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L'Affaire Isobel Vine
8/10 C’est dans son ancien commissariat que Darian Richards revient. Mais pas en tant que retraité. Son ancien chef, Copeland, lui demande de reprendre du service à Melbourne, pour rouvrir une ancienne affaire : le meurtre d’Isobel Vine. Cette jeune fille d’à peine 20 ans avait été retrouvée pendu à sa porte de chambre, avec une cravate. L’enquête menée il y a 25 ans n’avait pu conclure à un suicide, à un accident d’un jeu sexuel, ou à un meurtre. La fille venait d’être arrêtée pour possession de drogue, suite à son séjour en Bolivie. Et les flics mettaient la pression sur Isobel pour dénoncer les commanditaires. Alors qui de son professeur avec qui elle entretenait une relation, son petit ami jaloux, les trafiquants locaux ou les flics pourraient l’avoir tuée ? Puisque des flics sont dans le giron de l’enquête et qu’il convient de les blanchir pour pouvoir assurer le remplacement du commissaire Copland, ce dernier demande à Darian Richards de reprendre l’enquête.
Moins rythmée que les premières enquêtes de Darian Richards, L’affaire Isobel Vine n’en est pas moins prenante. On retrouve avec plaisir les différents protagonistes (la belle et troublante Maria, le talentueux geek Isosceles) dans cette enquête palpitante et aux multiples (trop ?) rebondissements. Par moment, on a le sentiment que Tony Cavanagh veut en faire trop. Pas grave. Si on a été séduit par La Promesse et Requiem, on ne pourra que savourer cette affaire Isobel Vine (et inversement).15/11/2020 à 18:32 3
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Requiem
8/10 Darian Richards poursuit sa retraite, retranché dans la Sunshine Coast, près de la Noosa. L’Australien qui se qualifie comme celui qui agit avant de réfléchir est appelé par Ida, une jeune fille qu’il a aidée quelques mois plus tôt. « Darian, il faut venir. Vous seul pouvez m'aider. Il y a tellement de corps ! » La conversation est coupée. Arrivé sur les lieux, il découvre le cadavre du policier dont il avait sollicité l’intervention, ceux de deux jeunes, et le portable d’Ida, près des corps. Mais pas de trace de la jeune fille. Darian Richards, ex-flic sans foi ni loi, va employer les services de son inséparable geek, Isosceles, et de la belle policière, Maria, pour retrouver la disparue. Il comprendra qu’il va mettre les pieds dans un trafic de filles, dans lequel les flics corrompus ne sont jamais loin.
Lire Tony Cavanaugh c’est s’offrir un moment de fraîcheur, de détente. L’écriture de l’Australien favorise le rythme à la réflexion, renforcée par son personnage attachant et outlaw : Darian est le mélange entre Bernie Gunther pour ses propos acerbes et Harry Bosch, pour le flic que rien n’arrête. Et si par moment Tony Cavanaugh revêt l’habit de guide touristique pour nous faire découvrir la Gold Coast du pays des kangourous, cela ne fait qu’accentuer le plaisir de cette lecture. Une lecture plaisante.15/11/2020 à 18:10 4
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Surface
7/10 Noémie Chastain, capitaine à la brigade des stups au 36, est renommée et appréciée. Lors d’une intervention, elle reçoit une décharge de plombs au visage. Verdict sans appel : défigurée. Après quelques semaines d’hospitalisation, elle reprend du service. Mais personne n’ose la regarder en face. Y compris son fiancé. Ses supérieurs choisissent de l’écarter en l’envoyant dans un commissariat de l’Aveyron, à Decazeville. Elle a pour mission officielle de faire un rapport en faveur de la fermeture du poste de police locale.
Si son arrivée est difficile pour elle, No (comme elle aime désormais s’appeler, laissant pour morte son autre Noémie) est assez bien accueillie, même si ses méthodes parisiennes font sourire ses collègues. Lors d’une partie de pêche, un habitant découvre un fût. Il provient de l’ancien village d’Avalone qui a été submergé avec la création du barrage. A l’intérieur, se trouve les restes du corps d’un des trois enfants du village disparus en 1994. Mais où sont les deux autres ? Il ne reste qu’à vider le lac. Et c’est toute la vérité, ensevelie avec l’ancien village, qui fera surface.
