alcool et son patron, ivre, lui avoue qu’il a organisé toute une escroquerie en vue d’entretenir sa maîtresse, Pamela, une danseuse d’Amsterdam. Une mauvaise spéculation sur les sucres l’a complétement ruiné. Aussi, il avoue à Kees qu’il va organiser sa disparition en simulant son suicide dans le canal et refaire sa vie ailleurs.
    Le lendemain matin, loin de ses habitudes de sa vie réglée comme un métronome, Kees Popinga reste alité, et repense aux propos de son patron. Lui qui ne se serait pas permis de penser qu’un endroit au monde pût être plus doux que son foyer, avec sa femme « Maman », et ses deux enfants, qui rougit de honte quand il entend passer un train, réfléchit et envisage d’aller rencontrer la maîtresse de Julius de Coster, cette Pamela, à Amsterdam, histoire de passer du bon temps, lui aussi.

    Simenon n’est jamais aussi talentueux que quand il raconte la descente aux enfers d’un homme normal qui, à la suite d’un événement particulier, découvre que la simplicité de sa vie n’était pas ce à quoi il aspirait. Mais ici Simenon va plus loin que dans les autres livres ayant le même thème : il prend le temps de développer son personnage et les situations qu’il vit. La lettre de Kees Popinga à la presse où il raconte sa vie et qui il est réellement est un passage éprouvant. On ressent un homme qui a besoin de montrer sa vérité, et ce qu’il devait être comme homme, comme mari, comme père. Une vie qu’il s’est inventée. L’homme qui regardait passer le train est pour moi un livre majeur dans l’oeuvre du Belge

    07/10/2018 à 13:46 2

  • Les Cow-Boys

    Marcus Malte

    7/10 Dans une bourgade du Mississippi, le shérif Dan et son adjoint Marty reçoivent des appels alertant d’un type qui se balade en ville avec un lézard de deux mètres de long. Dans cette bourgade qui est vouée à la tranquillité, le shérif va vérifier ce qu’il en est. Il rencontrera des personnages et des situations des plus loufoques (une aveugle qui apprend à tirer à la Winchester, un forniqueur de lamas, …) avant de (véritablement) tomber sur ce type qui se promène avec sa grosse bestiole.

    Le temps d’une nouvelle, Marcus Malte nous dépeint le Mississippi avec ses gens et ses mystères et où les états d’âme d’un cow-boy sensible côtoient les actions d’un autre cow-boy dur à cuire.

    03/10/2018 à 14:50 4

  • Le cri de la fiancée

    Anthony Pastor

    7/10 Julien Ravel, jeune diplômé en médecine, revient passer quelques jours au chalet familiale. Seul, il se remémore son enfance passée dans la montagne quand il entend un cri glacial. Ce dernier provient du chalet voisin, celui des Anthonioz. Après plusieurs appels sans réponse, Julien rentre dans la demeure. Prudemment, il avance dans cette demeure froide, mortellement silencieuse. Il y trouve Franchon, son ami d’enfance, assis au sol, une hâche à la main. Il lui avoue que les cris qui s’éloignent proviennent de sa fiancée.
    S’ensuit un face à face psychologique subliment croqué en noir et blanc par Pastor qui s’achèvera là où les traces de sang s’arrêteront.

    03/10/2018 à 14:48 1

  • Le Corbeau

    Romain Slocombe

    7/10 Pierre Besombes est thanatopracteur, il embaume tous les défunts. Tous sauf celui de sa femme qui s’est suicidée. Depuis sa mort, il prend la vie avec détachement. Il parle aux corps en langues étrangères ou mortes, elles aussi, glisse des objets insolites dans les cercueils à l’insu des familles. Mais toujours une bouteille de scotch à portée de verre. La vie est devenue pour lui une plaisanterie. Alors quand il reçoit une lettre anonyme lui proposant de jouer, il trouve cela amusant. Surtout si c’est au jeu de l’oie. Il a un vieux jeu chez lui. Les lettres suivantes lui annoncent les coups de dés : « qui ira au nombre 31, où il y a un puits, paiera le prix convenu jusqu’à ce qu’un autre, faisant le même point… » …
    Le jeu de l'oie ou la loi du jeu : qu’il soit convenu ou pas, il y a toujours un prix à payer ! Pierre Besombes va l’apprendre et d’autres après lui.

