JohnSteed

563 votes

  • Tango flamand

    Jean-Christophe Chauzy, Marc Villard

    6/10 A Ostende, Tina, danseuse au Florida, arrondit ses fins de mois en faisant le tapin pour des clients du cabaret. Un soir, un client, Francky, l'emmène sur son bateau. Mais Francky s'avère être un client un peu spécial et souhaite lui faire payer sa misérable vie.

    C'est direct comme bd, le scénario est assez pauvre mais le dessin de Chauzy, tout en retenu, relève le niveau de ce Petit Polar du Monde/SNCF.

    13/01/2019 à 18:32 2

  • Dégradation

    Benjamin Myers

    7/10 S’il ne pleut pas, il neige. Et s’il ne neige pas, il souffle un vent à décorner les bœufs. C’est une terre maudite cette vallée des Dales dans le Yorkshire. C’est cette contrée inhospitalière que Benjamin Myers prend comme toile de fond pour son roman noir, Dégradations.
    James Brindle, ce flic bardé de troubles obsessionnels du comportement, promis à un avenir prometteur au sein de la Chambre froide, une cellule de police londonienne créée pour résoudre les crimes les plus sordides le plus rapidement, est invité à se rendre dans ce village reculé des Dales, en cette avant-veille de Noël. Une fille est portée disparue. Roddy Mace, un ex brillant journaliste londonien qui, pour des raisons structurelles, a trouvé un poste dans cette région, est sommé par son rédacteur de couvrir l’affaire. Une affaire qui va faire remonter d’autres disparitions, des meurtres, un cinéma, un cul terreux au nom de Rutter, sa mère, des porcs, des policiers corrompus, le vice et l’argent. Et bien évidemment la géographie singulière et hantée de la vallée et de ses villages et hameaux environnants. Et ses habitants et leurs histoires troubles.
    L’histoire se déroule au gré des paragraphes courts mettant en avant différents protagonistes, comme un élément d’un puzzle qui se met difficilement en place. Cela ne facilite pas une lecture fluide d’autant plus que l’auteur ne met que le strict minimum de ponctuation (aucune virgule dans les phrases). Myers ne met pas plus en avant un personnage qu’un autre, laissant la vallée des Dales, ses paysages désolés et son atmosphère lourde avoir le dernier mot. Dommage, car le personnage de Brindle, ce policier original avec ses défauts, aurait pu être intéressant à développer et qu’on aurait aimé retrouver plus souvent dans le livre.

    13/01/2019 à 10:48 5

  • Mon vieux

    Thierry Jonquet

    9/10 A chaque fois, quand je commence un livre de Thierry Jonquet, je suis étonnement subjugué par la qualité du style de l’auteur et par l’originalité dans l’approche des thèmes choisis. Cela vient certainement de mon ignorance et du peu d’intérêt que je pouvais porter à cet auteur. Et dans la mesure où je suis assez influençable, la raison vient éventuellement du fait que Thierry Jonquet ne bénéficie pas de l’aura qu’il mérite, même après sa mort.

    Mon vieux m’a carrément bouleversé par sa noirceur et par ces personnages qui se trouvent dans une misère certes mais surtout dans un profond malheur. Jonquet sait choisir les mots justes pour raconter magnifiquement le tragique destin des protagonistes. Ils ne se connaissent pas et n’auraient qu’en commun les revers que la vie leur a faits. Sauf que la vie va faire qu’ils vont partager leur infortune. A cause d’une seule personne, un vieux.

    Ce vieux, c’est le père d’Alain Colmont. Ce dernier, ayant perdu tragiquement sa femme, scénariste pour des séries tv, consacre le reste de sa vie à financer les opérations de chirurgie esthétique pour sa fille, défigurée suite à un accident de scooter. Alors que son métier parvient tout juste à financer ces actes médicaux, l’hôpital, après plus d’un an de recherche, le contacte. Le patient de la chambre 39, victime d’Alzheimer, s’avérerait être son père qui l’a abandonné enfant. L’hôpital lui réclame le paiement des actes médicaux.
    Daniel Tessandier, RMIste, est chassé par sa propriétaire. Ne bénéficiant d’aucun contrat de location, il ne peut que chercher un toit même modeste, ne souhaitant pas se trouver à la rue comme la bande à Nanar qu’il croise tous les jours quand il va boire son petit blanc au café du coin.
    Mathurin Debion, aide-soignant, attend ses toutes prochaines vacances qu’il va pouvoir passer en Martinique, son île natale. Pour faire passer le temps, entre le nettoyage des chambres et la promenade du patient de la chambre 39, il savoure des bonnes rasades de rhum.

