Le Bourgmestre de Furnes

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  • 8/10 Joris Terlinck, le bourgmestre (c’est à dire le maire) de Furnes, est un personnage distant, froid, empreint d’aucune humanité : un misanthrope. Alors c’est sans surprise qu’il éconduit le jeune Jef Claes, ce soir-là, venu le supplier de lui donner mille francs : ayant mis enceinte une fille, il doit aller voir une sage-femme pour faire passer cet enfant et éviter le déshonneur de sa petite amie. En plus, il l’a averti, le Baas, le patron. S’il ne lui donne pas cet argent, Jef se tue. 
    Mais Joris Terlinck n’aime pas cette manière qu’ont les gens de demander des services aux autres. Lui, il s’est fait tout seul. En plus, il assume ses actes. C’est lui seul qui assume sa fille, Emilia, en retard de développement, qu’il a remise dans une pièce aménagée, où elle vit recluse comme une sauvage. C’est seul qu’il est devenu le patron de l’usine à cigare, héritée de sa vieille maîtresse. Joris Terlinck est seul maître de sa maison qu’il dirige selon en patriarche, en vouvoyant sa femme, Thérésa, et sa bonne à tout à faire, Maria, avec qui il a eu un enfant, un bon à rien, qu’il n’a pas reconnu mais en tant que parrain, qu’il aide de loin. 
    Joris Terlinck voit dans son refus de donner l’argent un beau pied de nez à son ennemi politique, Léonard Van Hamme dont la fille n’est autre que la petite amie de Jef Claes. Mais Jef Claes a tenu parole et a commis cet acte mettant fin à sa vie. Ce suicide va ébranler le bourgmestre. Même si personne n’a eu connaissance de la motivation de Jef Claes, la vie à Furnes ne sera plus comme avant. 

    Le bourgmestre de Furmes est un des romans durs de Simenon que je place dans ses incontournables. La psychologique de ce personnage est peinte par le Belge d’une manière aussi subtile qu’efficace. On croise là un personnage solitaire, pour lequel la vie ne peut plus lui apporter aucun bonheur. A se demander même si ce mot a déjà croisé la route du Baas. Il s’est battu toute sa vie pour se faire une situation et toujours contre des ennemis, qui ne manquent jamais. Et Simenon nous conte avec justesse sa chute aussi lente qu’irrémédiable.

    23/05/2020 à 17:23 JohnSteed (624 votes, 7.7/10 de moyenne) 4