Polar lu en moins de 24h. Tous les éléments d’un page-turner sont présents : chapitres courts et rythmés, empathie pour le personnage principal, cold case avec des enfants, sans oublier la rubrique « fleur bleue »,… J’ai eu plaisir à enchaîner les pages, à découvrir l’intrigue, et les personnages même si j’avais un sentiment de déjà lu. Pas de surprise, sauf celle de voir Olivier Norek faire un clin d’œil à ses collègues Claire Favan et Jacques Saussey enterrés dans le cimetière d’Avalone.25/10/2020 à 19:06 5
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La Nuit de l'accident
8/10 Pierre, fermier cantalien, traverse un moment délicat. Il est sommé par les contrôleurs environnementaux de mettre aux normes l’exploitation familiale. Et son couple en pâtit. Sa femme, la belle Nat, (trop belle pour lui ?) attend peut-être trop de lui. Le jeune Momo, venu en camp de vacances de sa banlieue parisienne, est vu comme un peu d’oxygène. Pour lui qui prend en exemple, son oncle, ancien résistant de la 2nde Guerre mondiale, un héros mort au combat, la lutte devrait être un leitmotiv. Mais il préfère se taire et subir. Un lâche ?
Nat, vétérinaire, est harcelée sexuellement par son patron. Et délaissée par Pierre. L’arrivée d’un séduisant campeur va troubler les sens de Nat. Et au milieu de tout ça, un mystérieux accident survenu dernièrement va bouleverser cet équilibre précaire.
Elisa Vix livre un roman attachant. Racontée à deux voix (Pierre et Nat expriment de manière alternative leur point de vue sur les événements, retracent leur vie, leur amour…), l’histoire est captivante, tant on veut en connaître plus sur cette nuit de l’accident. Petit à petit, on découvre la personnalité des deux protagonistes et on en apprend plus sur ce mystère. Mais surtout, ce qui fait de ce livre un polar à part, on se prend en pleine face un final aussi inattendu que terrifiant.
23/10/2020 à 10:50 9
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Bergelon
8/10 En ce dimanche matin, le Docteur Bergelon, médecin de famille dans cette ville provinciale de Bugle, se réveille avec la gueule de bois. Ce n’est pas tant la soirée très arrosée de la veille que l’accouchement malheureux de Mme Cosson qui le met dans cet état : l’enfant et la mère sont décédés. Le mari demande des comptes à Bergelon et le menace de mort. C’est l’effondrement pour Bergelon. Il se rappelle la soirée où le Docteur Mandalin, chef de la clinique, avait voulu fêter leur partenariat. Ils avaient bu plus que de raison, et repoussé l’accouchement de Mme Cosson.
Mais cette menace, Bergelon la voit de manière positive. Et si c’était après tout un mal pour un bien ? Une ouverture vers la liberté, sa liberté ?
Avec Bergelon, Simenon nous dépeint un homme prisonnier des valeurs de la société, de ses principes et obligations. Mais peut-on vraiment s’affranchir de notre vie ? L’auteur belge nous offre une merveilleuse introspection d’un homme en pleine période de crise identitaire.
23/10/2020 à 10:13 3
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Cour d'assises
9/10 Louis Bert, dit Petit Louis, est un jeune paumé crâneur qui a lâché son petit travail de menuisier. Il préfère jouer au loubard, et se met en contact avec le Milieu de la Côte d’Azur. Mais il n’est pas pris au sérieux. Il joue au mac avec Louise. Mais surtout il se met à courtiser Constance Ropiquet, alias la Comtesse d’Orval, avec qui il s’installe à Nice. S’il abuse des biens de la veuve, c’est de manière complétement nonchalante qu’il demande à Louise de venir avec le couple hors norme. La Comtesse ferme les yeux, le jeune homme restant à ses yeux unique et séduisant. Mais quand la veuve est assassinée, Petit Louis n’a pas d’autre choix que de faire disparaître le corps s’il ne veut pas être accusé. Il profite de cette disparition pour imiter la signature de la morte pour s’accaparer son argent. La police qui le surveillait pour un vol commis quelques semaines plus tôt, l’arrête. S’ensuit le procès où le juge d’instruction s’emploie avec acharnement et zèle à rendre coupable Petit Louis aux yeux de la cour d’assises.