    Chaque personnage de Mon vieux constitue une pièce d’un puzzle représentant notre société individualiste et la misère des laisser pour compte magistralement peint par Jonquet à la noirceur du désespoir.

    08/01/2019 à 10:59 9

  • Comme un crabe, de côté

    Marin Ledun

    9/10 En septembre 1993, Vincent Coste débarque sur le campus universitaire de Condillac, clapier étudiant le plus merdique de la Région, en banlieue de Grenoble. Plus pour fuir Porte-lès-Valence, sa mère et ses trois frères et sœur, que pour suivre les cours de Droit. Sa philosophie : gagner du pognon et profiter. Pour cela, avec son pote, El Kibir, il se met à trafiquer de l’herbe. Et les affaires se portent plutôt bien après seulement quelques semaines. L’idée leur prend de voir leur commerce se développer. Ils se lancent dans le dur, l’héroïne.
    Sauf que le secteur est réservé au caïd Omar. Vincent devient dès lors son larbin. Il lui demande de garder Lara, cette magnifique fille qui a voulu dénoncer Omar du meurtre de son copain, un lieutenant du caïd, aux flics. Mais Coste n’est pas une baby-sitter.

    Marin Ledun dans cette nouvelle dissèque les déboires d’étudiants qui visent trop haut leur petit trafic sans mesurer les conséquences de leur petit jeu. C’est noir, intense et poignant.

    05/01/2019 à 18:34 4

  • La Course au trésor – suivi de deux autres récits

    Ellery Queen

    8/10 Ce recueil de 3 nouvelles permet de retrouver toute la perspicacité et l’esprit de déduction de notre héro Ellery Queen qui excelle à résoudre ces charmantes et classiques énigmes.

    La course au trésor :
    Ellery Queen, invité chez le major-général Barrett, apprend le vol d’un collier de perles, cadeau de fiançailles pour la fille du militaire. Le collier ne pouvant être sorti de la propriété, d’un vaste domaine bordé de falaises, le détective privé new-yorkais va mettre en place une subtile et malicieuse chasse au trésor qui permettra de démasquer le voleur et de retrouver le bijou.

    Ariel contre Caliban :
    En compagnie de son père, de la journaliste et amie Paula Paris et de Phil Maguire, célèbre rédacteur sportif, Ellery Queen participe au Stadium de New-York, à un combat de boxe entre le champion des poids-lourds, Mike Brown, et son outsider Jim Coyle. A l’issue du match que les spécialistes s’accordent à dire qu’il était « chiqué », Mike Brown, déchu de son titre, est retrouvé assassiné dans sa voiture. Alors que les soupçons se penchent sur la femme de Brown, sur le manager et sur les bootleggers, Ellery Queen préfère rechercher son manteau qu’il lui a été volé. Mais on sait qu’Ellery Queen trouvera, grâce à son manteau, le nom du meurtrier.

    Le cheval de Troie :
    Le premier dimanche de cette année, Ellery Queen est invité par le richissime M. Wing à assister au match décisif de football américain entre les Troyens de Californie et les Spartiates de Caroline. A l’issue du match, il fera la surprise de marier sa fille, Joan, au meilleur joueur troyen, Roddy Rocket. A cette occasion, il porte sur lui onze saphirs d’une valeur de cent mille dollars. Mais pendant le match, M. Wing constate qu’on lui a dérobé l’écrin avec les bijoux. Qui parmi les invités de M. Wing est le voleur ?