    A l'idée originale, Le Corbeau est une agréable nouvelle signée Romain Slocombe dans laquelle on découvre que le corbeau se transforme en oie et ça fait froid dans le dos.

    02/10/2018 à 18:11 4

  • La Mule du coach

    Dominique Sylvain

    6/10 Alexis est coach personnel : motivation de rugbymen, de jeunes en recherche d’emploi. Voie qu’il a choisi après avoir été radié par l’Ordre des médecins. Fini sa belle vie et le métier qu’il adorait. Et le jour où son ex frappe à la porte, à moitié morte, il reprend du service et lui ouvre le ventre pour en extraire les trente capsules de coke qui la tuaient. Héloïse, sauvée, indique à Alexis qu’elle s’est trouvée à faire la mule pour l’Organisation à Bogota. Imbriqué malgré lui dans cette affaire, Alexis doit connaître qui a pu trahir son ex afin de la blanchir et de la sortir de cette mafia colombienne.

    Dominique Sylvain nous plonge dans cette histoire d’embrouilles à la sauce narcotico-mafieuse. L’histoire aurait pu être intéressante si elle n’avait pas été gâchée par une fin aussi facile, absurde voire illogique.

    01/10/2018 à 11:22 3

  • La Marie du port

    Georges Simenon

    6/10 En ce mardi d’octobre, à Port-en-Bessin, Charles et le Grand-père organisent une collecte suite au décès de Jules Le Flem. Déjà veuf, le marin laisse 5 enfants : Joseph, Hubert, La Limace, Odile et la Marie, la sournoise. Les frères du défunt s’arrangent pour reprendre les trois plus jeunes. Odile vit à Cherbourg auprès de son amant, Chatelard, et la Marie, serveuse au Café de la Marine, aspire à son indépendance.
    Marie, ni belle ni laide, à peine formée du haut de ses 17 ans, les hanches longues et le ventre bombé, les cheveux toujours mal peignés et raides, ne laisse pas insensible Chatelard, le nouvel armateur de Port-en-Bessin. Ce dernier s’arrange pour toujours avoir un prétexte de voir Marie. Cette dernière ne fait que l’ignorer. S’instaure alors un petit jeu entre les deux personnages.

    Loin des livres durs de Simenon, La Marie du port est un roman passionnel à la sauce de l’écrivain belge : froid et introverti. Un livre secondaire dans l’immense œuvre de Simenon.

    25/09/2018 à 09:18 3

  • Cannibales

    Philip Le Roy

    8/10 En 2003, lors d’un séjour en famille à Bornéo, la fille de dix ans du Docteur Ryan Fletcher, Tanya, disparaît. Les recherches s’organisent : le riche médecin et son épouse déploient les grands moyens à coup de fortes primes pour retrouver leur déesse. Il reviendra seul de l’expédition au cœur de la jungle, peuplée de cannibales et de moudjahidines, sa femme morte et lui amputée d’un bras. Une enquête est ouverte, le médecin étant suspecté d’avoir volontairement tué sa femme et sa fille pour hériter de la fortune familiale.
    10 ans plus tard, bien qu’innocenté, le Docteur Fletcher souhaite prouver à l’opinion publique que les peuples cannibales existent bien à Bornéo et qu’ils ont tué sa femme et sa fille. Il monte une nouvelle expédition et va commencer la quête de la vérité qui montrera que ne sont pas obligatoirement cannibales ceux que l’on pense.

    Cannibales constitue une nouvelle effroyable. Mordez à pleines dents dans ce petit roman noir !

    24/09/2018 à 09:34 3

  • La Volupté du billabong

    Hervé Claude

    7/10 Après une journée torride dans le bush, le groupe de touristes campe au bord du billabong, une grande mare à l’eau fraîche, dans le parc australien de Kakadu. Il y a Simone, brillante ingénieure en nucléaire et son mari Steve, écrivain sans succès, qui forme un couple au bord de l’implosion, d’autant qu’Arthur, cet écolo activiste, n’est pas insensible aux charmes de la belle Simone. Il y a également Wanda, la rouquine et ancienne (petite ?) amie de Simone et Jasper, le guide aborigène.
    Mais la randonnée tourne au tragique : Simone ayant voulu se baigner a été happée par les mâchoires d’un crocodile.
    C’est du moins la version avancée par les protagonistes à Anthony Angos, le Police Officer, en charge de l’enquête. Une enquête qui montera que chacun avait peut-être intérêt à la disparition de la défunte.