On tient ici un très bon roman du Belge. Découpé en deux parties, on suit d’une part les magouilles de Petit Louis et d’autre part son procès ou plutôt un simulacre de justice humaine que Simenon, avec toute la qualité qu’il peut déployer, tourne en dérision.17/10/2020 à 18:04 3
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Trop de morts au pays des merveilles
7/10 Pas évident de faire la comparaison entre De bonnes raisons de mourir avec lequel j’ai découvert Morgan Audic, et ce livre, le premier de l’auteur. Je n’aurais certainement pas lu Trop de morts au pays des merveilles si je n’avais pas beaucoup apprécié le lauréat du Prix Découverte 2019 de Polars Pourpres. Alors pourquoi comparer, vous pouvez me rétorquer ? Parce que la nature humaine (du moins la mienne) est ainsi faite, pourrais-je vous répondre !
Si De bonnes raisons de mourir offre un cadre et des personnages assez extraordinaires (au sens littéral du terme), ici Morgan Audic offre un polar « classique ». Paris, un avocat, Christian Andersen cherche désespérément sa femme disparue. Ses recherches le font tomber sur des femmes assez proches physiquement sans être sa femme. Et ces personnes vont être tuées. Tout accuse l’avocat. D’autant qu’un procureur veut sa peau. La police enquête sur des cadavres retrouvés en forêt pour lesquels elle soupçonne un tueur en série déjà emprisonné, le « marionnettiste ». Une ancienne flic, Diane, qui suivait l’affaire et qui a été écartée, est sollicitée par l’équipe de flics pour collaborer à l’enquête.
L’histoire est rondement bien menée. On trouve les prémices du talent de l’auteur. Mention spéciale au trip psychédélique de Christian Andersen… Mais la fin ne rend pas hommage aux attentes du lecteur : la fin « western » où ça tire ça flingue à tout va, et l’aveu du père qui explique toute l’histoire… Pas pour moi.
10/10/2020 à 19:47 9
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Fakirs
7/10 Fakirs propose une rencontre improbable entre deux policiers chargés des suicides, Guérin et son larbin, Lambert, et John, un Franco-Américain qui vit reclus dans une cahute de Peaux-Rouges au fin fond de la campagne du Lot. C’est l’enquête sur la mort de l’ami de John, Alan Mustgrave, un showman fakir, qui va réunir ces personnages décalés.
C’est prenant, on suit l’enquête avec intérêt grâce surtout ces êtres décalés et abimés. Fakirs ne fera pas parti des livres incontournables du polar mais sa lecture ne laisse pas insensible aux amateurs des personnages cassés et hors normes.10/10/2020 à 19:05 3
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A coeur perdu
Pierre Boileau, Thomas Narcejac
6/10 Eve est une chanteuse à succès des chansons écrites par son mari, Maurice Faugères, compositeur talentueux. Leur couple, comme une concession mutuelle, connaît des histoires parallèles. Maurice a séduit sa nouvelle protégée, Florence Brunstein, et Eve a pour amant, un jeune pianiste ambitieux, Jean Leprat. Lors d’une explication dans laquelle Maurice voulait qu’Eve revienne à lui, Jean tue Faugères. Il arrive à maquiller le meurtre en accident de voiture.
Mais quelques jours après la mort de Faugères, une nouvelle chanson de l’auteur arrive par courrier à Eve et Jean. Comme un pied de nez à l’amour des amants, chanté par Florence, ce morceau est diffusé sur les radios, et devient un immense succès. Mais qui a envoyé cette lettre ? Est-ce l’imprésario ? Et si Maurice n’était pas mort ? D’autres lettres avec des disques où Maurice parle à Eve arrivent. Il annonce qu’il va tout dénoncer au procureur. Les amants sont sous pression. Et leur amour est mis à l’épreuve.