    05/01/2019 à 14:33 1

  • Le Testament des Siècles

    Henri Loevenbruck

    7/10 Paru avant Da Vinci Code, Le Testament des siècles propose une enquête sur le dernier message que Jésus Christ n'a pas pu révéler de son vivant aux Chrétiens n'étant pas prêts à une telle Vérité.
    De manière haletante, on suit page après pas l'enquête menée par Damien Louvel. Ce Français scénariste à New-York d'une série à succès sur le sexe revient en France suite au décès de son père avec qui il était en froid depuis l'enterrement de sa mère dix ans plus tôt. Il va découvrir que son père, depuis sa retraite, menait de manière très approfondie des recherches sur une mystérieuse relique : la pierre de lorden.
    Aidé par une journaliste de canal+, Sophie de Saint-Elbe, Damien s'aperçoit qu'il n'est pas le seul à être intéressé par cette relique et que des groupuscules sont prêts à tout pour le devancer. Cette relique l'amènera à se pencher sur l'histoire des religions, les templiers, les oeuvres de Leonard de Vinci, la franc-maçonnerie et autres conspirations.

    L'intérêt de la lecture de ce Testament des siècles porte essentiellement sur ces thèmes historico-religieux. Ce livre aurait pu être meilleur si l'intrigue avait été moins tirée par les cheveux et si l'auteur avait utilisé moins de situations invraisemblables.

    04/01/2019 à 18:43 4

  • Ratlines

    Stuart Neville

    8/10 18 ans après la fin de la 2nde Guerre Mondiale, des nazis ont pu s’enfuir de l’Allemagne vers des pays « accueillants ». Ce fut le cas de l’Irlande du Nord, tout jeune pays à peine sorti de sa guerre d’indépendance d’avec son ennemi séculaire, le Royaume Uni. Selon le précepte « les ennemis de mes ennemis sont mes amis », l’Irlande du Nord était assez peu regardante sur les nazis qui voulaient de son hospitalité, à condition qu’ils fassent profil bas.
    Or quand des nationalistes qui ont jurés fidélité au Reich sont assassinés, le Ministre de la Justice irlandais ordonne à Albert Ryan, officier du Renseignement, d’enquêter. D’autant que des menaces pèsent sur un autre ancien nazi, Skorzeny. Il faut absolument empêcher un autre meurtre, qui pourrait décider JF Kennedy de ne plus venir rendre visite au pays de ses ancêtres.

    Dans ce roman qui mêle Histoire et espionnage, Stuart Neville offre un polar dur sur l’exfiltration des anciens nazis. Une lecture prenante grâce aux différents ingrédients qui font de ce polar un livre fortement conseillé : des descriptions assez intenses sur les tortures lors d’interrogatoires poussés, la belle espionne repentie et amoureuse du sombre et attachant héro ainsi que les véritables et monstrueux personnages et événements historiques.

    03/01/2019 à 18:26 5

  • Le Passager

    Jean-Christophe Grangé

    8/10 Cela faisait très longtemps que je n’avais pas lu de Grangé. Je l’ai découvert comme beaucoup avec Les Rivières pourpres dès sa sortie et avais réitéré mon expérience littéraire avec L’Empire des loups. Je n’arrive pas à me souvenir des raisons pour lesquelles je n’ai pas continué à lire ses romans : certainement pour des manques de temps et sûrement pour mon intérêt grandissant pour les auteurs classiques des polars qui m’ont encore plus écarté de cet auteur français.
    Pourtant, dernièrement, lors d’achats de livres de secondes mains, j’avais sauté sur l’occasion pour acheter Le Passager en prétextant que je ne pouvais décemment pas être membre de Polars Pourpres et partager mes lectures avec des amateurs de Jean-Christophe Grangé sans lire ses romans.
    C’est avec cette résolution de fin d’année (oui, mon esprit de contradiction ou ma paresse m’interdisent de prendre des résolutions en début d’année) que je commençais la lecture des quelques 1000 pages que comptent la version poche du Passager. Sans préjugé ou prérequis, je découvrais il y a 3 jours l’histoire de ce passager sans bagage et ses multiples identités.

    Bien sûr, ce livre est loin d’être parfait. Malgré un rythme soutenu, on peut soulever, comme Grangé l’écrit lui-même dans le livre, que ce passager ne manque indéniablement jamais de chance. On peut relever également quelques raccourcis dans l’histoire, ou des situations facilitantes pour le bon déroulement de l’intrigue qui prêtent à sourire.
    Cependant, je dois reconnaître que j’ai dévoré cette histoire et que ce livre m’a donné envie de me plonger dans d’autres intrigues écrites par Grangé.