    Une enquête courte mais efficace proposée par Hervé Claude. Une lecture très plaisante au milieu du bush australien. Dépaysant.

    24/09/2018 à 08:18 2

  • Le soleil se couche parfois à Montpellier

    Antoine Chainas

    6/10 Dans cette nouvelle, Antoine Chainas nous conte l’histoire récente de cette ville de l’Hérault, la 8ème plus grande ville de France, Montpellier, le temps d'une promenade le long du Lez, à travers M. Z. un tueur à gage. Aujourd’hui, M. Z. s’est rangé en bon père de famille et en bon paysagiste.
    Mais M. Z. rencontre fortuitement Anna, son ancienne binôme, qui continue de remplir les exécutions. C’est alors tout le passé récent de la ville qui ressurgit : ses missions, la construction récente de la ville grâce au tandem Georges Frêche- Ricardo Bofill.

    Si Antoine Chainas sait nous captiver dans ses romans les plus dérangeants (« Versus ») voire loufoques (« Aime-moi Casanova »), on reste un peu sur sa faim sur ce format court.

    23/09/2018 à 19:50 4

  • Dernier été

    Patrick Pécherot

    8/10 Ayant assisté au dernier souffle de son lieutenant dans cette guerre franco-prussienne de 1870, son compagnon d’arme écrit une missive à un destinataire dont l’identité ne sera connue que dans les toutes dernières lignes.
    Son lieutenant n’était pas n’importe qui : Frédéric Bazille, illustre peintre impressionniste connu pour son tableau « Réunion de famille ». Le soldat souhaite apporter une nouvelle lumière sur l’interprétation de ce tableau au regard des derniers mots du lieutenant : « Famille… connerie… ».

    Patrick Pécherot propose dans cette nouvelle en forme de lettre à un célèbre écrivain un véritable exercice de style aussi déstabilisant (au début) qu’extrêmement habile et beau (au final).

    23/09/2018 à 13:51 4

  • Que ta volonté soit faite

    Marin Ledun

    8/10 Vendredi 16 août 2013 – 8h31 : Pierre Guyot franchit les portes des visiteurs du Centre pénitencier de Saint-Quentin-Fallavier. Ce qui l’emmène ici, c’est la mort de sa femme, Hannah, froidement assassinée de trente et un coups de couteaux en pleine nuit par le type qu’il vient rencontrer.
    Hannah, cette magnifique femme qu’il a rencontrée au début des années 90 au lycée privé catholique Saint-Joseph de Larmont. Cette magnifique femme victime d’insultes antisémites pour laquelle Pierre a frappé Bertrand de La Tour, ce nazillon. Ce fut ainsi le début de leur histoire amoureuse…
    Pierre Guyot rend visite à celui qui a été condamné à quinze ans de réclusion. Que vient-il faire ? Pourquoi ?

    Dans cette nouvelle inédite éditée par Le Monde et la SNCF, Marin Ledun décortique l’histoire de ce couple qui pourrait être le couple que l’on croise au quotidien dans la rue avec leurs deux enfants, un couple banal au demeurant. Une histoire d’amour dont le fondement, l’essence, le ciment se trouvent ébranlé par les faux-semblant.

    23/09/2018 à 08:35 6

  • La Lionne Blanche

    Henning Mankell

    9/10 3ème opus de la saga de Kurt Wallander, la Lionne blanche marque par son originalité et une tension à toute épreuve. Si certains lecteurs pouvaient regretter la lenteur de l’écriture de Mankell, avec La lionne blanche, l’histoire se déroule à vitesse grand V. Pas de moment de répit, tout s’enchaîne vite, à tel point, qu’arrivant aux dernières pages, je me suis demandé s’il y aurait assez de lignes pour construire une fin.
    Mankell continue d’explorer le monde occidental en disséquant l’Afrique du Sud post apartheid, et le terrorisme mondial. Wallander est pris dans une spirale de conspiration et d’horreur dont il se lèvera très difficilement. Mankell nous offre un livre bourré d’humanisme et d’amour pour ce pays africain pas comme les autres.