L’histoire débute vraiment bien : on retrouve les ingrédients (la dissimulation du crime) qui a fait de Les Diaboliques un succès. On espère ainsi avoir entre les mains un autre chef d’œuvre. Sauf que l’histoire s’essouffle. Les auteurs proposent une approche plus sentimentale que psychologique de cette histoire. Dommage.10/10/2020 à 18:08 2
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Le sang ne suffit pas
7/10 Dès les premières lignes de ce roman d’Alex Taylor, la qualité d’écriture de l’auteur nous émerveille. C’est beau, voire poétique. Et l’histoire de ces personnages durs, empreints d’une violence nécessaire pour survire dans cette contrée hostile rend hommage à la pensée chère à Hobbes.
Dans ces montagnes enneigées de la Virginie, en cette moitié du XVIIIème siècle, Reathel et son chien vont être confrontés à la méchanceté et la perversité de l’être humain. Pour sauver leur vie, les hommes d’un fort ont promis à Blacktooth, le chef de la tribu des Shawnees, l’enfant à naître de Della. Dans ce monde sans foi ni loi, chacun défend ses intérêts avec ses propres valeurs (humaines ou pécuniaires) et convictions. Et, selon la logique de l’espèce humaine, le sang va couler.
Si Alex Taylor signe avec Le sang ne suffit pas un roman fort, on ne peut que regretter l’absence d’originalité dans le thème et dans le style. Le western et notamment la période des pionniers américains a le vent en poupe depuis quelques années dans le monde de l’édition. En lisant ce livre, je n’ai pu m’empêcher de le comparer à, entre autres, Wilderness de Lance Weller et à Dans le grand cercle du monde de Jospeh Boyden. Mais, comparé à ces livres monuments, le second opus d’Alex Taylor est loin d’arriver à tant de magnificence.30/09/2020 à 15:55 6
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La Terre des morts
7/10 A chaque nouvel opus, Grangé tisse l’intrigue autour d’un thème de prédilection : le Japon et ses codes d’honneurs dans Haïken, le Diable et les anges dans Le serment des limbes, … Et, à chaque fois, le thème y est décrit avec tant de détails, de précisions, qu’on a le sentiment de suivre un cours. Mais Grangé a l’art et la manière de rendre cette leçon agréable et ludique. Oui, il est romancier, auteur de polars.
Dans La terre des morts, on rentre dans le monde du SM, du bondage mais également dans l’Art de la peinture. Même si les résumés soulignent avec, parfois, trop de prévenance, la présence de scènes politiquement incorrectes, de pratiques sexuelles « hors normes », l’écriture de Grangé est, malgré tout, mesurée et polie. Mais comme on dit : les goûts et les couleurs… Sinon, allez lire 50 nuances de Grey si ce n’est pas trop « hard »…
On retrouve également dans ce livre le fameux policier rebelle, Corso, à la gueule d’ange mais aux mœurs dissolues ; au passé malheureux et à l’esprit « no futur » ; à celui qui a sacrifié sa vie de famille pour sa vocation de flic mais qui veut se racheter auprès de son fils ;… Oui, c’est stéréotypé à souhait.
Malgré tout, La terre des morts propose une lecture intéressante et une histoire qui se laisse lire. Et j’ai trouvé pour ma part la connexion (même fictive) des meurtres avec le peintre Goya assez intéressante. Je passerai, cependant, sous silence le non-sens du mobile du meurtrier. Mais c’est comme la perception des pratiques sexuelles, c’est complément subjectif.25/09/2020 à 14:24 3
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Battues
9/10 Rémi Parrot est agent de l’ONF, dans son pays d’origine, la Creuse, entre le Parc Naturel Régional et les Pierres Jaumâtres, où l’on peut voir au loin la Chaîne des Puys. Défiguré suite à un accident agricole à son adolescence, Rémi vit seul sur l’ancienne ferme familiale : plus de parents, une sœur avec qui il n’a que des relations épisodiques, et un amour de jeunesse, Michèle trop belle pour lui et pour le pays, et pour qui il n’a plus que de faibles espoirs. Surtout qu’elle a pour patronyme Messenet, une famille qui se dispute, avec les Courbier, les terres du pays. Alors Rémi se réfugie dans son métier qui lui permet de plonger corps et âme dans cette nature aussi belle que secrète.
