JohnSteed

563 votes

  • Fin d'été

    Johan Theorin

    8/10 L'été s'installe sur l'île d'Orland. D'ailleurs les signes ne trompent pas : les petits-enfants de Gerloff arrivent chez leur grand-père passer quelques jours ; Lisa débarque sur l'île et après avoir revêtu son habit de DJ « Lady Summertime » va faire danser les vacanciers ; les Kloss, propriétaires de Ölandic Resort, le plus prestigieux camping de l'île, apportent les derniers préparatifs de la saison estivale. Mais un étrange « Revenant » va semer le trouble, et vouloir organiser une vengeance qui trouve son origine dans une famille où la petite histoire rencontre la grande Histoire.

    Johan Theorin offre avec Fin d'été, dernier (et ultime ?) livre de la série dédiée à Gerloff Davidsson et à l'île d'Orland, une intéressante lecture de l'émigration du peuple suédois au début du XXème siècle. Une histoire moins ancrée sur les mystères et traditions du pays. Mais l'écriture de Johan Theorin est toujours aussi accrocheuse et les personnages humains et attachants. C'est avec beaucoup plus de regret que j’ai tourné la dernière page du livre… en espérant, voire rêvant, retrouver ce charmant et sage Gerloff dans son île où on aimerait s'asseoir avec lui écouter les oiseaux et se laisser bercer par le silence devant un magnifique coucher de soleil.

    01/08/2020 à 16:38 5

  • Froid mortel

    Johan Theorin

    8/10 C’est après avoir lu (et adoré) la tétralogie « Gerlof Davidsson » se déroulant sur l'île d'Orland que je me suis intéressé à ce polar. Changement radical de registre pour Johan Theorin, qui délaisse les grands espaces, les pensées philosophiques de Gerlof et l’approche socio-historique de la Suède.

    Si avec son personnage de Gerlof Davidsson, Johan Theorin prenait le temps d’installer le cadre de son roman, Froid Mortel est un roman qui ne laisse aucun répit au lecteur. On rentre à cent à l’heure dans l’histoire de Jan Hauger, assistant maternel qui se fait recruter dans une école maternelle hors du commun : elle est dédiée aux enfants de parents internés dans l’hôpital psychiatrique voisin. Et les enfants y accèdent par un tunnel souterrain interdit au personnel. Mais Jan souhaite coûte que coûte braver l’interdit et accéder aux étages du centre psychiatrique.

    Mais quelles sont les motivations de Jan, alors que l’on découvre au fil des pages son passé torturé ? Les interrogations sur les collègues de Jan, sur cette maternelle et sur ce centre psychiatrique prolifèrent et Johan Theorin a l’art et la manière de semer le doute chez le lecteur en multipliant les retours passé-présent et en proposant des personnages aussi mystérieux qu’inquiétants.

    Froid Mortel ne saurait souffrir d’une comparaison inutile voire stérile avec le cycle « Gerlof Davidsson », tant les objectifs de l’auteur sont tellement éloignés. Mais je peux vous affirmer une chose : Johan Theorin sait toujours autant captiver le lectorat de polars. Il vous sera difficile de lâcher ce livre tant que vous n’aurez pas lu le fin mot de l’histoire. Qui s’avère déroutant et glaçant.

    12/07/2021 à 18:48 5

  • L'Echo des Morts

    Johan Theorin

    8/10 Joakim, Katrine et leurs deux enfants, Livia et Gabriel, ont choisi de quitter Stockholm et de s’installer à Aludden, au nord-est de l’île d’Oland où se trouvent deux phares. Une presqu’île, chargée d’histoire et de drames humains.
    Katrine, depuis quelques mois, effectuent différents travaux, organisant l’installation de la petite famille. Joakim se prépare à quitter définitivement son travail dans la capitale. Et alors qu’il achève le déménagement, il reçoit, sur la route, un appel de la nouvelle policière du secteur, Tilda Davidsson. Un accident dramatique : sa femme est morte, noyée.
    Joakim, effondré, peine à surmonter la perte de sa femme, d’autant que sa fille a une attitude troublante : elle parle la nuit à sa mère. Le père de famille n’arrive pas à s’expliquer ce comportement, d’autant qu’il découvre d’étranges histoires sur cette île, et sur les légendes mystérieuses de fantômes. Alors que l’hiver approche, et la peur de l’arrivée de la grande tempête de neige, appelée la tourmente, Tilda doit faire face à une vague de cambriolages sur l’île. Parallèlement, elle souhaite faire appel à la mémoire du frère de son grand-père disparu, Gerloch, pour en apprendre plus sur la vie et l’histoire familiale. Ce reclus dans sa maison de retraite, avec son instinct et son expérience, apportera quelques éclaircissements à ces affaires.