    31/08/2018 à 15:02 5

  • Les Chiens de Riga

    Henning Mankell

    8/10 Deux contrebandiers qui reviennent de leur livraison en ex RDA aperçoivent aux larges des côtes suédoises un pneumatique avec, à bord, deux hommes morts. Afin d’éviter que leur trafic soit découvert, ils renoncent d’appeler les secours et remorquent le petit bateau qu’ils larguent avant leur arrivée.
    Ayant échoué sur les plages d’Ystad, Wallander constate que les deux hommes ont été exécutés par deux balles dans la tête. Le bateau n’ayant pas de trace de sang, vu l’état de décomposition, Wallander en déduit que les deux hommes ont été tué très loin de la Suède. Il devient urgent et important de connaître leur identité. Après enquête, il s’avère que ces deux morts sont lettoniens en relation avec la mafia locale. Dès lors, Liepa, un major de la police de Riga est dépêché à Ystad pour vérifier l’enquête. Après avoir confirmé l’identité lettonienne des morts, les autorités décident que l’enquête est transférée aux policiers de Riga.

    Mais Wallander doit rapidement aller à la capitale lettone : Liepa a été tué et les policiers souhaitent avoir son aide, lui qui a côtoyé le major pendant ses derniers jours.
    Riga s’avère être une ville de misère, où la transition démocratique se déroule difficilement. Le passé soviétique y est encore très ancré, et Wallander est constamment suivi, espionné dans ses moindres paroles, faits et gestes et constate que tout est mensonge et trahison.

    Dans ce deuxième opus de la saga Wallander, Mankell explore les méandres des anciens satellites de l’URSS qui ont difficilement vécu l’éclatement de cette mère patrie. Une lecture très intéressante pour cet aspect historique et pour Wallander, bien évdemment, personnage torturé par sa vie privée (les relations avec son père et sa fille, ses problèmes de santé, son questionnement sur sa carrière au sein de la police,… ) même si l’intrigue peut paraître du coup un peu secondaire.

    26/08/2018 à 21:18 5

  • Monsieur La Souris

    Georges Simenon

    7/10 Ugo Mosselbach, vieux, petit et maigre, alias La Souris, fait la cloche entre le quartier de l’Opéra et les Champs-Elysées. Un vrai comédien pour tirer 3-4 francs pour pouvoir boire son litre de rouge : il va de terrasses de café en terrasses de café, aux cinémas pour tenir la porte aux spectateurs, et vers les autos en stationnement pour soutirer quelques sous aux chauffeurs sous prétexte de garder la voiture pendant les spectacles. Mais ce soir de juin, en voulant proposer ce service à un chauffeur, un portefeuille tombe de l’habitacle, ainsi que son propriétaire, sans vie. Mais pour éviter toute implication, La Souris tait l’affaire et prend le maroquin pour le cacher. Il emmène l’argent (environ 150 000 francs en dollars) aux objets trouvés, délestés de quelques biftons. Ainsi, il espère récupérer dans un an et un jour si personne ne réclame cette somme. Il souhaite racheter l’ancien presbytère de sa commune natale. Il garde l’enveloppe au nom de Sir Archibald Landsburry dans laquelle il met la photo d’une jeune femme trouvée dans l’étui.

    L’inspecteur Lognon décide de suivre La Souris. Qualifié de Malgracieux par le clochard, l’inspecteur de la police municipale souhaite montrer qu’il est capable de mener une enquête et ainsi devenir inspecteur à la Criminelle. Il sent que La Souris cache des choses. Ce dernier constate que les journaux ne relatent pas de meurtre. Ils évoquent cependant la mystérieuse disparition de Loëm, le dirigeant d’un grand groupe financier suisse. Rien à voir avec Sir Archibald Landsburry. Pourtant la maîtresse de Loëm correspond à la photo de la femme du portefeuille de Sir Landsburry.
    Lognon souhaite éclaircir cette affaire. Et La Souris, aussi roublard que malicieux, essaie de taire son secret pour pouvoir réaliser son souhait avec ce pactole qui lui tend les bras.