    02/01/2019 à 13:52 13

  • Le Char de Phaéton

    Ellery Queen

    9/10 Par un froid matin de janvier, Ellery Queen est appelé par son ami Thorne, un avoué, un homme placé auprès des tribunaux de la ville de New-York. Ce dernier lui demande de venir le rejoindre au port de la ville, avec bagages et arme. Après une semaine passée dans la demeure de Sylvestre Mayhew, enfouie au cœur d’une jungle inaccessible de Long Island, il doit récupérer Alice Mayhew qui débarque d’Angleterre et qui était venue renouer avec son père. Thorne a la délicate charge de lui annoncer la mort de son père qu’elle n’a pas vu depuis son enfance. Il doit également lui permettre de récupérer son héritage, un trésor caché dans la Maison noire de la propriété familiale et bien évidemment convoité par les tantes et oncles d’Alice.

    Après une nuit passée dans la Maison Blanche de la propriété, tout le monde se réveille en constatant que la Maison noire, bâtie juste à côté, a disparu, comme si elle n’avait jamais existé. Et le magot avec. Ellery Queen va devoir retrouver toute sa raison et sa perspicacité pour pouvoir élucider cette énigme.

    Publiée en 1940, cette nouvelle des aventures d’Ellery Queen, ce détective américain issu d’un savoureux mélange entre Sherlock Holmes et Hercule Poirot, est un délice de déduction dans une ambiance aussi bien mystique que gothique. Les auteurs (sous ce pseudo d’Ellery Queen se cachent deux cousins) nous manipulent pour nous offrir les clés de cette intrigue extraordinaire.

    30/12/2018 à 14:24 5

  • Idaho

    Emily Ruskovich

    7/10 Idaho, cet Etat américain qui, sur la base d’un mensonge, signifie « Reviens me voir », sonne comme un lieu empreint de mémoire. Foch disait qu’ « un homme sans mémoire est un homme sans vie ».
    Emily Ruskovich, jeune et talentueuse écrivaine américaine, fait de ce thème un sujet de souffrance. La mémoire peut être aussi douloureuse par la perte de nos souvenirs que par la réminiscence de nos actes les plus cruels.
    Le style de l’Américaine s’apparente à une musique douce et mélodieuse mais d’une noirceur implacable, à l’instar de cette chanson qui s’égrène le long de ce livre : « Décroche ta photo du mur/Pour que je n’aie pas à voir tes yeux/Et bientôt peut-être je ne me souviendrai plus/Des choses douloureuses qui jadis étaient douces ».

    Pour apprécier ce livre, il faut aimer se laisser porter voire bercer par le style poétique et par l’histoire sombre de cette famille qui s’éclate suite au meurtre d’une des filles par la mère et à la disparition de la seconde. Il faut également aimer le genre de livres où la fin n’apporte pas, comme la vie sait bien nous le prouver, réponse à toutes les questions. Il faut apprécier ces atmosphères angoissantes et étouffantes qui dégagent un sentiment de malaise et de mal-être : le signe d’une écriture maîtrisée.
    Idaho est un livre prenant mais a surtout l’intérêt de nous faire découvrir Emily Ruskovich qui a tout le talent pour nous écrire une œuvre encore plus puissante.

    29/12/2018 à 18:36 9

  • Que le diable soit avec nous

    Ania Ahlborn

    7/10 Stevie, du haut de ses dix ans, se met en tête de chercher son cousin et meilleur ami, Jude, disparu depuis quelques jours. Sans explication, il revient chez sa mère. Mais Stevie constate que Jude a changé. Sa peau, exposée au soleil, sort plein de démangeaisons qu’il gratte jusqu’au sang. Il ne montre plus aucun intérêt à la construction de leur fort dans la forêt. Par moment, son cousin semble ailleurs. Stevie tente de trouver des réponses à la disparation de Jude qui pourraient tout expliquer. Pourtant il semble le seul à vouloir comprendre.