    Dans ce deuxième opus où l’île d’Oland reste le cadre de cette histoire, on se sent encore magistralement transporté dans les paysages et contrées les plus reculées de Suède. Johan Theorin joue subtilement avec le fantastique dans cette enquête policière sans tomber dans le ridicule et l’extraordinaire, ce qui aurait desservi son histoire. On dévore ce livre encore une fois, et on tombe sous le charme de la plume de ce recommandable auteur suédois.

    28/06/2020 à 09:52 6

  • L'Heure trouble

    Johan Theorin

    7/10 20 ans après la disparition de son petit-fils, Jens, Gerlof Davidsson appelle sa fille Julia. Il vient de recevoir par courrier une des bottes que chaussaient l’enfant. La mère, qui a sombré de manière perverse dans la dépression et l’alcool, se rend dans l’île d’Oland. Gerlof vit dans une maison de retraite. Alors qu’il se sent responsable de la perte de son petit-fils dont il avait la garde, Gerlof n’a pas cessé d’essayer de comprendre ce qui était advenu à Jens. Cette botte ne peut être qu’envoyée par le tueur. Gerlof souhaite faire partager à sa fille l’avancée de ses recherches. Cette vieille histoire semble pour lui trouble d’autant que l’ombre du défunt Nils Kant, fils d’une riche famille locale et tueur sans vergogne de réfugiés allemands à la fin de la 2nde Guerre Mondiale et du garde champêtre local, plane sur cette affaire. Gerlof rencontre ses vieux amis, et déterre les vieux souvenirs.

    Le lecteur suit au rythme des sorties de Gerlof de sa maison de retraite l’évolution de cette histoire. Parallèlement, l’auteur suédois nous offre l’histoire de Nils Kant, celui qui est pressenti avoir rencontré et tué Jens. C’est une histoire attachante dont l’écriture de Theorin rend agréable. La lenteur de l’avancée de l’intrigue, le manque de rythme, caractéristiques des polars suédois, ne font pas obstacle à cette lecture qui m’a permis de découvrir un nouvel auteur dont je vais certainement apprécier le reste de l’œuvre qui a reçu moult prix.

    08/03/2020 à 18:56 3

  • Le Sang des pierres

    Johan Theorin

    8/10 Alors que Gerloff apprend le décès d'un résident de la maison de retraite où il passe ses vieux jours, il décide de vivre libre les prochaines journées qui se profilent et retourne dans sa maison, sur l'île d'Orland, pour profiter du printemps qui s'installe doucement.
    Il constate l'installation de nouveaux voisins. Max Larsson, ancien psychologue, écrit des livres sur le développement de soi ; sa femme, Vendella, est une ancienne habitante de l'île quand elle était enfant. Elle souhaite écrire un livre sur les elfes , ces petits êtres imaginaires ( ?) qui ont changé sa vie et pour qui elle voue un véritable culte. Il y a aussi Peter Mörner , qui s'installe dans la maison héritée de son oncle, un ancien tailleur de pierre, avec ses jumeaux Jesper et Nilla. Celle-ci est très malade et doit être soignée à l'hôpital. Mais Peter est appelé par son père avec qui il est en mauvais termes, pour qu’il vienne le chercher. Or il le sauve in extremis d'un incendie criminel. Peter cherche à apprendre un peu plus de son père, un ancien éditeur de magazines et de films pornographiques…

    Johan Theorin écrit ses romans comme les sirènes attirent les marins. C’est doux troublant et subjuguant. Rien de grandiloquent, pas de meurtre sensationnel. Dès la première ligne, grâce à son écriture limpide, à une histoire intéressante emprunte d'imaginaire et de réalisme social et à des personnages attachants, il n'est pas possible de lâcher la lecture, tant on souhaite connaître la fin de ces mystères ….