    Un Simenon rare car il propose avec Monsieur La Souris une enquête policière « classique ». Classique chez Simenon ne signifie pas sans intérêt. Bien au contraire grâce notamment à ces personnages de La Souris et de son comparse l’Inspecteur Lognon, qui forment un duo attachant jouant, au jeu du chat… et de (Monsieur) la souris.

    23/08/2018 à 20:33 2

  • Le Cambrioleur en maraude

    Lawrence Block

    7/10 Bernard Rhodenbarr, libraire et cambrioleur à ses heures perdues à New-York, se voit demander par son ami Marty Gilmartin de délester le coffre-fort de Crandall Mapes. Ce dernier, chirurgien plasticien, lui a chipé sa petite amie et Marty veut le lui faire payer. Voler l’argent qu’il se fait au noir à retaper les gueules de la clique new-yorkaise ne doit pas poser de cas de conscience pour Bernie. Après quelques temps de réflexion, ce dernier accepte. Après avoir repéré les lieux, il décide de cambrioler un appartement afin de masquer son futur méfait en une série de cambriolages dans le quartier. Cependant, le vol tourne au cauchemar : la locataire arrive avec son amant d’un soir et Bernie se trouve coincé sous le lit. Il ne peut que constater que l’amant vient de droguer la femme qu’il viole avant de voler le peu que Bernie vient de laisser. Celui-ci, en bon gentleman cambrioleur, va remettre en état l’appartement et chercher à savoir qui est ce criminel.

    Lawrence Block nous offre un épisode des aventures de Bernie à la fois cocasse, drôle et déroutant. La lecture de ce livre est facile, sans prise de tête. Dommage que le dénouement sous forme de confrontation de tous les protagonistes de l’histoire (à la façon d’Agatha Christie) adoptée par l’auteur soit une solution peu trop facile et improbable pour apporter les réponses à l’histoire. En tous les cas, la lecture aléatoire de la série de Bernard Rhodenbarr ne pose aucun problème pour apprécier chaque histoire et le personnage, drôle, cynique et aux valeurs et principes originales.

    22/08/2018 à 20:38 2

  • La Fureur de la Rue

    Thomas H. Cook

    7/10 Birmingham, Alabama mai 1963. Ben Wellman, policier solitaire et intègre, est affecté à la surveillance de Martin Luther King qui, par ses discours aussi puissants que pacifistes, exhorte ses compatriotes à manifester pour faire valoir leurs droits civiques dans cette ville la plus ségrégationniste des Etats-Unis. Il est appelé à se rendre à Bearmatch, le quartier noir de la ville : le corps à moitié enterré d’une jeune fille noire y a été découvert sur le vieux terrain de sport. Elle a été violée après avoir été exécutée d’une balle derrière la tête.
    Ben est sommé par le commissaire Luther de mener à bien l’enquête. Il convient de s’assurer que le Ku Klux Klan n’est pas derrière cette exécution et d’éviter de montrer, en cette période de troubles, que la police n’abandonne pas trop rapidement ses recherches sous prétexte de la couleur de peau de la victime.

    Les rues de feu fait partie des premières œuvres de Thomas H. Cook et on le constate aisément. En effet, on ne trouve pas dans ce polar, ce qui constitue la « touche » Thomas H. Cook. Ici, aucun secret de famille, aucun aller-retour entre le passé et le présent, aucune culpabilité ni rédemption du personnage principal. Nous sommes dans une enquête policière somme toute classique avec cependant un élément historique intéressant mais un peu sommaire et trop mis en arrière-plan à mon goût : le début de la lutte des afro-américains pour leurs droits et contre la ségrégation raciale et le rôle prépondérant du Révérend Martin Luther King.

    17/08/2018 à 15:12 3

  • Meurtriers sans visage

    Henning Mankell

    9/10 En pleine campagne scanienne, région isolée de Suède, le voisin des Lövgren, un couple de modestes paysans en retraite, se réveille en pleine nuit, en ce début janvier 1990. Quelque chose d’inhabituel se produit chez ses voisins : à cette heure bien matinale, le cheval aurait dû hennir et réclamer sa ration d’avoine. Inquiet, il regarde par la fenêtre et ne voit pas son voisin debout. Aucune lumière mais un carreau de fenêtre cassé. Il décide d’aller voir et va constater l’horreur. Les voisins ont été sauvagement agressés et seule la femme, ligotée et étranglée par un étrange nœud, est encore vivante, mais dans un profond coma. Le mari a vu sa gorge tranchée.