Quand Philippe, le collègue de Rémi, disparaît, il redoute le pire. Et le dossier sur lequel Philippe travaillait en douce, un projet touristique sur les terres des Courbier, ne fait qu’empirer les craintes de Rémi, d’autant qu’il devient la cible lors d’une battue aux sangliers. Il lui tient à cœur de faire la lumière sur cette disparition qui ne va être que la première étape à une série de drames.
Battues est une très belle ode noire au milieu rural avec ses affaires de famille, la puissance des notables locaux, ses règlements de compte, la haine des étrangers au pays,… L’écriture d’Antonin Varenne est aussi belle (les descriptions de la nature) que tendue (l’enquête et l’histoire sont bien menées au lecteur). Aucune longueur. L’intrigue est maîtrisée. Je découvre avec ce roman noir cet auteur dont je vais continuer de lire ses autres œuvres, sans aucun doute et avec beaucoup d’excitation.20/09/2020 à 19:26 6
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Marseille 73
9/10 A la suite de ma lecture de Le corps noir, ma première rencontre littéraire avec l’auteure française, j’écrivais pour souligner la note que je lui attribuais que « Dominique Manotti rendait avec justesse compte de la tension de l’époque ».
Je partage encore cette vision suite à la lecture de Marseille 73. J’ai eu le sentiment de lire un documentaire. Mais pas au sens péjoratif, lourd et pénible que je peux avoir de ce style littéraire.
Non, la lecture de ce roman social noir est très addictive tant la peinture de l’époque est bien détaillée, les personnages bien précis. Et encore une fois, Dominique Manotti nous plonge dans l’ambiance tendue, lourde et chargée de racisme, d'assassinats, de corruption et de trafics en tout genre. Mais pas facile de ne pas tomber dans les clichés, les stéréotypes, quand on s’attèle à ces sujets ultra-exploités. Dominique Manotti arrive à nous séduire. Marseille 73 est indéniablement un polar ambitieux et réussi.
18/09/2020 à 15:22 9
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Le Bonsaï
Pierre Boileau, Thomas Narcejac
5/10 Dès qu’il se présente devant la grille de ce centre unique au monde, spécialisé dans les douleurs fantômes, le commissaire André Clarieux sait que la tache qu’il lui incombe va s’avérer délicate : débusquer le corbeau qui envoie des menaces contre cet institut. D’autant que ces menaces sont suivies de meurtres. Alors qui en veut à Carrington, le dirigeant américain, inventeur de prothèses de luxe ? Son collègue qui croit plus en la psychologie pour guérir de façon efficace les patients ? Sa fille Maud, le cobaye de son père ?... Parce que Clarieux est persuadé que le coupable se trouve dans les murs de l’institut.
On suit l’enquête qui s’avère difficile, tant les différents protagonistes ne sont pas prolixes.