    30/07/2020 à 14:26 6

  • Affaire classée

    Danielle Thiéry

    8/10 La Commissaire Edwige Marion (que tout le monde appelle Marion) gère comme elle peut sa vie personnelle et professionnelle. Célibataire, l’adoption récente de la fille de son défunt collègue lui laisse peu de répit. Et sa grossesse l’oblige à demander sa mutation et son départ du commissariat de Lyon. Un soir, un inconnu dépose sur sa boîte aux lettre un scellé contenant les chaussures de Lili-Rose. Une affaire de plus de 5 ans, le corps sans vie de la jeune fille retrouvée sans vie dans le puits de la propriété familiale. L’affaire a été classée comme mort accidentelle. Qui a été déposé le paquet ? Et pour quelle autre raison que celle de rouvrir l’enquête ? Contre l’avis de sa hiérarchie, Marion va reprendre à sa compte l’affaire. Elle croisera une famille terrassée et éclatée, un mystérieux Olivier Martin, docteur spécialisé en espèce d’oiseaux antiques …

    Prendre en cours la série consacrée à la Commissaire Marion n’a gêné en rien la compréhension des relations entre les personnages du commissariat. Par son écriture et son style, on sent que Danielle Thiéry est une ancienne policière. L’ambiance du commissariat, la vie des agents, les procédures… On lit donc avec intérêt et avec plaisir cette affaire. Et la courageuse et tenace Edwige Marion m’a vraiment séduit.

    19/12/2021 à 19:57 5

  • Il était deux fois

    Franck Thilliez

    8/10 Ce roman démarre avec une intrigue des plus scotchantes : un flic enquêtant sur la disparition de sa fille se réveille dans une chambre d’hôtel ce qui semble être le lendemain… sauf que 12 ans ont passé.
    Et on découvre ainsi page après page l’intrigue. C’est captivant, on note tous les indices car on sait, pour croiser dans l’enquête le fameux Manuscrit inachevé, qu’on est face à des xiphopages, palindromes et autres trésors de l’écriture et effets littéraires.

    Mais, ce que je déplore par-dessus tout, ce sont ces facilités que s’accorde l’auteur dans le déroulement de l’intrigue : notamment des témoins qui trop facilement racontent les événements… Certes, d’autres auteurs pêchent par ces complaisances, je pense notamment à Jean-Christophe Grangé. Mais voilà, cela gâche cette lecture et ce livre qui aurait eu tous les ingrédients pour me plaire et en faire un polar inconditionnel.

    06/02/2021 à 10:25 11

  • Le Manuscrit inachevé

    Franck Thilliez

    8/10 Après avoir mis de côté les livres de cet auteur suite à quelques lectures insipides (La forêt des ombres, notamment), j’ai redonné ma chance à Franck Thilliez. L’attrait du titre mystérieux et accrocheur de ce Manuscrit inachevé fut finalement une bonne initiative. Oui, j’ai dévoré ce livre malgré des situations un peu excessives dans lesquelles nous plonge Franck Thilliez.

    Dévoré, oui. J’ai tourné les pages, et j’ai pris plaisir à découvrir cette histoire où se mêlent amnésie, dark web, sérial killer, corps mutilés, jeunes filles enlevées, traite des prostituées, … Bref, tous les ingrédients les plus ténébreux des polars actuels. Mais cette accumulation poussée à l’extrême fut vite dépassée par le plaisir ressenti de l’auteur à écrire ce livre et par la volonté du lecteur à trouver la clé de l’énigme qui, comme l’enchevêtrement des livres dans ce livre, apparaît comme une vraie originalité dans l’univers du polar actuel.

    Un roman noir plus qu’agréable à lire avec la découverte de la réponse qui donne paradoxalement le sourire face à une fin des plus tragiques et désespérantes…. Ou pas.

    16/09/2019 à 16:06 10

  • Puzzle

    Franck Thilliez

    6/10 Le pitch du livre avait l’air très attrayant. Sauf que la quatrième de couverture occulte une partie essentielle. Lucas Chardon, patient psychiatrique, a été inculpé mais reconnu irresponsable, des meurtres de 8 personnes dans un chalet en haute montagne. Il souhaite dévoiler l’identité du véritable meurtrier à Sandy Cléor, la psychiatre qui traite Lucas Chardon et souhaite dénouer toutes les ficelles de cette horreur.