    Kurt Wallander est dépêché sur place et va prendre en charge l’enquête. La vieille voisine ne survivra pas à ce massacre et aura juste le temps de murmurer « étrangers » à la police. C’est l’émoi aux environs d’Ystad, d’autant que les réfugiés et les étrangers pullulent dans la région. La population est secouée et certains groupuscules extrémistes menacent de s’en prendre directement aux étrangers si la police ne trouve pas rapidement les assassins.

    Kurt Wallander aidé de ses coéquipiers constate que la vie du vieux Lövgren est assez trouble et pleine de secrets : un fils caché d’une relation adultérine semble éclaircir le mystère.
    Pendant ce temps-là, les menaces prennent forme et un Ivoirien a été abattu en pleine rue.
    Une autre enquête incombe à Kurt Wallander ainsi que la surveillance des camps des réfugiés.

    Cette première véritable enquête de Kurt Wallander est une véritable et belle entrée en matière dans la série engendrée par Henning Mankell qui compte 12 enquêtes. On y découvre la personnalité de Wallander, en proie aux questionnements sur l’évolution de la société suédoise, sa vie de famille éclatée (entre la séparation d’avec sa femme, sa fille instable et les relations conflictuelles avec son père), sa propre vie (le passage à la quarantaine) et son dévouement pour son enquête à l’intrigue déroutante et originale.
    On s’attache profondément à cet anti-héros, un homme ordinaire avec ses problèmes d’homme ordinaire.
    Le style Mankell, aux profondes et minutieuses descriptions de son pays et sa population, vient renforcer le sentiment d’une lecture prenante et envoûtante. Incontournable.

    13/08/2018 à 16:07 4

  • Zoo Station

    David Downing

    7/10 John Russell, journaliste anglais, vit en Allemagne depuis plus de 14 ans. Il a épousé une Allemande dont il est séparé et avec qui il a eu un fils, Paul, qui fait partie des Jeunesses hitlériennes. Actuellement en couple avec une très belle actrice au modeste talent, Effi Koenen, John Russell bénéficie d’un statut particulier qui lui permet de voyager librement dans cette Allemagne qui voit la montée en puissance du nazisme et avec, la crainte d’une prochaine guerre.

    En ce début 1939, John Russell est à Dantzig pour réaliser quelques articles journalistiques pour ses éditeurs anglais et américains. Il est approché par Evgueni Chtchepkine, des services secrets russes. Ce dernier lui propose de consacrer plusieurs articles sur la population allemande afin que le peuple russe puisse se comparer à elle et constater qu’il existe peu de différences entre ces deux peuples : l’idée est de préparer les Russes à un éventuel Pacte germano-soviétique. Grassement payé, et par nostalgie avec ses anciennes sympathies pour la cause communiste, Russell accepte. Les SA et les services secrets britanniques, informés de ce projet, lui demande de lui faire passer ces projets d’articles.

    Contacté par son ami de l’ambassade anglaise à Berlin, Dough Conway, John Russell se voit lui rendre un service qui changera profondément son rôle dans ce Berlin d’avant-guerre : donner des cours d’anglais à une famille juive, les Viesner, dont le mari avait sauvé la vie de la femme de Conway.
    Russell se consacre ainsi à la rédaction de ses prochains articles pour les services secrets russes, ses cours d’anglais, entre les matchs de l’Herta Berlin avec son fils et les soirées consacrées à sa compagne Elfie, et à ses collègues journalistes. Lors d’une d’entre elles, Mc Kinley, un collègue américain, lui fait part d’un terrible sujet dont il va faire un article et qui pourrait ébranler les pays occidentaux : l’extermination des personnes malades mentales par les nazis. Russell lui conseille d’avoir des preuves de ce qu’il souhaite dénoncer. Avant qu’il n’est pu rédiger son article, Mc Kinley meurt. La thèse officielle : suicide. Il se serait jeté sous un train à la gare de Zoo Station. Russell n’en croit pas un traître mot. Il veut poursuivre la quête de Mc Kinley.