Heureusement court, Le bonsaï n’est pas, et de loin, à classer dans les livres incontournables du duo Boileau et Narcejac. Certes dans ce huis-clos, on s’ennuie devant si peu d’actions, mais la faute réside, à mon sens, dans l’absence d’une intrigue et d’un dénouement digne des auteurs français.06/09/2020 à 11:58 4
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Les Inconnus dans la maison
8/10 Loursat, avocat à Moulins, n’attend plus rien de la vie. Ou plutôt, c’est la vie qui n’attend plus rien de Loursat. Il fait sa vie, avec un livre et un verre de Bourgogne régulièrement rempli, comme compagnie. De par ses fonctions, il devrait avoir une vie sociale. Mais il a toujours refusé de donner suite aux invitations du Préfet et des notables locaux. D’ailleurs, les invitations ont cessé, sans pour autant lui manquer de respect. Loursat est un avocat réputé… Etait, car il a aussi arrêté de plaider. Depuis que sa femme l’a quitté pour un autre homme, tout lui est égal. Même sa propre fille, Nicole…
Mais cette nuit-là va redonner vie à Loursat. Il va redevenir le brillant avocat qu’il fût. L’étincelle va animer ses pupilles, sa vie d’avant va rejaillir. Tel le phénix renaissant de ses cendres. Cette nuit-là, dans sa propre maison, un inconnu a été assassiné. Sans qu’il n’en ait connaissance, il était abrité depuis quelques jours par les amis de sa fille. Mais qui l’a tué ? La police arrête Emile Manu, le petit ami de Nicole. Loursat va mener son enquête trainant dans les bars, interrogeant les différents amis du groupe… Mais il va surtout revêtir sa toge et faire éclater la vérité devant toute la foule amassée au tribunal.
Loursat est le genre de personnage dont on adore lire les descriptions. Simenon déroule son histoire au travers de cet anti-héros : bougon mais pas antipathique, solitaire mais ayant bon fond… La trame policière est secondaire dans ce livre. Simenon livre avec Les inconnus dans la maison un roman balzacien où la vie de la société moulinoise comme ce personnage sont plus importants que l’histoire en elle-même.21/08/2020 à 17:00 3
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L'Archipel des larmes
7/10 Un tueur en série sévit sur 4 périodes de 1944 jusqu’à nos jours (1944, 1974, 1985 et 2019) à Stockholm, et plus précisément à Klara, ce quartier pauvre de la ville. Les victimes sont cloutées au plancher, violées et mutilées.
Quatre époques, quatre femmes travaillant pour la police vont mener leur investigation. Camilla Grebe à travers ses personnages attachants (et c’est avec plaisir que l’on en apprend un peu plus sur l’histoire de Hanne et de Malin que l’on a rencontré dans les livres précédents de l’auteure suédoise) raconte le destin et les conditions des femmes policières en Suède.
Si la traque du tueur surnommé « l’assassin des bas-fonds » est intéressante, si l’intrigue est bien ficelée, si les époques sont magnifiquement retranscrites, si on prend faits et causes pour ces femmes courageuses, il manque cette tension et cette émotion que Camilla Grebe a su nous transmettre dans ses précédents livres.16/08/2020 à 16:50 6
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Et toujours les Forêts
9/10 « Et qu’était devenu l’homme pour que, dans un monde où presque tout avait disparu, il s’obstine à détruire ses semblables un à un, à les dépouiller, à les achever ? » peut on lire page 300 de ce livre aussi angoissant que prenant. Je trouve que cette phrase résume bien l’esprit de Et toujours les Forêts, avec son ambiance post-apocalyptique sombre, triste et désespérante.
Oui, pourquoi l’être humain cherche-t-il, voire coure-t-il, à son anéantissement ? Sandrine Collette a-t-elle voulu nous faire prendre conscience de notre destin fragile sur une Terre qui peut imploser à tout moment ? A-t-elle souhaité tirer de ce livre une leçon écologique, proposer une approche philosophique d’une société déchue, démontrer les instincts primaires et primitifs de l’espèce humaine,… ?
Chacun pourra faire sa propre opinion à la lecture du 9ème roman de Sandrine Collette, qui, je trouve, prend de plus en plus d’importance dans le milieu littéraire au fil de ses parutions. Quoi qu’il en soit, ce roman est écrit pour être lu, certes, mais surtout relu un nombre de fois incalculable. Il peut être analysé, faire l’objet de discussion (pourquoi dans une grande partie du livre, les questions ne sont pas ponctuées par des points d’interrogation ?)… Bref, le signe d’un immense livre, une fable, que je comparerai à Le rapport de Brodeck de Philippe Claudel.12/08/2020 à 21:37 10
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Regarde
7/10 Pour Mylène Archère, il y a eu un avant et un après 26 mars 2004, jour où la vie lui fit croiser Pascal Kopinski, musicien professionnel de 20 ans plus jeune.