    Toute cette vérité débute quelques mois plus tôt. Ilan Dedisset est contacté par son ancienne petite amie, un soir, qui vient frapper à sa porte. Chloé souhaite qu’ils reprennent ensemble le jeu « Paranoïa ». A la clef, c’est un gain de 300 000 € pour qui arrivera à percer tous les mystères et énigmes qui jonchent leur parcours. Les quelques candidats qui arrivent à l’épreuve ultime se retrouvent enfermés dans un hôpital psychiatrique désaffecté. Dans ce milieu austère et angoissant, les règles du jeu de cette chasse au trésor semblent fausser et les candidats ne peuvent se faire confiance. Mais chaque objectif que doivent atteindre chaque candidat dévoile de troublantes réalités : y compris la mort de certains d’entre eux. Que veut faire le maître du jeu, ce mystérieux Hadès ? Quel est l’objectif de « Paranoïa » ? Est-ce un jeu ou cache-t-il d’autres motivations ? Ilan comprend au fil des jours que cette chasse au trésor cache un secret personnel qui aurait un lien avec la mort de ses parents, d’imminents chercheurs. A l’image d’un puzzle, chaque étape du jeu dévoile une pièce de la vérité qui, pour les plus avertis, n’apportera aucune surprise stupéfiante.

    Cette lecture de Puzzle fut, quoique rapide, longue et fastidieuse. La fin attendue voire convenue a certainement gâché ma lecture.

    12/07/2023 à 10:00 5

  • Rêver

    Franck Thilliez

    8/10 Dans ce polar, Thilliez exploite des sujets certes peu originaux et maintes fois exploités mais avec une telle maitrise qu’il offre un magnifique polar. Trouble du sommeil, disparitions d’enfants, une belle et jeune psychologue qui peut résoudre ces affaires par des visions intervenant lors de ses phases de narcolepsies.
    Roman captivant (on dévore ce polar) et déstabilisant (on peste car on ne sait plus si ce qu’on lit est vrai ou un rêve), Rêver propose une lecture et une intrigue vraiment intéressantes.

    01/08/2021 à 16:51 3

  • La Mort viendra, petite

    Jim Thompson

    8/10 Dire que Jim Thompson est un génie du petit polar serait enfoncer une porte ouverte, une banalité pour les amateurs du genre. Il a acquis ce titre en offrant des livres où il dépeint différents protagonistes aussi banals qu’originaux. Banals, car Thompson pioche ses héros dans la société américaine profonde, des Monsieur et Madame « tout le monde ». Originaux, car ils sont caustiques et à part. Surtout que Thompson sait les mettre dans des situations assez particulières.
    Ici, une histoire de combine pour mettre en place un enlèvement d’un gosse de riches. Mais avec un ancien boxeur aussi dérangé que gentil, alias Kid Collins, surmonté d’une alcoolique extrême, à la fois allumeuse et sainte nitouche, Fay, et d’un manipulateur, Oncle Bud, rien ne sera banal.

    Sorte de huis clos, raconté par le Kid, La mort viendra, petite est un très bon polar où le talent de Thompson est présent à chaque page.

    22/06/2022 à 19:20 5

  • Liberté sous condition

    Jim Thompson

    6/10 Je partage les avis précédents. L’histoire est intéressante, les personnages bien ancrés, mais il manque le talent du maître. Pour pouvoir sortir en liberté conditionnelle, Patrick Cosgrove, qui purge une longue peine pour braquage à main armée, sollicite différentes personnes pouvant lui trouver un emploi. Doc Luther va se porter caution et lui trouver un poste au service des routes de l’Etat. Il va même jusqu’à lui offrir un toit et une voiture.

    Cosgrove a l’étrange sentiment que le Doc va se servir de lui. Qu’il est un maillon d’une machination qui se met en place. Mais il ne faudrait pas le prendre pour un lapin de cinq semaines non plus.

    Politiques corrompus, femmes fatales, … si les ingrédients du roman noir des 50’s sont bien réunis, aucune surprise dans le déroulement de cette histoire. Juste de quoi en faire une lecture plaisante.