    David Drowning, avec Zoo Station, nous peint dans une atmosphère lourde et sombre cette Allemagne aux portes de la guerre et ce qu’il y a de plus de terribles : les trains d’enfants juifs, le silence et l’obéissance sourde de la population allemande au régime nazi, les camps des Juifs, la quête d’un visa pour l’Angleterre ou les Etats-Unis, …
    Ne vous fiez pas aux différentes étiquettes : ce livre n’est pas un polar ni un thriller. Un bon roman noir sur la société allemande de 1939 vécu par un journaliste anglais, John Russell, tiraillé par un devoir patriotique voué à son pays natal ou à son pays d’adoption et de naissance de son fils. Zoo Station présente tellement de thèmes que j’ai peiné à trouver la trame fondamentale du livre. Ce n’est ni l’espionnage, ni le début de l’extermination du peuple juif, … mais à la fois tout ça. Ce livre raconte l’Allemagne aux prémices de la guerre et le positionnement d’un homme, John Russell, face à ses convictions humaines et personnelles.

    11/08/2018 à 08:44 4

  • La Faille souterraine et autres enquêtes

    Henning Mankell

    8/10 A la demande de ses lecteurs, Henning Mankell a rédigé plusieurs histoires qui racontent la genèse du commissaire Kurt Wallander, bien avant sa première enquête, Meurtriers sans visage. Tout au long de ces 5 histoires policières, on découvre comment se sont construites la personnalité de Kurt Wallander, le déroulement de sa carrière policière (de Malmö à Ystad), son histoire amoureuse avec Mona, son attachement pour sa fille Linda et les relations compliquées avec son père.
    Ces enquêtes, plus ou moins longues, sont à l’instar de la série consacrée à Kurt Wallander : passionnantes, attachantes et prenante. Mais au-delà de simples enquêtes policières, Henning Mankell propose une réflexion sur nos sociétés et autres questionnements personnels sur nos simples vies. Kurt Walander est plus qu’un personnage de polar. Il est notre mirroir.

    Le coup de couteau : Tout débute en juin 1969 où, jeune recrue au sein de la police de Malmö, Wallander découvre, en rentrant chez lui, le corps sans vie de son voisin. Ce dernier semble s’être suicidé d’une balle dans le cœur. Wallander est assez troublé par cette mort d’autant que son voisin, très suspicieux, avait mis un verrou supplémentaire à sa porte qui était restée ouverte ce soir-là. Et le cambriolage de l’appartement du mort le jour suivant ne va que conforter Wallander de mener son enquête en solitaire, en dehors de ses heures de service.

    La faille souterraine : La veille de Nöel 1975, Wallander, ayant intégré la criminelle, est missionné par son chef pour passer, en rentrant chez lui, dans une supérette qui est sur sa route du retour. La gérante s’est plaint plusieurs fois qu’une personne faisait le guet devant sa boutique. Arrivé sur les lieux, Wallander trouve la gérante inanimée dans une mare de sang dans les réserves. Il se fait assomé et ligoté avant d’avoir pu alerter les secours. Un face à face psychologique entre Wallander et son agresseur, qui l’interrogera sur l’évolution de la société suédoise.

    L’homme sur la plage : Un chauffeur de taxi alerte la police d’Ystad, où Wallander a pris ses fonctions. Son client vient de décéder dans son véhicule. Après examen, il s’avère que celui-ci a succombé à un empoisonnement. Wallander va devoir retracer le parcours du client.

    La mort du photographe : Mai 1988. Un photographe, qui, à ses heures perdues, réalise des photos montages avec les personnalités politiques, est assassiné dans son atelier en pleine nuit.

    La pyramide : Décembre 1989. Un petit avion s’écrase dans la campagne de Scanie. Aucun survivant. Il volait en rase motte et en dehors de tout contrôle radar. Une mercerie en centre-ville est détruite par un incendie. Après une fouille des lieux, seront retrouvées les deux sœurs commerçantes mortes calcinées exécutées d’une balle dans la tête. Wallander va mener de front ces deux enquêtes, tout en essayant de gérer la relation des plus tumultueuses avec son père qui se fera emprisonné en Egypte, sa séparation difficile avec Mona. Une fois ces 2 enquêtes résolues, un coup de téléphone annonce l’agression de deux personnes âgées dans une ferme reculée de Scanie : l’affaire « Meurtriers sans visage » peut débuter.

    06/08/2018 à 17:11 4