Avant, cette femme d’affaire de 45 ans avait un mari, un métier : une vie rangée. Après, elle a vécu le GRAND Amour mais aussi 15 ans en prison pour cambriolage, comme Pascal Kopinski, qui est mort, assassiné par son compagnon de cellule.
Depuis sa libération, malgré une fortune importante, elle vit modestement dans une chambre de bonne et est devenue employée dans un dépôt-vente en Seine-Saint-Denis. Elle s’accorde cependant quelques week-ends à barouder les départements de la France par ordre alphabétique. C’est dans une roulotte dans le Lot qu’elle constate l’impensable : des photos, mugs, … appartenant à Pascal sont dans la roulotte. Et s’il était vivant ? C’est avec force et détermination que Mylène va tenter de retrouver l’Amour de sa vie…
C’est avec un plaisir non feint que j’ai retrouvé l’auteur français qui m’avait bouleversé avec Le Deuxième homme où, comme ici, l’amour constitue la trame de fond. Hervé Commère sait raconter les amours impossibles, voire contrariés : avec cette histoire passionnante et passionnée ou cette écriture aussi addictive que précise, on plonge dans ce roman et on tourne les pages. Mais je regrette de ne pas avoir trouvé plus d’émotion et de revirements de situations, comme sait si bien le faire Hervé Commère. J’ai le sentiment d’avoir eu entre les mains un Commère en petite forme, ce qui offre malgré tout un bon et agréable moment de lecture.09/08/2020 à 16:57 4
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Le Cheptel
8/10 Avec Le cheptel, Céline Denjean propose une lecture chirurgicale d’une histoire des plus effrayantes de trafic d’êtres humains. L’auteure hexagonale, avec une utilisation pertinente de la description en utilisant à bon escient multiples qualificatifs, a un tel souci du détail que j’ai eu le sentiment que ce polar prenait sa source dans un fait réel. Que ce soit dans l’enquête ou dans l’approche sociologique du « réseau » (je ne vais pas trop détailler pour éviter de spoiler), tout est minutieusement présenté, décrit pour coller au plus près de la réalité. Dès lors, Le cheptel est d’un réalisme atterrant. Mais les personnages comme Bruno, Eloïse, Louis, Atrimen et Elicen dont les destins sont particulièrement intéressants, apportent une touche humaine à ce livre foncièrement déstabilisant, tant l’intrigue n’est pas si éloignée de ce que l’être humain malheureusement est capable de faire.
08/08/2020 à 11:11 10
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Fin d'été
8/10 L'été s'installe sur l'île d'Orland. D'ailleurs les signes ne trompent pas : les petits-enfants de Gerloff arrivent chez leur grand-père passer quelques jours ; Lisa débarque sur l'île et après avoir revêtu son habit de DJ « Lady Summertime » va faire danser les vacanciers ; les Kloss, propriétaires de Ölandic Resort, le plus prestigieux camping de l'île, apportent les derniers préparatifs de la saison estivale. Mais un étrange « Revenant » va semer le trouble, et vouloir organiser une vengeance qui trouve son origine dans une famille où la petite histoire rencontre la grande Histoire.
Johan Theorin offre avec Fin d'été, dernier (et ultime ?) livre de la série dédiée à Gerloff Davidsson et à l'île d'Orland, une intéressante lecture de l'émigration du peuple suédois au début du XXème siècle. Une histoire moins ancrée sur les mystères et traditions du pays. Mais l'écriture de Johan Theorin est toujours aussi accrocheuse et les personnages humains et attachants. C'est avec beaucoup plus de regret que j’ai tourné la dernière page du livre… en espérant, voire rêvant, retrouver ce charmant et sage Gerloff dans son île où on aimerait s'asseoir avec lui écouter les oiseaux et se laisser bercer par le silence devant un magnifique coucher de soleil.01/08/2020 à 16:38 5