    Mon avis est assez mitigé suite à la lecture de ce livre. L’auteure connaît l’ensemble des ingrédients indispensables à un bon thriller : les peurs enfantines, un jeune garçon timide souffrant de bégaiements, une famille distante, son meilleur ami qu’il faut sauver,… Le tout avec un style fluide et attrayant qui nous oblige à tourner les pages le plus vite possible.
    Mais plus j’avançais dans ma lecture plus j’avais le sentiment d’avoir affaire à une JK Rowling du thriller. Une lecture aseptisée qui semble plus appropriée et adaptée aux lecteurs adeptes des jeunes héros qui aiment se faire peur le temps d’une soirée entre jeunes. Une sorte de fast-food du thriller.

    27/12/2018 à 16:42 7

  • Péchés capitaux

    Jim Harrison

    8/10 Simon Sunderson, ce policier à la retraite obsédé par les fesses des femmes (jeunes de préférence) et par la pêche à la truite, se découvre une obsession mystique relative aux péchés capitaux. Traumatisé enfant par le pasteur condamnant à mort ceux qui tombent dans le piège des péchés capitaux, Sunderson ne fait que le constat amer que sa vie ne s’est constituée que péchés sur péchés. N’est-ce pas par orgueil qu’il a laissé sombrer son mariage ? N’est pas par envie et luxure qu’il a succombé à Mona cette jeune voisine dont il matait les fesses à travers la fenêtre de son bureau ? Mona qui est d’ailleurs devenue sa fille adoptive et qui désormais essuie les bancs de l’Université du Michigan.

    En pleine réflexion existentielle, Sunderson est appelé par Diane, son ex-femme. N’ayant pas eu de nouvelles de leur fille adoptive, Mona, elle craint qu’elle se soit faite kidnapper par une rock star et demande au policier retraité d’aller la chercher à New-York. Sunderson ira jusqu’à Paris la sauver des griffes du batteur de rock toxico, sans avoir préalablement délesté de quelques milliers de dollars sa mère évitant un procès pour détournement de mineur.
    Il profite de cette somme pour faire l’acquisition d’une maison en bois près des rivières où il pourra passer sa convalescence et profiter pleinement de la nature et des truites brunes qui pullulent dans les rivières de la région.
    Mais sa nouvelle demeure a pour voisins les Ames, famille dont les hommes violent allègrement leurs filles et tuent sans aucun remords. Or ceux-ci meurent les uns après les autres, empoisonnés.
    Sunderson, toujours emprunt à ses démons que sont l’alcool et le sexe, se voit mêler à cette étrange affaire. On suit page après page les souvenirs et les pensées de la vie du retraité sur l’alcool, son addiction aux jeunes filles, son amour pour son ex-femme, sa passion de la nature et de la pêche… thèmes récurrents au livre précédent. Lecture réservée aux amateurs.

    Après avoir adoré la lecture de Grand Maître, lire la suite des quêtes existentielles de Sunderson dans ce second « faux roman policier » fut pour moi un vrai régal. Harrison sait manier le verbe pour évoquer les réflexions de l’homme dans cette société en dénonçant le huitième péché capital qu’est la violence dans nos sociétés contemporaines. La disparition de Harrison va laisser un grand manque mais une grande œuvre.

    25/12/2018 à 15:44 3

  • Grand Maître

    Jim Harrison

    8/10 Grand Maître est le surnom du gourou de cette secte aux noms multiples, soupçonné de pédophilie. Pour lui, son sperme possède mille vertus qui ne doit être réservé qu’aux toutes jeunes filles des adeptes. Ces derniers devant lui verser plusieurs dizaines de milliers de dollars pour pouvoir accéder à un avenir radieux.
    Sunderson profite de ses premiers jours de retraite en tant qu’inspecteur de police du Michigan pour essayer de coincer ce criminel sexuel. Mais il n’existe aucune preuve contre ce Grand Maître.
    Sunderson sollicite l’aide de sa très jeune voisine, Mona, 16 ans, une hackeuse et gothique qui aime se mettre toute nue, à sa fenêtre, les matins pour aguicher ce vieux Sunderson. Divorcé depuis quelques années, il n’est pas insensible à cette sollicitation tout en se refusant d’aller plus loin qu’à ce simple voyeurisme. Sa quête plus qu’enquête va l’emmener à traverser des territoires ravagés par la folie humaine et rencontrer des personnages les plus excentriques que les autres.