    16/11/2022 à 10:10 3

  • Nuit de fureur

    Jim Thompson

    7/10 Carl Bigelow se voit charger par le Patron d'éliminer Jake Winroy, un témoin qui va balancer tous les juges vendus, les politiciens véreux et tous ceux qui touchaient des pots de vin lors du prochain procès du gros scandale des paris truqués. Carl, alias Charlie (Little) Bigger, s'avère être le tueur à gages le plus meurtrier et le plus insaisissable de l'histoire du crime. Personne ne le connait et ceux qui l'ont connu n'ont pas survécu à cette rencontre. Mesurant 1,50 mètre pour 45 kg, et atteint de tuberculose, Carl va profiter du fait qu'il paraisse 17 ans pour suivre des études à l'école normale de Peardale et pouvoir intégrer la pension gérée par les Winroy. Cette dernière est composée de Ruth Dorne, la cuisinière dotée d'une infirmité très particulière, de Kendall un vieux qui travaille dans l'usine de boulangerie locale. Et de la belle et charmante Fay Winroy, la femme de Jake, qui tombe sous le charme de Carl. Ce dernier lui confie sa mission et elle va vouloir l'aider dans cette tâche. D'autant plus que le shérif Bill Summers veille au grain.

    Jim Thompson propose dans Nuit de fureur une véritable auberge espagnole du polar avec des personnages aussi esquintés que barrés. Un livre léger et plaisant avec une fin des plus décalées et inattendues.

    12/05/2018 à 16:53 5

  • Sang mêlé

    Jim Thompson

    6/10 J’ai peiné à rentrer dans ce livre. Difficile pour moi de bien appréhender dans les toutes les premières pages les personnages et l’époque de l’histoire. Il m’a fallu un temps d’adaptation, ce qui est rare pour moi avec Jim Thompson, auteur dont j’apprécie particulièrement l’œuvre.

    Cependant, cette histoire qui relate les méfaits des frères King, Arlie, Critch et Boz (qui est peu présent et pour cause il a été tué très tôt dans le livre) pour s’approprier les faveurs du père, Ike, pour toucher son héritage, est originale. Oklahoma, en cette période de pleine conquête de l’Ouest où certains territoires sont encore « sauvages », les frangins sont prêts à tout pour pouvoir obtenir les faveurs du père. Oui, comme l’a affirmé Machiavel, peu importe les moyens, tant qu’on obtient ce que l’on veut. Et la famille, ça importe peu. Vol, meurtre, entourloupes, mensonges, séductions,….

    Pour nous, lecteurs, le sourire vient vite quand on voit comment les frangins sont prêts à tout pour être l’unique héritier du patrimoine familial. Mais il m’en fallait un peu plus pour vraiment aimer ce livre du Maître du polar.

    29/06/2019 à 19:35 5

  • Ville sans loi

    Jim Thompson

    8/10 David McKenna, surnommé Bugs, débarque un jour dans cette bourgade nommée Ragtown. Une demi-heure plus tard, il est derrière les barreaux. Mais ce n’est pas non plus une surprise. Bugs est un habitué des prisons du Texas. Ce qui est plus surprenant et inhabituel, c’est quand le shérif adjoint, Lou Ford, malgré son passé judiciaire, lui offre sur un plateau le poste de responsable de la sécurité de l’hôtel de la ville, l’hôtel Hanlon, du nom de son propriétaire. Le patron, devenu riche grâce au pétrole qui a été découvert il y a une dizaine d’années dans le coin, est vieux et immobilisé dans son fauteuil roulant. Mike Hanlon a besoin d’un détective dans son hôtel, non pas pour sécuriser les clients, mais plus pour lui : marié récemment avec Joyce, il craint pour sa vie.

    Logé, nourri, blanchi, Bugs prend à cœur de réaliser au mieux ses nouvelles fonctions. Pourtant l’affaire est délicate. Après que le gérant lui ait indiqué que le comptable a volé 5.000 $, ce dernier met fin à ses jours en sautant du 10ème étage devant les yeux du détective. Bugs, en habitué des sales situations, sent qu’il doit faire profil bas : ce ne serait pas étonnant qu’il puisse être accusé de ce suicide. Et en plus, il reçoit des lettres de chantage lui demandant les 5.000 $. Et tout le monde peut être derrière cette affaire : Joyce Hanlon, la jeune femme du patron, qui essaie de le séduire, Lou Ford, le flic corrompu, Rosie Vara, la femme de ménage au sang noir. Pas facile pour Bugs d’y voir clair surtout qu’Amy Standish, l’amoureuse du shérif, semble très attirée par le privé. Et il faut qu’il voit qui pourrait en vouloir à Mike Hanlon.