    Grand Maître, comme l’explique bien le sous-titre du livre est un « faux roman policier ». Il ne possède aucune intrigue, n’offre aucun suspens à vous réveiller la nuit. Jim Harrison prend ce prétexte pour donner une vision profonde et bouleversante de l’existence humaine : les ravages de la vieillesse, la plongée dans l’alcoolisme de ce passionné d’histoire et de pêche à la truite qu’est Sunderson. Le rapprochement de ce vieil homme lubrique, alcoolique, désabusé des hommes mais amoureux de la nature et des fesses des femmes avec le Grand Jim lui-même est assez facile. Jim Harrison met encore une fois (une des dernières fois de sa vie, il s’agit là de son avant dernier roman) son talent à l’épreuve et offre une lecture attachante et bouleversante aux amateurs du Maître. Le Grand Maître Jim.

    19/12/2018 à 16:35 3

  • Les Nocturnes

    Pierre Boileau, Thomas Narcejac

    6/10 Dans sa chambre d’hôtel parisien, Lamireau observe via un trou percé dans un mur les occupants de la chambre voisine. Ces deux messieurs semblent le surveiller. Mais qui sont-ils ? Pour Lamireau, il ne peut pas s’agir de flics. Plutôt des agents russes venus pour le tuer. Aussi, souhaite-t-il coucher dans un cahier ce qui s’est réellement passé.
    Tout a commencé avec la rencontre de la belle et troublante Tamara sur une barricade dressée près de la Sorbonne pendant Mai 68. Par amour plus que par conviction politique, il quitte ses études de médecine et devient un agent de la cause communiste. Il doit changer de nom et devient le docteur Molyneux. Il gère une clinique à Vichy où viendront se reposer les personnes qui lui seront envoyés par le Parti. Il lui sera demandé de tuer Soukoutine, ce professeur qui, à la suite de la Chute du mur de Berlin, vante une nouvelle économie. La cause communiste doit en passer par là.
    Lamireau entre ainsi dans un monde de faux-semblants, de silhouettes et de trompe-l’œil, ces "nocturnes" qui habiteront ses nuits.

    Malgré quelques longueurs, ce court livre est assez intéressant pour le dénouement inattendu, la touche des maîtres du suspense par qui l’on doit le chef d’œuvre Celle qui n’était plus (Les Diaboliques en version cinéma).

    15/12/2018 à 13:20 4

  • Gueule de bois

    John Williams

    7/10 Quand Jeff apprend que son collègue, Neville, s’est fait tabasser à mort par deux balourds dans le magasin de disques dont il est le gérant, il se doute que les agresseurs se sont trompés de cible. Il pense que le chantage foiré qu’il a fait subir à Ross, le chanteur de leur ancien groupe, en est la cause.
    Jeff en fait part à ses amis avec qui il a manigancé cette extorsion : Mac, un homme de main, et Francesca alias Frank, une groupie du groupe devenue la petite amie de tout le monde.

    A Londres, début des 80’s, le punk a laissé la place au dub et au jazz fusion. C’est dans cette ambiance underground où l’alcool et la drogue ne sont jamais très loin que John L. Williams propose une lecture plaisante pour qui aime musique du Londres des années 80. Gueule de bois est un mélange entre les incontournables High Fidelity de Nick Hornby (pour le côté « passionnés de musique ») et La Meute de John King (pour le côté « bande d’Anglais où la violence est un passe-temps vital »). Je conseille vivement ce livre aux amateurs du genre. Les autres risquent de s’ennuyer.

    12/12/2018 à 12:52 3

  • Fatherland

    Robert Harris

    8/10 Et si l’Allemagne nazie avait gagné la 2nde Guerre mondiale, quelle société aurait émergé ? Robert Harris propose sa version le temps de ce polar uchronique. L’opération Barbarossa, visant à conquérir la Russie est une totale réussite. L’Europe est devenue Communauté européenne, et l’Allemagne nazie y est toute puissance. Tous les Etats européens sont à la solde d’Hitler, à l’exception de la Suisse qui a su préserver sa neutralité. Tous les Etats, y compris le Royaume Uni dont le Roi est en exil au Canada. Les Etats-Unis sont enclin à briser la tension qui oppose les deux Pays : Joseph Kennedy, ancien ambassadeur américain dans les années 40, devenu Président, s’apprête à venir rendre visite à Hitler, en ce 20 avril 1964, jour d’anniversaire d’Hitler, le Führertag.
    C’est dans ce contexte politique que Robert Harris développe son intrigue policière rempli de faits historiques et de détails politiques, rendant ainsi ce polar effrayant.

    Xavier March est Sturmbannführer au sein de la police criminelle. Ne faisant preuve d’aucun prosélytisme en faveur du régime nazi, il est un élément néfaste de la Kripo. Il est amené à enquêter sur le double meurtre de hauts dignitaires allemands. La SS s’empare de ces affaires. Malgré tout, March s’entête, lui qui n’a plus rien à perdre : divorcé, père d’un enfant endoctriné par le régime. Il rencontrera dans son enquête les personnages les plus importants du gouvernement allemand, la séduisante journaliste américaine Charlie Maguire. Je ne peux pas m’empêcher, à la fin de la lecture de roman haletant, prenant et édifiant, de me demander si nous n’avons pas réellement échapper à ça…

    09/12/2018 à 09:51 14

  • Opération Napoléon

    Arnaldur Indridason

    7/10 L’épave d’un avion allemand, écrasé en février 45 sur le glacier islandais, le Vatnajökull, qui faisait l’objet d’une étroite surveillance par les services secrets américains depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, refait surface. Le Ministère de la Défense américaine déploie, dans le plus grand secret, quelques troupes de l’armée prétextant aux autorités islandaises un exercice de simulation impliquant des troupes de l’OTAN venues des Pays-Bas et de Belgique.
    Mais au même moment, un groupe de sauveteurs s’entraînent sur le Vatnajökull. Deux d’entre eux, Elias et son ami Johann, vont croiser la route des soldats américains. Ayant vu l’armée américaine déloger l’avion du glacier, Elias a juste le temps de faire part à sa sœur, Kristin, de ce qu’il a vu avant de se faire arrêter. Cette opération devant absolument garder son caractère secret, les services secrets américains décident d’exécuter les deux curieux Islandais mais aussi de chercher Kristin qui en sait trop.

    S’engage alors une course poursuite entre les agents secrets et Kristin, cette avocate du Ministère des Affaires étrangères.

    Dans ce polar mené tambour battant, Indridason nous fait lire à cent à l’heure cette Opération Napoléon dont l’objet ne se dévoile qu’en toute fin, grâce à l’acharnement et au courage de Kristin.

    C’est également l’occasion pour l’auteur de dénoncer la présence de l’armée américaine en Islande qui est un sujet ambiguë pour l’Ile : à la fois source de tension politique mais également manne financière pour l’Etat islandais.

    Si l’intrigue historique du roman est intéressante et capte le lecteur jusqu’à la fin, on peut malheureusement et facilement avoir régulièrement des petits sourires quant aux situations rocambolesques dont Kristin se sort un peu trop facilement et avec trop de chance à mon goût pour rendre ce livre plus puissant.

    01/12/2018 à 07:39 3

  • Cauchemar dans la rue

    Robin Cook (UK)

    7/10 Robin Cook, cet auteur anglais à qui l’on doit le chef d’œuvre J’étais Dora Suarez, nous offre encore une vision des abîmes de l’âme humaine confrontée à la tristesse et au désespoir.
    Moins puissant que le livre précité, Cauchemar dans la rue nous fait plonger dans les pensées obsessionnelles de Kléber qui par Amour va descendre dans les coulisses de l’enfer.