    Ville sans loi est un roman qui part merveilleusement dans tous les sens, aux personnages les plus subliment décalés, allant de femmes fatales aux personnages les plus étranges, sans parler de l’atmosphère les plus intrigantes : c’est du Jim Thompson, tout simplement. Le simple nom de cet auteur doit suffire à lire ce livre même si Ville sans loi ne fait pas partie des chefs d’œuvre du maître du polar américain. A noter que bien qu’écrit 3 ans après L’assassin qui est en moi, ce livre reprend les mêmes personnages mais les situe avant.

    23/06/2018 à 09:26 4

  • Ce qui vient après

    JoAnne Tompkins

    9/10 Troublant, intense, bouleversant, et tout autant attachant et touchant. Ce premier roman, Ce qui vient après, de JoAnne Tompkins m’a profondément ému. Les thèmes traités ne sont pas uniques en leur genre. Mais l’autrice américaine a su transcrire toutes les émotions et autres sentiments à travers l’histoire de ce drame.

    A Port Furlong, Etat de Washington, petite bourgade, Isaac tente de surmonter la mort de son fils, Daniel tué par son meilleur ami, Jonah. Responsable de la communauté des quakers, sa foi en Dieu lui apporte le soutien dont il a besoin. Avec son fidèle compagnon canin, Rufus, Isaac laisse la vie l’emporter.
    Jusqu’à ce que Evangeline, cette jeune femme abandonnée par sa mère, débarque dans sa vie. Isaac y voit comme un signe, elle qui a connu Daniel et Jonah. D’ailleurs, la grossesse d’Evangeline correspondrait bien au moment de leur rencontre. Isaac, rempli de sa foi, de bienveillance, accueille dans sa maison la jeune fille. Evangeline, aussi effrontée qu’impétueuse, va se confronter au mutisme et à l’égo du patriarche : deux êtres qui vivent différemment leur malheur.

    Et la présence de Lorrie, amie, voisine et surtout mère de Jonah, ne facilite pas la situation. Pourtant la reconstruction de la vie de chacun semble à portée de main…

    Une magnifique histoire de rédemption, de pardon que JoAnne Tompkins nous offre avec délicatesse et profondeur. Un livre qui n’intéressera pas tout le monde mais qui, indéniablement, touchera ceux qui le liront.

    09/08/2023 à 13:39 5

  • Sanction

    Pierre Tré-Hardy

    8/10 2036. Le monde est sur le point de connaître une avancée fulgurante. Après avoir découvert le vaccin contre le cancer, développé une langue mondiale, supprimé l’élevage des animaux, interdit toute exploitation d’énergie fossile, l’heure est au développement de l’énergie propre et inépuisable : celle venue du centre de la Terre, du noyau terrestre. Cette prouesse scientifique et technologique est due à la multinationale Few Corp. D’ailleurs, les chercheurs vont obtenir à la fois le Prix Nobel de la Paix et le Prix Nobel de Physique.

    Alors que les cérémonies se préparent, les assassinats de l’équipe de chercheurs ont lieu de manière très étrange. On découvre également que les femmes du monde entier avortent, qu’il n’y a plus de grossesse,…bref que l’espèce humaine est en danger. Que se passe-t-il ? Et pourquoi Few Corp. tient-elle à avoir dans son équipe le petit Albert, enfant autiste d’à peine 9 ans ?

    Dans ce roman de science-fiction, Pierre Tré-Hardy propose une lecture aussi palpitante qu’intense. Pas le temps pour le lecteur de s’ennuyer car les chapitres sont courts, s’enchainent et multiplient les protagonistes. Et tant mieux car on veut absolument tout comprendre de ce monde qui n’est pas si éloigné de notre présent et de notre situation. A peine 15 ans. Et c’en est effrayant !

    11/08/2022 à 17:13 6

  • Incident à Twenty-Mile

    Trevanian

    8/10 Twenty-Mile est une bourgade, située quelque part sur le flanc nord de la chaine des Medecine Bow Mountains, d’une poignée d’habitants dont la vie est rythmée par les ouvriers de la mine située à quelques miles d’ici, assoiffés d’alcool et de sexe. Le samedi soir est donc exceptionnelle : le bar et ses prostituées, le Grand Magasin, se préparent pour que tout le monde en ait pour son argent.