    A Paris, quartier Sébastopol, attaché au commissariat du n°50, Kléber est un flic en civil à la police judiciaire. Agé d’une quarantaine d’années, il est un flic qui connaît bien son métier. Mais son franc-parler, son mépris pour l’hypocrisie de la hiérarchie et le fait qu’il ne puisse accepter aucun compromis, vont le pousser à se battre avec un de ses collègues. Mis à pied, Kléber arpente les rues et les bars du quartier.
    Bien que flic, il n’en est pas moins ami avec un truand, Marc. C’est ce dernier qui lui a permis de rencontrer Elenya, sa femme, une ex-prostituée d’origine polonaise, avec qui il vit un amour fusionnel.
    Mais le dévouement pour son ami d’enfance et l’Amour qu’il voue à sa femme vont le faire franchir la frontière de la vie.

    24/11/2018 à 09:22 6

  • Les Orpailleurs

    Thierry Jonquet

    8/10 La découverte du corps sans vie d’une jeune fille au 3ème étage d’un immeuble vétuste du Xème arrondissement de Paris met en branle-bas de combat l’équipe de permanence de la Brigade criminelle de Paris.
    Ruisselant d’insectes depuis plusieurs jours, le corps amputé de la main droite est difficilement identifiable. L’équipe composée des inspecteurs Dimeglio, Rovère, du novice Choukroun, pilotée par la juge d’instruction Nadia Lintz, vont enquêter sur ce meurtre atroce. Un meurtre qui sera suivi par d’autres qui vont rendre encore plus opaque la vérité sur cette affaire.

    Thierry Jonquet, véritable maître du polar de l’hexagone, met en scène une intrigue des plus sombres. Dans un style maîtrisé, l’auteur écrit la vie ordinaire des protagonistes (on a même droit à 2 ou 3 chapitres sur le meurtrier) qui rend cette histoire si juste et profonde tout en égrainant les éléments qui permettront (Il faudra quand même attendre les dernières pages) de comprendre le mobile de cette ténébreuse et étouffante affaire criminelle.

    17/11/2018 à 11:28 9

  • Étoiles cannibales

    Claude Amoz

    8/10 Claude Amoz dans ce roman social noir nous dépeint la misère du centre des sans-abris de Viâtre, citée imaginaire près du Rhône. Ce Foyer rempli d’êtres blessés, aussi dangereux pour eux-mêmes que pour les autres, aussi acharnés à détruire qu’à se détruire. A l’image des trous noirs, ils sont des étoiles qui dévorent la matière : des étoiles cannibales.

    Jonas, un sans-abris, ne vit pas au Foyer. Il préfère coucher près du parapet, au bord du fleuve. C’est là que Gégène a été tué, brûlé. Assommé par la Baleine rose, un sirop calmant parfumé à la framboise mélangé dans une bouteille de vin blanc – abrutissement garanti, Jonas n’a rien vu, rien entendu. Un matin, Jonas se réveille, un chien à trois pattes attaché près de sa planque. Il découvre que sa propriétaire, qui a séjourné quelques temps au Foyer, est morte : suicide. Les bruits courent au Foyer : on s’en prend aux sans-abris, c’est sûr ! Et le Foyer semble être au centre de l’affaire, surtout que la fille qui s’est « suicidée », futée quand elle n’était pas défoncée, prétendait que les charités du Foyer cachaient des trafics louches.
    Qui pourraient en vouloir à ces âmes blessées ? Le directeur, les éducateurs, des bénévoles… ? Aidé par Habiba, la maternelle cuisinière du Foyer, Odile, l’amoureuse malheureuse vétérinaire de Viâtre, Jonas va essayer, comme il le peut avec ce qui lui reste de cerveau non rongé par l’alcool, de démêler les fils de ce mystère.

    Evitant de tomber facilement dans le pathos, l’auteure française plonge le lecteur dans un roman rempli d’humanisme, de sensibilité et d’une vibrante réalité de cette frontière entre riches et pauvres. « Il n’y a pas forcément besoin de faire des milliers de kilomètres pour la découvrir. Ceux qui ont de quoi vivre, ceux qui n’ont rien. Et la différence ne tient pas à l’argent. Il s’agit d’amour, d’abord et avant tout. Ceux qui ont été aimés comme un enfant doit l’être, ceux qui ne l’ont pas été. » Et ce livre est rempli d’amour.

    14/11/2018 à 19:37 5