    Un jour au tournant du XIXème siècle, Matthew, un jeune orphelin, débarque de nulle part, avec un seul énorme fusil comme bagage, le seul bien hérité de son père. Avec comme seule ambition, décrocher des petits boulots pour gagner 2-3 pièces. Et séduire la belle Ruth Lillian. Et comme moyen pour y arriver : un bagout d’enfer, avec un soupçon de mensonges et de manipulations…
    Quand la petite bande de Lieder, échappée de prison, débarque pour faire main basse sur l’argent de la mine, Matthew se sent l’âme du Ringo Kid, le héro de ses livres de chevet,….

    Si l’œuvre de Trevanian est pauvre en actions dans ce huis-clos, elle offre une panel de personnages cocasses avec un style limpide et fluide que l’on se délecte de découvrir. Un western classique mais attachant.

    08/05/2022 à 18:18 7

  • L'Ombre des autres

    C. J. Tudor

    7/10 Une auteure découverte suite à la sélection de son livre pour concourir au Prix Polars Pourpres, CJ Tudor a déjà publié deux ouvrages, dont L’homme craie qui a reçu plusieurs prix.

    Le troisième opus de la romancière anglaise, L’ombre des autres, propose une lecture captivante d’un père torturé par la mort de sa femme et de sa fille, assassinées, et qui est convaincu que cette dernière est toujours vivante. Une recherche désespérée mais motivée par la vision de sa fille à l’arrière d’une voiture le jour de ces meurtres. Alors il arpente jour et nuit l’autoroute où il a vu pour la dernière fois sa fille, espérant retrouver cette voiture. Il sera aidé par un mystérieux samaritain, et une policière qui sera se ranger à ses convictions.

    Bien que véritable page-turner, L’ombre des autres souffrent de facilités dans l’intrigue, et de manque de tension. Comme dans l’œuvre d’Harlan Coben, (la comparaison est aisée dans le style et les thèmes abordés (il ne manquerait qu’un titre plus accrocheur, du genre « Je te retrouverai » pour parfaire la comparaison)), le lecteur sait que la fin ne l’empêchera pas de passer des nuits blanches.

    09/01/2022 à 15:38 7

  • La Revanche

    Arttu Tuominen

    8/10 Quand on a entre les mains un polar dit « scandinave », deux attitudes s’offrent à nous : soit on estime qu’Henning Mankell est le maître incontestable et incontesté du genre et on s’isole dans d’autres genres ; soit on continue à découvrir de nouveaux auteurs scandinaves et plonger dans les polars où tous les ingrédients (ambiance froide, rythme en douceur, dénonciation de l’évolution des mentalités fermées des sociétés,…) sont présents et développé avec talent.

    Soit (oui, il y a une 3ème attitude ; oui, je triche) on admet que Mankell est le maître du genre et cela ne nous empêche pas de continuer à découvrir de nouveaux auteurs venus du Nord. Si vous êtes un.e fin.e connaisseur.euse du polar scandinave, vous avez peut-être lu ou entendu parler d’Arttu Tuominen. Récompensé par de nombreux prix depuis son premier livre, Le Serment, l’auteur finlandais déroule son talent d’écrivain avec La Revanche, son second d’une série du Delta, lieu de Finlande où se déroule la vie de ses différents policiers protagonistes des enquêtes.

    A Pori, un attentat visant une boîte de nuit fréquentée par la communauté LGBT fait 5 morts. La police locale se voit à peine confier l’enquête qu’une vidéo est postée : celui qu’on appellera « Le Messager » y dénonce la dérive de la société finlandaise et exhorte, au nom de la Bible, que l’homosexualité soit éradiquée du pays et invite la population à prendre part à cette lutte nécessaire pour rétablir l’ordre. Oksman et Paloviita sont chargés de l’enquête. Oskman, dont la présence à la boîte de nuit peu avant l’attentat, habillé en femme, souhaite cacher à ses collègues ce lourd secret, bien que témoin recherché activement.
    Une enquête très prenante où la tension entre les pro et les anti LGBT est à son comble. Les vies professionnelles et personnelles des enquêteurs apportent un autre fil conducteur très plaisant. Tous les protagonistes sont bien développés, avec une mention spéciale pour le pasteur Mikael Fredriksson qui prêche pour une religion plus proche des nécessiteux et des exclus.

    Arttu Tuominen s’inscrit avec La Revanche parmi les meilleurs écrivains de polars scandinaves, dont j’attendrai avec intérêt ses prochaines sorties littéraires.

    26/02/2024 à 13:44 3